HFE - Chapitre 2 - Notes de Cours PDF
Document Details
Uploaded by CostSavingNephrite6358
Université Sorbonne Paris Nord
Tags
Related
- HIS103-Cours 3 Révolution industrielle et capitalisme PDF
- Introduction à l'Histoire de la Pensée Économique PDF
- Histoire de l'Europe au XIXe siècle - Introduction, CM1 - PDF
- Partie II. Développement économique des pays riches (1750-1914) PDF
- Histoire des entreprises, PDF
- Tweede Industriële Revolutie (1870-1914) PDF
Summary
Ce document présente les notes de cours sur le chapitre 2, couvrant la période allant des années 1880 à la Première Guerre mondiale. L'accent est mis sur l'expansion du capitalisme, la révolution industrielle et les transformations sociales correspondantes.
Full Transcript
HFE 2024-2025 CHAPITRE 2 : DES ANNÉES 1880 À LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE : L’EXPANSION DU CAPITALISME........... 1 I. La seconde révolution industrielle.................................................................................. 2 1. Les innovations technologiques.............
HFE 2024-2025 CHAPITRE 2 : DES ANNÉES 1880 À LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE : L’EXPANSION DU CAPITALISME........... 1 I. La seconde révolution industrielle.................................................................................. 2 1. Les innovations technologiques............................................................................... 2 2. Une nouvelle organisation du travail....................................................................... 4 3. Le cercle vertueux de croissance............................................................................. 4 4. La concentration des entreprises............................................................................ 5 II : Les transformations sociales............................................................................................. 6 1. Premières manifestations ouvrières.............................................................................. 7 2. Les libertés individuelles................................................................................................ 8 3. La naissance de la protection sociale........................................................................... 10 4. La naissance de l’économie sociale.............................................................................. 10 5. L’essor du socialisme............................................................................................. 12 III. L’expansion du capitalisme......................................................................................... 13 1. La Grande dépression et la reprise économique................................................... 13 2. La Belle époque (fin XIX à 1914)............................................................................ 14 3. La montée en puissance des Etats-Unis................................................................. 16 4. La mondialisation du XIX°...................................................................................... 16 5. La naissance de l’école néo-classique (1860-1930)............................................... 19 Conclusion............................................................................................................................ 20 1 HFE 2024-2025 CHAPITRE 2 : Des années 1880 à la première guerre mondiale : l’expansion du capitalisme Engagée depuis les années 1880, la 2ème RI constitue le fait marquant de début du XX° siècle même si à l’échelle planétaire les formes de P° artisanale restent dominantes à côté de l’agriculture dont le poids économique et social est écrasant. En même temps qu’elle se modernise l’économie tend à une intégration de plus en plus poussée à l’échelle planétaire. Ceci est dû aux migrations humaines, aux échanges commerciaux et aux relations financières. Les institutions économiques et financières se sont aussi modifiées de façon à accompagner ce mouvement complexe de progrès technique, de croissance de la production et d’ouverture sur l’extérieur. Elles ont également évolué en s’adaptant à la marche irrégulière de l’activité économique : une succession de phase de prospérité et de dépression (la grande dépression entre 1873 et 1895 mais aussi des crises plus brèves telles que celles de 1903-1904, 1907 ainsi que 1911-1913). Les sociétés ont aussi ressenti les transformations économiques. Presque partout majoritaires les paysanneries incarnent la tradition et la stabilité sociale. Le développement industriel représente le domaine du changement social. Celui-ci se manifeste par l’urbanisation. Des ceintures de banlieues ouvrières se constituent et s’élargissent autour des grandes villes industrielles d’Europe. I. La seconde révolution industrielle Les années 1880-1914 connaissent des transformations importantes dans différents domaines. C’est une période de forte augmentation de la population et d’augmentation des échanges sur un espace de plus en plus vaste. Elles sont aussi marquées par un développement économique accéléré en termes de changements structurels et technologiques. Ceux-ci vont avoir des conséquences majeures sur les activités économiques, les modes de vie et les choix de consommation. 1. Les innovations technologiques Les innovations de la 1ère RI (chemin de fer et vapeur) poursuivent leurs effets mais de nouvelles innovations viennent prendre le relais. Dans différents secteurs les innovations sont considérables. La chimie de synthèse se développe, le charbon et le pétrole deviennent des matières premières pour la fabrication des plastiques et des textiles industriels. La métallurgie adopte l’aluminium. Le progrès industriel repose d’abord sur l’apparition de nouvelles énergies (électricité et pétrole) qui complètent et commencent à relayer le couple « charbon-vapeur ». L’électricité rend possible de nombreuses innovations dans le domaine de l’éclairage (ampoule électrique Edison 1879), des transports (tramway mû par un moteur électrique), de la P° de chaleur au service de la métallurgie et de la chimie, de la communication (télégraphe électrique, téléphone de Bell 1876, radio). L’électricité est aussi la seule forme d’énergie transportable facilement et capable de multiples usages. Par rapport à la vapeur elle présente l’avantage que la puissance produite par un générateur peut être utilisée à distance sans perdre 2 HFE 2024-2025 d’énergie. L’invention de la dynamo permet une utilisation industrielle de l’électricité. L’éclairage et la traction électrique viennent compléter son application industrielle. Le moteur électrique a des usages multiples. Le pétrole utilisé depuis longtemps pour l’éclairage (pétrole lampant) il apporte de nouvelles solutions pour le chauffage (chauffe au mazout) et il trouve une utilisation nouvelle avec la mise au point du moteur à combustion interne qui révolutionnera les transports du XX°. En effet, dès 1890-91 le moteur à explosion est découvert. Son utilisation est encore limitée mais elle permet la fabrication des premières voitures à essence. L’automobile nait en 1885 lorsque Gottlieb Daimler et Karl Benz mettent au point un véhicule utilisant un moteur à 4 temps avec un carburateur qui mélange air et essence. En 1903 est créée, à Détroit, la Ford Motor Compagny avec 12 ouvriers. Henry Ford est un passionné de mécanique et il va révolutionner la façon de faire des automobiles. Le pétrole et le moteur à explosion vont aussi donner naissance à l’aviation. La France va rester jusqu’en 1914 pionnière dans cette industrie. L’acier s’impose comme métal de référence aux applications multiples. Il commence déjà à être concurrencé par l’aluminium dans la construction par exemple. L’industrie chimique (qui n’est pas nouvelle) connait une large diversification de ses P°: explosifs (la dynamite d’Alfred Nobel), engrais, colorants, textiles artificiels, matières plastiques, films et pellicules, pharmacie, fertilisants…. Ces innovations vont donner lieu à l’apparition de nouvelles branches industrielles (secteurs) : construction