CM2 Histoire Médiévale PDF

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Ce document traite des luttes politiques, de l'empire, de la papauté et des monarchies pendant la période médiévale. Il explore comment le pouvoir s'organisait et les tensions qui existaient à cette époque.

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L2 CM2 Histoire médiévale 19/09/24 et 26/09/24 Luttes politiques: empire, papauté, monarchies *Comment s’organise le pouvoir? Quelles sont les te...

L2 CM2 Histoire médiévale 19/09/24 et 26/09/24 Luttes politiques: empire, papauté, monarchies *Comment s’organise le pouvoir? Quelles sont les tensions? Les premières ambassades sont envoyées par le pape. -L’empire Mongol à une vue impérialiste de son pouvoir, qui ne comprend pas le fonctionnement de l’organisation politique de l’Occident, et vice-versa. - Il y a une continuité d’une rivalité ancienne entre le pape et l’empereur - Emergence de nouvelles puissances politiques, telles que les monarchies françaises Capétienne, qui créer des tensions avec la papauté. - L’Aquitaine est la possession des rois d’Angleterre, mais fait théoriquement partie du royaume de France. Tout en sachant que le duc d’Aquitaine est également roi d’Angleterre. L’histoire d’un hommage vassalique que le roi de France doit au duc d’Aquitaine pose problème. Quant à la Péninsule Ibérique, elle prend de l’importance, les musulmans se cantonnent autour de Grenade. I/ Des papes et un empereur: le triomphe de la théocratie La théocratie c’est le pouvoir qui vient de Dieu. Au sein de la chrétienté, qui sépare le spirituel du temporel (Matthieu XXII, 21), la théocratie désigne l'État où la souveraineté s'exerce selon la loi divine. Que cette souveraineté soit tenue pour celle du Dieu des catholiques (les papes du Moyen Âge – Grégoire VII, 1073-1085 – visant à poser la fonction pontificale comme exerçant la plenitudo potestatis, car seule détentrice de la véritable souveraineté, celle de Dieu). a) Le pape, arbitre des pouvoirs Il y a une distinction à faire entre le pouvoir temporel: pouvoir dont dispose les autorités laiques et le pouvoir spirituel: pouvoir religieux détenu par le clergé, l’Église, le pape. La transmission du pouvoir temporel pose cependant problème. * Entre le pape et l’empereur: est ce que l’empereur tient son pouvoir de Dieu? La thèse pontificale (le pape) affirme que non, que c’est au pape et se considère comme le vicaire du Christ (vicaire= Prêtre adjoint à un curé pour desservir, sous son autorité, une paroisse, et le suppléer en cas d'absence ou de maladie.) En d’autres termes, que c’est le représentant du pouvoir. - Auctoritas= l’autorité qui confère la légitimité, que le pape revendique. - Potestas= le pouvoir concret, le pouvoir des armes. A besoin de la puissance des laiques, bien qu’il la possède. Une autorité sans puissance, c’est n’avoir aucun outil de gouvernement. Il faut donc conjuguer les 2 bouts. - La réforme Grégorienne (dès 1073) Cette réforme, c’est le nom donné au mouvement animé et dirigé dans la seconde moitié du XIe siècle par la papauté, particulièrement à l'initiative du pape Grégoire VII. L'objectif proclamé de la réforme grégorienne est de rétablir la discipline et de corriger les mœurs des clercs afin de mieux encadrer la société laïque et de faire davantage pénétrer dans les esprits et dans les âmes les obligations de vie découlant du dogme chrétien. Cette réforme est donc l’apogée, avec notamment Innocent III, arrivé sur le trône du pape à 37 ans, il est solide intellectuellement et juridiquement. Ce dernier est convaincu des principes théocratiques. - Innocent III: Lothaire, de la famille des comtes de Segni, élu pape le 8 janvier 1198 sous le nom d'Innocent III, est considéré comme le plus grand pontife du Moyen Âge. Il étudie la théologie à Paris et le droit canonique à Bologne, puis fait carrière à la curie et est nommé cardinal en 1190. Il voulait exalter au mieux la justice et la puissance du Saint-Siège de façon à renforcer la cohésion temporelle et spirituelle