Initiation à une approche esthétique des Arts - CM PDF
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Ce document traite de l'expérience de l'art et de son partage du sensible, en présentant les perspectives de différents penseurs importants comme Charles Batteux et Alexander Gottlieb Baumgarten.
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# Initiation une approche esth tique des Arts - CM ## B/ L'exp rience de l'art, le partage du sensible ### Charles Batteux (1713-1780) * Les << preuves qu'on pouvait tirer du sentiment, d'autant plus, que c'est le go t qui est le juge-n de tous les beaux arts, et que la raison m me n' ta...
# Initiation une approche esth tique des Arts - CM ## B/ L'exp rience de l'art, le partage du sensible ### Charles Batteux (1713-1780) * Les << preuves qu'on pouvait tirer du sentiment, d'autant plus, que c'est le go t qui est le juge-n de tous les beaux arts, et que la raison m me n' tablit ses r gles, que par rapport lui et pour lui plaire >>> <<< Les r gles du go t ne sont que des cons quences du principe de l'imitation >> * <<<< Le je-ne-sais-quoi est de la nature de ces choses qu'on ne conna t que par les effets qu'elles produisent. » (F libien, 2 me moiti du 17 me si cle). * Ce qui pointe ici, c'est le ressenti (et c'est nouveau). ### Alexander Gottlieb Baumgarten (1714-1762): lumi re, allemand * Aisthesis = la sensation * Distinction traditionnelle entre: * Les NOÊTA, faits d'intelligence * Les AISTHÈTA, faits de sensibilit * Baumgarten consid re les sensations (aistheta) comme une forme de connaissance bas e sur les sens, distincte de la raison. Il d crit le sensible comme une « intelligence confuse », moins pr cise mais tout aussi valable que la pens e rationnelle. * Baumgarten propose une nouvelle th orie de la sensibilit comme facult de connaissance parall le la raison. La sensibilit nous fournit des connaissances, avec un degr de clart oppos l'obscurit du n ant de la connaissance. Cette clart sensible se distingue de la clart rationnelle par sa nature confuse. **Clart vs Obscurit :** * Clart distincte (intellectuelle) * Clart confuse (sensible) * Obscurit (n ant de la connaissance) * La clart confuse est une facult positive de connaissance, fournissant une perception irr ductible la raison et ayant une valeur propre, notamment po tique. **Caract ristiques de la clart confuse :** * Intuitive * Vive : forte pr sence dans l'esprit * Rapport plus clair au monde sensible, sans n cessairement mieux le comprendre ## Implications: * La v rit et la beaut r sident principalement dans l'esprit, pas dans l'objet. * Notre perception est toujours subjective, limit e par nos facult s humaines. * La v rit absolue reste inaccessible ; nous n'atteignons qu'une v rit apparente. ## Cons quences: * R habilitation de la sph re sensible, gale la v rit logique. * Subjectivit inh rente toute perception, sans acc s aux caract ristiques intrins ques des objets. ## En conclusion, Baumgarten red finit la v rit comme vraisemblance: une v rit apparente pour le sujet, mesur e l'aune de nos facult s universelles, vitant ainsi un relativisme total. # 1/ Emmanuel Kant (1724-1804), Critique de la facult de juger (1790) * Facult de juger : Quiconque, face une œuvre d'art, peut dire << j'aime » ou « je n'aime pas >>>, est capable de juger certaines œuvres comme bonnes et d'autres comme mauvaises. **Trois relations diff rentes au sentiment de plaisir :** * Agréable : Ce qui fait plaisir - subjectivit individuelle, satisfaction ne d pendant pas de la r flexion. DONC non communicable et se limitant la seule sensation. * Bon : Ce qu'on estime, approuve - partir d'un concept. * Beau: Ce qui pla t - satisfaction d sint ress e et libre, C'EST-À-DIRE << satisfaction ayant pour principe quelque chose que je peux supposer aussi en tout autre >>. ## Art d'agr ment VS beaux-arts * **ART D'AGRÉMENT** (bonne cuisine, conversation, musique accompagnant un repas) * Sa finalit : Que le plaisir accompagne les repr sentations en tant que simples sensations. * **BEAUX-ARTS** Sa finalit : Que le plaisir accompagne les repr sentations en tant que modes de connaissance. ## L'AGRÉABLE * Ce qui pla t aux sens dans la sensation * **SENSATION