Résumé des Pages 90 à 112, Chapitre 2 de Malm (PDF)
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Université Paris-Dauphine
Andreas Malm
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Ce résumé des pages 90 à 112 du chapitre 2 de Malm explore la transition de l'énergie hydraulique à la vapeur dans l'industrie cotonnière au XIXe siècle. L'auteur analyse les conséquences économiques, sociales et environnementales de cette évolution, notamment l'émergence du "capitalisme fossile".
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Séance 7 resumé des pages 90 à 112 du chapitre 2 de malm Dans les pages 26 à 48 de Les origines du capital fossile : le passage de l’eau à la vapeur dans l’industrie du coton britannique, Andreas Malm analyse les raisons, les modalités et les conséquences du passage de l'énergie hydraulique à la va...
Séance 7 resumé des pages 90 à 112 du chapitre 2 de malm Dans les pages 26 à 48 de Les origines du capital fossile : le passage de l’eau à la vapeur dans l’industrie du coton britannique, Andreas Malm analyse les raisons, les modalités et les conséquences du passage de l'énergie hydraulique à la vapeur dans l'industrie du coton britannique au début du XIXe siècle. Il y développe une réflexion sur la naissance du « capital fossile », soit l’adoption de combustibles fossiles (ici, le charbon) comme moteur de l’industrialisation capitaliste. Cette transition, qui a permis une flexibilité accrue, est décrite non seulement comme une innovation technique mais comme une mutation économique, sociale et environnementale d'ampleur. Contexte et limitations de l'énergie hydraulique Le point de départ de Malm est la prévalence de l’énergie hydraulique dans l’industrie cotonnière anglaise au XVIIIe siècle. Les filatures de coton étaient majoritairement situées près des rivières, car les machines étaient alimentées par la force de l'eau. Cependant, cette énergie avait des limites majeures. Les variations saisonnières des cours d'eau entraînaient des irrégularités de production, et les rivières ne couvraient pas toujours les besoins en énergie des usines qui cherchaient à augmenter leur productivité. Malm explique que, bien que l'eau soit une ressource renouvelable et économique, cette dépendance géographique imposait une contrainte importante aux industriels. Malm expose ainsi la géographie contraignante de l'industrie hydraulique : seules les régions proches des rivières permettaient l'installation d'usines, ce qui limitait non seulement la croissance industrielle mais accentuait aussi une compétition pour des sites favorables. Ces limitations naturelles rendaient les filatures vulnérables aux conditions climatiques et aux saisons. En effet, des périodes de sécheresse ou de crues compromettaient directement la production, et ce manque de fiabilité a constitué un des principaux facteurs poussant les industriels à adopter une autre source d'énergie. Transition vers la vapeur et adoption du charbon Face aux limites de l’énergie hydraulique, les industriels britanniques se sont tournés vers la vapeur, une technologie qui a commencé à se développer dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Alimentée par le charbon, la machine à vapeur est apparue comme une solution offrant une production constante et prévisible. Malm souligne que le charbon, bien qu’il fût plus coûteux que l’énergie hydraulique, assurait une flexibilité géographique inégalée. Les usines pouvaient désormais être construites sans dépendre d'un cours d'eau, permettant aux industriels de s’implanter dans des zones plus proches des centres urbains et des marchés de main-d'œuvre. L’auteur détaille le rôle du charbon dans ce changement : il représente une ressource dense en énergie, stockable, et exploitable à volonté, indépendamment des contraintes climatiques. Cette adoption de la vapeur n’est pas simplement une transition énergétique, mais une révolution industrielle qui favorise la croissance rapide de la productivité et la concentration géographique de l’industrie autour des villes, marquant un tournant décisif pour le capitalisme britannique. En effet, la transition vers le charbon a permis à l’industrie de dépasser les limites imposées par les forces naturelles, ce qui a profondément modifié la dynamique de la production. Impacts sociaux et organisation du travail La transition vers la vapeur n’a pas seulement eu un impact sur l’organisation spatiale de l’industrie, mais elle a également transformé les conditions de travail. L’énergie à vapeur permettait de faire fonctionner les machines de manière continue, ce qui a entraîné l'introduction d’horaires de travail plus longs et plus stricts pour les ouvriers. Malm observe que, alors que l’énergie hydraulique imposait des rythmes de travail irréguliers en fonction des saisons et du débit des rivières, l’énergie à vapeur permettait une production plus contrôlée, ouvrant la voie à une exploitation plus systématique de la main-d'œuvre. Malm décrit comment la concentration de l'industrie autour des villes a intensifié les conditions de vie précaires des ouvriers. La proximité des centres urbains et la nécessité d’une main-d’œuvre abondante ont contribué à des conditions de vie dégradées, avec des salaires bas, de longues heures de travail et une forte discipline imposée par les employeurs. L’utilisation du charbon, en libérant les usines des