Cours pour le partiel Histoire des Idées Politiques PDF

Summary

Ce document présente un cours sur l'histoire des idées politiques, avec une analyse des fondements politiques et des régimes politiques antiques, incluant la Grèce antique comme paradigme et les modèles de cité, et l'apport romain. Le texte aborde les penseurs majeurs comme Platon, Aristote, Socrate, les concepts de justice, de cité, et les différentes formes de régimes politiques.

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Histoire des idées politiques Partie 1: LES FONDEMENTS DU POLITIQUES OU LA CITE FONDÉE EN NATURE Le phénomène de l'Etat était un phénomène qui pouvait être connu par certaines sociétés archaïques. En outre ces sociétés archaïques sont tout le contraire de nos sociétés laïques actuelles, car elles...

Histoire des idées politiques Partie 1: LES FONDEMENTS DU POLITIQUES OU LA CITE FONDÉE EN NATURE Le phénomène de l'Etat était un phénomène qui pouvait être connu par certaines sociétés archaïques. En outre ces sociétés archaïques sont tout le contraire de nos sociétés laïques actuelles, car elles ne faisaient pas la différence entre la religion et la politique. De la même manière, il était inconcevable au sein de ces sociétés de déplaire aux Dieux et de déplaire au souverain. Il y a avait donc une fusion du profane et du sacré qui se matérialise à travers la déification des souverains. Section 1: LE CONCEPT DE POLITIQUE: LE/LA POLITIQUE Il y a de la politique indépendamment de l'existence d'un État. A titre exemplaire, le fait de s'organiser autour d'un mythe commun suffit à former la politique. En outre, nous pouvons affirmer qu'il y a de la politique là où il y a regroupement d'Homme sur un territoire. I. LA NAISSANCE DU POLITIQUE En outre, l'histoire des idées retient la société antique comme le phénomène de la politique, notamment avec les nouveautés mises en place à Athènes. Ceci est appelé le Miracle Grec au V av J.C. ### A. ****Le berceau grec : paradigme de la politique**** - ****Recherche du meilleur régime**** : Les Grecs se questionnent constamment sur le régime politique idéal. - ****Figures majeures**** : Hérodote, Thucydide, Protagoras, Calliclès, Thrasymaque, Clisthène, Périclès, Isocrate, Xénophon. La société Grec demeure le paradigme de la politique, puisque les Grecs étaient en constante recherche du meilleur régime. #### a. ****Le problème du régime politique : influences et réformes**** ****Explications mythologiques:**** 1. ****Sparte : Lycurgue et les réformes légendaires**** - ****Mythe de Lycurgue**** : Création d\'une Constitution et d\'un Sénat pour équilibrer le pouvoir entre le roi et le peuple. - ****Réformes sociales et monétaires**** : - Instauration d\'une monnaie métallique. - Sparte reste une société inégalitaire : - Pratique de l\'eugénisme. - Usage généralisé de l\'esclavage. 2. ****Athènes : des réformes aux bases de la démocratie**** - ****Mythe de Solon**** : - Abolition de l\'usure et réduction des impôts. - Abolition de l\'esclavage pour dettes. - Participation citoyenne étendue avec la création de l'Ecclésia et de la Boullè. - ****Clisthène**** (réformateur clé) : - Mise en place de l'isoménie (égalité politique). - Création de l'Ecclésia, de l'Agora, et des circonscriptions (Dèmes). - Considéré comme le père fondateur de la démocratie. - ****Périclès**** : - Réformes sociales : indemnités pour participation politique (misthophorie). - Exclusion des femmes et des esclaves de la citoyenneté. #### b. ****Les Sophistes et le relativisme politique**** - ****Protagoras**** : - Théorie relativiste : « L'Homme est la mesure de toute chose ». - La majorité doit prévaloir sur la minorité. - L\'État est la source de la morale ; les vérités peuvent changer. - ****Calliclès**** : - La loi comme instrument des faibles pour limiter les forts. - Critique de la démocratie comme oppression des plus forts par la multitude. ****Les explications historiques et les fondements de la Cité**** #### a. ****Les explications historiques : Hérodote et Thucydide**** - ****Hérodote**** : - Analyse les avantages et inconvénients de la démocratie. - Bien que soumise aux passions du peuple, la démocratie assure un meilleur contrôle des responsables politiques. - ****Thucydide**** : - Considère Athènes comme un modèle en raison de son régime démocratique. - Le modèle athénien se distingue par la quête du meilleur régime, orientée par les Hommes et non par les Dieux. - Religion = soutien du régime politique, non plus sa source. #### b. ****Les fondements de la Cité : Socrate, Platon, Aristote**** 1. ****Socrate**** : - Deux disciples majeurs : Platon et Xénophon. - Critique la démocratie, qu\'il considère comme un mauvais régime : - Les citoyens manquent de qualifications pour gérer les affaires publiques. - Recherche des notions stables du juste et de l'injuste : - Refus des maximes sophistiques telles que « Faire du bien à ses amis, du mal à ses ennemis » et « La justice est ce qui est avantageux aux plus forts ». - ****Vision de la justice**** : - Justice = sagesse ; Injustice = vice. - La justice correspond à une harmonie entre l'âme (sagesse) et la cité (justice). - La sagesse implique la connaissance de soi (reconnaître ses savoirs et ignorances). 2. ****Platon**** : - Critique la démocratie aux côtés de Socrate. - Cherche à bâtir le meilleur régime basé sur la justice. - ****Œuvres majeures**** : **La République**, **Les Lois** (écrits sous forme de dialogues). - Trois expériences politiques : - Conseiller auprès de Denis II après avoir été réduit en esclavage par Denis I. - ****Projet politique**** : - Déçu par la société contemporaine, imagine une cité idéale sans lieu physique mais fondée sur des principes réels. 3. ****Aristote**** **(non mentionné explicitement dans votre texte, mais souvent inclus dans cette partie pour le contexte)** : - La cité comme entité naturelle visant le bien commun. - Distinction entre différentes formes de régimes (monarchie, aristocratie, démocratie) et leur dégénérescence. 1\. ****Qui est Platon ?**** - Philosophe grec (427-347 av. J.-C.), élève de Socrate et maître d'Aristote. - Considéré comme le ****fondateur de l'idéalisme**** : - Les Idées (ou Formes) ont une existence réelle, indépendante des choses matérielles et de l'esprit humain. - Les Idées sont supérieures à l'Homme. #### 2. ****La politique selon Platon**** - ****Définition**** : « L'art de conduire des bipèdes sans cornes et sans plumes, avec leur consentement » (i.e., les Humains). - ****Légitimité de l'État**** : - L'État est légitime s'il obtient le consentement des citoyens. - La politique vise le ****bonheur de la cité****, qui est supérieur au bonheur individuel. #### 3. ****Le modèle hiérarchisé de la Cité**** - Platon conçoit la Cité selon un ****modèle en trois fonctions**** (inspiré des sociétés indo-européennes) : 1. ****Fonction souveraine**** (gouvernants) : Philosophes-rois. 2. ****Fonction des armes**** (gardiens) : Défense et sécurité. 3. ****Fonction productive**** (artisans et agriculteurs) : Subvenir aux besoins de la cité. - En Inde, ce modèle se retrouve dans le ****système des castes****. #### 4. ****Le philosophe-roi**** - Le meilleur régime politique, selon Platon, est celui où les ****philosophes gouvernent****. - ****Philosophie**** : **Philéô** (aimer) + **Sophía** (sagesse). - Les sages possèdent la connaissance nécessaire pour diriger. - Dans le meilleur des régime, après avoir vu qu'il fallait un philosophe comme gouvernant, Platon explique qu'il faut une mise en commun des biens et des femmes, afin que les citoyens puissent pleinement s'investir dans le bien de la Cité. #### 5. ****Critique des régimes politiques**** - ****Démocratie**** : - Critique : Donne trop d'importance aux opinions individuelles au détriment de la connaissance. - ****Monarchie**** : - Peut être positive (si gouvernée par un sage) ou négative (si dirigée par un tyran). - ****Tyrannie**** : - Uniquement valable si dirigée par un sage (paradoxe : peut-on être sage et tyrannique à la fois ?). - ****Oligarchie**** : Plusieurs formes possibles : - ****Timocratie**** : Gouvernement fondé sur l'honneur. - ****Démo-aristocratie**** : Mélange d'égalité démocratique et de mérite aristocratique. - ****Gérontocratie**** : Gouvernement des anciens, valorisant la sagesse liée à l'âge. #### 6. ****Réformes radicales**** - Propose la ****mise en commun des biens et des femmes**** pour les classes dirigeantes, afin que les citoyens se concentrent sur le bien de la Cité. 1\. ****Qui est Aristote ?**** - Philosophe grec (384-322 av. J.-C.), élève de Platon mais ****opposé à son idéalisme****. - Originaire de Stagire, en Macédoine (donc pas Athénien). - ****Précepteur d'Alexandre le Grand**** : l'initie aux sciences, à la médecine, et à la curiosité intellectuelle. - Fondateur du ****Lycée****, où il enseigne diverses matières (mathématiques, économie, philosophie) en se promenant (péripatéticien). - Partisan d\'une approche plus ****terre-à-terre****, fondée sur l'observation des réalités sociales. #### 2. ****La nature politique de l'Homme**** - ****« L'homme est, par nature, un animal politique »**** : - L\'Homme s'épanouit pleinement uniquement au sein d'une communauté. - La ****Cité**** est la forme la plus accomplie des associations humaines (au-dessus de la famille et du village). - La Cité n'est pas une création artificielle, mais découle de la ****nécessité naturelle**** de vivre ensemble. #### 3. ****Le Logos et la vie en communauté**** - ****Logos**** (raison, parole) : ce qui distingue l'Homme des animaux. - Permet de délibérer sur ce qui est juste et injuste, bon et mauvais. - Base de la vie politique, car il permet de discuter et d\'établir des lois. - La Cité existe pour permettre aux hommes de mener une ****vie bonne****, orientée vers la justice et le bien commun. #### 4. ****La justice comme fondement de la Cité**** - ****Justice**** : Donner à chacun ce qui lui est dû selon son mérite et sa contribution à la communauté. - Assure l'ordre, la stabilité, et la cohésion sociale. - Se développe à travers la vie commune. - La justice est donc à la fois un ****produit**** et un ****principe structurant**** de la Cité. #### 5. ****La hiérarchie naturelle et le rôle des citoyens**** - Certains individus sont naturellement faits pour ****gouverner****, d'autres pour ****obéir**** : - Basé sur la possession du ****Logos**** et de la vertu. - Ceux qui possèdent ces qualités en abondance doivent diriger. - La politique concerne uniquement les ****citoyens libres**** (exclus les femmes, esclaves, et étrangers). - Les citoyens sont ceux qui participent activement à la vie publique. #### 6. ****Les types de régimes politiques**** - Aristote distingue ****six régimes politiques****, répartis en deux séries : ----------------------------------- ------------------------------------------------------ 1\. ****Monarchie**** 4\. ****Tyrannie**** (déviation de la monarchie) 2\. ****Aristocratie**** 5\. ****Oligarchie**** (déviation de l'aristocratie) 3\. ****République**** (politeia) 6\. ****Démocratie**** (déviation de la république) ----------------------------------- ------------------------------------------------------ - ****Formes Pures**** : Visent le bien commun. - ****Formes Dérivées**** : Corrompues, elles servent les intérêts personnels des dirigeants. B. La maturité romaine En outre, 3 formes de régimes ont été significatives dans la Rome antique: la première forme est la monarchie apparue avec le règne de Romulus, la seconde forme de gouvernement a été la République, qui a été caractérisée par des conflits entre les élites et les plébéiens. Tout cela mènera à une dictature, qui par la suite, deviendra l'Empire. ### ** ***A. Une Influence Grecque***** ****PENSEUR DE LA REPUBLIQUE**** #### ****1. Polybe : Le Penseur du Régime Mixte**** - ****Originaire de Grèce****, Polybe est influencé par son héritage grec en observant la société romaine. - Polybe admire Rome pour sa ****stabilité politique**** : il voit dans son système un mélange harmonieux entre monarchie, aristocratie, et démocratie. - Le ****Consul**** représente la monarchie. - Le ****Sénat**** incarne l\'aristocratie. - Les ****Comices**** (assemblées populaires) symbolisent la démocratie. - Cette analyse mène Polybe à théoriser le ****régime mixte****, un modèle combinant les éléments positifs des trois régimes pour éviter leur dégénérescence. - ****Anacyclose**** : Selon lui, les régimes politiques se succèdent de manière cyclique (monarchie → tyrannie → aristocratie → oligarchie → démocratie → anarchie). - Pour briser ce cycle, il prône un système qui intègre des éléments des trois formes stables. - ****Critique implicite**** : Bien que Polybe idéalise Rome, il néglige les inégalités internes, notamment le pouvoir limité des comices par rapport à celui du Consul. #### ****2. Cicéron : Le Philosophe de la République**** - ****Cicéron**** (106-43 av. J.