CM10: Cultures politiques en décolonisation en France et au Royaume-Uni (1945-1962) PDF

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Ce document traite des cultures politiques en France et au Royaume-Uni pendant la décolonisation (1945-1962). Il aborde la notion de décolonisation, les enjeux politiques, et les différents acteurs impliqués. Le document présente une introduction sur le sujet, puis les problématiques liées à la décolonisation et son contexte.

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CM10 ; Cultures politiques en décolonisation en France et au Royaume-Uni (1945-1962) Introduction Le XXème siècle à la fois de colonisation et de décolonisation. Le terme de décolonisation est un néologisme qui apparaît dans les années 1830 sous la plume d'un français, partisan de l'abandon de l'Al...

CM10 ; Cultures politiques en décolonisation en France et au Royaume-Uni (1945-1962) Introduction Le XXème siècle à la fois de colonisation et de décolonisation. Le terme de décolonisation est un néologisme qui apparaît dans les années 1830 sous la plume d'un français, partisan de l'abandon de l'Algérie. Le terme disparaît puis réapparaît en France et au Royaume-Uni dans les années 1930 quand la colonisation marque le pas et le terme de décolonisation se généralise ensuite chez les historiens, sociologues, politologues à partir des années 60/70. décolonisation : processus désignant l'accession à l'indépendance des colonies européennes, leur souveraineté étatique est reconnue par la communauté internationale. Ce processus de décolonisation a lieu entre 1945 et les années 1970. → marqueur important = l'indépendance de l'Inde en 1947 et des colonies portugaises notamment de l’Angola et du Mozambique en 1975. Le processus est achevé dans les années 70 pour la plus grande partie (mais pas toute) des territoires et populations concernées par la colonisation européenne. Mais la chronologie et la notion même de décolonisation est discutée par les historiens (question de la transmission ou de l'héritage colonial). La décolonisation c'est aussi l'interdépendance de ces processus avec d'autres processus historiques, en particulier la 2nde guerre mondiale et la guerre froide. Cela concerne surtout la France et la Grande-Bretagne, 2 grands empires coloniaux dans l'entre-deux-guerres. L'Allemagne a été dépossédée de ses territoires coloniaux après la 1GM, entre 1884 et 1919, le 2e Reich allemand (Guillaume II) a possédé des territoires notamment en Afrique subsaharienne (Togo, Cameroun, Afrique orientale). L'Italie, aventure coloniale tardive à partir des années 1890, notamment la guerre contre l'Éthiopie (1936) mais la fin officielle de l'empire italien est entérinée en 1947 par le traité de Paris. Problématiques ; ➔ Comment les décolonisations reconfigurent-elles les cultures politiques en France et au RU entre 1945 et 1962 ? ➔ Comment sont reconfigurées les cultures politiques colonialistes ou impérialistes pendant cette période mais aussi anticolonialiste et anti-impérialiste ? ➔ Les acteurs et comment ils réagissent avec les autres cultures politiques (pacifiste, communiste, socialiste, républicaine, gaulliste etc.) ? La notion d’impérialisme est + large que celle de colonialisme. La notion de colonialisme est toujours liée à la conquête territoriale alors que l'impérialisme peut être une domination culturelle, économique et politique (dans certains ouvrages on trouve les termes d’impérialisme, colonialisme interchangeables). Le colonialisme, selon Le trésor de la langue française, un dictionnaire de 1919 est une doctrine politique qui prône l'exploitation par la métropole des territoires sous-développés qu'elle a pris en charge à son seul profit ou au profit unique des éléments métropolitains installés sur ce territoire. (utilisation de «territoire sous-développé » = mouvement colonialiste). Selon l’historien Claude Leyoutsu la notion de colonialisme serait une invention de l'économiste libéral Molinari en 1895 et ensuite elle aurait été utilisée par différentes personnes. L'impérialisme et le colonialisme sont des éléments importants des cultures politiques en Europe de l’Ouest (CM3, liens entre impérialisme et nationalisme). Mais pas seulement, il a aussi un lien avec les régimes politiques en place en Europe de l’Ouest à partir des années 1870 et notamment dans la culture républicaine (IIIème république) avec toutes ses ambivalences et aussi dans le la monarchie constitutionnelle au RU → mouvement d'enthousiasme pour l'empire en GB avant 1914 notamment autour de la notion de «jingoïsme » pendant la guerre des Boers. On peut souligner le rôle joué par le parti conservateur des tories dans ce mouvement d'enthousiasme pour l'empire + propagande unioniste et conservatrice (→ l'exemple de la Primrose League (1883)). Cette enthousiasme perdure dans l’entre 2 guerres, notamment avec la célébration de l'Empire Day qui est célébré par les écoliers britanniques et dans les dominions à partir de 1916. On note quand même en GB un repli progressif du patriotisme impérial et des célébrations qui lui sont associées. Pour la France, l'entre-deux-guerres est aussi un moment important pour cette culture politique coloniale → l'exposition coloniale internationale à Paris qui se tient en 1931. Celle-ci s’inscrit dans la tradition des expositions coloniales vouées à exalter la puissance technologique et civilisatrice. Le « clou du spectacle » est une reconstitution du temple d'Angkor (+ défilé présidentiel du président Gaston Doumergue présent pour l'ouverture 1931). Les cultures politiques anticolonialistes = ancrage sur le temps long, la place de cet anticolonialisme au sein de la gauche, selon quel ressort ces anticolonialisme sont-ils réactivés pendant la période de décolonisation et quelles sont les cultures politiques qui les mobilisent et réactivent → en particulier le pacifisme mais aussi l’internationalisme ou encore l’antifascisme. Selon l'historien britannique Richard Howe, il y a différents grands critères qui caractérisent les mouvements anticolonialistes : le soutien du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes l’idée que les luttes pour l'indépendance sont interconnectées et que la solidarité internationale est nécessaire le rejet de l'inégalité entre peuples européens et non-européens (qui justifierait cette « mission