Séquence 1 : Introduction aux grandes notions de la psychologie PDF

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Haute École Robert Schuman

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psychologie psychologie générale introspection histoire de la psychologie

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Ces notes de cours abordent l'histoire et les fondamentaux de la psychologie, incluant la psychologie générale, les secteurs, les spécialisations et différentes approches et méthodes de la recherche psychologique.

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Bachelier Infirmier Responsable de Soins Généraux Bloc 1 Fondements de la clinique infirmière2 IPFC2 Psychologie générale Séquence 1 : Introduction aux grandes notions de la psychologie PLAN...

Bachelier Infirmier Responsable de Soins Généraux Bloc 1 Fondements de la clinique infirmière2 IPFC2 Psychologie générale Séquence 1 : Introduction aux grandes notions de la psychologie PLAN I. Objet de la psychologie – Qu’est-ce que la psychologie ? 1. Historiquement : Connaissance de l’âme 2. Actuellement : L’étude scientifique du comportement & L’étude scientifique des structures mentales II. Buts de la psychologie 1. Décrire 2. Expliquer 3. Prédire 4. Modifier III. Secteurs de la psychologie – Sphères d’activité : 1. La recherche fondamentale 2. La recherche appliquée 3. L’intervention IV. Diverses spécialisations des « psy » : Qui est qui ? Qui fait quoi ? Les psychiatres Les psychologues Les psychothérapeutes Les psychanalystes V. Les premières approches de la psychologie scientifique 1. Le structuralisme 2. Le fonctionnalisme 3. Le gestaltisme VI. Les grandes approches modernes de la psychologie 1. LA PSYCHANALYSE 2. LE COMPORTEMENTALISME (Behaviorisme) 3. LE COGNITIVISME 4. L’HUMANISME 5. LA SYSTEMIQUE 1 Introduction aux grandes notions de la psychologie VII. Les méthodes de la psychologie 1. Les méthodes de la recherche scientifique A) Les méthodes descriptives A1) Méthode de l’observation : EN MILIEU NATUREL EN LABORATOIRE A2) Méthode de l’enquête A3) Méthode des tests A4) Méthode corrélationnelle B) La méthode expérimentale 1. On part d’une question, d’une idée à explorer. 2. On formule une hypothèse. 3. Expérience. Matériel : Sujets : 4. Interprétation. La solution : groupe expérimental et groupe contrôle. 1. Part d’une question. 2. Hypothèse. 3. Expérience. Matériel : Sujets : 4. Interprétation. Les variables en jeu variable indépendante. variables dépendantes. Les biais possibles BIAIS lié aux groupes BIAIS : l’effet Rosenthal BIAIS : l’effet Hawthorne 2. La méthode clinique 2 Introduction aux grandes notions de la psychologie I. Objet de la psychologie – Qu’est-ce que la psychologie ? 1. Historiquement : Connaissance de l’âme Le terme psychologie apparaît au 18 ème siècle. Il est introduit par le philosophe allemand Wolff (1679-1754) pour désigner la science de l’âme. Toutefois, le passé de la psychologie remonte très loin dans l’histoire, car il est lié à celui de la philosophie. Il s’agit depuis l’antiquité d’une branche de la philosophie (« psychologie philosophique »). A cette époque, la notion d’âme prévaut pour tenter d’expliquer ce qui est à la base de nos pensées, de nos comportements….En conséquence, la psychologie pendant cette longue période historique a deux caractéristiques essentielles : - Le psychologue observe ses propres états d’âme → il édifie son savoir essentiellement par l’INTROSPECTION  Observation méthodique par le sujet lui-même, de ses états de conscience et de sa vie intérieure Il ne se base pas sur les faits réels – La SUBJECTIVITÉ occupe une place importante (« psychologie subjective »). - La psychologie est une psychologie « de l’homme », elle ne concerne pas l’animal puisque l’âme est l’apanage de l’homme Cette façon de procéder est erronée ! On ne peut pas s’en remettre à notre propre bon sens, à nos propres états d’âme, à notre subjectivité pour étudier les comportements ! POUR PREUVE : l’expérience de Milgram. 