Initiation à une approche esthétique des Arts - CM PDF

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Ce document traite de l'expérience de l'art et de son partage du sensible, en présentant les perspectives de différents penseurs importants comme Charles Batteux et Alexander Gottlieb Baumgarten.

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# Initiation ˆ une approche esth Žtique des Arts - CM ## B/ L'exp Žrience de l'art, le partage du sensible ### Charles Batteux (1713-1780) * Les << preuves qu'on pouvait tirer du sentiment, d'autant plus, que c'est le go žt qui est le juge-n Ž de tous les beaux arts, et que la raison m me n' Žta...

# Initiation ˆ une approche esth Žtique des Arts - CM ## B/ L'exp Žrience de l'art, le partage du sensible ### Charles Batteux (1713-1780) * Les << preuves qu'on pouvait tirer du sentiment, d'autant plus, que c'est le go žt qui est le juge-n Ž de tous les beaux arts, et que la raison m me n' Žtablit ses r gles, que par rapport ˆ lui et pour lui plaire >>> <<< Les r gles du go žt ne sont que des cons Žquences du principe de l'imitation >> * <<<< Le je-ne-sais-quoi est de la nature de ces choses qu'on ne conna žt que par les effets qu'elles produisent. » (F Žlibien, 2 me moiti Ž du 17 me si cle). * Ce qui pointe ici, c'est le ressenti (et c'est nouveau). ### Alexander Gottlieb Baumgarten (1714-1762): lumi re, allemand * Aisthesis = la sensation * Distinction traditionnelle entre: * Les NOÊTA, faits d'intelligence * Les AISTHÈTA, faits de sensibilit Ž * Baumgarten consid re les sensations (aistheta) comme une forme de connaissance bas Že sur les sens, distincte de la raison. Il d Žcrit le sensible comme une « intelligence confuse », moins pr Žcise mais tout aussi valable que la pens Že rationnelle. * Baumgarten propose une nouvelle th Žorie de la sensibilit Ž comme facult Ž de connaissance parall le ˆ la raison. La sensibilit Ž nous fournit des connaissances, avec un degr Ž de clart Ž oppos Ž ˆ l'obscurit Ž du n Žant de la connaissance. Cette clart Ž sensible se distingue de la clart Ž rationnelle par sa nature confuse. **Clart Ž vs Obscurit Ž :** * Clart Ž distincte (intellectuelle) * Clart Ž confuse (sensible) * Obscurit Ž (n Žant de la connaissance) * La clart Ž confuse est une facult Ž positive de connaissance, fournissant une perception irr Žductible ˆ la raison et ayant une valeur propre, notamment po Žtique. **Caract Žristiques de la clart Ž confuse :** * Intuitive * Vive : forte pr Žsence dans l'esprit * Rapport plus clair au monde sensible, sans n Žcessairement mieux le comprendre ## Implications: * La v Žrit Ž et la beaut Ž r Žsident principalement dans l'esprit, pas dans l'objet. * Notre perception est toujours subjective, limit Že par nos facult Žs humaines. * La v Žrit Ž absolue reste inaccessible ; nous n'atteignons qu'une v Žrit Ž apparente. ## Cons Žquences: * R Žhabilitation de la sph re sensible, Žgale ˆ la v Žrit Ž logique. * Subjectivit Ž inh Žrente ˆ toute perception, sans acc s aux caract Žristiques intrins Žques des objets. ## En conclusion, Baumgarten red Žfinit la v Žrit Ž comme vraisemblance: une v Žrit Ž apparente pour le sujet, mesur Že ˆ l'aune de nos facult Žs universelles, Žvitant ainsi un relativisme total. # 1/ Emmanuel Kant (1724-1804), Critique de la facult Ž de juger (1790) * Facult Ž de juger : Quiconque, face ˆ une œuvre d'art, peut dire << j'aime » ou « je n'aime pas >>>, est capable de juger certaines œuvres comme bonnes et d'autres comme mauvaises. **Trois relations diff Žrentes au sentiment de plaisir :** * Agréable : Ce qui fait plaisir - subjectivit Ž individuelle, satisfaction ne d Žpendant pas de la r Žflexion. DONC non communicable et se limitant ˆ la seule sensation. * Bon : Ce qu'on estime, approuve - ˆ partir d'un concept. * Beau: Ce qui pla žt - satisfaction d Žsint Žress Že et libre, C'EST-À-DIRE << satisfaction ayant pour principe quelque chose que je peux supposer aussi en tout autre >>. ## Art d'agr Žment VS beaux-arts * **ART D'AGRÉMENT** (bonne cuisine, conversation, musique accompagnant un repas) * Sa finalit Ž: Que le plaisir accompagne les repr Žsentations en tant que simples sensations. * **BEAUX-ARTS** Sa finalit Ž : Que le plaisir accompagne les repr Žsentations en tant que modes de connaissance. ## L'AGRÉABLE * Ce qui pla žt aux sens dans la sensation * **SENSATION OBJECTIVE** : cette prairie est verte * **SENSATION SUBJECTIVE** : ce que cette couleur verte a d'agr Žable La vis Že n'est pas la connaissance Mais = la satisfaction * Satisfaction: << le rapport de l'existence de l'objet ˆ mon Žtat, dans la mesure o ž cet Žtat est affect Ž par l'objet >>> ## Diff Žrences entre l'agr Žable et le bon / le beau * Satisfaction li Že au bon: implique un int Žr t * l'utile * le bon en soi * N Žcessit Ž d'un **CONCEPT** (moral) VS il n'existe pas de concept de beau * Satisfaction li Že ˆ l'agr Žable - ne d Žpend pas de la r Žflexion VS la satisfaction prise au beau d Žpend de la r Žflexion ## Diff Žrence entre le bon et le beau * Le jugement de go žt, contrairement au jugement du bon, est contemplatif et d Žsint Žress Ž. II ne repose pas sur des concepts ou des connaissances, mais sur le sentiment de plaisir ou de peine li Ž ˆ la nature de l'objet. > **Cons Žquence** : La satisfaction esth Žtique est << d Žsint Žress Že et libre >>, sans contrainte des sens ou de la raison. Le jugement de go žt consid re l'objet ind Žpendamment de son utilit Ž ou de sa finalit Ž. ## Subjectivit Ž universelle * Le jugement esth Žtique, bien que subjectif, pr Žtend ˆ l'universalit Ž. Cette <<< universalit Ž subjective >> suppose que la satisfaction d Žsint Žress Že contient un principe de satisfaction valable pour tous, transcendant les conditions personnelles. * <<< La n Žcessit Ž objective de la fusion du sentiment de tous avec le sentiment particulier de chacun. >>> * Ainsi, le jugement esth Žtique est ˆ la fois personnel et universel. ## PARADOXE * Le jugement esth Žtique est ˆ la fois subjectif et universel. Il est personnel, sans concept d Žfini, mais pr Žtend ˆ une validit Ž universelle. * Le go žt esth Žtique diff re du simple go žt sensoriel. Il implique une r Žflexion et un jugement qui, bien que subjectifs, aspirent ˆ l'universalit Ž. * L'absence d'un concept de beaut Ž emp che toute d Žmonstration rationnelle du beau. Le jugement esth Žtique se fonde sur un sentiment, suppos Ž partageable, plut ™t que sur des r gles objectives. <<< Lorsque quelqu'un me lit un po me de sa composition ou me conduit ˆ un spectacle qui pour finir ne satisfait pas mon go žt, il aura beau en appeler ˆ Batteux ou ˆ Lessing, ou invoquer d'autres crit res du go žt encore plus c Žl bres et plus anciens... Je me boucherai les oreilles, ne voudrais entendre ni raison ni raisonnement et pr Žf Žrerais croire fausses toutes les r gles des critiques plut ™t que de laisser d Žterminer mon jugement par des arguments probants a priori, puisqu'il s'agira d'un jugement de go žt et non de l'entendement ou de la raison. >>>> # Hypoth se: * Un sens commun esth Žtique, bien qu'ind Žmontrable, permet la communication du sentiment de beaut Ž. En d Žclarant une œuvre belle, on fait appel ˆ ce sens commun, supposant chez autrui la capacit Ž de partager notre exp Žrience esth Žtique.