contraintes naturelles, a aussi permis une plus grande centralisation et un contrôle accru des ouvriers. Cette situation a consolidé un modèle de production où les intérêts du capital priment sur les conditions de vie et de travail des travailleurs. Naissance d'un capitalisme fossile et conséquences environnementales Pour Malm, l’adoption du charbon dans l’industrie du coton marque la naissance d'un capitalisme fondé sur l’exploitation des ressources fossiles, qu’il qualifie de « capitalisme fossile ». Ce modèle repose sur l’extraction massive de combustibles fossiles pour alimenter la croissance économique, sans considération pour les impacts environnementaux. Malm met en évidence comment cette transition a ouvert la voie à une industrialisation intensive et a ancré un système économique où la croissance dépend de l’énergie fossile. Les conséquences environnementales de cette transition sont également abordées : le charbon, en tant que ressource non renouvelable et polluante, a initié une ère de pollution atmosphérique accrue et de dégradation écologique. En ce sens, l’industrialisation de l’Angleterre, soutenue par l’exploitation du charbon, a non seulement transformé l’économie, mais elle a aussi profondément affecté l’environnement. Cette dépendance croissante aux combustibles fossiles, apparue avec la transition de l’industrie du coton, est vue par Malm comme l'une des racines des défis climatiques modernes. Conclusion Les pages 26 à 48 de l'ouvrage de Malm mettent en lumière un moment charnière de l'histoire industrielle : le passage de l’énergie hydraulique à l’énergie fossile, qui a permis à l’industrie britannique de se libérer des contraintes naturelles et de maximiser sa productivité. Cependant, cette transition a aussi instauré un modèle de croissance basé sur l'exploitation intensive des ressources fossiles, posant les fondements de ce que Malm appelle le « capitalisme fossile ». Ce passage n'est pas simplement technique ; il a redéfini les structures économiques, sociales et géographiques de la société industrielle. La vapeur a offert aux industriels un pouvoir de contrôle sur la production et la main-d'œuvre sans précédent, mais elle a également inauguré une ère de dégradation écologique dont les effets perdurent aujourd’hui. L’analyse de Malm nous invite ainsi à reconsidérer les racines de notre dépendance actuelle aux combustibles fossiles et à questionner les bases mêmes du développement industriel moderne. Ce modèle, en permettant une production décuplée et libérée des contraintes naturelles, a non seulement favorisé l'essor du capitalisme, mais il a aussi initié une logique extractiviste et polluante, conduisant à des défis environnementaux majeurs que nous affrontons encore aujourd’hui. Voici les notions importantes des pages 26 à 48 de Les origines du capital fossile : le passage de l’eau à la vapeur dans l’industrie du coton britannique de Andreas Malm : 1. Énergie hydraulique : ○ Utilisée principalement par l'industrie cotonnière britannique au XVIIIe siècle. ○ Nécessitait la proximité de rivières et imposait des contraintes géographiques. ○ Problèmes de fiabilité dus aux variations saisonnières des débits d'eau. 2. Limites de l’énergie hydraulique : ○ Imprévisibilité et dépendance des conditions climatiques et des saisons. ○ Rivalité pour les sites favorables à proximité des rivières. ○ Nécessité d’une énergie plus stable pour augmenter la productivité industrielle. 3. Transition vers l’énergie à vapeur et le charbon : ○ La vapeur, alimentée par le charbon, offrait une production continue, indépendante des conditions naturelles. ○ Permettait de libérer les usines des contraintes géographiques et de s’implanter près des centres urbains. ○ Coût plus élevé que l'énergie hydraulique, mais flexibilité et productivité accrues. 4. Avantages du charbon comme ressource énergétique : ○ Ressource dense, stockable, et exploitable à volonté. ○ Création d’une production plus régulière, favorisant le contrôle et l’intensification de la production. 5. Impact sur l’organisation du travail : ○ Introduction d’horaires de travail plus longs et rigides. ○ Intensification de l’exploitation des ouvriers grâce à la régularité de la production. ○ Concentration des usines près des villes, entraînant une augmentation de la précarité de la vie ouvrière. 6. Capitalisme fossile : ○ Développement d’un modèle économique basé sur l’exploitation intensive des combustibles fossiles. ○ Permet une croissance économique rapide mais impose une dépendance au charbon. 7. Conséquences environnementales : ○ Le charbon introduit une ère de pollution accrue et de dégradation environnementale. ○ Fondation d’un système économique dont la croissance repose sur des énergies non renouvelables, entraînant des défis écologiques majeurs. 8. Répercussions sociales et géographiques : ○ L’énergie à vapeur modifie la géographie industrielle et la structure sociale. ○ Libération des usines de la dépendance aux rivières favorise la centralisation et le contrôle accru de la main-d'œuvre. ○ Conditions de travail souvent dégradées pour les ouvriers avec l'intensification de la production. Ces notions montrent comment la transition énergétique vers la vapeur a permis non seulement une révolution industrielle mais aussi la naissance d'un système économique extractiviste et polluant, dont les effets se font encore sentir.