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INITIATION À LA RECHERCHE - Fatima RAHHAOUI - PDF 2021/2024

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Summary

This document is a research paper on the impact of emotions in patient care. It details the author's experiences during a training period at an assisted living facility. The paper analyzes the role of emotions in situations involving elderly and vulnerable patients.

Full Transcript

Fatima RAHHAOUI Promotion 2021/2024 Institut de formation paramédical Orléans INITIATION À LA RECHERCHE L’IMPACT DES ÉMOTIONS DANS LA RELATION DE SOIN Le 12 avril 2024 Remerciements Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers toutes les personnes qui m’ont soutenu tout au long de ces trois années d...

Fatima RAHHAOUI Promotion 2021/2024 Institut de formation paramédical Orléans INITIATION À LA RECHERCHE L’IMPACT DES ÉMOTIONS DANS LA RELATION DE SOIN Le 12 avril 2024 Remerciements Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers toutes les personnes qui m’ont soutenu tout au long de ces trois années de formation. Madame LEFAUCHEUX, ma cadre de suivi TIR, mais également ma cadre de suivi pédagogique lors de ma première année. En effet, son accompagnement bienveillant pour le TIR, mais aussi sur ma première année ou elle a su me redonner de la motivation pendant mes moments de doute. À ma cadre de suivi pédagogique Madame SARTIER pour l’accompagnement de ma fin de deuxième année et dernière année. Je souhaite remercier les équipes soignantes qui m’ont accueilli en stage pour leur bienveillance. Grâce à leur aide, j’ai pu développer mon identité en tant que professionnelle de la santé et ainsi devenir la soignante que j’ambitionne d’être. Je souhaite remercier chaleureusement ma famille et mes amis qui ont toujours été présents pour moi durant toute la formation. « J’atteste sur l’honneur que la rédaction de ce travail d’Initiative à la Recherche, réalisé en vue de la validation des UE 3.4. S6, 5.6.S6 et 6.2. S6 pour l’obtention du diplôme d’État d’Infirmier(e), est uniquement la transcription de mes réflexions et de mon travail personnel. Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la totalité de pages d’un texte, je certifie avoir précisé les sources bibliographiques. » Fait à st jean de braye Date 12/04/2024 Signature : Il s’agit d’un travail personnel effectué dans le cadre d’une formation à l’IFSI et il ne peut faire l’objet d’une publication en tout ou partie sans l’accord de son auteur et de l’IFSI. SOMMAIRE I. INTRODUCTION............................................................................................ 1 II. SITUATION DE DEPART............................................................................. 2 A. DESCRIPTION DE LA SITUATION..............................................................................2 B. QUESTIONS PROFANES.........................................................................................5 III. ANALYSE DE LA SITUATION DE DEPART................................................... 6 A. QUESTION DE DEPART..........................................................................................9 IV. CADRE CONCEPTUEL................................................................................ 9 A. LES EMOTIONS................................................................................................. 10 1. Les émotions du soignant....................................................................... 12 2. La gestion des émotions......................................................................... 13 B. LA DISTANCE RELATIONNELLE............................................................................. 14 1. la juste distance....................................................................................... 17 2. l’empathie et la compassion................................................................... 17 C. LA VULNERABILITE ET LA FRAGILITE...................................................................... 20 1. la vieillesse et le vieillissement............................................................... 21 2. l’accompagnement.................................................................................. 23 V. SYNTHESE DU CADRE............................................................................. 24 VI. QUESTION DE RECHERCHE.................................................................... 26 VII. HYPOTHESES.......................................................................................... 26 VIII. METHODES ET OUTILS D’ENQUETES................................................... 26 IX. CONCLUSION.......................................................................................... 29 I. INTRODUCTION En fin de première année, j’ai effectué un stage au sein d’un Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD). J’ai vécu une situation m’ayant marqué par les émotions de la résidente lors d’un soin d’hygiène et de confort. Je me suis retrouvée envahie par les émotions de la résidente ainsi que des miennes et complétement démuni. J’ai donc pensé qu’il était important pour moi d’aborder cette situation afin de comprendre et surtout de trouver des axes me permettant d’évoluer professionnellement et personnellement. L’infirmière est quotidiennement confrontée à la relation à l’autre lors d’un soin, donc aux émotions. Je pense, que tout soignant peut un jour être confronté à une situation complexe qui entraîne des émotions pouvant impacter la relation. Durant mes expériences professionnelles et certains de mes stages, j’ai été confrontée à des situations me mettant émotionnellement en difficulté. J’ai donc décidé pour cette initiation à la recherche, d’initier l’impact des émotions sur les soignants. Ce travail, s’effectuant en fin d’études, m’a permis d’avoir une attitude réflexive sur le sujet. En effet malgré nos émotions, nous devons rester professionnels. D’où l’importance de ne pas se laisser dépasser ses affects. Dans ce travail, j’aborde la situation initiant cette réflexion. À la suite de cette situation, je me suis posé plusieurs questions. J’ai ensuite analysé cette situation à laquelle j’ai abouti à une question de départ. J’ai ensuite exploré les différents concepts en lien avec la situation. Dans ce travail, trois grands concepts sont mis en avant à savoir les émotions, la distance relationnelle, la vulnérabilité. À la suite des différentes lectures, j’ai pu mettre le point de vue des différents auteurs pour les mettre en parallèle avec ma situation vécue et également mon propre point de vue. De ce cadre conceptuel, émerge la question de recherche avec la méthode 1 permettant de l’explorer. Ce travail se terminera par une conclusion ainsi qu’une ouverture sur un autre axe de réflexion possible. II. SITUATION DE DEPART A. DESCRIPTION DE LA SITUATION La situation se déroule lors du deuxième semestre de ma première année 2020. J’effectue la deuxième semaine de mon stage, du 2 mars au 8 mars 2020 dans un Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes. Le service se divise en deux secteurs qui comptabilisent 30 chambres individuelles. L’équipe du matin qui travaille en 10 heures se compose de 3 aides-soignantes et d’un agent des services hospitalier pour servir les petits-déjeuners, ainsi que d’une infirmière. Nous sommes le mardi 3 mars 2020 à 6 h 45, dans la salle de soins pour les transmissions. Ce jour-là, sont évoquées entre autres les difficultés pour les soignantes d’effectuer les soins d’hygiène et de confort ainsi que la prise des thérapeutiques de Madame B. Ma tutrice m’informe que Madame B ne souhaitait pas être en institution. Pour mieux connaître les habitues de Madame B, je demande à ma tutrice si elle possède un Projet d’Accompagnement Personnalisé. Mais elle me répond que celui-ci n’a pas été encore réalisé. Les transmissions faites, j’effectue le tour avec l’infirmière, qui est également ma tutrice pour la distribution des thérapeutiques. Pour cette période de stage, il m’est demandé de prendre en charge au