Décarbonation et stratégie d'entreprise PDF - FEDE 2024
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Académie de Paris
2024
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Summary
Ce document de la FEDE de 2024 explore la décarbonation et la stratégie d'entreprise au sein de la transition écologique. Il présente les enjeux, les défis et les opportunités qui se posent aux entreprises. Le document aborde les risques, les leviers et les solutions pour un changement systématique de la société, incluant des questions et exercices.
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UC A4/5 Les entreprises et les enjeux de la transition écologique FICHE THÉMATIQUE /7 Décarbonation et stratégie d’entreprise En qu...
UC A4/5 Les entreprises et les enjeux de la transition écologique FICHE THÉMATIQUE /7 Décarbonation et stratégie d’entreprise En quelques mots… La transition écologique est une étape cruciale à l’échelle mondiale pour limiter et éviter des crises environnementales majeures. Divers acteurs jouent un rôle essentiel dans la promotion et la réalisation de cette transition, parmi lesquels les entreprises occupent une place centrale. En effet, ces dernières sont à la fois partie du problème environnemental et partie intégrante de la solution. Le cadre général (économique et législatif) doit bien entendu accompagner leur transition, mais elles ont une responsabilité forte en termes d’innovation technique, environnementale, économique et sociale. Il est indéniable que tous les secteurs d’activité sont appelés à engager cette transition, que ce soit par nécessité, en réaction à des crises ou à des évolutions législatives, ou de manière proactive en anticipant et en élaborant des stratégies pour relever ces nouveaux défis. Pour les entreprises, l’enjeu est de taille. Qu’elles y soient contraintes par des impératifs environnementaux, Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. énergétiques ou juridiques, ou qu’elles choisissent de s’engager volontairement, elles doivent se réinventer et proposer de nouvelles solutions si elles souhaitent perdurer et devenir plus résilientes face aux perturbations futures. Celles qui ne parviendront pas à anticiper cette transition risquent fort de disparaître au cours des prochaines décennies. Quels sont les risques, les opportunités, les leviers et les solutions, autant de questions ouvertes pour ce changement systémique de société qui se dresse face à nous. w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 1 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles UC A4/5 Décarbonation et stratégie d’entreprise FICHE THÉMATIQUE /7 Faits et chiffres D’après les données de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), l’Union européenne à 27 a généré environ 3,31 milliards de tonnes d’équivalent CO2 en émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2021 Entre 1990 et 2020, l’Union européenne a accompli une réduction de 32 % de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), dépassant largement l’objectif de réduction initialement fixé à - 20 % Au rythme actuel, la réduction des émissions atteindrait 41 % par rapport à celles de 1990, ce qui reste nettement en dessous de l’objectif contraignant de l’Union européenne, fixé à 55 % Le dioxyde de carbone a la plus grande incidence sur les émissions de gaz à effet de serre D’après les données d’Eurostat, les émissions de gaz à effet de serre sont principalement attribuables dans l’Union européenne à la combustion de carburants. Cette combustion se manifeste dans divers secteurs, notamment la production d’électricité, de chaleur et d’autres combustibles dérivés (23,3 %), le transport de marchandises et de personnes (23,2 %), l’utilisation d’électricité et de chaleur par les ménages, les commerces et les institutions (15,4 %), ainsi que par les entreprises pour la production de biens ou la construction de bâtiments et d’infrastructures (12,1 %). Les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’exploitation forestière ont contribué à hauteur de 11,4 % des émissions en 2020, tandis que les procédés industriels (notamment la fabrication de minéraux tels que le ciment, de produits chimiques et de métaux) représentaient 9,4 %, et la gestion des déchets 3,3 % Pourquoi cette thématique ? La transition écologique à l’échelle mondiale dépend en grande partie des entreprises, qui jouent un rôle central en raison de leur capacité d’innovation, de financement et de création d’emplois. Chaque secteur d’activité peut apporter sa contribution à cette transition, que ce soit en réduisant directement les émissions (dans les domaines de l’industrie, des transports, de l’agriculture, de la construction, du numérique, etc.) ou en fournissant des fonctions de soutien (dans les