1964 (Doc annexe) On ne peut pas tenir pour acquis que tous les gens se comporteront comme ils le pensent ; on ne peut pas tenir pour acquis que tous les gens se comporteront de la même façon que soi ! Seule l’étude objective et scientifique du comportement permet d'en arriver à des prédictions fiables. 2. Actuellement : Grâce à de multiples influences (physique, chimie, physiologie…) et à différentes « écoles » (cfr ci-après), la psychologie est devenue progressivement scientifique. Plus précisément, la psychophysique en tant que science de la mesure des sensations et les auteurs associés (Weber, Fechner…) en sont les précurseurs. Toutefois, les débuts de la psychologie scientifique sont datés de la fondation du premiers laboratoire de psychologie par Wundt en Allemagne en 1879. L’objet de la psychologie devient alors progressivement : L’étude scientifique du comportement Action ou réaction observable et mesurable d’un organisme en relation avec son environnement. A partir du 19ème siècle, progressivement, la psychologie souhaite étudier OBJECTIVEMENT l’homme, avec les mêmes méthodes que celles utilisées pour l’animal & L’étude scientifique des structures mentales  Toute activité non observable directement, par laquelle le cerveau traite la réalité. Petit à petit, la psychologie s’est enrichie de l’étude de phénomènes plus complexes : mémoire, intelligence, sensation, perception, émotion … 3 Introduction aux grandes notions de la psychologie II. Buts de la psychologie 1. Décrire les comportements par des observations rigoureuses (Quels comportements ?) ; 2. Expliquer les comportements par des expériences susceptibles d’en déterminer la cause (Pourquoi ces comportements ?) ; 3. Prédire à quel moment le comportement étudié réapparaîtra (à partir des renseignements recueillis) – (Quand ?) 4. Modifier le comportement indésirable Exemple. L’étude de Milgram (psychologie expérimentale) 1. Décrire : comment des sujets se comportent lorsqu’une personne incarnant l’autorité leur ordonne de poser un geste allant à l’encontre de leur sens du bien et du mal 2. Expliquer : pourquoi les sujets agissent ainsi en modifiant de manière systématique certaines conditions de l’expérience Par exemple : L’importance de la docilité augmente avec l’éloignement maître-élève (dans des pièces séparées) du fait qu’ils ne se voient pas. 3. Prédire : en appliquant les études de Milgram au monde réel, il est possible de prédire le comportement humain dans des situations semblables Par exemple : Les officiers des forces armées peuvent prédire que les pilotes obéiront plus facilement à l’ordre de lancer un missile sur une ville inconnue et éloignée plutôt qu’à l’ordre de tuer une personne à mains nues. 4. Modifier : les études de Milgram montrent aux parents et aux éducateurs l’importance d’apprendre aux enfants à remettre l’autorité en cause dans des situations dangereuses plutôt que d’obéir aveuglément. III. Secteurs de la psychologie – Sphère d’activité : Le SCHEMA annexe propose un panorama (non exhaustif !) des grands secteurs de la psychologie organisé selon deux grands axes, soit quatre grands pôles : Axe Normal / Pathologique Axe Social / Biologique 4 Introduction aux grandes notions de la psychologie D’autre part, il existe trois principales sphères d’activité en psychologie : la recherche, laquelle peut être fondamentale ou appliquée, et surtout l’intervention. Toutes se pratiquent dans de nombreux secteurs. 1. La recherche fondamentale : Recherche visant à étudier des questions théoriques aux seules fins de la connaissance c-à- d sans chercher à résoudre un problème concret. Exemple : Stanley Milgram qui au départ étudie un aspect du comportement (l’obéissance) sans penser aux applications possibles des résultats de sa recherche dans la vie réelle. La recherche de ce genre est habituellement menée dans les universités ou dans des laboratoires de recherche. Elle a pour but de vérifier de nouvelles théories et des modèles de comportements et peut ou non déboucher sur des applications immédiates dans la vie courante. 