Clinique des Usages en Psychologie du Travail PDF

Summary

This document provides an overview of the theoretical framework and epistemological positioning of the "clinical approach to usage" in the field of work psychology. It emphasizes the integration of various perspectives, including work psychology, ergonomics, and the sociology of usage. The document delves into the potential and limitations of technological tools. It also explores how technology impacts work processes, employee well-being, and professional development.

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1. Cadre théorique et positionnement épistémologique de la clinique des usages Se positionnant dans le courant de la clinique du travail défini par Lhuilier (2019) comme « un ensemble de contributions propres à l’analyse de la subjectivité et du travail » et regroupant les orientations de la clin...

1. Cadre théorique et positionnement épistémologique de la clinique des usages Se positionnant dans le courant de la clinique du travail défini par Lhuilier (2019) comme « un ensemble de contributions propres à l’analyse de la subjectivité et du travail » et regroupant les orientations de la clinique de l’activité (Clot, 2008), de la psychodynamique du travail (Dejours, 1993) et de la psychosociologie clinique du travail (Lhuilier, 2019), la clinique des usages se veut une approche intégrative pluridisciplinaire articulant des perspectives issues de la psychologie du travail, de l’ergonomie, de la psychologie ergonomique et de la sociologie des usages. Elle s’inscrit dans la tradition d’observation et d’accompagnement des situations concrètes de travail. Elle se développe comme une orientation spécifique dans le champ de la psychologie du travail au regard des enjeux liés aux évolutions technologiques, aux transformations sociotechniques et à leurs incidences sur le travail et la santé au travail. Dans ses objectifs, la clinique des usages cherche à cerner les développements possibles et impossibles de l’activité, en lien avec l’usage des instruments technologiques. Par l’expérience de l’activité médiatisée, elle s’interroge aussi sur notre rapport au travail, c’est-à- dire sur la façon dont on conçoit, perçoit et éprouve le travail, et plus généralement sur nos capacités à agir et à nous affirmer avec et dans ces nouveaux environnements sociotechniques. Elle soutient également la vocation potentiellement réflexive et développementale des technologies pour l’activité et les usagers. Sur un plan épistémologique, l’ambition de la clinique des usages est alors de dépasser la vision purement performative des technologies pour envisager la dimension constructive de celles-ci, en étant attentif aux pratiques que ces dispositifs permettent de faire émerger ou au contraire réfrènent. En effet, il n’y a pas seulement ce que l’on fait avec la technologie qui compte, il y a aussi ce que l’on devient par son usage : la manière dont on se construit, dont on se transforme, favorablement ou défavorablement, au contact de ces nouveaux dispositifs, qui vont exiger ou permettre d’autres façons de faire, de penser, d’organiser ou encore de collaborer dans le travail. Ces technologies sont dès lors autant une condition de réalisation du travail qu’un facteur de développement de l’activité et du métier, et de construction de l’individu au travail. La clinique des usages se positionne donc au plus près des préoccupations des professionnels, à travers la prise en compte de l’activité qui se fait et qui pourrait mieux se faire, avec ou sans ces systèmes d’ailleurs. Elle participe en cela à la préservation de la qualité de vie au travail par l’amélioration des conditions d’exercice du travail – dont les technologies sont devenues un rouage essentiel – ainsi qu’à la revitalisation des métiers et au renouvellement des compétences, par un développement soutenable de cette activité médiatisée et des nouvelles formes de travail associées. Sur un plan plus opérationnel, elle vise à mieux comprendre et accompagner les transformations sociotechniques, en se plaçant résolument du côté de l’activité et des sujets-acteurs de ces évolutions. À l’opposé de certains paradigmes dominants en psychologie sociale et du travail – comme les approches socio- cognitivistes et positivistes qui cherchent à modéliser des processus intra-individuels (de types motivationnels, décisionnels, représentationnels, émotionnels…) pour mieux formaliser et déterminer les comportements –, l’approche en clinique des usages s’ancre dans le vécu subjectif et dans les pratiques effectives et collectives des usagers. Elle s’intéresse autant aux conditions et modalités de mise en œuvre de ces technologies qu’à leurs incidences sur l’activité et le bien-être des salariés. Elle s’appuie sur des méthodes d’analyse compréhensive et formative1 de l’activité pour rendre visible et lisible les transformations sociotechniques à l’œuvre dans le but de mieux guider les organisations dans leurs choix et surtout d’y associer les professionnels, experts de leur métier. Cette perspective permet aussi de redonner de l’épaisseur psychosociale aux projets de changement technologique. Elle offre enfin aux professionnels la possibilité de participer pleinement au processus de coconception et de déploiement de ces systèmes techniques qui leur sont destinés en premier lieu. En définitive, l’approche en clinique des usages invite à ne pas considérer la technologie comme un simple outil au service d’une tâche, mais de faire en sorte qu’elle devienne un véritable partenaire et une vraie ressource pour l’individu en activité. C’est-à-dire qu’elle soit un instrument d’expression, de transformation et de reconnaissance du salarié et de ses pratiques, donnant la possibilité à l’individu de faire mieux (en matière d’efficience et d’efficacité) et bien (en termes de sens et de valeur) son travail.

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