Pourquoi l'être humain sent besoin de créer de l'art ? PDF

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Ce document explore les motivations derrière la création artistique, abordant la perspective philosophique de l'art. Il examine le concept d'esthétique et discute des idées de Platon sur l'art, et se penche sur le rapport entre l'art et la nature. Les motivations qui poussent à la création artistique sont questionnées.

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Pourquoi l'être humain sent besoin de créer de l'art ? La science de l'être. Les motivations cachées de la création artistique. I. L'art Esthétique : grec "aïstesis" --> la sensibilité. C'est donc dans la philosophie de la connaissance que le terme prend d'abord sa place et il faudra...

Pourquoi l'être humain sent besoin de créer de l'art ? La science de l'être. Les motivations cachées de la création artistique. I. L'art Esthétique : grec "aïstesis" --> la sensibilité. C'est donc dans la philosophie de la connaissance que le terme prend d'abord sa place et il faudra attendre le XVIIe siècle pour qu'émerge l'idée d'une esthétique comme partie de la connaissance propre au beau, à l'art ou au plaisir procuré par les objets. On peut cependant situer l'émergence de l'esthétisme comme discipline universitaire ; le premier grand cours d'esthétisme étant celui de Hegel dans les années 1825-1830. L'esthétique désigne alors tout ce qui peut stimuler ou répondre à la sensibilité. L'être humain est -il le seul à éprouver de la sensibilité ? Art : Ars du latin --> savoir-faire et technique (tekne en grec qui signifie aussi savoir-faire et tout ce qui relève de l'artifice et indépendant de l'activité humaine) Est-ce que l'art est une activité exclusivement humaine ? Pouvons-nous la trouver chez d'autres ? Est- elle réellement artistique ? Dans les deux cultures (romaines ou grec) il y a la volonté d'insister sur l'existence du savoir-faire humain et s'opposer à ce qui est naturelle puisqu'il est créé par l'être humain. A l'antiquité gréco-romaine, il n'y a pas de vraie distinction entre art et technique car ils répondent à un dénominateur commun. Il n'y a pas de volonté à séparer les deux termes car les deux relèvent de l'activité purement humaine. Alors qu'aujourd'hui la technique fait rapport à l'industrie de masse, la machinerie et l'art est la production qui relève du loisir et du plaisir. Chez les gréco-romain, l'homme est considéré comme un être surnaturel (un être qui aurait pu être naturel mais a cessé de l'être pour devenir un être en rupture avec la nature. Cette idée d'opposition entre l'homme et la nature nous renvoies à des idées de cette époque. La manifestation la plus connue étant celle de Platon à travers son ouvrage Protagoras. Dans cet ouvrage on raconte le Mythe de Prométhée qui sert de porte d'entrée dans le domaine de l'art et de la technique. Ce mythe permet de lui rappeler la distinction qu'on fait entre les êtres humains et tout autre espèce vivante. L'homme se distinct de l'animal. Il y a des comportements qui explique qu'il se distinct de l'animal. Le mythe de Prométhée dit que les êtres humains ont été exclus par ignorance car nous n'avons ni griffe ni fourrure pour nous permettre de survivre en nature. L'être humain n 'a aucune qualité qui lui permet de vivre et ce manque de qualité l'exclus de la nature car il ne peut pas trouver de place dans la nature. Il est alors voué de disparaître. L'acte qui sauvera l'humanité sera un vol du feu et de la raison. Le feu étant la base de la technique et ce qui permet à l'être humain de manger autre chose que des animaux et la raison étant la réflexion qui aussi permettra à l'homme de sortir du déterminisme. Il va alors pouvoir produire l'artifice, alors l'art et la technique. On comprend par ce mythe que l'homme dès sa naissance a été un artifice. La nature de l'être humain est alors hybride car c'est un être naturel mais qui ne se contente pas que de ça. C'est pourquoi les Grecs et les romains voient la technique et l'art comme des choses consubstantiel de l'homme. Alors, depuis qu'il y a de l'humanité, il y a de l'art. Pourtant, il est admis qu'on situe l'apparition des 1ères manifestations artistique à -35 000 ans. On admet ça car il n'y a pas de trace avant mais cela est faux puisqu'il