2. La recherche appliquée : Recherche qui étudie et utilise de façon pratique les principes et les découvertes de la psychologie pour résoudre des problèmes de la vie courante. Des recherches appliquées sont menées dans presque tous les secteurs de la psychologie, mais certains d’entre eux en sont des champs d’application privilégiés. Exemple : La psychologie industrielle étudie les principes de la psychologie pour les appliquer au monde du travail ( pour la sélection et l’évaluation du personnel, pour l’étude du leadership, pour la motivation du personnel, …) 3. L’intervention : Etant donné la diversité des secteurs d’application de la psychologie, les psychologues sont amenés à exercer dans différents milieux. La plupart se spécialisent dans un secteur en particulier. Par exemple et entre autres : Les psychologues cliniciens et les psychologues conseils travaillent en psychologie clinique auprès des personnes souffrant de troubles psychiques ou affectifs ; Les psychologues scolaires travaillent en psychologie de l’éducation et cherchent à promouvoir le développement intellectuel, social, affectif des enfants à l’école ; Les psychologues sociaux en psychologie sociale s’intéressent au comportement des personnes en groupe ; Les neuropsychologues étudient le rapport entre le cerveau et le comportement ; Les psychologues de la santé s’intéressent au rôle que peut jouer la psychologie dans la conservation de la santé et l’adoption de saines habitudes de vie. … 5 Introduction aux grandes notions de la psychologie IV. Diverses spécialisations des « psy » : Qui est qui ? Qui fait quoi ? Dernières mises à jour : septembre 2024 Les psychiatres : Titre légal et protégé. Ils ont fait des études de médecine (six ans) et une spécialité en troubles psychiatriques (cinq ans) – parfois dans le domaine de l’enfance et de l’adolescence (on les appelle alors pédopsychiatres). Ils étudient, diagnostiquent et traitent les troubles mentaux avant tout sous l’angle biologique. Ils peuvent prescrire un traitement médicamenteux. Certains poursuivent leur formation et pratiquent des psychothérapies / psychanalyses. Ils sont liés au code de déontologie des médecins. Les psychologues : Titre légal et protégé. Il ne peut être porté que par les titulaires d’une licence ou d’un master en psychologie (cinq années d’études universitaires) et nécessite une inscription à la commission des psychologues afin d’être agréé (inscrit sur la liste officielle des psychologues ; le psychologue agréé est alors lié par un code de déontologie). Au cours de leurs études, ils ont opté pour l’une ou l’autre spécialisation (psychologie sociale, neuropsychologie, psychologie du travail, psychologie clinique …). Ils exercent donc leur métier dans différents secteurs (entreprises, santé, éducation…). Ils étudient les comportements et les structures mentales (sentiments, idées …) d’autrui. Aujourd’hui, pour être autorisé à exercer dans les soins de santé (mentale), les « psychologues cliniciens » poursuivent leur formation par un stage d’un an dans un service agréé sous la direction d’un maitre de stage. Ils ont alors une fonction de psychothérapeutes. Les psychothérapeutes : Ce sont des cliniciens en ce sens qu’ils travaillent avec tous les courants modernes de la psychologie pour aider les personnes souffrant de troubles psychiques ou affectifs. Ils sont actifs dans les soins de santé (mentale). La plupart des psychothérapeutes ont, au départ, une formation de psychiatre ou de psychologue. Mais ils peuvent aussi être issus d’autres formations (philosophe, assistant social, infirmier, pédagogue…). Dans ce cas, selon la nouvelle loi1, ils doivent acquérir une formation de base dans le domaine de la psychologie clinique en suivant des cours puis une formation complémentaire (en fonction de l’orientation choisie). Ensuite, ils pratiquent en étant supervisés par un praticien plus chevronné. Certains suivent eux-mêmes une psychothérapie ou psychanalyse. Attention le titre de psychothérapeute n’est pas (encore) protégé : n’importe qui peut l’apposer sur sa plaque ou carte de visite. C’est donc plutôt une fonction que peuvent prendre certains professionnels. Les psychanalystes : Ce n’est pas un titre protégé, mais également une fonction et une orientation choisies par un psychothérapeute. Il s’agit d’un psychothérapeute qui travaille exclusivement avec l’orientation psychanalytique (théorie de la vie psychique formulée par Freud et ensuite retravaillée par ses successeurs). N’importe qui peut se dire psychanalyste mais les psychanalystes « reconnus » sont membres d’une association de psychanalyse. A l’instar des psychothérapeutes, une partie d’entre eux sont psychiatres ou psychologues ; d’autres viennent d’autres horizons. Ils suivent eux-mêmes une psychanalyse, s’engagent dans une formation permanente et pratiquent en étant supervisé par leurs pairs. 