-C.) : Homme d\'État, avocat et philosophe romain, influencé par le droit naturel d'Aristote. - Dans son ouvrage ****« La République »****, Cicéron cherche à définir le ****meilleur régime politique**** et le ****citoyen idéal****. - Un bon gouvernement doit permettre aux citoyens d'exercer leur ****rationalité****, en accord avec la justice et la vertu. - Cicéron rejette le fondement divin des lois, s'inspirant du ****droit naturel**** basé sur la ****raison humaine****. - Pour lui, la ****loi naturelle**** est universelle et immuable, inscrite dans la nature même de l'Homme. - Cette loi guide les hommes vers la ****justice**** et l'****harmonie sociale****. - ****Définition de la République selon Cicéron**** : - Une ****res publica**** (chose publique) : Elle est « la chose du peuple », fondée sur un ****pacte de justice****. - Contrairement à Aristote, la ****raison**** (et non la justice) devient le principe structurant de la société. #### ****3. Les Frères Gracques : Les Réformateurs du Peuple**** - ****Tiberius et Caius Gracchus**** (IIe siècle av. J.-C.) : Réformateurs romains qui tentent de corriger les inégalités sociales. - Redistribution égalitaire des terres. - Régulation du prix du blé pour le rendre accessible. - Les Gracques symbolisent la ****défense du peuple**** contre les élites. ### ****Comparaison Cicéron vs. Aristote**** - ****Aristote**** : La justice découle de la Cité, basée sur la hiérarchie naturelle et les rôles sociaux. - ****Cicéron**** : La Cité découle de la raison, fondée sur un respect universel de la loi naturelle. ****Les Penseurs de l\'Empire Romain**** #### ****1. La Transition de la République à l\'Empire**** - ****Fin de la République romaine**** : La République romaine s\'effondre en raison de l\'utilisation excessive de la dictature et des crises internes. Le passage à l\'Empire marque une transformation fondamentale du régime politique. - ****Le rôle d\'Auguste**** : Auguste, en devenant le premier empereur, assume une forme de dictature en s'adressant directement au Sénat comme **princeps** (premier citoyen). Son pouvoir semble être une forme de ****dyarchie**** où l\'empereur conserve l\'autorité suprême tout en maintenant une façade républicaine. #### ****2. Les Stoïciens et la Liberté sous l\'Empire**** - ****Stoïcisme et pouvoir**** : Pendant la période impériale, les philosophes stoïciens développent une réflexion sur la ****liberté individuelle**** tout en acceptant l\'ordre extérieur imposé par l\'Empire. - Les stoïciens considèrent que la ****liberté intérieure**** peut être préservée tant que l'ordre extérieur (incarné par l\'Empire) est perçu comme rationnel. - Ils approuvent en grande partie la domination impériale, bien qu\'ils espèrent voir un équilibre entre ****l\'autorité impériale et celle du Sénat****. - ****Sénèque**** : Philosophe stoïcien et conseiller d\'Auguste, Sénèque prône un équilibre entre la ****diarchie**** de l'Empire et le Sénat. Il espère initier l\'empereur aux principes stoïciens de modération. - ****Tacite**** : Historien et philosophe stoïcien, Tacite observe que le peuple romain accepte le régime impérial, considérant que l'empereur détient la ****légitimité politique****. Cependant, il critique le despotisme de certains empereurs. #### ****3. Le Decline et le Dominat**** - ****Dynastie des Sévères (235)**** : À la fin de la dynastie des Sévères, l\'Empire romain entre dans une phase de crise, marquée par l\'anarchie militaire. Cela ouvre la voie au ****système du dominat****, où le pouvoir impérial devient ****plus autoritaire**** et centralisé. - ****Le Bas-Empire**** : Ce régime, caractéristique du Bas-Empire, se distingue par une concentration accrue du pouvoir entre les mains de l'empereur, renforçant l'autorité impériale. #### ****b. L\'Influence Chrétienne et la Séparation des Pouvoirs**** - ****La conversion de Constantin**** : L\'empereur Constantin, par son ****Édit de Milan**** en 313, autorise la pratique du christianisme. Cette conversion marque le début d\'un changement profond dans l\'Empire romain. - Le ****Conseil de Nicée**** (325) fixe le crédo chrétien pour contrer les hérésies comme l'arianisme, qui contestait la divinité de Jésus. - ****Distinction entre pouvoir temporel et spirituel**** : - Le christianisme introduit une distinction entre le ****pouvoir temporel**** (politique) et le ****pouvoir spirituel**** (religieux), une question qui crée des tensions dans la structure politique de l\'Empire. - Le christianisme ouvre le débat sur ****l\'origine divine du pouvoir impérial**** : l\'empereur tire-t-il son autorité de Dieu ? - Pendant des siècles, pouvoir politique et spirituel ont été liés, mais cette séparation commence à s\'imposer, créant un terrain fertile pour les conflits de pouvoir entre l\'Église et l\'Empire. ### ****Résumé et Conclusion**** - L'Empire romain, tout en s'effondrant sous les crises internes, a vu naître des réflexions philosophiques influencées par le ****stoïcisme****, qui acceptaient l'ordre impérial tout en prônant la ****liberté intérieure****. - L\'****influence chrétienne****, amplifiée par la conversion de Constantin, introduit la ****séparation entre les pouvoirs temporel et spirituel****, remettant en question le fondement divin du pouvoir impérial et marquant un tournant dans la pensée politique de l\'Empire ### ****a)** **La Révolution de l\'Évangile**** L\'apparition de l\'Évangile, par l\'enseignement du Christ, représente une ****révolution**** fondamentale dans l\'histoire de la pensée politique et religieuse. Voici les principales idées qui en découlent : #### ****1. Le Règne de Dieu et la Fin de la Politique Terrestre**** - ****Annonce du Règne de Dieu**** : Le Christ proclame la venue du ****Règne de Dieu****, un royaume spirituel qui n\'a pas de lien direct avec les structures politiques terrestres. Ce Règne marque une rupture avec la vision ancienne selon laquelle la politique pouvait participer à la réalisation du bien suprême ou du salut. - ****Existence terrestre comme \"anecdotique\"**** : En annonçant ce règne, le Christ invite les hommes à relativiser leur existence terrestre. La politique, les préoccupations matérielles et les institutions humaines deviennent secondaires, car le but ultime est d\'atteindre le salut et la vie éternelle. La politique n\'a pas de valeur dans le ****Ciel**** et, par conséquent, n'est qu\'une réalité temporaire et transitoire. #### ****2. Séparation des Pouvoirs Spirituel et Temporel**** - ****Rendre à César ce qui est à César**** : Bien que le Christ insiste sur la primauté du ****Règne de Dieu****, il reconnaît également la nécessité de respecter les autorités terrestres. Dans l\'Évangile, la célèbre maxime \"Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu\" (Matthieu 22:21) illustre cette distinction. Il ne nie pas l\'autorité politique, mais il marque clairement que celle-ci n'a pas de place dans le royaume céleste. - ****Séparation définitive**** : Cette déclaration inaugure une ****séparation radicale**** entre les affaires politiques et les affaires religieuses. L\'autorité divine et l\'autorité humaine sont désormais considérées comme distinctes et ne doivent pas interférer l\'une avec l\'autre. Cette séparation influencera profondément l\'évolution de la pensée politique et théologique au cours des siècles suivants. #### ****3. Une Révolution Durable**** - La ****révolution de l\'Évangile**** est donc une révolution de pensée qui redéfinit les rapports entre l\'homme, la politique et la spiritualité. Elle ne se limite pas à une remise en question des institutions politiques de l\'époque, mais elle ****révolutionne**** la manière dont la politique est perçue par rapport à la foi. - Cette séparation des pouvoirs spirituel et temporel constituera un fondement majeur des futures conceptions de l'État et des institutions, en particulier à l'époque médiévale et moderne, où l\'idée de ****laïcité**** prendra forme dans les sociétés occidentales. ### ****Conclusion**** L\'Évangile, par ses enseignements, marque ainsi un tournant majeur : non seulement il annonce la primauté du Règne de Dieu, mais il introduit également une distinction nette entre les domaines politique et spirituel, transformant pour l'éternité la manière dont les sociétés humaines aborderont la relation entre pouvoir politique et foi religieuse. ****b)** **Les Apports de la Patristique**** La ****Patristique****, ou la période des Pères de l'Église, joue un rôle majeur dans la formation de la pensée chrétienne concernant le pouvoir politique. Plusieurs figures importantes de cette époque, telles que ****Saint Pierre****, ****Saint Paul****, ****Saint Jean Chrysostome****, ****Eusèbe de Césarée****, et ****Saint Augustin****, ont contribué à la définition de la relation entre l'autorité divine et la politique terrestre. #### ****1. L'Autorité du Prince et l'Obéissance au Pouvoir**** - ****Saint Pierre**** exhorte les chrétiens à obéir au prince, affirmant que l\'autorité du prince pourrait être d\'origine divine. Ainsi, obéir au prince devient un acte de soumission à la volonté de Dieu. Cette pensée s\'inscrit dans une vision chrétienne de l'ordre, où la soumission à l'autorité terrestre est perçue comme un devoir religieux. - ****Saint Paul****, de manière similaire, enseigne que toute autorité vient de Dieu. Il affirme que \"il n\'y a point de pouvoir qui ne vienne de Dieu\" (Romains 13:1), et donc, l'obéissance au prince est non seulement un devoir civique, mais un respect des préceptes divins. Cette doctrine permet de justifier la soumission des citoyens à l'autorité, indépendamment de leur perception personnelle du gouvernement. - L'idée sous-jacente est que ****l'homme, étant pécheur****, ne peut exister dans une société vertueuse sans autorité. Le besoin de l'État apparaît comme une conséquence du péché originel, un moyen pour maintenir l\'ordre dans un monde corrompu. ****L'absence de vertu dans l'humanité**** justifie