Modifications Physiologiques de la Grossesse - Partie 2 PDF

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Faculté de Médecine

Marie-Lou BADOUIN, Emma BOUIJOUX

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modifications physiologiques grossesse grossesse anatomie médecine

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Ce document détaille les modifications physiologiques de la grossesse, se concentrant sur les aspects rénales, métaboliques et les besoins vitaminiques. L'auteur explique les processus de formation de l'urine et les mécanismes des modifications qui accompagnent la gestation.

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Marie-Lou BADOUIN UE Suivi de grossesse à bas risque Le 06/09/2024 Emma BOUIJOUX Mme. HERVE-ANDRE MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES DE LA GROSSESSE - PARTIE 2 I- Les modifications rénales. A. Les reins. B...

Marie-Lou BADOUIN UE Suivi de grossesse à bas risque Le 06/09/2024 Emma BOUIJOUX Mme. HERVE-ANDRE MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES DE LA GROSSESSE - PARTIE 2 I- Les modifications rénales. A. Les reins. B. La physiologie du néphron. C. L’uropoèse. 1) La filtration glomérulaire. 2) La réabsorption tubulaire. 3) La sécrétion tubulaire. D. Bilan. E. Fabrication de l’urine. II- Les modifications métaboliques. A. Généralités. B. Pendant la grossesse. C. Les facteurs de risques. III- Les modifications des besoins vitaminiques. A. Les besoins en iode. B. Les besoins en magnésium. C. Les vitamines B6, B9 et B12. D. La vitamine D. E. Les solutions. IV- Les modifications pharmacocinétiques. A. Rappels. B. Pendant la grossesse. 1) Augmentation du pH. 2) Augmentation du volume sanguin. 3) Modification du métabolisme hépatique. V- Les modifications dermatologiques. A. L’hyperpigmentation. B. Le masque de grossesse. C. Les cheveux et les ongles. D. Les vergetures. E. Les naevus. VI- Les modifications de l’appareil locomoteur. VII- Les modifications odontologiques. VIII- Les modifications ophtalmologiques. IX- Les modifications psychologiques. A. Durant la grossesse. B. Après l’accouchement. 1/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 I- Les modifications rénales A. Les reins. Se référer à la vidéo « la physiologie du néphron », qui va être déposée sur Moodle. Les reins sont des organes localisés dans la région lombaire supérieure entre les vertèbres T12 et L3. Ils participent activement au maintien de l’équilibre hydrominéral du milieu intérieur. Qu’est-ce qu’il y a sous les côtes, surtout au troisième trimestre de la grossesse ? Le bébé. Il faut se rappeler qu’il y a une dilatation des uretères lors de la grossesse car on vient appuyer sur ces dernières. Les uretères sont souples, on peut les comparer à des « tuyaux », comme en plomberie. S’il y a un problème à leur niveau, il suffit de changer le tuyaux et tout va bien. En position hors grossesse les uretères (les tuyaux) sont totalement cylindriques. Lors de la grossesse, il y a d’une part une augmentation du volume sanguin (= vasodilatation) qui entraine une augmentation en termes de taille et d’autre part le fœtus qui vient appuyer sur les uretères. Ceci entraine une déformation : un aplanissement des voies urinaires. Pour comprendre la fonction rénale, il est nécessaire de faire un bref rappel anatomique. L’observation du rein en coupe frontale permet de révéler les structures anatomiques suivantes : la capsule rénale, le cortex rénal, la médulla rénale, les colonnes rénales, les pyramides rénales (pyramides de Malpighi), le bassinet et l’uretère. [cf diapo cours] B. La physiologie du néphron. Dans le cortex et la médulla rénale se trouvent environ un million de néphrons. Le néphron correspond à l’unité structurale et fonctionnelle du rein, assurant la formation de l’urine. Un néphron comporte classiquement les différentes parties anatomiques suivantes : la capsule de Bowman, le tube contourné proximal, l’anse de Henlé, le tube contourné distal et le tube collecteur. Le néphron est une structure très vascularisée comprenant deux réseaux de capillaires sanguins. Le premier réseau est celui constitué par le glomérule. Ce dernier est formé à partir de l’artériole afférente. Le glomérule se loge dans la capsule de Bowman. Le deuxième réseau est celui constitué par les capillaires péritubulaires. Ces derniers sont formés à partir de l’artériole efférente. C. L’uropoèse. L’uropoïèse correspond à la formation de l’urine définitive à partir du plasma. Elle se fait en trois étapes : la filtration glomérulaire,puis la réabsorption tubulaire suivie de la sécrétion tubulaire. Ces différentes étapes, au niveau du rein, ne se font pas au même endroit. La filtration a lieu au niveau du glomérule, la réabsorption au niveau du tube contourné proximal et la sécrétion dans le tube contourné distal. 