Clinique des Usages: Quatre Perspectives d'Analyse et d'Intervention PDF
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Ce document présente quatre perspectives d'analyse de l'intervention de la clinique des usages, en examinant comment les technologies influent sur l'activité et le bien-être des salariés. Il explore la dimension fonctionnaliste, compréhensive et prospective de cette relation. L'analyse porte aussi sur les technologies et le travail en se concentrant sur l'évolution du travail et le rôle des technologies dans la vie professionnelle et la santé au travail.
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2. Les quatre perspectives d’analyse et d’intervention de la clinique des usages Pour décrypter les rapports complexes et ambivalents qui vont se nouer entre technologie, activité et sujet, quatre grandes perspectives d’analyse et d’intervention guident son action. 1. Dans une perspective fonction...
2. Les quatre perspectives d’analyse et d’intervention de la clinique des usages Pour décrypter les rapports complexes et ambivalents qui vont se nouer entre technologie, activité et sujet, quatre grandes perspectives d’analyse et d’intervention guident son action. 1. Dans une perspective fonctionnaliste, la clinique des usages cherche d’abord à comprendre le rôle et la fonction psychosociale que peuvent avoir les technologies dans l’activité et son développement. Elle s’intéresse à la façon dont le sujet mobilise ces objets dans son activité tout autant que la manière dont l’objet technique mobilise les sujets par son usage. Dans son action, elle vise à faire des technologies un instrument au service de l’activité, du bien-être des salariés, de la qualité du travail et de la performance des organisations. Elle participe à la conception et au déploiement de technologies « capacitantes » et « habilitantes » qui ont du sens pour les usagers et qui donnent aussi du sens et de la valeur à leur activité. Dit autrement, la clinique des usages cherche à faire de ces dispositifs des opérateurs de santé au travail : qui favorisent l’initiative et l’autonomie, qui participent au développement et à l’expression des compétences et qui donnent au salarié la possibilité d’appliquer ses propres critères de qualité tout en lui permettant de renouveler les règles de son métier. 2. Dans une perspective compréhensive, la clinique des usages décrypte les nouvelles formes et modalités de travail qui peuvent accompagner ou se trouver impulsées par les changements technologiques. Il s’agit d’une part de caractériser ces nouvelles configurations du travail (hybrides, nomades, mobiles, ubérisées, agiles, flex-office… que nous qualifions d’activité 4.0) afin d’en cerner les enjeux et les implications sur l’activité et la santé au travail. Il s’agit d’autre part de participer à la (re)conception de ces environnements sociotechniques de travail en y associant les professionnels. 3. Dans une approche plus prospective, la clinique des usagers se propose de prospecter les conditions d’usage, et notamment les facteurs d’acceptabilité des technologies dans et par l’activité. On cherche ainsi moins à évaluer l’acceptabilité des technologies elles- mêmes que de comprendre l’acceptation des nouvelles pratiques qui sont permises, empêchées ou imposées par l’usage des technologies (notion d’acceptation située). Elle ambitionne aussi de déterminer les conditions acceptables et les ressources favorables pour concevoir et déployer des technologies responsables. 4. Enfin, dans une perspective interventionniste et transformatrice, la clinique des usages propose d’envisager la technologie comme un levier d’analyse et d’intervention sur l’activité. La technologie n’est plus seulement abordée comme un instrument d’action au service de l’activité du sujet. Elle est vue aussi comme un objet médiateur qui permet d’interroger le rapport subjectif du sujet à son activité. En d’autres termes, le projet de transformation digitale est le prétexte à une réflexion plus large sur le travail réel. Les processus d’innovation à l’œuvre peuvent être l’occasion de mettre en place des espaces de délibération sur le travail qui se fait afin de mieux repenser le travail à faire et surtout de discuter collectivement de la place et du rôle des technologies dans cet environnement professionnel remanié. Ainsi, l’examen clinique des technologies que l’on souhaite développer dans cette clinique des usages concerne la dimension à la fois réflexive et transformatrice que peuvent susciter les technologies dans l’activité, selon différentes perspectives : (1) dans sa visée créative, l’activité a un devenir par la technologie et inversement, la technologie a diverses potentialités d’usage par les processus d’appropriation et son incarnation dans l’activité ; (2) par sa visée réflexive qui fait de la technologie un objet de conflictualité constructif pour repenser l’activité et le projet de changement technologique ; enfin (3) dans sa visée située (par les processus d’acceptation) qui met la technologie à l’épreuve et au service du réel pour soutenir le déroulement de l’activité. Nous allons à présent revenir sur ces différentes orientations de la clinique des usages afin d’en spécifier les cadres d’analyse et d’intervention.