civilisatrice ») mettre fin au colonialisme est une condition nécessaire au progrès pour l'avènement d'une société plus démocratique → lien entre fin du système colonial et démocratie dernière idée, cependant pas partagée par tous les mouvements anticolonialistes c'est celle popularisée par Lénine selon laquelle le colonialisme serait une conséquence du capitalisme moderne une idée qu'il défend notamment dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme ouvrage publié en 1916. Jusqu'en 1945 les opinions publiques françaises et britanniques sont plutôt acquises à la cause impériale, la dénonciation, quand elle a lieu, porte en général sur les méthodes → scandales qui dénoncent massacres ou travail forcé, par exemple au chantier du Congo océan. Déjà, dès l'entre-deux guerre, il y a eu des opposants radicaux à la colonisation et une histoire longue de l'anticolonialisme en France et en Grande-Bretagne, notamment associés aux cultures politiques socialistes et communistes au RU. L'anticolonialisme est un marqueur important à gauche dans les années 1880-1890. → l'intellectuel socialiste William Morris dénonce la colonisation, surtout pendant la 2e guerre des boers. Également la figure de John Hobson (penseur libéral radical) qui publie Imperialism Study en 1902, critique de manière très virulente l'impérialisme britannique à ce moment-là. En France dans l’entre-deux guerres, l'anticolonialisme est principalement porté par les communistes, également les surréalistes. → ex de l'automne 1931 où ces communistes mettent sur pied une contre exposition coloniale intitulée «la vérité sur les colonies »installée sur l'actuelle place du colonel Fabien, siège actuel du PC français. I) Les impérialismes français et britanniques face aux décolonisations A) La fin des empires coloniaux français et britanniques (1945-1954) La France et la GB, entre 1945 et 1962, sont 2 grands empires confrontés aux décolonisations. Dans un premier temps, dans les premières années, il y a une ambition réformatrice qui conduit à nier le sentiment national au sein des colonies. 1) Le tournant de la 2GM Le tournant de la 2nde guerre mondiale a un rôle ambivalent en France et en GB parce que, à la fois c'est une prise de conscience sur la nécessité de donner plus de place aux colonisés (qui ont joué un grand rôle dans l'effort de guerre) et, en même temps, ça prouve aussi que les possessions coloniales fondent la puissance des 2 nations. → dimension stratégique (même après 1945, notamment contexte de guerre froide). Les empires jouent un rôle central dans l'effort de guerre (carte diapo) et les forces coloniales sont mobilisées pendant le conflit. La 2nde guerre mondiale est aussi un moment important avec la charte de l'Atlantique du 14 août 1941 → conduit au renforcement du principe du droit des peuples à disposer d'eux mêmes → qui proclame l'interdiction d'annexer un territoire → de modifier les frontières sans l'accord librement consenti des peuples intéressés → et le droit pour chaque peuple de choisir la forme de son gouvernement. La guerre, notamment le terrain qui se joue en Afrique, change la donne pour la France combattante et oblige à donner une place de plus en plus importante aux colonisés. MAIS reste limité et espoirs des mouvements nationalistes des colonisés sont déçus puisqu'il y a quand même un consensus autour du maintien de l'empire malgré la charte de l'atlantique → exprimé lors de la conférence de Brazzaville organisée par Charles de gaulle en 1944 (lien diapo). 2) La IV république face aux décolonisations : l’échec de la démocratisation Autre moment important = création de l'ONU, avec la charte des nations unies née de la conférence de San Francisco du 26 juin 1945. Du côté français, ce tournant de la 2nde guerre mondiale crée une ambition réformatrice mais qui échoue et est marquée par des inégalités politiques juridiques et sociales dans les territoires des colonies + met en évidence toutes les ambivalences du modèle républicain. Dès la fin de la 2GM → essor des nationalismes dans les territoires d'Afrique du Nord, notamment en Tunisie, au Maroc et en Algérie → les massacres de Sétif et Guelma en mai 1945. Mais cela conduit en gros la IVe République à l'idée qu'il est nécessaire de faire des réformes et à la mise en place d'une idée d'un colonialisme de développement donc une ambition réformatrice sans remettre en cause le système impérial → différentes lois votées à ce moment-là (abolition de l'indigénat en 1946). L'Union française en 1946 est aussi un moment intéressant parce que, selon la constitution de la 4e République, la France «forme avec ses peuples d'outre-mer une union fondée sur l'égalité des droits et des devoirs sans distinction de race ni de religion ». → ambivalences entre cet idéal et la réalité dans la plupart des territoires coloniaux. Ce qui est intéressant de voir que l'avenir de l'empire est l'objet de débat au sein de la Constituante, notamment à propos de l’Union française (diapo → discours d’Édouard Herriot, radical, ancien président du Conseil plutôt respecté, discours en 1946 pendant la Constituante, il dénonce le projet de l'union et plaide pour l'intégrité de l'empire → s’inscrit pleinement en réalité l'empire comme faisant partie de la République → l'héritage républicain et cite même Jules Ferry dans son discours en disant « au sommet de cette hiérarchie je place tout naturellement jules ferry cet homme magnifique ». → oppositions des députés d'outre-mer à ce moment-là comme Léopold Sédar Senghor député socialiste de Sénégal Mauritanie et Jean-Félix Tchicaya député socialiste du Gabon Moyen-Orient, interpellent Edouard Herriot pendant son discours. Ce qu'il faut retenir c'est que l'Union française est le résultat d'un compromis en théorie de tous les citoyens français (c'est ce qu'annonce le préambule de la Constitution), mais en réalité l'inégalité est maintenue entre ceux qui sont qualifiés d'indigènes à l'époque et les colons. C'est à ce moment-là aussi qu’on développe une politique de développement justifiant une présence coloniale avec la création d'un fonds d'investissement économique, l'idée que l'état va permettre de moderniser les territoires coloniaux → naissance d’un discours anticolonialiste basé sur le coût, les colonies coûtent cher, il vaut mieux décoloniser. 