OBJECTIVE** : cette prairie est verte * **SENSATION SUBJECTIVE** : ce que cette couleur verte a d'agr able La vis e n'est pas la connaissance Mais = la satisfaction * Satisfaction: << le rapport de l'existence de l'objet mon tat, dans la mesure o cet tat est affect par l'objet >>> ## Diff rences entre l'agr able et le bon / le beau * Satisfaction li e au bon: implique un int r t * l'utile * le bon en soi * N cessit d'un **CONCEPT** (moral) VS il n'existe pas de concept de beau * Satisfaction li e l'agr able - ne d pend pas de la r flexion VS la satisfaction prise au beau d pend de la r flexion ## Diff rence entre le bon et le beau * Le jugement de go t, contrairement au jugement du bon, est contemplatif et d sint ress . II ne repose pas sur des concepts ou des connaissances, mais sur le sentiment de plaisir ou de peine li la nature de l'objet. > **Cons quence** : La satisfaction esth tique est << d sint ress e et libre >>, sans contrainte des sens ou de la raison. Le jugement de go t consid re l'objet ind pendamment de son utilit ou de sa finalit . ## Subjectivit universelle * Le jugement esth tique, bien que subjectif, pr tend l'universalit . Cette <<< universalit subjective >> suppose que la satisfaction d sint ress e contient un principe de satisfaction valable pour tous, transcendant les conditions personnelles. * <<< La n cessit objective de la fusion du sentiment de tous avec le sentiment particulier de chacun. >>> * Ainsi, le jugement esth tique est la fois personnel et universel. ## PARADOXE * Le jugement esth tique est la fois subjectif et universel. Il est personnel, sans concept d fini, mais pr tend une validit universelle. * Le go t esth tique diff re du simple go t sensoriel. Il implique une r flexion et un jugement qui, bien que subjectifs, aspirent l'universalit . * L'absence d'un concept de beaut emp che toute d monstration rationnelle du beau. Le jugement esth tique se fonde sur un sentiment, suppos partageable, plut t que sur des r gles objectives. <<< Lorsque quelqu'un me lit un po me de sa composition ou me conduit un spectacle qui pour finir ne satisfait pas mon go t, il aura beau en appeler Batteux ou Lessing, ou invoquer d'autres crit res du go t encore plus c l bres et plus anciens... Je me boucherai les oreilles, ne voudrais entendre ni raison ni raisonnement et pr f rerais croire fausses toutes les r gles des critiques plut t que de laisser d terminer mon jugement par des arguments probants a priori, puisqu'il s'agira d'un jugement de go t et non de l'entendement ou de la raison. >>>> # Hypoth se: * Un sens commun esth tique, bien qu'ind montrable, permet la communication du sentiment de beaut . En d clarant une œuvre belle, on fait appel ce sens commun, supposant chez autrui la capacit de partager notre exp rience esth tique.<< Le go t est donc la facult juger a priori de la communicabilit des sentiments li s une repr sentation donn e (sans m diation d'un concept) >>> * Kant r sout l'opposition entre sentiment et jugement, marquant un tournant subjectif en esth tique. L'appr ciation de l'art d pend désormais du sujet et de sa r ception, soulignant l'autonomie critique de l'individu. ## Finalement * La beaut n'est plus une propri t intrins que de l'objet, mais une exp rience subjective communicable. Le jugement esth tique, bien que personnel, aspire l'universalit , illustrant la complexit de notre rapport l'art et au beau. * Le spectateur, au cœur de l'esth tique kantienne, devient l'arbitre final de ce qui constitue l'art, exer ant son jugement de go t pour distinguer le beau. # Retour sur Kant * Une hypoth se politique: tous les hommes poss dent un sens commun de l'esth tique * L'esth tique implique la place des individualit qui re oivent de œuvre d'art, ce tournant subjectif n'a jamais t remis en question, il fait partie aujourd'hui de notre vision de l'art * Kant insiste, a ne veut pas dire que chacun partage mon jugement, mais que chacun doin l'admettre sans le partager en termes de go t. ## La question de go t > digression sociologique : * **Bourdieux, La Distinction** * A partir d'une analyse de la soci t , il consid re que le capital culturel import sur ma mani re qu'on consid re les gens qui font