La Méditerranée médiévale: espaces d'échanges et de conflits PDF

La Méditerranée médiévale : espaces d’échanges et de conflits à la croisée de trois civilisations  Problématique Contexte du début du Moyen Âge et de l’unité perdue du monde méditerranéen : 476 : royaumes barbares en Occident et empire byzantin en Orient....

La Méditerranée médiévale : espaces d’échanges et de conflits à la croisée de trois civilisations  Problématique Contexte du début du Moyen Âge et de l’unité perdue du monde méditerranéen : 476 : royaumes barbares en Occident et empire byzantin en Orient. VIIème siècle : affirmation conquérante de l’Islam. Quelles relations se nouent entre les trois grandes civilisations présentes dans l’espace méditerranéen au Moyen Âge ? Les trois civilisations au XIème siècle La civilisation byzantine : un Empire centralisé et orthodoxe issu de l’Empire romain Appelé le Basileus, l’empereur byzantin dispose du pouvoir politique, militaire et religieux (nomme le patriarche). Il règne depuis sa capitale Constantinople. Un espace riche mais en repli Constantinople est un carrefour stratégique et commercial à la jonction des routes asiatiques et européennes. Le lieu de conservation de la culture grecque. Mais le territoire de l’Empire se réduit peu à peu. Les Turcs prennent la ville en 1453.  La civilisation chrétienne occidentale Un espace morcelé politiquement entre les Vème et VIIIème siècles. De la tentative d’unité du monde occidental sous les Carolingiens aux IXème et Xème siècles. Vers les invasions (Vikings, Hongrois, Sarrasins) et la contraction du commerce aux Xème et XIème siècles. Rome est la capitale religieuse de l’ensemble. De l’ordre seigneurial à l’affirmation de l’autorité monarchique La Féodalité : l’organisation de la société médiévale repose sur des liens de dépendance d’homme à homme (de vassal à suzerain).  Le poids de l’Église L’Église, sous l’autorité du pape, assure l’unité de la Chrétienté occidentale. – Elle s’appuie sur un clergé nombreux qui encadre les pratiques des fidèles. – Des tentatives du pouvoir politique pour contrôler l’Église (querelle des Investitures avec le Saint-Empire). – La réforme grégorienne assure l’indépendance de l’Église.  Un espace en croissance économique A partir du Xème siècle, la croissance démographique et les progrès techniques permettent une hausse du niveau de vie. Au XIIème siècle, l’émergence d’un nouveau monde urbain joue un rôle crucial dans l’essor de l’artisanat et du commerce (ex. les villes de foires en Champagne). Le centre de gravité économique commence à se déplacer des campagnes vers les villes.  La civilisation arabo-musulmane Dans la péninsule arabique, la prophétie de Mahomet (571-632) donne naissance à une religion monothéiste, s’appuyant sur le message de Dieu contenu dans le Coran. L’islam repose sur 5 piliers : la profession de foi, la prière, l’aumône, le jeûne et le pèlerinage à la Mecque. Cette religion se propage rapidement sous l’impulsion des califes (successeurs de Mahomet, chefs politiques et religieux) qui proclament le Djihad. Ressource vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=X_Dh3sdi mEk La formidable extension de l’Islam En quelques décennies, les califes étendent le territoire de la Umma au détriment des empires perse et byzantin (bataille du Yarmouk, 636), mettent le siège devant Constantinople et poursuivent leurs conquêtes en Afrique du Nord, d’où ils envahissent l’Espagne (ils sont arrêtés par Charles Martel en 732, entre Tours et Poitiers). Ressource vidéo : https://www.youtube.com/ watch?v=P8alL7bNWr4  Particularités sociales et culturelles De l’importance des villes : Bagdad, Damas, Le Caire, Cordoue… témoignant de la richesse et de la splendeur du califat. Une avance marquée dans la culture et les sciences (héritages grec, hindou, perse et romain). Juifs et chrétiens en terre d’Islam : Les musulmans ne deviennent majoritaires dans l'espace islamique qu'à partir des XIIème‑XIIIème siècles. Chrétiens et juifs peuvent conserver leur religion en échange de leur obéissance aux pouvoirs islamiques : ils ont alors le statut de dhimmis.  Un monde musulman morcelé Au début du Xe siècle, l'empire se divise entre plusieurs califats rivaux : les Fatimides du Caire, les Omeyyades de Cordoue et les Abbassides de Bagdad. Profitant de ces divisions, de nombreux princes se déclarent indépendants. Ces divisions politiques se superposent à des divisions ethniques – entre Arabes, Berbères, Perses et Turcs – et religieuses : depuis le VIIe siècle, l'islam s'est divisé entre sunnites, chiites et kharidjites. Très vite, le chiisme se divise à son tour en plusieurs branches rivales.  