Philosophie de la Nature PDF

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Summary

Ce document explore la philosophie de la nature, couvrant les concepts de nature, chaos, cosmos, physis, et logos. Il examine différentes perspectives historiques et utilise des extraits de philosophes tels qu'Aristote et Platon pour illustrer ses points. Le document est pertinent pour les études post-doctorales en philosophie et en histoire des idées.

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THEME 1 : Discusión sobre la inteligibilidad: caos y cosmos, Physis y lógos 1. Polisemia y perspectivas sobre la naturaleza → La nature comme ce qui n’a pas été fabriqué par l’Homme Définition extensionnelle : ce qui est la, indépendant de l’Homme, le tout...

THEME 1 : Discusión sobre la inteligibilidad: caos y cosmos, Physis y lógos 1. Polisemia y perspectivas sobre la naturaleza → La nature comme ce qui n’a pas été fabriqué par l’Homme Définition extensionnelle : ce qui est la, indépendant de l’Homme, le tout → sens normatif : le naturel, ce qui est naturel en opposition avec le non naturel ⇒ argument normatif, qui légitime quelque chose La nature désigne l'essence même d'une chose, ce qui la définit et la distingue des autres. C'est la source, l'origine et le principe constitutif de tout ce qui existe. On parle ainsi de la "nature humaine", de la "nature d'un arbre" ou de la "nature d'un phénomène physique" Dans un sens plus large, la nature désigne l'ensemble du monde physique, l'univers matériel dans lequel nous évoluons. C'est la toile de fond de notre existence, le cadre dans lequel se déroulent tous les phénomènes naturels. En grec, phusis vient de phyo ⇒ qui signifie : engendrer, produire, générer. La phusis signifie la croissance ⇒ la nature est donc une chose qui se génère elle-même, qui s’origine indépendamment de l’action humaine La nature est souvent perçue comme un principe d'ordre et de régulation, un ensemble de lois et de processus qui gouvernent le monde physique. 2. Chaos-cosmos, Physis- logos : el modelo clasico Pourquoi le réel est-il un ordre et non un chaos ? Physis vient de la racine phyo qui signifie engendrer, mais il a un double sens : d'une part, surgir, apparaître, quelque chose qui se produit par lui-même, qui surgit spontanément, qui a la capacité de se manifester et, d'autre part, la sémantique introduit le processus dérivé de cette apparition, c'est-à-dire le résultat. Il s'agit d'un processus qui donne lieu à une réalité pleinement constituée, en ce sens, nous pourrions dire que physei signifie ce qui surgit de lui-même et son résultat ; c'est intéressant parce que l'étymologie montre déjà qu'il ne s'agit pas d'un produit artificiel, né de la main de l'homme, mais de quelque chose d'indépendant. Les Latins traduisent cela par le terme natura qui vient de la racine naski qui signifie, une fois de plus, naître, quelque chose qui surgit spontanément. L'étymologie nous dit, dans 1/70 cette première approximation, que les choses se produisent d'elles-mêmes dans le domaine de la nature, selon un modèle interne et suivent un certain cours. C'est intéressant parce que nous voyons déjà ici qu'il y a une racine, le naturel est à la base une source de génération de la réalité, et ensuite il y a un devenir, un auto-accomplissement de ce qui a été généré, de ce qui a émergé. Nous avons tous entendu parler du passage du mythe au logos, c'est un processus très complexe en termes culturels, mais nous pouvons néanmoins accepter que la pensée philosophique naisse d'une tentative de voir quels sont les modèles stables de la nature, quelles sont les règles, les formes de production du réel indépendantes des caprices des dieux, même s'ils interfèrent dans la vie humaine. Il ne fait aucun doute que ce qui est recherché est un principe de stabilité, de régulabilité, à l'abri des caprices divins. A l'opposé de cette position ésotérique qui avait imprégné la tradition jusqu'alors, il s'agissait d'établir en termes de compréhension une réalité nécessaire qui ne soit ni capricieuse, ni arbitraire, ni changeante. C'est alors qu'apparaît la notion de cosmos, qui signifie étymologiquement un ensemble beau et ordonné, et qui, bien qu'elle ne soit pas formulée en termes scientifiques, révèle une certaine notion de loi, c'est-à-dire qu'il y a des lignes directrices, des mesures, des constantes, des régularités. Cela se retrouve dans différents domaines de la culture, comme l'astronomie. Il existe une lecture mathématique qui est aussi mystique - Pythagore, Platon, etc. - ; les mathématiques ont servi de langage à la nature. Si ces modèles existent, il ne peut y avoir d'arbitraire, mais il y a harmonie parce que les éléments de la réalité s'accordent, collaborent, s'emboîtent, chacun à sa place, remplissant ses fonctions particulières, il y a proportion. Les lois de l'univers se traduisent aussi dans la sphère morale et politique, l'univers est un modèle pour la vie humaine dans toutes ses dimensions, c'est pourquoi il est nécessaire de connaître la physis car c'est pour connaître la propre situation de l'être humain et obtenir une voie pour son comportement. En résumé, l'univers est nomothétique, (=dont l'objet et la méthode permettent d'établir des lois générales ou universelles, représentées par des relations constantes entre les phénomènes observés) il est constitué de lois qui doivent être traduites dans la sphère de la vie humaine, appliquées et comprises d'un point de vue proprement humain. « La nature dans son sens primitif et fondamental, c’est l’essence des êtres qui ont, en eux-mêmes et en tant que tels, le principe de leur mouvement. […] Les choses qui ne sont pas mues ne relèvent plus de la nature » - Aristote, Physique « La nature est un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement (= sans médiation, sans intermédiaire), par soi et non par accident » Physique II, 1 [192b20]. 2/70 ⇒ le Livre II de la physique d’aristote cherche les causes explicatives de la nature, car une simple observation et classification ne permettrait pas de remonter du particulier à l’universel. → Les 4 causes : efficiente, matérielle, formelle, finale (Le mot grec kosmo (cosmos) signifie, à la fois : "ordre", "beauté", "univers" et "monde". Mais le sens "ordre" est prédominant et archétypal car ce qui est en ordre est beau et la caractéristique majeure et essentielle de l'univers pris comme un tout, ou du monde civilisé, est d'être en ordre. L'idée d'ordre est donc capitale tant sur le plan cosmologique que sur les plans de la Matière, de la Vie et de l'Esprit (notamment de l'esprit humain tant personnel que communautaire).) Clarence Glackens - Traces of the Rodian Horse - considéré comme la première oeuvre de l'histoire de l’environnement, une discipline encore inconnue à son époque Dans cette oeuvre, Glackens évoque les 3 aspects à prendre en compte lors de la tentative de compréhension de la nature : - Dans la nature, il y a un ordre et une finalité qui se base sur deux autres principes - celui de la plénitude : la nature est ontologiquement complète. Sa richesse ontologique n’admet aucunes lacunes, mais elle reste tout de même délimitable et définissable (elle n’est pas infinie) - La nature est continue: il y a un continuum, il n’y a pas de vide, de discontinuité ⇒ toute chose de la nature obéit à un ordre nomothétique, c’est-à-dire, à des lois générales ou universelles. La nature humaine est ordonnée par le logos cosmique (le logos est à cette époque définit comme le logique, la raison mais aussi l’ordre cosmique, ainsi logos et nomos sont des termes corrélatifs) Pour saisir la phusis il faut le logos. Le cosmos est un tout parfaitement structuré, de telle manière que le microcosme et le macrocosme sont liés. Cette structuration est telle qu’elle semble avoir été créée par un logos, une intelligence. - Enfin, le troisième principe est celui de la providence : Le dessin de la nature a un caractère théologique L’exemple des astres permet de souligner d’une part, l’ordre parfait du cosmos et d’autre part, la correspondance entre le micro et le macro. 