Gestion péri-opératoire du patient coronarien PDF
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Hôpital Claude Huriez, CHRU de Lille
Sébastien Adamczyk, Rémi Fackeure, Gilles Lebuffe
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Ce document détaille la gestion péri-opératoire des patients coronariens. Il couvre l'évaluation préopératoire, les étapes de la prise en charge chirurgicale, les risques, et les stratégies pharmacologiques. Le document explique comment évaluer le risque cardiaque des patients avant une chirurgie non cardiaque, en se concentrant sur les pathologies cardiaques actives, le risque chirurgical, la capacité fonctionnelle du patient et les facteurs de risques cliniques.
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Gestion péri-opératoire du patient coronarien Sébastien Adamczyk, Rémi Fackeure, Gilles Lebuffe Pôle d’anesthésie réanimation, Hôpital Claude Huriez, CHRU de Lille, 1 Rue Michel Polonowski, 59037 Lille Cedex. E-mail : gilles.lebuffe@ chru-lille.fr Int...
Gestion péri-opératoire du patient coronarien Sébastien Adamczyk, Rémi Fackeure, Gilles Lebuffe Pôle d’anesthésie réanimation, Hôpital Claude Huriez, CHRU de Lille, 1 Rue Michel Polonowski, 59037 Lille Cedex. E-mail : gilles.lebuffe@ chru-lille.fr IntRoductIon Approximativement 40 millions d’interventions sont réalisées annuellement en Europe. Le taux d’infarctus du myocarde (IDM) postopératoire est de l’ordre de 1 % (400 000 patients) alors que les décès liés à une complication cardiovasculaire représentent 0,3 % (133 000 patients). Dès lors, l’identification préopératoire du risque cardiaque et la mise en place d’une stratégie de prévention du risque cardiovasculaire péri-opératoire sont incontournables. Le rapprochement de la Société Européenne de Cardiologie et de la Société Européenne d’Anesthésie pour la publication de recommandations européennes d’évaluation préopératoire du risque cardiaque et de sa prise en charge en chirurgie non cardiaque traduit une volonté d’harmoniser les pratiques chez le patient à risque. 1. EvALuAtIon pRéopéRAtoIRE du pAtIEnt à RISquE cAR- dIAquE En chIRuRGIE non cARdIAquE 1.1. EtaPE 1 : PatHoLogiE CaRdiaqUE aCtivE Elle recherche la présence de symptômes d’ischémie coronarienne ou d’insuffisance cardiaque inconnus jusqu’alors. Dans ces conditions, le patient doit bénéficier rapidement d’une évaluation de sa pathologie cardiaque avant la procédure chirurgicale. 1.2. EtaPE 2 : RisqUE CHiRURgiCaL Parmi les procédures chirurgicales, la chirurgie aortique et la chirurgie vascu- laire périphérique sont les chirurgies les plus à risque d’événements cardiaques péri-opératoires (Tableau I). En cas d’urgence, le patient doit être optimisé en péri-opératoire alors qu’une évaluation à distance sera proposée en présence de facteurs de risques cliniques ou d’élévation de la troponine postopératoire. 658 MApAR 2010 tableau I Risque cardiaque et procédures chirurgicales. Risque faible Risque intermédiaire Risque élevé ( 5 %) Chirurgie sénologique Chirurgie abdominale Chirurgie aortique Chirurgie ophtalmologique Chirurgie urologique lourde Chirurgie vasculaire Chirurgie plastique Transplantation rénale ou lourde Chirurgie urologique mineure hépatique Chirurgie vasculaire Chirurgie ORL lourde périphérique Chirurgie orthopédique (genou) Chirurgie dentaire Neurochirurgie lourde Chirurgie endocrinienne (thy- Chirurgie orthopédique lourde roïde) (hanche et rachis) Angioplastie périphérique Traitement endovasculaire d’un anévrysme Endartériectomie carotidienne 1.3. EtaPE 3 : CaPaCité fonCtionnELLE Les nouvelles recommandations européennes proposent d’évaluer la capa- cité fonctionnelle des patients opérés d’une chirurgie à risque intermédiaire ou élevé. Les patients avec une capacité fonctionnelle supérieure à 4 équivalents- métaboliques (MET) peuvent être opérés sans évaluation préopératoire (Tableau II). Si la capacité fonctionnelle est inconnue (impotence liée à une chirurgie orthopédique ou vasculaire) ou inférieure à 4 MET, les facteurs de risque cliniques sont alors recherchés. tableau II Evaluation de la capacité