l\'existence d\'une autorité extérieure. #### ****2. L'Empereur comme Représentant de Dieu**** - ****Saint Jean Chrysostome**** renforce cette idée en expliquant que la rébellion contre le pouvoir établi est une rébellion contre Dieu. Selon lui, l'obéissance au prince découle directement du péché originel. Ainsi, toute désobéissance à l\'autorité terrestre serait perçue comme une offense à Dieu. - ****Eusèbe de Césarée****, un autre penseur influent, soutient cette vision en rapprochant le pouvoir politique de l\'autorité divine. Il distingue le monde divin, où Dieu et son Fils règnent, du monde terrestre, où l'empereur et ses ministères exercent leur autorité. Selon Eusèbe, l'empereur devient le représentant de l'autorité divine sur Terre, et le pouvoir impérial s'apparente à celui du royaume céleste. #### ****3. Saint Augustin et la Distinction entre les Deux Cités**** - ****Saint Augustin****, l\'un des Pères de l'Église les plus influents, a introduit une distinction fondamentale entre ****la Cité de Dieu**** et ****la Cité des hommes****. Dans son ouvrage majeur **La Cité de Dieu**, il soutient que la Cité des hommes, symbolisée par Rome, est vouée à disparaître. Elle est ****mortelle**** par nature, contrairement à la Cité de Dieu qui est ****éternelle****. - Augustin répond à ses détracteurs païens qui reprochaient au christianisme d'avoir fait fuir les divinités antiques. Selon lui, les ****dieux païens**** n'ont ni la capacité de protéger la Cité terrestre, ni celle de garantir le salut. Dieu, de même, n'a pas pour vocation de sauver Rome, car ****la Cité des hommes est condamnée à la mortalité****. - Cependant, l'idée d'Augustin a été mal interprétée par certains, ce qui a mené à la naissance de l'****Augustinisme politique****, une pensée qui tendait à confondre les deux cités. Augustin, lui, souhaitait maintenir une ****distinction claire**** entre la sphère spirituelle, régie par la Cité de Dieu, et la sphère politique, régie par la Cité des hommes. ### ****Conclusion**** Les ****Pères de l'Église****, à travers leurs réflexions, ont profondément influencé la conception chrétienne du pouvoir politique. L'idée que l'autorité terrestre découle de Dieu a justifié la ### ****II-** **Le Critère du Politique chez Carl Schmitt**** ****A. L'autonomie du politique: la distinction «ami-ennemi»**** #### ****1. La Question Fondamentale : Qu\'est-ce qui est Politique ?**** - ****Objectif de Carl Schmitt**** : - Schmitt ne cherche pas à définir ce qu\'est le politique en général, mais à identifier ****le critère distinctif**** qui permet de reconnaître un acte comme étant politique. - Selon lui, ce critère est ****l'opposition ami/ennemi****. #### ****2. L\'Opposition Ami/Ennemi**** - ****Distinction centrale**** : - Schmitt définit la politique comme étant fondée sur la distinction ****ami/ennemi****. Cette opposition représente le degré extrême d'union (l'ami) et de désunion (l'ennemi). - Elle est ****fondamentale**** pour comprendre l'existence politique, car elle détermine qui fait partie de la même communauté politique et qui en est exclu. - ****Caractère extrême de l\'opposition**** : - Cette distinction peut devenir tellement forte qu'elle peut mener à un ****conflit ouvert****, voire à la guerre. - En ce sens, Schmitt s\'appuie sur les propos de ****Clausewitz****, qui affirme que \"la guerre n\'est que la continuation de la politique par d\'autres moyens.\" Cela signifie que la politique et la guerre sont intimement liées, la guerre étant une forme extrême de la politique. #### ****3. L\'Autonomie du Politique**** - ****Autonomie de la sphère politique**** : - Schmitt soutient que la politique a son propre domaine et est ****autonome**** par rapport aux autres sphères sociales (économie, morale, etc.). - La politique se distingue donc par la capacité à organiser et à gérer la distinction ami/ennemi, ce qui détermine son caractère politique spécifique. - ****Lien avec l\'État**** : - La souveraineté de l\'État se manifeste dans sa capacité à décider de ****l\'ennemi**** et à mobiliser les ressources pour le combattre si nécessaire. - En cela, l\'État doit être capable de tracer cette frontière entre l\'ami et l\'ennemi pour assurer sa stabilité et son existence. ****A quoi reconnaissons-nous** **quelque chose de politique?**** #### ****1. Distinction entre l\'État Polémique et l\'État Agonale**** - ****État Polémique**** : - L\'État polémique renvoie à un ****conflit violent et direct****, où les adversaires sont en guerre ouverte, cherchant à imposer leur domination par la force. - Dans cette configuration, la ****violence**** et ****l\'hostilité**** sont les éléments clés. Il s\'agit d\'un combat où les protagonistes s'affrontent comme des ennemis. - ****Objectif**** : Imposer sa force à l\'autre par la guerre et l'hostilité. - ****État Agonale**** : - L\'État agonale, quant à lui, repose sur un ****conflit non violent****. Le terme \"agon\" en grec fait référence à une lutte ou un combat, mais qui n\'implique pas nécessairement la violence. - L\'État agonale est le lieu du ****conflit politique sans violence physique****. Il s\'agit d'un ****conflit d\'opinions**** où l'objectif n'est pas d'imposer sa volonté par la force, mais plutôt de défendre son point de vue dans un cadre démocratique. - ****Exemple**** : La démocratie est considérée par Schmitt comme l'État agonale par excellence, car elle repose sur la confrontation d\'idées et de points de vue, sans violence directe. #### ****2. La Nature du Conflit dans l\'État Agonale**** - ****Conflit sans violence**** : - L\'État agonale permet une confrontation ****verbale et idéologique****, où les adversaires peuvent exprimer des opinions opposées tout en respectant un cadre démocratique. - Contrairement à l\'État polémique où l\'ennemi doit être défait, dans l\'État agonale, l\'objectif est de maintenir ****l\'équilibre des conflits****. - ****Rôle de la médiation**** : - Dans l\'État agonale, un ****tiers**** peut émerger pour maintenir l\'agonalité. Cela peut se produire par : - ****Compromis**** : Trouver une solution qui réconcilie les positions opposées. - ****Victoire d\'un côté**** : Lorsque l'un des deux camps prend le dessus, mais toujours dans une dynamique où la légitimité de l\'autre est reconnue. #### ****3. La Démocratie comme État Agonale**** - ****La démocratie, cadre du conflit idéologique**** : - La démocratie est vue par Schmitt comme un modèle d\'État agonale, où les partis s'affrontent sur des idées et des valeurs, mais sans recourir à la violence. - Les ****élections****, les ****débat politiques**** et les ****démarches parlementaires**** sont les moyens par lesquels ce type de conflit se manifeste. - ****Risque de basculement vers la violence**** : - Bien que la démocratie soit fondée sur des conflits non violents, elle est ****fragile**** et peut basculer dans l\'État polémique (violent) si le conflit devient trop intense et échappe au contrôle. - Ce basculement peut être évité ou retardé par la présence d'un ****tiers**** qui cherche à ****pacifier**** les affrontements. III\. L'essence du politique chez Julian Freund A. Définition de l'essence du politique L'essence est une activité permanente et innée appartenant à l'Histoire: en outre, c'est une identité qui ne varie pas, puisque c'est la nature propre d'une chose. Dès lors, appréhender l'essence du politique peut se faire à travers une donnée, 1 ou plusieurs présupposé ou 1 ou plusieurs finalités. B. Données et présupposées du politique **** - Selon Freund, il existe six ****essences fondamentales**** dans toute organisation sociale ou humaine. Ces essences sont les ****composantes clés**** qui définissent différents aspects de la vie collective. Elles incluent : 1. ****Essence Politique**** : - Le politique est essentiellement une ****relation**** caractérisée par plusieurs oppositions ou structures relationnelles : - ****Ami/ennemi**** : Une distinction centrale pour identifier le politique, où l'on se confronte à des adversaires potentiels. - ****Public/privé**** : La séparation entre les espaces politiques ouverts au public et les domaines privés de la vie individuelle. - ****Commandement/obéissance**** : La relation hiérarchique au sein de l'autorité politique, où certains commandent et d\'autres obéissent. 2. ****Essence Économique**** : - L'économique relève de l'organisation des ressources, de leur distribution, et des relations de pouvoir qui en découlent. L'économie est fondée sur l'échange et la production, en lien avec les besoins matériels de la société. 3. ****Essence Éthique**** : - L'éthique concerne la ****moralité****, les valeurs et principes qui orientent les comportements humains. Elle est liée à la notion de bien et de mal dans la société, influençant ainsi les choix politiques et sociaux. 4. ****Essence Esthétique**** : - L'esthétique s'intéresse à ****l'art****, à la beauté et à la perception visuelle et sensorielle dans la société. Elle joue un rôle dans la culture et les formes d'expression qui peuvent influencer l'ordre social et politique. 5. ****Essence Religieuse**** : - L'essence religieuse concerne le ****sacré****, les croyances et les pratiques religieuses qui peuvent avoir un impact direct sur la politique, en particulier à travers la légitimation du pouvoir et des autorités spirituelles. 6. ****Essence Scientifique**** : - L'essence scientifique est liée à la ****recherche de la vérité**** à travers des méthodes rigoureuses et objectives. La science a un rôle de plus en plus important dans la prise de décision politique, notamment dans des domaines comme la santé publique ou l'environnement. #### ****3. La Finalité du Politique**** - ****Définition de la finalité du politique**** : - Selon Freund, la finalité du politique est de maintenir ****l\'ordre social**** et de garantir ****la sécurité**** à l'échelle d'une unité politique particulière. Cela se fait en assurant à la fois ****la sécurité extérieure**** (protection contre les menaces extérieures) et ****la concorde intérieure**** (harmonie au sein de la société). - Cette finalité repose sur ****l'usage de la force**** légitimée par le droit, permettant de maintenir l\'ordre malgré les luttes internes et les conflits qui existent au sein de la société. En somme, le politique vise à créer une unité politique stable, capable de gérer les tensions et de résoudre les conflits qui surgissent naturellement dans toute communauté. Section II: POLITIQUE ET THÉOLOGIE: DIALECTIQUE DES RAPPORTS ENTRE DIEU ET CÉSAR I. La chrétienté médiévale et sa postérité platonicienne: les doctrines sacerdotalistes A. Sacerdotalisme et augustinisme politique #### ****1. Cinq Périodes Importantes dans l'Évolution du Pouvoir de l'Église et de l'État**** ****Première période (Ve - VIe siècle)**** : - Après la chute de l\'Empire romain en 476, l'Église prend une place centrale dans les sociétés occidentales. - L'Église se distingue par son influence croissante, remplissant un vide laissé par la disparition du pouvoir impérial romain. - L'Église et l'État se partagent les rôles, mais l'Église commence à exercer une influence accrue. ****Deuxième période (VIe siècle, Charlemagne)**** : - Charlemagne devient roi des Francs en 768 et est couronné empereur en 800. - Son couronnement marque la création d'un empire chrétien, distinct de l\'Empire byzantin, renforçant la séparation entre Orient et Occident. - Charlemagne impose un modèle où