Fondements historiques et philosophiques de la psychologie - APSV1030-1 - Q2 PDF

Summary

Cette synthèse détaille les fondements historiques et philosophiques de la psychologie, en se focalisant sur les idées d'Emmanuel Kant et les concepts de la métaphysique. L'auteur examine notamment la critique de la raison pure, l'esthétique transcendantale, et la pensée des Lumières. L'analyse porte sur les jugements a priori, a posteriori, et la notion de transcendance dans la philosophie de Kant.

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Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) APSV1030-1 FONDEMENTS HISTORIQUES ET PHILOSOPHIQUES DE LA PSYCHOLOGIE LE SIÈCLE DES LUMIÈRE (SUITE)...

Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) APSV1030-1 FONDEMENTS HISTORIQUES ET PHILOSOPHIQUES DE LA PSYCHOLOGIE LE SIÈCLE DES LUMIÈRE (SUITE) DE LA MÉTAPHYSIQUE CHEZ KANT Emmanuel Kant mène une vie réglée comme du papier à musique. Il recherche quelque chose de l’ordre de la permanence, une structure de base, quelque chose qui ne change pas. Son étude porte aussi sur les invariants dans les connaissances. Ces notations témoignent d’un souci de cohérence, d’un désir d’organisation, voire de rigidité psychique. à Recherche des invariants de la connaissance. Son œuvre est à la fois une critique radicale de la métaphysique et paradoxalement une sorte de réhabilitation de celle-ci. à Critique et réhabilitation de la métaphysique. Il est l’auteur des trois grandes critiques : — « Critique de la raison pure » ( 1781) : Première question : Que puis-je savoir ? ; — « Critique de la raison pratique » ( 1788) : Que dois-je faire ? Comment me comporter ? ; — « Critique de la faculté de juger » ( 1790) : Travail de réflexion sur l’esthétique dans le sens du beau (Kant joue avec les deux sens de ce mot : étude du beau et (esthétique transcendantale) étude des sensations). — On peut ajouter les « Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) : Reprise de « la critique de la raison pratique ». « Sur quel fondement repose le rapport de ce que l’on nomme en nous représentation à l’objet ? » Cette question est au cœur de la métaphysique selon Kant, elle contient l’objet principal de la recherche de Kant. L’important, ce n’est pas l’objet à l’extérieur, mais l’objet à l’intérieur de nous. Comment expliquer la conformité de nos représentations aux objets quand on sait que : « Notre entendement n’est pas par ses représentations, la cause de l’objet ( à l’exception des fins bonnes en morale) pas plus que l’objet n’est cause des représentations de l’entendement » Kant, critique de la raison pure, X,130. On pourrait croire que tout le monde voit la même chose dans le monde, mais au fond, ce n’est pas le cas. On se représente les choses d’une manière différente qui est propre à chacun. Ce ne sont pas les représentations qui fabriquent le monde et ce n’est pas l’objet qui est la cause seule des représentations. Il y a des tas d’autres choses qui influencent les représentations que l’objet même de la représentation concernée. Malgré qu’il y ait un décalage, nos représentations sont à quelques points près justes. 1. Une révolution copernicienne en philosophie : En réaction au scepticisme des empiristes (Hume, en particulier), Kant veut montrer, tout aussi bien dans le domaine de l’éthique que dans le domaine des sciences, qu’il est possible de trouver des fondements absolument nécessaires et universellement valides. Et que ces fondements sont atteignables par la raison, et pas simplement par la croyance, par Dieu. Ce n’est pas qu’il a trouvé des raisons pour ne pas être d’accord, il n’est juste pas d’accord dès le départ et va tenter de justifier ça. Il n’y pas que les sens (les 5 sens, par exemple). 1 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) Transcendance : ce terme désigne ce qui dépasse absolument et est d'une autre nature qu'un domaine de référence déterminé. Au Moyen Âge, ce terme qualifie Dieu et se confond avec l'absolu. Dans la pensée de Kant est transcendant ce qui est au-delà de toute expérience possible. L’usage transcendant des concepts de l’entendement est donc dénoncé comme illégitime. (Source : https://www.philomag.com/lexique/transcendance#:~:text=Cette%20notion%20est%20tirée%20du,se%20confond%20avec%20l%27absolu.) Entendement : désigne la faculté de comprendre, d’apercevoir, de saisir l’intelligible par opposition aux sensations. Il se distingue de l’imagination – faculté qui requiert l’âme et le corps, et pas seulement l’âme – et de la volonté – faculté de se déterminer. Si les cartésiens confondent volontiers l’entendement et la raison, Kant les distingue radicalement : l’entendement (Verstand) est la faculté des règles et des concepts qui permet d’ordonner les données sensibles en leur appliquant des catégories. (Source :https://www.philomag.com/lexique/entendement#:~:text=Mot%20préféré%20à%20celui%20d,volonté%20–%20faculté%20de%20se%20déterminer.) Kant s’appuie contre Hume pour sa philosophie, mais il s’appuie avec Newton, Galilée, Copernic. Kant va renverser les esprits, les croyances, les représentations habituelles qu’on a du monde. Hume refuse toute transcendance. Kant va faire quelque chose de l’ordre de la transcendance, sans parler de Dieu. Bien qu’il se situe dans une voie rationaliste, il ne le fait pas à la manière de Descartes mais d’une autre manière, une sorte de troisième voie. Il est très admiratif de la physique de Newton. Voilà pour lui un exemple d’une théorie qui aborde des concepts premiers (espace, temps, causalité), qui est fondée sur l’expérience et les mathématiques. Il a le vœu de placer la philosophie dans la même voie scientifique que cette physique. Il y consacre une de ses premières publications en 1755: « Histoire générale de la nature et théorie du ciel ». 2. Que signifie : Critique de la raison pure ? Pour Kant, l'entendement et la raison ne sont pas équivalent. L’entendement se contente d’analyser les données de l’expérience, au contraire de la raison qui va s’élever au-dessus/extraire des choses des données empiriques et forger des concepts « métaphysiques » comme Dieu, la liberté, l’immortalité, etc. Kant veut dépasser l’entendement. « Pure » renvoie à l’idée d’« a priori » ( = avant la rencontre avec l’expérience). Un système métaphysique est en effet un ensemble de jugements a priori (ou « purs ») puisqu’ils ne peuvent se fonder sur l’expérience. La « raison pure », nous induit en erreur en nous faisant croire qu’elle élabore des connaissances. Or nous n’avons que des pensées métaphysiques. Il s’agit d’en faire la « critique », c’est-à-dire de montrer que cette faculté de l’esprit et cette tendance à la métaphysique ne peut constituer de vraie connaissance. On peut élaborer des connaissances comme des connaissances a posteriori mais a priori. La raison « pure » c’est la raison indépendante de l’expérience, ce sont donc les jugements a priori. « A posteriori » et « empirique » sont synonymes. De même que « pur » et « a priori » sont synonymes (un concept pur est un concept complètement a priori). « Transcendantal » c’est ce qui est en rapport avec les conditions des jugements a priori. La critique de la raison pure est divisée en deux parties : théorie transcendantale des éléments et théorie transcendantale de la méthode (Théorie transcendantale de la méthode : 4 questions de Kant). L’esthétique transcendantale et la logique transcendantale constituent les deux parties de la théorie transcendantale des éléments. La logique transcendantale comporte l’analytique transcendantale et la dialectique transcendantale (logique de l’apparence) 2 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) 3. Une révolution copernicienne en philosophie (suite) : Les connaissances s’organisent selon qu’elles sont a priori ou a posteriori ou encore selon qu’elles sont synthétiques ou analytiques : — A priori : indépendant de l’expérience ; — A posteriori : dépendant de l’expérience ; — Analytique : proposition dans laquelle le prédicat est logiquement déductible du sujet. Si l’on nie une proposition analytique, on provoque une contradiction logique. Elle est vraie universellement. Elle ne nous apprend rien. Certitude, mais on n’apprend rien. — Synthétique : proposition dans laquelle le prédicat ne se déduit pas logiquement du sujet. Donc, si on nie une proposition synthétique, cela ne provoque pas une contradiction logique. Elle apprend quelque chose, elle peut être fiable ou pas, vraie ou fausse. Il faut en faire l’expérience pour le savoir ou qu’on nous le dise, mais on ne peut pas simplement le déduire. Pas de certitude, mais on apprend. Þ Kant veut la certitude et apprendre. Les jugements analytiques sont a apriori et les synthétiques sont a postériori. Les jugements analytiques a priori sont certains, mais n’apprennent rien (ce sont des tautologies). A l’inverse, les jugements synthétiques a posteriori nous apprennent bien quelque chose du monde mais ils ne sont pas certains. Kant se demande s’il n’y a pas moyen d’avoir la certitude de l’apriori avec l’apprentissage du jugement synthétique. Cela se formule donc : « Existe-t-il quelque chose comme un jugement synthétique a priori ? » On pourrait la formuler autrement encore : « Comment est-il possible que certains de nos jugements étendent nos connaissances sans pourtant se fonder sur l’expérience ? ». à La réponse à ça est dans la critique de la raison pure : oui, c’est possible, même si contradiction dans les termes. Newton étend les connaissances mais sans l’expérience, ce sont des inventions. Kant va donner un critère essentiel qui permet d’identifier à coup sûr une connaissance a priori. Un jugement a priori se distingue par son caractère nécessaire et universel. Mais existe-t-il vraiment de telles lois universelles et nécessaires ? Kant en donne deux exemples : — Les jugements mathématiques comme : « deux droites parallèles ne se coupent jamais ». = Parallèle veut dire « ne se coupe jamais » donc c’est comme dire que l’eau est mouillée, c’est une tautologie. Ce n’est pas un jugement synthétique, mais clairement analytique. — Une loi comme : « tout changement doit avoir une cause ». C’est discutable, mais ça a quand même une tonalité plutôt analytique. Le changement, qui est un effet, est relié nécessairement à la notion de cause, or la relation de causalité (cause à effet), est l’une de nos catégories, ou concept pur de l’entendement. « Contingent » est le contraire de « nécessaire ». Les jugements empiriques ou a posteriori sont contingents (le contraire est possible), les jugements a priori ou purs sont nécessaires. 