partie de notre soci t . * Le go t des gens est d pendant de ce capital culturel. * Le "capital culturel" de Bourdieu d signe les ressources culturelles acquises par un individu, principalement via l' ducation et l'environnement social. Il englobe connaissances, comp tences et avantages conf rant statut et pouvoir dans la soci t . * Selon Bourdieu, ce capital influence fortement les go ts et pr f rences, d termin s par le milieu social et l' ducation plut t que par des choix purement individuels. * Cette th orie s'inscrit dans une analyse soci tale plus large, examinant l'impact du capital culturel sur nos perceptions et interactions sociales. * Cari Wilson, Let's talk about love * Pourquoi je pense avoir le capital du mauvais go t? * BD: Ma Pizza Metal * R flexion sur le bon go t # 2/ John Dewey, L'art comme exp rience * Philosophe am ricain, qui a beaucoup travaill sur l' ducation et la p dagogie. Il fait partie du curant : le pragmatisme (avec George Dickie). ## Le pragmatisme : * Ce courant se distingue de la philosophie europ enne qui ce base sur l'essence, quel est l'essence de l'art ? * Pour les am ricains ce sont des questions inutiles. Il faut se baser sur la pratique l' chelle de l'individu. * Cette philosophie s'apparente aux sciences sociales, fond e sur des enqu tes soci tales. Les chercheurs observent avant de th oriser. La connaissance volue avec le temps, sans v rit absolue pr existante. Les conclusions de leurs enqu tes peuvent changer avec le temps. Pour eux, il n'existe pas de v rit absolue et permanente. * ⇒ Une philosophie de l'enqu te a des fins pratiques * ⇒ L'enqu te s'applique au-del des sciences, englobant l' tude des valeurs et la r solution des enjeux sociopolitiques. ## L'Art comme exp rience, Chapitre 3 "Vivre une exp rience" * Les choses existent parce que nous en faisons l'exp rience, pas par elles-m mes * La pens e contient une part de sensibilit * Le travail de l'artiste est un travail de pens e, qui est aussi important que la fa on dont le spectateur re oit l'œuvre ## Explorer l'exp rience * D finition: Interaction tre vivant-environnement, mais insuffisante pour une compr hension compl te. **Caract ristiques :** * Ensemble coh rent (d but-fin), comme une histoire * Unicit distinctive * Existence autonome * D roulement complet * Dimension esth tique et motionnelle * D passe la r action automatique, s'applique aussi la pens e. Aspect esth tique indissociable de l'exp rience intellectuelle. ## An-esth tique: l'absence de conscience * Une exp rience an-esth tique se caract rise par : * Une suite d' v nements sans liens logiques * Des actions m caniques sans r flexion * Un d but et une fin, mais sans v ritable commencement ni conclusion. Ce type d'exp rience manque de forme et de coh rence. Elle ne peut donc pas tre consid r e comme une v ritable exp rience, car elle est d pourvue de dimension esth tique. ## L'id e d'un jugement r fl chi * Les motions qui ont du sens font partie d'une exp rience complexe qui volue au fil du temps. Elles ne sont pas isol es, mais li es nous-m mes. Comme on dit, "l' motion fait partie de moi". * Pour qu'une motion devienne vraiment significative, elle doit s'inscrire dans une exp rience qui dure. Cette exp rience a un d but, un d veloppement et une conclusion. Ce processus implique notre r flexion: nous d couvrons et nous r fl chissons tout au long de l'exp rience. ## Une exp rience esth tique poss de: * Une dimension originale : elle apporte quelque chose de nouveau ou d'unique. * Une dimension sensible de la pens e : elle implique nos motions et nos sensations. * Une dimension esth tique dans le domaine de la pens e: elle influence notre fa on de r fl chir et de percevoir les choses. ## Le travail de l'artiste et du chercheur * Les artistes et les chercheurs utilisent tous deux leur pens e dans leur travail. L'intelligence, dans ce contexte, c'est comprendre le lien entre ce qu'on fait et ce qu'on ressent. * Il existe une connexion entre le moment o l'on agit et celui o l'on re oit ou per oit. C'est en r fl chissant qu'on arrive saisir ces liens. * Cela nous montre que l'intelligence joue un r le important dans la cr ation artistique. Quand un artiste danse ou peint, il