Chapitre 6 : Du Mercantilisme aux Physiocrates PDF
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Ce document traite du mercantilisme et de la physiocratie, des courants de pensée économique européens avec un focus sur l'histoire de l'économie européenne. Le document analyse le contexte historique, la doctrine et les différents types de mercantilisme.
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Chapitre 6 : Du mercantilisme aux physiocrates Table des matières Chapitre 6 : Du mercantilisme aux physiocrates 1 I- L’ère du mercantilisme : l’accumulation de métaux précieux 1 1. Contexte historique...
Chapitre 6 : Du mercantilisme aux physiocrates Table des matières Chapitre 6 : Du mercantilisme aux physiocrates 1 I- L’ère du mercantilisme : l’accumulation de métaux précieux 1 1. Contexte historique 1 2. La doctrine mercantiliste 2 3. Les différents types de mercantilisme à l’aune du mercantilisme moderne 3 4. Les limites du mercantilisme 4 II- La physiocratie 5 I- L’ère du mercantilisme : l’accumulation de métaux précieux 1. Contexte historique Le mercantilisme est un courant qui va dominer à la fin du 15e et au début du 16e siècle. Cette période est caractérisée par un rebond démographique (juste après la peste noire du moyen-âge), et donc en parallèle on a un redémarrage de l’économie. Cette expansion économique va être également accompagnée d’une expansion géographique et politique, car c’est la découverte de nouveaux territoires (Amérique, côtes africaines, ouverture de routes maritimes entre l’Asie et l’Europe). Ces découvertes vont transformer radicalement l’économie mondiale. Grâce à ces découvertes, il va y avoir une arrivée massive d’or et d’argent en Europe à partir de l’Amérique et l’Afrique. Cet afflux va être convertit en bijoux, mais surtout en monnaie qui était exclusivement métallique inflation. Entre 1450 et 1550, la masse monétaire en circulation en Europe a été multipliée par 8. A côté de ça, on a une période de monarchie, et les royaumes vont chercher à renforcer leur économie nationale, en passant par deux choses : - Investissement dans l’établissement de manufactures et contrôle des métiers - Solidifier les finances publiques (échec notamment en France) Également période où les royaumes cherchent à renforcer l’autorité du monarque : « l’État, c’est moi ! » (Louis XIV) avec renforcement de l’autorité monarchique aux dépens des institutions démocratiques. En France, deux personnages principaux à cette période - Richelieu (principal ministre sous Louis XIII) - Colbert (contrôleur général des finances sous Louis XIV) Ils ont soutenu une intervention étatique forte dans l’économie, et notamment à travers des politiques protectionnistes et un fort investissement dans les manufactures (en France notamment manufactures royales) Ces deux éléments sont centraux à la pensée mercantiliste 2. La doctrine mercantiliste Mercantile = quelqu’un qui est à la recherche d’un gain d’argent, préoccupé par le profit. Ça vient du latin merx/mercis : marchandise marchands/commerce A la fin, ça a pris cette connotation péjorative, finalité purement pécunière avec la recherche d’argent. 3 grands principes au mercantilisme : - L’économie ne peut connaitre la croissance que si la quantité de monnaie en circulation s’accroît - « Faites du commerce, pas la guerre » : l’objectif des mercantilistes est d’augmenter le stock de métaux précieux, en suggérant trois moyens : o Colonies (appropriation des territoires). Les mercantilistes vont chercher les territoires avec des mines d’or et d’argent. Exemple de l’Espagne et du Portugal qui vont coloniser les Amériques. o Guerres et indemnités de défaite (≠ faites du commerce pas la guerre ??? essayent d’éviter cette option au maximum) o Commerce international (qui répond au fait de ne pas faire la guerre) avec l’excédent de la balance commerciale. Pour permettre cet excédent, c’est là que les politiques protectionnistes vont jouer, avec des droits de douane (taxer les importations), politiques de contingentement (quotas), normes (on contrôle ce qui est importé) - Manufactures dirigées par l’État : l’objectif est de stimuler la production, avant tout destinée à l’exportation (// rôle du commerce international). L’État et le roi vont surveiller les quantités et la qualité des produits (pour être sûrs de trouver preneur) Dans le courant mercantiliste, le commerce international est un jeu à somme nulle (≠ théorie classique où c’est un jeu à somme positive, tous les pays sont gagnants). Il y a des perdants (balance déficitaire) et des gagnants (balance excédentaire). 