de la Chrétienté sous son autorité suprême. Mais il n'entendait pas exercer celle-ci d'une façon directe. Ainsi que l'expriment ses théories politiques inspirées de son maître Huguccio, il estimait que l'empereur et les rois tenaient directement de Dieu leur pouvoir et accomplissaient comme ils l'entendaient leur office dans leur domaine, de même que le pontife dans le sien. Concernant les armes du pape: - d’une part, le droit canonique, très développé et clarifié dès le XIIe siècle. Le droit canonique s’inspire du droit romain, mais sont les décisions que l’Église doit prendre en matière spirituelle: sacrements, mariage, excommunication, condamnation... - Le décret de Gratien à Bologne au XIIe siècle rassemble toutes les décisions de l’Église au fil des siècles. C’est une référence des décisions juridiques. Il s’enrichit des décisions pontificales, que l’on nomme des décrétales. L'auteur de l'ouvrage qui est devenu la base du droit canonique de l'Église latine, disparaît derrière son œuvre. Selon une biographie incertaine, Gratien fut proche de la papauté, moine à Bologne, et confirma à cette ville sa notoriété dans les études juridiques. Le premier titre du Décret indique sa finalité: Concordia discordantium canonum, c'est-à-dire «Concorde des canons discordants». Par rapport aux compilations précédentes, Gratien applique la méthode naissante de la scolastique aux textes de la tradition chrétienne (Pères, conciles, décrets des papes): résoudre les contradictions entre les canons anciens et réconcilier les doctrines. Ce faisant, il rassemble et unifie l'ensemble de la tradition canonique de l'Église d'Occident au temps des deux premiers conciles de Latran (1123 et 1139) qui réglaient les conflits ecclésiologiques nés de la Querelle des investitures. - Le pape intervient également par le contrôle du mariage, qui est considéré comme un véritable sacrement de l’Église dans les environs du XIIe siècle. Mais contrôler le mariage, c’est avant tout une affaire politique, d’alliance entre familles. C’est en quelques sortes un moyen de pression très fortes sur les hommes politiques. Avec l’exemple de Philippe Auguste, qui a dû démêler avec le pape par rapport à Ingerburge, sa femme qu’il tente de répudier. Il veut se re-marier avec Agnès, sa maîtresse de longue date. C’est une histoire banale à l’époque mais cette histoire est aussi un moyen de pression utilisé par le pape Innocent III contre l’empereur Philippe Auguste (le décridibiliser). Philippe Auguste est notamment dans une situation que l’on appelle «le Territoire frappé d’interdit», ce qui signifie qu’il n’y a plus le droit d’y avoir de sacrements, en théorie. Un territoire frappé d’interdit était soumis à une sanction imposée par l’Église catholique. Cette mesure suspendait toute activité religieuse dans la région concernée, affectant gravement la vie quotidienne des habitants, avec des interdictions telles que la suspension des baptêmes, des mariages et autres sacrements ne pouvaient plus être célébrés. Les églises étaient fermées et les cloches restaient silencieuses. Les cimetières étaient fermés, obligeant les habitants à enterrer leurs morts en dehors des terres consacrées. Mais, le fait de ne plus pouvoir baptiser représente pour les chrétiens la certitude d’aller en enfer, c’est donc une peine violente. L’interdit était alors un outil puissant utilisé par l’Église pour exercer une pression sur les autorités laïques et les amener à se conformer à ses exigences. Philippe Auguste remercie alors Agnès, et transige avec le pape. C’est la preuve d’une volonté du pape d’intervenir dans les affaires du royaume. -Le pape intervient aussi dans les systèmes féodaux-vassaliques. Dans le royaume de Sicile, lorsque les Normands s’y installent (la Sicile au sud de l’Italie), cela représente pour le pape un enjeu stratégique majeur. D’un point de vue géopolitique, c’est se retrouver entre le nord de l’Italie impériale et la Sicile. Cela traduit un intérêt mutuel entre les Normands et le pape. Le pape est suzerain de