1) La filtration glomérulaire. La filtration glomérulaire est une étape qui se déroule dans le corpuscule rénal (=structure anatomique correspondant à l’association étroite formée entre le glomérule et la capsule de Bowman). Poussés par la pression sanguine glomérulaire, certains solutés plasmatiques passent au travers de la paroi du glomérule pour rejoindre la capsule de Bowman. 2/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 Lors de la première étape de filtration, les lipides et les protéines ne passent pas. Ils peuvent passer dans des cas pathologiques. Par exemple, dans les cas d’hypertension lorsque la pression artérielle est si forte qu’il y a un passage qui va se faire. Également dans le cas du diabète, avec une concentration en glucose au niveau du sang tellement importante que le glucose va réussir à passer, de même pour les protéines. La structure du glomérule et celle de la capsule jouent le rôle de tamis moléculaire où seuls les solutés de petite taille passent librement au travers du glomérule. Ainsi, seules les petites molécules comme l’eau, le glucose et les ions sont totalement filtrées pour constituer l’urine primitive. Le glucose passe par diffusion facilitée, l’eau par diffusion passive et les ions majoritairement par diffusion facilitée. Les molécules de plus grande taille, comme les protéines et les lipides contenus notamment dans les lipoprotéines, ne sont pas filtrées. Elles sont donc absentes dans l’urine primitive. La filtration glomérulaire a permis la filtration de l’urine primitive. Cette dernière subit dès lors des remaniements de sa composition chimique par réabsorption totale ou partielle de certains de ses composants. Le glucose est réabsorbé de manière majoritaire. Il n’y a normalement pas de glucose dans les urines. Il est réabsorbé car il est utile au fonctionnement du métabolisme de base (il permet de fournir de l’énergie sous forme d’ATP). 2) La réabsorption tubulaire. La réabsorption correspond au passage de certains solutés de l’urine primitive depuis la lumière du tubule vers la lumière des capillaires péritubulaires. Un soluté peut être réabsorbé seulement s’il a été filtré au préalable. C’est ainsi que la totalité du glucose filtré est réabsorbé. Il n’y a donc plus de glucose dans l’urine définitive chez le sujet sain. L’eau est, quant à elle, réabsorbée à 99%. Les ions, comme le sodium, sont partiellement réabsorbés. La composition chimique de l’urine définitive est ajustée par un dernier mécanisme : la sécrétion tubulaire. 3) La sécrétion tubulaire. Les cellules de l’épithélium tubulaire sont capables de sécréter directement certaines substances à partir de molécules présentes dans le plasma. La sécrétion est en quelque sorte l’inverse de la réabsorption. Les substances sécrétées sont les déchets métaboliques (comme l’acide urique, les ions ammonium ou les ions H+) mais aussi certains xénobiotiques (comme des médicaments, dont la pénicilline). Activité Wooclap : Il faut compléter le texte à trous avec les mots « augmentation », « diminution » ou « stabilisation ». Les bonnes réponses sont soulignées. Dès le premier trimestre de grossesse, une augmentation du volume plasmatique (la volémie), associée à une vasodilatation rénale marquée, entraîne une importante augmentation du flux plasmatique rénal (FPR, augmentation de 40-50% par rapport aux valeurs mesurées en dehors de la grossesse) et du débit de filtration glomérulaire (DFG). On observe alors une augmentation de la clairance mesurée de la créatinine avec une baisse des taux de créatinine sérique. 