y a des arts qui ne font pas appel à la preuve artistique comme la danse ou la musique. Quel que soit la culture de l'humain, il y aura toujours de l'art car l'homme a besoin de prendre du recul avec la nature et le caractère animale dans lequel il ne se retrouve pas. Cependant, on pense le faire pour démontrer notre manque de déterminisme mais c'est dans notre instinct de défier la nature. Ce qui montre justement notre nature hybride. Quelle est valeur qu'on peut attribuer à cette manifestation artistique ? Est-ce que l'art bonifie l'humanité ou a-t-elle les conséquences négatives ? Platon distingue œuvre d’art et quête du beau. Si les arts définis comme mimésis, souffrent selon Platon d’une infériorité ontologique, à l'inverse, la philosophie qui incarne la beauté a le pouvoir de reconduire aux Idées et à l’Etre véritable. Dans l’Allégorie de la Caverne, la lumière de la beauté et de la vérité éclaire les choses réelles, et le rôle du philosophe est de contribuer à ce que nous nous détachions de l’apparence, des ombres de la doxa, pour apercevoir la réalité des choses. Mais, en dehors de son reflet sur les choses on ne voit jamais la lumière elle-même qui est le véritable sens des choses. Pour connaître le Beau, il est nécessaire de quitter le domaine de l’art, de la mimésis comme copie de la copie, pour retrouver la figure d’Éros comme aspiration de la beauté. La question se résume ainsi : l'art imite-t-il la nature ? C'est-ce qu'on pourrait appeler la formulation classique de l'imitation, telle qu'elle s'est imposée à la Renaissance et au VIIe siècle. Pour bien comprendre, il faut revenir à l'origine du problème : l'opposition entre Aristote et Platon sur l'art imitatif. C'est Aristote qui rend possible l'élaboration d'une esthétique de l'imitation, en refusant de restreindre celle-ci à une simple "copie" du sensible, et en montrant que l'imitation est une activité spécifique de l'artiste. A cette question, on aura Platon d'un côté et puis dans l'autre Aristote. Pour Platon, l'être humain transgresse la nature. Pour lui, l'art nous détourne de la réalité, c'est un domaine qui relève de la distraction. Lorsqu'on produit l'art, on produit quelque chose qui se surajoute à la réalité et cela est problématique pour Platon. Ce qui le préoccupe est la recherche de la vérité puisque la vérité n'est pas naturelle à l'être humain, il doit la chercher. Nous ne sommes pas connectés à la vérité car nous évoluons dans un monde trompeur et nous l'appréhendons avec des moyens qui sont sources d'erreurs (5 sens). Les 5 sens sont la 1ère manière dont on appréhende le monde mais ces sens sont trompeurs, notamment la vue. Ils me permettent d'approprier le monde extérieur mais les yeux nous trompent car ils sont liés à des effets d'optique qui correspondent à une appréciation non objective de la réalité. Tous mes sens sont touchées par la subjectivité. Tout l'objet de la philosophie étant de viser l'objectivité. Cependant, ils ne font pas laisser de côté nos sens mais rajouter de la raison. Une solution que Platon amène à cela est l'interdiction de l'art car l'artiste nous détourne la réalité. Pour Platon, le monde est trompeur car on ne rencontre pas toutes les faces du monde (par exemple, nous ne rencontrons pas l'être humain mais des êtres humains ce qui ne nous permet pas d'accéder à l'essence de l'être humain ce qui nous empêche de connaître l'être humain). Si l'art n'est qu'une copie du sensible, elle vise à tromper par l'illusion du réel. Par exemple, l'artiste va représenter un artisan sans avoir des connaissances sur son métier mais va réussir à convaincre la foule que sa représentation est un artisan par l'illusion du réel. Platon met, ainsi, l'artiste et le sophiste au même niveau. Platon dit que pour créer des lois universelles, il ne faut pas se livrer au cas particulier or dans la vie on ne connaît que des cas particuliers. Pour Platon, il y a le monde sensible (monde matériel et phénoménale qui est égal à un ensemble de cas particulier alors non-universelle) et le monde intelligible (dimension universelle, ensemble des essences et des archétypes). Il va falloir que je remonte du monde sensible au monde intelligible. Cependant, il côtoie le monde artistique quand même. Il éprouve parfois même de l'admiration mais même