minimum deux résidents pour les soins d’hygiène et de confort. Or, ce jour-là, les deux résidentes que je prends en soin ne sont pas prêtes. Elles n’ont pas fini de prendre leur petit-déjeuner, donc je décide de prendre en soins Madame B. À, savoir que j’avais déjà assisté une collègue pour un soin d’hygiène et de confort pour Madame B. J’ai dû aider ma collègue pour finir de donner la douche, car elle était dans le refus, elle se débattait. Ma collègue vient me 2 chercher dans le couloir me demandant de l’aide. Une fois dans la salle de bain de Madame B, elle me demande de lui maintenir les mains pour finir de lui donner sa douche. Madame B est âgée de 89 ans, elle est arrivée dans le service le 18/08/2019. Elle a trois enfants (deux filles et un garçon). Après le décès de son mari, elle résidait chez l’une de ses filles qui demeure près de l’EHPAD, pendant un certain nombre année. Elle reçoit des visites régulières de ses enfants plus particulièrement sa fille qui est proche de l’EHPAD. Madame B est en GIR 3, elle ne peut pas effectuer seule ses soins d’hygiène et de confort, elle a besoin d’une aide partielle pour laver son dos et ses jambes. Elle a également besoin d’une aide pour effectuer ses transferts. Elle est autonome sur ses déplacements à l’aide d’un déambulateur. Madame B est polypathologique, elle souffre en autre d’un syndrome anxio-dépressif ainsi que d’un myélome. Mon premier contact avec Madame B m’interpelle, je suis touchée par la tristesse que dégage son visage. En effet, elle a des paupières tombantes et rouge, elle ne sourit pas. Elle peut rester, plusieurs heures silencieuses recroquevillée sur elle-même les mains croisées. Madame B me rappelle Madame P que j’ai pris en charge dans un EHPAD lorsque j’exerçais en tant qu’agent des services hospitaliers faisant fonction d’aide-soignante. C’était mon premier poste en gériatrie. Elles se ressemblent en tout point physiquement. L’isolement avec le reste des résidents et enfin sur le fait qu’elles ne souhaitaient pas être en institution. Madame P l’exprimait tous les jours avec des pleurs en nous suppliant de l’aider à rentrer chez elle. Madame B est une femme très discrète qui est peu loquace, mais répond aux questions lorsqu’on la sollicite. Elle présente des troubles auditifs, ce qui accentue son isolement auprès des autres résidents. Lors des ateliers en groupe, elle ne communique pas spontanément, toutefois les autres résidents la sollicite malgré tout, mais finissent par abandonner face à 3 l’incompréhension de Madame B. En raison de ces troubles auditifs, il faut lui parler du côté de l’oreille droite. Il est environ 8 h 30 du matin, lorsque je rentre dans sa chambre pour lui proposer mon aide, Madame B est assise au bord de son lit. Cela me désole de la voir ainsi, dans l’attente. J’ai ressenti de la solitude. La chambre peu éclairée accentue ce sentiment de tristesse, de vide. Je tente de dissimuler cette émotion, je ne souhaite pas que Madame B l’interprète comme de la pitié. Je me présente et lui explique que je viens lui proposer mon aide pour ses soins d’hygiène et de confort. Pour l’aider, j’élève un peu le lit ce qui lui permet de se diriger vers la salle de bain seule à l’aide de son déambulateur. Madame B s’assied sur la chaise de la salle de bain. Pendant que je lui prépare le gant pour laver son visage, je lui demande si elle a bien dormi, mais la conversation est difficile en raison de sa surdité. En effet, je dois me répéter à plusieurs reprises avec différentes intonations pour me faire comprendre. Mais je ne sais pas ce que Madame B comprend, lorsque je lui parle. Et ceci même en utilisant l’oreille droite. Elle me répond avec un haussement d’épaules et des mouvements de tête comme pour dire non. Par moments, Madame B s’arrête de laver son visage. Elle me regarde avec insistance sans parler toujours en haussant les épaules et les mouvements de tête comme pour me dire non. Alors qu’elle est toujours en train de laver son visage, je me positionne à sa hauteur tout en posant ma main sur la sienne. Je lui demande ce qui ne va pas, ce à quoi Madame B me répond « je ne pensais pas finir comme ça ». Elle se recroqueville alors sur elle-même et se met à pleurer. Je suis prise au dépourvu, je ne m’attendais pas à ce qu’elle pleure. À ce moment de la situation, j’ai la gorge nouée. Je me contiens pour éviter que les larmes n’apparaissent. Je trouve la situation tellement triste, je me sens impuissante. Je respecte toutefois ce moment par mon silence pour qu’elle puisse évacuer ses émotions. C’est un moment émouvant pour moi. 4 Ce silence me permet également de me ressaisir, car je suis moi-même envahie par les émotions de Madame B. Beaucoup de questions se bousculent dans ma tête. Comment vais-je lui expliquer ce qu’elle sait déjà sur le vieillissement, notamment la perte d’autonomie. Je me sens mal à l’aise et inutile. Je me ressaisis, je pose ma main sur son épaule et tente de lui expliquer que le vieillissement est un phénomène normal, mais qu’elle est encore capable de faire beaucoup de chose seule, elle me répond par un haussement d’épaules. Il est difficile de savoir ce qu’elle a compris, ou ce qu’elle en pense. Aucun mot ne sort de la bouche de Madame B. Je finis de l’aider à faire sa toilette et à s’habiller. Enfin, je lui tends la brosse pour se coiffer elle-même. Dans un premier temps, elle hésite à prendre la brosse et me dit qu’elle n’a plus de cheveux à coiffer. Je lui réponds qu’effectivement, il en reste peu, mais suffisamment pour se coiffer si elle le souhaite. Elle finit par prendre la brosse, et se coiffe. Je la raccompagne à son fauteuil, elle me remercie. Avant de partir, je mets le calendrier à jour, et remarque qu’à côté se trouve un certain nombre de photos, dont celles d’enfants. Le visage de Mme B s’illumine en m’expliquant qu’il s’agit de son arrière-petite-fille. En sortant, elle me demande de laisser la porte ouverte. C’est la première fois que je vois Madame B avec un visage aussi lumineux et souriante au moment où elle évoque son arrière-petite-fille. B. QUESTIONS PROFANES Comment observer la juste distance dans la relation soignant-soigné ? Les émotions peuvent-elles être une aide ou un frein dans la relation soignantsoigné ? Comment garder la juste distance face à l’émotivité de la résidente ? 5 Comment faire accepter à Madame B la perte d’autonomie due au vieillissement ? Comment lui faire prendre conscience des ressources qu’elle possède encore ? Comment accompagner la résidente vers un cheminement de résilience ? Comment communiquer avec une résidente ayant des troubles auditifs ? Pourquoi Madame B n’a-t-elle pas de Projet d’Accompagnement Personnalisé ? III. ANALYSE DE LA SITUATION DE DEPART Ma situation se passe le 2 mars 2020 à 7 h 30. Elle se déroule dans un Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes. Pour être admis en EHPAD, la personne doit être âgée au moins de 60 ans et avoir besoin de soins et d’aides quotidiennes pour les actes de la vie courante. Madame B est une femme de 89 ans qui est considérée comme une femme très âgée. Selon l’OMS, le vieillissement se définit en 2 classes : les plus de 60 ans représentent les personnes âgées et les plus de 80 ans, les très âgées. « Le vieillissement est un processus continu et progressif d’altération naturel qui commence tôt dans l’âge adulte. Au début de l’âge mûr, de nombreuses fonctions corporelles commencent à décliner progressivement » (Stephanacci, s. d.). Madame B souffre d’un syndrome anxiodépressif. Ce syndrome est un trouble psychiatrique qui associe à la fois des symptômes de la dépression et de l’anxiété. La Haute Autorité de Santé (programme 2007-2010 Améliorer la prescription des psychotropes chez les personnes âgées) énonce que la 6 dépression est fréquente chez le sujet âgé et fortement liée à la présence d’affections somatiques, à l’isolement social ou géographique (environnement) et aux événements de la vie (deuil, entrée en institution). Madame B a vécu chez l’une de ses filles pendant quelques années après le décès de