la Sicile, et dispose d’un droit de regard sur le souverain qui y règne. - Lors du meurtre de Thomas Beckett en Angleterre, le roi se met alors sous l’autorité du pape. C’est une sorte de système de vassalité vis à vis du pape. -Thomas Beckett: nommé chancelier du royaume en 1155. Ami intime du roi Henri II, Thomas devient archevêque de Canterbury (1162). Rompant avec son passé de clerc politicien, il prend la défense des intérêts de l'Église. En 1164, après avoir d'abord prêté le serment demandé par le roi, il s'oppose, quoique isolé, aux Constitutions de Clarendon, qui visent à subordonner la justice ecclésiastique à la justice royale. Il doit alors s'exiler en France, d'où il excommunie Henri II et ses serviteurs. Devant la menace de l'interdit, le roi propose à Becket de lui restituer son siège primatial. Rentré en Angleterre (1170), l'archevêque reprend la lutte, refusant d'absoudre les évêques excommuniés pour avoir assisté au couronnement du fils d'Henri II. Le 29 décembre 1170, quatre chevaliers du roi assassinent l'archevêque dans sa cathédrale. Son culte se propage très vite: Thomas est canonisé dès 1173. Son tombeau devint l'un des principaux centres de pèlerinage en Angleterre. Henri II s'y soumit à une pénitence publique en 1174. - Concernant l’arbitrage des candidats à l’empire, il est important de noter que le titre impérial n’est pas héréditaire. Il y a alors une procédure de désignation de l’empereur qui n’est pas encore bien fixée, la désignation est alors compliquée: il y a une élection entre les princes germaniques pour désigner un roi des romains. Le titre de roi devient ensuite officiel dès lors que celui-ci est sacré par le pape à Rome. - Au XIIIe siècle, Innocent III soutient Otton de Brunswick (futur Otton IV), puis il est excommunié. Cela pousse la candidature de Frédéric de Hohenstaufen, sacré roi des romain en 1212. Le pape Innoncent III est son protecteur. Pour lui, Frédéric est intéressant stratégiquement parlant: si il devient empereur, il ne peut pas être roi de Sicile ET empereur de l’Empire Germanique d’après le pape (ou plutôt ne doit pas). - La Croisade d’Innocent III (une guerre sainte et juste) en 1209 contre des dissidents chrétiens en Occident car il y a des hérétiques en Languedoc. Le comte de Toulouse semble les protéger. - 1208, incident majeur à Beaucaire: le légat du pape est assassiné. -1209: c’est la raison qui pousse le pape à lancer la Croisade. A la fin de son pontificat, le pape lance un grand concile oecuménique (convoquer tous les grands prélats, évêque, abbés de la chrétienté, exceptionnel et convoqué par le pape pour discuter des dogmes, du fonctionnement de l’Église. - Le pape n’est pas infaillible, en matière de dogme par exemple, il considère que le concile est plus légitime que lui. C’est le concile de Latran IV en 1215 à Rome. C’est un concile très important car prend des décisions fondamentales: hérésies, encadrement des fidèles. Il est considéré comme le grand concile du Moyen-Age. Cela montre également l’aboutissement de la théocratie. - 1216: Innocent III meurt. B) La lutte contre l’empereur L’empereur est Frédéric II, sacré en 1220 à Rome. Il y a des tensions entre lui et Grégoire IX. Frédéric II est connu comme ayant marqué son temps. Le pape Grégoire IX voulait qu’il renonce à la Sicile, mais ce dernier refuse. Pendant son règne, il est principalement en Sicile, il y installe un état très fort et centralisé (partage de l’état moderne). Il est imprégné de la culture Méditerranéenne, possède une grande culture et un grand savoir, notamment arabe et musulmane. Il est très ouvert aux savoirs et aux cultures méditerranéenne, et est réputé pour être très ouvert d’esprit (Il a notamment négocié avec le Sultan en 1229 afin de récupérer Jérusalem). - Le problème de la papauté: c’est d’une part cette menace en Sicile, mais aussi que Frédéric II refuse de dépendre du pape. - Frédéric refuse alors de partir en Croisade, comme le réclamait le pape. Cela génère une (première) excommunication de Frédéric II en 