Résumons dans un tableau Empire Byzantin Monde musulman Occident chrétien Dates fondamentales « Empire byzantin » à partir de A la mort de Mahomet (632), « Occident chrétien » à partir de 476. Disparaît en 1453 (prise de ses successeurs multiplient les 476, avec la chute de l’Empire Constantinople par les Turcs). conquêtes convertissant les romain et la création de peuples conquis à l’Islam. royaumes barbares. Capitale et organisation Constantinople. Dirigé par le Jusqu’au Xème siècle, dirigé Au début du IXème siècle, les politique Basileus, empereur représentant par le calife, successeur de royaumes germaniques réunis : de Dieu (pouvoirs quasi Mahomet, chef politique et l’Empire carolingien. Il éclate illimités). religieux (puis l’empire éclate en monarchies multiples, avec en 3 califats rivaux avec 3 Rome capitale religieuse. capitales). Évolutions territoriales A partir du IXème siècle, le Aux VIIème et VIIIème siècles, Nombreuses invasions aux territoire se réduit peu à peu les califes lancent le Djihad IXème et Xème siècles (invasions arabes, turcs), se (vers un immense empire du (Vikings, Hongrois, Sarrasins) réduit à l’Asie Mineure et la Moyen-Orient à l’Espagne). qui affaiblissent les rois. Les Grèce. seigneurs affirment leur pouvoir. Caractéristiques religieuses et Le Grec est la langue officielle. L’arabe est la langue des Le latin est la langue des élites. culturelles Les chrétiens orthodoxes (rites musulmans (soumis à la parole Les habitants sont chrétiens distincts des catholiques). de Mahomet contenue dans le catholiques, encadrés par Coran). Divisés en courants l’Église et le pape (renforce son (chiisme). autorité au XIème siècle). Des civilisations qui s’affrontent La prise de Jérusalem le 15 juillet 1099 (par Emile Signol, 1847).  Deux chrétientés distinctes et rivales Le schisme de 1054 : le pape Léon IX excommunie le patriarche Michel Léon IX est pape de 1049 à 1054. Il reproche aux Byzantins de développer des pratiques religieuses de plus en plus différentes des siennes. En raison de ses erreurs et de ses nombreuses autres fautes, notre seigneur le pape Léon avait fait des reproches au patriarche Michel. Mais celui-ci a négligé de demander pardon [...]. C'est pourquoi, voyant la foi catholique attaquée à Constantinople, le très vénérable pape notre seigneur a décidé d'exclure Michel de l'Église, s'il ne reconnaissait pas ses erreurs. Écrits concernant le schisme entre les Églises grecques et latines, XIe siècle, archives du Vatican Le sac de Constantinople par les croisés (1204) Les chrétiens venus d'Occident et les chrétiens d'Orient s'affrontent. Au lieu d'aller jusqu'à Jérusalem, le but de la croisade, les soldats chrétiens s'emparent de Constantinople en 1204. Cet épisode confirme la séparation entre les deux Églises, un siècle et demi après le schisme. Les chefs de l'armée franque engagèrent les Vénitiens à garder la mer et ils placèrent du côté de la terre des troupes considérables. Ils firent alors retentir leurs trompettes, déployèrent leurs bannières, marchèrent en ordre, les fantassins d'un côté et les cavaliers de l'autre, et commencèrent à piller la ville. Ils se répandirent ensuite dans tout le pays, à travers les villes et villages de la Romanie et détruisirent tout. Chronique de Morée, début du XIVe siècle.  Conflits entre Chrétienté et Islam Du VIIIe siècle au début du XIe siècle, la Méditerranée est contrôlée par les califes musulmans, même si l'Empire byzantin reste puissant. Au XIe siècle, l'essor économique et la croissance démographique de l'Occident entraînent la création de nouveaux royaumes chrétiens, conquis sur les pouvoirs islamiques ou byzantins et plus ou moins durables : la Sicile (1060), les États latins d'Orient (1098-1291), l'île de Chypre (1192-1571) ou encore l'Empire latin de Constantinople (1204-1261). En Espagne, les royaumes chrétiens du Nord font progressivement reculer les princes musulmans vers le sud de la péninsule : c'est la Reconquista.  Reconquista en Espagne Dès le VIIIème siècle, les rois catholiques d’Espagne entament une reconquête qui s’étend sur plusieurs siècles : – Tolède est reprise en 1085. – Bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. – Prise de Grenade en 1492.  La Première Croisade (1096-1099) 1095 : le pape Urbain II appelle à défendre les Byzantins (menacés par les Turcs) et à libérer Jérusalem. Promettant la rémission des péchés des « croisés », il entraîne le départ des seigneurs francs et de près de 35000 soldats. Ceux-ci parviennent à prendre Jérusalem (1099) et créent les États latins d’Orient.  