3/70 → L’ordre de l’univers, le macro, l’astronomie, est donc transposé au micro, l’ordre de la vie humaine via l’astrologie. Puisque l’univers est parfaitement ordonné, alors les astres sont un guide pour la structuration de la vie humaine (je crois) - Le deuxième aspect est celui de l’influence du moyen - Il y a une adéquation entre les sociétés humaines et l’environnement dans lesquelles elles se développent - Les pratiques de la médecine, sont à cette époque, liée à l’idée de la Nature providentielle - Par exemple dans le corpus d’Hippocrate, la santé des corps est gouvernée par l'équilibre des 4 éléments fondamentaux ⇒ application du macro au micro (lien entre l’air et le sang, entre l’eau et le flegme) - La santé est donc un équilibre entre les éléments et les fluides présents dans le corps - ⇒ il y a un certain déterminisme du monde extérieur qui influe sur l’intérieur, sur le corps. L’environnement dans lequel nous sommes, influe notre personne, nos comportements sont expliqués par notre composition naturelle (exemple : une personne sanguine…) - ⇒ analogie systématique entre le corps humain et la providence naturelle - La physionomie de l’environnement va déterminer la physiologie du sujet - Le troisième aspect est la prise de conscience de la capacité transformatrice de l’humain sur cet environnement - Les humains peuvent générer des instruments qui interfèrent avec l’ordre cosmique - Pour les Grecs il n’était pas possible de changer substantiellement l’ordre cosmique, ainsi la nouveauté historique du monde contemporain est la prise de conscience de la capacité à transformer qualitativement l’environnement - Dans l’antiquité, l’action humaine était perçue comme la continuation de l’ordre cosmique (de l'œuvre créatrice divine, pour le christianisme). Les Hommes peuvent changer l’ordre naturel lorsqu’il est en accord avec l’ordre cosmique - L’ordre cosmique comme équilibre et harmonie entre l’environnement naturel et la vie humaine ⇒ corrélation isomorphique entre le logos humain et le logos cosmique - les humains participent au logos universel et l’expriment via une praxis en accord avec cet ordre général 4/70 La conception du cosmos par les pythagoriciens : → Pour les Pythagoriciens, une vision du monde excluant l'homme n'aurait pas été une vision du monde. À leurs yeux, l'homme était intégré au monde comme l'œil à l'ensemble du corps. Le sens de l'existence humaine découlait de ce sentiment d'appartenance au grand Tout, lequel était appelé macrocosme (grand cosmos), par analogie à l'homme qui était considéré comme un microcosme.1 ⇒ le cosmos et les nombres coïncident Platon - conception organiciste du monde ⇒ le cosmos est comme un être vivant, il possède un corps et une âme. L’Homme est un microcosme de ce Tout organique et organisé - La division entre idée et matière : les idées sont la nature et elles ne sont que partiellement représentées dans la matière. Le monde matériel est dépréciable car il est seulement une manifestation des idées Aristote - la nature nous est visible et spontanée, elle est ici et nous entoure ⇒ conception horizontale en opposition avec la conception verticale platonicienne - l’étude de la nature est aussi une étude de l’Homme (opposition à Socrate qui considérait que la philosophie était avant tout étude de l’Homme et du savoir) ⇒ l’Homme est aussi un animal - réalité unique reposant sur deux concepts fondamentaux : la forme et la matière → la forme se réalise dans la matière par le mouvement - la philosophie est alors une science des causes plutôt qu’une science des idées - La forme est la cause première et le principe d’unité d’un être. Elle informe la matière. La forme d’un être n’est pas son apparence extérieure, mais son essence, la loi de sa construction, la force interne qui ordonne la matière. Elle est immatérielle. - La matière est donc le substrat qui reçoit les changements et qui à la possibilité de s’individuer - La forme n’existe pas séparément de la matière. Ce qui existe vraiment, c’est le composé forme-matière. La forme n’est pas quelque chose, mais ce par quoi le quelque chose est tel ou tel, tout comme l’idée de chaudron n’est pas un chaudron, mais ce qui permet de construire tous les chaudrons. - Par conséquent, puisqu’Aristote considère que nous ne pouvons accéder à l’universel que par le particulier, l’observation et la méthode inductive doivent être utilisées comme base de la connaissance. 1 http://agora.qc.ca/documents/cosmos--le_cosmos_selon_pythagore_par_jacques_dufresne 5/70 - Aristote postule également que dans le monde naturel les êtres animés portent en eux mêmes un principe de mouvement tendant vers un but, ce qui implique l’existence d’une finalité : si les êtres vivants se reproduisent et si leurs organes sont adaptés à leur fonction, ce n’est pas dû au hasard, car la nature ne fait rien en vain. En conséquence, pour pouvoir parvenir à la compréhension des principes qui régissent les êtres vivants, il faut d’abord procéder à une étude empirique et systématique des animaux, afin d’élucider les rapports entre leur morphologie, leurs fonctions vitales et leur mode d’existence (https://ise.unige.ch/isdd/IMG/pdf/aristote.pdf) - le réel, la phusis est le conjointement de toutes les substances, il n'existe donc pas de hiérarchie ontologique et pas de principe premier. Chaque substance a une entité propre selon une téléologie Le mouvement, chez Aristote, ne désigne pas seulement le déplacement, mais tous les changements, qu’ils soient qualitatifs, quantitatifs ou substantiels. La décoloration, la perception, la naissance, la croissance, la locomotion sont des mouvements. La physique, ou science de la nature (physis: surgissement, naissance, croissance), étudie l’ensemble des êtres qui se meuvent spontanément. Le mot «nature» désigne soit cet ensemble, soit le principe de changement interne à chaque être, qui n’est autre que son essence. Le changement naturel est téléologique. La cause poussant au changement un être est la cause finale, le fait qu’il doive se réaliser, qu’il devienne ce qu’il est - exemple : la graine devient arbre → la graine est un arbre en puissance - en puissance : ce qui est virtuel - en acte : ce qui est effectif, pleinement réalisé (entéléchie) ⇒ l’être en acte possède une plus grande perfection que l’être en puissance ⇒ le mouvement naturel tend vers le meilleur ⇒ jugement de valeur par Aristote, mais pas d’allusion à un jugement moral - le meilleure ou le pire en terme naturel Le changement n’est pas une suite discontinue d’apparitions et de disparitions; il y a quelque chose qui change, et demeure sous les qualités contraires: la matière. Elle appelle une forme, dont elle «éprouve» le manque, la privation. ⇒ Pour aristote le naturel est donc ce qui possède une fin, il est le principe intrinsèque au mouvement. Chaque chose dans l’univers a une cause finale, ce vers quoi tend naturellement un être en fonction de sa nature. De plus, tout ce qui existe est soumis aux changements, aux mouvements et ceux-ci sont guidés par une finalité interne propre. 