4. L’esthétique transcendantale : Kant attire l’attention non pas sur l’observation mais sur les conditions subjectives de cette observation. Par exemple : il y a un ordre nécessaire dans l’expérience que nous faisons du monde et c’est la nécessité qu’une expérience soit inscrite dans le temps et dans l’espace. Le temps, l’espace sont les conditions de toute observation, de la possibilité d’une connaissance. Ils nous appartiennent à nous et pas au monde autour de nous, ce sont les conditions de nos sensations. On ne peut pas penser quelque chose sans le penser dans le temps et dans l’espace. Ce sont des catégories universelles, car aucun être humain ne peut penser les choses en dehors du temps et de l’espace. Le temps et l’espace ne sont pas des prédicats des choses, mais des a priori de notre sensibilité. On ne peut pas les déduire par l’observation. 3 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) Il semble évident, si l’on a bien saisi l’esthétique transcendantale et contrairement à ce que peut dire Hume, et d’une manière bien différente de Descartes, qu’il y a des idées innées (le temps et l’espace, au niveau de la sensation et les catégories a priori de l’entendement) qui nous permettent de dire que nous connaissons quelque chose de certain à propos de l’avenir. Exemple pour faire comprendre par l’absurde que nos connaissances sont bien prises dans le cadre « subjectif » du temps et de l’espace. Que ces deux éléments sont bien des catégories qui appartiennent au fonctionnement psychique et non au monde des phénomènes, et que l’on ne peut appréhender les phénomènes qu’au travers ces catégories : Il y a une collision entre deux Il y a une collision entre deux Il y a une collision entre deux voitures. voitures. voitures. Ah ! Ca vient d’arriver Ah ! Ca vient d’arriver ? Ah ! Ca vient d’arriver ? Non il y a une heure. Non ça s’est passé hier Non il y a simplement une Et où cela est arrivé? marjeudi. collision. Place du Luxembourg. Et où cela est arrivé? Et où cela est arrivé? Un des conducteurs a refusé la Place du Schtroumphlemboug. C’est une collision, sans lieu. priorité ? Un des conducteurs a refusé la Un des conducteurs a refusé la Oui. priorité ? priorité ? Non, une voiture a sauté au- C’est comme ça, c’est une dessus de l’autre et a loupé son collision. saut. 5. Noumène et phénomène : Kant élabore la distinction entre le phénomène, et la chose en soi, qu’on appelle le noumène. Nous n’avons pas d’accès au noumène, seulement à ce que ce noumène provoque dans notre sensorialité, à la manière dont ce noumène nous apparait. Cette apparition s’appelle le phénomène. Il n’y a que le monde phénoménal qui est connaissable, pas le monde nouménal. Il y a bien un monde nouménal qui cause les sensations que j’éprouve, mais ces sensations ne me livrent pas la chose en soi, elle ne me livre pas le monde nouménal lui-même. Le noumène nous apparait comme phénomène, c’est-à-dire comme mis en forme par les catégories de l’esthétique transcendantale et par les catégories de l’analytique transcendantale. Ces catégories sont universelles, valides et nécessaires. Elles sont présente chez tous les sujets humains mais elle n’est pas subjective (au sens où ce mot serait l’opposé d’objectif). Toute la dimension de la science porte là-dessus : sur ce qu’on peut connaitre. Nous ne voyons, sentons qu’une partie du monde. Nos sens ont une limite. Les catégories sont la réponse à la question sur l’existence de jugements synthétiques (qui apprennent quelque chose sur le monde) a priori (qui sont certains). Ces derniers existent car ils sont fondés sur les catégories de l’esthétique et de l’analytique transcendantale, qui sont universelles, valides et nécessaires. Exemple phénomène – noumène : la couleur des choses. On a tendance à voir la couleur des choses comme une propriété qui appartient aux choses, mais on oublie, bien que nous l’ayons appris, qu’en réalité la couleur que nous voyons est liée aux limites de notre appareil perceptif, et que si nous pouvions voir les longueurs d’onde infra rouge, nous percevrions le monde autrement. à Cf. travaux de l’éthologue Jakob von Uexküll sur l’Umwelt, c’est-à-dire l'environnement sensoriel propre à une espèce ou un individu en fonction des performances de sa sensorialité. On traduit « Umwelt » en français par l'expression « le monde propre ». Umwelt : Les interactions qu’un organisme va avoir avec son entourage vont former un monde propre, lié aux canaux sensoriels, et créer une théorie de l’esprit qu’il ne sera plus possible de dissocier du monde réel (nous pensons que notre représentation du monde est le monde !). Le monde tel qu’il est et 4 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) l’image que l’organisme se fait du monde seront indissociables l’un de l’autre. Ça vaut pour la tique comme pour l’homme. 6. Notion de catégorie : — Katégorein = juger, mais aussi « katégorema » = prédiquer, ou kategoroumenon = être prédiqué de ; — Katégoria = vocabulaire juridique qui veut dire « imputation » ou « accusation ». Chez Aristote, les catégories sont des classes où l’on a coutume de ranger tous les êtres, selon leur genre et leur espèce. Ces rangements se font sous dix chapitres principaux, ou genres suprêmes, irréductibles entre eux, appelés catégories par Aristote et prédicaments par les Scolastiques, parce qu’ils sont censés représenter la totalité des prédicats que l’on peut affirmer d’un sujet : « Ce qui se dit sans combinaison signifie soit la substance, soit le quantifié, soit qualifié, soit le relatif, soit le où, soit le quand, soit le se trouver dans une posture , soit l’avoir, soit l’agir, soit le pâtir » (Catégories 4, 1b 25-28) « Est substance, pour le dire en un mot, par exemple, homme, cheval ; quantité, par exemple, long de deux coudées, long de trois coudées ; qualité : blanc, grammairien ; relation : double, moitié, plus grand ; lieu : dans le Lycée, au Forum ; temps : hier, l'an dernier ; position : il est couché, il est assis ; possession : il est chaussé, il est armé ; action il coupe, il brûle ; passion : il est coupé, il est brûlé » 7. Les 12 formes a priori, ou concepts de l’entendement : Kant trouvait que la liste des catégories d’Aristote et de la scolastique manque de justifications et d’ordre. Il se propose de les déduire en partant d’une liste qu’il souhaite exhaustive des jugements. 10 catégories chez Aristote et 12 catégories chez Kant. Le statut des catégories chez Aristote et chez Kant est bien différent. Les catégories de Kant sont les concepts fondamentaux de la pensée car on peut dire qu’elle imprime des lois aux phénomènes. Catégoriser, c’est juger. Ces catégories servent à élaborer des jugements que l’on peut qualifier en fonction de la catégorie qui a présidé à sa fabrication. Mais pour découvrir les catégories, il faut partir des jugements. Chez Aristote, on fait l’inverse : des catégories, on obtient des jugements. Percevoir et penser le monde ne consiste pas à recueillir passivement les informations, il faut concevoir cela comme une activité : — Les catégories sont des fonctions de synthèses, ce sont des concepts qui permettent de réunir des représentations sensibles et intellectuelles entre elles : Les triades conceptuelles sont articulées entre elles par la logique: « thèse - antithèse – synthèse » ; — Ce sont des concepts purs de l’entendement. « Penser, c’est juger ! » et puisque penser c’est juger, c’est en regardant comment on juge qu’on va comprendre comment on pense. C’est pour ces deux raisons que Kant part de la table des jugements : c’est-à-dire le tableau systématique de toutes les formes de jugement possibles pour l’esprit humain. Les jugements sont les manières de relier les concepts entre eux. Tableau des jugements Quantité de jugements : universelle, particulière, singulière. — Les jugements universels sont de la forme «Tous les S sont P» ; — Les jugements particuliers sont de la forme «Certains S sont P» ; — Les jugements singuliers sont de la forme «Ce S est P» ou «Le S est P». 5 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) Qualité : affirmative, négative, infinie — Les jugements affirmatifs sont de la forme «il est vrai que S sont P» ; — Les jugements négatifs sont de la forme «pas de S sont P» ; — Les jugements infinis sont de la forme «S sont non-P». Relation : catégorique, hypothétique, disjonctive — Les jugements catégoriques répètent la forme simple de prédicat-sujet : «S sont P» ; — Les jugements hypothétiques sont de la forme «Si S sont P, alors H sont I» (ou: «Si P alors Q») ; — Les jugements disjonctifs sont de la forme «Soit S sont P, soit H sont I» (ou: «Soit P soit Q»). Modalité : problématique, assertorique, apodictique — Les jugements problématiques sont de la forme «Possiblement, S sont P» ; — Les jugements assertoriques sont de la forme «En fait, S sont P» ; — Les jugements apodictiques sont de la forme «Nécessairement, S sont P». C’est de ces jugements que Kant va déduire les catégories. On retrouve ici une synthèse des jugements. Chaque modalité a une thèse (ex : affirmative), une antithèse (ex : négative) et une sorte de solution entre la première et la deuxième (ex : infinie). 