si ces portes vers l'art s'ouvrent, elles se ferment très vite aussi car l'artiste cherche d'ajouter quelque chose au monde. L'artiste et le sophiste (maître de rhétorique) ont du commun le fait qu'ils nous font croire de nous aider à connaitre le monde. En ça, ils nous distraient et nous détourne de la réalité. Aristote interprète l’art à travers le travail de l’artiste et de l’Éros géniteur. Chez Aristote, l’œuvre d’art n’est pas le produit d’une approche négative de la vérité comme chez Platon. L’art est vu sous l’angle de l’acte créateur de vérité. L’œuvre est l’acte de construction d’une nouvelle réalité sensible qui affirme et consacre l’unité créatrice de vérité venant se substituer au chaos de la réalité prosaïque. « L’art est une abstraction, c’est le moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin Maître, créer » disait Paul Gauguin. Dans « la Poétique », Aristote reprend le concept de « mimésis » à Platon. Mais, pour lui, la mimésis n’est plus articulée sur l’opération de dévoilement d’une présence extratemporelle qui se laisse saisir derrière le sensible. La mimésis aristotélicienne fonctionne au contraire comme un processus dont l'objectif est de construire une représentation intelligible de la réalité. Par exemple : l'amour est un concept, un sentiment que l'artiste va essayer d'extérioriser à travers ces œuvres. En cela l'art se rapproche de la philosophie. Certes, l’œuvre d’art est encore un miroir, un dessein analogique, mais ce dessein n’est pas conçu comme dévoilement, comme Althéa, mais comme une construction d'images (miméma) dont l’artiste maîtrise la finalité, les règles et les opérations de mise en œuvre. À l’ « instrument de réminiscence » Aristote oppose la médiation de l'élaboration, du travail sur l'œuvre qui participe d'une démarche positive vers la connaissance. Aristote, bien étant soucieux de la vérité, aura un autre discours que celui de Platon. Il pense que l'art est essentiel. On ne peut pas s'en passer de l'art car elle répond à des fonctions naturelles. L'art est une source de satisfaction car elle est capable de reproduire. L'être humain à un besoin de reproduire et de créer un monde, sa propre réalité. Il a besoin de penser qu'il possède la réalité. Il a besoin de ne pas subir la réalité mais la contrôler. La disposition artistique nous apprend quelque chose. Ex : Aristote prend l'exemple d'un cadavre peint. La peinture permet de nous montrer un cadavre, une chose misérable dans la réalité mais qui est assez importante, alors nous devons lui prêter attention. Pour lui, c'est justement l'art qui nous permet de voir la réalité, puisque l'artiste est un révélateur du monde dont on n'a pas accès dans la vie courante. Aristote dit aussi que même si l'art nous trompe mais nous procure du plaisir, pourquoi nous priverions nous de cela. Pour lui, la mimesis n'est pas une mauvaise chose et c'est bien cette imitation qui nous permet de voir le monde, l'artiste nous permet de nous arrêter. La réalité matérielle c'est de la réalité, contrairement à ce que dit Platon. En bref, il n'y a pas d'incompatibilité entre l'art et la réalité. L'art nous permet d'apprécier la réalité. On comprend alors que Aristote ne condamne pas le plaisir contrairement à Platon. Aristote va aller plus loin et même dire que l'art est un remède car elle nous procure du bien-être. Elle a une vertu cathartique. Aristote nous amène alors une vision plus humaine des choses. Martin Heidegger ou l'art comme dévoilement de l'être M. Heidegger est un orthologue qui pratique les sciences du langage (logos). Ce qui occupera une grande place dans les réflexions d'Heidegger à partir des années 30 est l'origine de l'art. Poser la question de l'origine l'œuvre d'art c'est apparemment déplacer l'accent vers l'aspect "subjectif" de l'acte d'interpréter de l'être de l'art lui-même. Heidegger renoue par-là justement la notion de "subjectivité" et notamment la théorie kantienne du plaisir esthétique, avec la tradition métaphysique de l'art. Il partage avec Aristote l'idée selon laquelle l'œuvre d'art est révélatrice. Heidegger ira plus loin qu'Aristote et même dire l'art est la réalité parce que l'artiste et l'œuvre d'art sont des moyens pour l'être humain de s'exprimer car l'art donne à voir l'implicite de l'étant. Etant en