électrique, automobile, pharmacie, cinéma (les frères Lumière) etc. Les constructions mécaniques et surtout électriques représentent des nouveautés remarquables. Elles rénovent complètement la fabrication des machines notamment des machines-outils dont les performances sont très importantes. Toutes ces innovations constituent le cœur de la deuxième révolution industrielle qualifiée d’"Electro-mécano-chimique". Cette 2ème RI repose sur : a) un ensemble de technologies (on vient de les voir). b) un ensemble d'industries et d'objets nouveaux. Ces nouvelles machines engendrent trois améliorations. - Amélioration de la précision. - Augmentation de la vitesse du travail. - Recherche de la diminution de l'intervention humaine dans le processus de travail. Ces nouvelles machines constituent un appel vers la standardisation des pièces. Les objets nouveaux engendrent aussi la création de nouvelles industries. c) De nouvelles méthodes de production. Le nouveau système de technologie nécessite l'établissement d'un réseau de relations entre ces technologies, la découverte de nouvelles applications, et de nouvelles méthodes de production. C'est l'apparition de l'Organisation scientifique du Travail (OST). L'OST est ancienne dans son principe et moderne dans sa forme achevée. C'est une organisation fondée sur la décomposition du métier artisanal et sur la parcellisation du travail. 3 HFE 2024-2025 L'OST a été énoncée par A. SMITH dans le fameux exemple de la "fabrique d'épingles". Pour A SMITH, "les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l'habileté, de l'adresse, de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué sont dues à ce qui semble, à la division du travail." Il montre ainsi comment, à partir de l'exemple d'une manufacture d'épingles, la division du travail accroît la productivité du travail. L'OST est élaborée par TAYLOR entre 1880 et 1910. Elle repose sur l'analyse du travail. Elle introduit la division technique du travail cad la répartition des tâches au niveau de l'entreprise. Il est alors nécessaire de décomposer le processus de production en tâches simples limitées mais complémentaires. La division technique du travail comporte une dimension verticale (la hiérarchie) et une dimension horizontale (à chaque niveau technique) et sa rationalisation. Le taylorisme est caractérisé par : - la suppression de tout geste inutile des ouvriers, ce qui permet de lutter contre la paresse systématique; - Le chronométrage de toute opération, qui est dès lors caractérisée par une durée la plus courte possible; - la mise en place d'un environnement matériel approprié pour chaque atelier; - une parcellisation extrême des taches qui deviennent peu qualifiées. L'ensemble de méthodes qui ont pris le nom d'OST possèdent les caractéristiques suivantes : - Atomisation du poste de travail et introduction de la mesure du temps. (On isole le geste, l'action unitaire). - Contrôle de la régulation et ainsi du rythme du processus de production. - Réorganisation de l'atelier en usine. 2. Une nouvelle organisation du travail Henry Ford va mettre en pratique cette méthode de travail dans ces usines automobiles en ajoutant trois éléments : - Le travail à la chaine - La standardisation du produit (la Ford T) - Le salaire associé à des primes comme moyen d’accroitre le rendement été de réduire l’absentéisme et la rotation du travail. Le fordisme désigne alors un mode d'organisation du travail mis en place par Ford aux États- Unis avant la 1 WW. Le fordisme se caractérise par 2 principes : - une organisation du travail basée sur la prolongation du taylorisme avec notamment l'instauration du travail à la chaîne. - le "5 dollars par jour" qui résume la thèse de Ford selon laquelle des salaires élevés garantissent des débouchés aux produits de l'entreprise. 3. Le cercle vertueux de croissance Cette organisation du travail a donné lieu à un "cercle vertueux". Le système productif se modernise grâce aux innovations techniques, à l'accroissement du taux d'investissement et aux économies d'échelle permises par la division du travail et l'extension de la consommation 4 HFE 2024-2025 de masse. Simultanément, la croissance est permise par la distribution d'un pouvoir d'achat suffisant. Gains de Hausse des salaires Augmentation Augmentation Economies productivité Baisse des couts de la C° de la P° d’échelle Baisse des prix de vente Basée sur le principe de la rationalisation, l’OST est adoptée progressivement mais avec des résistances tant aux Etats-Unis qu’en Europe. A l’exception bien sur des usines de Ford dans l’industrie automobile. 4. La concentration des entreprises La concentration est un processus d’accroissement de la taille des entreprises qui aboutit au cours du temps au contrôle d’une part croissante du marché par une ou plusieurs d’entre elles La concentration des entreprises est un phénomène commun aux pays industrialisés à la fin du XIX° et au début du XX°. Différents facteurs expliquent la concentration financière et technique. D’abord les trusts se sont constitués pour répondre aux exigences de financement de l’industrie et des transports modernes mais aussi pour acquérir assez de force pour résister aux crises. La concentration technique progresse aussi pour réaliser une P° que les équipements modernes rendent déjà massive : de grosses usines avec des milliers d’ouvriers chargés de mettre en œuvre des machines puissantes. Les trusts permettent aussi de limiter la concurrence en effectuant des partages géographiques des marchés, en instaurant des brevets et en matière de prix. La concentration prend une ampleur plus importante en Allemagne (Krupp, Siemens) avec les Konzern et les Kartell ainsi qu’aux États-Unis avec les trusts (General Electric). Les trusts US sont de loin les plus importants en raison de la taille du pays et de son marché. Les Trusts US contrôlent 50% de la P° US de textiles, 81% de la chimie, 85% du pétrole au début du siècle. On passe ainsi de la P° au sein de petites unités durant la période 1750-1850 à un capitalisme de grandes unités à tendance monopolistiques ou oligopolistiques à la fin du XIX°. Au début du XIX°, l’insuffisance des transports permet l’existence de monopoles locaux, c’est le développement des chemins de fer qui va permettre la formation de vastes espaces nationaux. Durant la période de concentration la concurrence existe toujours mais elle change d’échelle passant d’une concurrence locale à une concurrence nationale. Les trusts US se livrent une concurrence acharnée en terme de prix comme le prouvent les nombreuses faillites et fusions d’entreprises. Ainsi grâce aux économies d’échelle et aux innovations les prix vont baisser de façon importante tout au long du XIX°. Pour éviter les effets catastrophiques en termes de profit de la guerre des prix les firmes vont se lancer dans des stratégies d’ententes, d’accords etc. suscitant une nouvelle législation US sur ce thème. La première loi fédérale anti-trust est le Sherman Act votée en 1890 qui permet de mettre en prison et d’infliger des peines d’amendes à tout membre d’une entente en vue de restreindre le commerce mais elle laisse aux tribunaux une marge importante d’interprétation de la loi. Cependant cette loi sera peu appliquée. En 1906 cette loi est renforcée par le Hepbrun Act 5 HFE 2024-2025 (sous la présidence de T Roosevelt). En 1911, la Standard Oil est dissoute par la cour suprême et éclatée en 34 compagnies indépendantes. Enfin, en 1914, le Clayton Anti-trust Act est une loi qui vise à freiner les fusions et les ententes de prix. Les entreprises se concentrent sous deux formes. Concentration du capital et de la P° avec la constitution de trusts et de holding (un holding est une entreprise qui a comme objectif de regrouper des participations dans diverses sociétés et d'en assurer l'unité de direction). Ces concentrations permettent la P° en grandes séries. La concentration peut aussi être verticale cad concernée une filière qui va être intégrée depuis la matière première jusqu’au produit fini ou horizontale cad rassemblant un maximum de