3) Le cas britannique, de l’empire au Commonwealth des nations 1945 à 1951, le Labour est en place après avoir gagné très largement les Generals élections après la 1GM. Le Labor est conscient de l’accentuation de la crise et avait promis d'accorder l'indépendance à l'Inde → forme de réalisme face à cette accélération de la crise qui conduit à la partition de l'inde en 1947 (et en réalité le RU prépare l'indépendance de 1942.) Partition qui s’accompagne de violences de masse et reste néanmoins complexe. Autre point complexe pour les Britanniques → la situation en Palestine, déclaration Balfour en 1917, la communauté juive souhaitait voir le foyer national juif. →pressions pour la constitution d'un état auprès des Britanniques qui s'en remettent à l'ONU qui aboutit au partage du territoire en novembre 1947, conduit en 1948 à la proclamation de l'état d'Israël et au premier conflit israélo-arabe. Réalisme du gouvernement Labour mais ce n’est pas pour autant qu’ils pensent à démanteler l’Empire. Question du statut international de la GB, on pense que le niveau de vie en GB dépend des relations économiques avec l'empire. → en 1950, 47,7% des exportations britanniques vont vers l'empire. Labour → ambition réformatrice en développant une nouvelle politique coloniale élaborée par le gouvernement travailliste à partir de 1946, idée un peu comme les Français de la 4e République, qu'on pourrait avoir une politique coloniale réformatrice et constructive qui s'oppose à la fois à l'impérialisme des conservateurs mais aussi à l'anticolonialisme des communistes + l'idée d’impérialisme en tant que système d'exploitation économique (rhétorique principale des socialistes et surtout des communistes). → un guide pratique de conversation du labour publié en 1948 disant « dans toutes les régions que nous contrôlons nous avons abandonné l'ancien type d'impérialisme capitaliste l'impérialisme est mort mais l'empire a reçu une nouvelle vie ». Cette nouvelle politique coloniale fait que le labour admet le principe de self-détermination = donner progressivement plus de pouvoir aux colonisés + l’idée que pour contribuer à l'émancipation politique, la modernisation économique peut jouer un rôle. (Il y a une continuité avec le gouvernement des conservateurs en 1950 et 1955). Ce qui est, dans la forme impériale, intéressant c'est que le Commonwealth (établi en 1931) permet de voir une continuité entre la culture politique impériale et la monarchie. Son objectif initial était de mettre les dominions (dominions blancs d'Australie en 1931, rassemble l'Australie la Nouvelle-Zélande l'Afrique du Sud et le Canada) sur un plan d'égalité avec le Royaume-Uni pour concilier les désirs d'indépendance politique de ces pays. Alors en 1931 csest dominions sont des états indépendants et égaux en statut appartenant à un même espace de libre échange et espace monétaire commun (la zone sterling).Au fur et à mesure des décolonisations, → réinvention du Commonwealth, les États qui acquièrent l'indépendance intègrent le Commonwealth des nations à partir de 1950, permet d'assurer une continuité entre un empire formel victorien et un empire informel en termes de culture politique. + il permet de maintenir des liens entre culture monarchique et empire →ex de la tournée du Commonwealth effectuée par Elizabeth II, le règne d'Elizabeth a commencé par sa plus longue tournée dans le Commonwealth qui a duré de novembre 1953 à 1954, a englobé les Antilles, l'Australie, l'Asie, l'Afrique, → tournée perçue comme un moyen de remercier le Commonwealth pour les efforts fournis pendant la 2GM mondiale et aussi pour représenter la reine. + rôle des symboles importants (voir diapo). Lien entre culture monarchique et empire via le Commonwealth, MAIS, les historiens montrent qu’en réalité, on peut interpréter cette tournée comme la dernière grande symbiose entre la couronne et l'empire. On peut noter qu’après la 2GM, le patriotisme impérial devient un discours frappé progressivement d'obsolescence après 1958. B) Émergence du « tiers-monde » et décolonisation (1954-1952) Le milieu des années 50 marque un tournant important en termes de lien entre culture politique et décolonisation → nouvelle phase de décolonisation + consolidation des anticolonialismes à l'échelle mondiale. Il y a plusieurs raisons à ça : l'affirmation du tiers monde, (expression utilisée par le démographe Alfred Sauvy) à partir de 1952 avec notamment la conférence de Bandung en 1955, la notion de non alignement, la conférence de Belgrade et la crise de Suez et l’influence des cultures politiques anticolonialistes. Pourquoi est-ce qu'il y a un basculement au milieu des années 50 dans le contexte français ? → du fait des indépendances au Maghreb (Maroc et Tunisie) et surtout la fin de la guerre d'Indochine en 1954 et la crise algérienne. →conduit à reconfigurer l'empire toujours dans cette ambition réformatrice. 1958, De Gaulle propose la création de la communauté française afin de maintenir les liens entre l'AOF et l'AEF et Madagascar au sein d'une fédération qui serait liée à la France. 1956 → loi-cadre, conduit à accélérer les décolonisations en Afrique subsaharienne avec 14 états qui deviennent indépendants en 1960 et qui signent des accords de coopération bilatéraux avec la France. Pour le contexte britannique, indépendances en Afrique subsaharienne occidentale →Ghana (1957), Nigeria, Malaisie, Singapour et une situation plus complexe en Afrique centrale et orientale notamment au Kenya. Impulsion d'Harold MacMillan, (nouveau ministre des Colonies à partir de 1959) pour accélérer l'accès à l'indépendance des colonies d'Afrique subsaharienne et devancer des conflits sanglants conduisant à une vague d'indépendance. discours du vent du changement d'Harold MacMillan en 1960 devant les membres des 2 chambres du Parlement où il explique « le vent du changement souffle sur ce continent ». II) Crises dé coloniales et cultures politiques en France et au RU → question de la violence et du fait militaire, la manière dont violence/répression/guerre coloniale contribue à polariser les débats politiques en France et au Royaume-Uni et à transformer les cultures politiques de gauche à droite. → déséquilibre entre la France et la Grande-Bretagne, lié aux différences dans la manière dont se menaient les décolonisations. En Grande-Bretagne, même si on a la crise du Kenya et la crise de