allemand est dasein qui veut dire là de l'être. L'étant étant l'essence des choses, qui sont classées hiérarchiquement depuis les choses naturelles inertes, jusqu'à Dieu (étant suprême) en passant par l'homme, qui, par sa raison peut connaitre les étants. Heidegger cherche alors de comprendre l'origine de l'art, c'est-à-dire l'être propre de l'œuvre d'art, pour montrer que cette œuvre a une fonction essentielle qui la distingue de toute "chose" et de tout "produit" et qui fait d'elle proprement une "œuvre". Quand je produis ou je suis spectateur de l'œuvre d'art je me permet de voir le monde comme il est. L'œuvre d'art dit plus que ce qu'elle veut nous montrer. Il prend l'exemple du soulier de Van Gogh. L'explicite dans ce tableau c'est ce qu'on voit, l'implicite c'est ce qu'on ressent. Le pourquoi, le comment. "L'art est la mise en place de la vérité". Seul l'art a la capacité d'arracher les étants à la vision commune ou à leur définition métaphysique (composé de matière ou de forme". Heidegger indique que l'être humain a dès son apparition oubliée l'être. Il est issu de l'être comme tous les autres étants mais ils semblent prendre du recul par rapport à cela. Il ne se satisfait pas avec ce qu'il est. On a perdu cette relation ontique avec l'être. Maintenant, n'est valable que ce qui peut être démontrer par la raison. On a donc basculé, selon Heidegger dans un monde hyper rational qui nous a même plus éloigné de la question de l'être. Il condamne alors l'éducation et la culture hyper rationnel. Selon lui, on ne peut pas quantifier ou mesurer l'être. C'est ce qu'on appelle l'oubli de l'être selon lui (non seulement on a oublié l'être mais on a oublié qu'on l'a oublié). Nous sommes dans une société qui n'accepte plus la notion de mystère. On ne peut plus se demander pourquoi il y a quelque chose au lieu de rien alors que, ceux qu'on pouvait qualifier comme scientifiques à l'époque, se posait cette question. L'art et l'artiste qui rendent possible l'art constitue un remède de l'oubli. Il nous fait entrevoir cette misère. C'est pourquoi le tableau de Van Gogh est utilisé par Heidegger pour le démontrer. L'art offre la possibilité d'accéder à l'être sans passer par la philosophie (même si Heidegger encourage de faire les deux). On comprend que pour Planton, Aristote et Heidegger, l'artiste prend de la réalité et prolonge cette dernière, tout dépend de leur vision et de savoir si ce prolongement est positif (Aristote ou Heidegger) ou négatif (Platon). L'art est une forme réutilisée d'une force vitale. L'artiste et le consommateur d'art sont au moment de la démarche artistique, parcouru plus par cette force de vie. Ce qu'on appelle l'inspiration n'a rien d'étrange ou de mystérieux, c'est une force naturelle. Il y a une disposition naturelle, ce n'est pas l'expression d'une volonté qui s'exprimerai à partir de rien. C'est dans notre nature de soit produire, soit regarder et contempler l'art. Dans la nature, il y a deux forces, la force dionysiaques en toute puissance et une force qui va essayer de sortir des êtres aux formes diverses et variées. II. Le Beau Le plaisir est-il inerrant à l'objet ou à la rencontre des deux (entre l'objet et le sujet) ? La notion du beau à fortement évolué. La beauté chez les anciens La parenté intellectuelle d'Aristote et de Platon, en matière esthétique est si étroite, qu'on peut ramener leur doctrine à quelques thèses communes et que voici : le beau réside dans tordre interne des êtres, et se confond avec leur bonté. Le beau réside dans l'ordre, et dans tous les éléments métaphysiques que l'ordre comporte : unité, multiplicité, harmonie, symétrie, proportion. Pour Platon, le réel, donc aussi le Beau, l'ordre, l'harmonie, trône dans un empyrée suprasensible, dont les choses saisies par nos sens ne sont que l'ombre fugace. Platon considère le beau comme une Idée transcendante, un modèle immatériel et éternel qui se situe dans le monde intelligible. Ce monde des Idées est supérieur à la réalité sensible, car il constitue la véritable essence des choses. Le beau sensible (ce que nous percevons avec nos sens) n’est qu’un reflet imparfait de cette Idée parfaite. Dans les dialogues comme le Phédon, le Banquet et le Phèdre, Platon associe le beau à l'harmonie et à la proportion. Ces qualités ne sont pas seulement esthétiques, mais également éthiques et métaphysiques. Une œuvre d’art ou un objet est beau lorsqu’il reflète l’ordre et l’équilibre de l’univers. Ce lien entre beauté et harmonie s’exprime notamment dans les mathématiques, la musique et l’architecture, où les proportions jouent un rôle clé. Dans le Banquet, Platon décrit une démarche ascendante appelée la dialectique du beau. L’amour (éros) est le moteur de cette ascension : 1. On commence par admirer la beauté d’un corps particulier. 