domaines du numérique, de la finance, de la culture, etc.). Le comment reste entier, chaque secteur possède déjà de nombreuses solutions, leur mise en place doit s’accélérer, mais beaucoup de choses sont encore à inventer. Une entreprise qui anticipe les conséquences environnementales à venir, qui utilise moins de ressources, qui est moins dépendante de longues chaines d’approvisionnement ou des énergies fossiles, sera bien plus résiliente face aux crises à venir, et se retrouvera en position de force par rapport à ses concurrents. Les futurs professionnels doivent acquérir une solide compréhension de ces enjeux, leur permettant ainsi de prendre des décisions stratégiques essentielles pour assurer le succès et la pérennité de leurs organisations. Les informations clés Enjeux sectoriels de la transition écologique et trajectoires La transition écologique à l’échelle mondiale est une nécessité pour limiter les crises écologiques. En 2015, les accords de Paris signés lors de la COP21 sont un marqueur temporel de cette transition avec un objectif Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. clair : limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à 1850 et au pire +2°C. Pour cela, la neutralité carbone (pas plus d’émissions de CO2 que ce que les puits de carbone ne peuvent absorber sur une année) à horizon 2050. Cela implique une réduction massive et immédiate des émissions de GES à l’échelle mondiale. Pour atteindre cet objectif, il sera nécessaire de décarboner simultanément tous les secteurs d’activité. Avant de s’intéresser aux leviers de décarbonation des entreprises pour chaque secteur d’activité, il est important de savoir d’où l’on part. Les énergies fossiles étant la principale source d’énergie et donc d’émissions à l’échelle mondiale, on re- trouve une répartition de cette utilisation et combustion d’énergie par secteur selon le World Ressource Institute synthétisé par ourworldindata. w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 2 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles UC A4/5 Décarbonation et stratégie d’entreprise FICHE THÉMATIQUE /7 Une fois les émissions ventilées par secteur, le rapport du GIEC AR6 Technical Summary nous indique p.66 que l’industrie représente 34% des émissions, l’agriculture 22%, le transport 15% et le bâtiment 16%. Ces données sont mondiales et vont varier en fonction des pays et de leur mix énergétique par pays, certains pays ayant une électricité plus décarbonée par exemple. Le rapport net zero de l’IEA propose p.100 un gra- phique de transition par secteur à l’échelle mondiale pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, répartition et objectifs de baisse par secteur que l’on retrouve également dans le rapport du GIEC AR6 RID. Enfin, l’outil carbon monitor permet d’avoir les évolutions mondiales par secteur pour chaque année. Les enjeux globaux pour les différents secteurs sont détaillés dans le rapport AR6 RID. Le secteur énergé- tique doit principalement remplacer les énergies fossiles par les énergies bas carbone, doublé d’une limita- tion de la consommation d’énergie finale (efficacité et sobriété énergétique). L’industrie va devoir revoir sa chaine de valeurs, pour consommer moins d’énergie, moins de matières et de ressources avec notamment l’économie circulaire. L’utilisation de l’hydrogène pour la métallurgie, l’évolution des process pour le ciment ou son remplacement par des matières alternatives, le recyclage, l’électrification des procédés et l’utilisation de matières premières biologiques sont autant de pistes pour réduire les im- pacts et les émissions de l’industrie. Le secteur du bâtiment a un rôle clé à jouer, mais fait face à de nombreux défis. Les constructions neuves doivent répondre à l’utilisation de nouveaux matériaux, la génération d’énergie renouvelable, une consom- mation d’énergie réduite par la conception, mais il faut garder en tête qu’un bâtiment se construit sur plu- sieurs décennies, il sera donc capital de réaliser un changement des systèmes de chauffage et une isolation des bâtiments existants. Le secteur du transport peut engager sa décarbonation via un changement des comportements pour limiter les déplacements et les distances. Ceci doit s’accompagner de politiques publiques favorisant les trans- ports en commun. L’électrification des transports représente le plus fort potentiel de baisse des émissions, les biofuels et les véhicules hydrogènes offrant un potentiel moins important, mais qui pourra s’additionner. L’agriculture a un rôle capital à jouer. En plus de réduire ses émissions, elle permet également de stocker du carbone ou de produire de l’énergie. Un vrai enjeu d’allocation des terres existe néanmoins. Une surface allouée à la production de nourriture ne peut