8. Fondation de la métaphysique des mœurs : Le projet de la réflexion chez Kant en matière de morale (de mœurs), c’est de définir les conditions de l’action moralement bonne. Ce n’est donc pas le contenu de la morale, ce n’est pas la casuistique qui l’intéresse, mais la forme qui permet de déduire si l’action est bonne ou non. Il n’est clairement pas hédoniste : « Nous observons même que plus une raison cultivée se consacre au projet de jouir de la vie et du bonheur, plus l’être humain s’écarte du vrai contentement. » Kant est plutôt dans l’idée de dire que ce qui fait du bien, ce n’est pas bien. 9. Critique de la raison pratique : La loi est nécessaire car elle est une condition de notre exercice de la liberté. La morale repose sur un seul principe qui est un impératif catégorique : « Agis toujours de telle manière que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature. » Cela peut sembler compliqué mais en réalité ce principe, sous d’autres formes est connu depuis longtemps. Il revient, par exemple, à tester un comportement (pour savoir s’il est bien ou mal) en universalisant le propos : « Et si tout le monde en faisait autant ? » ou encore on peut tester la réversibilité de l’action pour voir si elle est morale : « Est-ce que je peux vouloir qu’un autre fasse avec moi ce que je me propose de faire avec lui ? ». Il ne suffit pas que l’action soit conforme au devoir pour être morale, il faut qu’elle soit accomplie par devoir. Cette morale n’est pas une morale du plaisir ou du bonheur. Kant pense que l’on doit y risquer sa vie si nécessaire. On lui reproche une morale « pure » mais irréaliste et déconnectée de la réalité. Ch. Péguy dit : « Moralement, Kant à les mains pures , mais il n’a pas de mains ». Exemple du mensonge : On ne peut pas vouloir ériger le mensonge en loi universelle, car il détruit la confiance nécessaire à la vie en société. 6 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) Que penser de la casuistique ? Le cas de la désobéissance civile. 10. Crique de B. Constant : « Le principe moral, par exemple, que dire la vérité est un devoir, s'il était pris d'une manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences très directes qu'a tirées de ce principe un philosophe allemand, qui va jusqu’à prétendre qu'envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu'ils poursuivent n'est pas refugié dans votre maison, le mensonge serait un crime. (…) Ce principe isolé est inapplicable. Il détruirait la société. Mais, si vous le rejetez, la société n'en sera pas moins détruite, car toutes les bases de la morale seront renversées. Il faut donc chercher le moyen d'application, et pour cet effet, il faut, comme nous venons de le dire, définir le principe. Dire la vérité est un devoir. Qu'est-ce qu'un devoir ? L’idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre. Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoirs. Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui. Exemple : Mentir aux soldats allemands pour cacher des personnes juives lors de la Seconde Guerre mondiale. Voilà, ce me semble, le principe devenu applicable. En le définissant, nous avons découvert le lien qui l'unissait a un autre principe, et la réunion de ces deux principes nous a fourni la solution de la difficulté qui nous arrêtait. » Þ Benjamin Constant, Les réactions politiques. Histoire de Eichmann à Jérusalem : Adolf Eichmann, un fonctionnaire allemand nazi, a joué un rôle clé dans l'organisation et l'exécution du plan d'extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Né en 1906 en Allemagne, Eichmann a rejoint le parti nazi en 1932 et est devenu un membre actif de la SS. Il était chargé de coordonner la logistique de la déportation des Juifs vers les camps de concentration et d'extermination. Après la défaite de l'Allemagne nazie en 1945, Eichmann a réussi à échapper à la capture et à se cacher en Argentine. Cependant, en 1960, le service de renseignement israélien, le Mossad, a réussi à le localiser et à le capturer. Son procès a eu lieu en 1961 à Jérusalem. Il a été reconnu coupable de multiples chefs d'accusation et condamné à mort. Adolf Eichmann a été exécuté par pendaison en 1962. Hannah Arendt était une philosophe politique allemande d'origine juive qui a assisté au procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem en tant que journaliste accréditée pour le magazine "The New Yorker" et a ensuite publié ses observations dans son livre intitulé "Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal" ("Eichmann in Jerusalem: A Report on the Banality of Evil"). « (…). Eichmann soupçonnait bien que dans toute cette affaire son cas n’était pas simplement celui du soldat qui exécute des ordres criminels dans leur nature comme dans leur intention, que c’était plus complique que cela. Il le sentait confusément. L’on s’en était aperçut pour la première fois lorsque au cours de l’interrogatoire de la police, Eichmann déclara soudain, en appuyant sur les mots, qu’il avait vécu toute sa vie selon les préceptes moraux de Kant, et autant qu’il put en juger, Eichmann agissait, dans tout ce qu’il faisait, en citoyen qui respecte la loi. Il faisait son devoir, répéta-t-il mille fois à la police et au tribunal. Il obéissait aux ordres, mais aussi à la loi particulièrement selon la définition que donne Kant du devoir. A première vue, c’était faire outrage a Kant. C’était aussi incompréhensible: la philosophie morale de Kant est, en effet, étroitement liée à la faculté de jugement que possède l’homme, et qui exclut l’obéissance aveugle. (…) C’est alors qu’à la stupéfaction générale, Eichmann produisit une définition approximative, mais correcte, de l’impératif catégorique: ≪ Je voulais dire, à propos de Kant, que le principe de ma volonté doit toujours être tel qu’il puisse devenir le principe des lois 7 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) générales ≫. (…) La déformation qu’Eichmann avait fait subir à la pensée de Kant correspondait, sinon a Kant, du moins à une adaptation de Kant ≪ a l’usage domestique du petit homme ≫, comme disait l’accusé. Cette adaptation faite, restait-il quelque chose de Kant? Oui : l’idée que l’homme doit (…) identifier sa volonté propre au principe de la loi, la source de toute loi. Cette source, dans la philosophie de Kant, est la raison pratique; dans l’usage domestique qu’en faisait Eichmann, c’était la volonté du Führer ». Þ Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem. LE MAGNÈTISME 1. Franz Anton Mesmer (1815) : Il est médecin et issu d’un milieu assez modeste. Il s’est marié avec une femme issue de la bourgeoisie. Il s’intéresse aux influences à distance. Thèse sur l’influence des planètes sur les maladies humaines. Au 18ème : démarquage entre la chimie et l’alchimie : soigner une blessure avec l’arme qui est à l’origine de la blessure, des aimants pour soigner des plaies. L’affaire Maria-Theresia Paradies (1776-1777) : Issue de la noblesse, elle va commencer à perdre la vue dès l’enfance. Elle sera protégée par l’Impératrice. Elle jouera du piano (très bien). Elle en devient un spectacle : une jeune femme qui joue du piano en étant aveugle. Elle a connu une carrière internationale. Elle va développer une technique pour noter ses partitions. Elle va être soignée par Mesmer par le magnétisme animal pour lui redonner la vue à Autant de fascination que de doute face à cette « réussite ». Apparemment, elle voit, mais elle ne verrait que si Mesmer est à ses côtés. à Réputation de charlatan. Il se retire et il déprime : même si le fait qu’il ne l’ait pas guéri est un fait, on peut penser que cette déprime vient du fait qu’il était surement persuadé de l’avoir guéri. Il déménage et arrive à Paris en février 1778 pour fuir ses problèmes de réputation et s’en refaire une. Sa dépression ne l’a pas dissuadé de son idée de magnétisme animal et c’est aussi pour ça qu’il déménage, pour continuer d’étudier cela. Il y connaitre un succès considérable : la noblesse et le peuple viendront le consulter. Il obtiendra des « guérisons » incroyables. Magnétisme animal : Quatre principes fondamentaux : — Il existe un fluide physique ; le magnétisme animal qui remplit l’univers (entre les planètes, dans le monde, etc.) et le corps (car le corps fait partie de l’univers) ; — La maladie résulte d’une mauvaise répartition de ce fluide dans le corps humain ; — La guérison revient à restaurer l’équilibre et l’écoulement du fluide ; — On peut « manipuler » l’écoulement du fluide. Thérapies individuelles, et collectives autour d’un « baquet » (cf. image de gauche) : Chacun prend une tige et va l’appliquer sur l’endroit à traiter. On va jouer de la musique, des choses vont se passer et quand Mesmer va rentrer dans la pièce, certains vont ressentir quelque chose et d’autres vont jusqu’à s’évanouir, et cela va créer toute une série de guérisons. Les résultats sont là, mais ne durent pas. Il faudra refaire une séance peu de temps après. Il est convaincu qu’il a une capacité particulière à manipuler le fluide. Il le fait avec les mains (cf. image de droite). Il débloque les nœuds ou les endroits où l’écoulement du fluide ne se fait plus correctement, ce qui créé des maladies. Les médecins parisiens veulent qu’il y ait une enquête qui soit faite. Commission d’enquête royale (et scientifique, avec des scientifiques pointus comme Benjamin Franklin, Lavoisier, etc.) pour vérifier l’existence du fluide. Existence d’un rapport secret dénonçant une influence 8 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) érotique entre le magnétiseur et le magnétisé. Ils ne vont pas enquêter chez Mesmer, ils vont interviewer un de ses élèves. Ils arrivent à la conclusion qu’ils ne peuvent pas prouver qu’elle existe, mais ils ne peuvent pas non plus prouver qu’elle n’existe pas. Rapport secret remis au roi : dans les séances de magnétisme, il y a quelque chose de problématique, d’un peu sexuel entre le magnétiseur et la femme soignée. Il ne touche pas les gens, mais il y a quelque chose d’un peu érotique et malaisant. Ils disent qu’au niveau moral et des mœurs, il faudrait interdire ça. Le Roi va interdire le mesmérisme en France. Fin du magnétisme en France sous cette forme-là, mais d’autres formes du magnétisme vont apparaître. Mais Mesmer va aller en Allemagne, et le mesmérisme va y être enseigné. 2. Le Marquis de Puységur (1751 – 1825) : — Sommeil magnétique ; — Capacité de pré-sensation ; — « Croyez et Veuillez, voilà toute ma science et mes moyens » : Il ne parle pas de fluide ou de la nature, mais de croyance (croire que nous avons été soignés). D’autres arbres magiques, magnétiques vont « apparaître » dans le paysage. Toutes les personnes malades tiennent une des cordes accrochées à l’arbre. Un des personnes va commencer à avoir un comportement étrange : le sommeil magnétique. Puységur a un valet de ferme qui de temps en temps tombe dans une sorte de sommeil, mais il n’est pourtant pas tout à fait endormi : et quand il est dans ce sommeil magnétique, il est capable de dire qu’il va tomber malade (comme s’il pouvait anticiper les états de son corps) et s’il touche quelqu’un, il peut faire la même chose. Alors qu’il ne sait pas lire ou écrire, lorsqu’il est dans ce sommeil, il a presque des talents de médecin. Personne ne se préoccupe de cette pratique, car la Révolution française de 1789 approche. Toutes ces pratiques mettent en évidence un phénomène psychologique. 