6/70 Vivre conformément à la nature = développer toutes ses possibilités et capacités que la nature nous a donné (physiquement et métaphysiquement, sociale, morale et politique) Le hasard et l’accidentel : Bien que “la nature ne fasse rien en vain”, il existe des exceptions, le hasard et l’accident en font partie. Pour Aristote ces notions ont une relation plus lointaine avec la causalité. Le hasard n’est pas l’absence de cause motrice, car tout est déterminé, mais l’absence de cause finale. Le hasard est quelque chose qui arrive sans intention ni but, un événement contingent et imprévisible. L’accident n’a pas non plus de cause déterminée, de cause nécessaire, il est un fait contingent. Un accident est une rupture ponctuelle de l’ordre naturel. Celui-ci ne change pas l’essence de l’être ou de la chose qu’il touche. Par exemple, si un chien tombe malade, c’est un accident pour le chien puisque cela ne répond pas à sa son essence naturelle, mais cela ne la modifie pas. ⇒ par opposition le naturel est causé, donc prévisible et déterminable puisque la nature opère selon des causes internes ⇒ utilisation d’un langage binaire - causé (naturel)// non causé (chance, hasard) - le déterminé, le prévisible// le contingent 3. Correlaciones entre naturaleza y razón: el isomorfismo L’isomorphisme entre la raison et la nature soutient une corrélation entre la structure du raisonnement humain avec certains aspects de la nature. L’être, le penser, et le langage partageraient la même structure logique, le même logos Pourquoi peut-on affirmer que le réel est connaissable, intelligible ? Le réel est possible car il suit un dessein, il existe une rationalité et une cohérence du réel, faisant ainsi du hasard l’ennemi de l'intelligibilité Pour certains philosophes, notamment dans la tradition rationaliste, l'isomorphisme de la raison et de la nature peut signifier que les lois de la pensée humaine, telles que la logique et les principes de la raison, reflètent ou sont en harmonie avec les lois fondamentales de la nature. Dans cette optique, il y a une certaine concordance ou correspondance entre la façon dont l'esprit humain opère et la manière dont l'univers fonctionne. D'autres interprétations de l'isomorphisme entre la raison et la nature mettent l'accent sur les analogies entre les structures mentales humaines et les structures observées dans la 7/70 nature. Par exemple, certains philosophes ont soutenu que les catégories conceptuelles ou les schémas de pensée humains sont en quelque sorte réfléchis dans les structures et les motifs observés dans le monde naturel. On peut alors se poser la fameuse question de la téléologie, dans quelle mesure cet ordre est-il aussi finaliste ? Mettons l'accent sur ce qui reste ou ce qui change, sur l'être ou le devenir... La plupart des traditions mettent l'accent sur le téléologique, si la nature est ordonnée, une partie de son ordonnancement devrait supposer, selon ces positions, qu'elle suivra des étapes fixes, que sa manifestation obéira à des schémas invariables. Les choses suivent un ordre parce que certaines causes génèrent certains effets qui à leur tour génèrent d'autres causes, c'est l'idée des atomistes, mais c'est une chose de dire que les choses sont causalement déterminées et une autre de dire qu'elles sont téléologiquement dirigées. Tous s'accordent fondamentalement sur la négation du hasard, bien qu'avec des nuances et des intensités différentes, l'objectif étant d'éviter l'arbitraire, l'impensable, le chaotique, le non-logique. Le hasard, à proprement parler, ne peut exister car sinon il n'y aurait pas de nature en tant que telle, pas de processus, pas de pluralité. En effet, le hasard pur, l'imprévisible, le chaotique absolu, le changeant, n'est pas intelligible, on ne peut pas penser le hasard, on ne peut pas comprendre un monde absolument volubile qui ne suit aucun modèle, il n'y aurait pas d'ordre, pas d'harmonie, pas de beauté, tout serait arbitraire, pur conflit, chaos absolu. Ainsi, on pourrait dire avec Heidegger et Rosset qu'il y a trois plans dans le réel : (i) le naturel, celui qui est spontané et qui poursuit sa propre fin en s'auto-développant. (ii) Il y aurait un deuxième type de réalités qui sont humaines ou artificielles, les humains font des choses dans un but, il y a un but, mais pas de spontanéité, l’artefactuel ne naît pas de lui-même, il ne se développe pas indépendamment de nous, c'est le propre du naturel. (iii) Le hasard, où il y a de la spontanéité, les choses arrivent d'elles-mêmes mais n'ont pas de but, elles ne mènent nulle part. La nature est ce qui est spontané et à un développement finaliste inhérent, l'artifice est ce qui n'est pas spontané puisqu'il est fait par un agent mais qui implique une finalité. Le hasard, quant à lui, se produit en soi, mais sans but, sans véritable articulation. C'est ce que les Grecs rejettent, le hasard, car ils le considèrent comme un antagonisme entre différentes lignes de causalité, le hasard est l'exception qui confirme la règle, le hasard est ce qui modifie l'ordre naturel de manière ponctuelle. 8/70 L'isomorphisme entre le logos cosmique et le logos humain établit une corrélation profonde entre la nature et la raison. Selon cette vision, les humains participent au logos universel et l'expriment à travers une praxis alignée avec cet ordre général. Le terme "cosmos" ne se limite pas à une dimension physique mais inclut aussi des aspects juridiques, pragmatiques et esthétiques, signifiant que l'action humaine réalise et reflète l'ordre cosmique. Ainsi, les lois, les coutumes et la technologie sont des manifestations de cet ordre universel. Les pythagoriciens proposaient une coïncidence absolue entre le numérique et le cosmique, affirmant que les proportions harmonieuses qui organisent l'univers sont également des expressions numériques. Cette harmonie universelle se retrouve dans le devenir des choses, qui est une expression de leur être essentiel. Platon conceptualise cette idée de manière claire à travers son monde des idées (eidos), où les idées parfaites sont imparfaitement exprimées dans le monde sensible. Pour lui, il existe un ordre des idées face au désordre de la matière. Dans "Les Lois", Livre 4, il discute des principes absolus et inaltérables qui permettent de comprendre l'existence, rejetant le hasard, vu comme source du mal. Selon Platon, la physis (nature) représente une structure homogène englobant des dimensions biologiques, cosmiques, logiques, morales et sociales, organisées de manière cohérente. Pour Platon, les idées sont la nature elle-même, traduites partiellement dans le monde matériel. Ce dernier est déprécié car il n'est qu'une manifestation imparfaite des idées. Le pessimisme platonicien se manifeste dans la croyance que l'ordre cosmique, instauré par le démiurge, est susceptible d'être détruit par l'action humaine, signifiant une autodégradation de notre civilisation. En somme, l'ordre cosmique se transpose à l'ordre humain dans toutes ses dimensions, y compris anthropologiques, où les âmes et les fonctions sociales se différencient. La physis implique une corrélation entre tous les ordres – cosmique, politique, anthropologique – soulignant une organisation homogène et interconnectée à travers tous ces domaines. La position philosophique gréco-latine repose sur l'affirmation d'un isomorphisme entre la pensée, l'être et le langage, soutenant que ces trois dimensions partagent une même structure logique, le logos. Cette position présuppose une correspondance intrinsèque entre le physio (nature), le logos (raison) et le nomos (loi), affirmant ainsi que la réalité est compréhensible et connaissable. Les questions fondamentales sur l'identité de l'univers, de la société humaine et des êtres humains s'articulent autour de la notion que le réel suit un dessein rationnel et cohérent, rendant le hasard, perçu comme non intelligible et incontrôlable, un ennemi philosophique. 