Suez, celles-ci n'ont absolument pas le même retentissement et les mêmes conséquences sur la vie politique que celles suscitées par les guerres coloniales comme l’Indochine et surtout l'Algérie. → moments de réactivation de certaines cultures politiques et notamment des pacifismes mais aussi des cultures politiques nationalistes en contexte de décolonisation. A) la constante de la répression coloniale (1945-1954) → massacres en Algérie dès 1945 avec les massacres de Sétif qui font plus de 10000 morts (bilan est controversé, les Algériens parlent de 45000 morts, volontairement sous-estimé par la France). Mais également l'insurrection de Madagascar de 1947. Aussi la répression de la révolte kikuyu Au Kenya (« Mau-Mau », nom utilisé par les colons anglais et sud-africains installés au Kenya = kikouyou, paysans révoltés surnommés squatteurs qui occupent des terres illégalement. Révolte qui conduit à une répression en 1952, les troupes britanniques sont envoyées par Churchill de retour au pouvoir et ardent défenseur de l'empire (30000 à 90000 kenyans tués par les troupes coloniales britanniques et les milices loyalistes). → cet événement suscite de vives polémiques au RU et mobilise la gauche anticolonialiste et notamment une figure importante , Archibald Fenner Brockway, pacifiste et proche du Labour. →1952, il est envoyé au Kenya invité par les indépendantistes kenyan menés par Jomo Kenyatta → l'indignation des colons blancs à la suite de cette visite. Brockway organise une pétition sur la question de la terre au Kenya et demande la fin de l'immigration des colons blancs, la restauration de la propriété terrienne colonisée et des mesures de réformes agricoles. Cette pétition est présentée au Parlement britannique en juillet 1953, + de 16000 signataires britanniques et + de 150 000 africains. Brockway fonde la principale organisation anticolonialiste en Grande-Bretagne (mouvement for Colonial Freedom). → guerre d'Indochine, guerre coloniale en contexte de guerre froide →opposition communistes et anticommunistes. Fort sentiment national vietnamien dès 1945 + impossibilité de trouver une interprétation commune en 1945 → reprise de la guerre en 1946 avec bombardement, occupation française, puis contre-offensive du vietminh communiste mené par Hô Chi Minh. → soutien de + en + croissant de la population au Vietnam et la guerre change de nature après 1949 avec l'aide militaire et politique de la Chine de Mao, et l’Indochine devient un des 2 fronts de la guerre froide avec la guerre de Corée (1953). → la victoire du Vietnam à Dien-Bien-Phu (1954) conduit à la chute du gouvernement en France au profit de Pierre Mendès France. Le Vietnam est alors en force pour négocier à Genève en 12 juillet 1954 → Vietnam indépendant coupé en 2 états (au nord la République démocratique du Vietnam communiste et au sud, anticommuniste, allié des Français et des Américains donc en conflit). La guerre d'Indochine qui fait plus de 60 000 morts du côté français. → le Laos et le Cambodge deviennent également indépendants en 1954. → au départ, à l'exception des milieux communistes, la guerre d'Indochine intéresse peu la population française entre 1946 et le début des années 50 = guerre lointaine mené par des soldats de métier. Mais, divisions politiques en contexte de guerre froide c'est-à-dire que, progressivement, il y a une partie importante du personnel politique non communiste acquise à l'idée d'une négociation et d'un nécessaire désengagement français. → la guerre coûte cher, à peu près 40% du cout couvert par l'aide américaine. →l'ambition réformatrice de la 4e république + thèse développée par Raymond Cartier et le « cartiérisme ». Scandales, guerre de Corée, besoin de mettre fin à cette « sale guerre » qui gangrène le pays → discours de Gaston Defferre (député socialiste des Bouches-du-Rhône, d'une gauche non communiste de + en + acquise à l'idée de trouver une solution pour la négociation, mais en même temps l'enjeu pour les socialistes de se distinguer de ces communistes). Les socialistes veulent la paix par la négociation. → rhétorique socialiste joue sur l'argumentaire anticommuniste dans le contexte de guerre froide. Ex : réseau « Paix et liberté » → rhétorique anticommuniste + réactivation du pacifisme par les communistes (affiches pour la paix etc.). → lobbies coloniaux conservateurs = groupes de pression qui organisent des campagnes d'opinion contre tout ce qui peut être assimilé à une volonté de décolonisation. Ex : le comité central de la France d'outre-mer avec des personnalités comme Charles Roux, Émile roche →l'historien Alain Ruscio a beaucoup étudié la question de l'implication des communistes pendant la guerre d'Indochine mais qui n'a rien à voir avec l'impact que va avoir la guerre d'Algérie. B) La crise de Suez et la crise politique au RU Autre moment encore + important du côté britannique pour ce qui est des divisions/crises politiques que ça suscite et aussi des mobilisations anticolonialistes → la crise de Suez et de manière générale l’années 1956 (aussi l'année de la crise hongroise) = années du discrédit des puissances coloniales. Crise de Suez → Nasser entend moderniser l'Égypte, il a besoin d'argent (s’étant rapproché de l'URSS), il n'obtient pas les crédits internationaux qui étaient nécessaires à la réalisation de son grand projet du barrage d’Assouan. Il annonce alors la nationalisation du canal de Suez le 26 juillet 1956 (alors exploité par une compagnie qui appartenait à 80% au Royaume-Uni à la France). En GB, le cabinet conservateur d’Anthony Eden est soucieux de maintenir une influence au Moyen-Orient. Pour la France = occasion de porter un coup décisif à Nasser qu'elle considère comme le principal soutien aux indépendantistes algériens. Donc rapidement parce que c'est pas l'objet ici ils organisent une opération militaire la France et la Grande-Bretagne ou la France associe également Israël c'est un fiasco le enfin la l'opération est dénoncée hein par les États-Unis et l'URSS ça se solde par la retraite franco britannique et finalement l'Égypte garde la souveraineté sur le canal hein donc c'est c'est vraiment une une opération qui est discréditée à l'international qui n'est pas du tout perçue comme légitime et qui est dénoncé à la fois par l'URSS et par les États-Unis et les États-Unis notamment sont pression sur les Britanniques