1 La loi de 2016 sur les soins de santé mentale ( Maggie De Block) règlemente - la reconnaissance de la psychologie clinique comme professions des soins de santé - l’exercice de la psychologie clinique et de la psychothérapie (mais pas le titre) 6 Introduction aux grandes notions de la psychologie V. Les premières approches de la psychologie scientifique 7 Introduction aux grandes notions de la psychologie VI. Les grandes approches modernes de la psychologie Dernières mises à jour : septembre 2021 Il s’agit de différentes théories, manières d’aborder la psychologie à l’heure actuelle et donc d’étudier le comportement et les structures mentales. Nous verrons dans le cours de psychologie de la personnalité 2qu’elles correspondent à différentes façons de comprendre et de traiter la personnalité en psychologie clinique (elles se différencient surtout dans ce secteur et constituent des « cadres de références » psychothérapeutiques). 1. L’ORIENTATION PSYCHANALYTIQUE et PSYCHODYNAMIQUE (à l’origine : théorie Freudienne) S’intéresse à l’étude en profondeur de cas individuels. Examine : leurs activités internes ; : ce qui est INOBSERVABLE, INCONSCIENT (mais que l’on peut saisir par les rêves, les lapsus, l’association libre…). Postulat : une grande partie de nos comportements (actes, pensées, …) prennent leur source dans des processus INCONSCIENTS ; sont déterminés par nos expériences passées qui ont été refoulés dans l’inconscient. Exemple en psychologie clinique : l’agoraphobie (peur des lieux publics). Pour la psychanalyse, c’est dû à une pulsion négative, un conflit… un événement ancien mal vécu qui a été refoulé dans l’inconscient et qui aujourd’hui « se venge » sur notre comportement actuel. La thérapie consiste à rechercher la pulsion, à remonter jusqu’aux événements de l’enfance pour en prendre conscience et s’en libérer. 2. L’ORIENTATION COMPORTEMENTALISTE (Behavioriste) S’intéresse aux comportements d’une personne. Examine ce qui est OBSERVABLE. Postulat : tout comportement est une réponse à un stimulus et est appris ; on peut modifier le comportement de l’extérieur c-à-d qu’on peut apprendre un bon comportement et/ou « désapprendre » un mauvais ; Théorie S (stimulus)→ R (réponse). Exemple en psychologie clinique : l’agoraphobie. S = lieux publics → R = angoisse. Pour le comportementalisme, l’origine a beaucoup moins d’importance. Ce qui importe, c’est de « soigner » le symptôme, le comportement pathologique de la personne. La thérapie peut consister, par des technique d’apprentissage, à habituer, à apprendre à la personne à petit à petit faire face à des situations (des lieux publics) de plus en plus angoissantes (DÉSENSIBILISATION SYSTÉMATIQUE). 3. L’ORIENTATION COGNITIVISTE S’intéresse aux processus mentaux, aux pensées. Examine l’activité mentale, le traitement de l’information à l’origine de nos comportements. Postulat : A stimulus égal, on a une réponse différente suivant la façon dont on traite, interprète la situation ;Théorie S (stimulus) → O (organisme) → R (réponse). Exemple en psychologie clinique : l’agoraphobie S= lieux publics → O = croyances, pensées, interprétation…→ R = Angoisses. « Les lieux publics sont dangereux ; dans les lieux publics, les autres me jugent… » sont des croyances, des processus mentaux qui engendrent une réaction d’angoisse, l’agoraphobie. Chacun va réagir différemment selon la manière dont il interprète la situation. La thérapie peut consister à mettre à jour toutes ces croyances, pensées qui se cachent derrière nos comportements pathologiques. 