9/70 La conception grecque du réel s'appuie sur des grandes catégories pour appréhender le monde. La causalité est essentielle dans cette conception, car elle permet de comprendre l'absence de hasard et la présence d'un ordre logique. La nécessité est une affirmation ontologique centrale, posant que le réel est et ne peut pas ne pas être, qu'il est parfait et cohérent. Les philosophes comme Aristote et Platon rejettent le déterminisme strict, contrairement aux atomistes qui prônent un déterminisme physique. Épicure, par exemple, considère le déterminisme physique comme une menace à l'autonomie humaine. Les mouvements, comprenant toutes formes d'activités, de générativité et de changement, ainsi que la finalité, qui peut inclure un développement conscient ou inconscient, sont des éléments clés de cette conception. Ces idées fournissent une vision intégrée du réel, où chaque élément a un rôle et une fonction dans un tout cohérent. L'intention pratique de cette vision philosophique vise à donner sens à la réalité, permettant de comprendre comment les choses sont et ce que l'on peut espérer des humains et de la société humaine. L'harmonie est une notion centrale, suggérant que l'ordre cosmique n'est pas seulement descriptif mais possède un caractère normatif et cognotatif : les choses sont comme elles devraient être. Cette harmonie se reflète dans divers domaines comme la religion, l'éthique, la politique et l'esthétique, où chaque forme de connaissance reconnaît que les choses sont telles qu'elles sont. Les Grecs projetaient une cosmovision à l'univers, créant un cercle de rétroalimentation entre position, conception et intention, formant ainsi la base de la culture occidentale. L'être humain cherche constamment à réduire les incertitudes pour atteindre la sécurité, que ce soit dans la nature ou dans la vie sociale. En comprenant et en s'adaptant à l'ordre cosmique, les humains trouvent leur place dans un monde harmonieux et cohérent. Position, Conception et Intention dans le Christianisme Position : La grande affirmation du christianisme est qu’il existe un Dieu transcendant, distinct de la nature, qui est le sujet véritable de la réalité. Contrairement à une vision où la nature est autonome, le christianisme postule que tout ce qui existe est une création de Dieu. Dieu est autosuffisant et éternel, tandis que la nature et les créatures sont contingentes et dépendantes de Dieu. Cette distinction fondamentale entre Dieu et la nature pose des questions complexes, notamment la conciliation entre la liberté absolue de Dieu et la relative liberté de la nature. Si Dieu est absolument libre, il doit néanmoins y avoir un ordre naturel cohérent, suggérant que Dieu agit de manière rationnelle et non capricieuse. 10/70 Conception : La nature, dans la vision chrétienne, devient le deuxième livre des révélations après les Écritures. Connaître l’ordre naturel permet de se rapprocher de Dieu, car la contemplation de la création révèle la beauté et l’harmonie divine. La nature, bien qu’elle dépende de Dieu, possède une valeur intrinsèque et une consistance en elle-même, servant de médiatrice entre l'humanité et le divin. Cette conception est influencée par les catégories platoniciennes de participation, où la nature participe partiellement à la divinité, et par la causalité aristotélicienne. Thomas d'Aquin, par exemple, met l'accent sur l'autonomie relative de l'ordre naturel, affirmant que Dieu a donné à la nature une autonomie causale. Intention : L'intention pratique de cette vision est d'ordonner le monde naturel et moral en fonction du dessein divin, réalisant ainsi le bien ultime. La nature, en tant que création de Dieu, nous invite à une contemplation qui nous rend meilleurs. Le christianisme projette un sens spirituel dans l’ordre naturel, orientant tout vers la salvation et la fin des temps. Le Christ, en tant que fils de Dieu, donne sens à toute l'histoire et à l'ordre naturel, incarnant la présence divine sur terre. Cette historicité linéaire introduit une notion de progrès historique, tant matériel que spirituel, où l’humanité continue l’œuvre créatrice de Dieu. En synthèse, le christianisme propose une vision où l’ordre naturel et historique sert le bien moral ultime. Les humains, en tant qu’exécutants du dessein divin, participent à la création continue, transformant le monde naturel et lui conférant un sens moral. Ainsi, l’ordre naturel et l’histoire humaine sont au service du bien, intégrés dans un plan divin cohérent et harmonieux. 4. Naturaleza, providencia y religión: del diseño al ajuste fino Nature, Providence et Religion La vision chrétienne de la nature, de la providence et de la religion se caractérise par une profonde interaction entre le divin et le naturel, sans rupture mais avec une distinction claire. Le concept de division naturante et naturée illustre cette continuité, où le naturé (création) découle du naturant (créateur) de manière intrinsèque. Dans la tradition religieuse, la nature est perçue comme une manifestation directe de la volonté divine. Des philosophes comme Averroès ont mis l'accent sur la continuité entre le ciel et la terre, une idée également reprise par des auteurs chrétiens comme Maître Eckhart. Eckhart, 11/70 dont certaines œuvres furent interdites par l'Église, soutenait que Dieu et l'être sont identiques, car Dieu crée en lui-même et non en dehors de lui. Cette co-naturalité implique que Dieu n'est pas opposé au monde mais en est l'unité des contraires. Le monde est donc une expression directe de Dieu, et les créatures sont les formes à travers lesquelles Dieu devient conscient de lui-même. Selon Eckhart, "je suis une cause que Dieu existe", soulignant une relation de rétroalimentation entre cause et effet où la création est nécessaire au déploiement divin dans le monde, menant à une forme de panthéisme où Dieu et la nature sont intimement liés. Nicolas de Cues développe une vision où le monde est l'expression de Dieu, mais Dieu demeure distinct dans les créatures. Cette approche souligne une unité ultime où les contradictions et fragmentations de la réalité trouvent leur résolution en Dieu. L'ignorance consciente de Dieu devient une forme de sagesse, et la finitude humaine se projette dans l'infinité divine, résolvant la multiplicité et les oppositions dans une unité divine. L'approche de saint Thomas d'Aquin ajoute une dimension épistémologique. Il admet une disproportion entre Dieu et les créatures, soulignant une asymétrie où Dieu est actif et créateur, tandis que les créatures sont passives et dépendent de la puissance divine. Cependant, il existe une similarité par analogie, permettant de relier Dieu et les créatures sans identification totale. Cette analogie établit une distance intermédiaire entre l'univocité (identité totale) et l'équivocité (différence totale). Le langage de la pluralité et de l'unicité est crucial dans cette perspective. Dieu, en tant qu'Un déterminé, entretient des relations plurielles avec ses créatures variées. Il se relie différemment à une pierre, un animal ou un être humain, reflétant une hiérarchie de participation dans la perfection divine. Dans cette vision, la nature n'est pas perçue péjorativement comme chez Platon, mais valorisée pour ses propres mérites. Ainsi, la vision chrétienne du monde présente un continuum bipolaire où Dieu et le monde sont deux pôles d'une même réalité. Cette perspective nuance l'identité ontologique sans la rompre, montrant une interconnexion intime où le matériel et le spirituel, le naturel et le divin, se rejoignent pour former un cosmos ordonné et cohérent. La matière est appréciée non pas pour ce qu'elle manque, mais pour ce qu'elle possède, et la réalité se présente comme consistante, faisant de ce monde le meilleur possible, divinisé par la présence et l'action continue de Dieu. L’une des grandes affirmations du christianisme est l’existence d’un être transcendant, qui place donc la nature en tant que sujet second et non comme sujet premier comme il était 12/70 souvent le cas auparavant. Le sujet du réel est Dieu, il est celui qui crée ou non la nature, tout est œuvre de Dieu. Tout ce qui existe est contingent (y compris la nature) sauf Dieu Ainsi, une des conditions de la nature devient sa possibilité d’être créer, alors qu’auparavant elle était autonome. De ce fait Dieu et la nature ne peuvent pas être identifié l’un à l’autre, ils sont totalement distincts La nature comme l’oeuvre de Dieu : connaître le créateur à travers ses oeuvres On peut connaître Dieu à partir de la beauté et l’harmonie de la nature, de la création. Connaître l’ordre naturel c’est donc se rapprocher de Dieu, la contemplation nous rend bon. "Qu'est-ce donc que Dieu ? J'ai interrogé la terre et elle m'a dit : « Je ne suis point Dieu. » Tout ce qui s'y rencontre m'a fait le même aveu. J'ai interrogé la mer et les abîmes, et les êtres vivants qui s'y meuvent et ils m'ont répondu : « Nous ne sommes pas ton Dieu ; cherche au-dessus de nous ! » J'ai interrogé les vents qui soufflent, et le nom de l'air avec ses habitants m'a dit : « Anaximène se trompe, je ne suis point Dieu. » J'ai interrogé le ciel, le soleil, la lune et les étoiles : « Nous ne sommes pas davantage