3/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 Prenons l’exemple d’une sortie canoë en rivière à Ganges. Lorsque le courant est calme, on arrive à suivre la rivière facilement sans se prendre les arbres sur le côté. En revanche si on remonte plus haut (dans les Cévennes) où le flux est très important, on va moins bien maîtriser le canoë et se prendre les berges. Ici c’est le même principe : lorsqu’il y a une vasodilatation, le flux est augmenté (de 40 à 50%) et le passage est plus important et moins spécifique. C’est pour cette raison qu’on retrouve des protéines dans l’urine (primitive et définitive) car c’est la conséquence des modifications vues précédemment. D. Bilan. La grossesse et les changements hormonaux qui l'accompagnent entraînent des modifications de l’hémodynamique systémique et du flux plasmatique rénal. La mère ainsi que l’unité fœto-placentaire produisent alors des hormones qui régulent le bilan hydrosodé, le tonus vasculaire, la pression artérielle (PA) et le volume circulant. L’état général de santé du nouveau-né influe sur la santé de la mère. L’enfant n’est pas capable d’éliminer les déchets métaboliques et autres. Il les rejette à travers le placenta. C’est aussi la raison pour laquelle il y a tous ces échanges : ce n’est pas seulement pour capter les nutriments, mais également pour se débarrasser d’un certains nombre d’éléments (notamment l’urée et la créatinine). Cela signifie que le bébé permet aussi la régulation du bilan hydrosodé chez la mère. Il y a une vasodilatation généralisée (œstrogènes, progestérones, prostaglandines vasodilatatrices) et une diminution de la réponse vasomotrice à la noradrénaline et à l’angiotensine II. Ceci a pour conséquence une diminution des résistances vasculaires systémiques et une nouvelle diminution de la pression artérielle (elle est dépendante du bilan hydrosodé). Le bilan hydrosodé de l’enfant contrebalance celui de la mère, et est plutôt en faveur d’une diminution de la pression artérielle. E. Fabrication de l’urine. Pour résumer, on observe une augmentation du débit sanguin rénal et du débit de filtration glomérulaire (DFG). Ce dernier est maximal dès le premier trimestre de la grossesse (+50%). L’augmentation du DFG entraîne une baisse de la créatinine. On retrouve donc des modifications des fonctions tubulaires. Ces modifications font que la femme enceinte peut avoir du glucose et des aminoacides dans les urines (glycosurie et amino-acidurie) mais aussi une augmentation de la clairance de l’acide urique. Cette augmentation signifie que l’urine des femmes enceintes va être plus chargée en molécules d’urée. Pourquoi la femme enceinte a une concentration en urée supérieure à celle d’avant grossesse alors qu’elle boit plus (abaissement du seuil de soif) et qu’elle va plus souvent aux toilettes ? Car elle récupère l’urée du bébé. L’uricémie diminue au cours de la grossesse. (taux d’acide urique dans le sang) Du fait de l’augmentation du DFG la protéinurie peut augmenter jusqu’à 300mg/24h ou bien 0,3g/24h. On peut également écrire 0.3g/L (À RETENIR). Il en va de même pour la glycosurie qui peut augmenter jusqu’à 300mg/24h. Le glucose de la mère passant chez l’enfant, on s’attend à une baisse de la glycémie maternelle. Effectivement, on observe une très légère diminution de la glycémie au cours du premier trimestre. 4/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 Cependant, les besoins en glucose chez le bébé sont les plus importants au deuxième et troisième trimestre de la grossesse, pourtant à cette période il n’y a plus de diminution de la glycémie. Cela s’explique par un déstockage massif du glucose stocké lors du premier trimestre (métabolisme catabolisant). On s’attend donc à une augmentation massive de la glycémie. Or le glucose est filtré de manière bien plus importante que la normale dans la capsule de Bowman. La glycémie reste donc stable car la glycosurie augmente. II- Les modifications métaboliques A. Généralités Le métabolisme de base correspond à l’énergie nécessaire au bon fonctionnement des cellules au repos et sans effort physique. Il est utilisé pour : faire fonctionner les organes (reins, cœur, poumons), nous permettre de respirer, assurer le renouvellement cellulaire. Il est notamment utile lorsque nous dormons puisque ses fonctions doivent continuer de fonctionner même durant cette période. Pour cela le corps va utiliser du glucose, des acides-aminés et va donc dépendre de l’insuline. On va donc capter l’énergie nécessaire à ce métabolisme par l’alimentation. B. Pendant la grossesse Chez la femme enceinte ce métabolisme augmente car il n’y a pas seulement la femme mais aussi un enfant. Le métabolisme de