firmes fabriquant le même produit. Les conditions de la P° de masse se mettent progressivement en place. Parallèlement de nouvelles formes de distribution se développent. Les grands magasins ainsi que les réseaux de distribution (Casino, Felix Potin). La concentration industrielle se présente sous 3 formes : La concentration géographique : apparition de grands complexes autour de gisements miniers, apparition de régions industrielles. La concentration financière : concentration verticale (recoupement en une seule entreprise de plusieurs entreprises aux stades successifs de la fabrication d'un produit) et concentration horizontale (concentration des entreprises de même nature qui peuvent concerner un même produit ou bien un secteur de production). La concentration commerciale : création de grands magasins qui vont concurrencer le petit commerce (exemple du « Bon Marché » d'Aristide Boucicaut). Les grands magasins, vendant davantage, vendent moins cher. II : Les transformations sociales Tout ceci a bien sur des conséquences sur la société : Les transformations sociales sont importantes. L’industrialisation est à l’origine de mutations des structures de P° (passage d’un monde artisanal à un monde industriel fondé sur l’entreprise), la concentration des usines (et donc des ouvriers) et l’urbanisation. L’urbanisation entraine le développement des services et de la fonction publique conduit à la création d’une nouvelle classe sociale ; la classe moyenne composée de membres qui ont selon A Sauvy « les besoins des riches et les moyens de pauvres » et ont en commun une volonté d’ascension sociale. La classe ouvrière se développe du fait des transformations économiques. A Paris, par exemple, les ouvriers représentent 57% de la population. Pour certains historiens toujours à Paris les ¾ des gens vivaient dans la misère. Les conditions de travail sont particulièrement difficiles, les ouvriers travaillent en moyenne 12 à 14 heures par jour, et les domestiques plus de 16 heures. Beaucoup d’enfants travaillent dès 4 ou 5 ans et ils composent plus de la moitié de la mo de l’industrie textile en Angleterre. 6 HFE 2024-2025 Par ailleurs, le poids politique des ouvriers augmente aussi. Le mouvement ouvrier se structure et c’est la naissance des syndicats, des mutuelles et des bourses du travail. A travers le syndicalisme les revendications sociales s’organisent dans le monde ouvrier européen. Avant la 1ère WW il y a 2,7 millions de syndiqués en Grande-Bretagne et 2 millions en Allemagne. Au cours des années 1880, les luttes ouvrières s’intensifient et les grèves sont de plus en plus dures. En Allemagne, entre 1880 et 1890, un modèle de protection sociale se met en place sous l’impulsion de Bismarck. Le chancelier Bismarck lance l’idée des assurances sociales, afin de faciliter le passage à l’état industriel, prendre en compte les idées sociales et asseoir l’unité nationale. Le système "Bismarck", est appliqué par l’Allemagne et l’Europe centrale. Il est alors devenu une figure emblématique de la protection sociale en ayant mis en œuvre en Allemagne, à la fin du XIXe siècle, un système de protection sociale contre les risques maladie (1883), accidents de travail (1884), vieillesse et invalidité (1889). Compte tenu de ces mouvements ouvriers la législation évolue aussi (naissance de réglementations sur les accidents du travail, la sécurité et la durée du travail). 1. Premières manifestations ouvrières À travers les luttes sociales du 19ème siècle il s’agit pour la classe ouvrière de l’époque non seulement de lutter contre les injustices sociales mais aussi et surtout de lutter pour gagner le droit à la parole politique, obtenir la reconnaissance du droit à revendiquer. L’obtention de la reconnaissance du droit de la classe ouvrière à intervenir en politique n’a pas été facile du tout. Des manifestations et des grèves ont existé dès le début du 19ème siècle, néanmoins la reconnaissance du droit à revendiquer n’a été effective que vers le milieu du 20ème siècle. Quelques dates : début du 19ème siècle : manifestations, grèves 1884 : syndicalisme commence 1906 : chartes d’Amiens, on commence à parler de l’émancipation des travailleurs par eux- mêmes 1935 : reconnaissance du droit à manifester 1936 : conventions collectives acceptées comme une pratique incontournable 1946 : reconnaissance du droit à la grève 1950 : l’exécutif déclare que « la grève est un principe fondamental de notre temps ». Premiers acquis : le droit à lutter, acceptation que les griefs des travailleurs valent la peine d’être entendus. Ceci n’a pas été simple et évident. Au 19ème siècle il s’agit d’actions très localisées, elles ne franchissent pas les frontières de l’usine ou de la mine concernée. Il s’agit de revendications très précises. Les grèves sont illimitées, souvent finissent en émeutes et en interventions armées. Les manifestations sont réprimées, finissent dans le sang, les dirigeants sont poursuivis. En 1890 le syndicalisme est très limité, peu développé dans le milieu ouvrier ; les actions sont toujours très locales et « corporatistes » avec peu de notion de solidarité vis-à-vis d’autres corporations. Les premiers représentants et dirigeants syndicaux ont la vie très dure, font un travail très lourd de « porte à porte » pour convaincre. 7 HFE 2024-2025 La mise en place de structures locales de solidarité a joué un rôle extrêmement important pour développer le mouvement de luttes sociales : les coopératives et mutuelles ouvrières, les caisses de secours, les coopératives de consommateurs ont été des structures clés pour donner forme et cohésion au mouvement ouvrier. Il s’agissait d’organisations très fortement implantées dans le milieu local. Il a fallu un très long travail individuel et collectif pour aboutir à un mouvement plus vaste. La nécessité de s’organiser apparaît : avoir des intérêts communs ne suffit pas, l’importance d’un grief ne suffit pas non plus ainsi que l’idéal à lui tout seul ne suffit pas non plus. Il faut l’existence d’une organisation avec une hiérarchie, avec des structures qui s’enracinent dans le milieu social des gens à mobiliser. Les manifestations organisées jouent un rôle essentiel dans la construction du mouvement social. Des règles pour manifester sont fixées vers 1909 : les élus ouvriers se placent en avant du cortège (prenant la place qui était celle des femmes et des enfants pendant les premières manifestations), ils défilent avec leurs écharpes tricolores, les trajets sont définis à l’avance en accord avec la police et les et les premiers services d’ordres ouvriers apparaissent. A cette époque les manifestations sont importantes pour légitimer la lutte des ouvriers pour acquérir un sentiment de dignité. A travers la pratique des manifestations le mouvement mesure sa force. Le nombre va créer un rapport de force. Le mouvement ouvrier a dû subir le mépris, les moqueries et le dénigrement sans entrave de la part de la presse et des classes dominantes. A propos d’une manifestation ouvrière pacifique et organisée les journalistes parlent de « la promenade » des ouvriers. Les premiers représentants ouvriers ont été vilipendés, moqués en public. Jules Joffrin, premier élu ouvrier au conseil municipal de Paris : on se moquait de sa façon de parler, de se tenir ; on disait qu’il s’exprimait grossièrement, qu’il était un ivrogne, etc. 2. Les libertés individuelles La loi sur la liberté syndicale et celle sur la liberté d'association, portées par Pierre Waldeck- Rousseau sous la IIIe République, répondent à un besoin d'approfondissement démocratique et de reconnaissance de la diversité sociale. Les lois de 1884 sur la liberté syndicale et celle de 1901 sur la liberté d'association marquent la volonté des dirigeants de la IIIe République de renforcer l'unité de la nation et de démocratiser la société. Actif promoteur de ces lois : Pierre Waldeck-Rousseau. Avocat et républicain modéré, c'est comme ministre de l'Intérieur de Jules Ferry que Pierre Waldeck- Rousseau (1846-1904) fait voter la loi sur les libertés syndicales en 1884. Président