le Dieu que tu cherches » m'ont-ils déclaré. J'ai dit à tous les êtres qui assaillent la porte de mes sens : « Entretenez-moi de mon Dieu, puisque vous ne l'êtes point, dites-moi quelque chose de lui. » Et ils m'ont crié d'une voix éclatante : « C'est Lui qui nous a créés. » Pour les interroger, je n'avais qu'à les contempler, et leur réponse, c'était leur beauté." Augustin, Les Confessions, X, 6, GF, 1964, p. 207-208. ⇒ la nature participe à la divinité puisqu’elle révèle la grandeur, la puissance, la beauté et la sagesse de Dieu. La nature n’est pas en elle-même divine mais possède tout de même une valeur intrinsèque. Elle est le moyen par lequel Dieu se dévoile aux Hommes, elle est une manifestation de sa création. L’ordre naturel est eschatologique, Saint Thomas D’Aquin eschatologique = ensemble des doctrines religieuses qui portent sur la fin des temps. Ainsi, alors que dans le judaïsme le croyant vit encore dans l’attente du Messie, les chrétiens attendent seulement son retour lors du jugement dernier 13/70 Pour Saint Thomas, la philosophie n’est pas contraire à la théologie - “la philosophie est la servante de la théologie” ⇒ il y a une articulation de foi et raison ou la raison est au service de la foi Comme Aristote, Thomas d’Aquin pense que le bonheur est le but de l’existence. Seulement, il juge cette aspiration inaccessible sur Terre : la connaissance de Dieu, d’où naît la béatitude, ne peut s’atteindre qu’après la mort. En ce sens, la théologie vient sauver la philosophie et reste indépassable. Le concept d’ordre naturel se réfère à la manière dont les choses sont organisées dans le monde naturel. Saint Thomas affirme alors qu’il existe un ordre naturel autonome, causal et cohérent qui se fonde sur lui même pour démontrer la bonté de Dieu Ainsi, c’est la venu du christ sur terre lors du jugement dernier qui donne un sens à l’histoire et à l’ordre naturel - l’histoire humaine a une finalité établie par la volonté divine - le jugement, moment eschatologique met fin à l’histoire de l’humanité Le christ, fils de Dieu, est le médiateur entre le divin et le profane. Il représente parfaitement la présence de Dieu sur terre, la divinité en un sens, s’humanise à travers le Christ. La nature a donné naissance à un être humain, qui est aussi divin L’histoire humaine consiste donc à traduire en actions ce que la nature et la venu du Christ sur terre nous dictent. Les humains continuent l'œuvre créatrice de Dieu, l’histoire est la scène de la capacité transformatrice des être pour ordonner le mode naturel et lui donner un sens moral. Nous sommes les exécutants du dessein de Dieu. Chez saint Thomas d'Aquin, il existe une continuité entre le domaine de la nature et celui du divin, bien qu'ils soient distincts. Cette perspective s'inscrit dans sa vision théologique et philosophique qui cherche à concilier la foi chrétienne avec la raison et la philosophie aristotélicienne. - Saint Thomas reconnaît que Dieu est à l'origine de l'ordre naturel et des lois qui régissent le monde naturel. Pour lui, les lois de la nature sont des expressions de la volonté divine qui maintiennent l'ordre et la cohérence dans la création. - Dieu agit à travers sa Providence pour diriger et gouverner le monde naturel. La Providence divine est donc le lien entre le domaine de la nature et celui du divin, car elle représente l'intervention de Dieu dans le monde naturel pour accomplir ses desseins. 14/70 - Saint Thomas voit également une finalité téléologique dans la nature, c'est-à-dire une orientation ou un but intrinsèque. Cette finalité est vue comme étant insufflée par Dieu dans la création, et elle est révélatrice de son dessein divin pour l'ensemble de l'univers. Nicolas de Cusa - Le monde est l’expression de Dieu ⇒ le monde en tant qu’il est la création de Dieu reflète la nature divine. Le monde n’est donc pas seulement une réalité matérielle mais une manifestation de l’essence divine. En étudiant le monde et ses lois, ont est plus proche de la connaissance de Dieu - L’immanence de Dieu dans ses créations ⇒ La présence divine n’est donc pas uniquement transcendante (au-delà du monde matériel) mais intrinsèque au monde, dans chaque aspect de la création. Toute création porte en elle la manifestation de Dieu - La Manifestation Divine à travers les Créatures ⇒ Dieu s'exprime à travers ses créatures. Chaque créature, qu'elle soit grande ou petite, simple ou complexe, révèle une facette de la nature divine. En étudiant les créatures et en comprenant leur diversité et leur ordre, les êtres humains peuvent donc percevoir et comprendre certains aspects de la nature divine. De plus, Nicola de Cusa affirme que dans l’unité de Dieu se dissipe toute fragmentation ou contradiction apparente dans le monde matériel. - Dieu transcende les catégories de l’opposition. Par conséquent, ce qui semble être contradictoire ou opposé dans le monde fini peut être perçu comme coexistant harmonieusement dans l'unité divine. Par exemple, le fini et l'infini, l'unité et la multiplicité, le bien et le mal, tous ces opposés se trouvent en Dieu d'une manière qui transcende notre compréhension humaine limitée. - Dieu est un, sans division ni fragmentation. Cette unicité divine implique que toutes les différences et les diversités dans le monde fini trouvent leur origine et leur unité en Dieu. Ainsi, malgré la diversité apparente et les divisions dans la création, tout est en fin de compte uni et harmonisé en Dieu.. Vision tripartite qui caractérise les relations entre Dieu, le monde et l'humain : - Dieu est l'infinitude infinie, c'est-à-dire qu'Il est infiniment plus grand que tout ce qui est fini. Dieu est au-delà de toute conception humaine et transcende même la notion d'infini telle que nous pouvons la comprendre. En tant qu'infinitude infinie, 15/70 Dieu est la source et le fondement de toute réalité, et il est absolument transcendant par rapport à la création. - Le monde est caractérisé par son infinitude finie. Cela signifie que le monde est infini dans le sens où il est sans limites et en constante expansion, mais cette infinitude est finie en comparaison de l'infinitude infinie de Dieu. Le monde, dans cette perspective, est l'expression de la créativité divine et de la puissance de Dieu, mais il reste néanmoins distinct de Dieu. - L'être humain occupe une position particulière. Bien qu'étant fini dans sa nature, l'humain possède la capacité de comprendre ou d'intuitionner l'infinitude divine. Cette capacité découle de la participation de l'humain à l'image divine et de la présence de la raison et de l'intellect dans sa nature. Par conséquent, même si l'humain est limité dans sa compréhension, il peut s'ouvrir à l'infinitude divine à travers la contemplation, l'intuition et la recherche intellectuelle. 5. Un cuestionamiento general: la antinaturaleza y el azar La nature est utilisée comme une notion multiusages, qui sert à légitimer un ordre social, politique, moral en lui attribuant une perfection inaccessible pour l’être humain, ou bien comme excuse en se déresponsabilisant car l’ordre naturel me l’a imposé… L’être humain abdique de sa responsabilité épistémique, pragmatique, morale car il existe un ordre supérieure ou éventuellement certaines formes de désordre face auxquelles je ne peux rien faire Clément Rosset - l’Anti-nature Remet en question cette idée d’une nature ordonnée et finaliste, car d’un point de vue épistémique nous n’avons jamais vraiment défini ce qu’était la nature. ⇒ définition négative, ce qu’elle n’est pas → pas artifice, pas hasard… Dans "L'Anti-Nature", Rosset s'oppose à l'idée que la nature soit dotée de sens ou de valeurs inhérentes. Il remet en question l'idée selon laquelle il existe un ordre naturel ou une finalité dans le monde. Au lieu de cela, il avance l'idée que la réalité est essentiellement dénuée de sens, et que les êtres humains projettent leurs propres significations sur le monde. - La négation de la finalité dans la nature - Rosset soutient que la nature est dépourvue de tout sens ou finalité intrinsèque. Il rejette l'idée selon laquelle