l\'autorité politique et religieuse sont étroitement liées. ****Troisième période (Empire de Charlemagne)**** : - Charlemagne centralise son pouvoir tout en cherchant à instituer un ordre religieux chrétien. - Le lien entre le politique et le religieux devient fondamental dans son empire, avec l'Église jouant un rôle majeur dans la gestion du pouvoir. ****Quatrième période (Héritage spirituel de Charlemagne)**** : - Après la mort de Charlemagne, l'Église continue d'affirmer son autorité face aux pouvoirs politiques. - Des conflits apparaissent, notamment autour des querelles d'investiture, marquant la lutte pour le pouvoir entre le pape et les souverains laïques. ****Cinquième période (Dynastie des Ottons, Xe siècle)**** : - La dynastie ottonienne établit une alliance forte entre l'Église et le Saint-Empire romain germanique. - Cette alliance survient après la chute de l\'Empire romain et marque une période de renforcement des liens entre l'autorité religieuse et temporelle #### ****2. La Féodalité et la Hiérarchie Sociale**** - ****La féodalité**** se développe surtout après la mort de Charlemagne et la chute de son empire. - La féodalité repose sur des ****liens personnels et directs**** entre le vassal et son seigneur, impliquant un ****serment de fidélité**** et des obligations réciproques de protection. - Ce système est une tentative de reconstruire l'État sur la base de relations locales et hiérarchisées. #### ****3. Les Conflits Entre Pouvoir Politique et Religieux**** - Des ****affrontements**** surviennent entre le pouvoir politique (les princes laïques) et l'Église (la papauté). - Les rois et empereurs cherchent à étendre leur autorité sur tous les aspects de leurs territoires, y compris les affaires religieuses. - Dans ce contexte, le ****sacerdotalisme**** et le ****Césaropapisme**** émergent : - ****Sacerdotalisme**** : L'Église détient l'autorité spirituelle et temporelle. - ****Césaropapisme**** : Le chef politique exerce des fonctions religieuses et le chef religieux joue un rôle politique. #### ****4. La Théorie des Deux Glaives de Saint Bernard de Clairvaux**** - Saint Bernard de Clairvaux défend la ****supériorité de l'Église sur l'État****, selon sa théorie des ****deux glaives**** : - ****Le glaive temporel**** : Détient l\'autorité sur le monde terrestre, mais doit être guidé par l'Église. - ****Le glaive spirituel**** : L'Église détient l'autorité spirituelle et doit guider les affaires temporelles. - Selon cette théorie, les deux glaives proviennent de ****Dieu****, mais l'Église est la détentrice du ****glaive spirituel****, supérieur au ****glaive temporel****. #### ****5. Saint Ambroise et la Relation Entre le Prince et l'Église**** - ****Saint Ambroise**** insiste sur les ****devoirs religieux**** du prince chrétien. - Selon lui, le prince doit se soumettre à l'Église en tant que représentant de Dieu sur Terre. - Cette idée renforce la notion que le pouvoir temporel doit être subordonné à l'autorité spirituelle de l'Église. B. LES TROIS ORDRES DU FEODALISME #### ****1. Contexte : Confrontation entre Dieu et César**** - L\'idée de la confrontation entre Dieu (représenté par l\'Église) et César (représentant le pouvoir temporel) persiste à travers les siècles médiévaux. - Cette opposition est au cœur de la structuration de la société féodale, où les rôles sociaux et politiques sont définis par la relation entre l\'autorité religieuse et le pouvoir royal. #### ****2. Les Trois Ordres du Féodalisme selon Georges Duby**** - ****Ouvrage clé**** : **Les Trois ordres du féodalisme** de Georges Duby. - Duby propose une vision de la société médiévale comme étant divisée en trois ordres hiérarchiques, chacun ayant une fonction spécifique et une relation particulière avec l'Église et l'État. ****Les trois ordres**** : - ****Les Priants**** (ou clergé) : Ce sont ceux qui prient, représentés par l\'Église et le clergé, responsables des prières et des rituels religieux. Ils sont considérés comme les garants de la relation avec Dieu. - ****Les Combattants**** (ou noblesse) : Ceux qui combattent et défendent la terre, à savoir les seigneurs, chevaliers et nobles. Leur rôle est de maintenir l\'ordre et la paix dans les royaumes par la force et la guerre. - ****Les Travailleurs**** (ou paysans) : Ceux qui travaillent la terre pour nourrir la société. Ils sont souvent soumis à des conditions de vie difficiles, mais leur rôle est essentiel pour la subsistance de la société médiévale. #### ****3. Hiérarchie et Providence Divine**** - Ces trois ordres sont ****hiérarchiquement ordonnés****, et leur organisation reflète un ****dessein providentiel****. Cette structure sociale est perçue comme étant ordonnée par Dieu, chacun ayant une fonction spécifique et nécessaire dans la société. - L\'idée que Dieu aurait voulu cette division des rôles et de la hiérarchie dans la société renforce l\'idée d\'une ****légitimité divine**** de l\'ordre féodal. #### ****4. Les Formulations Initiales des Trois Ordres**** - ****Adal Berron de Lan**** : Il est l\'un des premiers à formuler les trois fonctions de manière succincte, résumant la division de la société en \"ceux qui prient, ceux qui combattent, et ceux qui travaillent\". - ****Hecmar de Reims**** : Il ajoute que le pouvoir royal doit être guidé par les principes des ****Saintes Écritures****, et que la justice, la charité, et la foi doivent être au cœur du pouvoir monarchique. Cela renforce l\'idée que la monarchie et l\'État doivent être légitimés par la religion. #### ****5. Légitimation du Pouvoir Royal**** - L\'idée que le ****pouvoir royal**** ne doit pas s\'écarter des principes religieux est une manière de justifier la ****monarchie**** et la structure féodale. - Le ****roi****, en tant que dirigeant temporel, doit obtenir sa légitimité à travers la foi chrétienne et doit s\'assurer de respecter les principes de justice et de charité inscrits dans les Écritures. - Cela montre la manière dont la ****monarchie**** médiévale se structure progressivement, en reliant son pouvoir à l'autorité divine et à l\'Église. II\. LA CHRETIENTE MEDIEVAL ET LA POSTERITE ARISTOTELICIENNE: La pensée de St-Thomas d'Aquin A. DE LA NATURE POLITIQUE DE L'HOMME AU DROIT NATUREL #### ****1. Introduction à Saint-Thomas d\'Aquin**** - ****Importance**** : Philosophe et théologien du Moyen Âge, Saint-Thomas d\'Aquin est l\'un des plus grands penseurs chrétiens, qui a su concilier la pensée aristotélicienne avec la foi chrétienne. - ****Contexte**** : Contrairement à d'autres philosophes, Saint-Thomas échappe à l\'excommunication qui risquait de le mettre à l\'écart de la société médiévale. Il réussit à intégrer la philosophie d\'Aristote à la doctrine chrétienne, particulièrement dans la réflexion politique et éthique. #### ****2. L'Influence d'Aristote et le Droit Naturel**** - ****Naturalisme Aristotélicien**** : Saint-Thomas reprend les idées d\'Aristote, notamment son naturalisme, selon lequel la nature humaine est destinée à vivre en société, ce qui conduit à une réflexion sur la politique et le droit. - ****Droit Naturel**** : Saint-Thomas introduit le concept de ****droit naturel****, une loi inscrite dans la nature humaine et dans le cœur de chaque individu. Ce droit naturel est une participation à la loi divine, et il détermine ce qui est juste et moral. - ****Loi Divine**** : La loi divine correspond au plan voulu par Dieu pour l'humanité. Elle est la source première de l'ordre moral. - ****Loi Naturelle**** : Découlant de la loi divine, la loi naturelle est inscrite dans la nature humaine et dans la raison. Chaque individu possède cette loi en lui, ce qui en fait un fondement universel pour toute société. - ****Loi Humaine**** : La loi humaine, qui est la loi positive (les lois spécifiques d\'un pays ou d\'une société), doit se conformer aux principes de la loi naturelle et être un moyen de réaliser la justice. #### ****3. L'Homme et la Nature Politique**** - ****L\'Homme Animal Politique**** : Saint-Thomas reprend la thèse d\'Aristote selon laquelle l'homme est un \"animal politique\" par nature. Cela signifie que l'homme, par sa nature sociale, ne peut vivre seul et a besoin d'une organisation politique pour atteindre son épanouissement. - ****Finalité de la Politique**** : La politique, pour Saint-Thomas, n'est pas un but en soi, mais un moyen d'atteindre la finalité ultime de l'homme, qui est le bien commun et la justice. L'organisation politique doit viser à établir l'ordre dans la cité et à permettre aux citoyens de mener une vie vertueuse. #### ****4. Le Pouvoir et la Loi selon Saint-Thomas**** - ****La Source du Pouvoir**** : Saint-Thomas s'inspire de l\'enseignement de Saint-Paul selon lequel ****tout pouvoir provient de Dieu****. Par conséquent, ****le prince**** ou le souverain ne détient son autorité que comme un ****mandataire de Dieu****. Il est ainsi vu comme un participant au pouvoir divin, et non comme une source autonome de pouvoir. - ****Le Rôle de la Loi**** : La loi, qu\'elle soit divine, naturelle ou humaine, est vue comme un moyen de promouvoir la justice et de garantir l'ordre dans la cité. - ****Éthique et Politique**** : Saint-Thomas n'opère pas une séparation stricte entre éthique et politique. Pour lui, la politique doit être guidée par des principes éthiques, et les lois doivent permettre de réaliser le bien commun et la justice. - ****La Loi comme Moyen**** : La loi, dans sa dimension politique, est un outil pour établir l\'ordre social en conformité avec les principes divins et naturels. B. DU BIEN COMMUN AU RÉGIME POLITIQUE NATUREL #### ****1. Les Deux Cités : Terrestre et Céleste**** - ****Distinction entre les deux cités**** : Saint-Thomas d\'Aquin, tout comme Saint-Augustin, distingue deux cités essentielles : - ****La cité terrestre**** : C'est la société humaine, gouvernée par des lois humaines et temporaires, qui vise à garantir l\'ordre et le bien-être des citoyens. - ****La cité céleste**** : C'est la dimension spirituelle, où les individus visent la béatitude éternelle et où le gouvernement divin régit la vie humaine. - ****Autonomie et Subordination**** : Bien que Saint-Thomas reconnaisse une certaine autonomie au pouvoir terrestre, celui-ci reste subordonné au pouvoir spirituel. Le pouvoir terrestre ****participe au pouvoir de Dieu****, mais doit toujours chercher à être conforme à la volonté divine. #### ****2. Le Meilleur Régime Politique selon Saint-Thomas**** - ****Recherche du meilleur régime**** : Comme Aristote, Saint-Thomas d\'Aquin s'interroge sur le meilleur régime politique. Pour lui, ****le régime mixte****, combinant éléments de monarchie, aristocratie et démocratie, est le plus efficace pour garantir l'ordre et le bien commun. Cependant, il privilégie ****la monarchie****. - ****La monarchie**** : Saint-Thomas préfère la monarchie, car elle permet d\'avoir un ****régime royal**** qui peut incarner l\'ordre divin et maintenir l\'unité de la cité sous une autorité centrale. #### ****3. La Monarchie et le Bien Commun**** - ****Le rôle du roi**** : Dans ce système monarchique, ****le roi**** doit être à la fois souverain et ****écouter le peuple****. Cela implique une interaction entre le souverain et ses sujets, et le roi doit agir pour le bien commun. - ****La participation du peuple**** : Saint-Thomas soutient l'idée que le peuple doit être impliqué dans le pouvoir, mais dans une logique ****subsidiariste**** : - ****Principe de subsidiarité**** : Chaque