Bernard de Clairvaux et la 2ème Croisade (1146-1149) En 1144, les Turcs seldjoukides de Zengi reprennent la ville d’Edesse. Fondateur de l’ordre du Temple (1120) et moine de l’abbaye de Cîteaux, Bernard de Clairvaux prêche la croisade dans le royaume de France et le Saint-Empire. Le roi Louis VII et l’empereur Conrad III prennent la croix et se dirigent vers la Terre Sainte.  L’échec de la 2ème Croisade Estimant être insuffisamment soutenus par l’Empereur byzantin Manuel Comnène, les croisés éprouvent d’immenses difficultés et renoncent à libérer Edesse. Ils se rendent finalement à Jérusalem et entreprennent le siège de Damas, qui se solde par un échec. Les forces des deux souverains rembarquent depuis Saint-Jean d’Acre entre septembre 1148 et avril 1149. L’Empereur Frédéric Barberousse (1122-1190), futur empereur germanique, participe à la 2ème croisade.  Renouveau du Djihad Rapidement, les États latins sont menacés. Zengi puis Saladin parviendront à unifier les forces musulmanes qui reprennent Jérusalem et remportent une bataille décisive à Hattin (1187). En cruel manque d’hommes et de renforts, les établissements croisés en Terre Sainte sont à la merci de leurs adversaires. Ils se retranchent derrière leurs immenses fortifications tout en essayant d’exploiter les divisions parmi les musulmans.  Les croisades, entre imaginaire et apports culturels Entre le XIIème et le XIIIème siècle, six autres croisades ont lieu pour porter secours aux États latins d’Orient. Détournée, la 4ème Croisade aboutit au pillage de Constantinople (1204). Les États latins disparaissent en 1291. La rencontre donne parfois lieu à des métissages culturels, à des transferts de techniques, à la prospérité du commerce.  Contacts et échanges pacifiques en Méditerranée La Méditerranée est un carrefour commercial. Latins, Byzantins et musulmans vivent dans des régions dont les productions, diverses, sont souvent complémentaires. L'Occident produit et exporte principalement des tissus manufacturés, du bois, du fer et des armes. Les terres d'Islam vendent de la laine, de la vaisselle en céramique, du sucre, du sel, de l'encens ou encore de l'alun, utilisé pour colorer les tissus. Les croisades favorisent Carte du commerce en Méditerranée, vers 1300 : Les produits de luxe, consommés par bientôt l’essor économique de l'aristocratie de toutes les régions, viennent de loin : l'or provient en grande partie d'Afrique subsaharienne, la soie de Chine, les épices d'Inde, l'ambre et les fourrures de nouvelles puissances. Scandinavie, l'ivoire de morse du Groenland. D'abord transportées par des caravanes terrestres, ces marchandises traversent ensuite par bateau la Méditerranée.  Le rôle des cités italiennes A partir du XIIIème siècle, le commerce en expansion autour de la Méditerranée est maîtrisé par plusieurs cités italiennes : Venise, Pise, Gênes. Celles-ci signent des accords commerciaux avec les califes et les empereurs byzantins, et installent des comptoirs au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Les puissances locales peuvent alors prélever des taxes sur le commerce, tandis que les marchands italiens s’imposent comme des intermédiaires incontournables entre toutes les rives de la Méditerranée. Comptoir : établissement de commerce dans un pays lointain, accordé par un prince à des marchands.  Venise, grande puissance maritime et commerciale Venise est un port d'Italie à bien des égards exceptionnel : installée sur de petites îles sableuses, au milieu d'une lagune, elle vit de la mer et du commerce. Dès le XIIIe siècle, bénéficiant de et participant à la reprise en main du commerce par les Latins, elle est l'un des plus grands ports de l'Occident, où se croisent des marchandises, des hommes et des savoirs venus de toute la Méditerranée et d'au-delà. Comment une ville fondée au VIe siècle dans une lagune hostile devient-elle à partir du XIIe siècle une puissance maritime dominante en Méditerranée ? Ressources : https://www.youtube.com/watch?v=nKWOTmQSU3Y (Venise au Moyen Âge) https://www.youtube.com/watch?v=f_892s3HXuE (la Méditerranée, espace d’échanges et de conflits)  L’art du commerce Les marchands médiévaux mettent au point de Ci-contre, Marco Polo (1254-1324). Marchand vénitien, il accompagne nouvelles techniques commerciales comme la son père et son oncle jusqu'en Chine lettre de change ou le contrat de commende pour en 1271, traversant toute l'Asie limiter les risques liés à la piraterie