il y aurait un dessein ou une intention derrière les phénomènes naturels. Selon lui, la nature est simplement ce qu'elle est, sans justification ultime ou explication métaphysique. - La projection humaine de sens - Rosset affirme que les êtres humains ont tendance à projeter leurs propres significations sur le monde naturel. Nous interprétons la 16/70 nature à travers nos propres filtres cognitifs, culturels et émotionnels, ce qui nous amène à attribuer des valeurs ou des intentions là où il n'y en a pas. Ainsi, les concepts tels que la beauté, la bonté ou la perfection ne sont que des constructions humaines. Nous adoptons toujours le pdv du sujet, qui affirme quelque chose à propos du naturel Pas l’objet qui nous parle - la nature ne parle pas, c’est nous qui la faisons parler, nous adoptons un pdv culturel ==> toutes propositions, théories sont anthropocentristes ==> il n’y a pas de réalité en soi mais une réalité pour soi (l’être humain, qui construit des discours depuis son époque, ses connaissances, ses désirs, ses outils…) c’est nous qui interprétons - Le nihilisme comme libération - Contrairement à certaines interprétations nihilistes qui peuvent être perçues comme pessimistes, Rosset voit dans la reconnaissance de l'absence de sens dans la nature une forme de libération. En acceptant l'absurdité et l'irrationalité de la réalité, nous pouvons être libérés des illusions métaphysiques et des attentes déçues. Ce n’est pas une position irrationnelle ou anti-rationnelle mais a-rationnelle, c’est-à-dire aux marges de la raison ⇒ le réel n’est ni bon ni mal, il est amoral Exemple de l’épicurisme : L’Univers infini est formé d’atomes agités d’un mouvement perpétuel qui existent depuis toujours et pour l’éternité La forme n’est pas infini : → Épicure limite d’abord l’infini atomique qui, nous l’avons vu, joue un rôle fondamental dans la physique de Démocrite. Le nombre des atomes est toujours infini mais celui de leurs formes ne l’est plus absolument ; celui-ci est simplement inconcevable, sans quoi nous devrions aussi admettre un nombre infini de grandeurs atomiques → s’il n’y a pas une infinité de grandeurs atomiques, ce n’est pas seulement parce que l’atome est par principe imperceptible, c’est, plus positivement, parce qu’on ne constate rien de tel Aux yeux d’Aristote l’atome ne peut échapper à la divisibilité mathématique, même si l’on postule, comme le font les atomistes, son indivisibilité physique : si l’atome se meut et franchit ainsi une limite spatiale, c’est que l’on peut distinguer en lui la partie qui a déjà franchi la limite et celle qui ne l’a pas encore franchie 17/70 A cela Epicure répond que l’atome est composé de partie et que ces parties ne se meuvent pas seules et sont insécables. Le mouvement est alors mouvement de toutes les parties. Le mouvement des atomes, déviation… : → les atomes se meuvent tous à la même vitesse et tous vers le bas. Ils sont emportés par leur poids. Donc leur poids est cause de mouvement Mais cela voudrait dire que les atomes tombent comme des gouttes de pluies, tous dans la même direction, et donc ne se touchent jamais. → l’épicurisme introduit alors la déviation atomique, le clinamen → La formulation de ce principe n’a pas pour seule fonction de répondre aux difficultés relatives à l’explication du mouvement atomique. Elle doit aussi fonder la possibilité de l’acte libre. Il est donc assez difficile de distinguer les deux aspects, physique et éthique, de cette théorie ⇒ déviation = explication physique et morale ⇒ clinamen, combine une certaine connaissance de la nature (atome) et accepte une certaine forme de hasard (la déviation des atomes) Le clinamen est interne à l’atome, il possède en lui le principe de hasard Lucrèce ne nie pas le fait de la nécessité, mais seulement l’idée qu’elle soit une cause absolument déterminante. Le vide est nécessaire, c’est un “lieu intangible. Sans vide il n’y aurait pas de mouvement mais pas non plus de matière → “la matière, figée, serait partout en repos” Lucrèce Justification de la présence du vide : → les choses poreuses, exemple : rocs et cavernes humides, l’eau passe à travers → S’il n’y avait pas de vide pour permettre le mouvement, on ne pourrait pas être témoins de l’arbre qui pousse et qui change à chaque saison, on ne pourrait pas entendre les voix à travers les murs, on ne pourrait pas sentir le froid dans nos os… “S’il n’y avait dès espace vides à travers lesquels tous les corps peuvent passer, tu ne pourrais d’aucune manière voir tout cela se produire” → certaines choses de la même taille sont plus lourdes/légères que l’autres → présence + ou - du vide 18/70 THEME 2 : Naturaleza y concepciones del mundo 1. Paradigmas y niveles de lo real Dans toute pensée philosophique, il y a quelque chose comme le raffinement, l'élaboration sophistiquée de ce que nous pouvons appeler la conception naturelle des choses ou l'image naturelle du monde. Autrement dit, dans toutes les cultures, il existe une théorie pré-scientifique et spontanée de la façon dont les choses sont, de la réalité, quelque chose comme des croyances universelles qui ont trait à une explication de base de la réalité et qui ne doivent pas être considérées comme irrationnelles ou nécessairement dépassées. Il ne s'agit pas ici de l'approche positiviste de Comte selon laquelle il y a d'abord une réalité mythique, puis métaphysique et enfin scientifique, mais plutôt de la coexistence de ces deux grandes manières de comprendre le réel - mythique ou pré-scientifique et scientifique proprement dite. Dans notre vie quotidienne, les deux sont présentes en chacun de nous, il y a quelque chose d'intuitif, d'utilitaire et d'applicable aux petites choses de la vie dans ce que nous avons appelé l'idée naturelle du monde, bien que nous sachions que d'un point de vue scientifique il y a des contenus qui nous parlent de cette réalité, avec un langage et des catégories différentes. 2. La pregunta por el sentido: heteronomía y autonomía Autonomie = “se donner ses propres lois” hétéronomie = état de dépendance dans lesquels les lois proviennent de l’extérieur Devons-nous obéir à l'ordre naturel ou suivre les règles naturelles données dans le réel identifié par nous ? Le chrisitanisme offre une vision particulière de l’histoire : Tout d’abord, puisque Dieu est le créateur, l’histoire commence lors de cette création. Dieu donne un sens, une intention à l’existence humaine et à l’univers. L’histoire est perçue comme un processus linéaire. L’alpha et l’oméga, un début et une fin historique. 19/70 L’histoire est dépositaire du dessin spirituelle que dieu a donné à la création ==> dans l’histoire même il y a un dessin qui se déploie de manière immanente, la révélation donne les outils aux êtres humains pour qu’ils construisent l’histoire selon la volonté de Dieu Dieu a un dessein ou un dessein spirituel pour toute la création, et l'histoire humaine est le moyen par lequel ce dessein se réalise progressivement. Providence divine : Les chrétiens croient généralement en la providence divine, c'est-à-dire que Dieu est activement impliqué dans le monde et guide les événements de l'histoire selon son dessein souverain. Rien n'arrive par hasard, et chaque événement contribue d'une manière ou d'une autre à l'accomplissement du dessein de Dieu. Révélation progressive : À travers les récits bibliques de la création, de la chute, de la rédemption et des prophéties, les chrétiens croient comprendre les grandes lignes du dessein de Dieu pour l'histoire. Eschatologie : La fin des temps, selon la tradition chrétienne, verra l'accomplissement final du dessein de Dieu pour la création. Le retour de Jésus-Christ, le jugement dernier et l'avènement d'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre sont interprétés comme les dernières étapes de l'accomplissement de ce dessein. Saint Augustin tente de concilier les luttes et conflits du monde avec la promesse du salut chrétien, il veut donner espoir Augustin a développé une perspective théologique qui insiste sur la suprématie de la grâce divine et de la providence