son mari avant d’entrée en institution. Elle a également des troubles auditifs qui constituent un frein à la communication. La surdité ou déficience auditive, est un symptôme définit par une baisse de l’audition, quelles que soit son intensité, quelle que soit son étiologie et la date d’apparition. La surdité peut être unie ou bilatérale. Je communique avec elle en utilisant son oreille droite avec différentes intonations, mais aussi avec la communication non-verbale par le regard en me mettant à sa hauteur et par le toucher. Lors du premier contact avec Madame B, je ne comprends pas pourquoi j’ai ressenti autant de tristesse et en même temps, je ressens une situation déjà vécue. Cela me renvoie à la prise en soins de Madame P, un contre transfert. Cela correspond à un ensemble d’émotions, réactions et attitudes activées chez le soignant face au patient. Dès lors que le soignant éprouve une émotion forte qu’il a du mal à gérer, un sentiment d’impuissance survient ou encore la volonté de convaincre et de changer l’autre. Ma volonté de prendre en soins Madame B, ce jour-là n’est pas un hasard. En effet lors de l’aide que j’ai apporté à ma collègue lorsque Madame B refusait sa douche, j’ai dû lui maintenir les mains. Je m’en voulais d’avoir été maltraitante de plus cela ne représente pas du tout mes valeurs professionnelles. Lorsque je rentre dans sa chambre, pour rompre ce silence qui me met mal à l’aise, j’entame la conversation avec Madame B en lui posant des questions simples comme « comment s’est passé sa nuit ». Je n’ai que des haussements d’épaules et des mouvements de tête comme pour me dire non. Je ne sais pas comment je devais interpréter cette réaction. Je me suis 7 demandé si elle avait bien compris ce que je venais de lui dire bien que je lui aie parlé du côté de l’oreille droite. Alors je décide de communiquer d’une autre manière. La communication qui est un échange dynamique avec envoi et réception d’informations sous forme de signaux (mots, sons, gestes). J’adopte aussi un positionnement d’empathie. Je me mets à sa hauteur et pose ma main sur la sienne. Je souhaite lui faire comprendre que je suis là pour l’aider et également instaurer une relation de confiance. Ma crainte à ce moment est que Madame B est en tête le moment de la douche qu’elle a mal vécu, auquel j’ai participé. Dans le cadre d’une relation professionnelle, « l’empathie permet d’écouter et d’observer pour construire une pensée objective facilitant un soin dans les meilleures conditions. Se mettre à la place d’une personne soignée comporte des limites, comme l’expression partagée d’une émotion (joie, tristesse) et nécessite un vocabulaire approprié, rassurant » (« Empathie, Vous Avez Dit Empathie ? », s.d). L’empathie contribue à renforcer les liens de confiance et à une meilleure compréhension de l’autre. En utilisant l’empathie comme méthode relationnelle, on peut établir une distance juste et professionnaliser le geste et la parole des soignants à un moment donné. Lorsque Madame B arrive à communiquer avec moi, cela s’accompagne de pleurs, cette phrase « je ne pensais pas finir ma vie comme ça » me touche profondément et me déstabilise. Je suis complétement envahie par ses émotions mêlées aux miennes, je n’arrive pas à les gérer. Je n’ai malheureusement pas de réponse à lui donner qui soit différente de celle qu’elle a certainement déjà entendue. Malgré mon émotivité, je me ressaisis et tente alors de mettre en avant tous les gestes de la vie quotidienne que Madame B est encore en mesure de faire seule. La réponse, une fois de plus, est un haussement d’épaule et des mouvements de tête qui me déroute. Malgré tout, je continue de l’aider pour finir le soin. Je me sens frustré ne pas savoir ce qu’elle en pense vraiment. J’ai un doute sur la relation de 8 confiance. Ça aurait dû être un moment agréable pour elle, mais malheureusement cela lui renvoie un sentiment de vulnérabilité. Me concernant, j’ai un sentiment d’échec. Un certain nombre d’obstacles font que ma relation d’aide ne peut être efficiente. Le premier obstacle est que Madame B, n’étant pas très communicative sur ses ressentis, laisse place à l’interprétation de ma propre signification de la situation. Cette dernière m’est personnelle, car elle est le fruit de mes connaissances et de mon expérience. Le deuxième obstacle est l’implication affective qui renvoie au contre-transfert. Avec le recul, je me rends compte que probablement, je n’ai pas eu une posture professionnelle qui associe l’acquisition de nombreuses valeurs, savoir, savoir être et savoir-faire, adaptés. Je n’ai pas su mettre une juste distance. L’objectif étant de ne pas souffrir avec Madame B ou encore de se mettre à sa place, mais plutôt de garder une certaine objectivité permettant de comprendre, d’analyser la situation et ainsi d’apporter des solutions à ses difficultés. Déstabilisé par autant d’émotion, il est important pour moi de gérer au mieux les relations avec les patients afin de mettre une distance émotionnelle efficace qui n’interfère pas dans ma relation d’aide ainsi que mon accompagnement. A. QUESTION DE DEPART En quoi les émotions du soignant peuvent influencer la distance relationnelle auprès d’un patient âgé vulnérable en institution. IV. CADRE CONCEPTUEL Pour débuter cette partie conceptuelle, je tiens à expliquer chaque concept de ma question de départ avec ma représentation naïve. 9 A. Les émotions du soignant, sont des réactions face à des situations qui peuvent se traduire par de la joie, des angoisses, de la peur, de la colère et enfin du dégout. Chaque individu réagit et gère ses émotions selon ses affects. B. La distance relationnelle, définit la proximité qui s’instaure entre le soignant et le soigné. Elle est intégrante de la posture professionnelle. C. Patient âgé vulnérable en institution, décrit une personne âgée d’au moins soixante ans en perte d’autonomie qui réside dans un établissement pour personnes âgées dépendantes. A. LES EMOTIONS Le mot émotion vient du mot latin « emovere ». Il s’agit d’une réaction influée par nos affects durant certaines situations qui peut être plus ou moins vive, avec un début et une fin (formarier & Jovic, 2012). Les émotions sont vues de façon ambiguë par les philosophes. « Dépréciées, elles sont soupçonnées de perturber le fonctionnement optimal de notre raison » (Lepine, Samuel 2017). Mais certains auteurs ont également admis que les émotions jouaient un rôle dans notre capacité à évaluer la valeur des objets et des personnes qui nous entourent. D’après N. Sillamy les émotions sont une réaction globale, intense de l’organisme à une situation inattendue accompagnée d’un état affectif de tonalité pénible ou désagréable Formarier et Jovic (2012). L’affect accompagne une idée ou une représentation par une manifestation externe. Les réactions de joie et de colère, d’angoisse et de peur, par exemple, peuvent être considérées comme des illustrations de l’émotion. On parle d’émotions « basales » ou « primaires ». Ce sont des réactions qui sont identique à chaque homme quelle que soit sa culture et son environnement, que l’on peut reconnaître chez les autres hommes. 