Economie de la transition écologique PDF
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This document explores the principles of the ecological transition economy. It discusses the interconnectedness of economics and nature, highlighting the physical constraints and societal objectives necessary for a sustainable and inclusive economic model. The document also explores the European and French strategies for ecological justice, emphasizing the importance of natural protection and social equity.
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Economie de la transition écologique Chapitre 1 : Nature et économie 1) L’économie ancrée dans la Nature a) Le concept de nature b) Economie et Nature : un lien non durable 2) Des contraintes physiques a) Le concept des limites planétaires - Origine du concept : Le rapport Me...
Economie de la transition écologique Chapitre 1 : Nature et économie 1) L’économie ancrée dans la Nature a) Le concept de nature b) Economie et Nature : un lien non durable 2) Des contraintes physiques a) Le concept des limites planétaires - Origine du concept : Le rapport Meadows - Le cadre général du concept - Les limites planétaires en 2023 b) Des limites planétaires aux contraintes physiques - Le GIEC : la connaissance scientifique sur le réchauffement planétaire - L’Accord de Paris (2015) - L’IPBES : la connaissance sur la biodiversité - Le Plan stratégique pour la biodiversité de 2010 : les objectifs d’Aichi - Le Cadre mondial de la biodiversité Kunming-Montréal de 2022 3) Des objectifs sociétaux a) Le volet social des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies - Les ODD - Le volet social des ODD - Inégalités de revenu et inégalités en matière d’émissions b) L’économie du Donut 4) La transition écologique juste : un concept institutionnalisé a) L’Union européenne et la transition juste - Le Pacte vert - Le paquet climat européen « Fit for 55 » : « une feuille de route concrète » - La stratégie européenne en matière de biodiversité b) La France et la transition juste. - La SNBC : - Le projet SNBC 3 - La Stratégie Nationale Biodiversité (SNB) 2030 Chapitre 2 : Mesures et courants de pensée économique 1) La mesure de l’activité économique a) La comptabilité nationale. b) Le PIB c) La croissance économique - La croissance exponentielle et le taux de croissance annuel moyen - La fonction de production agrégée - 2) Mesurer la transition écologique juste a) La Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi b) Les indicateurs de développement durable au niveau international et européen c) Les indicateurs français de développement durable : les 10 indicateurs de richesse nationale 3) Nature et pensée économique a) Des ressources et des rentes b) Les ressources en tant que facteur de production : le capital naturel c) Une multiplicité de biens et services. Chapitre 3 : L'action publique 1) La question environnementale comme atteinte au bien-être : les externalités 2) Externalité unidirectionnelle et institutions a) La taxation b) Le marché de quotas c) Les normes 3) Externalités réciproques et institutions a) Les ressources communes. b) La gestion des ressources communes 4) Réguler à l’ère du numérique : la planification écologique a) Les principes de la planification écologique. b) La planification écologique en pratique : la cas de la France Chapitre I : Nature et économie 1) L’économie ancrée dans la Nature a) Le concept de nature La Nature désigne l’ensemble du monde biotique (la biodiversité) et abiotique (les roches mais aussi les planètes par exemple), les organismes vivants, en tant qu’objet d’étude, étant en interaction avec le monde abiotique, le non-vivant. Le climat, par exemple, fait partie de la Nature, mais pas de la biodiversité, tout en ayant un impact majeur sur cette dernière. La biodiversité, qui fait partie de la Nature, répond directement aux besoins primaires de l’Homme en apportant oxygène, nourriture et eau potable. L’écologie, en tant que science de la Nature, étudie les interactions entre les organismes vivants et entre ces organismes et leur milieu physico-chimique (ou leur milieu de vie). La Terre est considérée comme un système et constituée de l'atmosphère, de l'hydrosphère, de la lithosphère et de la biosphère, ces quatre sphères s’échangeant des éléments (eau, minéraux, azote, carbone, etc.). Un écosystème est composé de l’ensemble des organismes interagissant dans un milieu donné, et du milieu physico-chimique supportant lavie de ces organismes. La biosphère désigne l’ensemble des écosystèmes de la Terre correspondant à la couche de l’atmosphère, de l’hydrosphère et de la lithosphère où la vie est présente. Services d’approvisionnement : Nous en dépendons pour nous procurer nourriture, eau et logement Services de régulation : modérer le climat et les maladies Services de soutien : assurer les cycles de nutriments et la production d’oxygène. offrir un épanouissement spirituel et des possibilités de loisirs et de Services culturels : récupération susceptibles d’améliorer notre santé et notre bien-être. b) Economie et Nature : un lien non durable « l’Anthropocène », Energies de flux : solaire, éolienne, hydraulique Energies de stock : énergies fossiles, essentiellement pétrole, charbon et gaz « Capitalocène » -l’ère géologique du capital 2) Des contraintes physiques - Origine du concept : Le rapport Meadows Expliquent que les limites écologiques planétaires auraient une influence importante sur le développement mondial durant le XXIème siècle. - Le cadre général du concept - Les limites planétaires en 2023 Chapitre I : Nature et économie « “0ur economic possibilities are circumscribed – even if several steps removed via technological progress – by the Earth-System’s workings. We are embedded in Nature; we are not external to it. No amount of technological progress can make economic growth as conventionally measured an indefinite possibility. Ours is inevitably a finite economy, as is the biosphere of which we are part.” Sir Partha Dasgupta (2021)1. Dans le cadre de ce premier chapitre, nous nous intéressons aux principes sous-jacents à la transition écologique. Nous explicitons, tout d’abord, en quoi l’économie (en tant que réalité, système productif, consommation, etc.) doit être envisagée comme ancrée dans la Nature (cf. citation ci-dessus). Nous précisons alors les contraintes physiques qui s’imposent au système économique et qui obligent à redéfinir les objectifs macroéconomiques, notamment la prise encompte d’objectifs sociaux, permettant la concrétisation d’un modèle économique durable et inclusif. Enfin, nous présentons les feuilles de route de l’Union européenne et de la France en matière de transition écologique juste, concept institutionnalisé qui fait de la protection de la Nature et de la justice sociale des impératifs. 1) L’économie ancrée dans la Nature a) Le concept de nature Pour les écologues, la Nature désigne l’ensemble du monde biotique (la biodiversité) et abiotique (les roches mais aussi les planètes par exemple), les organismes vivants, en tant qu’objet d’étude, étant en interaction avec le monde abiotique, le non-vivant. Elle décrit globalement l’ensemble du monde physico-chimique et des principes qui l’animent, dont la « biodiversité » désigne alors la fraction vivante. Le climat, par exemple, fait partie de la Nature, mais pas de la biodiversité, tout en ayant un impact majeur sur cette dernière. La biodiversité, qui fait partie de la Nature, répond directement aux besoins primaires de l’Homme en apportant oxygène, nourriture et eau potable. Elle contribue également au développement des activités humaines en fournissant matières premières et énergies. La biodiversité permet à la Nature d’être productive, résiliente et capable de s’adapter. Réduire la biodiversité, c’est nuire à la Nature et à l’humanité2. L’écologie, en tant que science de la Nature, étudie les interactions entre les organismes vivants et entre ces organismes et leur milieu physico-chimique (ou leur milieu de vie). Elle s’attache également à comprendre et prédire les conséquences de toutes ces interactions à toutes les échelles temporelles et spatiales possibles. Aussi, elle nous informe sur le fonctionnement des écosystèmes et les effets de l’activité économique, notamment de l’extraction des ressources naturelles pour notre production et notre consommation, ainsi que des déchets produits dans le cadre de ces activités, qui finissent par endommager les écosystèmes et par affaiblir leur capacité à fournir les services dont nous dépendons. Ces notions d’écosystème et de service écosystémique s’inscrivent dans la vision scientifique de la Terre en tant que système, « le Système Terre » qui s’est développée au cours des années 80. La Terre est considérée comme un système et constituée de l'atmosphère, de l'hydrosphère, de la lithosphère et de la biosphère, ces quatre sphères s’échangeant deséléments (eau, minéraux, azote, carbone, etc.). Un écosystème est composé de l’ensemble des organismes interagissant dans un milieu donné, et du milieu physico-chimique supportant la vie de ces organismes. La biosphère désigne l’ensemble des écosystèmes de la Terre correspondant à la couche de l’atmosphère, de l’hydrosphère et de la lithosphère où la vie est présente3. Elle regroupe l’ensemble des êtres vivants et leur milieu physico-chimique (eau, air, et sols). L’objet de la science du système terrestre est d’étudier la manière dont les données scientifiques issues de divers domaines de recherche et de l’observation des compartiments du système s’imbriquent pour former l’image actuelle de notre planète et représenter les changements qui l’affectent. Les services écosystémiques désignent les multiples contributions que la Nature apporte à la société. Ces services écosystémiques sont classés en quatre catégories : services d’approvisionnement, services de régulation, services culturels, et services de soutien. Ils sont décrits dans le schéma ci-après. Il ressort de ce schéma que la biodiversité est à la fois source et produit du bon fonctionnement des écosystèmes dont dépendent les services écosystémiques. De sorte que l’érosion de la biodiversité nuit à l’ensemble de ces services écosystémiques et à la société. Pour les sciences humaines et sociales, la notion de Nature peut aussi désigner diverses acceptions des relations, des liens qui existent entre les humains et la Nature. Les services écosystémiques illustrent ces différents liens. Ils décrivent la relation de dépendance que nous entretenons avec la Nature. Nous en dépendons pour nous procurer nourriture, eau et logement (services d’approvisionnement); pour modérer le climat et les maladies (services de régulation); pour assurer les cycles de nutriments et la production d’oxygène (services de soutien); et pour nous offrir un épanouissement