du Conseil en 1899, il forme, en pleine affaire Dreyfus, un cabinet de "défense républicaine" qui dure trois ans (un record, pour l'époque), dans lequel entre un socialiste indépendant, Alexandre Millerand. C'est sous sa présidence du Conseil que la loi de 1901 sur les associations est adoptée. Ces deux lois viennent mettre un terme à un siècle de répression sélective, durant lequel les régimes qui se sont succédé ont refusé de reconnaître la diversité du social. Paradoxalement, la méfiance de l'Etat à l'égard des syndicats et des associations trouve ses racines dans la Révolution. En 1791, l'Assemblée nationale liquide, par la loi d'Allarde, les anciennes corporations et interdit, par la loi Le Chapelier, toute nouvelle forme d'association ouvrière ou patronale. Pour les révolutionnaires d'alors, l'égalité des citoyens passe par la suppression de tous les ordres, considérés comme des facteurs de privilèges. Au cours du XIXe siècle, la 8 HFE 2024-2025 liberté d'association reste très limitée et étroitement contrôlée par l'Etat. L'article 291 du code pénal soumet à autorisation de l'Etat toute association de plus de 20 personnes. Une loi de 1834 accroît le contrôle sur les associations plus petites. L'étau se desserre ensuite peu à peu : la Constitution de l'éphémère IIe République reconnaît le droit d'association ; sous le second Empire, la loi de 1852 autorise les associations de secours mutuel en les mettant sous la tutelle de notables, et une loi de 1867 autorise les coopératives déclarées. Mais la loi Le Chapelier reste utilisée, particulièrement pour réprimer le mouvement ouvrier. L'expression de la diversité sociale Cependant, à la fin du XIXe siècle, les dirigeants de la IIIe République, qui veulent asseoir l'unité de la nation républicaine sur la liberté individuelle et la solidarité sociale, sont directement confrontés au problème de la liberté syndicale et d'association : d'une part, face aux forces antirépublicaines et, d'autre part, face à la demande sociale des classes moyennes et des ouvriers. Le combat des républicains comme Waldeck-Rousseau en faveur des syndicats est particulièrement guidé par sa volonté d'intégrer la classe ouvrière. En 1884, dans une circulaire, il encourage les préfets à promouvoir les syndicats : "Grâce à la liberté complète, d'une part, à la personnalité civile, de l'autre, les syndicats, sûrs de l'avenir, pourront réunir les ressources nécessaires pour créer et multiplier les utiles institutions qui ont produit chez d'autres peuples de précieux résultats : caisses de secours, de crédit mutuel, cours, bibliothèques, sociétés coopératives, bureaux de renseignements, de placements, de statistiques de salaires, etc." Le but est aussi politique : il s'agit de "dresser une barrière devant l'armée du désordre : partisans de régimes déchus, partisans de la révolution sociale". Certes, beaucoup de partisans de la révolution sociale, de tendance anarchiste, vont chercher à utiliser les syndicats, en particulier de la CGT (fondée en 1895, voir page 96), pour préparer "le Grand Soir". Mais auparavant, certains de ces anarchistes maniaient la bombe : mieux vaut encore qu'ils manifestent ! Et surtout, progressivement, le réformisme l'emportera, et la CGT se ralliera à l'Union sacrée en 1914. Il faut encore plus d'un quart de siècle et beaucoup d'efforts des républicains les plus convaincus pour que, en juillet 1901, la loi "relative au contrat d'association" soit adoptée : elle définit l'association comme non lucrative, de droit privé et librement consentie. Elle regroupe "deux ou plusieurs personnes [qui] mettent en commun leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices" ; elle est "régie, quant à sa validité, par les principes généraux du droit applicables aux contrats et obligations" (article 1). La loi crée en fait plusieurs types d'associations : non déclarée, l'association ne jouit pas de capacité juridique ; déclarée à la préfecture, elle peut "ester [agir] en justice, acquérir à titre onéreux, posséder et administrer (…) les cotisations de ses membres [et] les immeubles strictement nécessaires à l'accomplissement du but qu'elle se propose" (article 6) ; reconnue d'utilité publique par décret, elle peut recevoir des dons et des legs. Une nouvelle liberté est née, qui stimule la dynamique associative. On estime à 5 000 le nombre d'associations créées la seule année 1908. Ce chiffre de créations annuelles croît progressivement : 10 000 en 1937, 40 000 en 1992. Le nombre total d'associations actives dépasserait à l'heure actuelle les 700 000. Cette expansion a accompagné le développement de la démocratie dans tous les milieux sociaux, l'essor du sport, des loisirs, du tourisme, des besoins d'action sociale, environnementale, de formation, de services aux particuliers, aux collectivités, aux entreprises, etc. Voilà qui témoigne à la fois du besoin d'action collective, 9 HFE 2024-2025 d'initiative individuelle et de la segmentation des pratiques sociales. L'évolution du tissu associatif reflète les transformations de la société. 3. La naissance de la protection sociale Le système bismarckien se rapproche d’un système d’assurances : il est fondé sur le remboursement de prestations fournies par des praticiens librement choisis, et financé par des cotisations préalables. L’ouverture de droits aux prestations dépend de la qualité de cotisant de l’intéressé (et donc de ses revenus). La nouveauté fondamentale réside dans le caractère obligatoire et national de ces assurances et leur gestion par les partenaires sociaux. Les motivations qui sont à l’origine du système bismarckien sont éminemment politiques et résident dans le souci de juguler les mouvements syndicaux et socialistes en améliorant les conditions de vie du prolétariat ouvrier. Ce système se base sur des logiques que l’on retrouve aujourd’hui dans de nombreux systèmes de protection sociale. Plusieurs principes sous-tendent ce modèle : protection fondée uniquement sur le travail et sur la capacité des individus à s’ouvrir des droits grâce à leur activité professionnelle ; protection obligatoire ; protection reposant sur une participation financière des ouvriers et des employeurs qui prend la forme de cotisations sociales ; cotisations qui ne sont pas proportionnelles aux risques – comme dans la logique assurantielle pure – mais aux salaires. On parle ainsi de « socialisation du risque » ; protection gérée par les salariés et les employeurs. 4. La naissance de l’économie sociale Au cours du XIXe siècle, face aux dégâts du capitalisme moderne, de nombreuses initiatives mettent en pratique les principes de coopération, de mutualisme et de solidarité développés par plusieurs courants de pensée. La première coopérative en France : 1834 ; nom : « Association des bijoutiers en doré ». Ces bijoutiers ne sont que quelques-uns, dans un secteur artisanal bien traditionnel. De plus, d'autres formes coopératives ont existé par le passé, en milieu rural, où des producteurs s'associent pour collecter le lait. Mais, en pleine révolution industrielle, ce qui naît avec cette coopérative de production des bijoutiers, c'est un secteur multiforme porté par des travailleurs et des théoriciens à la recherche d'alternatives à un capitalisme qui, dans la quête forcenée du profit menée par les propriétaires de capital au détriment de ceux qui travaillent, accroît les inégalités et la paupérisation. L'inspirateur de cette première coopérative, le médecin Philippe Buchez (1796- 1865), opère lui-même une synthèse entre un socialisme confiant dans le progrès technique et un courant du christianisme social. Les créations de coopératives se multiplient au cours du siècle. Souvent, c'est à la suite d'une lutte que l'idée surgit, comme chez les verriers de Carmaux, qui créent la verrerie ouvrière d'Albi en 1894, avec le soutien de Jean Jaurès. En 1910, il y a cinq cents sociétés coopératives ouvrières de production (Scop) en France et 20 000 sociétaires. 