<< Le go žt est donc la facult Ž juger a priori de la communicabilit Ž des sentiments li Žs ˆ une repr Žsentation donn Že (sans m Ždiation d'un concept) >>> * Kant r Žsout l'opposition entre sentiment et jugement, marquant un tournant subjectif en esth Žtique. L'appr Žciation de l'art d Žpend désormais du sujet et de sa r Žception, soulignant l'autonomie critique de l'individu. ## Finalement * La beaut Ž n'est plus une propri Žt Ž intrins Žque de l'objet, mais une exp Žrience subjective communicable. Le jugement esth Žtique, bien que personnel, aspire ˆ l'universalit Ž, illustrant la complexit Ž de notre rapport ˆ l'art et au beau. * Le spectateur, au cœur de l'esth Žtique kantienne, devient l'arbitre final de ce qui constitue l'art, exer ant son jugement de go žt pour distinguer le beau. # Retour sur Kant * Une hypoth se politique: tous les hommes poss dent un sens commun de l'esth Žtique * L'esth Žtique implique la place des individualit Ž qui re oivent de œuvre d'art, ce tournant subjectif n'a jamais Žt Ž remis en question, il fait partie aujourd'hui de notre vision de l'art * Kant insiste, a ne veut pas dire que chacun partage mon jugement, mais que chacun doin l'admettre sans le partager en termes de go žt. ## La question de go žt > digression sociologique : * **Bourdieux, La Distinction** * A partir d'une analyse de la soci Žt Ž, il consid re que le capital culturel import Ž sur ma mani re qu'on consid re les gens qui font partie de notre soci Žt Ž. * Le go žt des gens est d Žpendant de ce capital culturel. * Le "capital culturel" de Bourdieu d Žsigne les ressources culturelles acquises par un individu, principalement via l' Žducation et l'environnement social. Il englobe connaissances, comp Žtences et avantages conf Žrant statut et pouvoir dans la soci Žt Ž. * Selon Bourdieu, ce capital influence fortement les go žts et pr Žf Žrences, d Žtermin Žs par le milieu social et l' Žducation plut ™t que par des choix purement individuels. * Cette th Žorie s'inscrit dans une analyse soci Žtale plus large, examinant l'impact du capital culturel sur nos perceptions et interactions sociales. * Cari Wilson, Let's talk about love * Pourquoi je pense avoir le capital du mauvais go žt? * BD: Ma Pizza Metal * R Žflexion sur le bon go žt # 2/ John Dewey, L'art comme exp Žrience * Philosophe am Žricain, qui a beaucoup travaill Ž sur l' Žducation et la p Ždagogie. Il fait partie du curant : le pragmatisme (avec George Dickie). ## Le pragmatisme : * Ce courant se distingue de la philosophie europ Ženne qui ce base sur l'essence, quel est l'essence de l'art ? * Pour les am Žricains ce sont des questions inutiles. Il faut se baser sur la pratique ˆ l' Žchelle de l'individu. * Cette philosophie s'apparente aux sciences sociales, fond Že sur des enqu tes soci Žtales. Les chercheurs observent avant de th Žoriser. La connaissance Žvolue avec le temps, sans v Žrit Ž absolue pr Žexistante. Les conclusions de leurs enqu tes peuvent changer avec le temps. Pour eux, il n'existe pas de v Žrit Ž absolue et permanente. * ⇒ Une philosophie de l'enqu te a des fins pratiques * ⇒ L'enqu te s'applique au-del ˆ des sciences, englobant l' Žtude des valeurs et la r Žsolution des enjeux sociopolitiques. ## L'Art comme exp Žrience, Chapitre 3 "Vivre une exp Žrience" * Les choses existent parce que nous en faisons l'exp Žrience, pas par elles-m mes * La pens Že contient une part de sensibilit Ž * Le travail de l'artiste est un travail de pens Že, qui est aussi important que la fa on dont le spectateur re oit l'œuvre ## Explorer l'exp Žrience * D Žfinition: Interaction tre vivant-environnement, mais insuffisante pour une compr Žhension compl te. **Caract Žristiques :** * Ensemble coh Žrent (d Žbut-fin), comme une histoire * Unicit Ž distinctive * Existence autonome * D Žroulement complet * Dimension esth Žtique et Žmotionnelle * D Žpasse la r Žaction automatique, s'applique aussi ˆ la pens Že. Aspect