2 « Psychologie de la personnalité » – Haute école Robert Schuman Département paramédical 1ère et 2ème logopédie. 8 Introduction aux grandes notions de la psychologie 4. L’ORIENTATION HUMANISTE Il s’agit plutôt d’une manière de voir les gens qu’une théorie ou qu’une école bien spécifique. S’intéresse à l’homme sain et tout venant. S’attache autant à la prévention qu’à la pathologie. Postulat : l’homme est naturellement bon et tend à s’épanouir, se réaliser. La pyramide des besoins de MASLOW Exemple en psychologie clinique : Un mal être (l’agoraphobie par exemple) serait dû à un blocage dans cette tendance innée à s’épanouir et la thérapie peut consister à aider le patient à retrouver sa confiance et à lever le blocage. 5. L’ORIENTATION SYSTEMIQUE Une orientation de la psychologie plus récente. S’intéresse aux systèmes (familial, scolaire, …) dans lesquels l’individu s’insère. Postulat : Nos comportements ne s’expliquent pas de manière individuelle, intrapsychique ; ils dépendent des relations que l’on entretien avec les autres dans les systèmes dans lesquels on vit. Exemple en psychologie clinique : L’agoraphobie n’est pas un problème individuel mais reflète un problème relationnel dans la famille. Le couple parental ne fonctionne pas bien par exemple et la femme l’exprime par de l’agoraphobie. Elle est le « patient désigné » du couple pour « porter » le problème. Si on soigne uniquement la femme et non pas le problème de relation, ce dernier risque de s’exprimer autrement (la femme sera guérie mais le mari devient alcoolique par exemple).  Attention : ✓ Ces façons d’aborder la psychologie ne s’excluent pas. Il n’y a pas une bonne et une mauvaise approche. D’ailleurs, à l’heure actuelle, la plupart des « psy » utilisent plusieurs points de vue. On parle alors d’approche intégrative (intégration des différentes approches) ou d’approche éclectique (applique les principes et techniques de différentes approches selon la situation étudiée). ✓ La catégorisation de ces grandes approches n’est pas figée. Elle dépend des pays, universités, auteurs…Elle évolue avec le temps et la recherche. Par exemple, on a beaucoup parlé de l’approche psychobiologique : étude de la biologie du comportement. ✓ Chaque jour les théories se diversifient faisant de la psychologie une science en mouvement. DOCUMENT à lire – Le psychologue clinicien et la claustrophobie selon les approches modernes (écoles de pensée) 9 Introduction aux grandes notions de la psychologie VII. Les méthodes de la psychologie Version simplifiée : septembre 2024 1. Les méthodes de la recherche scientifique Pour rappel, l’objet de la psychologie est l’étude scientifique du comportement et des structures mentales ; les méthodes devront donc être scientifiques afin d’obtenir des données scientifiques. A) Les méthodes descriptives Comme leur nom l’indique, les méthodes descriptives sont celles qui imposent au chercheur un rôle d’observateur. Celui-ci ne s’implique à aucun moment dans le phénomène observé ; il se limite à le décrire le plus objectivement possible. Il ne fait pas bouger la réalité, les variables qu’il observe. A1) Méthode de l’observation : EN MILIEU NATUREL L’observation minutieuse du comportement de l’animal et de l’homme dans leur milieu naturel constitue le point de départ d’une bonne partie de la recherche en psychologie. Parfois, on a recours à l’utilisation d’un matériel audiovisuel afin d’éviter la subjectivité. EN LABORATOIRE Les méthodes d’observation ont également été introduites en laboratoires. A2) Méthode de l’enquête : Certains problèmes difficiles à analyser par observation directe peuvent être étudiés grâce à l’utilisation de questionnaires ou d’interviews. A3) Méthode des tests : Les méthodes des tests observent et mesurent les différences individuelles. A4) Méthode corrélationnelle : Utilisée lorsque l’on veut comparer entre elles deux ou plusieurs caractéristiques. Par exemple, « Les personnes les plus intelligentes sont-elles également les plus créatives ? ». Pour répondre à cette question, il suffit de mettre en relation les différentes données d’évaluation de ces caractéristiques (obtenues par l’observation ou par voie d’enquête, ou en soumettant les sujets à des tests). Pour notre exemple : on pourrait comparer les notes obtenues à un test d’intelligence pour chaque sujet, avec celles obtenues à un test de créativité. C’est principalement à l’aide de l’analyse statistique que de telles relations sont évaluées. Le calcul le plus couramment utilisé est le coefficient de corrélation ( r ). Le coefficient de corrélation est une estimation du degré jusqu’auquel deux variables sont reliées entre elles et il s’exprime par un chiffre entre 1 et -1. Le 0 signifie qu’il n’existe aucune relation, le 1 que la relation est parfaite et le –1 que la relation est inverse. A mesure que le r augmente de 0 jusqu’à 1, la force de la relation s’accroît. Voici quelques exemples fictifs de coefficients de corrélation : Un coefficient d’environ 0,75 entre les notes obtenues entre la première et la seconde année du cours → relation élevée Une corrélation d’environ 0,50 entre la taille de l’un des parents et celle de l’enfant parvenu à l’âge adulte → relation moyenne  Il ne s’agit pas d’un lien de cause à effet ! 10 Introduction aux grandes notions de la psychologie Les études corrélationnelles ne permettent pas de conclure à des rapports de cause à effet. Voici un exemple qui l’illustre : Le degré de plasticité du bitume dans les rues d’une ville peut se trouver en corrélation avec le nombre de cas d’insolation rapportés dans une même journée, mais cela ne veut pas dire que le bitume donne naissance à des émanations toxiques qui expédient les gens à l’hôpital. Le soleil ardent peut à la fois ramollir l’asphalte et causer des insolations. B)La méthode expérimentale Les faiblesses de la méthode corrélationnelle sont liées au fait qu’on ne peut que constater l’existence d’un lien entre les facteurs en présence, sans qu’on puisse jamais affirmer qu’il s’agit là d’un lien de cause à effet. La façon la plus efficace de mettre en lumière la présence d’un tel lien de cause à effet consiste à intervenir afin d’observer comment la présence, ou l’absence d’un de ces facteurs influence ou fait varier l’autre. Le psychologue, expérimentateur, va modifier la réalité qu’il observe. 1.On part toujours d’une idée et d’une hypothèse à infirmer ou à confirmer Exemple : « Des sujets qui consomment une dose X de drogue auront une moins bonne coordination motrice, plus précisément des temps de réactions plus longs » 2.On constitue deux groupes identiques : un groupe expérimental qui fume de la drogue et un groupe contrôle qui fume un placebo 3. On évalue ensuite leur performance à une épreuve de rapidité (temps de réaction) et on compare leur résultats. Chaque groupe sera soumis une seule fois à l’épreuve. 4. On interprète en comparant les résultats des deux groupes. - Si résultats moins bons dans le groupe expérimental : hypothèse confirmée. - Si meilleurs résultats dans le groupe expérimental : hypothèse infirmée. - Si résultat identique dans les deux groupes : aucune influence de la drogue ; hypothèse infirmée ! Cela nécessite de mettre en place tout une série de contraintes pour éviter les biais expérimentaux : -échantillonnage pour avoir des groupes identiques, -mettre en place une expérimentation en double aveugle càd : -éviter « l’effet rosenthal » lié aux attentes de l’expérimentateur en laissant des collaborateurs « ignorants » se charger de faire passer les tests ; -éviter « l’effet hawthorme » en laissant les participants dans l’ignorance pour qu’ils n’influencent pas l’expérience (désirabilité sociale) 11 Introduction aux grandes notions de la psychologie 2. La méthode clinique Les méthodes de recherche envisagées jusqu’à présent visent à induire des lois générales du fonctionnement psychologique. Or de telles approches, en standardisant et en uniformisant les conditions d’observation ou d’expérimentation, ne permettent pas de rendre compte de la complexité du comportement humain et de la spécificité de chaque personne. Pour ce faire, en psychologie, la méthode clinique – d’analyse de cas – s’est développée au début du XXème siècle, avec la psychanalyse. Elle