10 Nous pouvons distinguer ces émotions par des sensations corporelles comme le fait de rougir, le hérissement de nos poils, la contraction de certains muscles. Il n’est donc pas évident de les retenir ou de les cacher, c’est pour cela qu’elles sont facilement identifiables. Ces émotions représentent le ressenti vis-à-vis des situations que nous vivons. Elles se déclenchent de façon automatique, seule leur gestion nous appartient. Lors de notre socialisation enfantine et professionnelle, nous avons appris à les gérer, voir à les contenir dans des situations en public. En effet, l’expression de nos émotions en public peut engendrer une gêne surtout lorsqu’il s’agit d’une émotion négative. Dans le cadre de ma situation, j’ai ressenti plusieurs émotions. Dans un premier temps, j’ai été surprise « il s’agit de l’émotion qui fait sortir de la routine pour répondre à une nécessaire réaction à l’environnement » (Joanès L. 2018) lorsque Madame B se met à pleurer. En effet, je ne m’attendais pas à ce qu’elle pleure, ce qui m’a demandé un temps d’adaptation. J’ai ressenti de la tristesse, c’est-à-dire « un sentiment de vide intérieur, de désarrois » (Joannes C. 2020) ou point d’en avoir la gorge nouée. J’ai laissé mes émotions s’exprimer sans pouvoir les contrôler. Le temps que je laisse à Madame B afin qu’elle puisse évacuer ses émotions, cela me permet de me ressaisir pour continuer le soin. D’après Lucile Quillet, les émotions servent à « nous pousser à l’action pour répondre à deux instincts primaires : survivre et transmettre la vie. Les émotions sont là pour que nous puissions faire face aux situations et aux tâches que, seul, notre intellect ne pourrait affronter. » (L. Quillet, 2019). Je me rends compte que les émotions sont la résultante de mécanismes complexes touchant à la fois notre corps, notre esprit et nos actions visant à compléter notre intellect. 11 1. LES EMOTIONS DU SOIGNANT Avant d’être des professionnels de la santé, nous sommes des êtres humains qui ont une sensibilité et ressentent des émotions. Dans notre profession, nous devons faire face à différentes situations pouvant être éprouvantes. Nous faisant face également aux ressentis des patients, à sa douleur, aux inquiétudes des familles, ce qui est susceptible de nous renvoyer à nos propres émotions. La profession ne tient pas compte de la place des émotions, en raison du souci de professionnalisme, de la technicisation des soins, et enfin pour répondre à des normes sociales. Il est possible de ressentir de la tristesse en voyant un patient pleurer. De plus, un patient agressif peut entraîner une diminution de l’envie de s’occuper de lui. Les émotions sont un élément clé de nos interactions sociales, donc de nos prises en soins. Il est possible que nos émotions soient traduites par notre non-verbal. Le patient pourra les reconnaître facilement et analyser s’il peut communiquer avec nous aisément. Lorsque les émotions sont excessivement envahissantes, il est primordial de demander de l’aide. C’est là que l’importance du travail en équipe devient évidente. Travailler en équipe est d’une grande importance, car cela nous permet de ne pas nous sentir seuls. La cohésion d’équipe peut nous permettre de faire face à des situations qui suscitent trop d’émotions en nous. En effet, il plus facile d’exprimer ses sentiments à nos collègues que devant le patient. Dans la vie professionnelle, mettre en avant ses émotions n’est pas toujours bien perçu. Je comprends que l’on doit garder une certaine neutralité émotionnelle, ce qui veut dire qu’il faut apprendre à gérer ses émotions. 12 2. LA GESTION DES EMOTIONS « Le contrôle et la gestion des émotions correspondent à toute action entreprise pour altérer l’intensité d’une expérience émotionnelle. Il ne s’agit pas de réprimer ou d’éviter les émotions. La gestion des émotions permet d’infléchir la nature des émotions et la manière de les exprimer » (Klynn, s.d.). Selon le Dr Mercadier C, « la maîtrise des affects au cours de l’interaction soignant-soigné est assurée par des modalités particulières d’entrée et de sortie de cette interaction, par une mise à distance des différents sens protégeant ainsi l’aperception émotionnelle à laquelle la protocolisation des soins contribue étroitement ». L’usage que les soignants font de la parole en utilisant l’humour, participe également pour une grande part à cette maîtrise des affects » (Mercadier, 2017). Je comprends à travers cet article que l’environnement, la procédure des soins ainsi que la communication interviennent dans la gestion des émotions du soignant. L’humour est considéré comme un mécanisme de défense. Il se pourrait donc que les mécanismes de défenses peuvent avoir un impact sur la gestion des émotions. Un article met en avant cinq capacités pour faciliter la gestion des émotions. Il s’agit dans un premier temps, de prendre son temps entre la manifestation du facteur déclencheur et la réaction. Le deuxième temps consiste à prendre conscience de ce que l’on ressent. Le troisième temps est d’être en mesure de nommer ces sensations. Le quatrième temps est d’accepter ses émotions. Et enfin le cinquième temps pratiquer la pleine conscience « vivre le moment présent » pour ne pas être dans un processus de pensées négatives. Je comprends, qu’avant de vouloir gérer une émotion, il est important de l’identifier, de la comprendre afin de pouvoir la réguler. Dans la littérature, je retrouve la gestion des émotions sous le concept de compétence émotionnelle. L’intelligence émotionnelle est la combinaison de nos affects et de notre savoir. Être « émotionnellement intelligent, c’est être 13 capable de prendre du recul pour ne plus réagir à chaud, analyser son émotion pour en faire un moteur et mieux résoudre les conflits relationnels » (Quillet,2018) L’objectif de ce concept étant une compréhension de nos affects donc de nos émotions soit un moteur et non un frein dans la prise en soins. Je me rends compte que mes connaissances sur la gestion des émotions étaient restreintes et que cela a influé ma prise en soin dans la situation de Madame B. en effet mon hyperémotivité ne m’a pas permis de trouver les mots qui puissent soulager la douleur de Madame B. Après avoir exploré les différents aspects des émotions, je vais m’intéresser à la notion de distance relationnelle qui est importante dans la relation d’aide et permet une prise en soins efficiente sans que les émotions du soignant n’interfère. B. LA DISTANCE RELATIONNELLE Dans ce concept, on retrouve la notion de distance et relation. En effet, toute interaction est une relation qui détermine un positionnement adapté face à l’autre. Dans un premier, il faut comprendre ce qu’est la distance. D’après Prayez P, « la distance est la séparation de deux points dans l’espace, de deux objets éloignés l’un de l’autre par un écart mesurable. Selon l’étymologie latine, il s’agit de « se tenir debout », en étant séparé de l’autre par un espace plus ou moins important » (Prayez, 2005). Un concept étroitement lié à cette notion de distance et la proxémie. « L’anthropologue Edwar T Hall démontre l’existence de quatre sphères concentriques dont nous sommes le centre : espace publique (7,6 cm), espace sociale (3,6 cm), espace personnel (1,20), et enfin l’espace intime (0,45 cm) » (Graziani, s.d.) La proxémie est un code non-verbal important à repérer, car elle permet une meilleure compréhension des interactions humaines et une meilleure communication avec les autres. En effet la distance que nous mettons entre 14 nous et les autres est donc un indicateur de nos relations avec eux. Elle peut être un signe d’affection, de respect, d’intimité ou d’hostilité de manière prédictive. Dans un contexte de soins, la distance n’est pas figée, elle évolue avec la relation. Elle est liée à l’évolution clinique de la personne soignée, de ses propres motivations et des objectifs du projet de soins. Dans la situation, l’objectif était d’accompagner Madame B à prendre conscience de ses potentiels pour lui permettre de porter un regard différent sur sa vie afin de faciliter son quotidien. Cependant, l’altération de la distance avec la résidente a pu altérer cet équilibre relationnel impactant donc l’accompagnement. En institution, le soignant rentre beaucoup plus dans l’intimité du résident, il connaît ses habitudes de vie, sa famille. Il suit l’évolution de l’état de santé ou de la maladie qui se dégrade et aboutit au décès. Il est donc nécessaire pour le soignant de fixer des limites. Roland Narfin, dans son article met en avant différents conseils afin de maintenir cette distance : « Éviter toute familiarité avec le patient (...) ; Vouvoyer le patient reste la règle première de tout respect à l’égard du patient (...) ; La blouse ne crée pas la distance thérapeutique (...). La distance est créée par l’attitude du soignant face au patient. Cet auteur à travers ses conseils indique la notion de compétence relationnelle. Or, la compétence seule ne suffit pas comme énoncé par le Dr Catherine Deshays dans son ouvrage. En effet, la distance est également liée à la représentation de cette dernière : « Il est parfois rétorqué aux travailleurs sociaux et aux personnes qui affirment leurs besoins d’apprendre à être en relation qu’ils devaient tenir leur émotivité à distance, apprendre à s’endurcir devant la souffrance ou encore, ils devaient entreprendre un travail personnel de psychothérapie » (Deshays, 2018). 