esth Žtique indissociable de l'exp Žrience intellectuelle. ## An-esth Žtique: l'absence de conscience * Une exp Žrience an-esth Žtique se caract Žrise par : * Une suite d' Žv Žnements sans liens logiques * Des actions m Žcaniques sans r Žflexion * Un d Žbut et une fin, mais sans v Žritable commencement ni conclusion. Ce type d'exp Žrience manque de forme et de coh Žrence. Elle ne peut donc pas tre consid Žr Že comme une v Žritable exp Žrience, car elle est d Žpourvue de dimension esth Žtique. ## L'id Že d'un jugement r Žfl Žchi * Les Žmotions qui ont du sens font partie d'une exp Žrience complexe qui Žvolue au fil du temps. Elles ne sont pas isol Žes, mais li Žes ˆ nous-m mes. Comme on dit, "l' Žmotion fait partie de moi". * Pour qu'une Žmotion devienne vraiment significative, elle doit s'inscrire dans une exp Žrience qui dure. Cette exp Žrience a un d Žbut, un d Žveloppement et une conclusion. Ce processus implique notre r Žflexion: nous d Žcouvrons et nous r Žfl Žchissons tout au long de l'exp Žrience. ## Une exp Žrience esth Žtique poss de: * Une dimension originale : elle apporte quelque chose de nouveau ou d'unique. * Une dimension sensible de la pens Že : elle implique nos Žmotions et nos sensations. * Une dimension esth Žtique dans le domaine de la pens Že: elle influence notre fa on de r Žfl Žchir et de percevoir les choses. ## Le travail de l'artiste et du chercheur * Les artistes et les chercheurs utilisent tous deux leur pens Že dans leur travail. L'intelligence, dans ce contexte, c'est comprendre le lien entre ce qu'on fait et ce qu'on ressent. * Il existe une connexion entre le moment o ž l'on agit et celui o ž l'on re oit ou per oit. C'est en r Žfl Žchissant qu'on arrive ˆ saisir ces liens. * Cela nous montre que l'intelligence joue un r ™le important dans la cr Žation artistique. Quand un artiste danse ou peint, il ne fait pas que bouger ou appliquer de la peinture - il r Žfl Žchit aussi. ## Les cons Žquences: * Savoir-faire et perfection technique ne suffisent pas pour cr Žer une œuvre d'art. Si c' Žtait le cas, les machines pourraient en produire. Pour qu'une cr Žation soit artistique, elle doit tre con ue en pensant au plaisir qu'elle procurera au spectateur. L'artiste utilise son jugement esth Žtique pendant la cr Žation. Il devient en quelque sorte son propre spectateur pour am Žliorer son œuvre. * Une œuvre d'art na žt v Žritablement lorsque l'artiste fait appel ˆ sa sensibilit Ž exceptionnelle pour percevoir les qualit Žs uniques des choses. * L'esth Žtique est li Že ˆ l'exp Žrience: elle implique ˆ la fois la perception et l' Žvaluation du plaisir. Une perception esth Žtique va au-del ˆ du simple fait de voir un tableau; elle engage notre sens du go žt et notre jugement. ## R Žceptivit Ž vs Passivit Ž * Un spectateur n'est jamais vraiment passif face ˆ une œuvre d'art. Il ne se contente pas simplement de reconna žtre ce qu'il voit. Au contraire, son interaction avec l'œuvre provoque des Žmotions et lib re une certaine Žnergie. * Appr Žcier l'art est une comp Žtence qui s'apprend et se d Žveloppe. On s'entra žne ˆ observer un tableau ou ˆ Žcouter de la musique pour mieux les comprendre et les appr Žcier. * Pour v Žritablement percevoir une œuvre, le spectateur doit faire un effort cr Žatif. Il participe activement ˆ l'exp Žrience artistique en utilisant son imagination et sa sensibilit Ž. * Que ce soit pour l'artiste qui cr Že ou pour le spectateur qui regarde, il se passe la m me chose: * Ils font tous les deux un travail d'abstraction. Cela veut dire qu'ils essaient de comprendre le sens profond de l'œuvre. * Ce processus fait appel ˆ l'intellect, car on cherche ˆ donner du sens ˆ l'exp Žrience. Mais c'est aussi quelque chose de concret