1227, qui est levée en 1230, puis ré-acté en 1239. L’Italie se retrouve alors déchirée politiquement entre l’empereur et le pape. On distingue: - les Guelfes: partisans du pape et -les Gibelins: les partisans de l’empereur. - L’opposition aboutit en 1235 lorsque le pape est déposé. - Le concile de Lyon de 1245: Frédéric II est déposé. (pas organisé en Italie car le pape est obligé de la quitter à cause d’affrontements violents des Troyens de Frédéric II). - La déposition de Frédéric II est symboliquement très forte: en effet, le pape se permet de déposer un empereur. Cela montre la montée en puissance de la théocratie. C) L’épuisement L’épuisement des deux partis. Le parti de l’empereur s’épuise à sa mort en 1250. - entre 1250 et 1273: il y a un grand inter-règne durant lequel il n’y a plus d’empereur. C’est alors une victoire de la papauté. - Le pape veut en Sicile quelqu’un qui lui est fidèle. - Clément IV en 1266 confie à Charles d’Anjou la Sicile (l’héritier du comté de Provence depuis son mariage avec l’héritière du comté de Provence), il lève une armée à la bataille de Bénévent et bat les héritiers de Frédéric en 1266. L’empire est fragilisé, mais la papauté aussi. -Les successeurs d’Innocent IV ne règnent pas longtemps et il y aussi beaucoup de contestations de l’Eglise. - 1274: concile de Lyon II se consacre à une triple tâche: les secours pour Jérusalem, l'union avec les Grecs (qui échouèrent) et l'élection pontificale, qui fut fixée dans des formes qui sont toujours en vigueur. Les Pères votèrent trente et un chapitres, ordonnèrent un conclave pour les élections papales et proclamèrent une croisade. - 1294: Celestin V est élu, mais ne supporte pas la politique romaine, c’est alors le premier pape à démissionner de sa fonction = trahit une papauté qui se cherche. Celestin V: Le 5 juillet 1294, il est élu pape pour succéder à Nicolas IV (mort le 4 avr. 1292), après un conclave de plus de deux ans. Consacré à Aquila le 29 août 1294, il passe les quelques mois de son pontificat soit à Sulmona, son abbaye, soit à Capoue ou à Naples. Sa totale inexpérience et sa simplicité font le jeu de son entourage, particulièrement de Charles II, roi de Naples. Conscient de son incapacité, Célestin V démissionne le 13 décembre 1294. - Il y a des nouvelles puissances qui montent. - En 1282: la révolte des Vêpres siciliennes qui conduit à une domination aragonaise sur la Sicile. La révolte des Vêpres siciliennes est une émeute durant laquelle furent massacrés les Français de Sicile, du 30 mars à la fin avril 1282. Elle éclata en pleines fêtes de Pâques, à l'heure où l'on sonnait les vêpres. Mouvement spontané déclenché par un incident (une fouille pour déceler les détenteurs d'armes), elle constituait une réponse aux exigences financières de Charles Ier d'Anjou, roi de Sicile. Après le massacre des Français de Palerme, le mouvement gagna toute l'île et fut repris en main par les nobles. Il servit les intérêts des rivaux de Charles d'Anjou et aboutit au couronnement de Pierre d'Aragon comme roi de Sicile insulaire. - 1285: nouveau roi est Philippe le Bel, mais la discussion reste difficile avec la papauté. Philippe le Bel: En 1284, le prince Philippe épouse Jeanne de Navarre, ce qui lui offre la couronne de Navarre et son fief, la Champagne. L’année suivante, il devient roi de France à la mort de son père. Philippe le Bel entreprend de contrôler davantage le clergé français, aux dépens du pouvoir du pape. Le roi estime qu’évêques et abbés lui doivent hommage et ne doivent en aucun cas agir contre les intérêts du royaume; de plus, en prévision d'une éventuelle croisade, le roi souhaite recevoir une aide financière substantielle du clergé de France. La définition de la place exacte du clergé français par rapport au roi et à Rome est ainsi au centre des affaires religieuses du règne. Les relations de Philippe le Bel avec la papauté s'enveniment notablement avec l'élection du pape Boniface VIII. Ce dernier, qui a succédé à Célestin V en décembre 1294 (à la suite de la renonciation