15 Cet auteur que la volonté de créer une juste distance n’est pas toujours suffisante. Elle explique : « Nos premières façons d’être en relation avec nos parents, nos maîtres d’école, nos amis nous apprennent des manières de faire que nous appliquons ensuite le plus souvent sans les questionner dans nos relations amicales, parentales et professionnelles » (Deshays, 2018). J’en déduis que maintenir la distance est lié à notre personnalité, notre environnement et notre expérience. Notre savoir-être est indispensable dans la relation, car c’est notre outil de travail. Dans ma situation, Madame B est une personne qui m’a beaucoup touché avant même de la connaître. De plus, elle me rappelle physiquement Madame P que j’appréciais. Je suis troublé lorsqu’elle se met à pleurer. Il existe un outil appelé « curseur relationnel » permettant de faciliter la mise en place d’une juste distance dans un contexte de relation de soin. « Le curseur relationnel est un outil qui nous guide tout au long des entretiens, des entrevues et des circonstances de relation d’accompagnement : outil qui permet de rester attentif à notre positionnement. Il permet d’appréhender des contextes différents, qu’ils soient ceux de la relation d’aide, de la relation de soins, de la relation pédagogique, de la relation parentale... » (Dehays C, 2018). Il est plus facile d’analyser son positionnement grâce à cet outil. En analysant la situation avec Madame B, je me rends compte que la relation était déséquilibrée. En effet, « la peur de la peur amplifie l’émotion. Plus nous sommes insécurisés, plus nous sommes vulnérables à la déstabilisation et l’apparition d’émotions supplémentaires » (Dehays, 2018). « Un déséquilibre trop important est nuisible et fait basculer l’équilibre relationnel au point de retentir sur la relation directement » (Dehays, 2018). Cela me permet d’expliquer les ressentis que j’ai pu éprouver pendant le soin d’hygiène de Madame B le déséquilibre engendré par la situation a entraîné l’altération du positionnement relationnel et donc la juste distance. 16 1. LA JUSTE DISTANCE Lors d’un soin, il est important de maintenir une certaine distance avec le patient. L’objectif n’est pas de souffrir avec le patient ou encore de se mettre à sa place, mais plutôt de garder une certaine objectivité permettant de comprendre, analyser la situation afin d’apporter des solutions à ces difficultés. Pour cela, il est nécessaire que la distance relationnelle soit adaptée. On parle de juste distance à l’autre. Dans son ouvrage, Pascal Prayez définit ce concept comme « La capacité à être au contact d’autrui en pleine conscience de la différence des places ». Il ne faut jamais perdre de vue que l’identification à l’autre est un mouvement imaginaire. « Et même si le fait de se mettre en pensée à la place de l’autre est à la base de l’empathie, fondamentalement, je ne suis jamais à la place de l’autre. Ce qui ne signifie pas : incommunication ou rencontre impossible » (Prayez P, 2016). Une juste distance est donc un équilibre dans la relation à l’autre. Cela permet de maintenir un positionnement relationnel adapté et de garder en tête l’objectif de la relation. Également, pouvoir faire preuve d’une meilleure gestion émotionnelle dans une situation donnée. Cette notion renvoie à un autre concept préconisé en soins relationnels qui est l’empathie. 2. L’EMPATHIE ET LA COMPASSION L’empathie est un concept initialement défini par Carl Rogers. Il explique : « Être empathique, c’est percevoir le cadre de référence interne d’autrui aussi précisément que possible et avec les composants émotionnels et les significations qui lui appartiennent comme si l’on était cette personne, mais sans jamais perdre de vue la condition du « comme si ». (Formarier & Jovic, 2012). Il est important de retenir, la notion de perception de la situation de l’autre sans oublier qu’il ne s’agit pas de nous. 17 Suivant cette définition, c’est un concept relativement simple à mettre en place, il suffit d’avoir une pleine conscience de sa place par apport à l’autre pour pouvoir en faire preuve. Néanmoins, l’empathie est dépendante de nombreux facteurs. Pour être empathique plusieurs éléments doivent être pris en compte. Le premier élément étant l’impact du patient sur le soignant : « Un patient souffrant par contagion émotionnelle pourra également éveiller chez le soignant, par sympathie mimétique, une souffrance comparable, par exemple si ce dernier perçoit en écho son anxiété ou sa détresse ou la perception à travers ses propres sensations de celles du corps souffrant d’autrui » (P. Thomas, C. Hazif-Thomas, 2020). Le second élément impactant l’empathie serait l’environnement : « La contagion émotionnelle, être triste au milieu de gens tristes, joyeux au milieu de gens heureux, et l’induction par analogie de la représentation de son propre vécu de la souffrance d’autrui ». (P. Thomas, C Hazif-Thomas, 2020). Madame B m’a transmis certains éléments de sa vie, et l’environnement pesant et chargé d’émotions négatives a contribué à ce trop-plein d’émotions. D’autres éléments à prendre en compte, l’état émotionnel du soignant, l’impact de son quotidien qui peut parasiter une relation ainsi qu’un déséquilibre de la relation une altération de la perception de la situation et notre place par apport à l’autre. Lorsque les ressentis du soignant sont trop importants vis-à-vis d’une situation donnée, ou encore lié à la vulnérabilité d’un patient ou d’un sentiment d’échec dans la prise en soin, cela laisse apparaître une « fatigue émotionnelle ». Ce terme est retrouvé en gériatrie ou en gérontopsychiatrie comme l’énonce l’article suivant : « Les personnels travaillant en gériatrie ou psychogériatrie y sont très exposés, surtout s’ils n’ont pas appris à développer des stratégies de gestion du stress. Pour se protéger de leur propre souffrance, surtout lorsqu’elle n’est pas prise en compte par les collègues ou dans une supervision, le soignant se 18 replie sur lui. » (P. Thomas, C. Hazif-Thomas, 2020). Dans ma situation, étant en cours d’apprentissage de méthodes permettant de gérer mes émotions, je n’ai pas su gérer ma souffrance engendrée par les paroles de Madame B. Cela a entrainé un moment de repli sur moi par mon silence. Mais également, le sentiment d’impuissance que j’ai ressenti renvoi à la notion du sentiment d’échec. En effet n’ayant pas pu faire prendre conscience à Madame B de ses capacités. Cependant, l’apparition de cette fatigue d’empathie n’a pas de sens dans mon cas même si je n’ai pas eu l’occasion de pouvoir exprimer mes ressentis avec l’équipe. Peut-être que cela est dû à une accumulation de tous mes ressentis durant ce stage. Ce concept rend plus difficile, la distance relationnelle comme nous avons pu le voir. « L’absence d’empathie conduit au contraire à une certaine protection affective du soignant, mais altère sa capacité à développer des relations de confiance avec le malade et avec ses collègues. » (P. Thomas, C. HazifThomas, 2020). L’altération de l’empathie induit comme nous avons pu le voir de la souffrance chez les soignants, cela pourrait se traduire par un concept relationnel qui est la compassion. La compassion « n’est le fruit ni d’un raisonnement, ni d’un calcul. Elle surgit en moi naturellement, au spectacle de la souffrance de l’autre, comme une invitation spontanée à lui porter secours et tenter de le soulager. » (Formarier, M., & Jovic, 2012). En effet, la souffrance émotionnelle entraîne un déséquilibre dans la relation comme nous avons pu le voir précédemment. Cela rend plus complexes l’objectivité ainsi que la