s’est détachée de celle-ci avec l’apparition d’autres thérapies, qui n’ont cessé de se développer depuis. Contrairement à la méthode expérimentale, exigeant une neutralité totale de la part du chercheur, la méthode clinique réclame plutôt l’implication de celui-ci dans sa relation avec le sujet dont il tente de comprendre le fonctionnement psychologique, ainsi qu’une analyse de cette implication qu’il doit être capable, à tout moment, de contrôler. Il s’agit avec cette méthode de décrire le sujet dans sa totalité, mais également dans sa singularité. Les outils dont dispose le clinicien pour y parvenir sont principalement : L’observation Les outils psychométriques : tests Les outils non psychométriques : entretien, dessin… Pour que la méthode clinique puisse être considérée comme méthode scientifique, elle doit cependant répondre aux deux exigences que sont : l’administration de la preuve et la nécessité de la généralisation. Jusqu’à présent cependant, ces deux conditions ne sont pas toujours remplies. Il reste toutefois que plusieurs pistes empruntées par de nombreux cliniciens ont démontré une efficacité qui est reconnue par les personnes qui en ont bénéficié. Bibliographie :  GODEFROID Jo, « Psychologie ». Bruxelles, DeBoeck Université, 2011 (3ème édition).  HUFFMAN K., DOWDELL K., « Psychologie en direct ». Mont- Royal (Québec), MODULO, 2019 (5ème édition).  LIEURY,A., « Psychologie cognitive ». Paris, Dunod, 2020 (4ème édition).  Rézette, S. (2008). Psychologie clinique en soins infirmiers. Paris : Masson. 12 Introduction aux grandes notions de la psychologie Document : Expérience de Milgram 13 Introduction aux grandes notions de la psychologie 14 Introduction aux grandes notions de la psychologie 15 Introduction aux grandes notions de la psychologie Texte 2 Des souris et des enfants Article de Mariella Righini paru dans Le Nouvel Observateur tel que reproduit dans un document non daté du Ministère de l’éducation destiné aux personnes de la Mission des Projets Expérimentaux. 16 Introduction aux grandes notions de la psychologie Une stupéfiante expérience démontre qu’il y a rarement de vrais cancres dans les classes Un professeur américain de psychologie, Robert Rosenthal, eut un jour l’idée apparemment saugrenue de convoquer douze de ses élèves, de distribuer à chacun cinq souris grises et de leur donner quelques semaines pour apprendre aux bestioles à se dépatouiller dans un labyrinthe. Détail important, cependant : il glissait à l’oreille de six d’entre eux que leurs souris avaient été sélectionnées en raison de leur sens de l’orientation particulièrement développé, et il laissait entendre aux six autres que, pour des raisons génétiques, on ne pou- vait rien attendre de bon de leurs cobayes. Ces différences n’existaient en fait que dans la tête des étudiants. Les soixante souris étaient toutes rigoureusement identiques. La période de dressage écoulée, Robert Rosenthal se rendit compte que les souris « sur-estimées » avaient accompli des perfor- mances étonnantes, tandis que les « sous-estimées » n’avaient pratiquement pas bougé de leur point de départ. Fort de ce résultat, Rosenthal voulut tenter la même expérience dans un lieu de dressage d’un autre type : l’école. Singulière aventure dont les résultats, qui viennent d’être publiés aux États-Unis (Robert Rosenthal et Lenore Jacobson, Pygmalion in the classroom, Holt, Rinehart et Winston ed.), ont jeté le corps enseignant dans l’embarras. Tirage au sort En mai 1964, Robert Rosenthal et les membres de son équipe débarquent dans une école élémentaire du sud de San Francisco. Quartier pauvre. Bas salaires. Beaucoup de Mexicains, de Portoricains, de familles « assistées ». Bref, des « défavorisés » par le milieu et dont il est généralement admis que les résultats scolaires en pâtissent. Carte de visite des intrus : une « vaste étude » en cours à Harvard, financée par la National Science Foundation, sur « l’éclosion tardive » des élèves. Impressionnés par des étiquettes aussi redondantes, les instituteurs ouvrent toutes grandes les portes de leur classe. Ils ne se doutent pas, les malheureux, que les