la mère doit donc assurer celui de l’enfant. Cela est aussi dû à la prise de poids des femmes durant leur grossesse puisque lorsque l’on grossit, notre métabolisme de base va augmenter (à l’inverse si nous maigrissons, il diminue). C. Les facteurs du métabolismes Le métabolisme est en partie dû à l’âge. Étant donné que c’est grâce à l’alimentation que l’on capte l’énergie nécessaire au métabolisme, lorsqu’on est jeune on peut manger ce que l’on veut sans grossir car il est très actif. Quand on vieillit le métabolisme diminue ce qui va favoriser la prise de poids (c’est la raison pour laquelle on a plus de risque de surpoids et de grossesse pathologique à partir de 35 ans). On observe une diminution d’environ 2-3 % par décennie après l’âge adulte. On ne peut donc pas manger de la même manière en fonction de l’âge puisque notre métabolisme évolue lui-aussi. Le métabolisme est quelque chose d’individuel. Si on a une très bonne hygiène de vie (manger sainement, pratique sportive) on peut augmenter son métabolisme de base. Une femme de 40 ans enceinte et très entraînée, va avoir le même métabolisme de base qu’une femme enceinte de 20 ans sans une bonne hygiène de vie. C’est également lié à la taille, du poids et l’activité thyroïdienne (thyroïde et les hormones). Cette dernière régule à peu près toutes les grandes fonctions. Les personnes en hyperthyroïdie vont faire de l' hypermétabolisme : ils vont avoir des palpitations, leur fréquence cardiaque va augmenter, ils vont manger d’énorme quantité de nourriture et finalement maigrir. Au contraire en hypothyroïdie, on a moins de tonus, un ralentissement musculaire, on a plus faim mais on grossit c’est ce qu’on appelle l’hypométabolisme. Le métabolisme de base des enfants ( et surtout des adolescents) est 2 fois plus élevé que celui des adultes. Ils mangent donc quasiment deux fois plus qu’un adulte sans que cela ait forcément des conséquences sur la prise de poids. Chez les filles cet écart est un peu moins marqué (entre 1,5 et 1,75 fois plus que l’adulte). 5/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 III- Les modifications des besoins vitaminiques A. Les besoins d’iode Ces besoins augmentent chez la femmes enceinte dû à ces besoins métaboliques accrus. Il y a notamment une augmentation des besoins en iode car le fœtus en nécessite pour sa thyroïde et pour synthétiser les hormones T3 et T4 qu’il produit au dernier trimestre de sa grossesse. Comme il ne mange pas directement , c’est la mère qui va lui en donner. Il va donc capter l’iode qui passe librement au premier trimestre à travers la barrière placentaire. B. Le magnésium Le besoin en magnésium est également augmenté. On en a notamment besoin pour la mémoire, la concentration, le stress, la fatigue mais surtout pour les muscles. Les muscles de l’enfant durant la grossesse doivent être activés. Il faut donc que dans le ventre de la mère, le fœtus puisse avoir des mouvements, de la contraction musculaire. Il est donc nécessaire d’avoir des apports en magnésium pour la croissance mais aussi pour la vie extra-utérine. Le fœtus doit être prêt à vivre hors du ventre de sa mère et pouvoir chercher à manger. C. Les vitamines B6, B12 et B9 Les besoins en vitamine B6, B12 et particulièrement B9 (ou acide folique) doivent être augmentés. En effet l'acide folique va permettre de fermer le tube neural pour former le système nerveux central. La vitamine B9 est aussi prescrite lors de la consultation préconceptionnelle ( quand les femmes ont un projet de grossesse) pour éviter les anomalies au niveau central. La prescription de cette vitamine est systématique (avec des doses qui évoluent en fonction des facteurs de risque) jusqu’à 10 semaines de grossesse. D. La vitamine D Les besoins en vitamine D augmentent aussi. C’est une vitamine que l’on synthétise grâce au soleil. Mais tout le monde n’a pas le même capital de vitamine D : plusieurs personnes ont des carences. Cela peut être le cas dans certaines religions, pour les personnes qui ne veulent pas bronzer mais également pour les personnes d’origine africaine qui en produisent moins. Chez ces dernières, il est recommandé d’effectuer un dosage du transporteur de la vitamine D pour potentiellement prescrire de cette vitamine et pallier ce déficit. E. Les solutions Au final, pour pallier à toutes les augmentations de ces besoins chez la