individu ou groupe doit être responsable de ce qui relève de sa compétence. Il faut laisser à chaque partie de la société ****le soin d\'exercer ses responsabilités****. Cette idée vise à garantir une ****distribution équilibrée du pouvoir**** et de la responsabilité à travers tous les niveaux de la société. III\. THÉOLOGIE ET POLITIQUE, UNE THÉORIE DÉPASSÉE? A. LA POLITIQUE COMME SÉCULARISATION DE LA THÉOLOGIE #### ****1. La Politique comme Sécularisation de la Théologie**** - ****Sécularisation**** : Le phénomène de sécularisation désigne la séparation progressive du politique et du religieux, et la ****l'autonomisation du politique**** par rapport à la théologie. Ce processus est marqué par une rupture avec la chrétienté et une ****réorganisation de l'État**** indépendamment des institutions religieuses. #### ****2. Carl Schmitt et Erik Peterson : Débat sur la Théologie Politique**** - ****Carl Schmitt**** : - Pour Schmitt, ****le catholicisme**** constitue la base de l'État moderne, car de nombreux concepts politiques de l'État moderne proviennent directement de l'Église. Le catholicisme serait ainsi l'****origine du politique**** et l'État moderne serait une ****évolution de concepts théologiques****. - ****Théologie politique**** : Schmitt considère que ****l'État moderne**** s'inspire de structures théologiques et que le processus de sécularisation est une continuité de la pensée chrétienne appliquée à la politique. - ****Erik Peterson**** : - En revanche, Peterson rejette l'idée de théologie politique. Selon lui, ****l'État s'est formé indépendamment de la théologie**** et la séparation entre le politique et le théologique est ****le résultat d'un choix politique****, non d'un processus naturel de sécularisation. #### ****3. L'ouvrage \"Les Deux Corps du Roi\" d'Ernst Kantorowicz**** - ****Les deux corps du roi**** : - ****Corps mortel**** : Le roi est un individu, un homme mortel dont la vie et la mort dépendent de sa condition physique. - ****Corps immortel**** : La royauté, en revanche, est un principe éternel et transcendant. Il représente ****l\'État****, qui perdure au-delà de la vie du roi. Ce modèle est inspiré des ****structures théologiques**** de l'Église, où le pape ou l\'évêque incarne un pouvoir divin qui dépasse sa propre existence. - ****Le pouvoir et le titulaire**** : Kantorowicz soutient que, tout comme dans l'Église, ****le titulaire du pouvoir**** (le roi) peut mourir, mais ****le pouvoir lui-même**** perdure, ce qui montre l'****indépendance du pouvoir**** de la personne qui le détient. B. LA LAÏCITE REPUBLICAINE OU LES VICISSITUDES D'UNE (IM)POLITIQUE (A)THEOLOGIQUE #### ****1. La Laïcité : Origines et Débats**** - ****Origine du terme \"laïcité\"**** : Le terme \"laïcité\" provient du mot ****laos**** en grec, qui désigne le ****peuple****. Dans la Grèce antique, le laos représente un peuple indifférencié, unifié par un destin commun sans distinction de générations, de classes sociales ou de croyances. - ****La laïcité en France**** : Ce concept de \"laos\" est repris pour établir un modèle de société où ****l'unité du peuple**** prévaut, sans distinction religieuse. La laïcité française vise à ****séparer le religieux du politique****, assurant ainsi ****l'indépendance de l'État vis-à-vis des institutions religieuses****. #### ****2. La Laïcité et l\'As-sécularité de l'État**** - ****Évolution de la laïcité**** : Au fil du temps, la laïcité française a évolué vers ce que certains appellent une ****politique d\'as-sécularité****. Ce phénomène consiste en une séparation plus marquée entre l'État et les influences religieuses, au point de ****nier l'origine chrétienne de l'État français****. - ****L\'impact théologique**** : Contrairement à une certaine continuité entre théologie et politique (comme défendu par Carl Schmitt), la laïcité en France, en se sécularisant, cherche à ****rompre avec les racines chrétiennes**** et à établir un ****État neutre**** vis-à-vis des croyances religieuses. Cela se traduit par l'idée que ****l'État doit être un espace où les convictions religieuses n'interviennent pas****, ni dans la gestion publique, ni dans la définition des politiques publiques. PARTIE 2: LES FORMES DU POLITIQUE OU LA CITE FONDEE EN RAISON Section 1 -- LA CONTESTATION DE L'ORDRE ANCIEN: REMISE EN CAUSE DE LA LEGITIMITE POLITIQUE I. La Renaissance ou l'avènement de la modernité En outre, il y eu à la Renaissance une confrontation entre les cités italiennes, les empereurs germaniques et la papauté: au sujet d'une potentielle remise en cause du magistère du catholicisme A. LA REFORME ET SES CONSEQUENCES Dante explique qu'il y a une indépendance du pouvoir temporel par rapport au pouvoir du pape. Il apparaît comme l'un des premiers penseurs de la doctrine du droit divin Marsile de Padoue va se livrer à une lecture du sacré. 1\) Les prodromes : les contestations de l'universalité religieuse a\) Les cités contre le pouvoir pontifical : Marsile de Padoue - ****Contexte historique**** : Au Moyen Âge, l\'Église catholique, dirigée par le pape, exerce un pouvoir immense tant sur le plan spirituel que temporel. Toutefois, des contestations commencent à émerger, particulièrement avec la montée de l\'idée de ****séparation entre le pouvoir temporel et spirituel****, ce qui marquera un tournant dans la pensée politique et religieuse. - ****La Réforme et la montée des contestations**** : La Réforme protestante (XVIe siècle) et des penseurs comme ****Marsile de Padoue**** jouent un rôle clé dans la remise en question de l\'autorité papale, un mouvement qui prendra de l\'ampleur et marquera l'histoire des relations entre l'Église et l'État. #### ****Les Contestations de l\'Universalité Religieuse**** - ****Marsile de Padoue : un critique de l\'autorité papale**** - Marsile de Padoue (XIVe siècle) est l\'un des premiers à ****contester l\'idée d\'une autorité papale universelle**** et à défendre la séparation entre le pouvoir spirituel et temporel. - ****Doctrine du droit divin**** : Marsile de Padoue soutient l\'idée que le pouvoir politique découle ****directement de Dieu****, mais il insiste sur le fait que l'autorité politique appartient au ****peuple**** et non au pape. Le prince ou le roi exerce le pouvoir au nom de Dieu, mais ****sans l\'intervention du pape****. - ****Les cités contre le pouvoir pontifical**** - Marsile développe une critique virulente du ****pouvoir absolu du pape****. Selon lui, le pape ne doit pas avoir de pouvoir direct sur les affaires temporelles des cités. Dans sa vision, l'Église a un rôle spirituel, mais ****le pouvoir politique doit être exercé par les autorités laïques****. - Il avance que les ****cités**** (les collectivités politiques) doivent être ****indépendantes du pouvoir pontifical****, et que la gestion des affaires publiques revient aux ****gouvernements laïques****, élus par le peuple et non par l\'Église. #### ****Les Conséquences du Droit Divin et des Contestations Papales**** - ****Affaiblissement de l'autorité papale**** : Les idées de Marsile de Padoue et d'autres penseurs annoncent un ****affaiblissement de l'autorité centrale de l'Église**** sur les affaires politiques et territoriales. Cela prépare le terrain pour la ****Réforme protestante**** et les luttes politiques entre les pouvoirs laïques et l'Église. - ****Montée de l\'idée de souveraineté populaire**** : La théorie de Marsile de Padoue pave la voie à la ****conception moderne de la souveraineté populaire****, où les peuples, par l'intermédiaire de leurs gouvernements, détiennent le pouvoir légitime, sans qu'il soit attribué par l\'Église ou ses représentants. b\) Guillaume d'Ockham et le relativisme nominaliste - ****Guillaume d'Ockham (1285-1347)****, philosophe et théologien anglais, est une figure clé de la ****philosophie médiévale tardive****. Sa pensée s\'inscrit dans le ****nominalisme****, un courant qui remet en cause les idées universelles et abstraites, en insistant sur la réalité des individus concrets. - ****Contexte historique**** : La question de l'autorité de l'Église et de l\'État est centrale à l'époque. Le pouvoir spirituel de l\'Église et le pouvoir temporel des rois s\'affrontent, ce qui devient un terrain fertile pour des réformes théologiques et politiques, notamment la ****Réforme protestante**** initiée par ****Luther**** et ****Calvin****. ****Guillaume d'Ockham et la Dignité de l'Empereur**** - ****Théorie politique d'Ockham**** : Ockham défend l\'idée que l'autorité de l\'empereur, tout comme celle du roi, ****vient directement de Dieu****. Cette conception s\'oppose à l\'idée médiévale de l'autorité papale sur le pouvoir temporel. L\'empereur ou le roi, selon Ockham, ne reçoit pas son pouvoir de l\'Église, mais agit ****directement sous l\'autorité divine****. - ****Le rôle de l\'empereur**** : Ockham croit que Dieu dirige le peuple à travers le roi ou l'empereur, et non par l'intermédiaire de l'Église. L'idée d'un pouvoir politique absolu découle ainsi de ****la volonté divine****, et le prince est en quelque sorte le ****député de Dieu**** sur Terre. #### ****Le Relativisme Nominaliste de Guillaume d'Ockham**** - ****Nominalisme**** : Le nominalisme d\'Ockham soutient que ****les universaux (comme les concepts de \"justice\" ou \"démocratie\") n\'existent que dans l'esprit humain**** et non dans la réalité. Selon lui, il n\'y a pas d\'essences universelles mais seulement des objets individuels et concrets. - ****Le relativisme nominaliste**** : Cette position remet en cause l\'idée de lois naturelles et universelles, qui étaient jusque-là fondamentales dans la philosophie et la théologie médiévales. En effet, Ockham soutient que les principes universels (comme la loi naturelle) sont ****relatifs à la situation**** et à la volonté divine. Ce relativisme crée une rupture avec les théories précédentes qui cherchaient à établir un ordre naturel, immuable et universel gouverné par la loi divine. #### ****La Réforme et la Contestation de l'Église**** - ****Réforme protestante**** : Guillaume d\'Ockham n\'est pas directement lié à la Réforme, mais sa critique de l\'autorité papale influence les idées de ****Martin Luther**** et ****Jean Calvin****, les deux grandes figures protestantes qui contesteront l\'autorité de l'Église catholique. - ****Martin Luther (1483-1546)**** remet en question l\'autorité papale, les indulgences et la doctrine catholique, en affirmant que la ****foi seule**** (sola fide) permet le salut. - ****Jean Calvin (1509-1564)**** développe une théologie réformée qui insiste sur la ****souveraineté absolue de Dieu**** et la nécessité d\'une discipline ecclésiastique stricte, tout en rejetant le pouvoir papal. - ****Critique des erreurs de l'Église**** : Luther et Calvin dénoncent ce qu\'ils considèrent comme des ****crimes**** ou des ****aberrations**** dans les pratiques de l'Église, en particulier l'exploitation des fidèles par la vente d'indulgences et d\'autres pratiques jugées corrompues. 