fonctionnelle du patient. Adapté de Freeman et al. Equivalent métabolique Activité (MET) 1 MET Activité très limitée, grabataire Entre 1 et 4 MET Toilette, manger seul, marche dans le loge- ment, marcher 100 m sur terrain plat Entre 4 et 10 MET Grimper deux étages, marcher sur une pente prononcée, courir une courte distance, jardi- nage intensif (bêchage), déplacer un meuble 10 MET Activité physique intense : natation, tennis, ski 1.4. EtaPE 4 : faCtEURs dE RisqUEs CLiniqUEs Les principaux éléments à rechercher sont les antécédents de cardiopathie ischémique, d’insuffisance cardiaque congestive, d’accident vasculaire cérébral ou d’accident ischémique transitoire (AVC/AIT), la présence d’un diabète et d’une insuffisance rénale. La présence d’un ou deux facteurs de risque ou plus de trois facteurs de risque en dehors de la chirurgie vasculaire conduit à réaliser un test non invasif ou à réaliser la chirurgie sous statines et sous contrôle de la fréquence cardiaque par des bêtabloquants. Chez les patients avec plus de 3 facteurs de cas cliniques interactifs 659 risque clinique opérés d’une chirurgie vasculaire, il est licite de réaliser des tests cardiaques non invasifs. La chirurgie à haut risque et les cinq facteurs cliniques ci-dessus constituent le score de Lee qui a montré que la présence d’aucun, d’un, de deux ou d’au moins trois critères était associée respectivement à un taux de complications cardiaques de 0,4 %, 0,9 %, 7 % et 11 %. 1.5. EtaPE 5 : évaLUation CaRdiaqUE CoMPLéMEntaiRE L’électrocardiogramme de repos s’impose chez le patient avec une pathologie cardiaque décompensée ou chez le patient présentant des facteurs de risque opéré d’une chirurgie à risque intermédiaire ou élevé. Il servira de référence en cas d’événement cardiaque péri-opératoire. La recherche d’une ischémie silencieuse par des examens non invasifs s’im- pose pour la chirurgie à risque élevé (chirurgie aortique) en présence d’au moins trois facteurs de risques cliniques. L’échographie de stress à la dobutamine et la scintigraphie thallium-dipyridamole sont globalement similaires en termes de sensibilité et de spécificité. Leur valeur prédictive négative est élevée autour de 90 % alors que leur valeur prédictive positive est faible autour de 20 à 30 % pour la survenue d’une complication cardiaque péri-opératoire. Le choix de ces examens est surtout basé sur leur facilité d’accès. Toutefois, la préférence va plutôt à l’échographie de stress à la dobutamine qui permet d’explorer au repos l’état valvulaire et la fonction systolique du ventricule gauche dont l’évaluation peut être recommandée chez les patients opérés d’une chirurgie à haut risque de complications cardiaques péri-opératoires. En revanche, il n’existe actuel- lement peu ou pas d’arguments dans la littérature pour proposer de nouveaux examens d’imagerie tels que l’IRM cardiaque ou l’angiographie coronaire en tomodensitométrie. L’absence ou la présence d’une ischémie modérée aux explorations non invasives ne nécessitent pas d’exploration invasive complémentaire. La mise en évidence d’une ischémie myocardique étendue rend la prise en charge difficile car la cardioprotection par les statines et les bêtabloquants n’est pas suffisante alors que la revascularisation préopératoire n’améliore pas en général le pronostic postopératoire de ce groupe de patients. La décision est prise au cas par cas en prenant en compte le risque cardiaque de la procédure chirurgicale et les effets délétères de la non-réalisation de l’intervention. 