2. Puis on élargit cette admiration à la beauté de tous les corps. 3. Ensuite, on reconnaît la beauté des âmes, des idées et des actions. 4. Enfin, on atteint la contemplation de l’Idée du Beau en elle-même, qui est éternelle et immuable. Pour Platon, le beau est inséparable du vrai et du bien. Ces trois concepts forment une triade : ce qui est véritablement beau est aussi bon et vrai. Cette vision confère au beau une dimension spirituelle et morale, car il élève l’âme et la rapproche de la connaissance et de la vertu. Dans le cadre de son projet éducatif, Platon voit la contemplation du beau comme un moyen de former l’âme. L’expérience de la beauté inspire un désir d’élévation et de perfection, ce qui joue un rôle dans le développement de la sagesse et de la vertu. Pour Aristote, le réel habite sur terre, et le beau est immanent aux êtres ordonnés où notre intelligence le perçoit, par le canal des sens, et grâce à son pouvoir d'abstraire. Ensuite Aristote s'accorde avec Platon, pour séparer le beau et l'art, celui-ci ayant toute sa raison d'être dans l'imitation comme telle de la nature, sans que la valeur de cette imitation entre en ligne de compte. Il en résulte que l'art est déprécié, toute imitation étant inférieure à l'original, et que, n'ayant pas de fonction es thétique, il n'a qu'une mission d'un autre ordre : servir à l'éducation et à la diffusion de la morale. Aristote associe le beau à des qualités objectives telles que l’ordre, la symétrie et la délimitation (ou proportion). Ces critères sont décrits notamment dans sa Métaphysique et sa Poétique. Une chose est belle lorsqu’elle présente une unité cohérente, une structure harmonieuse qui permet de la contempler avec plaisir. L’harmonie et la proportion sont essentielles : une œuvre ou un objet désordonné, disproportionné ou excessivement complexe ne sera pas perçu comme beau. Par exemple, dans les arts comme la sculpture ou la peinture, ces qualités permettent à l'œuvre d'évoquer une perfection. Pour Aristote, le beau et le bien sont étroitement liés, mais ils ne se confondent pas totalement comme chez Platon. Le beau est une qualité qui suscite du plaisir par sa contemplation, tandis que le bien est lié à l’action et à la moralité. Cependant, ce qui est véritablement beau à une dimension éthique et intellectuelle, car il incarne une forme d’excellence ou de perfection. Aristote conçoit le beau comme ayant une finalité en soi (télos). Il est autosuffisant, c'est-à-dire qu’il n’a pas besoin d’autre justification que le plaisir qu’il procure à celui qui le contemple. Ce plaisir n’est pas purement sensuel, mais intellectuel, car il découle de la reconnaissance de l’ordre et de la perfection. Aristote considère que la nature elle-même est une source de beauté, car elle incarne l’ordre et la finalité. Chaque chose dans la nature tend vers sa perfection, et cette réalisation de la forme idéale dans la matière est une manifestation du beau. Contrairement à Platon, Aristote rejette l'idée d'un beau transcend ant et immatériel. Pour lui, le beau est toujours lié à la matière et à la forme qui se réalisent dans les objets concrets. En ce sens, le beau n'est pas un concept abstrait, mais une qualité observable dans les œuvres humaines et les phénomènes naturels. L'œuvre d'art est conçu comme un microcosme. Un petit tout et en harmonie et c'est justement cette harmonie qui vaut la beauté et qui sera reconnu comme tel par le sujet. Mais attention, l'harmonie n'est pas forgée par le sujet, elle existe déjà. Le sujet la remarque juste. Si je trouve une œuvre d'art belle, c'est parce je suis rattaché au monde tout comme cette dernière. Il doit y avoir, cependant, un équilibre. Cette harmonie et cet équilibre sera une règle qu'on conservera notamment plus tard dans la religion. L'harmonie