mise en place d’une relation d’aide. Comme expliqué dans la situation, je me suis laissé submerger par les mots et les pleurs de Madame B entrainant chez moi une souffrance importante, car en plus des ressentis de la patiente, j’avais les miennes. Au regard de la définition, j’étais donc dans de la compassion. « La compassion est cette aptitude non seulement à se laisser affecter par cet autre, mais aussi 19 à se mettre en mouvement pour lui venir en aide sans se substituer à lui. » (P. Zawieja, 2017). Dans ma situation avec Madame B, il s’agit d’une relation d’aide lors des soins d’hygiène et de confort. Cette volonté de lui venir en aide s’est transformée en incapacité relationnelle de ma part et donc un sentiment d’impuissance par la suite. Durant, mes années d’études, il a toujours été question d’adopter une distance relationnelle juste envers le patient afin de ne pas souffrir et donc de ne pas être dans la compassion. Une image a été souvent mise en avant ; celle de la tenue. En effet, lorsque l’on met la tenue professionnelle, les problèmes personnels doivent rester au vestiaire et inversement lorsque l’on retire la blouse blanche. Je trouve cette image intéressante, car à travers celle-ci la notion de distance relationnelle est clairement explicitée. Si l’on s’applique à cette image, nous ne sommes pas censés devenir compatissant, car nous éloignons la souffrance de notre vie personnelle de celle professionnelle et inversement. Cela permettrait donc à nos valeurs personnelles et professionnelles de ne pas rentrer en interaction et donc pas d’influence sur nos prises en soins. Cette illustration permet de mettre en avant l’importance de se protéger afin de limiter l’usure professionnelle et également qu’il ne doit pas y avoir d’interaction entre vie professionnelle et personnelle. Je comprends l’importance de se protéger pour faire face à toutes ses situations de vulnérabilité que je peux rencontrer. C. LA VULNERABILITE ET LA FRAGILITE La notion de vulnérabilité traduit une situation de faiblesse à partir de laquelle l’intégrité d’un être est ou risque d’être affectée, diminuée, altérée. (Formarier & Jovic, 2012). « Ainsi la vulnérabilité peur recouvrir un double sens : d’une part, celui d’un certain état de fragilité, de précarité déjà advenu 20 (blessure). Et d’autre part, le sens d’une potentialité à être fragilisé, blessé (fêlure). » (Saudou 2022). Les causes de la vulnérabilité sont nombreuses et dépendent souvent des circonstances de la vie, de la condition de la vie qui peut être à la suite d’un décès, d’un accident, de précarité, d’une perte affective. En 2017, le conseil national de l’ordre des médecins définit la vulnérabilité, comme pouvant toucher les patients issus de tout milieu et à tout âge, elle est une situation d’une « personne qui ressent ou est confrontée à un vécu d’exclusion » (Formarier, Jovic, 2012). Mais cette notion de vulnérabilité inclut également l’esprit faible, c’est-à-dire celui dont l’intelligence, les connaissances, le degré d’instruction, les ressources ne permettent pas de se protéger suffisamment les intérêts. (Lantero, 2019). En ce qui me concerne, je vais m’attarder sur la vulnérabilité de la personne âgée. « Les personnes vulnérables sont celles dont l’autonomie, la dignité et l’intégrité sont menacées ». Sur la base de cette définition éthique de la vulnérabilité, quatre grands facteurs de risque de la vulnérabilité chez la personne âgée sont identifiés : la dépendance fonctionnelle, la perte de l’autonomie, la précarité sociale et la limitation de l’accès aux soins. (MonodZorzi, Sautevin, 2009). Durant mes stages en EHPAD, j’ai constaté que la vulnérabilité des résidents n’était pas seulement due à la maladie, mais également à la dépendance aux soins. Dans la situation, de Madame B, le décès de son mari la met dans une situation de vulnérabilité. Cette situation s’accentue lorsqu’elle arrive à l’EHPAD ou elle est dépendante des soignants pour ses soins d’hygiène et de confort. Madame B est âgée de 89 ans, selon l’OMS, elle fait partie des personnes très âgées. 1. LA VIEILLESSE ET LE VIEILLISSEMENT « La vieillesse est l’âge ultime de l’être humain. C’est la dernière période de la vie humaine, le temps de la vie caractérisé par le ralentissement des activités biologiques » (Formarier, 21 Jovic, 2012). Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), un individu devient une personne d’âge mûr à partir de 65 ans. En France, il est même possible à 60 d’obtenir la prestation comme l’APA (allocation personnalisée d’autonomie). Mais cela reste encore un peu flou pour définir une personne âgée. Actuellement, dans les services de gériatrie aiguë, les personnes de 75 ans sont admises. Malgré la détérioration des fonctions lié au vieillissement, pour autant il n’y a pas toujours une notion de défaillance. Les gériatres distinguent deux périodes : « Une première durant laquelle les personnes sont encore très actives et gardent des rôles sociaux bien marqués et une seconde qui se traduit par une baisse importante des activités, liée aux atteintes physiques et/ou intellectuelles plus significatives entraînant le plus souvent des pertes d’autonomie » (Avet, 2007). Aujourd’hui, le vieillissement est qualifié de « vieillissement réussi » ou encore de « bien-vieillir », soit de vieillissement pathologique ». (Sougné et al, 2023). La notion de vieillissement réussi a été rendu célèbre par Rowe et Kahn en 1887, mais l’idée vient de Havighurst au début des années 1960. Selon Rowe et Khan il y a trois conditions interdépendantes qui doivent être réunies pour tendre vers un vieillissement réussi : l’évitement des maladies et d’handicapes, le maintien d’un haut niveau de fonctionnement mental et psychologique et enfin l’inclinaison à s’engager dans des activités sociales et/ou constructives. Je comprends donc que lorsqu’on parle d’un vieillissement bien réussi, il s’agit de personnes qui ne présenteraient pas d’altération, ni d’affection avec un fonctionnent intellectuel et psychosocial conservé. Quant à la notion de vieillissement pathologique, il s’agit du vieillissement avec différentes pathologies qui s’accumulent au cours du temps et qui entraînent une dépendance. Dans la situation de Madame B, il s’agit d’un vieillissement pathologique. En effet, elle souffre d’un syndrome anxiodépressif, de trouble auditif et d’une leucémie. Le GIR 3 indique que Madame B est dépendante. En effet, elle a besoin d’une aide partielle pour ses soins d’hygiène et de confort ainsi qu’une aide pour ses transferts. Ne 22 pouvant plus être prise en charge par sa fille Madame B a dû intégrer une institution. Maintenant, que j’ai exploré les différentes dimensions du vieillissement, je vais m’intéresser à la notion de prise en soin globale en institution afin d’assurer une prise en soins de qualité. 2. L’ACCOMPAGNEMENT Selon Verspieren P, « Accompagner quelqu’un ce n’est pas le précéder, lui indiquer la route, lui imposer un itinéraire, ni même connaître la direction qu’il va prendre ; mais c’est marcher à ses côtés en lui laissant libre de choisir son chemin et le rythme de son pas ». L’accompagnement est un concept qui existait dans le champ des soins palliatifs dans les années 1960-1970. Il va prendre son essor et envahir le champ professionnel dans les années 1990, dans des domaines d’activités variés comme la santé, le social, l’éducation (Formarier, Jovic, 2012). L’accompagnement implique une relation à l’autre, donc au minimum 2 personnes. Il s’inscrit dans le temps autour du projet de l’autre. Selon Le Bouëdec (2007) il se fait toujours dans un cadre institutionnel, il se fait au nom des valeurs, des critères, des finalités d’une institution et sous son contrôle. Cela consiste à aider la personne accompagnée, la soutenir dans son processus de transformation. Le but de l’accompagnement est la recherche de l’autonomisation de la personne accompagnée avec empathie. Afin d’accompagner au mieux les résidents, les institutions effectuent des évaluations par le biais de grille AGGIR (Autonomie Gérontologique et Groupe Iso Ressources). La grille est remplie par le médecin coordinateur et réévaluer. Cette grille permet d’évaluer la perte d’autonomie pour obtenir une aide financière l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) par extension cela permet à l’équipe de connaître les besoins et les ressources du résident. 