de ce dernier), engage les hostilités à propos des contributions financières du clergé français (affaire de la décime, 1296-1297). La victoire du Capétien sur cette question amène Boniface VIII à calmer les tensions en canonisant le grand-père de Philippe le Bel, Louis IX (Saint Louis), en 1297. II) Des rois et un pape: l’affirmation de la monarchie capétienne a) Une monarchie consolidée -Au XIIIe, on observe un renforcement de l’autorité royale, qui passe par une grosse consolidation territoriale. Cela débute avec les victoires de Philippe Auguste lors de la bataille de Bouvine en 1214. La bataille de Bouvine: Victoire remportée par l'armée de Philippe II Auguste sur les troupes coalisées de l'empereur Otton IV, de Jean sans Terre et de Ferdinand (Ferrand) comte de Flandres. Pour la première fois figuraient des milices communales des villes du nord du royaume. Bouvines était considérée comme une victoire nationale. Elle établit la supériorité de la royauté capétienne sur les grands vassaux. Elle a eu un profond retentissement en Europe: en Allemagne, Otton IV a du céder la place à son rival Frédéric II, tandis qu'en Angleterre la défaite du roi Jean favorise la révolte des barons, qui lui imposèrent, en 1215, la Grande Charte des libertés anglaises. - La question de la rivalité avec l’Angleterre est cruciale, liée au fait que depuis le milieu du XIIe, les Plantagenêt sont très présents sur le continent. Aliénor d’Aquitaine a hérité du duché et s’est mariée avec Henri, roi d’Angleterre. - Pour contextualiser la situation, il est important de noter qu’à ce moment là, l’idée de monarchie s’impose et fait que le roi se positionne en supériorité par rapport au système féodal, ce qui est difficile à encaisser. - Concernant les cours françaises et anglaises, il s’avère que celles-ci sont très proches au niveau des alliances: mariages, et culturellement (valeurs, tradition chevaleresque, français employés à Londres etc.), ce qui traduit une proximité forte entre ces deux cours. (la séparation débute avec les conflits lors de la Guerre de Cent-ans). - Le sud et le comté de Toulouse faisait parti du royaume de France (au XIIe s’en était éloigné culturellement et politiquement). Au début du XIIIe, il y a l’affaire de l’hérésie albigeoise très présente dans le comté de Toulouse et protégée par l’aristocratie toulousaine, ce qui crée des problèmes, et entraîne notamment des Croisades. -La Croisade en question: La croisade contre les albigeois, prêchée par le pape Innocent III contre les hérétiques cathares et vaudois du Languedoc (terme qui n'apparaît qu'à la fin du XIIIe siècle dans l'administration royale) et contre les seigneurs et villes qui les soutenaient, a duré de 1209 à 1229. Elle a été menée d'abord par des seigneurs de la France du Nord avec des armées internationales, puis par le roi de France Louis VIII en 1226 et officiellement terminée par le traité de Meaux-Paris (1229) entre le roi de France (Saint Louis enfant sous la régence de Blanche de Castille) et le comte de Toulouse Raimond VII. Son importance tient d'abord au fait qu'elle est la première extension de la croisade en une lutte armée contre des hérétiques, à l'intérieur de la chrétienté. Outre cette signification religieuse et idéologique, elle a eu une grande portée pour l'histoire de l'unité française: elle a entraîné le rattachement effectif de la France du Midi à la France du Nord et elle a créé ou consacré, au sein de cette unification, des disparités économiques, sociales, politiques, culturelles, psychologiques, dont le retentissement est encore sensible aujourd'hui. - 1226: Louis VIII descend dans le sud dans le but de châtier le comte de Toulouse. Il fait le siège et parvient à prendre Avignon, ce qui entraîne la soumission des villes de Languedoc et des comtes de Toulouse (capitale du Languedoc). - 1229: Après la mort d’Alphonse de Poitiers, Louis VIII prévoit le rattachement direct du comté de Toulouse au roi de France. C’est après 1271 que l’intégralité du comté de Toulouse revient au