spirituel et des possibilités de loisirs et de récupération susceptibles d’améliorer notre santé et notre bien-être (services culturels). La planète nous sert également de puits pour nos déchets (dioxyde de carbone, plastiques et autres formes de déchets, pollution, etc.), autre service de régulation. Ainsi, selon Dasgupta (2021), la Nature est un actif au même titre que le capital produit (routes, bâtiments, machines et usines) et le capital humain (santé, connaissances et compétences). Le point de départ d’une économie de la transition écologique réside dans la compréhension et l’acceptation de l’idée, ou « vérité simple » selon laquelle « nos économies sont ancrées dans la Nature, et non pas à l’extérieur de celle-ci». Cette idée transforme «notre compréhension de ce qui constitue une croissance et un développement économiques véritablement durables : il s’agit de tenir pleinement compte de l’impact de nos interactions avec la Nature et de rétablir l’équilibre entre notre demande et la capacité d’offre de la Nature. » Dasgupta (2021). b) EconomieetNature:unliennondurable Depuis le XIXème siècle et l’ère industrielle, l’impact de l’homme sur son environnement n’a cessé de croître et les principaux bouleversements environnementaux identifiés concernent le changement climatique et l’érosion de la biodiversité. Le changement climatique désigne les variations des températures et des conditions météorologiques sur le long terme. Ces variations peuvent être un phénomène naturel, mais depuis le début du XIXe siècle, elles résultent principalement de l’activité humaine, notamment de l’utilisation des combustibles fossiles (tels que le charbon, le pétrole et le gaz) par le système productif qui produisent des gaz à effet de serre. En matière de biodiversité, si certaines causes naturelles peuvent expliquer la disparition d’espèces ou de milieux naturels, le rythme d’érosion actuel est largement attribuable aux activités humaines : urbanisation et développement des infrastructures de transport (destruction et fragmentation des milieux naturels), surpêche, déforestation, braconnage, etc.(surexploitation d’espèces sauvages), pollutions de l’eau, des sols et de l’air, introduction d’espèces exotiques envahissantes. Le changement climatique (qui fait partie de la Nature mais pas de la biodiversité) peut s’ajouter à ces causes et les aggraver. Il contribue à modifier les conditions de vie des espèces, les forçant à migrer ou à adapter leur mode de vie. Cette mise en lumière du rôle joué par l’homme sur la Nature a alimenté l’idée selon laquelle nous serions entrés dans une nouvelle ère géologique, « l’Anthropocène », marquée par la reconnaissance du rôle majeur joué par les humains dans la perturbation des dynamiques planétaires. L’hypothèse avancée par le chimiste Paul Crutzen et le biologiste EugenStoermer, qui ont popularisé ce concept, est la suivante : l’ampleur des bouleversements environnementaux induits par les humains a fait basculer le système terrestre dans un nouvel état. La planète quitterait l’Holocène, cette période interglaciaire qui a débuté il y environ 12 000 ans, qui se caractérise par des conditions atmosphériques relativement stables ayant permis le développement des civilisations humaines. Si cette nouvelle catégorisation du temps géologique n’a toujours pas été officiellement validée par la communauté scientifique, cette hypothèse soutient l’idée selon laquelle on ne peut plus séparer le développement humain de la Nature. Ces bouleversements environnementaux sont principalement dus à l’augmentation de la population, au progrès technique accroissant considérablement la capacité de création mais aussi de destruction de l’homme, et à la logique de l’organisation sociale et économique. S’il est difficile de pondérer le poids de ces différents facteurs, poids variable selon les périodes et les régions, il est certain qu’actuellement, les deux derniers facteurs ont joué un rôle considérable. L’essor des activités économiques repose sur la puissance énergétique rendue possible par la transition énergétique qui s’est opérée à cette époque, caractérisée par le passage d’un ensemble d’énergies de flux (solaire, éolienne, hydraulique) à l’exploitation de plus en plus intensive des énergies de stock (énergies fossiles, essentiellement pétrole, charbon et gaz). Si l’énergie a joué un rôle essentiel dans la transformation des sociétés industrielles, les choix sociaux et politiques, notamment en matière technologique, ont également influencé nos sociétés. Cette période est ainsi marquée par une dynamique d’accumulation du capital produit (machines, infrastructures, etc.), ce qui conduit certains auteurs à désigner cette période sous le nom de « Capitalocène », l’ère géologique du capital4. Adopter le point de vue selon lequel l’économie est ancrée dans la Nature implique de retenir des contraintes physiques dans le processus décisionnel au niveau macroéconomique comme au niveau microéconomique. 2) Des contraintes physiques L’objet de cette section est de préciser les contraintes physiques qui sont plus particulièrement prises en considération d’un point de vue pratique. a) Le concept des limites planétaires - Origine du concept : Le rapport Meadows Dans leur ouvrage intitulé « The limits to growth » publié en 1972, et traduit en français sous le titre « Halte à la croissance ? » (Fayard, 1972), Meadows et al. expliquent que les limites écologiques planétaires auraient une influence importante sur le développement mondial durant le XXIème siècle. Cet ouvrage fait état de recherches effectuées au sein du groupe d'étude de dynamique des systèmes du MIT qui a développé un modèle informatique, « World 3 », intégrant des données et des théories relatives à la croissance. Douze scénarios sont présentés et analysés conduisant à différents modes de développement de l’Humanité, de 1900 à 2100. Ces 12 scénarios soulignent que l'augmentation de la population et de l'utilisation des ressources se heurtent en particulier à des limites physiques : la disparition des ressources naturelles et la capacité limitée de la Terre à absorber les émissions industrielles et agricoles. Tous les scénarios proposés prévoyaient un arrêt de la croissance à un moment ou à un autre du XXIème siècle. Leur principale conclusion est donc que la croissance matérielle perpétuelle conduira tôt ou tard à un « effondrement » du monde, c’est-à-dire une diminution brutale de la population accompagnée d’une dégradation significative des conditions de vie. Cet « effondrement » se produirait avant 2100. Les causes de cet effondrement seraient au nombre de 3 : la disparition des matières premières, la pollution et la pression démographique sur la nourriture. En 1992, année du Sommet de la Terre à Rio, ces mêmes auteurs publient un second ouvrage sur le même thème intitulé « Beyond the limits » dans lequel ils confirment leur conclusion précédente et en ajoute une nouvelle d’une grande importance : en poursuivant une trajectoire de croissance non-durable, l’humanité avait déjà dépassé les limites physiques.... Mais les auteurs restent optimistes : en modifiant le système, les dégâts entraînés par ce dépassement pouvaient être résorbés. Dans la mise à jour de leur ouvrage trente ans après, en 2004, intitulé « The limits to growth : the 30-year update », ils montrent que la première décennie du XXIème siècle est encore marquée par la croissance. Et l’optimisme s’atténue : modifier le système devient impératif si l’on souhaite éviter l’effondrement lors du XXIème siècle. Les auteurs soulignent que la modification du système passe notamment par le changement de la structure d’information : « Un système doté d’une nouvelle structure de l’information peut finir par changer lui aussi ses propres structures sociales et physiques. Il peut développer de nouvelles lois, de nouvelles organisations, de nouvelles technologies, enrichir les individus de nouvelles compétences, concevoir de nouvelles machines ou de nouveaux bâtiments. Pareille transformation n’a pas besoin d’être dirigée de façon centralisée, elle peut être non planifiée, naturelle, évolutive, dynamisante et joyeuse. ». - Le cadre général du concept Le concept des limites planétaires, proposé en 2009 (Rockström et al.), révisé en 2015 (Steffen et al.), puis en 2023 (Richardson et al.), vise à définir un « espace de fonctionnement sûr pour l’humanité »5. Il repose sur la prise en compte de l’évolution de neuf phénomènes complexes et interconnectés identifiés par les scientifiques pour préserver l’équilibre du système Terre6 : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, le changement d’usage des sols, l’utilisation de l’eau douce, l’acidification des océans, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère, l’introduction d’entitésnouvelles dans la biosphère. Pour étudier l’évolution de ces phénomènes, une ou plusieurs « variables de contrôle » sont définies à l’échelle globale, voire régionale. Un « seuil » critique est fixé pour chacune de ces variables avec une « zone d’incertitude » constituée de deux valeurs : une valeur basse (« frontière planétaire ») et une valeur haute (« limite planétaire »). La frontière représente la zone de danger qui précède la limite au-delà de laquelle les écosystèmes pourraient basculer dans un état inconnu et probablement défavorable à l’homme. Parmi ces neuf limites planétaires, le changement climatique et l’intégrité de la biosphère sont considérées comme centrales parce qu’elles sont en interaction avec toutes les autres limites planétaires, et que des changements importants dans le climat ou l’intégrité de la biosphère pourraient à eux seuls faire basculer le système Terre dans une nouvelle ère géologique7. Les limites planétaires en 2023 En septembre 2023, le Stockholm Resilience Center a publié une actualisation du cadre conceptuel des neuf limites planétaires (Richardson et al.38, 2023). Pour la première fois, les neuf limites planétaires sont quantifiées. De nouvelles variables de contrôle sont affectées à quatre limites (intégrité de la biosphère/diversité fonctionnelle, cycle de l’eau douce/eau bleue, aérosols dans l’atmosphère, entités nouvelles), venant révéler ou confirmer leur franchissement. En 2023, les scientifiques établissent que six des neuf limites planétaires sont désormais dépassées (cf. schéma ci-dessus) : le changement climatique, l’intégrité de la biosphère, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, le changement d’usage des sols, l’utilisation de l’eau douce, et l’introduction d’entités nouvelles (comme la pollution chimique). Et, pour toutes les limites précédemment considérées dépassées (le changement climatique, l’intégrité de la biosphère, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore et l’introduction d’entités nouvelles), le niveau de dépassement