ne fait pas que bouger ou appliquer de la peinture - il r fl chit aussi. ## Les cons quences: * Savoir-faire et perfection technique ne suffisent pas pour cr er une œuvre d'art. Si c' tait le cas, les machines pourraient en produire. Pour qu'une cr ation soit artistique, elle doit tre con ue en pensant au plaisir qu'elle procurera au spectateur. L'artiste utilise son jugement esth tique pendant la cr ation. Il devient en quelque sorte son propre spectateur pour am liorer son œuvre. * Une œuvre d'art na t v ritablement lorsque l'artiste fait appel sa sensibilit exceptionnelle pour percevoir les qualit s uniques des choses. * L'esth tique est li e l'exp rience: elle implique la fois la perception et l' valuation du plaisir. Une perception esth tique va au-del du simple fait de voir un tableau; elle engage notre sens du go t et notre jugement. ## R ceptivit vs Passivit * Un spectateur n'est jamais vraiment passif face une œuvre d'art. Il ne se contente pas simplement de reconna tre ce qu'il voit. Au contraire, son interaction avec l'œuvre provoque des motions et lib re une certaine nergie. * Appr cier l'art est une comp tence qui s'apprend et se d veloppe. On s'entra ne observer un tableau ou couter de la musique pour mieux les comprendre et les appr cier. * Pour v ritablement percevoir une œuvre, le spectateur doit faire un effort cr atif. Il participe activement l'exp rience artistique en utilisant son imagination et sa sensibilit . * Que ce soit pour l'artiste qui cr e ou pour le spectateur qui regarde, il se passe la m me chose: * Ils font tous les deux un travail d'abstraction. Cela veut dire qu'ils essaient de comprendre le sens profond de l'œuvre. * Ce processus fait appel l'intellect, car on cherche donner du sens l'exp rience. Mais c'est aussi quelque chose de concret et pratique : il y a comme un dialogue entre notre corps, nos motions et l'œuvre d'art. ## L'exp rience intellectuelle et l'exp rience artistique sont diff rentes: **Dans une exp rience intellectuelle :** * La conclusion est importante en elle-m me * On peut l'exprimer sous forme de formule ou de "v rit " **Dans l'exp rience d'une œuvre d'art :** * Il n'y a pas de conclusion qu'on peut s parer de l'exp rience * La fin est importante, mais elle fait partie de l'exp rience sensible * On ne peut pas l'extraire ou la r sumer facilement * En r sum , l'exp rience artistique est li e nos sensations et motions, et ne peut pas tre r duite une simple formule comme une exp rience intellectuelle. ## R sum : * Selon Dewey, l'esth tique est essentielle toute exp rience. Un chef-d'œuvre ne se d finit pas par sa perfection technique, mais par sa perception unique. L'artiste doit constamment valuer son travail, combinant cr ation et r ception. * L'exp rience artistique, individuelle et semblable celle du cr ateur, aboutit une conclusion valable mais indissociable de sa dimension sensible, d fiant ainsi toute verbalisation simple. # Ranci re : Changement de paradigme artistique au 18 me si cle ## Scandales litt raires illustrant cette volution: * **Madame Bovary et Les Fleurs du mal** : Sujets ordinaires en po sie et romans * **Gustave Courbet, Un enterrement Ornans** : Sc ne banale trait e simplement, format monumental pour sujet ordinaire <<< Il n'y a pas des sujets nobles et des sujets vulgaires, pas non plus des pisodes narratifs importants et des pisodes descriptifs accessoires. Il n'y a pas d' pisode, de description, de phrase qui ne porte en soi la puissance de l'œuvre. Parce qu'il n'y a pas de chose qui ne porte la puissance du langage. Tout est galit , galement important, galement signifiant. >>> * Tous les sujets, importants ou ordinaires, sont trait s galit . Descriptions et narrations ont le m me poids. Les r cits, comme "Madame Bovary", pr sentent les faits sans jugement moral. * Les gens ordinaires int grent l'art, marquant la fin de l'exclusivit des sujets nobles. ## La d mocratisation de l'art remet en question : * Ce qui peut tre repr sent * Qui peut juger les œuvres ## C'est dire : * **Évolution de la repr sentation** : D sormais, narration et description ont une importance gale, contrairement l'accent mis auparavant sur l'histoire. * **Nouvelle approche