2\) Le schisme protestant ou la fin de la légitimité de l'Église a\. L'origine protestante de l'individualisme : Luther #### ****1. Introduction : Le Schisme Protestants et la Contestation de l\'Église**** - ****Contexte historique**** : Le ****schisme protestant**** débute au début du ****XVIe siècle**** avec ****Martin Luther****, un moine allemand, qui va contester l\'autorité de l\'Église catholique. Cet événement marque la rupture entre la ****réforme catholique**** et l\'émergence des ****églises protestantes****. - ****Problème central**** : La ****pratique des indulgences****, qui consistait à acheter le pardon des péchés, devient l\'élément déclencheur de la réforme luthérienne. #### ****L\'Affaire des Indulgences et les 95 Thèses**** - ****Les indulgences**** : L\'Église catholique proposait aux croyants de racheter leurs péchés passés par le biais de ****donations financières**** ou de paiements directs pour obtenir le pardon de Dieu. Cette pratique était liée à l\'idée que l'Église détenait le pouvoir de libérer les âmes du purgatoire. - ****Les 95 Thèses (1517)**** : Luther publie ses ****95 thèses**** contre les indulgences, dénonçant cette pratique comme une ****corruption**** de la véritable foi chrétienne. Selon lui, seul Dieu peut accorder le pardon, et non l'Église par l'intermédiaire de paiements. Cette contestation marque le début de la ****réforme protestante****. - ****Excommunication de Luther**** : L\'Église catholique réagit en excommuniant Luther en 1521, le mettant ainsi ****hors de la société chrétienne**** officielle. #### ****La Naissance du Luthéranisme : Un Nouveau Modèle Religieux**** - ****Le Luthéranisme**** : Suite à son excommunication, Luther fonde une nouvelle branche du christianisme qui rejette l\'autorité papale et insiste sur ****la lecture individuelle de la Bible****, l\'****accessibilité directe à Dieu****, et la ****justification par la foi seule (sola fide)****. Il remet en question plusieurs pratiques catholiques, notamment la vente d\'indulgences et le culte des saints. - ****L\'idée de l\'individualisme religieux**** : Luther met en avant l\'idée que chaque individu peut avoir une relation directe avec Dieu sans passer par l'intermédiaire du clergé. Cette pensée est fondatrice de ****l\'individualisme religieux****, où l'individu se retrouve seul devant Dieu, responsable de son salut. #### ****Luther et l\'Opposition au Pouvoir Civil et Religieux**** - ****Non-obéissance au pouvoir civil**** : Luther critique le lien trop étroit entre le pouvoir religieux (l\'Église) et le pouvoir temporel (les princes et rois). Il estime que les croyants ne doivent pas nécessairement obéir à l\'autorité religieuse si celle-ci est contraire aux enseignements bibliques. - ****S'émancipation du pouvoir religieux**** : Luther défend la position selon laquelle ****le pouvoir civil**** (les gouvernements séculiers) doit s\'émanciper de l\'influence de l\'Église catholique et qu'il n'est pas obligatoire de croire selon les dogmes de l\'Église. Ce principe aboutira à une séparation entre l'Église et l\'État dans les pays luthériens. - ****L'idée de l'Église d\'État**** : Dans certains pays, particulièrement en Allemagne et en Scandinavie, cette émancipation mènera à l'établissement d'****Églises nationales**** où l'État assume un rôle important dans les affaires religieuses. #### ****Luther et la Nature du Pouvoir Politique**** - ****Luther et le pouvoir démocratique**** : Bien que Luther soutienne l\'idée d\'une ****république chrétienne**** (ou un pouvoir démocratique), il insiste sur la nécessité d'un ****pouvoir fort****, notamment pour assurer l\'ordre social et la discipline religieuse. - ****Le péché originel et le salut terrestre**** : Luther a une conviction profonde du ****péché originel**** qui pèse sur l\'humanité. Selon lui, pour racheter ce péché, l\'individu doit accomplir des actions sur terre, en respectant les préceptes de la foi chrétienne, dans le but de ****garantir son salut****. - ****Travail comme moyen de salut**** : Luther introduit également l'idée que ****le travail**** a une valeur spirituelle, permettant à l'individu de se racheter et de démontrer sa foi en accomplissant des tâches quotidiennes de manière pieuse. b\. L'origine protestante du légicentrisme : Calvin #### ****1. Introduction : Calvin et la Continuation de la Réforme**** - ****John Calvin****, réformateur protestant du ****XVIe siècle****, est souvent perçu comme le continuateur et l\'élargisseur de la réforme luthérienne. Alors que ****Luther**** a initié la rupture avec l'Église catholique, Calvin va théoriser un modèle de gouvernance qui combine ****la foi chrétienne**** et ****l\'organisation politique****. - ****Les principes de Calvin**** : Calvin développe une vision politique qui repose sur l\'idée que ****le pouvoir politique émane de Dieu****. Cependant, il introduit également des limites au pouvoir royal, ouvrant ainsi la voie à des idées influentes sur la souveraineté et la légitimité politique. #### ****Le Pouvoir Politique et la Légitimité Divine**** - ****Le pouvoir politique comme don de Dieu**** : Calvin, à l\'instar de Luther, considère que le pouvoir politique vient de Dieu. Ainsi, les ****rois et magistrats**** sont des représentants de la volonté divine, et leur autorité doit être respectée. - ****Limites au pouvoir royal**** : Bien que Calvin reconnaisse le pouvoir des souverains, il affirme que ce pouvoir a des ****limites morales et spirituelles****. Si le roi agit de manière injuste ou contraire aux principes divins, il perd sa légitimité et peut être contesté. - ****Légitimité de la rébellion**** : Calvin admet que les ****prophètes**** ou certains représentants du peuple, dans des circonstances particulières, peuvent se ****rebeller contre un pouvoir royal injuste****. Cela marque une rupture avec la soumission absolue au pouvoir royal, et introduit une forme de ****légitimité populaire**** face à l'abus de pouvoir. #### ****Trois Éléments Fondamentaux du Pouvoir selon Calvin**** Calvin définit trois éléments essentiels pour l\'organisation politique et religieuse dans une société chrétienne : 1. ****Les magistrats**** : Les magistrats sont des autorités temporelles, mais leur pouvoir vient directement de Dieu. Ils ont pour mission de ****maintenir l\'ordre moral et la justice divine****. 2. ****La loi**** : La loi est vue comme une ****volonté divine**** incarnée dans les décisions des magistrats. Elle doit refléter la ****volonté de Dieu**** et le ****pouvoir princier**** doit se conformer à cette volonté divine. 3. ****Le peuple**** : Le peuple n'est pas passif dans ce système. Il est appelé à ****respecter les autorités établies**** mais a aussi le droit, dans certains cas, de ****réagir**** contre les injustices commises par les autorités. #### ****La Théocratie Calviniste à Genève**** - ****Mise en œuvre du pouvoir calviniste**** : À Genève, Calvin va mettre en place un système politique et ecclésiastique qui fait la part belle à la loi divine, tout en intégrant des structures politiques propres. Il instaure une ****théocratie****, où l\'Église et l\'État sont intimement liés. - ****Le Consistoire**** : Calvin crée le ****Consistoire****, un organisme composé de pasteurs et de notables chargés de ****surveiller les mœurs**** et d\'appliquer les principes de la loi divine. Cette institution possède des pouvoirs étendus, y compris celui d'****excommunier**** ceux qui enfreignent les règles de la foi. - ****Caractère autoritaire et pré-totalitaire**** : Le système calviniste à Genève a été comparé à un ****régime pré-totalitaire**** en raison de sa ****discipline stricte**** et de son ****contrôle moral sur la population****. Cette centralisation du pouvoir religieux et politique dans les mains d\'une élite théocratique fait de Genève un modèle particulier de gouvernement puritain. #### ****L\'Héritage de Calvin et l\'Expansion du Puritanisme**** - ****Le Puritanisme et l\'Expansion Protestante**** : L\'influence de Calvin et de sa réforme va au-delà de Genève. Le ****puritanisme**** calviniste s'étend dans toute l\'Europe et particulièrement en ****Angleterre****. Les Puritains vont fuir la persécution religieuse et se rendre en ****Amérique**** où ils établiront des colonies fondées sur les principes calvinistes. - ****Impact sur le développement politique**** : Le calvinisme influence des idées politiques essentielles, telles que ****l\'idée de la légitimité du pouvoir basé sur la justice divine****, mais aussi des concepts liés à la ****souveraineté populaire****, à la ****rébellion contre l\'injustice****, et à l\'****autonomie des communautés religieuses et politiques****. Ces idées auront un impact majeur sur les révolutions politiques à venir, notamment en ****Angleterre**** et dans les colonies américaines. B. L'HUMANISME ET SES AVATARS - ****Nicolas Machiavel**** (1469-1527), penseur et diplomate florentin, évolue dans un contexte de ****grandes turbulences politiques**** au sein des ****cités-états italiennes****, notamment ****la République de Florence****. Cette période est marquée par des conflits internes, des luttes pour le pouvoir et des ingérences extérieures, qui façonnent la pensée de Machiavel. - ****Le Prince**** : L\'œuvre la plus célèbre de Machiavel, ****Le Prince**** (publiée en 1532, mais écrite en 1513), propose des conseils pratiques sur la manière de ****gouverner efficacement**** dans un monde en proie à l\'instabilité et aux intrigues. Elle est dédiée à ****Lorenzo de Médicis****, un prince florentin de l\'époque. #### ****L\'Amoralisme du Prince : Une Réflexion sur le Pouvoir**** - ****L\'absence de morale traditionnelle**** : Contrairement aux théories politiques précédentes, qui intégraient la morale et la religion dans l\'exercice du pouvoir, Machiavel défend une ****vision amorale**** de la politique. Dans ****Le Prince****, il affirme que le prince doit être prêt à utiliser ****tous les moyens**** nécessaires, y compris ****la ruse, la tromperie, voire la cruauté****, pour maintenir et accroître son pouvoir. - ****L\'importance de l\'efficacité**** : Pour Machiavel, ce qui importe avant tout dans l\'exercice du pouvoir, c\'est ****l\'efficacité**** et la ****stabilité**** de l\'État, non pas la conformité à des principes moraux ou éthiques. Le prince doit agir selon les nécessités du moment, et non en fonction de considérations morales ou religieuses. #### ****L\'Homme et la Politique : L\'Humanisme Machiavélien**** - ****L\'homme et la nature humaine**** : Machiavel adopte une vision ****réaliste**** de la nature humaine. Selon lui, l\'homme est ****égoïste, opportuniste****, et motivé par la recherche du ****pouvoir et de la sécurité****. Cette vision de l\'homme le conduit à affirmer que la politique ne peut se permettre de se baser sur des idéaux moraux, mais doit plutôt être construite sur une compréhension pragmatique de la réalité humaine. - ****L\'anthropocentrisme machiavélien**** : Loin de se fonder sur les principes théologiques ou divins, la pensée politique de Machiavel est marquée par un ****anthropocentrisme****, où l\'homme et ses actions sont au centre de la réflexion politique. Machiavel rejette la vision théocratique ou divine de l\'autorité, mettant en avant la capacité humaine à ****agir et à modeler son destin****. #### ****Le Prince et les Vertus Politiques**** - ****Les vertus du prince**** : Machiavel identifie plusieurs vertus essentielles pour un prince, mais ces vertus sont fondées sur la ****ruse**** et l\'****adaptabilité****. Le prince doit, par exemple, savoir ****se faire aimer et craindre****, tout en sachant se montrer impitoyable quand cela est nécessaire. La ****flexibilité**** et la capacité à s\'adapter à la situation sont des qualités primordiales. - ****Le rôle de la fortune et de la virtù**** : Dans ****Le Prince****, Machiavel distingue deux forces qui influencent le destin d\'un