dans l'histoire humaine. Il enseignait que malgré les tourments et les tumultes du monde, Dieu est souverain et son dessein de salut pour l'humanité ne peut être contrecarré par les événements historiques. Pour Augustin, l'espoir réside dans la confiance en la grâce divine et dans la certitude que Dieu travaille à travers les événements de l'histoire pour réaliser son dessein de rédemption. Même lorsque les circonstances semblent sombres et désespérées, il enseignait que les croyants devraient garder la foi en Dieu et en sa promesse de salut éternel. La pensée moderne : relation nature-culture en terme de progrès Kant → nature téléologique → développement moral et rationnel des Hommes 20/70 3. Les visions du monde : typologies et implications. Dilthey réfute l’objectivité de l’histoire en affirmant que tout est historique, épocale et sujet à interprétation. L’Homme est un être historique, la conscience humaine est une conscience historique et non plus une conscience transcendantale ⇒ Si nous voulons connaître la vie humaine, nous ne devons pas chercher une supposée essence ou structure métaphysique ou transcendantale de la conscience, mais nous devons connaître l'histoire. Il n’y a pas de vérité ou de valeur universelle. Dilthey comprend que si l'on observe attentivement l'histoire, on se rend compte qu'il existe des constantes, des régularités, c'est-à-dire que l'expérience vécue au fil du temps est similaire dans toutes les cultures, du moins dans les grandes lignes. En d'autres termes, il y a une certaine nature humaine qui s'exprime historiquement avec certaines constantes, ce que l'auteur dit, c'est que précisément parce qu'il y a une nature humaine universelle - il y a là un paradoxe - si tout était historique, comment serait-il possible qu'il en soit ainsi ? 4. Nature et théorie de l’action La relation entre l'homme et la nature ne se limite pas à la contemplation mais s'étend à une interaction active et transformative. Cette dynamique marque non seulement notre rapport à l'environnement mais aussi nos relations sociales. La domination de la nature va souvent de pair avec la domination de l’homme par l’homme, un concept crucial dans la pensée de Hannah Arendt. Vie Pratique et Action chez Hannah Arendt : Hannah Arendt, dans "La Condition humaine", distingue trois types d'activités humaines : le travail (labor), l'œuvre (work) et l'action (action). Le travail est lié aux activités domestiques et privées, visant à satisfaire les besoins biologiques de base, comme la nourriture et le chauffage. Ce travail est répétitif et mécanique, ancré dans notre contact immédiat avec la nature. Cette forme de vie, pour les Grecs, était une forme de servitude, n'offrant aucune liberté. L'œuvre, en revanche, représente un changement par la production systématique de biens et services. Ici, la matière naturelle est transformée en marchandises, créant des relations sociales économiques telles que celles entre patrons et employés. Bien que ce soit un espace plus public que le travail domestique, Arendt critique la société fondée sur la marchandise pour sa tendance à réduire les interactions humaines à des flux économiques, 21/70 qu'il s'agisse du capitalisme ou du marxisme. Dans cette sphère, il y a une chosification et une réification des relations humaines. L'Action : Espace de Liberté : Arendt considère que la véritable liberté ne peut être trouvée que dans l'action, distincte du travail et de l'œuvre. L'action se déroule dans le domaine politique où les individus agissent et interagissent en égaux. Ce domaine est fragile et souvent menacé, mais c'est seulement ici que les humains peuvent être véritablement libres. L'action, caractérisée par le discours, n'a pas pour but de produire des objets mais de raconter et de narrer, résidant ainsi dans la praxis. La Théorie de l'Action et la Nature : Notre interaction avec la nature influence profondément notre comportement social. La manière dont nous exploitons et détruisons la nature se reflète dans nos relations humaines. La théorie de l'action d'Arendt implique une conscience accrue de cette dynamique, où la domination de la nature s'accompagne d'une domination sociale. La Vision Historique et Éthique : Arendt propose que vivre historiquement signifie être conscient du passé et du futur. Le pardon est essentiel pour nous libérer des erreurs passées, et la capacité de promettre nous engage dans des actions futures, créant ainsi un sujet actif et volontaire. Ce sujet, doté de moyens symboliques et matériels, peut planifier ses actions et se doter de projets de vie, allant au-delà de la simple individualité libérale. Conclusion : En somme, la nature et la théorie de l'action sont intimement liées. La relation active avec la nature façonne notre comportement social et politique. La véritable liberté, selon Arendt, se trouve dans l'action politique, où les individus interagissent en égaux et où la narration et le discours prennent le pas sur la production matérielle. Cette vision nous invite à repenser notre rapport à la nature et aux autres, cherchant à harmoniser nos actions avec un sens éthique et historique profond. 5. Vers une Synthèse de Nature, Culture et Histoire https://profjourde.wordpress.com/2008/12/23/la-culture-fiche-de-synthese/ 22/70 La relation entre nature, culture et histoire forme un circuit de rétroalimentation constante, où chaque aspect influence et transforme les autres. Pour comprendre le sens du réel, il est crucial de distinguer ces trois plans et d'examiner comment ils interagissent et se reconfigurent au fil du temps. Nature et Culture : La Création du Monde L'être humain agit en donnant du sens à sa vie et à ce qui l'entoure. Le lien entre la nature et la culture crée ce que l'on appelle le "monde". En humanisant ce qui est donné par la nature, nous générons un "mundus", un espace habité et transformé par l'humain. Ce processus d'humanisation et de transformation est fondamental pour la construction de notre environnement. Culture et Histoire : La Civilisation Le lien entre la culture et l'histoire permet de parler de civilisation. Par l'objectivation des expériences et des connaissances, nous construisons des sociétés structurées et complexes. La civilisation représente cette unification entre le monde et les avancées historiques et culturelles, formant une cosmovision, une vision cohérente et globale de l'univers. Reconfigurations et Rétroalimentation Ces trois secteurs (nature, culture et histoire) se reconfigurent continuellement et s'influencent mutuellement. La nature change et, avec elle, notre manière de créer du sens et d'interagir avec le monde. De plus, notre perception et notre compréhension évoluent au fil du temps, intégrant de nouvelles dimensions comme le monde digital et virtuel. L'Impact des Nouvelles Technologies Les nouvelles technologies ont un pouvoir sans précédent sur notre monde actuel. Elles créent de nouvelles ontologies, ouvrant des réalités autrefois impossibles, telles que la bio-artificialité et les mondes virtuels. Ces avancées amplifient les champs du réel, transformant notre interaction avec la nature et notre compréhension de la culture et de l'histoire. Application Historique Ce schéma d'interaction entre nature, culture et histoire peut être appliqué à différents moments historiques. Par exemple, la transition de la campagne à la ville représente un trafic 23/70 matériel d'éléments naturels, une constante historique. L'extension coloniale européenne, analysée par Alfred W. Crosby dans son concept d'impérialisme écologique, montre comment la recherche et l'extraction de produits naturels ont façonné les relations culturelles et historiques à travers le monde. Jared Diamond, dans son ouvrage "De l'inégalité parmi les sociétés", explore comment ces dynamiques ont conduit à des inégalités historiques, renforçant l'idée que la nature, la culture et l'histoire sont inextricablement liées. Conclusion En conclusion, la synthèse de nature, culture et histoire montre une relation dynamique et évolutive. Ces trois plans, en interaction