et pratique : il y a comme un dialogue entre notre corps, nos Žmotions et l'œuvre d'art. ## L'exp Žrience intellectuelle et l'exp Žrience artistique sont diff Žrentes: **Dans une exp Žrience intellectuelle :** * La conclusion est importante en elle-m me * On peut l'exprimer sous forme de formule ou de "v Žrit Ž" **Dans l'exp Žrience d'une œuvre d'art :** * Il n'y a pas de conclusion qu'on peut s Žparer de l'exp Žrience * La fin est importante, mais elle fait partie de l'exp Žrience sensible * On ne peut pas l'extraire ou la r Žsumer facilement * En r Žsum Ž, l'exp Žrience artistique est li Že ˆ nos sensations et Žmotions, et ne peut pas tre r Žduite ˆ une simple formule comme une exp Žrience intellectuelle. ## R Žsum Ž: * Selon Dewey, l'esth Žtique est essentielle ˆ toute exp Žrience. Un chef-d'œuvre ne se d Žfinit pas par sa perfection technique, mais par sa perception unique. L'artiste doit constamment Žvaluer son travail, combinant cr Žation et r Žception. * L'exp Žrience artistique, individuelle et semblable ˆ celle du cr Žateur, aboutit ˆ une conclusion valable mais indissociable de sa dimension sensible, d Žfiant ainsi toute verbalisation simple. # Ranci re : Changement de paradigme artistique au 18 me si cle ## Scandales litt Žraires illustrant cette Žvolution: * **Madame Bovary et Les Fleurs du mal** : Sujets ordinaires en po Žsie et romans * **Gustave Courbet, Un enterrement ˆ Ornans** : Sc ne banale trait Že simplement, format monumental pour sujet ordinaire <<< Il n'y a pas des sujets nobles et des sujets vulgaires, pas non plus des Žpisodes narratifs importants et des Žpisodes descriptifs accessoires. Il n'y a pas d' Žpisode, de description, de phrase qui ne porte en soi la puissance de l'œuvre. Parce qu'il n'y a pas de chose qui ne porte la puissance du langage. Tout est ˆ Žgalit Ž, Žgalement important, Žgalement signifiant. >>> * Tous les sujets, importants ou ordinaires, sont trait Žs ˆ Žgalit Ž. Descriptions et narrations ont le m me poids. Les r Žcits, comme "Madame Bovary", pr Žsentent les faits sans jugement moral. * Les gens ordinaires int Žgrent l'art, marquant la fin de l'exclusivit Ž des sujets nobles. ## La d Žmocratisation de l'art remet en question : * Ce qui peut tre repr Žsent Ž * Qui peut juger les œuvres ## C'est ˆ dire : * **Évolution de la repr Žsentation** : D Žsormais, narration et description ont une importance Žgale, contrairement ˆ l'accent mis auparavant sur l'histoire. * **Nouvelle approche visuelle** : Focus sur des d Žtails sp Žcifiques, privil Žgiant la r Žalit Ž brute plut ™t qu'une narration structur Že. * **Absence de moral** : cf. le refus de Flaubert "de confier ˆ la litt Žrature aucun message": parti pris de peindre au lieu d'instruire * **L'art traite désormais tous les sujets Žgalement,** sans lien obligatoire entre forme et contenu. Auparavant, une hi Žrarchie existait: * Trag Ždies pour les nobles * Com Ždies pour le peuple * Peinture d'histoire sup Žrieure aux sc nes de genre ## Donc.. → Tout Žcrit a une importance Žgale et est accessible ˆ tous. Une communaut Ž de lecteurs se forme naturellement autour d'exp Žriences partag Žes, comme voir un film ou un tableau ensemble : partage du sensible # 3/ Jacques Ranci re (1940-) Le partage du sensible. Esth Žtique et politique (2000) - Premier extrait * L'histoire de l'art est vue comme des r Žgimes de pens Že artistique, liant cr Žation, visibilit Ž et r Žception des œuvres. * L'esth Žtique, apparue ˆ une Žpoque sp Žcifique, est une approche r Žflexive de l'art. Elle examine comment les œuvres stimulent notre pens Že, suivant l'id Že de Hegel que l'art nous pousse ˆ r Žfl Žchir. * Sous-titre: << Esth Žtique et politique >>> <<< La politique porte sur ce qu'on voit