roi. - Le domaine royal appartient directement au roi de France, et peut avoir des liens de vassalité avec d’autres, il ne peut pas en revanche être le vassal d’un seigneur, par exemple. Le roi est en position de suzeraineté. La politique de consolidation et d’extension territoriale est poursuivie par Louis VIII et Louis XI. Le renforcement de l’autorité royal dans le royaume: d’une part, la légitimité de la dynastie capétienne est désormais solide. Il y a la transmission de la couronne (l’héritier mâle succède au roi défunt). Mais au début du XIVe, cela ne se passe pas bien à cause de la mort des fils de Philippe Auguste. Il était le seul roi Capétien à ne pas avoir fait couronner son fils de son vivant, il n’en éprouvait pas le besoin car il était tout à fait sûr que son fils lui succéderai. - Concernant le prestige du sacre royal, ce n’est pas une spécification du roi de France (en plus du couronnement), il y a aussi une dimension religieuse. Le rituel se double d’une dimension miraculeuse avec pour objet: l’huile miraculeuse, sainte utilisée depuis Clovis, (roi mérovingien du V-VIe siècle). Cela donne au sacre une dimension forte et place le roi dans une position intermédiaire entre les laics et le clergé. Cela ressemble un peu au rituel de l’ordination des prêtres, notamment car le roi est censé faire des miracles, comme le fait de toucher les écrouelles par exemple: après avoir communié sous les deux espèces, le roi touchait chaque malade à l'endroit des plaies en traçant un signe de croix et prononçait la formule rituelle: «Le roi te touche, Dieu te guérit»; puis avait lieu une distribution d'aumônes. La croyance en un pouvoir guérisseur des rois est liée à la représentation que les peuples se faisaient de la royauté. Elle prend sa source dans la vieille mentalité germanique, attribuant à certaines familles, nées pour régner, une vertu sacrée, un pouvoir quasi divin; à cette croyance qui avait poussé la dynastie normande à se rattacher aux rois saxons et les Capétiens à se réclamer d'une filiation carolingienne était venu s'ajouter le cérémonial du sacre, véritable sacrement pour les théoriciens du pouvoir royal, qui faisait du nouveau souverain l'égal des évêques. Cela lui donne du prestige, mais aussi plus de liberté vis-à-vis du clergé et du pape. Le roi de France n’a en effet pas besoin du pape pour le rituel du sacre, considérant que sa légitimité lui vient de Dieu (et pas du pape, comme ce dernier le prétend) avec l’exemple de l’huile sainte qui descend du ciel. - Louis IX: ou Saint-Louis, roi de France (1226-1270) petit-fils de Philippe Auguste et grand-père de Philippe le Bel. Il a lancé des Croisades, dispose d’une réputation de piétée. Lorsqu’il est mort, il y a eu toute une entreprise de propagande royale pour défendre sa sainteté. Les proches du roi veulent entreprendre une démarche de canonisation, qui est officialisée en 1297, avec pour argument, la manière dont il a gouverné (justice etc...). Dès le XIIIe, le processus de canonisation est très encadré, en procédant à des enquêtes sur la vie et les miracles des personnes concernées (généralement défuntes). La canonisation du défunt roi Louis IX s’est faite tôt par rapport aux autres (1297, soit 30 ans après sa mort). Il a été canonisé par le pape, mais c’est avant tout une manière de donner des gages à la monarchie française. Sa canonisation fait qu’il y a désormais un saint dans la dynastie Capétienne, et donne au roi une dimension presque religieuse. Il a presque son mot à dire dans les affaires de l’Église. - «Le roi est empereur en son royaume»(d’après les légistes du roi Philippe le Bel) = reprendre à son compte une idée de souveraineté, en d’autres termes, personne ne peut-être au dessus du roi. En revendiquant sa souveraineté, les juristes du royaume récupèrent des armes contre le pape pour la défense du roi, du pouvoir royal. Le roi se détache de plus en plus du système féodo-vassalique: idée de souveraineté ou le souverain est au dessus des autres, et qui prétend intervenir directement