ou aux centrale par la route de la soie. Marco naufrages. Le développement de ces pratiques Polo se met au service de l'empereur mongol de Chine et reste en Orient favorise les affaires économiques. Les conflits pendant quinze ans. Revenu en Italie, militaires n'entravent pas réellement les activités il fait rédiger quelques années plus des marchands. tard son Livre des merveilles, dans lequel il décrit l'Extrême- Orient à Pour la plupart bilingues ou trilingues, les des Européens qui ne l'ont jamais vu. marchands mettent en place de grands réseaux Ce texte devient l'un des récits les professionnels, doublés de liens familiaux. Dans plus célèbres de l’époque. les ports se nouent des contacts, souvent amicaux, entre des marchands venus de toutes Lettre de change : ancêtre du chèque, la lettre de change permet d'éviter de se les rives de la Méditerranée. Une langue déplacer avec des sommes d'argent qui pourraient être volées. Arrivé à commune, qu'on appelle la lingua franca, destination, le porteur de la lettre la remet à un banquier qui délivre alors en apparaît au cours des XIIIe-XIVe siècles : liquidités locales le montant inscrit. mélange d'arabe, d'espagnol, de français, Commende : contrat d'association passé entre un individu riche avançant de d'italien et de portugais, elle témoigne de la l'argent et un marchand qui se charge de transporter ses marchandises et de les vigueur des échanges commerciaux. vendre à l'étranger.  Un espace d’échanges culturels Les affrontements militaires et les échanges commerciaux entraînent la circulation des hommes, des techniques et, surtout, des idées dans toute la Méditerranée. – La boussole et le papier sont par exemple deux inventions chinoises d'abord adoptées par les musulmans et qui parviennent par leur intermédiaire aux Latins aux alentours de 1200. – À partir du XIIe siècle, les Latins redécouvrent plusieurs auteurs antiques par l'intermédiaire de leurs traductions arabes. Les découvertes de mathématiciens comme al-Khwarizmi ou de médecins comme Ibn Sina (Avicenne pour les Occidentaux) influencent les sciences et les techniques occidentales. En Espagne ou en Sicile, des souverains chrétiens établissent leur autorité sur des terres autrefois musulmanes. Les rois chrétiens mettent à leur service les Traduction du Coran compétences, notamment administratives, des musulmans par Pierre le Vénérable, v. 1142. et des juifs. Dans ces espaces, on constate des métissages. En Espagne, par exemple, s'épanouit un art mudéjar marqué par la fusion des techniques musulmanes et chrétiennes.  La Sicile, carrefour de civilisations au XIIe siècle Sous la domination des Byzantins du VIe au IXe siècle, puis de divers pouvoirs islamiques jusqu'à la conquête normande du XIe siècle, la Sicile est un espace où les cultures occidentales et orientales se rencontrent et s'influencent. Sous le règne du roi Roger II (1130-1154), les différents peuples présents dans l'île coexistent, tout en gardant leurs langues et leurs droits. Pour le roi, il s'agit d'utiliser à son profit les compétences de chaque communauté. Chapelle du palais de Palerme en Sicile (1130): Le plafond en bois et les étoiles à Travail sur documents. Palerme, capitale huit pointes sont d’inspiration arabe ; les mosaïques d’or sont byzantines et le plan à trois nefs est latin. La calligraphie arabe se mêle aux inscriptions en grec et latin. multiculturelle de la dynastie normande des Hauteville (Le Livre Scolaire) : Géographe arabe, al- Comment les rois normands de Sicile promeuvent- Idrîsî rédige au ils une culture à la croisée de plusieurs mondes ? milieu du XIIe siècle un traité de https://premium.lelivrescolaire.fr/page/770 géographie intitulé Le 3776 Livre de Roger, car il est destiné à Roger II, roi de Sicile. Doc. 1 : Carte de Palerme au XIIe siècle Doc. 2 : Le couronnement de Roger II (1130), roi de Sicile, par le Christ Doc. 4 : Guillaume II, mourant, entouré de ses médecins arabes et juifs. Palerme, mosaïque de l’église de la Martorana, XIIé siècle. Questions : Comparer des documents 1. Doc. 1 et doc. 3. Pourquoi les lieux où l'on fabrique la soie sont-ils rattachés au palais royal ? 2. Doc. 3, doc. 4 et doc. 5. Décrivez la manière dont est composée la cour des rois Hauteville. 3. Doc. 2. Expliquez le message que le roi veut faire passer avec cette mosaïque. De quel style artistique est-elle inspirée ? 4. Doc. 5. Expliquez pourquoi, selon l'auteur, le roi de Sicile « ressemble aux rois musulmans ». Faire un bilan 5. Répondez à la problématique sous la forme d'un développement construit.