10 HFE 2024-2025 Production, consommation, crédit mutuel et secours Mais ces coopératives de production, remarquables par ce qu'elles sont - des entreprises auto- organisées par les salariés eux-mêmes -, ne constituent qu'un des quatre piliers de l'économie sociale qui prend naissance au XIXe siècle : d'autres entreprises, tout en gardant généralement un fonctionnement démocratique fondé sur le principe un homme = une voix, se distinguent aussi par ce qu'elles font. Le deuxième pilier naît en Angleterre en 1844 : à Rochdale, près de Manchester, des ouvriers tisserands créent la première coopérative de consommation qui fournit à ses associés des produits à des prix modiques. Le mouvement des coopératives de consommation prend une grande ampleur en France à partir de la fin du XIXe siècle sous l'impulsion de l'économiste Charles Gide, issu du protestantisme social. Le troisième pilier naît en 1864, en Rhénanie, où une coopérative de crédit mutuel est créée : elle offre aux banques une caution mutuelle pour débloquer l'accès au crédit à ceux qui ne peuvent apporter la garantie d'un patrimoine. En France, la première banque populaire est fondée à Angers en 1878 par un abbé, la première caisse coopérative de crédit agricole l'est à Salins, dans le Jura, en 1884. Et en 1893 est créée la Banque coopérative des associations ouvrières, ancêtre du Crédit coopératif. Les sociétés de secours mutuel constituent le quatrième pilier. Nées avant la Révolution dans le cadre des corporations, elles disparaissent en France dans la tourmente révolutionnaire, puis sont tolérées comme formes d'associations professionnelles soutenant leurs adhérents en cas de chômage, de maladie, d'accident, de décès. Souvent réprimées car accusées d'organiser les luttes sociales et de soutenir des grévistes, elles connaissent un important essor sous Napoléon III, mais sous une forme officielle, encadrées par des notables. Cette structuration va marquer pour longtemps le monde salarial français, dont l'organisation est désormais coupée en deux : à la mutualité la protection sociale, au syndicalisme les revendications et luttes sociales. La mutualité ne va cesser de se consolider : elle prend en charge la gestion des assurances sociales mises en place par l'Etat entre 1928 et 1931, ce qui l'amène à compter 8 millions d'adhérents en 1939. Un levier pour changer la société et l'économie L'économie sociale offre ainsi d'emblée de multiples visages. Amortissant les dégâts et les inégalités de la société capitaliste ou permettant de s'organiser en dehors de ce modèle dominant, elle peut aussi être un levier pour changer en profondeur la société et l'économie. C'est ainsi que la considère Charles Gide : l'extension de l'organisation coopérative de la consommation permettra de déterminer démocratiquement les besoins sociaux auxquels répondra une production elle-même fondée également sur la coopération. Quant à Jean Jaurès, il voit dans la coopération un des leviers menant à une société socialiste, même si elle ne saurait "se substituer à la conquête du pouvoir par le peuple" (La Petite République, 19 juillet 1900). Ces piliers de l'économie sociale connaîtront des évolutions diverses. Les coopératives de consommation seront surtout victimes, à partir de la fin des années 1960, de la montée en puissance de la grande distribution, fût-elle sous la forme de coopératives de commerçants 11 HFE 2024-2025 comme les centres Leclerc ou Système U. La Mutualité s'adaptera en occupant le créneau de complément indispensable de la Sécurité sociale. Les coopératives de production restent à une échelle modeste (elles emploient 43 000 salariés aujourd'hui). A vrai dire, beaucoup de grosses coopératives, en particulier dans le secteur agricole, les assurances ou les banques, s'éloignent de leurs objectifs et de leur fonctionnement d'origine. 5. L’essor du socialisme Le XIX° est le siècle du capitalisme triomphant mais aussi celui de la naissance du socialisme qui se constitue en opposition au système, à l’injustice et au pouvoir absolu des patrons d’entreprises. Les grands auteurs socialistes vont au XIX° œuvrer pour une prise de conscience de la classe ouvrière et l’espoir d’une société nouvelle. K Marx (1818-1883) Salaires, prix profit 1865 puis le Capital livre 1 Objectif : Expliquer le fonctionnement du MPC (Mode de P° Capitaliste) et critiquer son caractère naturel tel qu’il est présenté chez les Classiques. - Une théorie de l’exploitation reliée à la théorie de la valeur travail : Toute activité humaine abstraction faite de son caractère utile est une dépense de force humaine. Les marchandises ont une valeur : c’est le temps de W abstrait incorporé dans leur P°. Il est la somme du temps de W déjà incorporé dans les moyens de P° (C) et de la valeur ajoutée par le W vivant (VA). Donc la valeur des marchandises dépend du temps de travail socialement nécessaire pour les produire (C+VA). Dans le capitalisme le W est une marchandise. Elle a une valeur (V) qui est déterminée par le temps de W nécessaire à la P° des subsistances indispensables à la survie des ouvriers. Le salaire correspond en effet au temps de reproduction de la force de travail, salaire de subsistance. La force de W a donc une valeur qui est V et qui est inférieure à la valeur que peut produire la force de W. Or la valeur produite par la force de travail, excède la valeur correspondant à leur salaire (le capital variable). La différence entre V et VA donne la plus-value. Le taux de plus-value est égal au rapport entre la plus-value et le capital variable. La plus-value est réalisée sous forme de profit dans la vente des produits sur le marché. Cette plus-value existait à l’époque féodale sous forme de corvée. Dans le système capitaliste elle est cachée par l’échange monétaire qui occulte les « vrais » rapports de P°. Le taux de plus-value mesure la répartition du revenu entre salariés et capitalistes et leurs alliés et elle exprime l’exploitation des travailleurs. Pour Marx le capitalisme n’est pas un mode de P° durable car il y a une contradiction fondamentale dans le capitalisme entre le capital et le travail. En effet, le progrès technique abaisse la valeur des marchandises mais en même temps il conduit à une augmentation de la part représentée par les moyens de P° et cela conduit à la baisse tendancielle du taux de profit moyen (profit/ensemble du Kl investit). 12 HFE 2024-2025 Cette baisse est due aux capitalistes qui vont chercher à modifier la composition organique du capital mesurée par le rapport entre le capital constant (C) qui sert à acheter les moyens de P° et (VA) le capital variable qui sert à acheter la force de W. les capitalistes réagissent alors en abaissant les salaires ce qui diminue la demande et génère des crises. En définitive, le capitalisme conduit à une accumulation croissante du capital et à une augmentation de P° qui est de plus en plus difficile à écouler car les capitalistes cherchent à limiter les coûts salariaux en limitant les hausses de salaires On peut le dire autrement : Le PT et la concurrence entre les capitalistes poussent au machinisme et augmente la part du capital constant (C) qui transmets seulement la valeur aux marchandises alors la part du travail vivant baisse et la composition organique du capital augmente (C/V). Ceci conduit à une baisse du taux de profit (via la baisse du taux de plus-value) ce qui entraine une crise de l’offre car la baisse des taux de profit diminue l’I. Cela entraine une baisse des salaires (qui augmente moins vite que la productivité) et entraine une baisse de la demande. De ce schéma va découler des crises. Crises qui vont finir par générer ultime du capitalisme. Les mouvements ouvriers adhèrent aux thèses de Marx pour au moins trois grandes raisons : - Aucune amélioration n’était à attendre du système capitaliste car il repose sur l’exploitation - Son évolution conduit inévitablement à une société différente et meilleure (le socialisme) - La classe ouvrière serait bénéficiaire de cette nouvelle société III. L’expansion du capitalisme En 1880, seuls 4 pays sont entrés dans l’industrialisation, le décollage (take off) : la Grande- Bretagne, les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Seule la GB peut être considérée comme industrialisée. Le mouvement s’accélère et avant la guerre de 1914 ce décollage s’étend à la Suède, le Japon, la Russie, l’Italie le Canada et l’Australie. L’industrialisation mobilise les réseaux de transport et s’appuie sur la circulation des capitaux européens. Le capitalisme devient plus industriel financier et commercial. Cette période correspond aussi à une vague d’expansion coloniale. 