23 En plus de cette évaluation à l’entrée du résident, il est établi un Projet de Vie Personnalisé (PAP). Il s’agit d’une obligation légale exigée par la loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 (Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités). Il doit être élaboré dans les 6 mois qui suivent l’admission dans l’établissement. Ce projet de vie permet au résident d’être accompagné de façon personnalisée et individualisée pour donner sens à sa vie. Chaque résident a un référent qui sera garant de la mise en place effective du projet personnalisé. La Haute Autorité de Santé a fixé 4 objectifs précis autour de la thématique du PAP : la personne est actrice de la personnalisation de son projet, l’entourage est associé dans l’accompagnement de la personne. Les professionnels adaptent avec la personne son projet PAP en tenant compte des risques auxquels elle est confrontée. L’établissement développe sa stratégie d’accompagnement et son inscription dans le territoire, en adoptant une approche inclusive. (les Attentes de la Personne et le Projet Personnalisé, s.d.) Je comprends que pour accompagner un résident, l’écoute est primordiale pour recueillir toutes ses attentes. Il s’agit d’une relation privilégiée entre le résident et le soignant. Dans la situation, je n’avais pas beaucoup d’éléments sur les habitudes de Madame B. En effet elle n’avait pas encore de projet d’accompagnement personnalisé. V. SYNTHÈSE DU CADRE Pour donner suite à l’analyse de la situation de Madame B, les informations recueillies dans ce cadre conceptuel nous permettent de répondre à la question de départ qui est la suivante : En quoi les émotions du soignant peuvent influencer la distance relationnelle auprès d’un patient âgé, vulnérable en institution ? Après les différentes lectures que j’ai effectuées, j’ai pu identifier de nombreux éléments de compréhension. La première importante est quel que soit le soin, il nécessite une relation. Cette relation suppose une adaptation 24 pour prendre en compte ses émotions et également la singularité de chaque individu. Je pense, que les émotions des soignants exercent une grande influence dans les relations. Le soignant pourra gérer la charge émotionnelle d’une situation de manière différente en fonction de son expérience et de sa personnalité. Elles sont importantes dans notre métier, car elles permettent de considérer le patient. Cependant elles ne doivent pas être envahissantes, pour ne pas nous mettre en difficulté, c’est pour cela qu’il faut avoir une distance relationnelle. En effet le positionnement du soignant physiquement et psychiquement par apport au patient peut créer un déséquilibre dans la relation. Le positionnement du soignant proche du patient dans une chambre par exemple, peut entraîner un déséquilibre dans la relation ou alors une implication affective peut influencer sa distance relationnelle. Lorsque les émotions prennent le dessus sur la raison du soignant, la juste distance n’est pas possible. Cette distance relationnelle paraît être propre à chaque personne, car chaque soignant fait avec son être, mais aussi avec son expérience et l’environnement dans lequel il se trouve. Je pense qu’il faut du temps pour pouvoir contrôler ses émotions et se construire en tant qu’infirmière. Nous avons pu constater que la norme sociale de la bonne infirmière était une infirmière qui ne montre pas ses émotions, ne jugeant pas. Des outils existent comme le curseur relationnel pour faciliter l’analyse du positionnement du soignant pour mieux appréhender les situations de soins. Le déséquilibre de la relation engendre une altération de la distance qui facilite l’apparition des émotions du soignant, qui va entraîner une altération de l’empathie nécessaire à la juste distance. Si le soignant souffre avec le patient, il devient compatissant. À long terme, apparaitra une fatigue professionnelle, surtout si le soignant n’a pas appris des stratégies de gestion. Même si cela permet de venir en aide à l’autre en continuant à le reconnaître, le risque et la rupture entrainants une incapacité relationnelle ainsi qu’un sentiment d’impuissance d’où l’importance de se protéger. 25 Nous apprenons aussi sur nous-même ce qui permet de mieux nous connaître. Sans le savoir, nous nous efforçons de développer notre personnalité. Au cours de mes expériences professionnelles et personnelles, je suis en train d’approfondir mes connaissances sur mon fonctionnement et mes mécanismes de défense. Mon but est d’acquérir des compétences pour évoluer et m’accepter telle que je suis en analysant ma pratique. VI. QUESTION DE RECHERCHE Nous constatons que les émotions sont au cœur de la prise en soin. Les lectures m’ont permis d’argumenter et de faire évoluer ma réflexion sur mon sujet et donc à une question de recherche : en quoi le positionnement d’étudiant et les apports en soins relationnels dans la formation peuvent être bénéfiques pour la gestion des émotions face à un patient âgé, vulnérable ? VII. HYPOTHESES Mon hypothèse serait que l’apprentissage de la gestion des émotions en soins relationnels contribue à la prise en soins du patient. Il est indéniable que la connaissance de soi, de ses capacités et des compétences relationnelles sont des avantages dans la prise en soin du patient. La rédaction du cadre conceptuel m’a permis de dégager cette hypothèse. VIII. METHODES ET OUTILS D’ENQUETES Pour cette hypothèse, j’ai décidé de mettre en place un outil qualitatif par le biais d’entretiens semi-structurés. Personnellement, je pense qu’il est plus facile d’exprimer son vécu, son expérience et ses émotions avec quelqu’un que de le faire sur papier. En effet, ils permettent de connaître le point de vue des personnes interrogées tout en axant ces derniers sur le sujet de la recherche. Grâce à cet outil, je pourrai recentrer l’entretien si nécessaire, qui me permettra de répondre pleinement à la recherche. En outre, les entretiens offrent la possibilité d’échanger des informations riches et de découvrir des pistes de travail qui pourraient mettre 26 en évidence des éléments auxquels je n’aurais pas songé. L’objectif de la mise en place de cet outil étant de pouvoir affirmer ou infirmer mon hypothèse. Cette enquête serait adressée aux étudiants en soins infirmiers en IFSI Centre Val de Loire, tout niveau confondu, car ils sont les premiers concernés par l’apprentissage des soins relationnels. Le statut d’étudiant peut parfois mettre des difficultés à pouvoir échanger avec les équipes sur les difficultés rencontrées. Selon moi, ce temps pourrait être didactique et permettre d’analyser les situations qui ont eu un impact sur les étudiants. De plus, cela les aiderait à se libérer émotionnellement et à ressentir un bien-être. Le nombre d’entretiens serait au nombre de dix par niveau ce qui correspond à un total de 30 étudiants. Cet échantillon me semble suffisant pour avoir des données fiables. Ensuite, elle va s’adresser aux cadres formateurs des IFSI, référent de l’unité d’enseignement soins relationnels. Interroger ce public me permettra de connaître les dernières méthodes d’enseignement mis en place concernant la gestion des émotions. En outre, selon le lieu d’exercice, les méthodes peuvent varier. Cela me permettra, d’identifier les méthodes les plus susceptibles de faciliter la gestion des émotions et leur apprentissage. Le nombre de cadres formateurs interrogés serait de trente dans différents IFSI du Centre Val de Loire. Enfin, je pense l’adresser aux infirmiers dans les services. En effet, ils sont quotidiennement confrontés à des situations de prise en soins complexes auxquels peuvent parfois s’ajouter des conditions de travail difficile. De plus, ils disposent de formations internes