augmente. La planète se trouve dorénavant bien au-delà de l’«espace de fonctionnement sûr pour l’humanité ». La dégradation des conditions d’habitabilité de la planète s’est poursuivie au cours du XXIème siècle. Qu’en est-il au niveau de la France ? Le schéma suivant fournit une description de ces différents phénomènes ainsi que la situation de la France au regard de ces neuf limites planétaires (avant la révision de 2023). *Eutrophisation : prolifération excessive de végétaux ou d’algues entraînant l’asphyxie d’un milieu. **Anoxie : conséquence de la généralisation du phénomène d’eutrophisation. Sur les 9 limites, six seraient dans une zone critique (avec un risque élevé ou risque croissant) : le changement climatique, l’intégrité de la biosphère, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, le changement d’usage des sols, l’utilisation de l’eau douce, et l’introduction d’entités nouvelles. Concernant les 3 autres limites, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère n’a pas l’objet d’une quantification, et les limites concernant l’acidification des océans et l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique seraient respectées. Le cadre des limites planétaires fournit une analyse scientifique du risque que les perturbations humaines déstabilisent le système Terre à l'échelle planétaire. Il vise à mettre un frein à la dégradation environnementale associée à la Grande Accélération, période intervenue dans la deuxième moitié du XXème siècle, qui se caractérise par une croissance démographique sans précédent et une intensification des activités humaines, accompagnées d’une surconsommation massive de la Nature8. Enfin, ce cadre fournit une évaluation de la « santé planétaire » qui, indirectement, renseigne sur la santé humaine: comme le soulignent R. Horton, R. Beaglehole et al. (2014), soutenabilité des systèmes naturels et soutenabilité humaine sont interdépendants9. Dans leur manifeste, ces auteurs en appellent à l’essor d’un nouveau principe de planétisme et de bien- être pour tous sur la planète, « a principle that asserts that we must conserve, sustain, and make resilient the planetary and human systems on which health depends by giving priority to the wellbeing of all”. b) Deslimitesplanétairesauxcontraintesphysiques Le changement climatique et l’intégrité de la biosphère sont les deux limites planétaires fondamentales, qui englobent toutes les autres. La prise en compte de ces deux limites planétaires par le système économique impose de les considérer comme des contraintes physiques. Ces contraintes physiques font l’objet d’études et d’estimations au niveau mondial par les scientifiques. Cette information scientifique sur le climat et la biodiversité fait l’objet d’une évaluation périodique par respectivement par le GIEC et l’IPBES. Les rapports rédigés dans le cadre des évaluations permettent un suivi des engagements pris par les Etats dans le cadre d’accords internationaux, l’Accord de Paris de 2015 en matière de climat et l’Accord de Kunming- Montréal de 2022 en matière de biodiversité. p12 Chapitre II : Mesures et courants de pensée économique 1) La mesure de l’activité économique a) La comptabilité nationale Historique et développement de la comptabilité nationale - post-Seconde Guerre mondiale Acteurs majeurs : Simon Kuznets (États-Unis) : A développé les premiers modèles de comptabilité nationale. François Perroux (1903-1987)(France) : A conçu le premier modèle français, avec l'appui de l'INSEE (créé en 1946). Harmonisation internationale Normalisation en 1968 : Introduction du Système de Comptabilité Nationale (SCN) par l'ONU pour harmoniser les pratiques comptables entre pays. Adaptations régionales : ○ France : Système Élargi de Comptabilité Nationale (SECN). ○ Europe : Système Européen des Comptes (SEC). Évolutions des systèmes comptables Mises à jour régulières : ○ SCN 1993 → SCN 2008 (version actuelle). ○ SEC : La version actuelle, SEC 2010, est appliquée depuis 2014 dans l'Union européenne. Ces évolutions reflètent les besoins changeants des économies et l'intégration d'aspects sociaux et environnementaux. Circuit économique : un modèle fondamental Modèle du circuit : ○ La comptabilité nationale s’appuie sur une vision de l’économie comme un circuit de flux monétaires. ○ Ces flux circulent entre agents économiques (ménages, entreprises, administrations publiques, reste du monde). ○ Ce modèle est différent de la vision des économistes classiques, qui conçoivent l’économie comme un ensemble de marchés interdépendants. Production comme point de départ Production centrale : ○ La comptabilité nationale se concentre sur les activités productives générant des flux monétaires. ○ La production est à l’origine des biens et services, mais aussi des revenus (salaires, profits, etc.). ○ Ces revenus alimentent la dépense, qui à son tour soutient la demande de biens et services. Échanges internationaux : rôle du reste du monde Importations et exportations : ○ Les importations augmentent les ressources disponibles (biens et services provenant de l’extérieur). ○ Les exportations représentent des débouchés pour les produits d’une économie. ○ Ce double flux relie l’économie nationale aux marchés internationaux. Redistribution et transferts de revenus Transferts internationaux : ○ Les transferts de revenus entre pays (envois de fonds, aides internationales, etc.) influencent la répartition des revenus au sein d’une économie. ○ Ces flux sont plus ou moins importants selon les contextes nationaux. Capacités et besoins de financement Équilibre dépenses-revenus : ○ Les agents économiques n’ont pas toujours des dépenses égales à leurs revenus. ○ Agents en capacité de financement : Ceux qui épargnent ou investissent. ○ Agents en besoin de financement : Ceux qui empruntent pour combler leur déficit. Opérations financières : ○ Ces déséquilibres donnent lieu à des opérations financières entre agents économiques, aussi bien au niveau national qu’international. Secteurs institutionnels Les secteurs institutionnels sont des regroupements d’agents économiques selon deux critères : Fonction économique principale : Rôle joué dans l’économie (produire, consommer, redistribuer). Source principale de financement : D’où proviennent leurs ressources (revenus, subventions, profits). Les 5 secteurs institutionnels résidents : 1. Sociétés non financières : ○ Fonction principale : Produire des biens et services marchands. ○ Ressources principales : Ventes sur le marché. 2. Sociétés financières : ○ Fonction principale : Fournir des services financiers (banques, assurances). ○ Ressources principales : Revenus d’intérêts, commissions, primes d’assurance. 3. Administrations publiques : ○ Fonction principale : Produire des services non marchands (services publics, redistribution). ○ Ressources principales : Impôts et cotisations sociales. 4. Ménages et entrepreneurs individuels : ○ Fonction principale : Consommer des biens et services ou produire (pour les entrepreneurs). ○ Ressources principales : Revenus du travail (salaires), revenus mixtes (pour les entrepreneurs). 5. Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) : ○ Fonction principale : Fournir des services non marchands aux ménages (associations, ONG). ○ Ressources principales : Dons, subventions. Secteur non-résident : le "Reste du Monde" Regroupe les agents économiques non résidents ayant des relations avec l’économie nationale. Permet de mesurer les relations économiques internationales : ○ Flux réels (importations/exportations). ○ Flux financiers (investissements, transferts de revenus). b) Le PIB Le PIB est l’indicateur principal pour mesurer l’activité économique d’un pays. Il représente la valeur totale des biens et services finaux produits sur un territoire national, évaluée à prix de marché, pendant une période donnée (généralement une année). Caractéristiques du PIB : Biens et services finaux uniquement : ○ Exclut les biens intermédiaires (déjà inclus dans la valeur des biens finaux). Prix de marché : Mesure à la valeur transactionnelle (intègre les impôts indirects, comme la TVA, et les subventions). Période donnée : Fournit une vision temporelle de la performance économique. Le PIB mesure l’activité économique d’un pays en termes de production de biens et services finaux. Activités non comptabilisées : Travaux domestiques, bénévolat. Activités illicites incluses : Depuis 2013, certains pays incluent le trafic de drogue et la prostitution (harmonisation européenne). Méthodes de calcul standardisées : Définies par l’ONU et contrôlées en Europe par Eurostat. Trois méthodes pour calculer le PIB : La production (valeur ajoutée). Les revenus (somme des salaires, profits, etc.). La dépense (somme des consommations, investissements, dépenses publiques, et exportations nettes). Les facteurs de production (travail et capital) ne sont pas détruits et génèrent des revenus (salaires, profits). Logique circulaire : Tout ce qu’une entreprise gagne en vendant ses produits retourne dans l’économie sous forme de revenus (salaires, profits, etc.). Par exemple : ○ Les ménages dépensent leur revenu pour consommer ou épargner, ce qui finance les entreprises ou l’État. Résultat : Production totale = Revenu total. Le PIB peut être décomposé selon la manière dont les biens et services finaux sont utilisés. Les comptes nationaux identifient quatre grandes utilisations : 1. Consommation (C) : ○ Achats des ménages pour leurs besoins (alimentation, vêtements, loisirs, logement). 2. Investissement (I) : ○ Dépenses pour des biens destinés à produire à l’avenir (machines, bâtiments, terrains). ○ Types : Entreprises : Matériel de production, terrains, etc. Ménages : Biens immobiliers. Administrations publiques : Infrastructure publique. 3. Dépenses publiques (G) : ○ Achats des administrations publiques (fournitures, services rendus par les fonctionnaires, équipements militaires, etc.). 