et ce qu'on peut en dire, sur qui a la comp Žtence pour voir et la qualit Ž pour dire, sur les propri Žt Žs des espaces et les possibles du temps. >>> ## A partir de cette d Žfinition il distingue 3 p Žriodes: * **R Žgime Žthique des images:** Antiqu Ž et Moyen Age * Il n'existe pas de l'art par lui-m me. L'art d'es pas identifi Ž comme tel, il ne peut s'individualiser comme tel CAR il est subordonn Ž ˆ son sujet et ˆ sa destination (religion) * **R Žgime po Žtique - repr Žsentatif - des arts:** Renaissances * Ce r Žgime identifie le fait de l'art dans le couple po Žsis/mimesis * Principe mim Žtique : d'abord un principe pragmatique qui isole, dans le domaine g Žn Žral des arts (des mani res de faire) certains arts particuliers qui ex Žcutent des choses sp Žcifiques ˆ savoir des imitations. * **R Žgime po Žtique au sens o ž il identifie les arts -** ce que l' ‰ge classique appelle les beaux-arts - au sein d'une classification des mani res de faire d'appr Žcier les imitations. * **R Žgime "repr Žsentatif"** en tant que notion de repr Žsentation ou de mimesis qui organise ces mani res de faire, de voir, de juger. * **R Žgime esth Žtique, marque l' re des r Žvolutions et de la d Žmocratie.** Il s'affranchit des hi Žrarchies et de la repr Žsentation traditionnelle. * <<< le r Žgime de l' ‰ge de l'Histoire, des temps r Žvolutionnaires et d Žmocratiques >>> * Contraste avec une soci Žt Ž religieuse se croyant immuable, bas Že sur les trois ordres. *"Esth Žtique" : L'art se d Žfinit d Žsormais par l'exp Žrience qu'il suscite, non par des r gles pr Ž Žtablies. → Ce "partage du sensible" cr Že une exp Žrience collective autour de l'art. Ce r Žgime lib re l'art des conventions, efface les fronti res entre disciplines, et red Žfinit l'imitation. La r Žception de l'œuvre par le public devient centrale dans cette nouvelle approche artistique. Ce nouveau r Žgime artistique a deux effets majeurs : 1. Il Žtablit l'unicit Ž de l'art. 2. Il abolit les crit res traditionnels d' Žvaluation artistique."* * Auparavant, les critiques comme Batteux jugeaient l'art sur son mim Žtisme. Le lien entre cr Žation et r Žception Žtait Žtroit. D Žsormais, ce lien est rompu, transformant l'appr Žciation artistique. ## Une nouvelle fa on de penser l'art dans l'histoire * Cette approche consid re l'art comme un sujet de r Žflexion. Elle examine comment les œuvres d'art nous font penser. Cette vision de l'art est devenue possible quand on a reconnu que nos sens jouent un r ™le dans notre fa on de penser. * Deux philosophes importants pour cette id Že sont Baumgarten et John Dewey. Ils ont montr Ž que nos exp Žriences sensorielles (ce que nous voyons, entendons, etc.) sont li Žes ˆ notre fa on de r Žfl Žchir sur l'art. <<< L' Žtat esth Žtique est pur suspens, moment o ž la forme est Žprouv Že pour elle-m me >>> → L'int Žr t esth Žtique se d Žplace donc des objets repr Žsent Žs vers les moyens de la repr Žsentation ## Édouard Manet (1832-1883) * **Le Bar des Folies-Berg res (1881)** : * La serveuse, appartenant ˆ la classe sociale la plus basse repr Žsent Že, est le personnage principal du tableau. Ce choix artistique de Manet a une dimension politique, mettant en avant une personne souvent ignor Že, face ˆ des spectateurs bourgeois qui pourraient tre ses clients. * Les tableaux d'asperges de Manet sont peints avec autant de soin que des portraits de personnages importants. Cela soul ve une question int Žressante : pourquoi consacrer tant d'attention artistique ˆ un sujet aussi banal qu'une asperge? ## Tres de Mayo, Francisco de Goya (1814) // L'Ex Žcution de Maximilien * Quand il reprend le tableau de Goya, c'est beaucoup plus plat. Il n'y a plus de grands gestes, de chemise blanche marquante. On