2. StRAtéGIE dE RéductIon du RISquE pRéopéRAtoIRE 2.1. REvasCULaRisation PRéoPéRatoiRE Elle est recommandée chez les patients présentant un angor instable pour lesquels la procédure chirurgicale non cardiaque peut être retardée sans menace vitale. Dans le cas contraire, la priorité est donnée à la chirurgie avant d’envisager en postopératoire le traitement médical et la revascularisation conformément aux recommandations du traitement du syndrome coronarien aigu. Les deux seules études randomisées évaluant l’intérêt d’une revasculari- sation préopératoire chez des patients porteurs d’une ischémie myocardique stable ou chez des patients à haut risque avec une ischémie étendue à l’échographie de stress programmés pour une chirurgie vasculaire n’ont pas révélé de bénéfice de la revascularisation par pontage ou angioplastie. Les recommandations européennes positionnent donc plutôt la revascularisation 660 MApAR 2010 après la procédure chirurgicale. Dans le cadre d’un consensus multidisciplinaire prenant en compte le bénéfice attendu de la revascularisation préopératoire et du retard de prise en charge chirurgicale, la revascularisation peut être considérée chez les patients avec une ischémie étendue opérée d’une chirurgie à haut risque. Il est cependant nécessaire d’avoir à l’esprit que l’intervention doit être retardée de 2 semaines lors d’une angioplastie simple, d’au moins 6 semaines, 3 mois au mieux en cas de mise en place d’un stent coronaire nu et de 12 mois pour un stent coronaire pharmacologique. 2.2. stRatégiE PHaRMaCoLogiqUE 2.2.1. Les bÊta bLoquants En diminuant la consommation en oxygène myocardique liée à la réduction de la fréquence cardiaque, les bêtabloquants ont été rapportés pour diminuer la morbidité cardiaque péri-opératoire chez des patients ayant ou non un risque cardiovasculaire. Toutefois, la publication de l’étude POISE et de la méta- analyse de Bangalore et al a suscité un débat sur la sécurité d’utilisation des bêtabloquants en péri-opératoire. Dans l’essai POISE, l’administration de métoprolol 2 à 4 heures avant la chirurgie poursuivie pendant 30 jours chez des patients à risque cardiaque s’accompagnait d’une diminution de 17 % de l’indice composite associant mortalité, infarctus du myocarde ou arrêt cardiaque non fatal à 30 jours (5,8 vs 6,9 %, p = 0,04). La mortalité globale était cependant plus importante chez les patients traités par bêtabloquants (3,1 % vs 2,3 %, p = 0,03) en lien avec un nombre plus élevé d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques et d’épisodes d’hypotension artérielle peropératoire. Malgré leurs effets cardioprotecteurs, les bétabloquants augmentent l’instabilité hémody- namique peropératoire et le risque d’ischémie cérébrale dont la prévention est assurée par le maintien d’une perfusion optimale cardiaque et cérébrale au cours de l’anesthésie. Il est donc recommandé de poursuivre les bêtabloquants des patients traités. Ils sont nécessaires également chez les patients à risque cardiaque en lien avec plusieurs facteurs de risques cliniques et des lésions ischémiques aux examens d’effort. Le traitement bêtabloqueur est probablement raisonnable chez les patients à risque intermédiaire opérés d’une chirurgie à risque intermédiaire ou élevé. L’instauration de ce traitement doit être précoce entre 1 mois et 1 semaine avant la chirurgie, à petites doses et titrée pour obtenir une fréquence cardiaque optimale entre 60 et 70 battements par minute. En revanche, les bêtabloquants administrés à haute dose en préopératoire immédiat devraient être évités. 2.2.2. Les statines Les statines sont prescrites pour ses effets hypolipémiants et pléiotropiques de stabilisation de la plaque d’athérome en lien avec des propriétés anti-inflamma- toires et anti-oxydantes. Une méta-analyse regroupant 223 010 patients issus de 12 études rétrospectives et 3 études prospectives a montré que les statines réduisaient la mortalité de 44 % dans la chirurgie non cardiaque et de 59 % dans la chirurgie vasculaire. Une étude randomisée très récente a révélé une diminution du nombre d’ischémie myocardique péri-opératoire (odds ratio (OR) 0,55 ; intervalle de confiance à 95 % (IC 95 %), 0,34 – 0,88, p = 0,01) et des décès d’origine cardiaque (OR 0,47 ; IC 95 %, 0,24 – 0,94, p = 0,03) chez des patients de chirurgie vasculaire recevant 80 mg de fluvastatine plus d’un mois avant la chirurgie. Le nombre de patients à traiter pour prévenir ces événements cas cliniques interactifs 661 était respectivement de 13 et 19. Enfin, aucun argument dans la littérature n’a démontré une augmentation du risque péri-opératoire de rhabdomyolyse des patients sous statines. Il est donc recommandé de poursuivre les statines au cours de la période péri-opératoire. Chez les patients à haut risque chirurgical comme la chirurgie vasculaire, il convient de débuter les statines entre 30 jours et au moins 1 semaine avant la chirurgie. 