sera remplacée par le Dieu divin. Ce n'est pas l'humain qui fait le beau, l'artiste ne fait que reproduire l'harmonie d'un monde, et l'œuvre d'art religieuse souligne ça. Ça ne sera plus le cas chez les modernes. Dans les temps modernes, la conception du beau évolue vers une approche plus subjective et diversifiée, reflétant les transformations culturelles et philosophiques de l’époque. À la Renaissance, le beau s’inspire de l’Antiquité, valorisant l’harmonie, la proportion et l’ordre comme reflets d’un idéal divin et humain. Avec le rationalisme du XVIIe siècle, le beau est souvent lié à la clarté et à l’équilibre, tandis que le XVIIIe siècle introduit une réflexion plus subjective avec des penseurs comme Hume, qui voit le beau comme dépendant de la perception individuelle, et Kant, qui le définit comme un plaisir désintéressé et universel lié à l’harmonie de l’imagination et de l’entendement. En parallèle, Burke distingue le beau du sublime, lié à la grandeur et à l’émotion intense face à ce qui dépasse la compréhension humaine. Ces évolutions ouvrent la voie à une esthétique plus variée et introspective. La démarche esthétique Idée défendue par Nicolas Boileau. C'est une approche rationnelle de l'art. Il retrouve une certaine tendance platonicienne. Chez Boileau, l'art doit être conservé mais elle doit suivre la raison. Il établit alors un lien entre art et raison alors que Platon voyait ça comme impossible. Ça repose sur une vision classique et normative de l’art, où la beauté est définie par des principes universels et une rigueur formelle. Inspiré par les modèles de l’Antiquité, Boileau insiste sur le respect des règles class iques, comme les trois unités au théâtre (temps, lieu, action) ou la bienséance et la vraisemblance. Il valorise l’harmonie, la clarté, et la simplicité, affirmant que l’art doit refléter l’ordre rationnel du monde. Pour Boileau, le goût joue un rôle central : c'est une faculté esthétique affinée par la culture et la raison, permettant de distinguer le beau du médiocre. Il considère également l’imitation des Anciens comme un fondement essentiel de toute création artistique, tout en appelant les auteurs à adapter ces modèles avec originalité. Sa démarche, profondément influencée par le rationalisme de son époque, vise à établir des critères objectifs pour juger de la qualité des œuvres, faisant de lui une figure emblématique du classicisme français. L'esthétique des sentiments Si l'esthétique des sentiments pourrait se résumer par la formule de Pascal "Le cœur a ses raisons que la raison ignore". Pascal a comme intention d'insister sur le fait que la raison a ses limites et l'art en fait partie. Pour les adeptes de l'esthétique des sentiments, ça ne sert à rien de vouloir tout comprendre ou rationaliser car ça va assécher l'œuvre d'art. Le Beau ne se prévoit, s'explique ou se rationnalise pas. Pour les défenseurs de l'esthétique des sentiments le Beau est subjectif et son critère de reconnaissance est qu'il éprouve du plaisir. Il s'impose, il s'éprouve mais il ne se justifie ou s'explique pas. Chez les classiques, l'œuvre d'art est belle si elle chercher dire la vérité, pour les défenseurs du sentiments (Burke, Hume, Rousseau, Schiller), l'œuvre d'art est belle si elle éprouve une émotion. Ils partent de l'idée commune que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. D'un point de vue esthétique, mon point de vue est toujours valide. Ils disent qu'on doit revenir à l'origine de l'esthétique, ce que je ressens. Voilà pourquoi ils ne cherchent pas le beau dans l'œuvre d'art produite car si on part du principe que le beau est subjectif alors le beau n'existe pas. Il échouera car de 1, il perdra de son authenticité et puis, il ne va jamais réussir à convaincre tout le monde. La créativité artistique Chez Nietzsche, l'artiste est celui qui, conscient de ce jeu des forces, produit la belle illusion qui nous empêche d'être détruit par ces mêmes forces. "Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité", dit -il mais il faut comprendre ce qu'il veut dire par "vérité". Il distinct la vérité de la fausse vérité religieuse, morale ou métaphysique de l'essence intime de la volonté de puissance. On retrouve une vision différente de l'art, lui-même étant artiste. Sa réflexion sur