retrouve au-dessus du mur des spectateurs tr s passifs. C'est la m me sc ne avec une composition qui rappelle celle de Goya, mais on est plus dans la description que dans la narration. Il n'est plus question d'un Žv Žnement tragique. * Style: Manet simplifie, r Žduisant les d Žtails dramatiques de Goya. **Composition :** Manet s'inspire de Goya, mais avec des diff Žrences: * Gestes moins expressifs * Absence d' Žl Žments frappants (ex : chemise blanche) * Ajout de spectateurs passifs **Approche :** * Goya: Narratif, histoire tragique * Manet : Descriptif, repr Žsentation de la sc ne **Emotion:** Manet traite l' Žv Žnement de fa on plus distante que Goya. # 3*/ Jacques Ranci re (1940-) Le partage du sensible. Esth Žtique et politique (2000) - Deuxi me extrait * Ranci re conteste l'id Že que la technique d'un art d Žtermine ses qualit Žs esth Žtiques et politiques. Il remet en question la notion que les arts m Žcaniques (photographie, cin Žma) ont intrins Žquement transform Ž l'art et son rapport aux sujets. * Note: Cette perspective contest Že par Ranci re est celle de Walter Benjamin, ˆ Žtudier prochainement. *Lumière, Entrée d'un train en gare de la Ciotat, 1895 (film) * ***"Il faut prendre les choses autrement"*** * ***"Pour que les arts m Žcaniques puissent donner visibilit Ž aux masses, ou plut ™t ˆ l'individu anonyme, ils doivent d'abord tre per us comme arts. C'est-ˆ -dire qu'ils doivent d'abord tre pratiqu Žs et reconnus comme autre chose que des techniques de reproduction ou de diffusion."* <<< la r Žvolution esth Žtique, c'est d'abord la gloire du quelconque, qui est picturale et litt Žraire avant d'tre photographique ou cin Žmatographique >>> * Aristote voyait la po Žsie comme un arrangement ordonn Ž d'actions, avec une histoire r Žsolue et des personnages en conflit exprimant leurs sentiments selon des r gles pr Žcises. * Le r Žgime esth Žtique moderne, en revanche, offre plus de libert Ž : * L'histoire peut tre non lin Žaire * Les actions peuvent tre moins "vraisemblables" * L'œuvre est per ue comme un assemblage de signes * Cette approche permet aux artistes une plus grande libert Ž cr Žative et interpr Žtative. # 4/ Nelson Goodman (1906-1998) « Un message en provenance de Mars >>> (1984) * Pourquoi les arts et les sciences ne sont-ils pas consid Žr Žs de la m me mani re ? La s Žparation entre le sensible et l'intelligible persiste. * Influence platonicienne: la distinction entre sensible et intelligible demeure * Aspect politique: l' Žducation universelle a pouss Ž l' Žlite ˆ maintenir sa distinction sociale en s'appropriant l'art // Avec la difficult Ž de langue française * Cf. John Dewey: << Chacun sait qu'il faut de l'entra žnement pour voir dans un microscope ou un t Žlescope et pour voir un paysage comme le voit le g Žologue. L'id Že que la perception esth Žtique est r Žserv Že ˆ de rares instants est une des raisons qui explique le retard des arts chez nous ». # 5/ Don DeLillo (1936-) Point Omega (2010) * À New York, un homme assiste seul ˆ la projection ralentie de Psychose d'Hitchcock au MoMA, intitul Že "24 Hour Psycho" par Douglas Gordon. * Ce roman, tel un arr t sur image, r Žv le l' Žtranget Ž du monde et du langage, d Žpassant l' Žnigme des secrets d' Žtat et le bruit des conflits. * **Douglas Gordon, 24 hour Psycho 1993** * 24 Hour Psycho (1993) de Douglas Gordon ralentit Psychose d'Hitchcock ˆ 2 images/seconde, le prolongeant sur 24 heures. Cette œuvre sur les images anim Žes, expos Že au MoMA en 2006, figure dans Point Om Žga de DeLillo. <<< C' Žtait le but du jeu. Voir ce qui est l ˆ , regarder, enfin, et savoir qu'on regarde >>> → C'est la d Žfinition de l'exp Žrience esth Žtique.

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