femme enceinte il suffit d’adapter son alimentation. Les compléments alimentaires sont peu utiles. Pour qu’ils fonctionnent il faudrait faire une cure sur une longue durée mais cela peut également avoir un effet contre-productif. En effet, certaines vitamines ont les mêmes récepteurs. Par exemple, si l'on prend des compléments vitaminiques dans le cas d’une carence en vit B6 mais que nous sommes à l’équilibre pour la B12, les récepteurs vont être encore plus saturés. Donc au lieu d’avoir une augmentation de B6 pour pallier ce déficit, celui-ci se creuse et on a en plus un surdosage de B12. C’est la raison pour laquelle avant de prescrire des vitamines, on effectue un dosage des différentes vitamines pour prendre LA vitamine dont la personne à réellement besoin afin d’éviter ce déséquilibre vitaminique général par compétition. L’excès de vitamine n’est cependant pas dangereux mais les vitamines non absorbées sont éliminées dans les urines. Donc finalement cela est peu utile. 6/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 IV- Les modifications pharmacocinétiques A. Rappels La forme comprimée d’un médicament est faite pour que, quand il passe au niveau gastrique, le pH détruise la capsule et permette à une partie du médicament d’être libéré avant le passage hépatique. Ce dernier est le moment où le médicament va être sous sa forme active pour ensuite passer au niveau sanguin. B. Pendant la grossesse 1) Augmentation du pH Chez la femme enceinte, les médicaments ne sont pas absorbés de la même manière. Le pH gastrique va augmenter, ce qui a pour conséquence de rendre la destruction des médicaments moins efficace. Il va donc y avoir une augmentation de la concentration des formes ionisées des médicaments acides faibles, à l’origine de la réduction de leur absorption. En effet, le médicament doit normalement être capté au niveau cellulaire pour avoir une efficacité. Or dans le cas où il y a une augmentation des formes ionisées qui ne peuvent pas passer, le médicament va donc être éliminé au lieu d’être capté. En cas d’administration par voie orale et en une seule prise, le ralentissement de la vidange gastrique abaisse le pic de concentration plasmatique et accroît le temps nécessaire pour atteindre la valeur attendue et donc l’efficacité du médicament. 2) Augmentation du volume sanguin Il y a également une augmentation du volume sanguin avec une augmentation du volume d’eau total. Cela entraîne une hémodilution. Les médicaments vont donc, de la même manière que les globules rouges, être dilués c’est à dire moins efficaces. Cela rend nécessaire l’administration de doses de charges et de maintien plus importantes pour obtenir les mêmes concentrations plasmatiques du fait de cette hémodilution. Exemple: Quand on va donner un médicament au niveau sanguin (injection intraveineuse) à une femme enceinte, on va être obligé d’en donner plus au départ pour pouvoir avoir la même efficacité en même temps et donc atteindre la dose utile. Attention cette méthode n’est pas applicable à tous les médicaments, notamment aux médicaments pour lesquels il y a un passage hépatique comme c’est le cas du paracétamol. Les femmes enceintes ressentent donc moins son effet. Cependant il ne faut pas en prendre trop souvent car il y a une hépatotoxicité qui est assez importante (maximum 10g/24h). Au-delà de cette dose, il y a des dommages causés au foie qui vont nécessiter une greffe hépatique car en 24h le foie va arrêter de fonctionner. 3) modifications du métabolisme hépatique Le métabolisme hépatique de Phase I et II des médicaments est aussi impacté. L’activité et l’expression du cytochrome P45099 (CYP) (notamment de l’isoforme CYP3A4) sont amplifiées, ce qui contribue à augmenter leur clairance. Cela va diminuer la demi-vie du médicament, le rendant donc moins efficace 7/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 V- Les modifications dermatologiques A. L’hyperpigmentation Chez les femmes enceintes, on observe une hyperpigmentation qui va se faire au niveau du tronc aussi appelé Linea Negra (ligne médiane de l’abdomen). Ces zones d’hyperpigmentation se font surtout au niveau des zones de migration et jonction de l’embryon c'est-à-dire des zones où il y a davantage de cellules. C’est un phénomène observé chez 90 % des patientes et plus accentué chez les femmes de phototypes foncés. D’autres zones