permettre de créer, de l’énergie, de stocker du carbone ou de produire des matériaux biosourcés, l’allocation de terres est donc centrale dans la transition. Un change- ment des pratiques agricoles (agroécologie et cultures sans intrants ou pesticides), des régimes alimen- taires avec la diminution de la consommation de viande et la réduction du gaspillage sont autant de leviers complémentaires pour permettre la transition du secteur. Les aires urbaines et les collectivités doivent également se réinvente. En faisant évoluer les modes de dépla- cement, la longueur des chaines d’approvisionnement, l’adaptation au changement climatique, la végétali- sation, autant de leviers pour accompagner la réduction des émissions des différents secteurs. La transition est nécessaire, elle s’engage progressivement à l’échelle mondiale et dans les secteurs d’acti- vité. Les entreprises sont au centre de cette mutation, en étant actrices ou en subissant ces changements suivant les choix stratégiques, ce qui va présenter de nombreux risques et opportunités pour ces dernières. Risques et opportunités pour les entreprises La transition écologique est incontournable, que ce soit en raison de préoccupations environnementales telles que le changement climatique et la perte de biodiversité, de contraintes liées à l’épuisement des res- sources fossiles et minérales, de la limitation du renouvellement des ressources renouvelables, de la législa- tion qui soutient cette transition, ou encore des attentes changeantes des consommateurs face à ces défis. Ces changements en cours et à venir avec une perspective de fin de l’abondance sont des sources de me- naces et d’opportunités pour les entreprises. Une entreprise qui dépend de longues chaines de valeurs, d’une quantité importante d’énergie et de matières premières, ou qui aura ses sites sur des zones menacées par l’évolution du climat, va nécessairement se retrouver menacée dans les prochaines décennies. Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. Zoomons sur la raréfaction des ressources fossiles et notamment du pétrole largement documentée sur les fiches précédentes et les travaux du think tank The Shift Project. Une entreprise de logistique (transport rou- tier) dépendant largement du pétrole va être soumise à des risques de rupture d’approvisionnement éner- gétique ou une variabilité importante des prix du pétrole, et donc voir son modèle d’affaires menacé et dans un premier temps la rentabilité de son entreprise affectée. Toujours sur le pétrole, une entreprise de textile qui dépend de la pétrochimie pour réaliser des fibres textiles, avec des chaines d’approvisionnement néces- sitant des transports à travers le globe via des porte-conteneurs fonctionnant au pétrole, avec des produits fabriqués dans des pays fortement exposés aux conséquences du changement climatique au Bangladesh par exemple (inondation, chaleur humide, canicules...), pourrait se retrouver en incapacité de produire, en incapacité de transporter, ou voir les prix de ses produits affectés fortement mettant à mal tout son modèle économique. w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 3 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles UC A4/5 Décarbonation et stratégie d’entreprise FICHE THÉMATIQUE /7 Pour chaque secteur d’activité, pour chaque entreprise, il est possible de trouver de nombreux facteurs de risques pouvant menacer le modèle d’affaire des entreprises, qu’ils soient énergétiques, matériels, légis- latifs, environnementaux et climatiques, ou encore par des changements d’habitude des consommateurs. Plus une entreprise anticipera ces risques et préparera sa mutation, plus elle sera résiliente face à ces muta- tions, et plus elle transformera ces changements en opportunité et en avantage concurrentiel. Des initiatives de prospective arrivent progressivement en ce sens, avec Eco-act par exemple qui intègre ces facteurs de risques et la vulnérabilité de l’entreprise face à ces changements, ou encore la méthode Ocara qui permet de déterminer la résilience d’une entreprise face à ces enjeux. La résilience nécessitera de s’appuyer sur plusieurs fondements, l’adaptation au changement climatique et la réduction des dépendances matérielles et énergétiques fossiles, avec notamment l’économie circulaire et le bilan carbone, nous y reviendrons. Les entreprises peuvent voir tous ces changements comme une contrainte et une menace, mais elles peuvent aussi le voir comme une opportunité de réinventer leur business model, d’innover et de faire évoluer leurs pratiques au service de la société et de l’environnement. Mais surtout, les entreprises ont un rôle clé à jouer dans cette transition. Pour chaque secteur, tout reste à inventer, l’innovation technique, sociale, socio- logique