3. Autres personnages : James Braid (1795 – 1869) : Dr. John Elliotson (1791 – 1863) : « Neurhypnologie, Traité du sommeil nerveux ou est l’auteur de « Surgical Operations in the hypnotisme », 1843 (traduit en français en 1883). Mesmeric State without Pain » (1843) James Braid utilise le mot hypnose. Il va réétudier ça et utiliser ça à partir des spectacles de Lafontaine. On pratique déjà des opérations sous hypnose. La considération que l’on puisse opérer sous hypnose, c’est clair qu’on peut supprimer la douleur sous hypnose. Réalité incontestable de suggestion. Importance de la suggestion, de l’imaginaire sur le réel. Dr. James Esdaile (1808 – 1859) : est un médecin écossais qui a pratiqué le magnétisme animal, notamment en anesthésiologie chirurgicale. Il a écrit “Mesmerism in India, and its Practical Application in Surgery and Medicine”, 1846. Magnétisme (Mesmer) à Sommeil magnétique (Puységur) à Hypnose (Braid) 9 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) BACON ET LA NAISSANCE DE LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE 1. Bases antiques : Nous avons vu que les présocratiques étaient des penseurs de la nature (le feu, la terre, l’air et l’eau), et qu’il y a donc une proximité entre une réflexion que l’on nommera scientifique et philosophique. Mais, d’un certain point de vue, ils cherchent quelque chose de l’ordre de l’immuable, de l’universel, du constant derrière la matérialité et la diversité des apparences. C’est une partie de l’attitude scientifique. La physique classique : ce sont les mêmes choses qui expliquent des choses contraires (la pomme tombe, mais la lune ne tombe pas). Mais il y a aussi des historiens (Thucydide et Hérodote, par exemple), qui cherchent à comprendre les faits singuliers et changeants. On trouve la même préoccupation chez le père de la médecine ; Hippocrate. Exemple : l’alcoolisme : mécanisme universel (la dépendance) malgré la singularité de chacun (on ne boit pas pour les mêmes raisons, par exemple). Cela illustre bien la tension qui est présente dès le début de notre civilisation entre la recherche de l’universel (immuable) et le singulier (changeant). La psychologie est prise également dans cette tension. Rappelons également le travail des Pythagoriciens, et en particulier la partie de l’enseignement qui était réservé aux initiés, c’est-à-dire les démonstrations. Voilà un travail qui concerne la question proprement épistémologique d’arriver à fonder des propositions comme vraie et comme certaines. Démontrer une proposition mathématique, c’est déduire de manière logiquement correcte une conclusion en partant d’axiomes tenus pour évidents en soi. 2. Géométrie euclidienne : Euclide est remarquable de ce point de vue : il construit toute la géométrie dite « euclidienne » à partir de seulement 5 évidences non démontrables. On n’a pas besoin de les démontrer car tout le monde est d’accord là-dessus. Et de ces choses non démontrables, nous allons construire des choses tout à fait démontrables. — Postulat 1 : Par deux points distincts, il passe une droite et une seule ; — Postulat 2 : Tout segment est prolongeable en une droite ; — Postulat 3 : Deux points distincts étant donnés, il passe un cercle et un seul de centre le premier point et passant par le second ; — Postulat 4 : Tous les angles droits sont égaux entre eux ; — Postulat 5 :Par un point extérieur à une droite, il passe une droite et une seule parallèle à la droite donnée. Cet édifice intellectuel qu’est la géométrie euclidienne est un monument qui n’est pas mis en cause et qui est encore utilisée par Newton et Descartes. Mais pourtant, comme les postulats sont ce qu’ils sont, il est possible de les nier. Ces postulats, même s’ils paraissent totalement évidents, on peut les mettre en question. On découvre ainsi des choses encore plus intéressantes. La géométrie euclidienne est une géométrie plane, or le monde n’est pas plane. L’espace n’est pas un plan, il est courbé, il est déformé par la gravitation. La géométrie réelle du monde physique dans lequel nous vivons est une géométrie où le postulat 5 de Euclide peut être nier. C’est une curieuse démarche mais elle a été le fait d’un mathématicien russe Nicolaï Ivanovitch Lobatchevski (1793 ; 1856),d’un hongrois János Bolyai (1802-1860) et d’un allemand Carl Friedrich Gauss (1777-1855). Ils vont nier le 5ème postulat et énoncer : « Il existe une infinité de parallèles passant par un point extérieur à une droite donnée. » (si on n’est pas dans un plan). Cela peut paraître absurde mais cela fonde la première des géométries non euclidiennes. 10 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) Une autre géométrie non euclidienne est celle créées par l'Allemand Bernhard Riemann (1826-1866) : c’est la géométrie sphérique. Un exemple "concret" de cette géométrie se trouve par exemple sur la sphère : « Deux droites quelconques sont sécantes en deux points. ». La géométrie Riemannienne est particulièrement utile dans le cadre de la physique relativiste puisque celle-ci décrit un monde ou l’espace se courbe sous l’effet de la gravité. L’existence de ces géométries non euclidiennes sont particulièrement intéressantes d’un point de vue du développement de la science : La question de la « vérité ». 3. Les sciences de la nature : La renaissance est le moment de l’histoire ou l’intérêt spéculatif ( logique, mathématique, théorique) et l’intérêt pour l’exploitation de la nature (technologie) se trouvent combinées pour donner naissance à la pratique de la science sous ses deux aspects combinés : théorie et pratique. Pendant la renaissance, l’intérêt pour l’exploitation de la nature est en recherche : en science c’est l’époque des recherches alchimiques, par exemple. On peut constater qu’à la fin du 17ème siècle, la science de la nature est devenue aussi digne que la philosophie et la théologie à dire quelque chose de « la vérité ». La méthode scientifique expérimentale devient inductive, créant ainsi une rupture et une contre-proposition méthodologique avec le schéma déductionniste de la logique et des mathématiques. Ce débat peut être formulé dans les termes kantiens : — La méthode déductive produit des jugement analytiques a priori (ils sont vrais mais ce sont des tautologies) ; — La méthode inductive produit des jugements synthétiques a postériori : (dont on ne peut affirmer l’universalité). La question est ; « peut ont formuler des jugements synthétiques a priori ? C’est-à-dire avoir la « certitude » de la tautologie et en même temps le fait que le jugement porte sur le monde et la nature et nous apprenne vraiment quelque chose du monde ? C’est-à-dire avoir le beurre et l’argent du beurre ? La réponse est la méthode hypothético-déductive. 4. La méthode hypothético – déductive : Elle permet de tester des hypothèses empiriques et de découvrir quels sont les paramètres de la situation qui concourent à sa manifestation : 1. Une question surgit à propos d’un phénomène ; 2. Il faut imaginer des réponses possibles qui identifient un paramètre causal possible ; 3. Il faut ensuite imaginer comment faire varier ce paramètre dans une situation concrète et comparer les résultats entre la situation avec variation et sans variation (il faut un groupe contrôle) ; 4. Il faut discuter des nouvelles observations et conclure. Soit un lien causal, explicatif, est trouvé, soit il faut revoir de nouvelles hypothèses (2) ou revoir parfois même l’énoncé du problème (1). En réalité la méthode hypothético - déductive peut être plus complexe que le schéma (simple) exposé ci-dessus. (problèmes techniques ou éthiques). Parce que parfois, on a affaire à des phénomènes mal connus ou seulement des hypothèses, donc on n’a pas non plus des instruments pour tester les phénomènes hypothétiques : c’est le phénomène de la régression de l’expérimentateur : 11 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) — En physique, Collins se pose la question à propos de l’existence d’ondes gravitationnelles de haut flux. « La valeur des résultats dépend de l’existence d’ondes gravitationnelles qui frapperaient la terre sous forme de flux détectable. Pour le savoir, il faut construire un bon détecteur d’ondes gravitationnelles et regarder ce qui se passe, mais nous ne saurons pas si notre détecteur est bon tant que nous ne l’avons pas essayé et obtenu un bon résultat ! Or, nous ne savons pas quel est le bon résultat tant que … et ainsi de suite, ad infinitum » A. Chalmers ( 1991) , La fabrication de la science, Paris , La découverte, pp.88-89 — En Psychologie : comment savoir qu’un test est un bon test, qu’il teste bien ce qu’il est sensé tester et pas autre chose : Comment savoir si le QI teste bien l’intelligence et pas les aptitudes scolaires ? ( Binet : l’intelligence est ce que mesure mon test) L’apprentissage de la science n’est pas seulement l’apprentissage de faits, mais aussi de la manière dont ces faits ont été découverts. C’est la science comme méthode. 5. La révolution copernicienne (galiléenne et newtonienne) : L’hypothèse héliocentriste n’est pas nouvelle. Elle a été formulée par un astronome et mathématicien grec du nom de Aristarque de Samos (310 env.-env. 230 avant J.