avec des menaces financières pour que pour qu'il y ait une retraite et et et les Britanniques ensuite qui qui voilà qui font pression sur les Français pour arrêter l'opération donc c'est vraiment un fiasco politique pour la France et la Grande-Bretagne à l'échelle internationale une victoire politique pour Nasser aussi à ce moment-là qui gagne en popularité à la fois au sein du monde arabe et dans ces tiers monde émergent qu'on a évoqué tout à l'heure en tant que en tant que entité politique euh en France ça suscite pas vraiment une vive polémique à part la presse communiste ou proche du PCF et quelques mandetistes qui dénoncent l'opération les grands organes d'information en général la ligne c'est de dénoncer le nationalisme de Nasser en Grande-Bretagne en revanche ça suscite une crise politique et le c'est une humiliation hein pour Anthony Eden qui doit démissionner. Avec une forte opposition à ce moment-là et une forte mobilisation du labour contre l'intervention en Égypte et ce mouvement for colonial Free demain que je vous ai qui est un peu considéré comme un lobby fournit beaucoup d'éléments pour nourrir hein la rhétorique anticoloniale du labour à ce moment-là et là je vous ai mis une photographie d'une grande manifestation qui a lieu en 1956 à Trafalgar square le 4 novembre pour dénoncer l'intervention et vous voyez sur les pancartes hein donc vous voyez une foule assez diversifiée et et voilà ces mentions de tour c'est intéressant aussi parce que voyez là encore c'est que que ces crises sont importantes parce qu'à chaque fois dans cette culture politique anticolonialiste y a cette dimension de pacifisme qui est assez forte et que c'est aussi ça qui mobilise beaucoup en masse notamment du côté britannique ça conduit même à la crise de Suède à des divisions au sein des conservateurs tous ne soutiennent pas Eden à ce moment-là l'ONU menace la grande la grille de sanction ce qui conduit à une panique économique aussi donc une crise économique hein après Suez en Bretagne le Royaume-Uni doit dévaluer sa monnaie et ça a des conséquences sur les relations internationales puisque ça tend les relations avec les États-Unis le Pakistan menace de quitter le Commonwealth aussi à ce moment-là en 1950 donc vraiment une politique en Bretagne euh mais la plus importante d'entre toutes en termes de vraiment reconfiguration des cultures politiques c’est la crise algérienne. C) La France dans la crise algérienne (1945-1962) Les cultures politiques, notamment de gauche, se reconfigurent à ce moment-là dans les années 50, en partie liée à cette crise algérienne → influence à la fois sur les institutions politiques avec le passage de la IVe à la Ve République mais aussi sur les acteurs les partis les organisations, les syndicats et la société française. La IVe République a du mal à gérer cette crise → on a un la IVème République de maintenir un espèce de couple impossible entre réforme et répression c'est ce que dit l'historienne Sylvie Thénault hein qui a écrit un livre sur l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne :«la guerre d'indépendance porte à son paroxysme le lien entre réforme et répression ». 1946 = réforme avec l'Union française et répression Sétif =1945 mais point de non-retour à partir de 1954. Moments d'inflexion du conflit algérien, ont une influence sur la vie politique française. Le premier moment c'est l'insurrection du 1 novembre 1954, en pleine nuit une trentaine d'incendies et d'attaques ont lieu sur le territoire algérien, accompagnés de la proclamation d'une organisation jusque-là inconnue, le FLN. →mobilise la lutte indépendantiste. La réponse française est la répression militaire, un quadrillage du territoire et une délégation des pouvoirs politiques en faveur des militaires → création de l'état d'urgence en mars 1955 et les pouvoirs spéciaux en mars 1956 (pouvoirs à ce moment-là plus importants des autorités militaires). →entraîne une dérive autoritaire puisque l'armée réprime l'insurrection par des pratiques habituellement illégales sans la moindre transparence. →1956 = débats à l'assemblée sur les pouvoirs spéciaux (socialistes au pouvoir) → Guy Mollet, président du Conseil depuis janvier 1956, dans sa déclaration d'investiture, insiste sur la question algérienne qualifiée de « priorité des priorités », il s'agit de «rétablir la paix et obtenir que cesse le terrorisme et la répression aveugle », c'est donc sous la suggestion de Robert Lacoste et pour faire face à l'ampleur de la rébellion que le gouvernement dépose un projet de loi lui conférant des pouvoirs spéciaux afin de renforcer son action répressive. → suscite des oppositions → Pierre Mendès France, Gaston Defferre → débat qui s'ouvre à l'Assemblée nationale à partir du 8 mars, finalement une large approbation des socialistes et même un ralliement des communistes donc le projet est adopté massivement par 455 voix contre 76. Cette loi de mars 1956 amplifie considérablement la répression et conduit à augmenter les effectifs de l'armée présents en Algérie. Il ne s'agit plus seulement d'une armée de professionnels essentiellement comme c'est le cas pour l’Indochine mais on fait appel aux soldats du contingent. → + de 400 000 hommes durant l'été 1956 et en tout sur l'ensemble du conflit, presque 1,2 millions de mobilisés. L'autre moment important qui illustre l'amplification de la région française c'est la bataille d’Alger de 1957. → Les années 1957-1959 = moment de bascule dans le conflit. → en septembre 1956, attentat au Milk bar à Alger par le FLN, fait 4 morts et des dizaines de blessés et en janvier 1957, le préfet d’Alger confie au général Massu les pouvoirs de police. →les militaires agissent hors de contrôle du pouvoir civil et pratiquent la torture (victimes diapo). → pouvoirs plus importants donnés à l'armée = conduit à une forme de radicalisation progressive des partisans de l'Algérie française, il y a la forte peur d'un coup d'état militaire en France avec une manifestation contre le FLN à Alger qui dégénère en émeute. Le 13 mai 1958, on s'empare du siège du gouvernement général une communauté, un comité de salut public est formé (où se trouve un gaulliste, Léon de Delbecq, et le général Massu). → formation d’un comité de l'Algérie française, à la tête duquel, le général Raoul Salan, commandant en chef de l'armée d’Algérie. Au balcon du