1. La Grande dépression et la reprise économique En reprenant les travaux de Kondratieff, le développement du capitalisme industriel s’inscrit dans un processus cyclique de longue durée qui comporte deux phases sur la période 1880- 1914. - Une phase de récession, celle de la grande dépression sur la période 1873- 1896 - Une phase d’expansion, « la belle époque » sur la période 1896-1914. La Grande dépression (GP) qui se caractérise par une décélération de la croissance est la première grande crise internationale. Elle s’étend à tous les secteurs économiques et à 13 HFE 2024-2025 quasiment tous les pays. Le marché est saturé et la consommation des biens industriels ne peut être stimulée faute de pouvoir baisser les couts de production. La GP marque ainsi l’apparition d’un nouveau type de crise qui se déclenche à la suite de krach bancaire et boursiers. Les années 1880 marque le début d’une seconde vague de cette crise. En 1882, la faillite de l’Union Générale qui intervient dans un contexte international de spéculation boursière et de baisse des commandes de matériel ferroviaire relance la crise et plonge la France dans la récession (entrainant des faillites bancaires et industrielles). En 1884, elle atteint les Etats-Unis (krach de Grant and Word et de Metropolitian bank) : c’est la « panique des chemins de fer ». Après un début d’accalmie elle reprend avec la banqueroute de Panama (1888) et de la banque britannique Baring (1890). En raison des interdépendances des économies, la crise devient mondiale. A cette crise financière et économique s’ajoute une crise agricole. La concurrence sur les marchés européens des blés américain et russe affaiblissent les production européennes/ la crise agricole est accentuée par le protectionnisme des Etats-Unis qui freine l’entrée des biens manufacturés européens. Pour sortir de ces crises les gouvernements, notamment au Royaume Uni accordent des soutiens aux producteurs et mettent en place des tarifs douaniers élevés. La concentration industrielle permet de baisser les couts et les entreprises formes de nouvelles ententes pour affronter la concurrence internationale. Ces difficultés poussent les pays à mettre en place des mesures protectionnistes. A partir de 1896, les difficultés précédentes semblent se résorber (désordres financiers et boursiers ; concurrence internationale sur les produits agricoles ; manque de débouchés pour les productions ; manque d’investissements productifs). La Belle époque caractérise la fin de ces difficultés. Les innovations reprennent générant des investissements nouveaux, la consommation de masse commence à se mettre en place. Le développement de la classe moyenne joue un rôle important dans la reprise économique. Un facteur important de la sortie de crise est la découverte et l’exploitation de mines d’or ainsi que les effets de l’impérialisme. Enfin des baisses de prix et une hausse relative des revenus stimulent la consommation. Au total, la relance des investissements industriels et l’apparition de nouvelles formes de consommation soutiennent la croissance économique. L’approfondissement technologique joue le rôle clé comme moteur de l’expansion de la production et du commerce international. 2. La Belle époque (fin XIX à 1914) La « Belle époque » (terme utilisé en France et en Belgique, en GB c’est l’époque victorienne) correspond à cette période qui constitue une sorte « d’âge d’or » européen ou d’apogée du capitalisme. Après la dépression de 1873 et la guerre de 1870, la croissance économique reprend à un rythme rapide et ne sera interrompue que par de courte crise en 1910 et 1913. Cette croissance est relativement rapide en France (taux réel annuel moyen de 1,53% entre 1815 et 1913 mais avec des périodes de plus forte croissance comme 9% en 1911-1912 ; 2% entre 1900-1902). 14 HFE 2024-2025 La France de la «Belle Époque», c’est la France insouciante d’avant la Première Guerre Mondiale (1914-1918). L’expression est née après la Grande Guerre, pour évoquer cette période faste d’expansion, d’insouciance et de foi dans le progrès. La situation d’avant-guerre apparaît alors comme idéale dans une France plongée dans les difficultés de reconversion de son économie et le deuil qui doit se faire. Cette période a été marquée par des progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques en Europe notamment en France. La population reste très hiérarchisée et essentiellement rurale (56%), 40% des actifs travaillent dans l’agriculture. La démographie est peu dynamique. L’artisanat peu développé. Les ouvriers représentent 30% de la population. En 1906, les ouvriers obtiennent une journée de repos obligatoire et des journées de 10 heures. Avec la reprise économique mondiale qui débute à partir de 1895, la France entre dans une période de prospérité. Les nouvelles énergies (électricité, Pétrole) profitent aux nouvelles industries (chimie, électrométallurgie…). Dans le secteur des transports, la France est au premier rang européen pour les industries de pointe : l’automobile (Renault, Peugeot) et l’aéronautique (première traversée de la Manche par Louis Blériot en 1909, de la Méditerranée par Roland Garros en 1912). Un symbole de cette période fastueuse, l’exposition universelle de 1900 qui se déroule à Paris avec comme thème : « Le bilan d’un siècle » et qui propose des activités nouvelles et innovantes telles qu’un tapis roulant, le Globe terrestre ou encore la Grande roue de Paris d’un diamètre de 100m. Avec ses 48 millions de visiteurs, son palais de l'Électricité et de l'Automobile, avec la première ligne du Métropolitain et le Cinéorama, l'Exposition universelle de Paris, inaugurée le 14 avril 1900 par le président Loubet, apparaît comme l'événement fondateur de la Belle Époque : un pays - la France et son empire -, un régime - la République - , contemplent et célèbrent leur propre gloire, manifestent leur rayonnement dans le monde et attestent un dynamisme économique retrouvé après la « grande dépression » (1870-1895). Aussi, à côté de l'image emblématique du rentier thésaurisant ses francs or, s'affirme celle d'un capitalisme d'entrepreneurs audacieux. La reprise de l'investissement génère des taux de croissance inégalés, en particulier dans les secteurs industriels novateurs. Elle provoque également la recomposition de l'ensemble de l'appareil de production, même si plus de la moitié des salariés travaillent encore dans des entreprises de moins de cinq employés. En moins de trente ans, la France passe de l'âge du fer, du charbon et de la vapeur à celui de l'acier, du pétrole et de l'électricité. Si la machine à vapeur est le symbole de la première révolution industrielle, le moteur à combustion interne (Daimler, 1889 ; Diesel, 1893) et la dynamo sont ceux de la seconde. Car la prospérité retrouvée est liée à de spectaculaires innovations technologiques qui feront dire à Péguy, en 1913, que « le monde a moins changé depuis Jésus-Christ qu'il n'a changé depuis trente ans » (l'Argent). De ce point de vue, la Belle Époque est pionnière : premier moteur à explosion, première automobile, premier film, premier aéroplane, premier essai de TSF, premier réseau électrique... De sorte que des commodités largement répandues après-guerre sont, en 1900, des prodiges qui émerveillent les Français. Mais ce sont des prodiges auxquels ils n'ont pas tous accès ; l'éclairage domestique est encore largement tributaire de la bougie, du pétrole et, au mieux, du gaz. L'Exposition universelle de 1900 voit sans doute l'illumination par l'électricité de la tour Eiffel, et Paris devient la Ville Lumière ; c'est toutefois plus une prouesse technique que la preuve des bienfaits dispensés à tous par la « fée électricité ». 