visuelle** : Focus sur des d tails sp cifiques, privil giant la r alit brute plut t qu'une narration structur e. * **Absence de moral** : cf. le refus de Flaubert "de confier la litt rature aucun message": parti pris de peindre au lieu d'instruire * **L'art traite désormais tous les sujets galement,** sans lien obligatoire entre forme et contenu. Auparavant, une hi rarchie existait: * Trag dies pour les nobles * Com dies pour le peuple * Peinture d'histoire sup rieure aux sc nes de genre ## Donc.. → Tout crit a une importance gale et est accessible tous. Une communaut de lecteurs se forme naturellement autour d'exp riences partag es, comme voir un film ou un tableau ensemble : partage du sensible # 3/ Jacques Ranci re (1940-) Le partage du sensible. Esth tique et politique (2000) - Premier extrait * L'histoire de l'art est vue comme des r gimes de pens e artistique, liant cr ation, visibilit et r ception des œuvres. * L'esth tique, apparue une poque sp cifique, est une approche r flexive de l'art. Elle examine comment les œuvres stimulent notre pens e, suivant l'id e de Hegel que l'art nous pousse r fl chir. * Sous-titre: << Esth tique et politique >>> <<< La politique porte sur ce qu'on voit et ce qu'on peut en dire, sur qui a la comp tence pour voir et la qualit pour dire, sur les propri t s des espaces et les possibles du temps. >>> ## A partir de cette d finition il distingue 3 p riodes: * **R gime thique des images:** Antiqu et Moyen Age * Il n'existe pas de l'art par lui-m me. L'art d'es pas identifi comme tel, il ne peut s'individualiser comme tel CAR il est subordonn son sujet et sa destination (religion) * **R gime po tique - repr sentatif - des arts:** Renaissances * Ce r gime identifie le fait de l'art dans le couple po sis/mimesis * Principe mim tique : d'abord un principe pragmatique qui isole, dans le domaine g n ral des arts (des mani res de faire) certains arts particuliers qui ex cutent des choses sp cifiques savoir des imitations. * **R gime po tique au sens o il identifie les arts -** ce que l' ge classique appelle les beaux-arts - au sein d'une classification des mani res de faire d'appr cier les imitations. * **R gime "repr sentatif"** en tant que notion de repr sentation ou de mimesis qui organise ces mani res de faire, de voir, de juger. * **R gime esth tique, marque l' re des r volutions et de la d mocratie.** Il s'affranchit des hi rarchies et de la repr sentation traditionnelle. * <<< le r gime de l' ge de l'Histoire, des temps r volutionnaires et d mocratiques >>> * Contraste avec une soci t religieuse se croyant immuable, bas e sur les trois ordres. *"Esth tique" : L'art se d finit d sormais par l'exp rience qu'il suscite, non par des r gles pr tablies. → Ce "partage du sensible" cr e une exp rience collective autour de l'art. Ce r gime lib re l'art des conventions, efface les fronti res entre disciplines, et red finit l'imitation. La r ception de l'œuvre par le public devient centrale dans cette nouvelle approche artistique. Ce nouveau r gime artistique a deux effets majeurs : 1. Il tablit l'unicit de l'art. 2. Il abolit les crit res traditionnels d' valuation artistique."* * Auparavant, les critiques comme Batteux jugeaient l'art sur son mim tisme. Le lien entre cr ation et r ception tait troit. D sormais, ce lien est rompu, transformant l'appr ciation artistique. ## Une nouvelle fa on de penser l'art dans l'histoire * Cette approche consid re l'art comme un sujet de r flexion. Elle examine comment les œuvres d'art nous font penser. Cette vision de l'art est devenue possible quand on a reconnu que nos sens jouent un r le dans notre fa on de penser. * Deux philosophes importants pour cette id e sont Baumgarten et John Dewey. Ils ont montr que nos exp riences sensorielles (ce que nous voyons, entendons, etc.) sont li es notre fa on de r fl chir sur l'art. <<< L' tat esth tique est pur suspens, moment o la forme est prouv e pour elle-m me >>> → L'int r t esth tique se d place donc des objets repr sent s vers les moyens de la repr sentation ## Édouard Manet (1832-1883) * **Le Bar des Folies-Berg res (1881)** : * La serveuse, appartenant la classe sociale la plus basse repr sent e, est le personnage principal