4. Exportations nettes (X - M) : ○ Différence entre les exportations (X) et les importations (M). ○ Contribue au PIB si le pays exporte plus qu’il n’importe. Dépenses publiques Ce qui est inclus : ○ Achats de biens et services effectués par l’État (fournitures, équipements militaires, services publics). Ce qui est exclu : ○ Intérêts sur la dette publique : Ce sont des charges financières, pas des dépenses directes de consommation ou d’investissement. ○ Revenus de transfert : Les aides versées aux ménages (prestations sociales, pensions) sont des opérations de redistribution, non comptées comme des dépenses publiques dans le PIB. Exportations nettes (NX = X - M) Calcul : ○ Exportations (X) : Biens et services vendus à l’étranger. ○ Importations (M) : Biens et services achetés à l’étranger. ○ Exportations nettes (NX) = Exportations - Importations. Rôle : ○ Elles mesurent les échanges avec l’extérieur (biens et services). ○ Solde extérieur : Balance des exportations nettes. Si X > M : Excédent (solde extérieur positif). Si X < M : Déficit (solde extérieur négatif). Distinction avec le solde commercial : ○ Le solde commercial inclut uniquement les biens, pas les services. ○ Les exportations nettes prennent en compte biens + services. PIB=C+I+G+(X−M) L’équilibre emplois-ressources Concept : ○ C’est une égalité comptable qui relie les ressources disponibles dans une économie et la façon dont elles sont utilisées (emplois). ○ Toujours vrai, car c’est une définition comptable, et non une théorie économique. Compréhension pratique Ressources disponibles : Total de ce qui peut être utilisé dans l’économie (production locale + importations). Emplois des ressources : Utilisations de ces ressources (consommation, investissements, exportations, etc.). Formule générale : Y+M= C+I+G+X+ΔStocks Ressources (gauche) : ○ Y : PIB (production nationale). ○ M : Importations (biens et services achetés à l’étranger). Emplois (droite) : ○ C : Consommation des ménages. ○ I : Investissement (entreprises, ménages, administrations). ○ G : Dépenses publiques. ○ X : Exportations (biens et services vendus à l’étranger). ○ Δ Stocks : Variations des stocks (biens produits mais non vendus). 3. Exemple pour 2018 Montant des ressources : ○ PIB (Y) = 2822,5 milliards d'euros. ○ Importations (M) = 1024,0 milliards d'euros. ○ Total ressources = Y+M=3846,5 milliards d’euros Montant des emplois : ○ Consommation (C) = 1546,8 milliards d'euros. ○ Investissement (I) = 651,8 milliards d'euros. ○ Dépenses publiques (G) = 437,9 + 240,7 milliards d'euros. ○ Exportations (X) = 967,5 milliards d'euros. ○ Variation des stocks (Δ Stocks) = 1,7 milliard d'euros. ○ Total emplois = 3846,5 milliards d'euros. Résultat : Les ressources sont égales aux emplois, ce qui valide l’identité comptable. Ressources:Y+M = Emplois:C+I+G+X+ΔStocks Calcul du PIB selon la production Principe : Additionner : ○ Valeur ajoutée produite par toutes les entreprises. ○ Impôts sur les produits (TVA, autres taxes). ○ Soustraire les subventions sur les produits. Valeur ajoutée : ○ C’est la différence entre la production d’une entreprise et ses consommations intermédiaires (ce qu’elle a utilisé pour produire). PIB=Valeur ajouteˊe totale+Impoˆts sur produits−Subventions sur produits Valeur ajoutée (VA) Définition : ○ La valeur ajoutée est la valeur des biens et services finaux produits moins les consommations intermédiaires. ○ Consommations intermédiaires : Biens utilisés dans le processus de production (ex. matières premières), qui sont détruits ou transformés. ○ Facteurs de production : Travail et capital, qui ne sont pas détruits lors de la production. Calcul du PIB par la somme des valeurs ajoutées On additionne les valeurs ajoutées par secteur d’activité : ○ Agriculture. ○ Industrie manufacturière. ○ Construction. ○ Services marchands (entreprises privées comme le commerce). ○ Services non marchands (services publics comme l’éducation). Exemple pour 2023 : ○ 49,1+378,2+143,1+1429,4+536,8=2536,6 milliards d’euros (VA totale) ○ Impôts et subventions : ○ On ajoute les impôts sur les produits (TVA, etc.) : 319,7 milliards d'euros. ○ On soustrait les subventions sur les produits : 33,8 milliards d'euros. ○ Résultat : 2536,6+285,9=2822,5 milliards d’euros = PIB de la France en 2023. Structure productive de l'économie française (2023) Services (marchands et non marchands) : 69,7 % du PIB (secteur dominant). Industrie : 13,4 %. Construction : 5,1 %. Agriculture : 1,7 %. Calcul du PIB par les revenus Principe : Additionner tous les revenus générés dans l’économie : ○ Salaires : Rémunération des travailleurs. ○ Profits : Excédent brut d’exploitation (EBE) des entreprises. ○ Revenus mixtes : Revenus des travailleurs indépendants. ○ Impôts : Impôts sur les produits et les importations. ○ Subventions : Soustraire les subventions sur les produits et les importations. Formule simplifiée : PIB=Salaires+Profits+Revenus mixtes+(Impoˆts Subventions). Calcul du PIB en 2018 avec l’optique des revenus Le PIB est calculé en additionnant : Rémunération des salariés : 1449,0 milliards d’euros Profits des entreprises et revenus mixtes : 1003,2 milliards d’euros Impôts sur la production et les importations : 450 milliards d’euros. Subventions (soustraites) : −79,7 milliards d’euros. Résultat : 1449,0+1003,2+450−79,7=2822,5 milliards d’euros. Partage des richesses produites (2023) La méthode des revenus montre comment la richesse est répartie entre les différents acteurs économiques : Part des salaires (revenant aux travailleurs) : remu des salariés/ PIB=2822,51449,0 ≈51,3%. Part des profits et revenus mixtes (revenant au capital) : Différence entre PIB et PNB PIB (Produit Intérieur Brut) : ○ Mesure la production de tous les producteurs résidents dans un pays, peu importe leur nationalité. ○ Exemple : Une usine d'une entreprise étrangère située en France est incluse dans le PIB de la France. PNB (Produit National Brut) : ○ Mesure la production des ressortissants d’un pays, peu importe où ils sont localisés. ○ Exemple : Si une entreprise française a une usine à l’étranger, cette production sera incluse dans le PNB de la France mais pas dans son PIB. Le PNB (Produit National Brut) Le PNB mesure l’activité de l’ensemble des producteurs nationaux, peu importe où ils se trouvent dans le monde. Cela inclut à la fois les producteurs résidents (qui vivent dans le pays) et les ressortissants (les citoyens du pays travaillant à l’étranger). Calcul du PNB : ○ On prend le PIB et on ajoute les revenus reçus par les producteurs nationaux à l’étranger (revenus des investissements français à l’étranger, salaires des travailleurs français à l’étranger). ○ Puis, on soustrait les revenus des producteurs étrangers en France (revenus des investissements étrangers en France et salaires des travailleurs étrangers en France). Passage du PNB au RNB (Revenu National Brut) Depuis 1993, le PNB a été remplacé par le RNB dans la comptabilité nationale française. Le RNB est calculé en ajustant le PIB par les flux de revenus reçus et envoyés à l’étranger. ○ On ajoute les revenus reçus de l’étranger (revenus du travail ou des investissements) et on retranche les revenus envoyés à l’étranger. Le passage du RNB au RNDB (Revenu National Disponible Brut) se fait en tenant compte des autres flux de revenus non liés à l’activité productive, comme les cotisations sociales et les prestations sociales. Classification des pays par la Banque Mondiale La Banque Mondiale classe les pays en fonction du RNB par habitant en quatre catégories : Pays à revenu élevé : RNB par habitant supérieur à 14 005 $. Pays à revenu intermédiaire : RNB par habitant entre 1 145 $ et 14 005 $, avec deux sous-catégories : ○ Tranche inférieure : RNB entre 1 145 $ et 4 515 $. ○ Tranche supérieure : RNB entre 4 515 $ et 14 005 $. Pays à revenu faible : RNB par habitant inférieur à 1 145 $. Ces seuils sont régulièrement mis à jour, ce qui peut entraîner un changement de catégorie pour certains pays, comme l'exemple où la Cisjordanie et la bande de Gaza sont passées à la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Méthode de calcul du RNB par habitant La Banque Mondiale utilise un taux de change spécifique appelé méthode Atlas, qui lisse les fluctuations de prix et de taux de change. Cela permet d'obtenir des chiffres plus stables et fiables pour comparer les pays. Pays à "revenus élevés" et "revenus intermédiaires" Peu de pays sont passés dans la catégorie des pays à revenus élevés, comme la Corée du Sud, le Chili ou l'Uruguay. En revanche, beaucoup de pays en développement ont progressé de la catégorie des revenus faibles à celle des revenus intermédiaires. Les pays à revenus intermédiaires (en vert clair et rose clair sur les cartes) représentent une grande part de la population mondiale et de l’activité économique. Certains d'entre eux, comme la Chine et le Brésil, sont des acteurs importants de la croissance mondiale. Cependant, certains de ces pays semblent « coincés » dans cette catégorie et ne parviennent pas à progresser davantage. On parle de la "trappe à revenu intermédiaire". Cela concerne surtout des régions comme l'Amérique latine et la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). PIB par habitant et Parité de Pouvoir d'Achat (PPA) Pour comparer les PIB de différents pays, on utilise un ajustement appelé Parité de Pouvoir d'Achat (PPA). Cela permet de prendre en compte les différences de prix entre les pays et d’obtenir une comparaison plus juste. Parité de Pouvoir d'Achat (PPA) : Il s'agit d'un taux de conversion qui permet de comparer le pouvoir d'achat réel dans différents pays. Cela consiste à égaliser le coût de la même quantité de biens et services dans différents pays, en ajustant pour les différences de prix. Pour ce faire, les PIB des pays sont convertis en dollars en utilisant un taux de change spécifique (qui n’est pas le taux de change du marché). Ce taux est calculé de manière à égaliser les niveaux de prix entre les pays. La PPA permet de mieux comparer les économies, car elle corrige les écarts de prix entre les pays. Par exemple, les biens et services sont souvent moins chers dans les pays moins avancés, ce qui réduit les différences entre économies avancées et en développement. Classement des pays par PIB par habitant en PPA Les pays sont classés par ordre croissant de leur PIB par habitant en Parité de Pouvoir d'Achat (PPA). Ce classement est ensuite divisé en classes : ○ La classe la plus basse correspond aux pays où le PIB par habitant est inférieur à 500 USD. ○ La classe la plus élevée regroupe les pays avec un revenu par habitant supérieur ou égal à 25 000 USD. PIB réel vs PIB nominal Le PIB peut être exprimé de deux manières : réel ou nominal. PIB nominal (ou à prix courants) : C'est le PIB exprimé en monnaie courante de l'année en cours (par exemple, en euros actuels). Il tient compte des variations des prix des biens et services (inflation ou déflation). PIB réel (ou à prix constants) : C'est le PIB ajusté pour retirer l'influence des prix. On le compare avec un prix de référence d'une année de base pour ne prendre en compte que les quantités produites et non les variations de prix. PIB nominal et PIB réel de la France en 2017 : En 2017, le PIB nominal de la France était de 2 295,1 milliards d'euros. Il représente la valeur totale de la production, incluant l'effet des variations de prix. Le PIB réel en 2017 était de 2 247,2 milliards d'euros, calculé en termes constants, c'est-à-dire ajusté pour l'inflation (en prenant 2014 comme année de base). L'écart entre le PIB nominal et réel reflète principalement l'évolution des prix. Si le PIB nominal est plus élevé que le PIB réel, cela signifie qu'il y a eu une augmentation des prix (inflation). PIB effectif et PIB potentiel : Le PIB