et de gouvernance devra se faire partout pour réussir cette transition. Les secteurs d’activité devront se transformer, et de nouvelles industries verront le jour. Par exemple, dans le domaine des transports, les professions liées à la mobilité durable, telles que les vélos électriques et les vélos cargo, connaîtront une forte croissance, tout comme la récupération et le recyclage des métaux, no- tamment pour la fabrication de batteries. Dans l’agriculture, de nouvelles pratiques (agroforesterie, perma- culture) vont permettre à de nouveaux métiers d’apparaitre. Le secteur de l’énergie va également présenter de nombreux défis, innovations et métiers à faire émerger. Dans la réutilisation des ressources, la gestion et la réutilisation des déchets vont permettre à de nombreux métiers et initiatives d’apparaitre, avec l’éco- conception pour consommer moins de matière première, mais aussi en les recyclant, avec des enzymes par exemple. Le Shift Project a fait un scénario de prospective pour la France en transformant tous les secteurs, près de 800 000 emplois disparaitraient, mais plus de 1million seraient créés avec de nombreux nouveaux métiers et des besoins importants en formation. Le modèle économique actuel tend à maximiser les revenus de l’entreprise sans tenir compte des limites planétaires et une croissance permanente malgré les transformations citées ci-dessus s’avérera insuffi- sante pour respecter les accords de Paris et les limites planétaires. Face à ce constat, de nombreuses en- treprises remettent en cause leur modèle et proposent des alternatives à la raison d’être de l’entreprise. On trouve par exemple la proposition de l’entreprise contributive ou l’entreprise régénérative de la Convention des Entreprises pour le Climat qui ne mettent plus la croissance et le profit au centre du modèle d’affaires, mais de faire tenir l’activité de l’entreprise dans les limites planétaires et de régénérer les écosystèmes. On trouve également les entreprises à mission ou les entreprises à but lucratif limité dans l’économie sociale et solidaire où les bénéfices sont investi au service du social et de l’environnement, ou encore les entreprises qui se dirigent vers le low-tech. La pérennité même des entreprises est en jeu. La mauvaise nouvelle est qu’actuellement la majeure partie des entreprises ne sont pas calibrées pour respecter les Accords de Paris ou rester dans les limites plané- taires et pour ainsi dire aucune entreprise n’est prête à s’adapter à toutes les conséquences du changement climatique ainsi qu’à la raréfaction des ressources énergétiques et matérielles. La bonne nouvelle est que tout reste à inventer et que les alternatives se multiplient pour répondre à ces enjeux. Les leviers de décarbonation et enjeux par secteur Lors de leur transition vers une économie plus écologique, les entreprises devront incontestablement réduire leurs émissions de carbone. Étant donné que les émissions de gaz à effet de serre sont principalement attribuables à l’utilisation des énergies fossiles, à l’exception du secteur agricole, les entreprises devront élaborer une stratégie visant à éli- Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. miner progressivement leur dépendance à ces sources d’énergie d’ici 2050. La transition vers une économie sans énergies fossiles reposera sur trois leviers principaux : l’utilisation d’énergies décarbonées, la diminu- tion de la consommation d’énergie et la sobriété de consommation d’énergie. Pour savoir d’où l’entreprise part en termes de dépendance aux énergies fossiles et en termes d’émission de GES, les entreprises peuvent (et doivent pour certaines) réaliser un bilan carbone. Le bilan carbone permet à une entreprise ou une collectivité de connaître ses émissions de GES (CO2, mé- thane, protoxyde d’azote et gaz fluorés) et leur répartition dans son activité. L’ensemble des flux de l’entre- prise sont analysés, et à chaque flux, on multiplie la quantité par un facteur d’émission. Exemple : x kilo-mètres réalisés en voiture par les salariés multipliés par les émissions de CO2 par km des véhicules. w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 4 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles UC A4/5 Décarbonation et stratégie d’entreprise FICHE THÉMATIQUE /7 Ainsi, on peut analyser les 3 scopes de l’activité de l’entreprise, ce qui permet de savoir où sont les postes d’émissions les plus importantes de l’entreprise (matières premières, transport, procédé industriel, chauf- fage, utilisation finale des produits…). Le scope 1 relève des énergies fossiles brûlées directement dans l’entreprise (pétrole des voitures de fonction par exemple), le scope 2 de l’énergie produite en dehors de l’entreprise (l’électricité par exemple), et le scope 3 tous