et encadrent les étudiants de tous niveaux. Il me parait important de connaître également leur point de vue. Le nombre interrogé serait de trente infirmiers de services différents. Car toute prise en soin suppose une relation, relation qui peut engendrer des émotions. Concernant les entretiens, ils devront durer trente à quarante-cinq minutes en fonction des échanges. De plus, l’environnement étant important, il sera nécessaire de s’installer dans un lieu calme et chaleureux. Je prévoirais 27 des boissons chaudes afin d’instaurer un climat de confiance. Pour m’assurer de la disponibilité de la personne, il sera nécessaire de convenir d’une date et heure de l’entretien. En ce qui concerne l’élaboration de l’entretien, puisqu’il doit être semistructuré, je concevrai un questionnaire de cinq questions permettant d’orienter les échanges. Concernant les étudiants, il est important de connaître leur niveau de formation et le parcours professionnel des cadres et des infirmiers dans les services. Mon questionnement sera mené autour de sa vision des soins relationnels et des émotions. Puis je dirigerais l’entretien vers une situation que la personne a vécue qui a eu un impact sur ses émotions et la relation avec l’autre (patients, familles, collègues...). En outre, je vais demander à la personne quelles stratégies employées pour faire face à la situation décrite précédemment lors de l’entretien. Pour terminer l’entretien, je demanderai si l’apprentissage de techniques de gestion des émotions ou concernant la relation a pu faciliter la prise en soins. D’autres questions pourraient être posées pour les cadres formateurs à savoir les évolutions en termes d’apprentissage concernant les évolutions des pratiques, des méthodes et des savoirs. Avec l’accord des directeurs d’IFSI que j’aurais choisis, je me déplacerais directement dans les IFSI concernés pour expliquer ma démarche auprès des cadres formateurs et également d’aborder les disponibilités pour les entretiens, mais également la mise à disposition d’une salle. À la suite des entretiens, une analyse qualitative sera nécessaire. Il faudra dans un premier temps retranscrire les données recueillies. Les données seront regroupées par item en fonction des axes mis en avant par les questions. Les points de vue devront être clairement identifiés. Enfin, une synthèse de l’ensemble des données sera réalisée. L’élaboration de statistiques pourrait être envisagées afin d’observer quel point de vue ou axe de travail ressort majoritairement des entretiens. 28 IX. CONCLUSION Pour conclure ce travail d’initiation à la recherche, je peux dire qu’il fut très enrichissant. À partir de ma situation, j’ai pu prendre conscience de l’importance de la gestion des émotions, de l’impact dans la qualité des soins. J’ai pu au travers des différentes lectures enrichir mes connaissances théoriques. En tant, que future professionnelle, la connaissance d’outil facilitant la relation et également l’importance de se connaître est un atout pour la gestion de mes émotions dans les situations les plus complexes. Le premier concept énoncé, est les émotions qui exigent une gestion pour une prise en soins efficiente. Cette notion renvoie au deuxième concept qui est la distance relationnelle, qui peut entraîner un déséquilibre dans la relation. Ce déséquilibre altère la juste distance. De plus, cela va entraîner une altération de l’empathie qui peut engendrer une fatigue professionnelle. En effet, lorsque la compassion prend le dessus, la gestion des émotions en devient encore plus difficile. Et enfin le troisième concept qui est la vulnérabilité dont les causes peuvent être nombreuses. Le vieillissement un des facteurs de la vulnérabilité, d’où l’importance d’un accompagnement pour ses patients. Dans le cadre d’un soin face à un patient en situation de vulnérabilité, le but est de ne pas souffrir avec le patient. Les auteurs énoncent la notion de distance relationnelle. Pour cela, des outils peuvent être mis en place. Malgré tout, cela peut ne pas être suffisant pour instaurer une juste distance. Effectivement, l’expérience du soignant et l’environnement ont un impact de la distance à l’autre. Mais aussi lorsque que le soignant n’est pas en mesure d’identifier ses émotions, ni de les comprendre entraînera une mauvaise gestion de celle-ci et donc une altération de la juste distance. Il est donc important que le soignant prenne compte de ses émotions, mais également des outils relationnels qui permettent d’analyser son 29 positionnement à l’autre et de faciliter la compréhension d’une situation qui est l’une des pistes à explorer dans ce sujet. Cette idée est reprise dans la question de recherche, mais l’outil d’enquête ne sera pas mis en place. Une autre ébauche en lien avec l’apprentissage serait l’expérience. De fait, l’apprentissage se fait également par l’expérimentation donc la pratique. Je peux me demander si l’expérience peut avoir un impact dans la gestion des émotions dans le cadre d’une situation complexe. 30 BIBLIOGRAPHIE Avet, S. (2007). Gériatrie : compétences et rôles infirmiers. Med-Line Editions Empathie, vous avez dit empathie ? (s.d.) infirmier.com Formarier, M., & Jović, L. (2012). Les concepts infirmières. https://isidore.science/document/10670/1.kncojc en sciences Graziani, V. (s. d.). La proxémie : dans l’espace non verbal. Postrof. 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Pp 13-14 Fatigue compassionnelle : le côté obscur de l’empathie – EM Premium (univ-orleans.fr) L’IMPACT DES ÉMOTIONS DANS LA RELATION DE SOIN THE IMPACT OF EMOTIONS IN CARE RELATIONSHIPS RAHHAOUI Fatima Promotion : 2021-2024 Durant ma fin de première année d’études en soins During my end of the first year of nursing studies, I was infirmiers, j’ai été amener à réaliser un soin d’hygiène et required to provide hygiene and comfort care to a de confort à une résidente en EHPAD. Cette situation a resident in a nursing home. This situation was notable été marquante par les émotions exprimées par la for the emotions expressed by the patient. This caused patiente. Cela a provoqué une accumulation excessive an excessive build-up of emotions in me, which forced d’émotions chez moi, ce qui m’a obligé à attendre un me to wait a certain amount of time before being able certain temps avant de pouvoir continuer le soin. Ce qui to continue the treatment. Which leads to a change in entraine une altération de distance professionnelle. En professional distance. Analyzing the situation analysant la situation, après coup, une question m’a afterwards, a question became obvious to me: How semblé évidente : En quoi les émotions du soignant can the emotions of the caregiver influence the peuvent influencer la distance relationnelle auprès d’un relational distance with a vulnerable elderly patient in patient âgé vulnérable en institution ? an institution? J’ai réalisé de nombreuses lectures. Trois concepts sont I have done a lot reading. Three concepts are mis en avant à travers cet écrit : les émotions, la distance highlighted through this writing: emotions, relational relationnelle ainsi que la vulnérabilité. distance, and vulnerability. Les recherches effectuées sur le sujet mettent en The research carried out on the subject highlights a évidence une nouvelle piste de travail pertinente à new relevant avenue of work to explore, which led to explorer ce qui a conduit à la question suivante : en quoi the following question: how student positioning and le positionnement d’étudiant et les apports en soins relational care contributions in training can be relationnel dans la formation peuvent être bénéfiques beneficial for the management of emotions facing a pour la gestion des émotions face à un patient âgé vulnerable elderly patient? vulnérable ? I hope you will enjoy your reading. Je vous souhaite une bonne lecture. Mot clés : Émotions, distance relationnelle, Key words: Emotions, relational distance, vulnérabilité, empathie, accompagnement vulnerability, empathy, accompaniment

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