effectif est la production réelle réalisée pendant une période donnée. Il représente la quantité de biens et services effectivement produits dans l'économie à un moment précis. Le PIB potentiel est le niveau de production qu'une économie peut atteindre de manière durable, en utilisant pleinement toutes ses ressources productives (travail, capital, etc.), dans des conditions normales d'emploi et d'utilisation des machines. Comparaison entre PIB effectif et PIB potentiel : Le PIB effectif peut être en dessous ou au-dessus du PIB potentiel : ○ Sous-emploi des ressources : Si le PIB effectif est inférieur au PIB potentiel (comme après la crise financière de 2008 ou la crise sanitaire de 2020), cela signifie qu'il y a un sous-emploi du travail et du capital, et que l'économie n'exploite pas pleinement ses capacités. ○ Dépassement du PIB potentiel : Le PIB peut parfois dépasser temporairement le PIB potentiel (comme en 1990, 2000 ou 2007), grâce à des efforts exceptionnels comme des heures supplémentaires ou un travail plus intensif. L'écart de production (ou "output gap") mesure l'écart relatif entre le PIB effectif et le PIB potentiel. Il se calcule ainsi : Eˊcart de production=(PIB effectif−PIB potentiel /PIB potentiel)×100 Si le PIB effectif est inférieur au PIB potentiel, l'écart de production est négatif (sous-emploi). Si le PIB effectif est supérieur au PIB potentiel, l'écart de production est positif (l'économie surchauffe). c) La croissance économique Le taux de croissance économique : Le taux de croissance mesure l'augmentation ou la diminution de l'activité économique d'un pays. Il est souvent exprimé en pourcentage et montre l'évolution du PIB en volume (ou à prix constants), c'est-à-dire le PIB corrigé de l'inflation. Le calcul de la croissance économique : Le taux de croissance économique se calcule ainsi : Taux de croissance=(PIB en volume de l’anneˊe en cours−PIB en volume de l’anneˊe preˊceˊdente/PIB en volume de l’anneˊe preˊceˊdente)x100 Par exemple, en 2018, la croissance économique de la France était de 1,7% : 2285,9−2247,2/2247,2 ×100=1,7% L'évolution en valeur et en volume du PIB : L'évolution en valeur du PIB comprend à la fois l'évolution du PIB en volume (réel) et l'effet de l'inflation (les prix). Par exemple, en 2018 : ○ La croissance en volume du PIB était de 1,7%. ○ L'inflation (l'évolution des prix) était de 0,8%. Cela donne une croissance totale en valeur du PIB de 2,5%, calculée comme suit : 2,5%=1,7%(croissance en volume)+0,8%(inflation) Relation approximative entre la croissance nominale, réelle et l'inflation : Le taux de croissance du PIB nominal (en valeur) peut être approximé par la somme de la croissance en volume et du taux d'inflation. Formellement :y ≈ g+π Où : ○ y : Taux de croissance du PIB nominal ○ g : Taux de croissance du PIB réel (en volume) ○ π : Taux d'inflation La décomposition de la croissance du PIB : Le PIB peut être décomposé selon ses composantes de dépenses : Consommation finale (des ménages et des administrations publiques) Investissement (achats de biens pour produire) Variations de stocks (changement dans les stocks de biens) Exportations (biens et services vendus à l'étranger) Importations (biens et services achetés à l'étranger) Cette décomposition permet d'analyser comment chaque composante contribue à la croissance économique. 2. Calcul des contributions à la croissance : Pour connaître l'impact de chaque composante sur la croissance du PIB, on mesure l'évolution de chaque composante en volume (en ajustant les prix), et on utilise leur poids en valeur à une date donnée (t-1). Cela donne la contributionde chaque composante à la croissance totale du PIB. Les contributions sont exprimées en points de croissance. Par exemple, si la consommation augmente de 0,6% et représente 0,6 point de croissance, cela signifie que cette composante a contribué à hauteur de 0,6% à la croissance totale du PIB. 3. Exemples de contributions en 2023 et 2021 : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9% : ○ La consommation contribue à hauteur de 0,6 point. ○ L'investissement contribue pour 0,1 point. ○ Le solde extérieur (exportations - importations) contribue positivement pour 0,6 point. ○ Les variations de stocks ont une contribution négative de -0,4 point. ○ La somme de ces contributions donne 0,9% (0,6 + 0,1 + 0,6 - 0,4 = 0,9). En 2021, la croissance du PIB a été de 6,9% (fort rebond après la crise sanitaire) : ○ La consommation a contribué à hauteur de +4,5 points (deux tiers de la croissance). ○ L'investissement a contribué pour +2,2 points. ○ Le solde extérieur a contribué positivement mais moins, pour +0,7 point. ○ Les variations de stocks ont eu un impact négatif de -0,5 point. 4. Impact de la crise sanitaire en 2020 : En 2020, la crise sanitaire a entraîné une chute du PIB de -7,4% en raison des confinements : La consommation a fortement chuté, contribuant à -4,5 points à la baisse du PIB. L'investissement a aussi baissé, contribuant pour -1,3 points. Le solde extérieur a eu une contribution négative de -1,3 point (moins d'exportations, plus d'importations). Les variations de stocks ont eu une petite contribution négative de -0,3 point. La crise sanitaire a donc fortement impacté l'économie, particulièrement en réduisant la consommation. La croissance économique de la France sur longue période (1950-2023) Tendance générale : Sur le long terme, la croissance économique en France a ralenti. Le taux de croissance du PIB en volume est passé de 8,6% en 1950 à 0,9% en 2019. Sous-périodes distinctes : ○ Avant 1973 : La croissance était supérieure à 5% par an, une période de forte expansion économique. ○ Entre 1974 et 2010 : La croissance a ralenti et ne dépasse plus jamais 5%. Le pic a été atteint en 1988 avec +4,7%. La tendance moyenne était autour de 2%. ○ Période récente (2020-2021) : Deux années marquées par des fluctuations exceptionnelles : -7,4% en 2020, dû à la crise sanitaire. +6,9% en 2021, en raison du rebond après la crise sanitaire. Chocs et événements impactant la croissance : ○ 1975 : Choc pétrolier (-1,0%). ○ 1993 : Crise monétaire en Europe (-0,6%). ○ 2009 : Crise financière mondiale (-2,9%). ○ 2020 : Crise sanitaire (-7,4%). La croissance exponentielle et le taux de croissance annuel moyen (TCAM) Croissance exponentielle : Cela signifie que l’économie croît à un taux constant chaque année, ce qui mène à une croissance continue et graduelle du PIB réel ou du PIB réel par habitant. Taux de croissance annuel moyen (TCAM) : Ce taux permet d'évaluer la croissance moyenne annuelle sur une période donnée. ○ Formule du TCAM : TCAM=(PIB final / PIB initial)n1−1)x100 n est le nombre d'années dans la période. La règle des 70 et le taux de croissance annuel moyen Règle des 70 : Cette règle permet de calculer le temps nécessaire pour qu’une grandeur double (comme le PIB réel par habitant) en fonction de son taux de croissance annuel moyen : Nombre d’anneˊes pour doubler= 70/taux de croissance Exemples : Avec une croissance de 1% par an, il faut 70 ans pour doubler. Avec une croissance de 2% par an, il faut 35 ans. Pour une croissance annuelle moyenne de 1,8% (comme en France sur certaines périodes), il faut environ 39 anspour doubler le PIB par habitant. En 117 ans, une économie avec un tel taux de croissance triple son doublement, soit une progression d’un facteur de 8. Application à la France : Entre 1900 et 2016 (116 ans), le PIB par habitant a été multiplié par près de 8, passant de 4 731 $ à 37 124 $. Cela illustre la fiabilité de la règle des 70. Les sources de la croissance à long terme : la productivité Productivité comme moteur principal : ○ La croissance économique à long terme repose essentiellement sur l’augmentation de la productivité. ○ La productivité du travail mesure la valeur des biens et services produits par un travailleur, soit : Par travailleur : PIB total divisé par le nombre de travailleurs. Par heure travaillée : PIB total divisé par le nombre total d’heures travaillées. Lien avec les revenus : ○ Comme le PIB reflète les revenus totaux d’une économie, une augmentation de la productivité se traduit par une hausse des revenus par travailleur. Différence entre productivité et PIB par habitant PIB par habitant : Divise la valeur ajoutée totale (PIB) par la population totale. C’est une mesure globale de la richesse d’un pays. Productivité : Se concentre sur les travailleurs (population active employée). Elle mesure la quantité de production (PIB) générée par un travailleur ou par heure travaillée. Pourquoi les travailleurs sont-ils plus productifs aujourd’hui ? Croissance de la productivité : À long terme, la productivité augmente. Un travailleur produit plus aujourd’hui qu’il y a un siècle grâce à plusieurs facteurs : 1. Capital physique : Les outils, machines et infrastructures (comme les tracteurs, usines, etc.) rendent le travail plus efficace. 2. Capital humain : Les compétences, connaissances et expériences des travailleurs, qui augmentent grâce à l’éducation et la formation. 3. Progrès technologique : Les innovations et améliorations des techniques de production. La fonction de production agrégée Définition : Cette fonction décrit comment la production totale (Y) dépend de trois facteurs principaux : ○ Capital physique (K) : Ensemble des biens utilisés pour produire (machines, bâtiments, outils). ○ Capital humain (H) : Quantité totale de travail (nombre de travailleurs ∗∗ heures travaillées) et leurs compétences. ○ Technologie (A) : État des connaissances et techniques disponibles pour combiner K et H efficacement. Formule :Y=A×F(K,H) Où : ○ AA représente l’état de la technologie. ○ F(K,H)F(K,H) décrit la manière dont capital et travail se combinent. Rôle du capital physique et humain dans la productivité Capital physique (K) : Plus une économie a de machines et infrastructures de qualité, plus chaque travailleur peut produire efficacement. ○ Ex. : Un agriculteur avec des tracteurs et entrepôts produit plus qu’un autre avec uniquement des outils manuels. Capital humain (H) : Les compétences, aptitudes et connaissances des travailleurs augmentent leur efficacité. ○ Ex. : Une meilleure formation permet d’utiliser des outils complexes ou d’innover. Relation entre technologie, facteurs de production et productivité 1. Technologie (A et F(.)): ○ F(.): Représente les moyens techniques disponibles pour produire, c’est-à-dire les instructions permettant de combiner capital et travail. ○ A: Mesure le niveau technologique atteint. Plus AA est élevé, plus une économie peut produire efficacement avec les mêmes ressources. ○ Hypothèse de neutralité du progrès technique (Hicks): Le progrès technologique améliore de manière égale l’efficacité du travail et du capital. 