bâtiment du gouvernement général à Alger est scandé le slogan « vive De Gaulle » → le même jour le général De Gaulle diffuse un communiqué de presse dans lequel il critique les actions de la 4e République et dit se tenir prêt à détenir les pouvoirs de la République. De Gaulle est solidaire de la rébellion algérienne + crainte de guerre civile d'autant plus que les membres de l'état-major de Raoul Salan préparent l'opération résurrection qui consiste à lâcher des parachutistes sur Paris pour prendre le pouvoir. → situation de crise extrême ou le pouvoir semble se désagréger, le 19 mai, dans une conférence de presse du général De Gaulle qui précise qu'il ne veut pas mettre en place une dictature progressivement. Contrairement à ce que pourraient penser quelques républicains hostiles à De Gaulle qui manifestent dont Edouard Daladier, François Mitterrand et Pierre Mendès-France avec aussi les communistes et la CGT. → slogans « non à De Gaulle, vive la République, le fascisme ne passera pas le jour.». Le président René Coty, le 29 mai, prévient les députés qu’il démissionnera en cas de refus parlementaire de l'investir. Le général De Gaulle a alors les pleins pouvoirs pendant 6 mois pour préparer une nouvelle constitution soumise au suffrage universel par référendum. De Gaulle est investie par l'Assemblée le 1 juin 195, le PC vote contre l'investiture mais chez les socialistes, la moitié vote pour. →référendum au suffrage universel le 28 septembre 1958 pour la nouvelle Constitution. On y maintient les principes fondamentaux du régime parlementaire, séparation des pouvoirs mais en suivant les idées défendues par De Gaulle → l'activité du Parlement est encadrée + renforcement de l'exécutif par rapport au législatif + compétences du président de République élargies + système bicaméral de l'Assemblée nationale + suffrage universel direct + Sénat et L'Assemblée nationale peuvent renverser le gouvernement par une motion de censure ou par le rejet de confiance + l'article 49-3. Communistes s'opposent à cette nouvelle Constitution en 1956, rejet aussi du pouvoir personnel, culture politique qui défend le parlementarisme (affiches diapo) mais aussi antimonarchiste, non à la dictature d'un seul homme au plébiscite. Mais aussi liens entre les militaires et le pouvoir politique dénoncés avec une politique anti militariste des communistes. → la constitution est adoptée par près de 80% des suffrages exprimés et le général De Gaulle est plébiscité. Dans un premier temps, De Gaulle est déterminé à défendre l'Algérie française tout en intensifiant la répression de l'insurrection mais trop tard, les Algériens veulent l'indépendance à la quasi-unanimité et peu à peu De Gaulle se range vis-à-vis du côté de l'autodétermination → discours à la radio annonçant un référendum pour l'autodétermination en septembre 1959 - = forte opposition des européens. Affiches au slogan « oui pour l’Algérie nouvelle, oui pour l'amitié, oui pour de Gaulle ». Ce référendum pour l'autodétermination conduit à une radicalisation des partisans de l'Algérie française. Mais pour certains dont certains militaires, il semble impossible de capituler au moment de la victoire militaire. 1961 → création de l'organisation de l'armée secrète (OAS) qui choisit la violence comme mode d'action privilégié. Avril 1961→ putsch des généraux (échec). Mais (reportage dit que) la France tout entière, en ces heures lourdes, a marqué un accord avec son chef (De Gaulle, n’adhère pas au putsch militaire). →l'année 1962, elle aussi marquée par des attentats de l’OAS mais surtout par les accords d’Évian finalement signés le 18 mars 1962 = fin du conflit. MAIS encore un fort climat de violence pendant l'année 1962 (attentats de l’OAS et tentative d'assassinat de De Gaulle) → conduit à une réforme de la Constitution avec le référendum. → révision validée par 62,2% des électeurs lors du référendum de du 20 octobre 1962 pour l'élection du président de la République suffrage universel. → conséquences très fortes du conflit sur les institutions pour ce qui est des engagements politiques. → tournant important qui se joue à partir de 1957-1958 au moment de la bataille d’Alger du fait de la révélation des pratiques de torture (Raphaël Branche). →dénonciation publique de la torture par la presse et les intellectuels. → l'affaire Maurice Audin, mathématicien français du PC algérien militant, de l'indépendance algérienne. A été reconnu ensuite par les autorités françaises mais seulement très récemment tué pendant son interrogatoire par des parachutistes français. → Pierre Vidal-Naquet qui publie L'affaire Maurice Audin en 1958 → aussi l'ouvrage d'Henri Alleg La question publié en 1958. Il y a aussi l’affaire d’une jeune nationaliste du FLN arrêtée et accusée d'avoir déposé un explosif dans la brasserie la brasserie la faculté d'agir qui est torturée et violée par ses tortionnaires → défendue par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir. → réactivation des droites nationalistes en France du conte de la guerre d'Algérie après la 2nde guerre mondiale et la dérive de Vichy l'extrême droite est mise au bord de la vie politique et se réfléchit dans la nostalgie. → versions putschistes et notamment autour de l' OAS, contre-révolutionnaire, nostalgique du pétainisme. Et une version plus «légaliste » avec notamment le FN et la figure de Jean Louis Tixier Vignacourt, Jean-Marie Le Pen (qui sert dans les guerres d’Indochine et d’Algérie et a revendiqué l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie avant les premiers succès électoraux du Front national les années 80). → augmentation de la violence sur le territoire même métropolitain, rôle des algériens aussi en France comme des acteurs politiques spécifiques, rôle du FLN qui à partir de 1958 ouvre la métropole comme un front du conflit et face à cela → répression et mise en place de ce qu'on appelle le système Papon→ Maurice Papon, préfet de police de Paris à partir de 1958 qui conduit un contrôle et une répression accrue des milieux algériens en France. →2 moments importants sur cette augmentation du cran de violence sur le territoire métropolitain : manifestations du 17 octobre 1961 et de Charonne du 8 février 1962. → 1960, Maurice Papon créé une force de police auxiliaire spéciale menant des contrôles d'identité, arrestations, interrogatoires souvent très brutaux, une répression à la fois judiciaire et administrative ou les Algériens arrêtés sont envoyés dans des camps d'assignation. assassinats à la fois du FLN (visent très particulièrement la police). → 13 policiers sont tués entre août et octobre 61. On retrouve aussi des cadavres d'algériens dans les canaux et rivières de la région parisienne à la fin des années 1961. 