-C.). Néanmoins sa représentation du ciel ne parvint pas à s’imposer et c’est le modèle géocentrique de Ptolémée qui s’est imposé jusqu’à Nicolas Copernic. Révolution copernicienne : changer le paradigme radicalement. Révolution importante qui sort la Terre du centre de l’univers, et même le Soleil. Kepler ajoute que le soleil n’est pas au centre mais que l’orbite de la terre a la forme d’une ellipse dont le soleil occupe un des foyers. Ce n’est pas qu’un changement astronomique : il concerne la manière pour l’homme de se représenter dans l’univers. C’est une mise en question du témoignage des sens. Sans la connaissance de la gravité universelle, la nouvelle astronomie de Copernic et Kepler génère plus de questions que de réponses. C’est aussi une conception de l’univers en contradiction avec le récit biblique et au-delà du récit biblique, c’est une sorte de décentrement de l’homme; une blessure narcissique. Cela constitue la Révolution copernicienne Ce thème sera repris par Sigmund Freud pour parler de la difficulté à accepter les hypothèses de la psychanalyse et les hypothèses de la sélection naturelle de Darwin. Aujourd’hui, il est évident que Copernic – Kepler – Galilée avaient raison. Il est important de noter pourtant que la « vérité » ne s’impose pas avec évidence. Il n’a pas suffi d’énoncer la « vérité » pour que tout le monde la reconnaisse comme tel. Il y avait de nombreux obstacles à l’acceptation de la nouvelle conception du monde. Et pas seulement des obstacles idéologiques ou affectifs. à Par exemple : comment penser le mouvement de rotation de la terre et à la fois l’attraction vers le centre de la terre alors que la gravitation n’a pas été découverte ? C’est un constat très important, car cela nous met en garde contre une facilité de l’esprit, un biais cognitif, qui est celui du bon sens ou de l’évidence. Ce qui s’accorde avec le bon sens ou l’évidence n’est pas un gage de « vérité ». On peut repenser à Descartes qui base une partie de son discours de la méthode sur la recherche des idées « claires et distinctes ». 6. Isaac Newton (1642 – 1727) : — Publication en 1687 de « Philosophiae naturalis principia mathematica » : Principes mathématiques de la philosophie naturelle. Le principe d’inertie : Tout corps persévère dans l’état de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n’agisse sur lui et ne le contraigne à changer d’état. Les changements qui arrivent dans le mouvement sont proportionnels à la force motrice, le sont dans la ligne droite dans laquelle cette force a été imprimée : F = ma. L’action est toujours égale et opposée à la réaction ; c’est-à-dire, que les actions de deux corps l’un sur l’autre sont toujours égales, 12 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) et dans des directions contraires. Les corps s’attirent avec une force proportionnelle au produit de leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare. Les lois du mouvement et la gravitation universelle illustrent la démarche hypothético-déductive. Dans sa controverse avec les cartésiens qui l’interrogent sur la nature d’une action à distance telle que la gravitation. C’est en effet étrange qu’une action puisse se produire à distance et dans le vide spatial (postulé par Newton). C’est à ce propos qu’il répond qu’il ne fait pas d’hypothèses : « Je n'ai pas encore pu découvrir la raison de ces propriétés de la gravité à partir des phénomènes, et je ne feins pas d'hypothèses. Car tout ce qui n’est pas déduit des phénomènes doit être appelé hypothèse ; et les hypothèses, qu'elles soient métaphysiques ou physiques, ou fondées sur des qualités occultes, ou mécaniques, n'ont pas leur place dans la philosophie expérimentale. Dans cette philosophie, des propositions particulières sont déduites des phénomènes, et ensuite rendues générales par induction » Isaac Newton (1726). Philosophiae Naturalis Principia Mathematica, Scholium général. Il semble donc se méfier des hypothèses et pourtant, la production d’hypothèses est bien au cœur de sa démarche et de toutes démarches scientifique. L’idée d’un rapport entre les masses et les distances n’est pas directement observable, et à première vue, rien ne relie la chute d’une pomme, le mouvement des marées, et le fait que la lune ne tombe pas sur la terre. Il en passe par une formalisation qui parle de force, de masse, d’accélération, … toutes choses qui sont des abstractions qui ne se trouvent pas simplement dans l’observation. HEGEL ET LA DIALECTIQUE 1. Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770 – 1831) : Il étudie la théologie à Tübingen, avec Hölderlin et Schelling. Il travaille comme précepteur, puis directeur d’école à Iéna et enfin l’université de Berlin C’est un philosophe des lumières. Il est très impressionné par son temps et par la Révolution française et ses répercussions. Il va vivre un temps à Iéna et il aura l’occasion d’y croiser Napoléon qui lui fait une forte impression. Il a le sentiment de vivre entre un vieux monde qui meurt et un nouveau qui naît et ce contexte historique n’est pas sans laisser de traces dans ses préoccupations philosophiques. On peut dire que Hegel est le philosophe qui veut comprendre l’histoire comme processus de formation de l’homme. L’idée du processus est importante et peut se nommer : « dialectique ». Il écrit « La phénoménologie de l’esprit » (1807). Phénoménologie de l’esprit = Histoire de l’esprit du début à la fin des temps. 2. Réflexion sur le phénomène : Pour Aristote, ce mot est celui que l’on utilise pour désigner ce que se manifeste aux sens, les données empiriques, et dans un sens figuré : les opinions communes. Pour Platon, ce mot renvoi à la manière dont les idéaux apparaissent de manière dégradés et déformés aux prisonniers au fond de la caverne. Le phénoménisme de Kant : c’est l’idée que la réalité n’existe pas en soi , mais seulement comme un « phénomène » situé dans le temps et dans l’espace à esthétique transcendantale. La définition de Hegel est différente : c’est la « science de l’expérience de la conscience », c’est-à- dire la description dialectique du « chemin de la conscience naturelle, qui court vers le savoir ». Elle montre le « devenir de la science en général ou du savoir tel un chemin de l’âme qui parcourt la série de ses formations (ou figures de la conscience ) comme des stations prescrites par sa nature afin qu’elle devienne limpide à son esprit et qu’elle atteigne au moyen de la pleine expérience de soi, la connaissance de ce qu’elle est en soi et pour soi ( savoir absolu) ». 13 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) La phénoménologie, c’est l’étude des phénomènes. Hegel veut raconter une histoire scientifique et pas mystique. L’histoire de la conscience prend conscience d’elle-même en tant qu’humaine. Histoire de l’évolution à travers les contradictions. A partir du 20ème siècle le terme « phénoménologie » renvoi à un courant de pensée inauguré par Edmund Husserl. Cela devient une méthodologie, qui impacte la psychologie. 3. La dialectique : Kant est intéressé par ce qui ne bouge pas, ce qui est immuable, ce que l’on peut affirmer ou nier en tout lieu et en tout temps (l’espace, le temps, la causalité, les catégories, …). Hegel va essayer de penser qu’il y a des cadres de la pensée qui sont également des « présuppositions transcendantales » mais relative à un certain groupe, dans une certaine région à un moment donné : culturellement relatives en quelque sorte. Hegel est intéressé par l’histoire et par le mouvement. Pour Hegel, l’histoire n’est pas simplement un récit plus ou moins cohérent d’évènements qui s’enchainent plus ou moins logiquement, c’est plus profond que cela. Dans la phénoménologie de l’esprit, il y a une sorte de parallèle entre le développement de la conscience de soi chez l’humain et le développement de l’histoire de l’esprit l’humain depuis la philosophie en Grèce jusqu’à Hegel lui-même. L’histoire de la philosophie, c’est l’histoire nécessaire d’un cheminement vers la conscience de soi, vers l’accomplissement de soi. Et l’homme doit aussi, dans son développement individuel faire ce travail d’accomplissement de soi, il doit accéder à la conscience de soi (qui n’est pas simplement : être conscient de soi). Le chemin se parcours de la naïveté sensorielle, en passant par la morale, l’art, la religion, la science, la philosophie jusqu’à l’esprit absolu. Le cheminement est dialectique. Le cheminement de l’histoire n’est pas juste une progression mais un chemin qui est fait de reprise, de négation de ce qui a été fait. Elle est travaillée par des crises et par de la négativité. Mais cette négativité, le pouvoir du négatif, c’est de nous faire accéder à quelque chose de plus juste, de plus vrai. Ce chemin a une forme particulière d’après Hegel : c’est cela que l’on nomme « dialectique ». On peut définir la dialectique par son étymologie qui est « dialego », je dialogue, je discute. Au sens du dialogue « socratique » où l’on s’approche de la vérité pas à pas et dans la contradiction. On peut la définir comme ce qui transforme une thèse en antithèse et comment cette dernière se transforme ensuite en synthèse d’un ordre supérieur pour devenir l’objet d’une nouvelle antithèse et ainsi de suite. « La singularité de Hegel est d’avoir tenté de concevoir la totalité de la réalité à la fois dans sa diversité et dans son unité. Pourquoi est-ce tellement original. Parce que dans « la » réalité se trouvent une infinité de « sous réalité » incompatibles – éléments qui s’excluent mutuellement , discours qui se contredisent. Habituellement, pour élaborer une vérité, on ne retient qu’un des éléments, et on disqualifie ceux qui s’y opposent. […] Hegel cherche en fin de compte un mode de réflexion capable de rendre raison de tous les systèmes de pensée, de toutes les croyances, de toutes les civilisations, de tous les discours […] Voilà pourquoi Hegel accorde une place centrale à la contradiction » in Roger Pol Droit, une brève histoire de la philosophie , 2014, Paris Flammarion, pp. 259-260 Spinoza écrit : « Determinatio negatio est » à « détermination est négation ». C’est une bonne base pour comprendre le mouvement dialectique. Nous savons déterminer une chose (la définir), dans la stricte mesure où nous pouvons établir la différence entre ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas. Cela est la base du raisonnement structuraliste. « Nous vivons fondamentalement au sein d’une structure 14 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) infiniment différenciée de déterminations sur lesquelles nous pouvons nous appuyer afin d’introduire d’autres distinction » in Christoph Delius, et coll., Histoire de la philosophie, 2013, p. 81 On peut donc penser que toutes choses, tout élément simple est déjà potentiellement complexe car en rapport avec les éléments négatifs qui le constitue, en creux, en quelque sorte. 