15 HFE 2024-2025 Grâce à cette prospérité, la richesse augmente bien que les inégalités entre bourgeois et ouvriers se creusent : « Une Belle époque, pas pour tout le monde ! Cependant, le monde ouvrier voit ses conditions de vie s’améliorer peu à peu grâce à une augmentation des revenus (l’alimentation s’améliore, donc la santé) et à des lois sociales (limitation du temps de travail à 10 heures en 1904, dimanche chômé en 1906, loi sur les retraites en 1910). Le Nord, région déjà industrielle, voit son nombre d’industries augmenter : dans le textile (la Fabrique à Pérenchies employant plusieurs centaines de personnes) et le charbon (Essor minier : exemple La Compagnie des mines d’Aniche). Les moyens de transports s’améliorent, la nouvelle gare de Tourcoing ouvre en 1905 et de nombreuses villes se voient équiper de tramway. Le Nord-est aussi une région très novatrice notamment dans l’aéronautique, elle voit de nombreux pionniers s’essayer à l’aviation avec plus ou moins de succès, la traversée de la manche le 25 juillet 1909 par Louis Blériot sera une réussite. Les grands ballons attirent les curieux et sont visibles dans les grandes expositions comme celle de Tourcoing en 1906. - Peinture : mouvement impressionniste - 1829 : ouverture du Moulin Rouge - Des films retracent cette période Minuit à Paris de Woody Allen ; French Cancan de J Renoir, Casque d’or de Jacques Becker La croissance est encore plus rapide aux Etats-Unis, en Russie et en Allemagne qui devient la première puissance industrielle européenne devant la Grande-Bretagne. 3. La montée en puissance des Etats-Unis Les Etats-Unis connaissent une croissance accélérée facilitée par une forte immigration européenne. Cette immigration fournie une main d’œuvre nécessaire au développement économique et à la conquête de l’Ouest. La construction du chemin de fer joue un rôle considérable dans l’industrialisation. Le réseau passe de 150 000 km en 1880 à 420 000 km en 1914. Sa construction a un effet d’entrainement et joue sur la répartition des pôles industriels. La croissance est aussi due au développement de l’agriculture. La politique agricole est productiviste et orientée vers la conquête de parts de marché en Europe. Les Etats-Unis privilégient le marché intérieur, la production et la consommation de masse. Les entreprises cherchent à réaliser des économies d’échelle et le travail à la chaine trouve ses premières applications au début du XX°. Bien que les échanges ne soient pas leur priorité les flux d’échanges internationaux se développent rapidement. Les Etats-Unis bénéficient d’une position concurrentielle favorable et d’une politique protectionniste supérieure à celle pratiquée en Europe. 4. La mondialisation du XIX° La mondialisation se caractérise par le déplacement des hommes, des marchandises et des capitaux. 16 HFE 2024-2025 2.1. Les déplacements des hommes : Le XIX° siècle peut être caractérisé comme le siècle de la création d’une diaspora planétaire des européens. En effet, la pression démographique, les innovations dans les transports, l’oppression raciale, les possibilités de colonisation de pays à faible densité de population (Australie, Amériques, Afrique du Sud), associé au chômage conduit à une forte vague migratoire. Elle est renforcée par l’idée que l’émigration permettra d’accéder à une nouvelle vie. Quelques 60 millions d’européens partent entre le début du XVI° et la 1ère WW. Les plus gros foyers d’émigration sont l’Italie (6 M), l’Espagne et le Portugal (3,5M) et la Russie (2M). Une partie des migrations n’est que temporaire et on estime à ¼ les retours. Les Etats-Unis sont le premier pays d’accueil et ils reçoivent env les 2/3 de l’émigration européenne (10M de 1900 à 1914). Ils sont suivis par l’Argentine, le Brésil, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. 2.2. Les échanges de marchandises Les X° de l’Europe quadruplent entre 1848 et 1875 puis doublent entre 1875 et 1915. Le commerce mondial est multiplié par six en volume entre 1860 et 1914 soit une croissance de 3 à 4% par an en moyenne. Ceci est très supérieur sur le long terme à la croissance de la production et ceci en dépit d’un retour au protectionnisme à la « Belle époque ». Le commerce mondial est dominé par l’Europe (58% du total et 83% des échanges de produits manufacturés).La GB, l’Allemagne et la France cumulent 44% du commerce mondial en 1900 et plus de la moitié avec les Pays-Bas et la Belgique (55,3%). Les Etats-Unis représentent 11% soit environ moitié moins que la part de la GB. En 1914 les principaux pays exportateurs sont la Grande Bretagne, l’Allemagne, les Etats-Unis et la France viennent ensuite l’Inde, le Japon, l’Argentine, la Russie… Les pays européens échangent principalement entre eux et un peu avec leurs colonies (sauf la Grande Bretagne avec l’Inde). Part des pays dans le commerce mondial (en%) GB France Allemagne Russie E-U Japon 1880 23 11 10 10 1913 16 7 12 4 11 1938 14 4 9 2 10 3 Le tableau montre le déclin relatif de la GB et de la France. Le taux d’ouverture des pays européens (X/PIB) passe de 7% en 1852 à 13% en 1914 alors que l’excédent commercial se transforme en déficit. La domination européenne devient encore plus évidente si on observe que l’Europe occidentale a organisé à son profit la division internationale du travail et qu’elle joue un rôle directeur dans le fonctionnement du système économique et financier mondial. Ceci se voit à partir de quatre caractéristiques : a) L’Europe du Nord-Ouest est l’usine du monde. Ses ventes se composent à 90% de produits manufacturés (90% du total des exportations) 17 HFE 2024-2025 b) Les prix directeur du commerce international se déterminent en Europe car celle-ci détient non seulement un quasi-monopole pour la fourniture de produits manufacturés mais pèse aussi sur les cours des produits bruts (sur les places boursières, Londres surtout). c) L’Europe a la maitrise des grands moyens de transport de masse ferroviaires et maritimes. Ceci lui donne un monopole sans partage des fonctions de transit et de redistribution des produits entre les différents marchés mondiaux. d) L’Europe assure à son profit l’équilibre des flux financiers internationaux. Bien que les balances commerciales des grands pays européens (RU, Allemagne, France) soient régulièrement déficitaires leurs comptes courants affichent un excédent grâce aux revenus tirés du fret, des assurances et des rentes des capitaux placés à l’étranger. 2.3. Les échanges de capitaux Les I et prêts extérieurs atteignent une ampleur sans précédent au XIX°. Il s’agit d’un mouvement de sortie des capitaux le plus massif de tous les temps. Les ¾ sont des I de portefeuille (cad des prises de participation inférieure à 30% du capital des entreprises) qui se dirigent pour 70 d’entre elles vers les infrastructures et les services collectifs (eau, énergie, téléphone, télégraphe mais aussi ports trains etc.), les industries de transformation, les industries extractives, les banques et assurances et les exploitations agricoles. Les destinations des capitaux sont l’Amérique du Nord (24%) et du Sud (17%), l’Asie (14%), l’Europe (13%), l’Afrique (11%) et l’Océanie (11%). Au total en 1913, les colonies britanniques ont reçu 22,5% des capitaux et les Etats-Unis 21,3%. A la veille de la 1ère WW la Gb, la France et l’Allemagne détiennent ensemble 83% de l’I international. Les capitaux français se dirigent surtout en Russie après l’alliance de 1894, en Espagne et au Portugal. Les emprunts russes ont une importance considérable car ils représentent ¼ des placements français (comptant eux-mêmes pour 1/5 des prêts internationaux). Ces emprunts seront répudiés en 1917. L’objectif initial de cet emprunt était d’aider la Russie (et le Tsar) de développer son pays. On assiste donc à cette période à un processus d’endettement massif qui contribue au développement des nouveaux pays (Canada, E-U, Amérique latine) et des pays en retard (Turquie, Egypte, Chine). La croissance avec endettement caractérise cette période. Le transfert de l’épargne des pays à excédent vers ce en déficit accélère la mise en valeur, la formation de l’industrie et la réalisation d’infrastructures. De nombreuses faillites font que certains prêteurs ne seront jamais payés, certains émigreront ensuite pour essayer de récupérer leur argent. Jusqu’en 1914, les E-U sont emprunteurs à l’Europe et préteurs en Amérique Latine et en Asie. Pour beaucoup de pays ces financements extérieurs n’ont pas permis le développement et ont entrainé une situation d’endettement continue (vers l’insolvabilité) et la dépendance (notamment au Moyen-Orient ou en Asie). 