2. Lien avec la productivité par travailleur : ○ En divisant la production totale (YY) et les facteurs de production (K, H) par le nombre de travailleurs (LL), on obtient : y=A×F(k,h) Où : y=Y/L Productivité par travailleur. k=K/L: Capital physique par travailleur (intensité capitalistique). h=H/L: Capital humain par travailleur. ○ Cette équation montre que la productivité dépend de : L’intensité capitalistique (kk). Le capital humain (hh). Le niveau technologique (AA). Rendements décroissants du capital physique Principe : Lorsqu’on augmente k (le capital physique par travailleur), la productivité (y) augmente, mais de moins en moins à chaque ajout successif. Forme de la relation : La relation entre k et y est concave : ○ Exemple : Une usine peut s’améliorer en ajoutant des machines, mais après un certain point, chaque machine supplémentaire apporte peu d’avantages. ○ Estimation : Une augmentation de 1% du capital physique par travailleur augmente la productivité d’environ 0,33%. Exceptions aux rendements décroissants : ○ Si h (capital humain) augmente ou si A (technologie) s’améliore, les rendements décroissants peuvent disparaître. Facteurs de croissance économique 1. Capital physique : Accumulation par l'investissement : ○ L'augmentation du capital physique (KK) se fait par l'investissement, qui dépend de l'épargne des ménages. ○ Les pays ayant des taux d'épargne et d'investissement plus élevés augmentent plus rapidement leur capital physique. Limite - Rendements décroissants : ○ Plus on accumule de capital physique, moins chaque unité supplémentaire augmente la productivité. Cela limite l’impact à long terme de cette accumulation. 2. Capital humain : Augmenter le capital humain : ○ En augmentant le nombre de travailleurs (LL) : Cela peut se produire grâce à des changements démographiques (baisse de la natalité, hausse de l'espérance de vie) ou à une participation accrue des femmes au marché du travail. Exemple : Dividende démographique, un phénomène temporaire sur 30 ans maximum. ○ En augmentant l'efficacité des travailleurs (hh) : Cela passe par l’éducation et la formation. Limites : ○ Il y a une limite au nombre de travailleurs disponibles et à l’amélioration de leur efficacité. 3. Progrès technologique : Un moteur clé de la productivité : ○ Le progrès technique permet de produire davantage avec les mêmes ressources. Il repose sur des innovations dans cinq domaines identifiés par Joseph Schumpeter : Produits, procédés, marchés, matières premières, organisation des entreprises. ○ Rente d’innovation : Une entreprise innovante profite temporairement d’un monopole, ce qui l’incite à innover. ○ Destruction créatrice : L’innovation crée de nouvelles activités tout en rendant obsolètes les anciennes. Lien avec les cycles économiques : ○ Schumpeter explique les cycles économiques longs (cycles Kondratieff) par des phases d’innovations majeures suivies de périodes moins créatives, où de nouvelles innovations se préparent. Exemple de progrès technologique - La loi de Moore : Puissance des ordinateurs : ○ En 1965, Gordon Moore a prédit que le nombre de transistors dans une puce d’ordinateur doublerait tous les deux ans. ○ Cette progression a été vérifiée, passant de 1 000 transistors en 1970 à 1 milliard en 2015. ○ Ce phénomène s’est également observé pour les pixels des appareils photo et les capacités de stockage. Rôle des innovations technologiques Organisation du travail : ○ Les innovations technologiques ne concernent pas seulement les machines ou logiciels, mais aussi la façon de travailler. ○ Exemple : Taylorisme (début XXe siècle) : réorganisation du travail en processus rationalisés avec une supervision accrue pour augmenter la productivité. Télétravail : facilité par les nouvelles technologies, a gagné en importance, surtout après la crise sanitaire. Recherche et Développement (R&D) : ○ La R&D vise à générer des innovations, avancer les connaissances scientifiques, et appliquer ces avancées à la production. ○ Les dépenses en R&D (entreprises, centres de recherche, universités) sont un indicateur clé du progrès technologique d’un pays. ○ Ces efforts influencent directement la capacité d’une économie à réaliser des avancées technologiques. 2. Institutions : Une cause fondamentale de la croissance Définition des institutions : ○ Les institutions sont des règles formelles (lois, règlements) et informelles (coutumes, normes) qui structurent une société et ses interactions économiques. ○ Elles influencent les incitations économiques (comme l’investissement dans le capital humain, le capital physique ou la technologie). Importance des institutions : ○ Selon Daron Acemoğlu, Simon Johnson et James Robinson, la qualité des institutions détermine les différences de prospérité entre les pays. ○ Institutions solides = incitations favorables à l’innovation, à l’investissement et à la croissance économique. ○ Exemple historique : certains pays prospèrent grâce à des institutions inclusives qui permettent à tous de participer et de bénéficier de la croissance, contrairement à des institutions extractives qui concentrent les ressources. Typologie des institutions : ○ Institutions économiques : Règles régissant les transactions économiques et financières (ex. système judiciaire, règles de concurrence, réglementation des marchés). ○ Institutions politiques : Façon dont le pouvoir est organisé et exercé dans une société (ex. démocratie ou autoritarisme). Qu’est-ce que les institutions politiques ? Les institutions politiques déterminent qui détient le pouvoir et comment ce pouvoir est encadré (par des règles ou des contrôles). Types d’institutions : inclusives vs extractives Institutions inclusives : Garantissent le bon fonctionnement d’une économie de marché en protégeant : ○ Les droits de propriété privée (les individus peuvent posséder des biens et entreprises, et cette propriété est sécurisée). ○ Les contrats privés (accords entre individus respectés et appliqués par la loi). ○ L’accès libre et ouvert aux activités économiques pour tous (pas de barrières). ○ L’éducation et les compétences nécessaires à la participation économique. Conséquences : ○ Créent un environnement de confiance pour les investisseurs et entrepreneurs. ○ Favorisent l’innovation, la productivité et la croissance économique. ○ Encouragent le pluralisme politique (pouvoir partagé, surveillé, et équilibré) pour éviter la concentration du pouvoir. Institutions extractives : Entravent l’économie de marché en : ○ Ne protégeant pas les droits de propriété ni les contrats privés. ○ Élevant des barrières pour empêcher certaines personnes d’accéder à des secteurs économiques. Créées par l’élite au pouvoir (politique ou économique) pour extraire les ressources de la majorité au profit d’un petit groupe. Conséquences : ○ Freinent l’entrepreneuriat, la productivité et la croissance économique. Rôle clé des institutions inclusives : Les institutions inclusives soutenues par un pouvoir politique pluraliste sont essentielles pour : ○ Instaurer la confiance économique. ○ Encourager l’investissement et l’innovation. ○ Dynamiser l’économie en stimulant la productivité et la croissance. Effets des institutions extractives : Fragilisent l’activité économique en : ○ Ne protégeant pas suffisamment le droit de propriété. ○ Rendant difficile ou coûteux de signer des contrats, financer des projets, ou utiliser les tribunaux. ○ Créant une instabilité institutionnelle (changements fréquents des lois). ○ Maintenant des lois avantageuses pour une minorité. Institutions politiques inclusives : Caractéristiques : ○ Pouvoir largement distribué entre différents groupes d’intérêt. ○ Maintien des lois tant qu’elles sont bénéfiques pour la majorité, pas juste pour une élite. Avantages : ○ Évitent les changements législatifs arbitraires qui favorisent une minorité. ○ Créent un environnement stable et fiable pour l’économie. Rôle de la centralisation politique : Une centralisation modérée est essentielle : ○ Permet de réduire les conflits et de coordonner les actions publiques. ○ Un État centralisé selon le modèle de Max Weber (assurant sécurité, justice, et monopole légitime de la violence) est une condition importante pour des institutions inclusives. ○ Cependant, une centralisation excessive devient nuisible. Absence d’État : ○ Pire que des institutions extractives. ○ Entraîne désordre et insécurité, ce qui freine totalement le développement économique. Conditions pour la prospérité et la croissance soutenue : Les investisseurs et innovateurs doivent être assurés qu’en cas de succès, leurs gains seront protégés (pas confisqués). Cela repose sur : ○ Une centralisation politique modérée. ○ Des institutions inclusives qui protègent les droits et favorisent l’innovation. Distinction entre croissance soutenue et durable : Croissance soutenue : Augmentation stable et positive du PIB par habitant sur le long terme. Croissance durable : Considère les aspects environnementaux et sociaux à long terme (traité séparément). 2) Mesurer la transition écologique juste Limites du PIB comme indicateur unique : Le PIB et la croissance économique mesurent l’aspect quantitatif de la production, mais : ○ Ils ne reflètent pas le développement structurel et qualitatif d’une économie. ○ Ils ne tiennent pas compte du bien-être des habitants ni des enjeux environnementaux. Bien que le PIB soit utile pour analyser l’économie à court terme, il ne suffit pas comme guide unique pour les politiques économiques, en particulier pour la transition écologique. a) La Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi Rapport de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi (2009) : Objectif : Proposer des outils pour mieux mesurer le progrès social et la qualité de la croissance. Recommandation clé : Utiliser des tableaux de bord composés de plusieurs indicateurs plutôt qu’un seul indicateur synthétique. Pourquoi des tableaux de bord ? Avantages : ○ Précision et richesse d’information : Ils présentent des données détaillées sur divers aspects (revenus, patrimoine, qualité de vie, etc.). ○ Permettent d’adapter les indicateurs à des besoins spécifiques pour créer des analyses ciblées. Limites : ○ Moins faciles à interpréter qu’un seul chiffre global. ○ Peuvent devenir complexes si le nombre d’indicateurs est trop élevé. Orientations pour construire un tableau de bord : 1. Compléter le PIB avec des données centrées sur les ménages : ○ Inclure des statistiques sur les revenus, la consommation, le patrimoine, et les activités non marchandes. ○ Utiliser des données microéconomiques pour refléter la diversité des situations individuelles grâce à des enquêtes auprès des ménages. 