4. Dialectique du maître et de l’esclave chez Hegel : Þ Introduction à la lecture de Hegel par Alexandre Kojève (texte à lire !!). Alexandre Kojève, en 1933, alors qu'il est étudiant en Sorbonne, lit et commente la « Phénoménologie de l'esprit ». Ces lectures commentées vont renouveler la connaissance de Hegel en France, où il était peu connu. La dialectique comme dépassement des oppositions simples. La dialectique du maître et de l’esclave : — C’est une fable (psychologique) de l’anthropogenèse (mythologie/histoire qu’on se raconte pour s’expliquer comment on est passé de l’animal à l’humain, il faut expliquer comment nous sommes devenus humains) ; — C’est un exemple de pensée dialectique (travaille sur les oppositions) ; — C’est une théorie qui éclaire la conception lacanienne du désir (« Le désir de l’homme, c’est le désir de l’Autre ») ; — C’est une critique pointue (!!) de la société de consommation (assez originale) ; — C’est le schéma de la lutte des classes chez Marx ; — Théorie de la culture : qu’est-ce qui fonde la différence entre la nature et la culture ; — Retracer dans un parcours historique l’évolution de l’esprit. Cette évolution a un schéma particulier, ce ne sont pas juste des époques qui se suivent avec une croissance de l’esprit. Le processus n’est pas cumulatif, mais dialectique. Hegel a la faculté de penser les oppositions, et l’Histoire c’est une histoire de conflits. Tout comme notre histoire à nous : grandir, c’est passer par des oppositions, par des conflits. Chaque point est une étape logique dans le raisonnement (selon le professeur) : 1. Comment l’homme prend conscience de son Humanité Vs Animalité ? L’homme est conscient de soi et c’est en ça qu’il est différent de l’animal qui ne dépasse pas le sentiment de soi. L’homme prend conscience de soi quand il dit pour la première fois Moi. Comprendre l’homme par a compréhension de son « origine », c’est donc comprendre l’origine du Moi par la parole. à Anthropogenèse. 2. La conscience de soi est autre chose que le simple sentiment de soi, mais comment passer de l’un à l’autre ? 3. Lorsque un homme est dans la connaissance, la contemplation, il est entier tourné vers l’objet sur lequel nous sommes concentré. Seul le désir (en Allemand, il y a plusieurs mots qui désignent le mot « désir », ce serait peut-être plus juste de le traduire par « besoin ») le « rappelle à lui-même », le fait sortir de cette concentration, ex : la faim. 4. Le désir rend inquiet et pousse à l’action qui va le satisfaire. Cette action pousse à détruire et à transformer l’objet de notre désir pour l’incorporer au moi (ex : la digestion, on détruit la nourriture pour satisfaire la faim). 5. Le moi se construit avec les matériaux ainsi « prélevés ». Le besoin porte sur des « choses » naturelles, la conscience de soi est donc « chosifié » et reste naturelle. Nous sommes les objets que nous incorporons, nous sommes ce que nous mangeons. Et si c’est vrai pour le corps c’est vrai aussi pour l’esprit, l’âme, l’intelligence. 6. Tant qu’on est dans la naturalité, on reste dans la naturalité, vu que ce qu’on a assimilé sont des choses naturelles. Comment on peut alors expliquer que l’homme n’est pas dans un rapport naturel avec lui-même ? Il n’est pas dans le sentiment de soi, mais dans la conscience 15 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) de soi. Pour être humain, le désir doit porter sur autre chose que des « choses » sinon il ne sera jamais qu’une chose vu qu’on ne peut pas être autre chose que ce qu’on assimile. Or, le désir n’est pas une chose. C’est la seule chose qu’on peut dire qui n’est pas une chose. Le désir doit porter sur un autre désir. Pour qu’on passe du sentiment de soi à la conscience de soi, il faudrait pouvoir incorporer quelque chose qui n’est pas une chose : le désir. Le désir pourrait donc porter sur un désir, non pas porter un désir sur un objet, mais j’ai le désir du désir. Mon désir doit porter sur le désir de l’autre. 7. Le moi ainsi créé à partir du creux du désir qui pousse à l’action, sera donc un moi en action (car il est créé par un creux, par quelque chose de négatif qui va pousser à l’action pour combler le manque) et en devenir (devenir ce que nous ne sommes pas, car nous ressentons un manque) : « ne pas être ce qu’il est et être ce qu’il n’est pas ». Si on a du désir, c’est forcément qu’il manque quelque chose. On n’a pas de désir à posséder quelque chose qu’on possède déjà, il n’y a pas d’action. à Début d’une critique de la société de consommation. (p.12) (N’est-ce pas triste de ne plus rien désirer ?) 8. Ce qui implique que l’humanité ne peut naître qu’au sein d’un troupeau. Pas de culture sans être d’abord au sein d’un troupeau. 9. Désirer, c’est désirer une valeur. La valeur suprême dans le règne animal, c’est la conservation de sa vie. Si on veut s’extraire de monde animal, il faut faire autre chose et prôner une autre valeur que juste être en vie. à Lutte à mort de pur prestige. 10. La seule valeur anthropogène est celle qui nie l’autoconservation et qui affirme la volonté de m’imposer comme valeur à l’autre. 11. Lutte à mort de pur prestige. Mais les adversaires doivent rester en vie. Et l’un d’eux doit renoncer dans cette lutte. (p.14) L’humaine tue pas pour des choses naturelles, mais pour des idées, un drapeau, etc. C’est une question de prestige : « je veux que l’autre me reconnaisse comme son maître ». On veut être reconnu par l’autre. à Lutte sociale : l’un est le maître et l’autre l’esclave. 12. Un maître et un esclave naissent de cette lutte à mort. Autonomie et Dépendance sont les états premiers de l’humanité. (milieu de la p.15) La lutte doit être à mort, car on doit montrer qu’on est capable de mourir pour des idées, qu’on se fout de l’autoconservation. 13. La question du terme final de la dialectique. (p.16) Au départ, tout le monde veut être maitre, tout le monde veut se faire connaître en luttant à mort sur des questions de pur prestige avec d’autres. Dans la rencontre de ces deux individus, ils veulent tous être vainqueur. 14. S’attribuer une valeur ne suffit pas, il faut la faire reconnaître. Il faut se faire reconnaitre comme une valeur supérieure par l’autre. (p.21) 15. La lutte à mort de pur prestige implique que l’on ne fasse pas semblant et implique la suppression d’un des adversaires mais c’est une impasse. 16. Suppression dialectique de l’autre (p.21.) et création d’une conscience de soi pure d’un côté et d’une conscience dépendante de l’autre. Il faut qu’il y ait un vainqueur, mais il faut que le vainqueur ne soit pas mort. à Reconnaisse du vainqueur par le vaincu à Esclave et maître. 17. La reconnaissance par l’esclave est finalement peu convaincante. En fait, il a perdu, car son statut de maître n’est pas du tout mobile. 18. Le statut de Maître n’est pas mobile, il n’a pas de devenir historique. Le rapport entre maître et esclave n’est pas une reconnaissance proprement dite. La reconnaissance du maître n’est pas mutuelle, elle est unilatérale : c’est juste l’esclave qui reconnait le maître, mais pas le maître qui reconnait l’esclave (il ne le voit que comme un bête parce qu’il a eu peur pour sa vie comme un animal à autoconservation). à Cette reconnaissance s’effondre aussi, parce que ça veut dire que le maître et donc reconnu par un animal (une chose) donc que vaut la reconnaissance qu’il obtient après cette lutte à mort de pur prestige. Il a donc perdu. (p.25) Il ne pourrait être satisfait qu’avec la reconnaissance de quelqu’un que lui-même reconnait, ce qui n’est pas le cas dans le rapport entre le maître et l’esclave. Il n’y a pas de devenir historique, car lorsqu’on est arrivé au sommet, qu’on a obtenu quelque chose, il y a une déception. L’attente n’est pas plus intéressante que l’obtention. (exemple : terminer un doctorat). Un fois qu’on a gagné les jeux olympiques, qu’est-ce qu’il nous reste à faire à part tenter de garder le titre ? Il n’y a qu’une chose à faire une fois qu’on est au sommet : descendre. Il n’y a plus d’évolution au-delà du sommet. (p.27) Le maître est figé 16 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) dans sa maîtrise, il ne peut se dépasser, changer, progresser. Il doit vaincre et devenir maitre ou se maintenir comme tel, décliner ou mourir en tant que tel. 19. Dans l’esclave, il n’y a rien de fixe. Il est prêt au changement, il est devenir historique. Il ne se solidarise pas avec ce qu’il est. L’esclave travaille et produit, le maître consomme. Mais, il a perdu l’initiative et la maîtrise du monde qu’a acquise l’esclave qui travaille et qui devient maître de la nature. à forme d’autonomie qui va se créer. (p.28) En devenant, par le travail, maitre de la nature, l’esclave se libère donc de sa propre nature, de son instinct qui le liait à la nature et qui a fait de lui un esclave (instinct d’autoconservation = naturel). Le maître est dépendant de ses esclaves. L’avenir et l’Histoire n’appartiennent pas au maître, mais à l’esclave qui travaille. 20. Le travail transforme le monde et civilise, éduque l’homme. L’homme qui veut, qui doit travailler doit refouler son instinct qui le pousse à consommer. Si on consomme directement ce qu’on produit, ça ne va pas. L'esclave doit donc refouler en lui le désir qui porte sur une chose. Le travail met donc à distance du désir animal. Il est anthropogène. Il génère quelque chose d’une humanité. (fin de p.29) L’esclave doit sublimer ses instincts en les refoulant. Il ne détruit pas la chose telle qu’elle est donnée, il diffère la destruction de la chose en la transformant d’abord par le travail. Il la prépare pour la consommation, il la forme dans le travail. Il transforme les choses et se transforme lui-même en même temps. (p.30) Le maître est donc une sorte de catalyseur du processus historique. L’idée du maitre est une idée qui catalyse. Il est anthropogène. Lui-même ne participe pas activement à ce processus, car il est une impasse (il va mourir, décliner ou se faire renverser). Mais sans lui, ce processus ne serait pas possible. à Dialectique, mouvement qui doit d’abord aller jusqu’au rapport entre le maître et l’esclave, pour que le processus historique se remette en route : Nouveau maître (qui va être dialectiquement contesté) à Nouvelle maîtrise par le travail à = CHANGEMENT / MOUVEMENT. 