5 octobre 1961 → couvre-feu pour les Algériens + l'organisation par le FLN de manifestations pacifiques les 19 et 20 octobre 1961. Manifestations suivies de ratonnade dans les banlieues et le 20 octobre, une manifestation des femmes algériennes (voir diapo). → célèbre graffiti publié dans un journal communiste, La garde ,mais publié ensuite pour la première fois dans l'Humanité en 1986 → et a contribué dans les années 80 à la mémoire dans la culture politique anticolonialiste du 10 septembre 1961 et au sein de la culture de la communauté algérienne en France. → article de Vincent Lemire Yann Potin qui explique l'histoire de cette photographie. III) Anticolonialisme en pratique En France la période 45-62 est cruciale pour comprendre ce qu’il se passe en 1968. Dans le contexte française la crise algérienne entraine la fin de la IVe République, secoue les institutions politiques. Le graffiti sur le pont saint-michel «ici, on noie les algériens », en réponse à la répression violente de la manifestation du FLN du 17 octobre 1961. On peut se poser différentes questions à partir de ce graffiti ; ➔ À quel moment cet anticolonialisme se manifeste-t-il ? Avec la crise de Suez et la mise en place des pouvoirs spéciaux en Algérie, les années 1950 sont centrales. ➔ Quels acteurs ? Les gauches sont de plus en plus radicales aux colonisations, cela transforme les cultures politiques. La photo du graffiti a été prise par un journaliste communiste. Il y a aussi des chrétiens et des intellectuels libéraux. ➔ Quel type d’engagement (les pratiques) ? Le rôle de l’écrit est central, via le graffiti il y a des prises de paroles au sein même de l’espace urbain. Sur la forme même de la mobilisation, cette pratique est intéressante (Yann Potin, Vincent Lemire). Instrument de terreur et moyen de dénonciation. La période 45-62 est cruciale pour comprendre les évolutions des modes de contestation jusqu’en 1968, avec un nouvel essor anticolonialiste. L’image de «ici on noie les algériens » a été publié dans l’Humanité. A) La nébuleuse de la gauche anticolonialiste en France et au Royaume-Uni 1) En France À gauche, comme le souligne Sylvie Thénault « la décolonisation a été pour les forces de gauche, une source de ruptures puis de recomposition. » Cette analyse est en réalité aussi valable pour le Royaume-Uni. Les étudiants jouent un rôle central. Dès la guerre d’Indochine, on voit les communistes se mobiliser ; il y a des mouvements pour la paix, des manifestations pacifistes…Des figures intellectuelles communistes se manifestent comme Louis Aragon qui publie en 1956 « la guerre et ce qui s’en suivie » (poème reprit en chanson par Léo Ferré). On peut noter aussi Henri Alleg « la question » sur les tortures en Algérie, ou encore Maurice Audin. La position des communistes est assez complexe ; comme pendant le Front Populaire, la priorité des communistes est la lutte contre le fascisme et la soutient à la politique de l’URSS (ce qui explique que le PCF ne prend pas position sur la question coloniale). Il y a une méfiance du PCF vis-à-vis des mouvements indépendantismes et un anti-impérialisme américain qui est plus important que l’anticolonialisme. Les communistes se rallient au vote des pouvoirs spéciaux en mars 1956. Leur position évolue cependant en faveur d’une reconnaissance des revendications indépendantistes, face à la violence du conflit. Les trotskistes soutiennent le mouvement indépendantiste dès 1945, comme le PCI (Parti Communiste Internationaliste). En GB, l’anticolonialisme est surtout le fait de marxistes et d’intellectuels libéraux comme John Hobsen. Le PC anglais est fondé en 1920, né de la fusion de plusieurs groupuscules marxistes britanniques. Il n’a pas du tout l’influence de ses homologues européens (surtout français et italiens). Ils culminent historiquement à 50 000 militants en 1942, puis tombe à 27 000 membres en 1957 (après l’intervention de l’URSS en Hongrie en 1956). La presse communiste en BG existe ; Marxism Today, le Daily Worker… En 1945, le PC britannique devient de plus en plus critique de la politique coloniale du Labor, comme la guerre en Malaise (1948). Par exemple en 1947 les communistes organisent une assemblée des partis communistes de l’Empire à Londres (ça vient d’Australie, de Palestine…). Une deuxième conférence a lieu en 1954 et est focalisée sur la paix. Dans le contexte britannique on note l’émergence de la « New Left » (= rapport Khrouchtchev + crise en Hongrie). Elle se caractérise par un socialisme humaniste, condamne le capitalisme. Les trotskistes condamnent le Labor très tôt , et critiquent aussi les communistes qui soutiennent le Labor jusqu’à la fin des années 1940. Les « marges socialistes » jouent un rôle croissant. En France, il y a une position ambigüe des socialistes en France. Peut s’expliquer par une négation du sentiment national au sein des territoires colonisés et aussi un héritage d’une politique jacobine. Les jeunesses socialistes comptent 30 000 adhérents en 1946 et lancent le slogan « pas un sou, pas un homme pour l’Indochine ». Leur bureau est cependant dissout en 1947 (contexte de la guerre froide). En 1961 est créer un comité de gauche pour l’Algérie française (Robert Lacoste). Pierre Mendès France né en 1907, meurt en 1982. Il commence sa vie politique dans des mouvements militants étudiants contre l’ED et les ligues en 1920, adhère au parti radical. Il participe à la coalition du FP et rejoint la résistance. S’oppose à la guerre d’Indochine et préconise les contacts et négociations avec Hô Chi Minh. Il démissionne du gouvernement Guy Mollet en 1956 en désaccord avec la position du gouvernement sur la guerre d’Algérie. Émerge alors une nébuleuse mendésiste (visible par la création du PSU en 1960 par exemple – Parti Socialiste Unifié). Ce PSU rassemble des membres du PSA (1958, dissidents de la SFIO) et la gauche socialiste. Il tente d’occuper un nouvel espace entre la SFIO et le PCF. La culture politique du PSU est pacifiste ; «les jeunes en ont assez, non à la guerre d’Algérie » (slogan). On peut noter le rôle des équipes de l’Observateur (fondé en 1950 par Claude Bourdet, journalistes venus de la Résistance, défend des positions contre la guerre d’Indochine) et de l’Express (mené par de jeunes journalistes comme JJ Servant Schreiber, suis la ligne politique de PMF). 