les flux amonts et avals permettant l’activité de l’en- treprise (matières premières, fournisseurs, utilisation clients, déplacements professionnels…). Cet état des lieux offre deux opportunités importantes : d’abord, il permet à l’entreprise d’intervenir sur ses principales sources d’émissions et de quantifier la réduction de ces émissions. Ensuite, il lui permet d’évaluer sa vulné- rabilité et sa dépendance aux énergies fossiles. Lorsqu’une entreprise produit quelque chose, dans le même état d’esprit que le bilan carbone, il est important de mesurer l’impact sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit (ACV). Cette analyse permet de cartographier l’ensemble des flux de matières et d’énergie nécessaire à la production d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie, allant de la matière première jusqu’au déchet, valorisé ou non. L’écoconception et l’économie circulaire permettent de limiter les émissions et la consommation de matière première pour améliorer l’ACV d’un produit. Par exemple, l’entreprise 1083 et ses jeans mettent en place ces principes sur leur jean infini. Si l’on dézoome, chaque entreprise appartient à un secteur et les propositions de transition doivent aussi se faire par secteur. Heureusement, de nombreuses solutions sont déjà disponibles. Le think tank français The Shift Project propose un plan de transformation sectoriel avec plus de 15 secteurs et des feuilles de route pour décarboner l’ensemble des secteurs d’activité. L’Agence Internationale de l’énergie propose un plan de transformation mondial, avec une décomposition sectorielle. Pour l’industrie, cela implique un mélange entre la capture et séquestration du carbone en sortie de site industriel, une amélioration de l’efficacité énergétique des procédés, une électrification d’une partie des opérations avec de l’électricité bas carbone et l’utilisation d’hydrogène ou de bioénergie dans les procé- dés. Pour les bâtiments, il faudra un changement de comportement des utilisateurs (sobriété), mais égale- ment un changement des systèmes de chauffage en supprimant le fioul et progressivement le gaz avec un appui des pouvoirs publics et des subventions, une amélioration de l’efficacité énergétique avec l’isolation, mais aussi de nouvelles sources renouvelables d’énergie comme la bioénergie. Pour les transports, cela passera par une électrification massive des transports légers, le passage de la voiture thermique à l’élec- trique permettant de gagner en efficacité énergétique (facteur 2 à 3), mais aussi d’utiliser de l’hydrogène et des biocarburants pour la mobilité lourde tels que l’aviation ou le transport maritime. Quoi qu’il en soit, quel que soit le secteur d’activité, il sera essentiel d’accompagner cette transition par une réduction de la consommation énergétique globale, en modifiant nos modes de vie, sous peine de rendre cette transition impossible. À l’échelle de la France, le scénario de transition énergétique de RTE ne dit pas autre chose. Décarboner nos secteurs d’activité passera d’abord par une réduction de la consommation d’énergie finale pour arriver à ne plus utiliser d’énergies fossiles et atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. L’électrification, en raison de son efficacité énergétique, jouera un rôle crucial dans ce processus de décarbonation, et chaque secteur connaîtra une augmentation de sa consommation d’énergie électrique. Il sera nécessaire de diversifier les sources d’énergie utilisées. Le secteur de l’agriculture possède un rôle central dans cette transition. La nature est une zone de biodi- versité et de séquestration du carbone, la biomasse peut servir d’énergie, les écosystèmes permettent de réguler le cycle de l’eau et les sols nous nourrissent. Autant d’enjeux à préserver via l’agriculture qui doit totalement se réinventer entre production des GES, appauvrissement des sols, déforestation, pollution des sols et des nappes phréatiques. Pour cette transformation, il va falloir accompagner les agriculteurs à de nouvelles pratiques, réduire la part d’alimentation d’origine animale, réduire le gaspillage alimentaire et rac- courcir les chaines d’approvisionnement. Le sujet de la résilience alimentaire et de transformation de notre agriculture est essentiel. Il ne faut pas oublier tous les secteurs transverses dans cette transition. Le numérique dont les émissions pèsent autant que le secteur aérien et double chaque année, et qui pose de vraies questions de consom- Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. mation d’énergie et de ressources. Les secteurs de la culture ou encore de la santé, mais également de la finance doivent aussi se réinventer et se décarboner pour accompagner la transition. La transition écologique est possible, mais elle doit