21. L'angoisse du travail dans la servitude conduit à la dimension du changement. L’angoisse est un moteur de changement si c’est l’angoisse d’un maître. Le travail affranchit l’esclave de l’angoisse qui le liait à la nature et à sa propre nature innée d’animal. C’est par le travail effectué dans l’angoisse de mort, dans l’angoisse au service du maître que l’esclave se libère de l’angoisse qui l’asservissait. 22. Dimension révolutionnaire de l’esclave et accomplissement du sens dialectique de l’histoire. (p.33) « l’homme qui n’a pas éprouvé l’angoisse de la mort ne sait pas que le monde naturel donné lui est hostile, que le monde naturel donné tend à le tuer, à l’anéantir, que le monde naturel donné est essentiellement inapte à le satisfaire réellement. ». à Questionnement sur notre rapport romantique à la nature / idéalisation de la nature. « Ce n’est donc pas la réforme mais la suppression dialectique, voir révolutionnaire, du monde qui peut le libérer et par la suite le satisfaire. » à La révolution a quelque chose de violent, contrairement à la réforme. Conclusions : Quel est l’intérêt de cette fable pour notre propos ? Il y a des bénéfices secondaires : — Pouvoir comprendre cette phrase programme chez Lacan concernant le désir : « Le désir de l’homme, c’est le désir de l’autre » ; — Avoir une préfiguration du matérialisme dialectique de Marx (conception de l’histoire, de la position du prolétariat, lutte des classes , etc.) ; — Avoir une conception complexe pour critiquer la société de consommation (séparation du consommateur et du producteur) ; — Une lecture de Franz Fanon sur la colonisation. 17 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) Plus fondamentalement, le bénéfice est sur le mouvement de pensée dialectique, dans le processus de renversement du pouvoir entre le maître et l’esclave. Le schéma général qui se dégage est le suivant : Négation de la nature (se lancer dans une lutte à mort de pur prestige non naturelle : je nie en moi mon instinct de conservation, c’est ce qui va faire de moi un maître) à création de la maîtrise (saut anthropologique par l’esclave et non par le maître) à mais impasse et échec de cette voie (car reconnaissance unilatérale). C’est en reniant cette voie par la maîtrise de la nature que l’esclave accomplit le saut anthropologique. Le processus dialectique n’est pas une simple succession de négation : l’aufhebung (= on conserve en supprimant) est la négation de la négation. Chez Hegel : Non pas « thèse » négation « antithèse » négation « synthèse ». Mais bien « thèse » négation « antithèse » négation « synthèse ». La dialectique est un mouvement de balancier, c’est une négation qui porte sur la négation. Ce qui compte ce ne sont pas les termes mais les relations entre les termes. Ce que l’on nie quand on fait la synthèse, c’est le rapport entre la thèse (maître) et l’antithèse (l’esclave). La synthèse porte sur la négation, sur l’opposition qu’il y a sur le maître et l’esclave. à Dépositivation du réel : le réel n’est pas constitué de termes mais de rapports. Toute pensée se constitue avec ce mécanisme d’opposition : ceci n’est pas cela (et ce n’est pas cela, et pas cela non plus, etc.). Le monde se divise et se subdivise par négation interne, et chaque fois dichotomique (deux termes et pas trois termes). Le processus d’acquisition du savoir est un processus de divisions internes et pas d’additions. De sorte que la synthèse soit en quelque sorte une tentative de retrouver le moment premier sans pour autant ignorer le premier moment de négation. Le moment dialectique de l’émergence de l’humanité pourrait donc se formuler de cette manière : « l’homme émerge à son humanité en niant la nature puis en reniant cette négation et en tentant de la rejoindre à nouveau, mais, sans plus jamais y parvenir du fait de la première négation qui continue à produire ses effets ». (exemple : Forêt de Soigne ≠ Forêt primaire) 5. Potentiel du négatif : A questionner la positivité, l’on ne tarde pas à en percevoir les limitations, alors qu’à l’inverse, la négation se révèle, même après un examen sommaire, riche de potentialités. On peut dresser une liste non exhaustive des domaines où règne la négation : — D’une manière générale, la physique, des plus anciennes au plus modernes de ses théories s’affronte à la question du négatif; le vide, l’antimatière, pour ne citer que les plus parlantes ; — D’une manière plus connue, sans doute, la règle mathématique du moins par moins donne plus est évocatrice de la puissance de la négation de laquelle peut sortir autre chose qu’elle-même. On pourrait évoquer aussi la puissance de calcul permise par l’invention indienne du zéro ; — La philosophie existentielle s’affronte en permanence avec la question du non-être, de la mort, de la négativité dans le monde. Dans ce cours, nous aborderons la dialectique des négations dans le rapport du maitre et de l’esclave chez Hegel ; — Dans la logique des prédicats, l’opérateur logique de la disjonction permet à lui seul de produire les autres opérateurs (ceci n’est pas cela) ; — En psychologie génétique, la question du « non » est également centrale en ce qu’il signe dans la bouche des enfants l’accession à une heureuse individuation. (cfr. Travaux de Spitz) ; — En psychologie clinique, on pourrait évoquer le manque comme condition du désir, etc. 18 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) LE 19 È M E SIÈCLE Constitution de la psychologie comme discipline universitaire autonome. Cette constitution comme discipline universitaire s’inscrit dans un projet de connaissance qui est celui de la science. Cela ne se fera pas sans poser de nombreuses questions sur le statut des sciences de l’homme. 1. J.F. Herbart (1776 – 1841) : Þ « Précis de psychologie » (1816). Précurseur car il anticipe une certaine réflexion : « De la psychologie comme science, appuyée pour la première fois sur l’expérience, la métaphysique et les mathématiques » (1824-1825). Désir de faire comme la science et non comme une métaphysique. Il vise l’idée de mathématiser et de faire travailler la psychologie comme une science. La psychologie travaille sur les lois des représentations (on se représente le monde). Les représentations ont des qualités (froid, chaleur, acoustique, luminosité, etc. = subjectif) déterminées et invariables. Mais elles possèdent cependant une valeur quantitative (non subjective) (sur laquelle on peut travailler, contrairement aux qualités) qui est variable à savoir leur degré d’intensité, de force, ou plus simplement de clarté. Cet élément des représentations peut faire l’objet d’une mesure et donc également d’une mathématisation. Les quantités sont mesurables, mais pas les qualités car pour celles-ci, il s’agit de notre propre perception. Mais une fois qu’on a les mesures, qu’est-ce qu’on en fait ? Que disent-elles de la psychologie ? à Raisonnement encore « boiteux » chez Herbart. La psychologie de Herbart est surtout une déclaration d’intention. Il n’a pas de résultats expérimentaux, mais il donne une impulsion décisive dans ce sens. 2. Gustav Theodor Fechner (1801 – 1887) : A Leipzig, il entame des études de médecine à 16 ans. Il ne termine pas médecine et reprend des études de sciences et philosophie. Il s’intéresse beaucoup à la philosophie de la nature. Dans la thèse qu’il défend, il fait l’hypothèse d’un parallélisme entre le corps et l’âme. Il y a des rapports entre le corps et l’âme. Il va faire le lien entre les sensations et les mesures des stimuli. Il va donc aller plus loin que Herbart. Il n’enseigne pas la philosophie, mais la physique, parce que parallèlement à ses études de philosophie, il a écrit des ouvrages de vulgarisation en mathématiques et des traductions de manuels de chimie, de physique. Il va donc enseigner la physique à Leipzig. Il expérimente sur l’électricité et publie des travaux en chimie. Activité intellectuelle intense, maladie des yeux, mais il continue et étudie des problèmes de vision. Dépression pendant trois ans (1839-1843). Il prend une retraite anticipée. Guérison miraculeuse en octobre 1843. Il mène de front une œuvre scientifique et une œuvre philosophique où il développe un animisme universel (une âme présente dans le monde, pensée du romantisme) qui le rattache au courant romantique. Psychologie des plantes / Anatomie comparée des anges. C’est un chercheur très sérieux qui publie des choses très sérieuses, même si ces titres semblent « farfelus ». Il y croit vraiment aux anges, à l’âme dans le monde, à la psychologie des plants. Le 22 octobre 1850, il a la révélation du lien entre stimulus (mesurable) et sensation (comment je perçois subjectivement les choses) : 1860 : « Éléments de psychophysique ». (psycho = la partie subjective, 19 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) physique = la partie mesurable et objective). Comment peut-on mettre les deux ensembles et faire de la psychologie une science ? 3. Ernst Heinrich Weber (1795 – 1888) : La loi de Weber détermine que l’excitation (= le stimulus) croit ou décroit d’une manière continue alors que la sensation le fait de manière discontinue. Et la quantité d’excitation correspondant à un seuil différentiel (à ce qui fait qu’on est passé d’une marche à une autre) est en rapport fixe avec l’excitation de départ. Si on fait augmenter l’un, l’autre va changer mais pas exactement de la même façon : pas un pour un. Ce ne sont pas des échelles parallèles ; ce n’est pas parce que la température augmente que nous le percevons (par exemple, quand on augmente de un degré). Le rapport de variation n’est pas que quand l’un varie l’autre varie. On s’en rend compte à un moment, mais il a fallu une augmentation continue avant qu’on se rende compte que la température à changer. La psychophysique est la science de la mesure des sensations. Des chercheurs avaient déjà montré que le rapport de la sensation et de l’intensité du stimulus n’est pas un rapport direct. — S = a log I (= La sensation varie comme le logarithme de l’excitation/ de l’intensité du stimulus) à Précision faite par Fechner (et non par Weber qui dit juste qu’il y a un rapport) : le rapport entre les deux est un rapport logarithmique. — La sensation varie selon une progression arithmétique: (+10) : 10-20-30-40-50-60-70-… — L’intensité du stimulus nécessaire varie selon une progression logarithmique: (x10) : 10-100- 1000-10 000- 100 000- 1000000-10000000-…. L’équation de Fechner met en rapport un phénomène mental ( la sensation) avec un phénomène physique mesurable (intensité du stimulus). La sensation varie comme le logarithme de l’excitation/ de l’intensité du stimulus = la psychophysique. 