3. Les différents types de mercantilisme à l’aune du mercantilisme moderne Trois types de mercantilisme qui se sont succédé : Le mercantilisme espagnol Le plus ancien et basique. On parle aussi de bullionisme (bullion = lingot) Son seul et unique objectif est l’accumulation de métaux précieux. Ce mercantilisme va se caractériser par la colonisation, ce qui va se traduire par le pillage de l’or des Incas des Mayas puis la chute de l’empire Inca et Aztèque. Le pilier est Hernando Cortes, conquistador espagnol, qui va détruire l’empire Aztèque avec une violence extrême. Le mercantilisme anglais Arrivé plus tard que l’espagnol, il est moins primitif est plus économique (en tant qu’activité, pas économe). On parle aussi de commercialisme Il ne repose pas exclusivement sur l’accumulation de métaux précieux. Il va également se concentrer sur les excédents commerciaux. Les moyens développés sont les politiques protectionnistes. Cette tradition mercantiliste chez les Anglais a été retrouvée au moment du Brexit (profondément ancré dans l’économie britannique) Le mercantilisme français : A comme personnage central JB Colbert. Il s’est beaucoup intéressé à la naissance de l’industrie, notamment aux manufactures royales. On va avoir dans le mercantilisme français une place importante donnée au commerce international via d’une part le protectionnisme, et d’autre part les manufactures royales. Ces manufactures vont être en situation de monopole, et sont dirigées par le pouvoir royal. Aujourd’hui, ce mercantilisme est toujours d’actualité en France notamment au niveau de notre système productif (entreprises avec actionnariat majeur de l’État) INSEE : l’État intervient dans 85 grandes entreprises françaises (dans des secteurs stratégiques). Aujourd’hui, encore 5 sociétés françaises sont 100% détenues par l’État (EDF, SNCF, France Télévision, RATP, Radio France). Le mercantilisme s’est exporté, et aujourd’hui certains pays ont une démarche extrêmement mercantiliste : Chine et États-Unis (notamment 1er mandat de Trump, « Make America Great Again ») 4. Les limites du mercantilisme Limite de nature logique Mercantilisme est caractérisé par une contradiction interne : tout le monde cherche des excédents commerciaux, on aboutit donc à du protectionnisme, et enfin à des guerres commerciales. Au final, le commerce international va se retrouver bloqué, et ça va être désastreux pour les populations qui vont connaitre une baisse de salaire. Limite de nature institutionnelle L’acteur principal, c’est l’État (pour le français notamment). Mais on est loin de l’essence même du mercantilisme, qui a comme racine le mot marchand, commerçant. Or là c’est l’État qui dirige tout. Limite de nature monétaire L’accumulation conduit à l’inflation. ce n’est pas pour rien que la pensée classique s’oppose au mercantilisme : pour eux la richesse vient de la production/marchandise, non pas de l’accumulation des métaux précieux. Cet afflux de métaux précieux va, en plus de l’inflation, avoir un effet ambivalent : - Effet négatif : Baisse de la valeur de la monnaie ce qui va être négatif pour les exportations, ce qui va rendre les économies moins compétitives. Les excédents commerciaux vont au final disparaitre. Pour maintenir cette compétitivité, on va rogner un maximum sur les salaires. - Effet positif (à CT) : les vendeurs vont être un peu gagnants. Mais à moyen terme ça va augmenter les coûts de production avec le surenchérissement des matières premières, et à LT effet négatif II- La physiocratie