dans les seigneuries et ses vassaux. - Le rôle grandissant des juristes (les hommes de la loi): affirment cette souveraineté royale, avec apparition du pouvoir législatif et des ordonnances royales. Exemple: ordonnance de 1230 sur les Juifs, qui à vocation de s’étendre sur tout le territoire. - Le domaine de la justice: domine la justice seigneuriale, mais désormais, la justice royale est au dessus de tout ça. Exemple: affaire Enguerrand de Coucy en 1259 , une affaire dont s’empare autoritairement Louis IX. Il fait arrêter le seigneur de Coucy et prétend vouloir le condamner à mort. Mais en réalité, le seigneur de Coucy écope d’une forte amende. C’est une affaire retentissante avec des enjeux politiques forts, dans laquelle le roi joue un rôle de justicier au dessus de tous pour affirmer son autorité. - On observe également l’interdiction des ordalies et des duels, qui traduit le passage d’une justice accusatoire (l’un accuse l’autre et la justice arbitre cette affaire), à une justice inquisitoire (= enquête, si il y a un délit ou un crime, une autorité publique mène une enquête et cherche à faire émerger la vérité). Cette justice donne plus de force à l’autorité du roi. Les ordalies et les duels, c’est l’idée d’une justice accusatrice ou lorsqu’elle est démunie, on fait appel au jugement de Dieu (jugé au XIIIe et remis en cause, puis de plus en plus interdit par les grands souverains). - ordalie: le mot «ordalie» désigne le «jugement de Dieu». - Un contre-exemple: la monarchie anglaise est soumise au règne féodal. Grande Charte de 1215: La Grande Charte de 1215, également connue sous le nom de Magna Carta, a été concédée par Jean sans Terre sous la pression des barons et de l'Église. Elle garantit à tous les hommes libres le droit de propriété, la liberté d'aller et venir en temps de paix, ainsi que certaines garanties du procès criminel. 2) Philippe IV le Bel et la souveraineté de l’État (1285-1314) -Dès 1285, le roi Philippe IV le Bel se heurte au pape Boniface VIII, autoritaire, convaincu et investi des principes de la théocratie. Il prétend avoir un rôle d’arbitre, de conseiller auprès de tous les princes. Avec Philippe le Bel, le conflit arrive très tôt. Il se prétend être le protecteur de l’Église dans son royaume, que le clergé doit lui être soumis, lui doit des comptes et de l’argent. Boniface VIII lui adresse une bulle (lettre papale) en lui parlant comme un à un fils en lui donnant des leçons sur comment gouverner, entre autre. - Affaire des décimes: Apparue en France en 1188 sous le nom de dîme saladine, créée par Philippe II Auguste pour financer la troisième croisade, la décime était, à l'origine, levée par le roi avec l'autorisation du pape et était, en principe, égale au dixième des revenus des biens ecclésiastiques. Sous Henri II, elle devint un impôt royal permanent levé avec le consentement de l'Église de France, mais sans l'approbation du pape. Le clergé payait au roi une décime ordinaire (fixée par le contrat de Poissy, 1561) et des décimes extraordinaires (tel le don gratuit), dont le montant était voté par les assemblées du clergé de France. Il procédait lui-même à la répartition de ces impôts entre ses membres et à leur recouvrement, et institua (1580, 1586) huit chambres des décimes qui jugeaient en appel tous les différends relatifs à ces contributions. - Affaire Bernard Saisset, évêque de Pamiers dès 1295: hostile aux hommes du roi de France et à sa politique. Il enclenche un procès à son égard, le ton monte entre le pape et le roi. I l est célèbre pour la part qu'il prit, en faveur du pape, dans les démêlés entre Boniface VIII et Philippe le Bel: celui- ci le fit accuser de haute trahison et le tint incarcéré jusqu'en 1308, date à laquelle l'évêque reprit possession de son siège. - Autour du roi: entreprise juridique et propagande politique pour accuser le pape d’être un sorcier, un magicien, un corrompu etc. On commence à dire que c’est Boniface VIII qui devrait réclamer un procès. Le pape publie une bulle: Ursam Sanctan ou il réaffirme