être systémique et multisectorielle, et les entreprises ont un rôle clé à jouer, que ce soit pour accompagner cette transition ou pour leur résilience et leur pérennité. La compensation carbone et la biodiversité Pendant cette période de transition, comme mentionné dans plusieurs fiches, la préservation de la biodiver- sité demeure un élément essentiel. Atteindre la neutralité carbone permet de solutionner la problématique du réchauffement climatique, mais ne permet pas de ne pas dépasser les 8 autres limites planétaires. w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 5 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles UC A4/5 Décarbonation et stratégie d’entreprise FICHE THÉMATIQUE /7 Une énergie illimitée permet de continuer à détruire les écosystèmes, éroder les sols et polluer l’environne- ment même si elle est décarbonée. En ce sens, la biodiversité doit être protégée, et la nature restaurée. Cela passe par la protection de zones, c’est ce qui a été défini à l’échelle mondiale lors de la COP15 sur la biodiversité, ou en cours de proposition à la Commission européenne avec une loi de restauration de la nature. Selon l’IPBES, la destruction de l’ha- bitat, la surexploitation des espèces et l’utilisation de produits chimiques sont les principaux facteurs d’ef- fondrement de la biodiversité. Protéger les zones sauvages, restaurer les écosystèmes abîmés quand c’est possible, limiter l’artificialisation ou l’arrêter d’ici 2050 et transformer notre système agricole (pesticides, agriculture intensive, monoculture, élevage intensif, remplacé par agroforesterie, culture bio, végétalisation de notre alimentation, polyculture...) sont autant de leviers pour lutter contre l’érosion de la biodiversité. La biodiversité est pourtant au cœur de la transition, avec sa capacité à stocker du carbone (forêts, sols, tourbières). La compensation carbone est un levier souvent activé par les entreprises pour arriver à l’équi- libre faute de pouvoir baisser suffisamment leurs émissions. Malheureusement, nous nous trouvons dans une situation de dérive sur le sujet. De nombreuses entreprises se revendiquent neutres en carbone en ayant recours à la compensation carbone. Elles achètent des crédits carbone (plantation d’arbres par exemple) pour compenser leurs émissions de CO2 et afficher un bilan d’émissions à l’équilibre et ainsi revendiquer leur neutralité carbone. Il existe cependant des dérives importantes. Premièrement, les entreprises font leur bilan carbone princi- palement sur les scopes 1 et 2 de leur entreprise, et ne compensent que les émissions de ces 2 scopes. Pour certaines entreprises ceci est pertinent, mais pour la plupart le scope 3 regroupe la majeure partie des émissions (exemple d’un aéroport où toutes les émissions des avions sont dans le scope 3 alors que c’est le poste d’émission principal). Deuxième problème, beaucoup d’entreprises achètent des crédits carbone sans baisser leurs émissions et revendiquent la neutralité carbone sans faire baisser leurs émissions. La compensation devient un alibi à ne rien changer. Le principal défi réside dans le fait que même si toutes les entreprises parviennent progressivement à at- teindre la neutralité carbone, les émissions mondiales continuent d’augmenter. Cela devient problématique, d’une part parce que les crédits carbone se révèlent souvent loin des promesses, une forêt plantée peut brûler et les émissions sont instantanées alors que l’arbre mettra des années pour capter le CO2. Plusieurs études montrent que 90% des crédits carbone sont en réalité inefficaces. En France, l’ADEME alerte sur l’utilisation de ses mots, et insiste sur le fait qu’une entreprise doit prioritairement baisser ses émissions, et compenser uniquement les émissions qui ne sont pas réductibles. Face aux nombreuses communications des entreprises qui font du greenwashing sur le sujet et montrent des dérives, la législation encadre en Europe progressivement les communications et certaines entreprises reculent face aux dénonciations de greenwashing. Après de nombreuses années permissives sur le sujet, le cadre se durcit progressivement pour obliger les entreprises à réellement baisser leurs émissions. La neu- tralité carbone à l’échelle d’une entreprise ne signifie rien, elle est seulement valable à l’échelle mondiale ou d’un pays. Pour conclure, peu importe le secteur d’activité et peu importe l’entreprise, la transition écologique est né- cessaire. Décarboner, préserver la biodiversité sont autant de leviers, mais il faut garder à l’esprit que pour rester dans les limites planétaires, seule une réduction des flux économiques, énergétiques et matériels per- mettra d’y parvenir et qu’une croissance verte touchera rapidement ses limites. Une approche systémique est