l’art est intimement liée à sa vision du monde, de la tragédie grecque aux implications métaphysiques et existentielles. Pour Nietzsche, l’art est une réponse au caractère tragique de l’existence humaine. Face à la souffrance, au chaos et à l’absurdité de la vie, l’art permet de les transcender et de les sublimer. Contrairement à la religion ou à la métaphysique, qui cherchent à nier ou à fuir la réalité, l’art affirme la vie dans toute sa complexité, y compris ses aspects douloureux. Dans La Naissance de la Tragédie (1872), Nietzsche introduit les concepts d’apollinien et de dionysiaque, deux forces complémentaires qui sous-tendent la création artistique : L’Apollinien symbolise l’ordre, la mesure, la clarté et la forme. Il est associé aux arts visuels et à la rationalité, offrant une illusion harmonieuse pour comprendre le monde. Le Dionysiaque, en revanche, incarne le chaos, l’ivresse, l’énergie et la fusion avec le tout. Il est lié à la musique et à l’expérience émotionnelle intense. La tragédie grecque est, selon Nietzsche, l’exemple parfait de l’union de ces deux forces : elle donne une forme (apollinienne) à des passions et des instincts primordiaux (dionysiaques). Dans ses œuvres ultérieures, comme Le Crépuscule des Idoles ou Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche considère l’art comme une force opposée à la décadence et au nihilisme. L’art, pour lui, est une manière de dire "oui" à la vie, de surmonter le désespoir et de créer des valeurs nouvelles. Il critique l’art décadent qui affaiblit l’homme en glorifiant la souffrance ou en recherchant une consolation illusoire. Nietzsche valorise la figure de l’artiste comme un créateur de sens. Il s’agit d’un individu capable d’imposer une vision personnelle du monde, de transcender les conventions et de modeler la réalité à travers son imagination et son énergie créative. L’artiste rejoint ainsi la figure du Surhomme (Übermensch), celui qui dépasse les limitations humaines et forge de nouvelles valeurs. Pour Nietzsche, l'Homme est la source à laquelle prend source l'univers. L'Homme, grâce au langage et la culture, façonne le monde. Le monde, sans l'Homme est dépourvu de sens. Par quel moyen ? Le meilleur moyen pour lui c'est de créer. Alors, la création artistique est remarquable. Ce qui justifie à elle seule l'existence humaine est la créativité artistique. Sans la créativité artistique, l'homme serait avalé par le nom sens de l'univers. Tout cela va amener au surhomme. Grâce à l'art, l'être humain se d épasse. Au centre de l'univers de Nietzsche se tient l'artiste. Il est remarquable car pour Nietzche il est la source du beau. "Rien n'est beau, il y a que l'homme qui dégénère". Selon Nietzsche, la création artistique suppose un état physiologique. Nietzsche voit en l'artiste une volonté de puissance. Hegel et la philosophie de l'histoire de l'art Hegel propose une philosophie de l’histoire de l’art qui articule le développement de l’art à celui de l’Esprit humain et à l’évolution des sociétés. Pour Hegel, l’art est une forme d’expression essentielle de l’Esprit absolu, aux côtés de la religion et de la philosophie. À travers l’histoire, l’art reflète les différentes étapes du développement de l’Esprit, en donnant une forme sensible aux idées. Il traduit la manière dont les sociétés et les individus perçoivent leur rapport au monde, à eux-mêmes et au divin. Hegel insiste sur le fait que l’art est un phénomène historique : il évolue en fonction des besoins spirituels et culturels de chaque époque. L’histoire de l’art est donc liée au développement de la conscience humaine et suit une progression dialectique, où chaque période dépasse la précédente tout en en conservant des aspects. Hegel distingue trois grands stades historiques et spirituels de l’art, qui reflètent l’évolution de l’Esprit dans sa quête d’une adéquation entre l’idée et la forme sensible : L’Art Symbolique : Caractéristique des civilisations antiques comme l’Égypte ou la Mésopotamie. L’idée spirituelle y est encore vague et informe, et la forme artistique est souvent massive, énigmatique, voire disproportionnée. Les pyramides ou les statues monumentales incarnent cette forme d’art. L’Art Classique : Apogée de l’harmonie entre l’idée et la forme sensible. Caractéristique de la Grèce