véritables sujets de l’enquête ne sont pas leurs élèves, mais eux-mêmes. Leur contribution est pourtant, en apparence, tout ce qu’il y a de plus « neutre ». On leur demande simplement de faire passer aux élèves, en fin d’année scolaire, un test d’un » type nouveau » pour dépister ceux qui pourraient faire un démarrage spectaculaire au cours de la prochaine année. En fait, tout est « bidon » Le test (un test standard de mesure du quotient intellectuel) n’est qu’un prétexte; quant aux cas dit « intéressants », ils sont évidemment choisis au hasard, à raison de 20 % par classe, et leurs noms sont communiqués de façon délibérément fortuite aux professeurs : « Any way … au cas où vous seriez intéressé par les résultats de ces tests que nous faisons pour Harvard … » Les professeurs étant ainsi conditionnés à leur insu, il ne reste plus aux enquêteurs qu’à attendre et à voir venir. Un nouveau test sera administré aux écoliers quatre mois après la rentrée, un autre en fin d’année scolaire et un dernier un an après. Les résultats, dépassant toute espérance, ont laissé bouche bée Robert Rosenthal et ses « complices » Les élèves artificiellement désignés comme devant donner les meilleurs ré- sultats ont progressé beaucoup plus rapidement que les autres enfants ! Deux cas parmi plusieurs dizaines. José, un petit Mexicain, avait un quotient intellectuel de 61 avant de devenir aux yeux de ses maîtres, une « vedette ». Un an après, son Q.I. atteignait 106. « 17 Introduction aux grandes notions de la psychologie Élève « retardé » un an plus tôt, il devenait, par simple tirage au sort, un « élève doué ». Même bouleversement pour Maria, une autre petite Mexicaine dont on vit le Q.I. grimper de 88 à 128. Invités à décrire le comportement de ces « cas intéressants », les professeurs insistent sur leur « gaieté », leur « curiosité », leur « originalité », leur « adaptabilité ». Les obscurs Une remarque cependant : la progression de ces élèves « vedettisés » n’est pas uniforme tout le long de la durée de l’enquête. La première année, les « gains » les plus sensibles sont enregistrés par les plus jeunes enfants, la deuxième année par les enfants plus âgés. Pourquoi ce décalage? Les petits, fortement influencés par le professeur témoin de leur « démarrage », ralentissent leur progression en changeant d’instituteur; tandis que les grands, moins influençables au départ, sont en revanche plus aptes à maintenir d’eux- mêmes une performance sans le soutien du professeur. Autre point révélateur de l’enquête : le sort des élèves « obscurs », dont les noms n’ont pas été « soufflés » aux professeurs. Leurs résultats scolaires, on l’a vu, sont nettement moins brillants que ceux de leurs camarades. Mais il y a plus grave : s’il réussit, il est automa- tiquement rabaissé par le prof au niveau qui doit être le sien. Mieux : plus il fait des progrès, plus il est mal classé. N’étant pas attendue, sa performance est jugée indésirable. Elle ne fait que perturber les prévisions du professeur. L’enquête a donc prouvé que, comme pour les souris, le préjugé artificiel de l’éducateur agit de façon déterminante sur le comportement de l’éduqué. Autrement dit, les bons et les mauvais élèves sont fabriqués de toutes pièces par le professeur. Les membres de l’équipe du professeur Rosenthal avaient cru, un moment, que les élèves dont les noms avaient été « épinglés » avaient bénéficié d’échanges verbaux plus denses avec leurs professeurs, ce qui aurait pu expliqué leur progression. Mais ils ont dû abandonner cette hypothèse. L’examen des différents tests successifs a montré, en effet, que, chez ces enfants, ce n’était pas l’in- telligence verbale qui avait progressé mais l’intelligence raisonnée. Seule une désignation factice avait transformé des cancres potentiels en brillants sujets. La condition essentielle pour qu’un élève, pour qu’une classe réussisse, c’est, en somme, que le « prof » y croie. Ce serait bien là la réforme la plus économique qui soit. Mais aussi la plus difficile à appliquer. 18 Introduction aux grandes notions de la psychologie

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