du tableau. Ce choix artistique de Manet a une dimension politique, mettant en avant une personne souvent ignor e, face des spectateurs bourgeois qui pourraient tre ses clients. * Les tableaux d'asperges de Manet sont peints avec autant de soin que des portraits de personnages importants. Cela soul ve une question int ressante : pourquoi consacrer tant d'attention artistique un sujet aussi banal qu'une asperge? ## Tres de Mayo, Francisco de Goya (1814) // L'Ex cution de Maximilien * Quand il reprend le tableau de Goya, c'est beaucoup plus plat. Il n'y a plus de grands gestes, de chemise blanche marquante. On retrouve au-dessus du mur des spectateurs tr s passifs. C'est la m me sc ne avec une composition qui rappelle celle de Goya, mais on est plus dans la description que dans la narration. Il n'est plus question d'un v nement tragique. * Style: Manet simplifie, r duisant les d tails dramatiques de Goya. **Composition :** Manet s'inspire de Goya, mais avec des diff rences: * Gestes moins expressifs * Absence d' l ments frappants (ex : chemise blanche) * Ajout de spectateurs passifs **Approche :** * Goya: Narratif, histoire tragique * Manet : Descriptif, repr sentation de la sc ne **Emotion:** Manet traite l' v nement de fa on plus distante que Goya. # 3*/ Jacques Ranci re (1940-) Le partage du sensible. Esth tique et politique (2000) - Deuxi me extrait * Ranci re conteste l'id e que la technique d'un art d termine ses qualit s esth tiques et politiques. Il remet en question la notion que les arts m caniques (photographie, cin ma) ont intrins quement transform l'art et son rapport aux sujets. * Note: Cette perspective contest e par Ranci re est celle de Walter Benjamin, tudier prochainement. *Lumière, Entrée d'un train en gare de la Ciotat, 1895 (film) * ***"Il faut prendre les choses autrement"*** * ***"Pour que les arts m caniques puissent donner visibilit aux masses, ou plut t l'individu anonyme, ils doivent d'abord tre per us comme arts. C'est- -dire qu'ils doivent d'abord tre pratiqu s et reconnus comme autre chose que des techniques de reproduction ou de diffusion."* <<< la r volution esth tique, c'est d'abord la gloire du quelconque, qui est picturale et litt raire avant d'tre photographique ou cin matographique >>> * Aristote voyait la po sie comme un arrangement ordonn d'actions, avec une histoire r solue et des personnages en conflit exprimant leurs sentiments selon des r gles pr cises. * Le r gime esth tique moderne, en revanche, offre plus de libert : * L'histoire peut tre non lin aire * Les actions peuvent tre moins "vraisemblables" * L'œuvre est per ue comme un assemblage de signes * Cette approche permet aux artistes une plus grande libert cr ative et interpr tative. # 4/ Nelson Goodman (1906-1998) « Un message en provenance de Mars >>> (1984) * Pourquoi les arts et les sciences ne sont-ils pas consid r s de la m me mani re ? La s paration entre le sensible et l'intelligible persiste. * Influence platonicienne: la distinction entre sensible et intelligible demeure * Aspect politique: l' ducation universelle a pouss l' lite maintenir sa distinction sociale en s'appropriant l'art // Avec la difficult de langue française * Cf. John Dewey: << Chacun sait qu'il faut de l'entra nement pour voir dans un microscope ou un t lescope et pour voir un paysage comme le voit le g ologue. L'id e que la perception esth tique est r serv e de rares instants est une des raisons qui explique le retard des arts chez nous ». # 5/ Don DeLillo (1936-) Point Omega (2010) * À New York, un homme assiste seul la projection ralentie de Psychose d'Hitchcock au MoMA, intitul e "24 Hour Psycho" par Douglas Gordon. * Ce roman, tel un arr t sur image, r v le l' tranget du monde et du langage, d passant l' nigme des secrets d' tat et le bruit des conflits. * **Douglas Gordon, 24 hour Psycho 1993** * 24 Hour Psycho (1993) de Douglas Gordon ralentit Psychose d'Hitchcock 2 images/seconde, le prolongeant sur 24 heures. Cette œuvre sur les images anim es, expos e au MoMA en 2006, figure dans Point Om ga de DeLillo. <<< C' tait le but du jeu. Voir ce qui est l , regarder, enfin, et savoir qu'on regarde >>> → C'est la d finition de l'exp rience esth tique.