peuvent subir de l’hyperpigmentation comme l'aréole mammaire, la région génito-anale ou la région péri-ombilicale. B. Le masque de grossesses Le mélasma ou chloasma (masque de grossesse) forme des nappes maculeuses, irrégulières sur le visage et le cou. Il est observé chez 50-70 % des patientes. Il s’atténue en 6 à 18 mois après l’accouchement et disparaît totalement dans 70 % des cas. Cela est notamment dû à la mélanine produite. Pour s’épargner de ce masque on va recommander aux femmes d’éviter l’exposition au soleil, d’utiliser des crèmes solaires à fort indice de protection et sans perturbateurs endocriniens. C. Cheveux et ongles Durant la grossesse, les cheveux sont en pleine croissance. Cependant après la grossesse ils tombent et dans certains cas il peut y avoir de l’alopécie. Les ongles peuvent devenir striés ou chez certaines femmes devenir plus forts. D. Les vergetures Les vergetures sont observées chez 90 % des patientes. Ce sont les jonctions serrées de l’épithélium stratifié de la peau qui s’écartent. Cela est dû à une distension mécanique. Elles ne contiennent pas de mélanine mais seulement du collagène. Ces vergetures vont devenir blanches et être plus remarquables lorsque l’on bronze. Ces marques apparaissent surtout au 3 ème trimestre et ne disparaissent jamais. E. Nævus C’est l’apparition de nouveaux grains de beauté ( nævus en langage médical). L’exérèse de ces grains de beauté n’est à envisager que s'il y a suspicion de mélanome. VI- Modifications de l’appareil locomoteur Avec le poids qui va se basculer en avant, le centre de gravité de la femme ne va pas être le même ce qui peut entraîner des douleurs lombaires , sciatique ou au niveau du genou. Ces dernières sont d’autant plus aggravées avec le surpoids de la grossesse. 8/9 UE Suivi de grossesse à bas risque : Mme. HERVE-ANDRE – Modifications physiologiques de la grossesse - Partie 2 VII- Modifications odontologiques Le pH de la salive change et devient plus acide, couplé avec l’augmentation du débit, ce qui va favoriser l’inflammation et donc contribuer à l’apparition de gingivites. L’augmentation de la volémie (modification hémodynamique) peut causer des saignements au niveau des gencives. Ces lésions buccales (gingivites, caries non traitées) sont des portes d'entrée infectieuses et peuvent augmenter de 2 à 3% le risque de menace d’accouchement prématuré. C’est pour cela qu’une consultation de prévention gratuite est organisée avec un dentiste pour toutes les femmes enceintes. VIII- Modifications ophtalmologiques Il peut y avoir des cas de myopie ou d’astigmatisme chez la femme enceinte dû à la diminution de la pression intra-oculaire. (physiologique pendant la grossesse) Cependant il n’y PAS de traitement car après la grossesse, la pression artérielle redevient normale et l’acuité visuelle aussi. Pendant l'accouchement, il peut y avoir des vaisseaux qui éclatent dû à l’effort fourni. On peut aussi observer une diminution du nombre de clignements d’œil. IX- Modifications psychologiques A. Durant la grossesse Il y a différentes phases psychologiques en fonction des différents trimestres. Au 1er trimestre c’est l’ambivalence ( joie d‘être enceinte/nausées), au second c’est plutôt l’harmonie (elles sont moins fatiguées, début de la reconnaissance sociale) et au 3ème c’est l’échéance (hâte d’accoucher pour découvrir l’enfant imaginé). B. Après l’accouchement La chute des hormones entre le 4ème et le 5ème jour post partum peut entraîner des dépressions post partum. L’isolement psychologique peut également être compliqué. Les changements corporels et la perception de l’image corporelle peuvent aussi être une source de stress. En effet, durant la grossesse et après l’accouchement les changements physiques sont brutaux (moins de temps pour soi, pour le sport…) ce qui peut être compliqué psychologiquement. Lorsqu’on a un enfant, il y a une transformation de l’identité personnelle avec notamment l’émergence du sentiment de devenir mère ainsi que l’apprentissage de la parentalité (sur le plan juridique, moral, socioculturel). Le désir de grossesse n’est pas forcément celui d’avoir des enfants. Ces désirs sont souvent associés mais parfois le désir d’enfant ne s’est pas renforcé et un sentiment de culpabilité vis à vis de cet enfant non désiré peut apparaître. 9/9

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