sa supériorité sur le roi. Ce dernier réagit et envoie ses hommes en 1303 à Anagni (attentat d’Anagni) durant lequel les soldats font irruption chez le pontife pour lui faire un procès. Le pape parvient cependant à s’évader d’Anagni avec la complicité des habitants. Ce dernier meurt cependant quelques semaines plus tard, mais sa mort ne satisfait pas le roi. Il réclame au successeur du pape défunt, Clément V, un procès posthum. Ce dernier est archevêque de Bordeaux, élu pape car c’est un bon diplomate, un connaisseur de la rivalité entre la France et l’Angleterre, il sait que l’enjeu du moment est la négociation avec Philippe le Bel. - Philippe le Bel en rajoute une couche avec l’affaire des Templiers (affaire politique) durant laquelle a lieu l’arrestation de tous les templiers le 13 octobre 1307. Mais pour condamner un ordre tout entier, il lui faut l’appui du pape donc l’offre est transportée au concile de Vienne entre 1312 et 1313. La décision du concile ne condamne pas l’ordre et Clément V a réussi à garder la main sur l’affaire par le biais de ce concile. C’était d’ailleurs dans la perspective de préparer le concile de Vienne que Clément V a fait une escale à Avignon. -Origine des Templiers: L'ordre du Temple est né en Terre sainte, en 1119, après la première croisade, pour protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem. Le prestige des moines-chevaliers au manteau blanc frappé d'une croix rouge est immense pendant les deux siècles que durent les croisades... malgré la trahison du grand maître Gérard de Ridefort à la bataille de Hattîn, en 1187. Mais les musulmans finissent par chasser les Francs de Terre sainte et s'emparent de Saint-Jean- d'Acre le 28 mai 1291 malgré la résistance héroïque des Templiers. Au début du XIVe siècle, l'ordre du Temple, chassé de Palestine, n'en dispose pas moins encore d'une force militaire impressionnante de quinze mille hommes, bien plus que n'aurait pu en lever n'importe quel roi de la chrétienté. Mais, de soldats, les Templiers se sont reconvertis en usuriers et ont complètement perdu de vue la reconquête des Lieux saints. L'opinion européenne commence à s'interroger sur la légitimité du Temple. Le roi Philippe le Bel lui-même a souvenance que les Templiers ont refusé de contribuer à la rançon de saint Louis lorsqu'il a été fait prisonnier au cours de la septième croisade. Il entend aussi quelques méchantes rumeurs sur les moeurs prétendument dépravées et diaboliques des moines-chevaliers. Le roi presse le pape d'agir contre l'Ordre et, finalement, décide d'arrêter les Templiers sous l'inculpation d'hérésie, sans prendre la peine d'en référer au pape. C'est ainsi que tous les Templiers de France sont arrêtés au petit matin par les sénéchaux et les baillis du royaume au terme d'une opération de police conduite dans le secret absolu par Guillaume de Nogaret. Ils sont interrogés sous la torture par les commissaires royaux avant d'être remis aux inquisiteurs dominicains. Parmi les 140 Templiers de Paris, 54 sont brûlés après avoir avoué pratiquer la sodomie ou commis des crimes extravagants comme de cracher sur la croix ou de pratiquer des «baisers impudiques». L'opinion publique et le roi lui-même y voient la confirmation de leurs terribles soupçons sur l'impiété des Templiers et leur connivence avec les forces du Mal. Pour ne pas donner l'impression d'être désavoué, le pape choisit la fuite en avant et, le 22 novembre 1307, ordonne à son tour l'arrestation des Templiers dans tous les États de la chrétienté et l'ouverture d'une enquête sur leurs crimes supposés. Le roi obtient de Clément V la suppression de l'ordre, au concile de Vienne, en 1312. Elle est officialisée le 3 avril 1312 par la bulle «Vox in excelso», bien qu'il soit tout à fait exceptionnel qu'un ordre religieux soit purement et simplement dissous. Avec l'affaire du Temple, la monarchie capétienne montre qu'elle entend suivre son intérêt politique et ne plus se comporter en vassale de l'Église.

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