antique, où les dieux et les figures humaines sont représentés avec une perfection idéale. Les sculptures grecques sont l’exemple parfait de cette synthèse entre contenu spirituel et forme esthétique. L’Art Romantique : Apparaît à l’époque chrétienne et au-delà. Ici, l’Esprit dépasse la forme sensible : la subjectivité et l’intériorité prennent le pas sur l’apparence extérieure. La peinture, la musique et la poésie deviennent les arts privilégiés, car ils expriment mieux les émotions et les aspirations spirituelles. Hegel affirme que l’art, à son stade romantique, atteint ses limites en tant que moyen d’expression de l’Esprit absolu. La philosophie prend alors le relais de l’art pour réfléchir directement aux idées, sans passer par des formes sensibles. Cela ne signifie pas que l’art disparaît, mais qu’il perd sa position centrale dans la quête humaine de compréhension. Hegel applique à l’art sa méthode dialectique : chaque étape de l’histoire de l’art (symbolique, classique, romantique) naît de la contradiction et du dépassement de la précédente. Cette progression exprime le développement de la liberté et de la conscience de soi dans l’humanité. Freud et l'art L'art occupe une place très particulière dans l'analyse de Freud, car il permet aux fantasmes inconscients de trouver une manifestation dans la culture. Et l'art est au cœur de la découverte même de l'inconscient. Freud se définit lui-même comme un savant qui n'a cessé de se nourrir des grands œuvres de la littérature. Le cas le plus célèbre est évidement celui du noyau de la névrose infantile, que Freud rattache dès 1897 dans une lettre à son ami Fliess à deux œuvres capitales de la tradition littéraires. L'art est fondamentalement expression de l'inconscient. Freud est avant tout un langage. La psychanalyse repose sur une méthode de déchiffrement, d'interprétation, qui lui permet de dévoiler le sens caché derrière une "forme" (œuvre d'art mais aussi formations diverses de l'inconscient : symptômes, rêves). Freud voit dans l’art un exemple de sublimation, un processus psychique par lequel les pulsions instinctives (notamment sexuelles et agressives) sont détournées de leurs objectifs primitifs pour être réinvesties dans des activités socialement valorisées, comme l’art. Le créateur transforme ainsi ses désirs inconscients en œuvres qui captivent les autres, sans que leur contenu inconscient soit directement explicite. Freud établit une analogie entre l’artiste et le névrosé. Selon lui, l’artiste, comme le névrosé, est habité par des conflits internes, des désirs refoulés et des fantasmes. Cependant, là où le névrosé est accablé par ces tensions, l’artiste parvient à les exprimer de manière créative et constructive. L’œuvre d’art devient ainsi une forme d’exutoire, une résolution partielle de ces conflits. Freud considère l’œuvre d’art comme un lieu d’expression des contenus inconscients. L’artiste, en créant, donne forme à des désirs, des peurs ou des conflits enfouis dans son psychisme. Ces contenus apparaissent souvent de manière symbolique, codée, et l’interprétation psychanalytique peut révéler les vérités cachées de l’œuvre. Freud ne s’intéresse pas uniquement à l’artiste, mais aussi au spectateur. L’œuvre d’art agit sur le spectateur en réveillant chez lui des émotions et des fantasmes inconscients. Elle fonctionne comme une sorte de rêve éveillé, où les spectateurs projettent leurs propres désirs et conflits sur ce qu’ils contemplent. Freud applique ses théories à des artistes et des œuvres spécifiques. Par exemple : Dans son essai Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, Freud analyse la vie et l’œuvre de Léonard à travers la relation complexe entre sa biographie, ses pulsions sexuelles et son inconscient. Dans Le Moïse de Michel-Ange, il interprète la sculpture en essayant de saisir l’intention psychologique inconsciente derrière l’attitude de la figure. Freud rapproche l’art des rêves, qu’il considère comme des productions de l’inconscient. Comme dans les rêves, les œuvres d’art utilisent des symboles, des métaphores et des déplacements pour représenter des désirs inconscients. La création artistique, tout comme l’interprétation des rêves, repose sur le langage symbolique de l’inconscient.

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