18 HFE 2024-2025 A cette époque les relations internationales sont violentes et le non-paiement peut entrainer l’intervention des préteurs et le renversement des régimes comme cela a été le cas en Egypte. On peut rapprocher cette période de mondialisation à celle des années 1990. Les effets économiques de la mondialisation sont discutés. Deux positions s’affrontent : Pour certains elle est positive et permet une meilleure division internationale du travail une hausse de la productivité et des niveaux de vie. Les pays à bas salaires vont se spécialiser dans les activités intensives en main d’œuvre ce qui permet aux pays riches d’utiliser leur main d’œuvre pour des activités plus technologiques. Les FMN exploitent mieux les économies d’échelle potentielles, les transferts de technologie sont facilités pour les pays en voie de développement et les pays riches ont des produits bon marché. La concurrence stimule l’innovation et fait baisser les prix. Le capital va vers les emplois les plus productifs. Pour d’autres la mondialisation présente des limites. Elle entraine une destruction d’emploi dans les pays développés ainsi qu’une baisse des salaires de la main d’œuvre peu qualifiée augmentant alors les inégalités sociales. Dans les pays les plus pauvres elle favorise l’exploitation des travailleurs (trappe à bas salaires ou à sous-développement). Les FMN (non contrôlées démocratiquement) organisent les délocalisations, pillent les ressources naturelles des pays les plus pauvres. Elles n’incitent pas au développement de la protection sociale, à l’instauration de normes et de droit du travail…. 5. La naissance de l’école néo-classique (1860-1930) La théorie néoclassique a pris naissance presque simultanément grâce aux travaux de Stanley Jevons, Carl Menger et de Léon Walras. Cette école a vu le jour sous le nom d'école marginaliste. Le nom de "marginalisme" provient de l'utilisation du raisonnement à la marge cad d'une analyse fondée sur les variations des grandeurs étudiées. La théorie néoclassique s'inscrit dans le prolongement de la pensée classique. Ces auteurs partagent, notamment, les principes libéraux développés par les classiques. Ils s'opposent cpdt aux classiques sur la théorie de la valeur. Les classiques ont développé la théorie de la valeur travail alors que les néoclassiques se fondent sur la théorie de la valeur utilité (l'utilité désigne la satisfaction retirée de la consommation d'un bien ou d'un service). La théorie néoclassique connaît aujourd'hui des développements très importants et constitue avec la théorie keynésienne (ou macro économie) l'un des fondements de la pensée éco moderne. Léon Walras (1834-1910). Eléments d’économie politique pure (1877). C’est le père du modèle d’équilibre général et de l’orthodoxie moderne. Pour lui l’économie est la théorie du fonctionnement du marché. L’économie globale peut être considérée comme un ensemble de marchés imbriqués. Jevons (1835-1882), 1865 The Coal Question Menger (1840-1921), 1871 : Principes d’économie politique Alfred Marshall (1842-1924). Les principes de l’économie (1890) : Réel père de l’économie néo- classique moderne il va le premier séparer l’économie de la philosophie et créer la première chaire d’éco à Cambridge. Il aura comme élève Pigou et Keynes. 19 HFE 2024-2025 C’est lui qui explique les mécanismes d’ajustement de l’offre et de la demande et qui en rejetant l’approche en terme d’équilibre général développe celle en équilibre partiel. Par ailleurs, alors que pour les classiques la valeur était déterminée par l’offre et pour les néoclassiques la demande il considère que l’offre et la demande sont comme deux lames d’une paire de ciseaux. Cependant, la demande l’emporte à court terme car il est impossible de réajuster l’offre. Prb principal des NC : Comment se réalise l’allocation des ressources ? Pour cela ils formalisent le fonctionnement des marchés et donc le cpt du Consommateur et du Producteur. - La notion d’utilité et d’utilité marginale : Résolution du paradoxe de l’eau et du diamant L’utilité désigne la satisfaction retirée de la C° d’un bien. Cette utilité est subjective et elle dépend de la rareté ressentie (l’homme dans un verger). L’utilité marginale est l’utilité de la dernière unité consommée. C’est le degré final d’utilité. Dans l’échange le consommateur va tenter d’égaliser Um et prix. -La formalisation du fonctionnement du marché Mécanisme de retour à l’équilibre Fonctionnement en équilibre partiel Condition d’obtention d’un équilibre général (hypothèses de CPP) Conclusion En définitive, à la veille de la 1ère WW le capitalisme est présent et continue à se transformer. Ses caractéristiques sont les suivantes : - l’intervention de l’Etat est croissant ce qui réduit le caractère libéral - la grande entreprise se développe et devient de plus en plus concentré. On est passé d’un capitalisme concurrentiel à un capitalisme à tendance monopolistique en raison de la concentration, La puissance européenne repose sur quatre piliers : 1. une force démographique remarquable. La population européenne, grâce aux progrès de l’alimentation et de la santé, a été multipliée par 2,5 au cours du XIX°. En 1900 l’Europe (y compris la Russie) regroupe 27% de l’humanité. 50 millions d’européens sont partis peupler d’autres régions du monde (25 millions sont partis aux EU en 1861 et 1910). 2. L’Europe dispose d’une avance intellectuelle et technologique accumulée depuis la Renaissance (fin XIV° au début du XVI°). 3. L’Europe dispose d’une puissance industrielle édifiée depuis la fin du XVIII°. En 1914 l’industrie occupe 54% des actifs en Angleterre, 33,5% en France. L’Europe a elle seule produit 44% de la P° industrielle mondiale. 4. L’Europe dispose de la suprématie monétaire qui s’exerce par le biais du Gold exchange standard. Cependant les pays ne sont pas tous dans la même situation : Des reclassements s’opèrent dans la hiérarchie des puissances au début du XX°. 20 HFE 2024-2025 - Le Royaume-Uni s’essouffle en raison de la concurrence industrielle mais reste puissant en raison de son empire colonial et de sa puissance financière, - la France à la Belle Epoque connait une période de prospérité mais elle a tendance à adopter une position défensive et recours au protectionnisme pour protéger son industrie fragile, elle place une partie de ses capitaux à l’étranger et se lance dans le colonialisme, - les Etats-Unis et l’Allemagne sont de puissantes économies industrielles dynamiques qui cherchent à conquérir des marchés pour développer leur puissance commerciale. Les Etats-Unis ont une approche productiviste et mise sur la compétitivité tandis que l’Allemagne a une approche plus dirigiste et soucieuse de la dimension sociale, - la Russie et le Japon rejoignent le camp des pays industrialisés. Enfin des zones d’ombre existent : - Malaise des agricultures européennes car elles n’ont pas su se moderniser au même rythme que l’industrie. L’agriculture n’assure pas l’autosuffisance des pays européens ni des revenus décents aux agriculteurs. - Une succession de crises cycliques d’origine spéculative. Ces crises montrent que les économies européennes ne sont pas encore rétablies de la grande dépression des années 1873 et 1895. - La montée de la contestation sociale accompagne le développement du prolétariat ouvrier. Les Trade Union se fédèrent en 1900. Les partis socialistes augmentent fortement leur audience. 21