prince : ****la fortune****, c\'est-à-dire la chance ou le hasard, et ****la virtù****, la capacité du prince à saisir les occasions et à faire face aux défis. Le prince idéal est celui qui sait exploiter la fortune à son avantage en cultivant la virtù. #### ****. L\'Héritage de Machiavel : Une Influence Durable**** - ****L\'impact de Machiavel sur la pensée politique**** : La pensée machiavélienne marque un tournant dans l\'histoire de la philosophie politique. En mettant l\'accent sur la ****réalité politique**** plutôt que sur les idéaux moraux ou religieux, Machiavel introduit une ****nouvelle conception du pouvoir****, pragmatique et indépendante des considérations spirituelles. - ****Critiques et réappropriations**** : Bien que souvent critiqué pour son ****amoralisme****, Machiavel est également considéré comme un précurseur de la pensée politique moderne. Sa ****réflexion sur le pouvoir**** a influencé de nombreux penseurs, de ****Jean Bodin**** à ****Thomas Hobbes****. L\'idée que la politique doit être fondée sur l\'analyse de la réalité humaine et non sur des principes idéologiques a perduré jusqu\'à aujourd\'hui b\. L'immoralisme du prince : les théories régicides et tyrannicides : les monarchomaques (Théodore de Bèze, François Hotman, La Boétie, Althusius) #### ****1. L\'Immoralisme du Prince et la Contestation du Pouvoir Monarchique**** L\'****immoralisme**** dans la pensée de Machiavel, tel qu\'exprimé dans ****Le Prince****, ouvre la voie à une critique du pouvoir absolu, qu\'il soit monarchique ou tyrannique. Si Machiavel n\'encourage pas explicitement l\'assassinat ou le renversement du prince, sa théorie politique, qui justifie tous les moyens pour conserver le pouvoir, est parfois interprétée comme une légitimation implicite de ces pratiques. Les ****théories régicides**** et ****tyrannicides**** se développent ainsi en réaction à l\'absolutisme et à la tyrannie des monarques de l\'époque. Ces théories sont développées par un certain nombre de penseurs appelés les ****monarchomaques****, qui justifient la résistance, voire le meurtre des tyrans, par l\'appel à des principes supérieurs de légitimité politique et morale. Parmi les auteurs les plus connus de ce courant, on trouve ****Théodore de Bèze****, ****François Hotman****, ****Étienne de La Boétie****, et ****Johannes Althusius****. #### ****Les Monarchomaques : Théories de la Résistance au Tyran**** ****a. Théodore de Bèze (1519-1605)**** - Théodore de Bèze, théologien réformé et successeur de Jean Calvin, est l\'un des plus célèbres théoriciens monarchomaques. Dans son ouvrage ****\"Du droit des magistrats sur les tyrans\"****, il justifie le ****tyrannicide**** en affirmant que le prince, s\'il ne respecte pas les lois divines et naturelles, perd le droit de gouverner. - De Bèze argumente que ****le peuple****, ou ****les magistrats**** (surtout ceux qui sont en charge de l\'administration publique), ont le droit de ****résister au tyran****. Cette résistance peut aller jusqu\'à l\'****assassinat**** du prince si ce dernier abuse de son pouvoir. - L\'idée centrale de De Bèze est que ****le prince ne détient son pouvoir que de Dieu**** et qu\'il doit respecter les lois divines. S\'il en déroge, il perd la légitimité divine et peut être renversé par les sujets. ****b. François Hotman (1524-1590)**** - ****François Hotman****, juriste et théologien, est un autre important représentant de la théorie monarchomaque. Dans ****\"Franco-Gallia\"**** (1573), il défend une conception des droits du peuple et de la monarchie limités. - Il y critique ****l\'absolutisme monarchique**** et soutient l\'idée d\'une monarchie ****contractuelle****, où les rois ont un devoir de respecter les libertés des peuples. Il plaide pour une ****monarchie constitutionnelle**** et justifie les résistances populaires si les rois violent ces principes. - Hotman reprend également l'idée que le peuple a une ****autorité politique suprême**** en cas de tyrannie. La monarchie ne serait légitime que si elle protège les intérêts de la collectivité et respecte la loi divine. ****c. Étienne de La Boétie (1530-1563)**** - ****Étienne de La Boétie****, dans son ouvrage ****\"Discours de la servitude volontaire\"**** (1576), ne défend pas directement le tyrannicide, mais il théorise la ****résistance à la tyrannie**** en soulignant que ****la servitude est volontaire****. Il s\'interroge sur les raisons pour lesquelles les peuples obéissent à des tyrans alors qu\'ils ont le pouvoir de se révolter. La Boétie critique la ****soumission volontaire**** des peuples et appelle à une résistance pacifique contre l\'oppression. - Il soutient que les tyrans ne peuvent gouverner que parce que le peuple ****accepte leur domination****. Ainsi, selon La Boétie, ****l\'émancipation du peuple**** passe par la ****prise de conscience collective**** et la révolte contre l\'autorité tyrannique. ****d. Johannes Althusius (1557-1638)**** - ****Johannes Althusius****, théoricien politique du XVIe siècle, développe dans son ouvrage ****\"Politica\"**** (1603) une théorie de la ****souveraineté populaire****. Il soutient que ****l\'autorité politique**** vient de l\'accord des gouvernés, et non de l\'autorité divine accordée au prince. - Selon Althusius, ****les gouvernants doivent agir conformément aux lois naturelles et divines****, et les peuples ont le droit de résister si leurs dirigeants usent de leur pouvoir de manière injuste. Cependant, il distingue la ****résistance légitime**** de l\'usage de la violence et prône une forme de résistance plus modérée et juridique. #### ****2)** **L\'Humanisme Chrétien : Une Conception de la Politique Fondée sur la Morale et la Religion**** L\'****humanisme chrétien**** se distingue de l\'humanisme politique de Machiavel par son insistance sur la moralité et la charité chrétienne comme principes régissant le pouvoir politique. Alors que Machiavel se concentre sur la réalité pragmatique du pouvoir, les humanistes chrétiens croient que la politique doit être guidée par des principes éthiques et religieux. ****L\'Humanisme Chrétien : Une Réponse Morale à Machiavel**** L\'****Humanisme chrétien**** se distingue par une approche moralement orientée de la politique et de la société, en réponse à l\'immoralisme de Machiavel. Ce courant est incarné par plusieurs figures notables qui cherchent à concilier la pensée chrétienne avec les principes humanistes. ****a. Érasme : Un Humanisme Chrétien Soucieux de la Paix et de la Morale**** - ****Érasme de Rotterdam**** est un ****véritable humaniste chrétien**** qui prône la diffusion des enseignements évangéliques et la recherche de la paix. - ****Anti-Machiavel**** dans son approche, Érasme insiste sur l\'importance de la ****morale chrétienne**** pour les gouvernants. Il rejette la vision cynique de Machiavel, arguant que les gouvernants ne sont pas dispensés de ****suivre des principes moraux**** dans leur gestion du pouvoir. ****b. Thomas More : Utopia et Critique Sociale**** - ****Thomas More****, juriste et humaniste anglais, représente l'un des penseurs majeurs du courant humaniste chrétien. Dans son œuvre ****\"Utopia\"****, il propose une ****réflexion sur la société idéale****. - More construit ****Utopia**** comme une ****cité parfaite****, fondée sur l\'idée de ****progrès**** et de ****perfection****, mais il souligne que cette perfection est impossible à atteindre dans le monde réel, rendant ****Utopia**** une ****utopie**** (littéralement « sans lieu »). - Plus qu'une simple utopie géographique, l'ouvrage est une ****critique de la société de son époque****, cherchant à imaginer une société fondée sur la justice, la paix et la rationalité. #### ****Le Siècle du Triomphe de l'Absolutisme : Montée en Puissance de l\'État**** Le XVIIe siècle, souvent qualifié de ****siècle du triomphe de l'absolutisme****, se caractérise par l'émergence de la monarchie absolue dans un contexte de ****crises structurelles**** et de remise en cause des anciens modèles politiques. L\'absolutisme n\'est pas une dictature, mais une ****concentration du pouvoir**** entre les mains du souverain, qui s\'appuie sur des principes théoriques. ****a. L'Absolutisme Politique : Jean Bodin et la Souveraineté**** - ****Jean Bodin****, dans son ouvrage ****\"Les Six Livres de la République\"****, forge le concept de ****souveraineté****. Il définit la souveraineté comme une ****puissance absolue et perpétuelle****, qui ne dépend d'aucune autre autorité. - La souveraineté est ****indépendante****, le souverain ne rend de compte à personne et dispose d'un pouvoir ****absolu**** sur ses sujets. Bodin établit une distinction entre le ****droit privé**** (appartenant aux individus) et le ****droit public**** (appartenant au souverain). - La ****souveraineté**** est ****perpétuelle****, l'État continue d'exister malgré les changements de régimes. Le souverain est ****dissocié de son pouvoir**** : le pouvoir appartient à l\'État, et non au prince. - L'idée de ****continuité de l'État**** est fondamentale : la ****\"res publica\"****, ou chose publique, demeure, indépendamment des individus qui gouvernent. ****b. Johannes Althusius : L\'État comme Communauté Organique**** - ****Johannes Althusius**** adopte une vision différente de l'État, qu'il considère comme une ****\"communauté des communautés\"****. L'État n\'est pas une entité centralisée et unique, mais une fédération d'****associations autonomes**** qui se superposent les unes aux autres. - Dans cette ****vision consociative****, chaque cercle (familial, local, religieux, etc.) s'organise de manière autonome et selon ses propres principes. La ****subsidiarité**** est un principe clé : ce qui ne peut être fait à un niveau local ou communautaire doit être pris en charge par une instance supérieure. - ****Althusius**** plaide pour un ****système politique libre**** où les ****libertés politiques**** sont protégées, et où le pouvoir est exercé par des communautés organisées, agissant de manière autonome et en coopération. #### ****1. L'Absolutisme et les Théories du Pouvoir**** ****a. Le Cardinal de Richelieu et l'État Centralisé**** - ****Richelieu**** incarne l'émergence d'un ****État centralisé**** et fort en France. Il est l\'un des pères du ****centralisme jacobin****, plaidant pour un ****État indépendant****, au-dessus des pouvoirs extérieurs. - ****Richelieu**** laisse un ****testament politique**** adressé au roi, exposant sa vision d'un pouvoir absolu et centralisé. Il introduit la notion de ****raison d'État****, distincte de la morale, affirmant que l\'intérêt de l\'État prime sur les considérations éthiques. - La ****politique amorale**** de Richelieu se rapproche de celle de Machiavel : l'État doit être dirigé par une logique de ****réalpolitik****, ne se soumettant à aucune contrainte morale ou religieuse. - L'****idée de régime mixte**** s'applique, où le ****roi**** est perçu comme le seul détenteur de la souveraineté, et l'État reste l'entité centrale et unique, sans partenaire ou complice. ****b. Le Droit Divin et les Théoriciens de l'Absolutisme**** - ****Bossuet****, théoricien du droit divin, justifie l\'absolutisme royal par l'idée que le ****pouvoir royal**** est un ****ministère**** divin : les princes sont les ****ministres de Dieu****, et leur autorité vient directement de Lui. - Selon l\'****Épître aux Romains**** de Saint Paul, ****« il n\'y a point d\'autorité qui ne vienne de Dieu »****, établissant