Mercantilisme s’essouffle à la fin du 17e siècle, avec une population qui souffre car réduite à l’extrême pauvreté, et surtout des royaumes qui dépenser toutes les richesses dans des dépenses luxueuses. C’est dans ce contexte que va naître la physiocratie. Baisse tendancielle du taux de profit Malthus : 🡺 un cercle vicieux va s’enclencher via la croissance géométrique de la population car ça va créer des pénuries, on va mettre en culture des terres de moins en moins fertiles, ça va coûter de plus en plus cher, et non seulement le capitaliste doit verser un salaire plus élevé, et à côté avec ces pénuries le niveau du salaire de subsistance de base a augmenté. Pourquoi ça coûte plus cher au capitaliste alors que si terres moins fertiles, y’aura besoin de moins de personnes pour les cultiver Contexte spécifique à la France : On est sur un système productif avec grandes manufactures royales, grâce auxquelles elle va avoir une grande place dans le commerce international. Cependant, l’économie française est avant tout toujours agricole. Mais c’est une économie agricole bcp moins productive que celle anglaise. Cette production agricole pas vraiment satisfaisante va amener certains penseurs à réfléchir sur la problématique de la terre et du travail. 2. Les précurseurs a. Pierre Le Pesant de Boisguilbert « TOUT le monde veut être riche, etréfére la plupart ne travaillent nuit et jour que pour le devenir ; mais on se méprend pour l’ordinaire dans la route que l’on prend pour y réussir » L’erreur, dans la véritable acquisition de richesses qui puissent être permanentes, vient, premièrement, de ce que l’on s’abuse dans l’idée que l’on se fait de l’opulence, ainsi qu’à l’égard de celle de l’argent. Il s’en prend directement aux mercantilistes (richesse = accumulation de métaux précieux) 🡺 la richesse n’est pas dans l’accumulation des métaux précieux 🡺 l’État ne permet pas de résoudre les problèmes économiques (étouffe la production) (les règlements et l’impôt) Conception de la société de Boisguilbert (en deux groupes) - Les producteurs : Tout en haut de la hiérarchie il met les paysans qui pour lui sont les plus utiles à la société. Tout en bas il met les comédiens. - Les parasites : les hauts fonctionnaires, les membres du clergé Dans ses écrits il va chercher à améliorer le bien-être des producteurs, en recommandant deux mesures : - Créer un impôt sur le revenu qui serait payé par tous, et y surtout les parasites qui devraient y contribuer + fortement - Favoriser la concurrence (≠ mercantilisme et protectionnisme) et en finir avec le monopole des manufactures idée de favoriser l’atomicité des marchés b. Sébastien Le Prestre de Vauban Architecte, ingénieur, infrastructures militaires pour le royaume de France La dime royale (1698). Dime = Impôt sur les récoltes. Aujourd’hui elle fait référence aux travaux d’Arthur Laffer (trop d’impôt tue l’impôt). On y retrouve cette même idée chez Vauban. Il va bcp insister sur la problématique de l’impôt, et dit que tout le monde (y compris les plus riches) doit y contribuer. Il ira même plus loin en parlant d’impôt pour tous proportionnel au revenu. « une obligation naturelle aux sujets de toutes conditions de contribuer à proportion de leur revenu ou de leur industrie sans qu’aucun d’eux s’en puisse raisonnablement dispenser ». « l’exemption de contribution est injuste et abusive » Il prévoyait un impôt moral sur les perruques Il accorde via l’impôt une place importante à l’État 3. François Quesnay et les principes fondateurs de la physiocratie Ce terme de physiocratie n’a pas été choisi au hasard. C’est un courant de pensée qui accorde une place centrale au secteur agricole. Le terme de physiocratie, on le doit à Du Pont de Nemours = « gouvernement de la nature » Courant de pensée qui a mis du temps à s’imposer et qui n’a pas été très bien accueilli, voire au début c’était considéré comme des développements relatifs à une secte. Heure de gloire de la physiocratie qui commence avec la publication en 1758 du Tableau économique (Quesnay). Elle va