2.2.3. Les inhibiteurs de L’enzyme de conversion (iec) Les IEC sont prescrits chez les patients à risque cardiaque pour leurs effets anti-hypertenseurs et leurs effets bénéfiques sur la fonction endothéliale et le remodelage myocardique. En péri-opératoire, l’étude QUO VADIS a démontré une diminution des événements cardiaques après chirurgie cardiaque des patients traités par quinalapril. Des données moins favorables ont été rapportées dans une revue récente sur l’intérêt des IEC après chirurgie cardiaque. En outre, l’utilisation péri-opératoire des IEC augmente le risque d’hypotension sévère des patients sous anesthésie, en particulier lors de l’induction et de l’utilisation concomitante de bêtabloquants. Il est donc recommandé de poursuivre les IEC chez les patients qui ont une dysfonction systolique gauche mais de les stopper au moins 24 heures avant la chirurgie en cas d’administration à visée anti-hypertensive. 2.2.4. traitement antiagrégant pLaquettaire (aap) En l’absence de données dans la littérature, le rôle du traitement AAP dans la prévention des complications cardiaques péri-opératoires reste controversé. Les bénéfices potentiels du traitement AAP sur le pronostic cardiaque péri-opératoire sont à peser avec le risque hémorragique induit par leur administration. En général, il est recommandé de conserver le traitement AAP en péri-opératoire. Pour les chirurgies à risque hémorragique, un consensus doit être obtenu entre anesthésiste-réanimateur, chirurgien voire le cardiologue pour les patients por- teurs d’un stent coronaire. Chez ces derniers, les stratégies reposent alors sur les possibilités de reporter l’intervention, de stopper le clopidogrel et de maintenir l’aspirine ou de stopper l’ensemble du traitement AAP. Des recommandations sur la gestion des AAP des patients porteurs de stent ont été proposées par la Société Française d’Anesthésie Réanimation (http://www.sfar.org/t/IMG/pdf/aap stents expcoll06.pdf). Les principaux points développés dans la section 1 et 2 sont résumés dans le Tableau III. 662 MApAR 2010 tableau III Algorithme décisionnel de prise en charge du patient à risque cardiaque en chirurgie non cardiaque. Prise en charge adaptée à la chirurgie et aux Etape 1 Urgence ? Oui antécédents du patient sans délai Non Discussion multidisciplinaire pour évaluer le Pathologie cardiaque Etape 2 Oui rapport bénéfice/risque d’une revascularisa- décompensée tion si la chirurgie peut être reportée. Non Revoir mode de vie et traitement pour Etape 3 Risque chirurgical Bas optimiser prise en charge péri-opératoire et procéder à la chirurgie. Moyen ou élevé Si facteurs de risque ou cardiopathie isché- Capacité fonctionnelle du Etape 4 > 4 MET mique : statine et envisager titration d’un patient traitement béta-bloquant < 4 MET Statine + titration traitement béta-bloquant Risque inter- Etape 5 Risque chirurgical + conserver IEC si dysfonction systolique + médiaire ECG préopératoire Haut risque Facteurs de risque (car- diopathie ischémique, Statine + titration traitement béta-bloquant insuffisance cardiaque, Etape 6 ≤2 + conserver IEC si dysfonction systolique + antécédent d’AVC, insuf- ECG préopératoire fisance rénale, diabète insulino-requérant) >2 Pas d’is- Statine + titration traitement béta-boquant Echographie de stress à chémie ou Etape 7 + conserver IEC si dysfonction systolique + la dobutamine étendue ECG préopératoire modérée Ischémie étendue Angioplastie coronaire simple : chirurgie possible dans les 2 semaines avec maintien traitement médical maximal et aspirine Décision individuelle Angioplastie + stent nu : chirurgie après 6 semaines devant peser le rapport minimum, au mieux 3 mois. Bithérapie antiagrégante sera bénéfice/risque entre la au mieux maintenue revascularisation coro- naire et le report de la Angioplastie + stent actif : chirurgie après 12 mois. Bithé- chirurgie ou la réalisation rapie antiagrégante