2) En Grande Bretagne Le Labor après 45 est largement préoccupé par des sujets de politiques intérieures. On retrouve dès l’entre-deux guerres l’aile gauche du Labor anticolonialiste, mais ne font pas vraiment le poids. Après-guerre, on retrouve cette aile gauche notamment autour de la figure Aneurin Bevan. ILP (=independant labor party). La gauche ultra parlementaire se développe à partir des années 50 avec la consolidation des nationalismes en Afrique Sub-saharienne. Le « mouvement for colonial freedom » existe de 1954 à 1964. Ce groupe compte 3 millions de membres et ont réunis des militants reliés au Labor (syndicats, ILP, organisation de jeunesse…). Son lien avec les mouvements pacifistes en contexte de Guerre Froide, notamment la campagne pour le désarmement nucléaire lancé en 1957 est intéressante. Le CND est aussi un appui au mouvement for colonial freedom. Les revendications sont diffusées par le journal « Peace News ». Peu d’attention est cependant porté au mouvement anticolonialiste en général. Les crises comme celle du Suez n’ont pas autant de poids. En dehors de groupes sociaux déjà politisés, le mouvement anticolonialiste a moins de résonnance. 3) Le tiers-mondisme Cette expression désigne des courants d’idées favorables au mouvement révolutionnaire (de «libération nationale ») des pays du «tiers-monde ». Elle n’est plus utilisée aujourd’hui mais a été définit par le démographe Alfred Sauvy en 1952. Dans un contexte marqué par la décolonisation et la crise du modèle soviétique, les cultures politiques et les pratiques révolutionnaires sont remodelées et sont liés aux mouvements indépendantistes asiatiques, afro américains... En France on peut noter l’influence d’un anticolonialisme venu des Antilles avec la figure d’Aimée Césaire (= théorise la violence en retour nécessaire des peuples colonisés). ➔ Discours sur le colonialisme en 1950, Aimée Césaire Frantz Fanon né en Martinique, devient médecin psychiatre en 1953 en Algérie pendant la guerre. Il est confronté aux conséquences physiques et psychiques de la torture. Il fournit des médicaments au FNL et cache/protège ses membres dans son service. Il théorise la violence des colonisateurs sur les colonisés. On peut enfin noter le rôle du Panafricanisme (= anticolonialisme noir radical). Ce mouvement promeut la solidarité entre africains et personnes de descendance africaines (notamment avec des afro-américains). Comme figure on garde en tête George Padmore et Kwame Nkrumah ? Jean Paul Sartre pousse à l’extrême la violence libératrice du colonisé, et rédige la préface des damnés de la Terre. La maison d’édition Maspero qui a déjà publié les damnés de la Terre publie la revue « les partisans ». Se présente comme une avant-garde d’une résistance à la guerre d’Algérie ; évoque la légitimité symbolique de la Résistance. Dans cette revue s’exprime de grandes figures de l’anticolonialisme comme Fidel Castro, Che Guevara. Autour de la figure anticolonialiste de l’avocat Jacques Verges se fonde une autre revue « Révolutions ». Il a été membre d’un collectif d’avocat défendant des membres du FLN. Le numéro 7 de cette revue publiée en 1964 qui était consacré à l’analyse du colonialisme a été censuré par l’État, confisqué. 4) Humanismes On trouve des humanismes qui dépassent le clivage gauche/droite. On trouve des intellectuels libéraux comme Raymond Aron. Les chrétiens de gauche se retrouvent autour de différents acteurs comme des revues telles que « témoignages chrétiens » (créer pendant la Résistance). Robert Barra joue un rôle important dans le regroupement en France de chrétiens anticolonialistes. Emmanuel Mounier défend les valeurs de l’humanisme chrétien (dossiers fournis sur la répression à Madagascar, la guerre d’Indochine…). Ils sont aussi victimes des attentats de l’OAS comme en septembre 1961. B) Des moyens et pratiques de contestations qui se réinventent Les titres les plus visés par le critique sont l’Humanité, Témoignages Chrétiens et l’Humanité (par exemple saisie 27 fois et 150 poursuites judiciaires pendant la guerre d’Algérie). La première saisie du journal l’humanité a été en 1955. Les éditions comme Maspero et les Éditions de minuit jouent un rôle très important. On peut noter aussi le rôle d’une presse clandestine ; comme le manifeste des 121 de septembre 1960 (= soutient le droit à l’insoumission, soldats qui refusent la guerre et qui se structurent à partir de 1958). Il paraît dans le journal « mérité liberté ». Les Temps Moderne publient deux pages blanches. Ce manifeste est suivi par un manifeste des intellectuels français pour la Résistance à l’abandon publié dans le Figaro et le Monde. Outre cette bataille de l’écrit, certains militants soutiennent activement les mouvements indépendantistes (porteurs de valises). On note les réseaux de Francis Jeanson et Henri Curiel. Soutient malgache en 1946 – création d’un comité. Les manifestations (GB ; 4 novembre 1956 à Trafalgar, FR ; 8 février 1962 contre l’OAS – CGT, UNEF, PCF, PSU, orga de jeunesse – 20 000 manifestants même si interdite, matraquage à mort de manifestants entassés dans l’escalier du métro Charonne, 9 morts tous syndiqués à la CGT). On note la manifestation des funérailles des victimes du 13 février 1962 qui reste l’image de « Charonne ». Les tombes des victimes sont dans la division des martyrs de la République et des mémoires militantes. Alain Dewerp souligne qu’il n’y a ni banderoles ni drapeau dans le cortège ; «la scénographie du cortège est celle de l’unanimisme, de l’enterrement politique ». C’est une quasi panthéonisation « mais d’un panthéon ouvrier ». Symbole de l’unité de la gauche. ➔ Les décolonisations contribuent à reconfigurer les cultures politiques en France et en Grande Bretagne. En France la guerre d’Algérie radicalise les mouvements anticolonialistes. L’EG se révèle en 68 et prend sa source dans la lutte contre la guerre d’Algérie. ➔ Enfin, l’aspect générationnel est important.

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