4. Wilhelm Maximilian Wundt (1832 – 1920) : Il n’aime pas l’école. Il termine ses études de médecine sous la pression de son entourage. Il s’intéresse à l’expérimentation, à la physiologie, à la question du sens du toucher chez les hystériques. Il rencontre des positivistes : du Bois-Reymond et von Helmholtz à Heidelberg, dont il devient l’assistant. Pacte positiviste : je n’accepte que les choses que je peux observer, expérimenter. — 1862 : « Contribution à la théorie de la perception sensorielle » Proposition de fonder une « psychologie expérimentale » ; — 1863 : Proposition d’utiliser l’histoire et l’ethnologie (lois de l’évolution des langues, des mœurs, des mythes,….) pour compléter les données issues de l’expérimentation. Partie de son œuvre tombée dans l’oubli ; — 1874, Zurich, Philosophie inductive ; — 1875, Leipzig, Philosophie, rencontre avec Weber et Fechner ; — 1879 Fondation du premier laboratoire de psychologie expérimentale ; — 1881 publie la revue « Philosophische Studien », première revue de psychologie expérimentale. On vient du monde entier pour assister à ses cours (1912 – 620 étudiants et promoteur de 200 thèses de doctorat en psychologie. Par exemple : En 1889, le (futur) cardinal Mercier, recteur de l’UCL, envoya le chanoine Thiéry se former dans le laboratoire de Wundt. Il fonda à son retour en 1892 un des premiers laboratoires de psychologie expérimentale en Belgique. 20 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) LE COURANT ROMANTIQUE – RÉACTION À L’ESPRIT DES LUMIÈRES : Þ Apogée en Allemagne entre 1800 et 1830, il va s’étendre à l’Europe et imprégnera tout le 19ème siècle. Importance de la nature. Recherche les liens profonds qui unissent l’homme et la nature. Il y a une parenté entre « l’âme du monde » et l’âme de l’homme. Le romantisme s’attache aux éléments qui traduisent cette parenté, et par exemple : les rêves, le génie, la maladie mentale, la parapsychologie, le destin, le folklore, les mythes, et les phénomènes du magnétisme. Il n’est plus question pour le romantique de progrès, mais d’accomplissement de soi. Le romantisme insiste sur l’individualité, sur le caractère unique de sa perception et de son inscription dans le monde. Il se déduit de cela une conception particulière de l’amour ; l’amour romantique qui promeut l’idée d’une rencontre sentimentale et spirituelle entre deux êtres sur le modèle de la rencontre de l’homme avec la nature et qui cherche la perfection et l’accomplissement de chacun. L’expression du romantisme est picturale, musicale (La symphonie : Berlioz, Brahm, St. Saëns, Schumann), mais aussi philosophique (Schopenhauer, Fechner, Carus, Von Hartmann). ATTENTION : lorsque les romantiques parlent de l’inconscient, ce n’est jamais au sens que l’on connaît depuis Freud ! 1. Arthur Schopenhauer (1788 – 1860) : — « Le monde comme volonté et comme représentation » ; — Phénomènes = représentations ; — Noumènes = volonté = forces qui agitent le monde et l’homme de l’intérieur : instinct de conservation, instinct sexuel (le plus important). 2. Fechner : le récit de sa guérison : « Une amie de la famille rêva qu’elle lui préparait un plat de jambon fortement épicé, cuit dans du vin du Rhin et du jus de citron. Le lendemain, elle lui prépara effectivement ce plat et le lui apporta en insistant pour qu’au moins il y goûte. Il obéit à contrecœur et se sentit immédiatement beaucoup mieux. Les jours suivants, il mangea régulièrement de petites quantités de ce plat et sentit progressivement ses forces lui revenir […]. Il fit ensuite un rêve où il vit le nombre 77. Il en conclut qu’il serait guéri le 77ème jour, ce qui, dit-il, arriva effectivement ». C’est après ce rêve qu’il va reprendre ses études et ses écrits. 3. Carl Gustav Carus (1789 – 1889) : Il écrit « Psyché » qui est une tentative de faire une théorie de la vie psychologique inconsciente. 4. Edward von Hartmann (1842 – 1906) : Il publie « Philosophie de l’inconscient » (1869). — Un Ics absolu ; — Un Ics physiologique ; — Un Ics psychologique. 21 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) L’ÉVOLUTION – DARWIN 1. Charles Darwin (1809 – 1882) : Le darwinisme est un appui puissant du courant matérialiste car il ne postule qu’une différence de degré et non une différence de nature entre l’homme et l’animal. La théorie darwiniste vient nous rappeler que l’espèce humaine n’a aucune prérogative particulière. L’humain est une espèce animale parmi des tas d’autres espèces animale. Ce n’est pas un arbre généalogique, mais une sphère. L’humain est un point sur cette sphère du développement des espèces. à Pensée de Darwin. La théorie de la sélection naturelle est une théorie biologique qui explique l’apparition et la variation des espèces : à partir d’une première cellule vivante, l’extrême diversité des espèces va devenir possible et donc les espèces évoluent les unes par rapport aux autres (par différentiation à partir d’un ancêtre commun). MAIS, c’est aussi une théorie de la motivation et une illustration du fait qu’il y a une sorte de règle automatique. C’est ce qu’il examine dans « La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe ». à Le sexe permet un brassage génétique intéressant qui va permettre une différentiation inter-espèce (division du patrimoine). La diversité permet à l’espèce de survivre aux maladies, changements climatiques, etc. à Changements morphologiques et comportementales. Les comportements aussi sont modelés par l’évolution : — Adéquation au milieu, se maintenir, autoconservation ; — Accès à la reproduction sexuelle. Þ Nous avons des comportements qui en réalité sont orientés, sélectionnés pour remplir ces deux tâches. Exemple : l’angoisse est une réaction de survie, est une réaction adaptative. Darwin applique une loi découverte sur les populations humaines par Malthus, aux processus naturels. à Malthus : questions sur la croissance exponentielle des populations et donc de la capacité à nourrir et faire vivre ces populations, le droit d’avoir des enfants, de la régulation (naturelle ou non) de la population : les populations pauvres ont plus d’enfants, ce qui engendre une plus grande pauvreté. Il existe une interprétation de Darwin qui inverse le processus : C’est le darwinisme social. Le monde social humain serait réglé selon « la sélection des plus aptes ». Cette expression est de Spencer qui contribue à cette interprétation sociale du darwinisme. à L’espèce humaine se caractérise par le fait que les plus faibles sont soutenus et pas éliminés. Il n’y a qu’un petit pas entre le darwinisme social et l’eugénisme (pratiqué par les nazis). Dérive du darwinisme !! Cependant, ce n’est pas de Darwin, c’est l’interprétation de Spencer du darwinisme social !!!! Darwin est le défenseur d’un effet réversif de l’évolution pour ce qui concerne les humains : « Par la voie des instincts sociaux, la sélection naturelle sélectionne la civilisation qui s’oppose à la sélection naturelle. L’avantage obtenu n’est plus alors biologique : il est devenu social. ». à Le darwinisme, c’est l’opportunité de dire qu’on est une espèce animale comme toutes les autres espèces, on est donc forcément dépendant de notre milieu et de notre ajustement à celui-ci, mais en même temps, l’être humain, par la voie des instincts sociaux, peut sélectionner la civilisation. La civilisation, c’est le fait qu’on soutient les plus faibles, on les considère : on ne laisse pas tomber les moins aptes. L’être humain évolue contre la nature, parce que de manière sociale il a cette capacité à transformer son environnement : il adapte l’environnement à son corps (avantage obtenu social), et non l’inverse (avantage obtenu biologique). 22 Nolane Palmeri / 1 APS G7 Synthèse (2023-2024) 2. Ernst Haeckel (1834 – 1919) : La loi biogénétique fondamentale : — Le développement ontogénétique récapitule le développement phylogénétique de l’espèce : l’embryon va reparcourir les différentes étapes des espèces de manière générale (récapitulatif de toutes les étapes que la vie a parcouru pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui, et les espèces ce qu’elles sont) ; — Étude de l’embryogenèse et de l’enfance = étude anthropologique, en quelque sorte. — Important car Freud va transposer cette loi biologique au psychique. Cela lui permet de penser la naissance de la culpabilité, de la morale. à Question du Bien et du Mal. — Cela donne une importance à l’étude de l’enfance comme préhistoire de l’espèce. 3. Psychologie évolutionniste (évopsy) : Darwin a exposé ses vues sur la psychologie dans deux ouvrages : « La descendance de l’homme et la sélection sexuelle» (1871) et dans « L’expression des émotions chez l’homme et les animaux » (1872) Le terme « psychologie évolutionniste » s’est constitué en paradigme dans les années 1990, surtout dans le monde anglo-saxon (John Toby et Léda Cosmides publient en 1992 un article intitulé « The psychological foundations of culture », considéré comme l’article pionnier de la psychologie évolutionniste). On peut considérer que c’est un ensemble de 4 postulats : 1) Le cerveau et donc le mental avec ses différentes facultés sont le produit de l’évolution au même titre que les autres organes ; 2) La logique évolutionniste est une logique fonctionnaliste qui dit qu’une variation peut se transmettre si elle donne un avantage pour la survie ou pour l’accès à la transmission des gènes (reproduction) ; 3) On considère l’esprit comme composé d’une multitude de « modules » fonctionnels spécialisés qui se sont créés par variations et sélection de ces variations (hypothèse du la modularité de l’esprit – Jerry FODOR). On peut les comprendre si on les replace dans le contexte, c’est-à-dire en comprenant les facteurs évolutifs qui ont contribué à leur maintien ; 4) Le processus de sélection naturelle nécessite une longue suite de géné

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