sera au mieux maintenue de la chirurgie avec traite- ment médical maximal et Pontage : chirurgie possible dans les suites monitoring rapproché 3. AnESthéSIE du pAtIEnt coRonARIEn La période peranesthésique représente une période à risque d’ischémie myocardique ; en particulier la période de l’induction et du réveil. Les grands principes de prise en charge peropératoire du patient coronarien reposent sur le maintien d’une pression de perfusion satisfaisante et de l’équilibre entre les apports et la demande en oxygène du myocarde. Il n’y a pas de supériorité d’une technique anesthésique dont le choix est guidé par le geste opératoire et par son cas cliniques interactifs 663 moindre retentissement hémodynamique. Une anesthésie locorégionale peut être privilégiée si le geste opératoire le permet. Concernant l’anesthésie péri médullaire, celle-ci n’est pas dénuée d’effet hémodynamique surtout si le bloc sympathique est proximal. Dans ce cas, l’incidence des événements coronariens péri-opératoires est identique à une anesthésie générale. Chez le patient coronarien, l’utilisation d’un dispositif de surveillance électro- cardioscopique permettant une meilleure détection des épisodes ischémiques semble être conseillée. Le monitorage continu du segment ST avec une sensibilité de 74 % et une spécificité de 73 % est intéressant même s’il peut être mis en défaut par des troubles de conduction ventriculaire et les rythmes électro-entraînés. L’échographie transœsophagienne peut être considérée chez les patients présentant une modification peropératoire du segment ST et chez les patients à haut risque qui développe une ischémie myocardique au cours d’une chirurgie majeure non cardiaque. La visualisation des cavités cardiaques permet d’évaluer la cinétique segmentaire et d’apporter des informations plus précises sur la fonction ventriculaire. La détection et la prise en charge des épisodes hypotensifs passent par une évaluation correcte du statut volémique des patients. Un monitorage invasif de la pression artérielle s’impose en cas de chirurgie majeure ainsi que tout monitorage permettant d’évaluer la précharge- dépendance et le débit cardiaque (variabilité respiratoire de la pression pulsée, doppler œsophagien, etc…). En cas de chirurgie hémorragique, l’hypovolémie et l’anémie augmentent le risque de souffrance myocardique péri-opératoire. En 1999, dans l’enquête menée en France sur la mortalité liée à l’anesthésie, l’ischémie postopératoire en rapport avec une anémie apparaissait comme un des principaux facteurs favorisant de décès postopératoire. Le diagnostic précoce d’une hémoglobine basse par des appareils de mesure délocalisée type Hémocue™, le maintien d’un seuil d’hémoglobine entre 8 et 10 gr.dl-1 chez le coronarien (Recommandations de la Société de Réanimation de Langue Française (SRLF) en 2003 [http:\\www.srlf. org]) et l’utilisation de marqueurs globaux ou régionaux d’altération de l’oxygé- nation tissulaire comme la saturation veineuse centrale ou non en oxygène et le monitorage du segment ST devraient permettre d’anticiper la décision transfusionnelle. La prévention de l’hypothermie peropératoire permet de réduire d’environ 50 % les événements cardiaques postopératoires en rapport avec l’hypothermie. Enfin, la stimulation sympathique liée à la douleur augmente le risque de déséquilibre de la balance en oxygène myocardique. L’optimisation de l’analgésie péri-opératoire est donc importante même si le débat entre analgésie rachidienne et analgésie contrôlée par le patient n’est pas tranché [18, 19]. concLuSIon L’anesthésiste-réanimateur dispose désormais d’outils pour bâtir une stratégie de prise en charge péri-opératoire du patient coronarien. Ils offrent la possibilité de réduire le risque cardiaque péri-opératoire mais donnent également l’opportunité de modifier le pronostic cardiovasculaire à long terme de nos patients par la mise en place de traitements cardioprotecteurs. 664 MApAR 2010 RéFéREncES bIbLIoGRAphIquES Poldermans D, Bax JJ, Boersma E, De Hert S, Eeckhout E, Fowkes G, et al. 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