2. Mesurer la qualité de vie : ○ Intégrer des mesures : Objectives : comme les conditions matérielles ou la santé. Subjectives : comme la satisfaction personnelle ou le sentiment de bien-être. Mesures de la qualité de vie : Mesures objectives : ○ Inspirées par les travaux d’Amartya Sen sur les capacités : 1. Ce qui compte, c’est l’ensemble des possibilités offertes aux individus et leur liberté de choisir la vie qui leur importe. ○ Incluent des indicateurs comme la santé, l'éducation, les activités personnelles, les relations sociales, la participation politique, et le sentiment de sécurité. Mesures subjectives : ○ Basées sur les travaux d’E. Diener (1984) sur le bien-être, qui comprend trois dimensions : 1. Satisfaction dans la vie : Évaluation globale d’une personne sur sa vie à un moment donné. 2. Émotions positives : Ressentir des sentiments comme la joie ou l’énergie sur une période donnée. 3. Absence d’émotions négatives : Réduction de la colère, la tristesse ou la dépression. ○ Ces dimensions sont complémentaires : on peut être satisfait de sa vie tout en ressentant parfois des émotions négatives. Améliorer les outils de mesure : Indicateurs plus riches : ○ Intégrer des données sur les relations sociales, la satisfaction au travail, le loisir, et les liens affectifs(amis, famille). ○ Mesurer aussi des éléments environnementaux comme la pollution ou l’insécurité. Exemples concrets : ○ En France, des enquêtes comme Emploi du temps ou SRCV incluent des questions sur : La satisfaction liée au travail, au temps libre et aux relations personnelles. Les priorités et expériences des individus. Suivi environnemental : Focus sur les indicateurs physiques : ○ Mesurer directement des données environnementales comme les gaz à effet de serre (en tonnes de CO2). ○ Cette approche est plus précise et plus réalisable à court terme qu’une évaluation monétaire de l’impact écologique. b) Les indicateurs de développement durable au niveau international et européen Les indicateurs de développement durable au niveau international : Les ODD (Objectifs de Développement Durable) ont été suivis par la Commission Statistique et l’Assemblée des Nations Unies en 2017. Ils ont adopté 232 indicateurs pour mesurer les progrès sur ces objectifs à l’échelle mondiale. Problèmes rencontrés : ○ Certains indicateurs sont bien définis et reposent sur des méthodes solides. ○ D’autres n’ont pas encore de données dans de nombreux pays. ○ Ces indicateurs ne sont pas toujours adaptés à tous les contextes nationaux (car chaque pays a des réalités différentes). Pour mieux suivre les ODD, les États sont invités à créer leurs propres indicateurs nationaux selon leurs priorités, réalités et capacités. Les indicateurs de développement durable de l’Union Européenne : L’Union Européenne suit aussi les Objectifs de Développement Durable depuis 2007. En 2017, elle a annoncé une mise à jour avec des indicateurs spécifiques pour suivre ces objectifs au niveau européen. Cette liste contient 100 indicateurs qui sont répartis entre les 17 ODD (environ 5 à 6 indicateurs par objectif). Elle permet de suivre les progrès dans différents domaines du développement durable de manière équilibrée. ○ Certains indicateurs couvrent plusieurs objectifs. Sources des indicateurs : ○ Eurostat, le système statistique européen, produit une partie de ces indicateurs. ○ D'autres indicateurs sont fournis par des ONG (notamment pour des sujets comme le changement climatique et les écosystèmes marins ou terrestres). c) Les indicateurs français de développement durable : les 10 indicateurs de richesse nationale Les indicateurs français de développement durable : La France a adopté une approche similaire à celle de l’Union Européenne pour mesurer le développement durable. La première stratégie de développement durable en France a été définie en 2003, après les engagements pris lors des sommet de la Terre de Rio en 1992 et de Johannesburg en 2002. En tant que membre de l'ONU, la France a aussi intégré les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'Agenda 2030 dans ses politiques. Le tableau de bord français : Un groupe de travail du Cnis (Conseil national de l'information statistique) a créé un tableau de bord avec 98 indicateurs pour suivre la progression de la France sur les ODD. Ce tableau inclut 66 indicateurs mondiaux jugés pertinents pour la France. Ce tableau de bord sert à compléter les indicateurs internationaux et permet à la France de participer au suivi mondial en utilisant les 232 indicateurs des Nations Unies. Lien pour consulter les indicateurs : Tableau de bord 2030. Les 10 indicateurs de richesse nationale : En 2015, la loi Eva Sas a introduit 10 nouveaux indicateurs de richesse pour mesurer le bien-être national. Ces indicateurs prennent en compte plusieurs aspects du développement durable : ○ Économique ○ Social ○ Environnemental Ces 10 indicateurs permettent d'évaluer : ○ Le bien-être actuel de la population, ○ Le bien-être futur (comment les politiques actuelles affecteront les générations futures), ○ Le bien-être « ailleurs », c'est-à-dire l'impact de notre mode de vie sur d'autres régions du monde. La dimension économique : Ce texte présente trois indicateurs clés pour mesurer la dimension économique du développement durable : Le taux d’emploi des 15-64 ans La dépense de recherche DIRD/PIB La stabilité financière (dette publique et privée) 2. Le taux d’emploi des 15-64 ans : Cet indicateur mesure la capacité de l’économie à utiliser le potentiel de main-d'œuvre et à favoriser l’inclusion sociale par l’emploi. Il correspond au pourcentage de personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi par rapport au nombre total de personnes dans cette tranche d’âge. En 2022, le taux d’emploi en France était de 68,1%, mais inférieur à celui de l'Union européenne (69,9%). Le taux d’emploi est généralement plus élevé chez les hommes, mais l’écart entre hommes et femmes se réduit. En 2022, le taux d’emploi des femmes était de 65,6%, son niveau le plus élevé depuis 2003. Ce taux fluctue en fonction de l’évolution démographique (comme le vieillissement de la population et l’allongement des études) et de la conjoncture économique (comme les périodes de récession). La dépense de recherche DIRD/PIB : La Recherche et Développement (R&D) est un moteur clé de l’innovation, de la compétitivité et de la croissance durable, notamment pour répondre aux défis climatiques. DIRD/PIB mesure l’effort de recherche d’un pays, en comparant les dépenses en R&D à son produit intérieur brut (PIB). DIRD (Dépenses Intérieures de Recherche et Développement) inclut : ○ Les dépenses courantes (salaires des chercheurs et dépenses liées à la recherche), ○ Les dépenses en capital (achat d’équipements pour la recherche, investissements immobiliers dans les infrastructures de recherche). Ce ratio permet de suivre les investissements dans la R&D sur le territoire, impliquant à la fois les secteurs publics et privés. La dimension économique : Ce texte présente trois indicateurs clés pour mesurer la dimension économique du développement durable : Le taux d’emploi des 15-64 ans La dépense de recherche DIRD/PIB La stabilité financière (dette publique et privée) Le taux d’emploi des 15-64 ans : Cet indicateur mesure la capacité de l’économie à utiliser le potentiel de main-d'œuvre et à favoriser l’inclusion sociale par l’emploi. Il correspond au pourcentage de personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi par rapport au nombre total de personnes dans cette tranche d’âge. En 2022, le taux d’emploi en France était de 68,1%, mais inférieur à celui de l'Union européenne (69,9%). Le taux d’emploi est généralement plus élevé chez les hommes, mais l’écart entre hommes et femmes se réduit. En 2022, le taux d’emploi des femmes était de 65,6%, son niveau le plus élevé depuis 2003. Ce taux fluctue en fonction de l’évolution démographique (comme le vieillissement de la population et l’allongement des études) et de la conjoncture économique (comme les périodes de récession). La dépense de recherche DIRD/PIB : La Recherche et Développement (R&D) est un moteur clé de l’innovation, de la compétitivité et de la croissance durable, notamment pour répondre aux défis climatiques. DIRD/PIB mesure l’effort de recherche d’un pays, en comparant les dépenses en R&D à son produit intérieur brut (PIB). DIRD (Dépenses Intérieures de Recherche et Développement) inclut : ○ Les dépenses courantes (salaires des chercheurs et dépenses liées à la recherche), ○ Les dépenses en capital (achat d’équipements pour la recherche, investissements immobiliers dans les infrastructures de recherche). Ce ratio permet de suivre les investissements dans la R&D sur le territoire, impliquant à la fois les secteurs publics et privés. Le suivi des dépenses de Recherche et Développement (R&D) : L'Union Européenne a fixé un objectif pour 2020 : consacrer 3% du PIB à la Recherche et Développement (R&D). Cet objectif devait être principalement financé par les entreprises (deux tiers du total). En 2022, la France a atteint un 2,18% du PIB en dépenses de R&D, ce qui reste insuffisant par rapport à l'objectif de 3%. Cependant, 2020 a marqué une augmentation notable des dépenses de R&D en France, atteignant 2,30% du PIB. La dette publique et privée : La dette publique est l'argent que l'État et les administrations publiques doivent. Elle inclut les emprunts des administrations centrales, locales et de sécurité sociale, ainsi que les titres de dette (comme les bons du Trésor et les obligations). La dette publique est calculée en valeur nominale, c'est-à-dire la somme totale des emprunts sans tenir compte des actifs financiers possédés par l'État. La dette privée concerne les entreprises et les ménages : ○ Entreprises : leur dette inclut les crédits à court et long terme, les obligations et les titres de créances. ○ Ménages : leur dette est principalement constituée des crédits à la consommation (prêts à court et long terme) obtenus auprès des banques et autres institutions financières. Les dettes sont consolidées pour éviter de compter deux fois la même dette, par exemple, quand une entreprise doit de l'argent à une autre. La dette publique : La dette publique représente l'argent que l'État emprunte pour financer ses activités, en promettant de le rembourser à l'avenir. Cette dette peut réduire la capacité de l'État à répondre aux besoins futurs de la population. Critères de Maastricht : L'Union Européenne impose que la dette publique ne dépasse pas 60 % du PIB (la valeur de tous les biens et services produits dans le pays) pour maintenir une stabilité économique à long terme. Cependant, des dépassements sont autorisés dans des situations exceptionnelles. Situation de la France : ○ En 2009, la dette publique de la France était de 83 % du PIB. ○ En 2022, elle a atteint 111,8 % du PIB, avec un pic à 115 % en 2020. Depuis, il y a eu une légère baisse. Endettement privé : ○ Les entreprises (sociétés non financières) et les ménages (familles) sont aussi endettés. ○ L'endettement des entreprises est passé de 78,1 % du PIB en 2009 à 97,6 % en 2022. ○ L'endettement des ménages est passé de 51,8 % du PIB en 2009 à 65,5 % en 2022. Il y a eu une légère tendance à moins s'endetter depuis 2020. 