capitale pour réussir la transition à l’échelle mondiale. Désormais, je suis capable de : Analyser les défis et les voies de décarbonation propres à divers secteurs industriels Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. Évaluer les avantages et les risques liés à la transition dans un secteur économique spécifique Appréhender les mécanismes permettant aux entreprises de réduire leurs émissions de carbone, ainsi que les outils disponibles à cette fin Décrire des modèles d’entreprises alternatifs conformes aux limites planétaires en matière d’environnement Comprendre les concepts de neutralité carbone, de compensation carbone et de greenwashing et être capable de les expliquer w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 6 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles UC A4/5 Décarbonation et stratégie d’entreprise FICHE THÉMATIQUE /7 Boite à outils Bihouix, Philippe, L’âge des low tech: vers une civilisation techniquement soutenable, Editions du Seuil, 2021. Parrique, Timothée, Ralentir Ou périr: L’économie de la décroissance, Éditions Du Seuil, 2022. Agence internationale de l’énergie IEA net zero 2050 Carbon monitor Chiffres clés du climat France, Europe et Monde Convention des entreprises pour le climat Décarboner l’industrie sans la saboter - rapport du Shift Project Etude : Empreinte environnementale du numérique mondial Infographie - Paquet «Ajustement à l’objectif 55»: réforme du systme d’échange de quotas d’émission de l’UE Infographies : les émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne Le plan de transformation de l’économie française – du Shift Project Le rapport du Shift Project sur l’impact environnemental du numérique Rapport du GIEC AR6 WG3 résumé aux décideurs Rapport du GIEC AR6 WG3 technical summary RTE futurs énergétiques Je m’entraine 1. A l’échelle mondiale, les deux secteurs qui émettent le plus de GES sont : a. l’industrie et le transport b. l’agriculture et le bâtiment c. le bâtiment et le transport d. l’industrie et l’agriculture 2. Les émissions de GES dans l’intrasectoriel sont liées : a. à la production d’énergie b. au transport des biens et marchandises c. aux lumières des bâtiments d. à la consommation de viande des employés 3. L’efficacité énergétique : a. c’est décider de changer un comportement b. c’est utiliser des énergies renouvelables c. c’est consommer moins d’énergie pour faire la même chose d. c’est consommer plus d’énergie 4. Quel est l’un des principaux moyens de réduire les émissions de carbone dans l’industrie ? a. améliorer l’isolation des bâtiments industriels b. favoriser la production locale Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. c. opter pour l’utilisation d’énergies renouvelables d. procéder à la délocalisation 5. Le levier principal de décarbonation du transport léger est : a. l’hydrogène b. l’électrification des transports c. l’utilisation des biocarburants d. l’utilisation des carburants de synthèse w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 7 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles UC A4/5 Décarbonation et stratégie d’entreprise FICHE THÉMATIQUE /7 6. Quelle est la principale mesure de décarbonation des bâtiments ? a. modifier les systèmes de chauffage et améliorer l’isolation des bâtiments b. remplacer les systèmes de chauffage et les ampoules traditionnelles par des ampoules LED c. incorporer des matériaux biosourcés dans la construction d. installer des ampoules LED et réduire le chauffage 7. Quelle est la principale mesure de réduction des émissions dans le secteur agricole ? a. augmenter la taille des cultures b. modifier les pratiques agricoles et réduire la consommation de produits carnés c. favoriser la production locale d. privilégier la production de saison 8. L’économie circulaire : a. réduit les bénéfices des entreprises b. ne crée pas d’emplois c. permet de réduire les flux de matières et d’énergie d. permet d’augmenter les flux de matières et d’énergie 9. Le bilan carbone : a. permet d’estimer la quantité de carbone stockée par une entreprise b. est obligatoire pour toutes les entreprises c. doit se faire sur tous les 3 scopes systématiquement d. permet d’estimer les postes d’émissions de GES des entreprises 10. La compensation carbone : a. permet de baisser les émissions de CO2 de l’entreprise b. permet dans 90% des cas de compenser les émissions de l’entreprise c. doit arriver après la baisse des émissions de l’entreprise d. permet d’atteindre la neutralité carbone d’une entreprise Réponses correctes : 1-d, 2-a, 3-c, 4-c, 5-b, 6-a, 7-b, 8-c, 9-4, 10-c. Contenu susceptible de modification. Toute reproduction interdite. w w w. f e d e. e d u c a t i o n © F E D E 2 0 2 4 8 FEDEration for European Education FÉDÉration Européenne des Ecoles