le droit divin comme le fondement du droit royal. - Le ****pouvoir royal**** est ainsi une ****mission**** donnée par Dieu, et l'obéissance au souverain devient un acte d'obéissance à Dieu. ****c. Le Droit Naturel et l'Individualisme**** - L'absolutisme, dans son évolution, se rapproche de l'idée de ****droit naturel****. Ce dernier est perçu comme un droit issu de la nature humaine et de la volonté divine. - ****Grotius****, penseur important du droit naturel, considère que les hommes ont un ****instinct social**** et qu'ils vivent en société naturellement. Pour lui, le ****droit naturel**** légitime les actions humaines tout en restant en accord avec la nature. - ****Samuel Pufendorf**** et ****Thomas Hobbes**** développent également des théories sur le droit naturel. Hobbes, plus particulièrement, définit l'homme comme étant intrinsèquement ****égoïste****, et soutient que ****l'État de nature**** est celui où l'homme vit dans la peur et la guerre. Il propose que la ****société**** est un ****choix volontaire**** pour sortir de cet état de nature chaotique. #### ****L'Absolutisme Contesté : Critiques Aristocratiques et Théocratiques**** ****a. Contestations Aristocratiques : Fénelon et La Bruyère**** - ****Fénelon****, critique de l'absolutisme royal, défend l'idée d'une ****monarchie modérée****. Il souhaite une plus grande ****indépendance du pouvoir spirituel**** par rapport au pouvoir temporel, préfigurant ainsi la ****laïcité****. - ****La Bruyère****, philosophe du XVIIe siècle, apparaît comme un ****défenseur des anciens**** contre les modernes. Il critique ****l'absolutisme**** en dénonçant l'arrogance et l'orgueil des monarques et en mettant en lumière les failles d\'un pouvoir centralisé. Sa ****morale**** se veut une critique des vices liés au pouvoir royal. ****b. Contestations Théocratiques : Pascal et Leibniz**** - ****Blaise Pascal****, influencé par la pensée ****janséniste****, développe une ****vision pessimiste de la nature humaine**** et critique fortement l'absolutisme. Il présente la politique comme un domaine inextricable du ****péché et du désordre****, et incite à la ****modestie**** et à la ****charité**** dans les relations sociales et politiques. - Pour Pascal, la ****cité terrestre**** ne peut que se rapprocher d'une ****symétrie perverse**** de la ****cité de Dieu****, ce qui en fait une illusion à laquelle il faut se soumettre avec humilité. - ****Leibniz****, un autre penseur de la même époque, défend un ****ordre rationnel**** du monde, soulignant l\'importance de la ****raison**** et de l'****harmonie universelle**** pour justifier le rôle de l\'État. Toutefois, sa pensée se distingue par une tentative de concilier la politique avec la philosophie du ****droit naturel**** et de la ****liberté individuelle****. Il s'oppose à Pufendorf, il va chercher le fondement du droit naturel - sa pensée traduit un humanisme cosmopolite, une organisation international, volonté d'unifier le genre humain. C\) Contestation philosophique: Voltaire 1. Voltaire ⇒ le siècle des Lumières Les lumières il est vrai que la raison va apparaître dans toute sa majesté, pour autant les lumières n'étaient pas plus intelligents que les penseurs qui les ont précédés. Meurt en 1778, il été anti Dieu, «il faut avoir une religion, et ne pas croire aux prêtres». Il n'était pas anti-religieux. Tout comme Montesquieu, voltaire était anglophile, il fait l'éloge de la constitution anglaise, d'où il emprunte un certain pragmatisme (nécessité réformiste) pas opposé à la monarchie mais anti-absolutisme qui signifie que la monarchie doit être ouverte à des réformes (attachement aux libertés civiles) ⇒ pouvoir fort mais pas absolu, il apparaît comme le partisan de certaines réformes (supression des douanes intérieurs, contre la peine de mort,.. ) Voltaire un défenseur de la liberté d'expression. D\) contestation libérales La gouvernance démocratique: Spinoza (philosophe hollandais) promulgue une gouvernance démocratique (premier penseur de la modernité) car le + proche possible de la nature dans lequel tous demeure égo comme dans l'État de nature. Ce n'est pas un partisan du droit naturel, on supprime ce filtre de droit naturel pour aller puiser directmeent dans la nature = penseur panthéiste, immanent donc pas transcendant. Dieu est la nature, il va séparer religion et politique et théologique et philosophique John Locke = considéré comme le père du libéralisme politique acceptation du Bill of Rights 1689 en France en 1789 la couronne va être soumise aux lois du parlement = tournant en Angleterre Locke apparaît comme ayant une conception raisonnable de l'homme = mettre en avant la raison qui gouverne la cité. la liberté est inséparable du bonheur (le bonheur est constitutif de tout fin politique) il s'oppose à Hobbes qui considère que la propriété est un facteur de trouble alors que pour Locke c'est normal que l'homme possède des biens. La propriété = droit naturel = attachement à la propriété traduit l'origine bourgeoise de Locke, classe moyenne doit se développer, doit être développée et encouragée par le pouvoir politique E\) les contestation économiques: Vauban, Vauban s'intéresse à la fiscalité, soucieux de la justice sociale. Il expose ses idées fiscales, sa réforme de la fiscalité dans la réforme de de dime royale (simplifier le système fiscale, répartir plus équitablement des impôts. Fiscalité un élément du développement économique , elle doit stimuler l'activité économique courant mercantiliste ⇒ fiscalité connecté à l'économie, une sorte de libéralisme économmique (réformes fiscales qui n'entravent pas l'économie) courant physiocrate ⇒ le gouvernement de la nature, peut être considéré comme la première école scientifique de la pensée libérale = despotisme éclairé adhésion à un pouvoir fort mais une espèce de libéralisme dans la conception des libertés politiques, vision moderne, courant réformiste, centralisation administrative. opposés aux corps intermédiaires, ennemi des parlements. Mélange de libéralisme économique et de despotisme éclairé. François Quesnay ⇒ croit en l'existence de lois naturelles, qui sont des lois de natures, ennoncer la thèse selon laquelle la société est régit par un ordre providentiel régit par Dieu, doit s'imposer à la sagesse des gouvernements. Ces lois légitime la propriété privée (foncière, le rôle donné à l'agriculture) parce que toute l'économie doit reposer sur les lois de la nature donc l'agriculture, liberté du commerce et de l'industrie ⇒ sous la conduite éclairé d'un despote (chef éclairé qui assume la réalité du pouvoir car connaît l'ordre naturel) = libéralisme économique , hostilité aux réglementations contraignantes Anne-Robert Jacques Turgot ⇒ se rattache aux phisiocrates mais va être moins extrêmes, il va tempérer, il est hostile au despotisme (qu'il considère comme étant une secte), apelle à la nécessité des échanges, va s'écarter de l'orthodoxie. ***Section II- entre tradition et Modernité*** nouvelle ère ⇒ la modernité qui se caractérise par une certaine conception de la raison qui va s'écarter de la pensée antique , ne tourne plus entre la théologie et politique. 3 période = dimension antique , dimension, la raison s'impose à Dieu (lutte entre dieu et la raison) I- L'heure des révolutions révolution à la fois politique 1606 = petit groupe d'investisseur créé compagnie de Virginie ⇒ premier comptoir colonial, rapporter de l'or, des marchandises 1620 = les puritins veulent réformer l'église d'angleterre mise en place d edémocratie direct, va se mettre en place un gouvernement colonial, vont obéir à 4 idées fondatrices 1\) croyances dans les droit naturels 2\) hiérarchie des lois 3\) dans la séparation des pouvoirs 4\) dans le contrôle des contre pouvoirs sujets britanniques avec un siècle d'existence, 13 colonies en 1633, à partir de 1675 = premières grosses frictions ⇒ le parlement britannique va un certain nombre de lois: lois fiscales possibilité de contre-pouvoir les colons britanniques n'avaient aucun représentation au parlement britannique, les lois fiscales sont illigitimes donc soulèvement de la mère patrie 1676, les colons romptent tous liens d'allégence , les colonies américaine svont se déclarer comme des etats libres et indépendant , 4juillet = fête nationale américaine, partisans de l'indépendance ou les défenseurs de de la courronne britannique thomas pain = huntinson , prospère sur le massacre des indiens, ils considèrent que le droit des anglais peut varier en fonction de leur localisation dans le monde (avocat de la couronne) volonter d'adapter les lois aux spécificités des colons. Loyaliste son opposant est Thomas Pein ⇒ connaît à la fois la révolution américaine doit déboucher sur un monde nouveau en vue d'établir une république (papisme politique) le gouvernement est un mal nécessaire et la révolution française la révolution juridique ⇒ Philadelphie 1787 qui va créer une république et une démocratie représentative parce que les pouvoirs vont être dévolus à des électeurs et exercer par des représentants. Démocratie représentative meilleure solution sur le plan politique. Vont émerger des républicains, comme Alexander harriston, James , rasselbler sous le fédéraliste puis émergeront d'autres penseurs, Alexander, philosophie hobbiene, favorable à un gouvernement puissant, plaide pour une séparation des pouvoirs (le pouvoir doit arrêter le pouvoir / contre balancer) James va se montrer favorable à un gouvenremnt fédéral , équilibre des pouvoirs, attaché à la balnce des pouvoirs il est à l'origine des 10 amendements constitutionnels (le droit de s'armer pour contre balancer le pouvoir) Va se placer, le gouvernement représente une menace, il faut le contre balancer par des droits inaliénables ⇒ volonté de donner plus de pouvoir aux états fédérés révolution française fut autant bourgeoise et populaire qu'elle fut violente , elle va davantage conquérir la liberté et l'égalité alors que les américains sont tournés vers une conquête de la liberté. 2 auteurs vont émerger Emmanuel Sièyes va subir l'influence de locke , il va publier un pamphlet «qu'est ce que le tiers état?» il est le plus nombreux , il y a dans cette aspiration un souci d'une certaine égalité qu'elle résulte de la nature. Conquête de la liberté avec une trame d'égalité. Va se faire le théoricien de la souveraineté national, le tiers etat se confond avec le nation il est une nation complète. La nation doit s'exprimer par les représentants , le peuple doit être représenter. Les représentants de la nation sont indépendants. Montesquieu considéré comme l'un des fondateurs du libéralisme français, se montre sensible aux pesenteurs et aux contraintes «de l'esprit des lois» , il commente dans cette oeuvre la constitution anglaise, fait un travail de sociologue défenseur de la liberté, comme le droit de faire des lois et de se les donner, les lois garanties de la liberté, le pouvoir doit être modéré distribution des pouvoirs car c'est le seul moyen d'assurer la tempérance \- la puissance législative \- executive : droit des gens \- exécutive : droit civil pour qu'on ne puisse pas abuser du pouvoir il faut que le pouvoir arrpete le pouvoir. Pour la bonne marche du gouvernement il faut que les 3 puissances aillent de concert,, avancent ensemble. Bien que sépare doivent être combinés la conquête démocratique de la liberté et de l'égalité ⇒ la France fit les faits d'un roi

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