2. La dimension sociale : Cinq indicateurs sociaux sont suivis pour évaluer le bien-être des citoyens : 1. L’espérance de vie en bonne santé : ○ Cela mesure le nombre d'années qu'une personne peut s'attendre à vivre en bonne santé, à la naissance. ○ Cet indicateur ne se limite pas à la durée de vie totale, mais se concentre sur le nombre d'années vécues sans limitations majeures dans les activités quotidiennes (comme manger, travailler, faire du sport, etc.). ○ C'est un indicateur de santé fonctionnelle, qui prend en compte l'absence de limitations dans les activités de tous les jours. 2. Les autres indicateurs sociaux comprennent : ○ L’indice de satisfaction dans la vie (qualité de vie), ○ Les inégalités de niveau de vie, ○ La pauvreté en conditions de vie, et ○ Les sorties précoces du système scolaire (pour mesurer la qualité du système éducatif). Espérance de vie en bonne santé : Chez les femmes : ○ Espérance de vie à la naissance (2022) : 85,2 ans. ○ Espérance de vie en bonne santé (2022) : 63,8 ans. ○ Il y a donc un écart de environ 20 ans entre ces deux indicateurs, ce qui signifie que les femmes vivent en moyenne 20 ans de plus, mais ces années supplémentaires ne sont pas nécessairement vécues en bonne santé. ○ Progression : Entre 2019 et 2021, l'espérance de vie en bonne santé des femmes a progressé, mais elle a baissé en 2022, faisant passer l'espérance de vie en bonne santé des femmes sous celle des hommes pour la première fois depuis 2004. Chez les hommes : ○ Espérance de vie à la naissance (2022) : 79,3 ans. ○ Espérance de vie en bonne santé (2022) : 65,3 ans. ○ L'écart entre l'espérance de vie à la naissance et l'espérance de vie en bonne santé est de 15 ans pour les hommes. ○ Comme pour les femmes, il y a eu une progression de l'espérance de vie en bonne santé jusqu'en 2021, suivie d'une baisse en 2022. La satisfaction globale dans la vie : Cet indicateur mesure la satisfaction des Français par rapport à leur vie actuelle. Il est calculé depuis 2010 en France, grâce à l'enquête SRCV (Statistique sur les ressources et les conditions de vie), qui interroge chaque année environ 14 000 ménages. L'enquête utilise une échelle de 0 à 10, où 0 signifie "pas du tout satisfait" et 10 signifie "très satisfait". Les répondants doivent indiquer leur niveau de satisfaction concernant leur vie actuelle. L'échantillon est rotatif, ce qui signifie qu'un certain nombre de ménages sont renouvelés chaque année, et les mêmes ménages sont suivis pendant 9 ans. La dispersion des revenus et les inégalités en France : Pour mesurer les inégalités de revenus, un indicateur clé est utilisé : le rapport interquintile des masses de niveau de vie. Ce ratio compare la masse des revenus détenue par les 20 % les plus riches à celle détenue par les 20 % les plus pauvres. Plus le ratio est élevé, plus les revenus sont concentrés chez les plus riches. Définition des concepts : 1. Niveau de vie d’un ménage : ○ Calculé à partir du revenu disponible corrigé de la taille du ménage. ○ Revenu disponible = Revenus déclarés (salaires, pensions, indemnités, etc.). Revenus financiers (assurance-vie, livrets d’épargne, etc.). Prestations sociales + prime pour l’emploi. Moins les impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d'habitation, contributions sociales). 2. Taille du ménage et unités de consommation (UC) : ○ La taille est ajustée pour refléter les économies d’échelle dans les ménages grâce à une échelle d’équivalence : 1 UC pour le premier adulte. 0,5 UC pour les autres membres de 14 ans ou plus. 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans. ○ Niveau de vie = revenu disponible / nombre d’UC. Points importants : L'indicateur met en lumière l'inégalité de répartition des revenus au sein de la population. Les calculs tiennent compte de la taille du ménage, permettant une comparaison plus juste entre ménages de différentes tailles. Le niveau de vie inclut tous les types de revenus, mais également les prélèvements obligatoires, pour une mesure nette Résumé et explication simplifiée : 1. Taux de pauvreté en conditions de vie (2013-2022) : En France, ce taux est relativement stable, oscillant entre 11,8 % et 13,1 %. 2020 marque une rupture dans les données (changement dans le suivi ou les conditions). 2. Sorties précoces du système scolaire : Cet indicateur mesure le pourcentage de jeunes 18-24 ans qui : ○ Ne sont plus en études ou en formation. ○ N’ont pas validé un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur (ex. CAP, BEP, ou plus). En France (2022) : ○ 7,6 % des jeunes de 18-24 ans quittent le système scolaire prématurément. ○ Féminin : Les sorties précoces diminuent depuis 2015, atteignant 6 % en 2021. ○ Masculin : Après une période stable (2016-2018), le taux baisse à 9,2 % en 2022. Au niveau européen : ○ Le taux a baissé depuis 2006 (15,3 % à 9,6 % en 2022). ○ L’indicateur français est meilleur que la moyenne européenne, mais l’écart s’est réduit depuis 2015. Objectif européen : Réduire les sorties précoces à moins de 10 %. La France vise 9,5 %. 3. Dimension environnementale : Mesures clés : ○ Empreinte carbone : Évalue les émissions de gaz à effet de serre (GES) causées par la consommation des habitants. Inclut : Émissions directes des ménages (voitures, chauffage au fioul, gaz, etc.). Les émissions liées à la production des biens consommés en France. Cet indicateur reflète l’impact environnemental du mode de vie de la population. Artificialisation des sols : Suit la transformation de sols naturels en surfaces construites (routes, bâtiments) et ses effets sur la biodiversité. Points importants : Les sorties précoces en France sont inférieures à la moyenne européenne et en diminution. La pauvreté en conditions de vie reste stable, autour de 12 %. Les enjeux environnementaux incluent : ○ La réduction de l’empreinte carbone des ménages. ○ La limitation de l'artificialisation des sols pour protéger la biodiversité. Résumé simplifié : 1. Empreinte carbone : Définition : L’empreinte carbone mesure les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la consommation nationale, qu’elles proviennent : ○ Des émissions directes des ménages (voitures, chauffage). ○ De la production intérieure de biens et services, hors exportations. ○ Des importations (produits consommés en France mais fabriqués ailleurs). Évolution : ○ En 2022, l’empreinte carbone en France est de 9,2 tonnes par habitant, en baisse par rapport à 11,3 tonnes en 1995. ○ Principaux contributeurs : Déplacements, habitat, et alimentation représentent environ 75 % de cette empreinte. Baisse générale : ○ Depuis 2010, l’empreinte carbone diminue malgré une légère hausse après 2020. ○ Cette tendance reflète des efforts sur l’efficacité énergétique et la transition vers des énergies moins carbonées. 2. Différence entre empreinte carbone et émissions territoriales : Empreinte carbone : Inclut les GES liés aux importations et évalue la demande intérieure. Émissions territoriales : Inclut uniquement : ○ Les émissions directes des ménages. ○ Les émissions des productions nationales (y compris pour l’export). Données des émissions territoriales : ○ En 1995 : 8,9 tonnes/habitant. ○ En 2022 : 5,8 tonnes/habitant. 3. Raisons de la baisse des émissions territoriales : 1. Efficacité énergétique : Amélioration des technologies pour consommer moins d’énergie. 2. Transition énergétique : Plus d’énergies non fossiles (ex. électricité renouvelable). 3. Tertiarisation de l’économie : Plus de services, moins d’activités industrielles polluantes. Cependant, cette baisse des émissions territoriales est accompagnée par une augmentation des GES liés aux importations, reflétant une externalisation des émissions vers d’autres pays. Points clés à retenir : L’empreinte carbone donne une vision complète des pressions climatiques dues à la consommation, tandis que les émissions territoriales se limitent à ce qui est produit sur le territoire. En France, les émissions territoriales et l’empreinte carbone par habitant diminuent sur le long terme grâce aux efforts en matière d’énergie et d’économie, mais les importations restent un défi majeur. Le Score de Transition Juste (JTS) Le Score de Transition Juste (JTS) est un indicateur qui mesure comment un pays réussit à combiner progrès social et protection de l’environnement. 1. Base de calcul : Inspiré de l’Indice de Progrès Social (SPI) : ○ Le SPI évalue trois grandes dimensions : Besoins humains fondamentaux (santé, nourriture, sécurité). Fondements du bien-être (accès à l’éducation, environnement durable). Opportunités (droits, accès à des opportunités sociales et économiques). ○ Le SPI ne prend pas en compte l’économie (comme le PIB). ○ Les travaux d’Amartya Sen et de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi ont influencé sa conception. 2. Ajout d’indicateurs environnementaux : Les auteurs enrichissent le SPI avec des indicateurs environnementaux : ○ Empreinte carbone (émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation). ○ Émissions territoriales (émissions locales dues à la production et exportation). ○ Un indicateur de protection de la biodiversité et de l’habitat (provenant de l’Indice de Performance Environnementale). 3. Deux sous-indicateurs : JTSCO₂ : Rapport entre l’empreinte carbone par habitant et le SPI. JTSMF : Rapport entre les émissions territoriales par habitant et le SPI. 4. Calcul du JTS : Le JTS final est la moyenne des deux sous-indicateurs : \text{JTS} = \frac{\text{JTSCO₂} + \text{JTSMF}}{2} ] 5. Période et pays étudiés : Cet indicateur a été calculé pour 169 pays entre 2011 et 2019. Classement des pays selon le Score de Transition Juste (JTS) Le JTS est une note comprise entre 0 et 100, mesurant le progrès social et l’impact environnemental. En 2019, les pays les plus performants sont : ○ Portugal (84,43), Espagne (83,52), et Costa Rica (83,46). ○ France est classée 7ᵉ (82,07), derrière l’Italie et devant le Sri Lanka. Les moins performants sont : ○ Tchad (24,33), Émirats Arabes Unis (26,76), et République centrafricaine (27,89). Évolution entre 2011 et 2019 Les scores se sont améliorés, notamment pour les grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) : ○ Chine, Inde, États-Unis. Par région, l'Union européenne est la plus performante, suivie par l’Amérique latine et les Caraïbes. Lien avec l’économie (PIB par habitant) Une relation concave apparaît entre le JTS et le PIB : ○ Pays à revenus intermédiaires (comme la Moldavie ou l’Arménie) : Bons résultats : progrès social élevé et impacts environnementaux sous contrôle (soutenabilité forte). ○ Pays riches (Portugal, Espagne, France, Italie) : Progrès social élevé, mais impacts environnementaux au-dessus des seuils critiques (soutenabilité faible).