se stopper avec La richesse des Nations. C’était le barbier du roi de France Louis XV. C’est comme un chirurgien (à l’époque les chirurgiens pratiquaient la saignée, pratiquée à des fins médicales car on croyait que ça évacuait les bactéries) Via son métier, il a bcp étudié la circulation sanguine. Finalement il a appliqué cette idée de circulation pour théoriser le système économique de son époque. Il a théorisé la circulation des biens dans une économie. Sa méthode (moderne car scientifique) : 1- Analyse de la réalité économique qui conduit à l’énoncé d’une théorie 2- Vérification expérimentale de la théorie 3- Énoncé d’un ensemble de recommandations propres à résoudre le problème exposé dans la théorie pour faire en sorte qu’elle soit toujours vérifiée en tout temps et en tout lieu lois universelles 4- Un exposé scientifique après du grand public à travers des livres, articles, revues … afin de provoquer la volonté d’agir des décideurs et l’adhésion des populations Ses grandes idées : - L’existence d’un ordre naturel : parce qu’il y a un ordre naturel, il existe donc des lois économiques. Le rôle des physiocrates est d’énoncer, révéler, et démontrer ces lois Parmi les composantes de cet ordre naturel, on a la propriété : tout homme a le besoin de posséder - Le produit net : c’est le résultat du travail de l’agriculture. C’est la différence entre la valeur de la récolte et les semences plantées + l’entretien du paysan pendant 1 an (salaire, moyens de production…) Répartition du produit net : Classe productive (paysans : sans eux le produit net n’est pas possible), classe stérile (artisans : se contentent de transformer la richesse ; commerçants : transfèrent les richesses), classe des propriétaires (noblesse et église : ils mettent à disposition pour les paysans l’outil de production et notamment la terre) - Le circuit économique : on a des flux qui se font entre différentes classes sociales, par lesquels le produit net va être réparti dans l’économie - La défense du libre-échange : à la fois au sein du pays et entre les pays. Avec le libre-échange, les paysans voudront satisfaire la demande internationale, et donc seront encore plus productifs. Le libre-échange est vu comme un facteur décisif, avec avant tout une vision de l’offre, car ils voient dans le libre-échange non pas un moyen de faire baisser les prix, mais au contraire comme un moyen d’augmenter les débouchés pour les producteurs et donc pour l’offre. Adossés à ses principes fondateurs, les physiocrates vont défendre un certain nombre de réformes : - Ils souhaitaient abolir toutes les restrictions à la circulation des biens, ils réclamaient notamment l’abolition des droits de douane. ➔Sur ce point, ils sont en opposition frontale au mercantilisme. - Également, les physiocrates voulaient établir une fiscalité fondée sur la propriété foncière pour inciter les propriétaires fonciers à exploiter au maximum leurs terres, et donc les louer aux paysans et non les laisser en jachère. En effet, si ces derniers ne les exploitaient pas, ils ne pourraient pas payer l’impôt et seraient donc dépossédés de leurs terres. On a donc à faire à un impôt incitatif. Pour Quesnay, cet impôt ne devrait pas dépasser un taux de 30% des loyers perçus auprès des paysans qui paient pour exploiter la terre des propriétaires fonciers. Pour finir sur la physiocratie. Avant ce courant, les intellectuels ne s’étaient pas préoccupés d’analyser les lois qui régissent le fonctionnement de l’économie, ils se contentaient d’observer quelques phénomènes économiques ou émettre leur avis sur certains comportements économiques. Ce n’est qu’avec la physiocratie que les premiers économistes apparaissent et orientent leurs recherches vers une compréhension globale du fonctionnement de l’économie. Ces réflexions ne deviennent pleinement une science que vers la fin du XVIIIème siècle quand Adam Smith, fortement influencé par les travaux scientifiques d’Isaac Newton, trouve des lois universelles qui expliquent la circulation des richesse et l’évolution économique.