constante, forment notre compréhension du monde et notre place dans celui-ci. La cosmovision résultante est une vision globale qui intègre les changements naturels, les innovations culturelles et les transformations historiques, créant une réalité toujours en évolution. Les nouvelles technologies, en particulier, amplifient cette dynamique, ouvrant des possibilités inédites et transformant notre perception du réel. 24/70 THÈME 3 : Nature et être humain Una antropología filosófica del paisaje 1. Quelques Notions Anthropologiques : Phylogénie et Ontogénie Comme Darwin nous l'a appris, nous sommes des êtres biologiques comme les autres et, en ce sens, des êtres naturels. L'ontogenèse, à son tour, nous dit que nous sommes des êtres particuliers, que notre structure psychophysique répond à notre héritage génétique dans une combinaison unique qui, à son tour, sera à la base de la détermination de nos formes de tempérament, de nos attitudes, etc. Phylogénie et Ontogénie La phylogénie, l'étude/l’histoire de l'évolution des espèces, et l'ontogénie, l'étude/l’histoire du développement individuel, sont deux concepts clés pour comprendre l'évolution humaine. La phylogénie nous montre les liens évolutifs entre les différentes espèces et populations humaines à travers le temps, tandis que l'ontogénie examine comment un individu se développe de la conception à la maturité. Les migrations influencent à la fois la phylogénie, en diversifiant les lignées humaines, et l'ontogénie, en exposant les individus à de nouvelles conditions de vie et d'apprentissage. Les mouvements migratoires ont toujours été étroitement liés à l'apparition et à l'évolution du langage. Les travaux de chercheurs comme Cavalli-Sforza ont montré que les déplacements géographiques entraînent des déplacements linguistiques, formant une unité bio-linguistique qui doit s'adapter aux divers environnements écologiques de référence. Ce phénomène de parallélisme entre arbre généalogique et arbre linguistique illustre comment les migrations humaines génèrent de nouvelles formes de communication et de structures sociales. Migration et Langage Les migrations humaines sont des moteurs clés de la diversification linguistique. Lorsque des groupes humains se déplacent, ils emportent avec eux leurs langues et, au 25/70 contact de nouvelles cultures et environnements, ces langues évoluent. Les déplacements géographiques engendrent ainsi des déplacements linguistiques, créant des variations et des branches distinctes dans l'arbre des langues, tout comme dans l'arbre généalogique. Adaptation et Évolution L'unité bio-linguistique des populations migrantes montre que les groupes humains s'adaptent non seulement biologiquement mais aussi linguistiquement et culturellement aux nouveaux environnements. Chaque migration implique une interaction avec de nouveaux écosystèmes, nécessitant une adaptation des pratiques de subsistance, des structures sociales et des moyens de communication. Cette adaptabilité est essentielle pour la survie et la prospérité des groupes humains. Survie et Hasard Contrairement à l'idée populaire du "plus fort survit", souvent attribuée à tort à Darwin mais en réalité popularisée par Spencer, la théorie de Motoo Kimura souligne que le survivant est souvent le plus chanceux. Il existe un composant de hasard essentiel dans l'évolution, que ce soit biologiquement, environnementalement ou socialement. Les aléas du climat, des catastrophes naturelles, des rencontres inter-culturelles et des mutations génétiques contribuent tous à façonner le destin des populations humaines. Conclusion Les notions de phylogénie et d'ontogénie sont fondamentales pour comprendre l'évolution humaine, marquée par des migrations et des adaptations constantes. Les déplacements géographiques entraînent des évolutions linguistiques et culturelles, illustrant un parallélisme entre les arbres généalogiques et linguistiques. La survie humaine est autant une question de chance que de force, et les aléas du hasard jouent un rôle crucial dans la diversité biologique et culturelle que nous observons aujourd'hui. Ces dynamiques mettent en lumière l'importance de l'adaptabilité et de la résilience dans l'histoire humaine. 2. La Naturalisation de la Pensée : Perspectives Anthropologiques et Cognitives https://books.openedition.org/enseditions/1121?lang=fr – sociobiologie Nous sommes des êtres naturels dont la nature est de créer de la culture, c'est-à-dire que notre façon d'être naturels est d'être artificiels. Selon de nombreux chercheurs contemporains, nous pourrions appliquer le même modèle à ce que nous considérons comme 26/70 plus spécifique aux êtres humains : la pensée. L'idée qu'en tant qu'espèce, nous avons acquis une série de schémas intellectuels de base qui sont universels a été étudiée par des auteurs comme Andrew Withen, Pascal Boyer, Scott Atran et Julián Pacho, entre autres. Au cours des trente dernières années, Julian Pacho a mis l'accent sur le fait que les êtres humains ont acquis, au cours de ce processus phylogénétique, des schémas de pensée de base presque universels. La naturalisation de la pensée se réfère à ces mécanismes de base supposés universels de nature perceptive, bien que cette façon de percevoir soit à son tour modelée culturellement et que la façon dont nous traitons l'information à un niveau tacite soit la façon dont nous appliquons des raisonnements inductifs et déductifs très élémentaires. Ainsi, par exemple, selon ces auteurs, un petit enfant, où qu'il soit dans le monde, perçoit la réalité de manière similaire dans certains aspects fondamentaux et c'est alors que la culture aura un grand poids de différenciation. Il existe une sorte de première ontologie, spontanée, presque préconsciente, selon laquelle tous les êtres humains, dans la première période de leur vie, comprennent qu'il existe des réalités dures que nous ne pouvons pas franchir, et c'est à ce moment-là que les aspects physiques et métaphysiques s'entremêlent. Il y a donc une naturalisation, une propension naturellement acquise de manière quasi primordiale, une propension à classer ; toutes les cultures sont taxonomiques, elles classent les éléments de la réalité et il semble qu'il y ait des schémas de classification communs qui se différencient ensuite par des ajouts, mais la racine classificatoire est étonnamment commune à la base. C'est ainsi que, selon ces auteurs, il existe certains types de contenus physiques, métaphysiques, psychologiques, logiques et même esthétiques communs à l'espèce humaine, une toute première et élémentaire manière naturelle de traiter l'information, que nous appelons la pensée. De même, dans un sens très basique, à partir de là nous construisons des formes beaucoup plus sophistiquées, différenciées et élaborées qui se développent grâce à la culture. La base d'acquisition des apprentissages successifs, les structures organiques qui nous permettent d'apprendre mettent fin à l'idée de la tabula rasa ; il existe une sorte de boucle entre le naturel et le culturel qui se rétroalimente, sans cette base il n'y aurait pas de développement ultérieur, en ce sens nous parlons de la naturalisation de la pensée. récap : ⇒ culture comme extension de notre nature ⇒ La "naturalisation de la pensée" se réfère à l'idée que ces schémas intellectuels de base sont enracinés dans notre biologie et nos mécanismes perceptifs. Bien que ces schémas soient ensuite modelés par la culture, ils fournissent un cadre universel pour la façon dont nous appréhendons et raisonnons sur le monde. ⇒ la tendance universelle des humains à classer et à catégoriser les éléments de leur environnement. Cette propension à la classification, bien que modelée par la culture, semble reposer sur des schémas universels qui découlent de notre structure cognitive. 27/70 ⇒ Notre biologie fournit une base universelle, mais c'est la culture qui façonne et élabore ces schémas de base en formes de pensée plus complexes et diversifiées ⇒ Notre biologie fournit un substrat essentiel pour l'acquisition de connaissances et le développement cognitif. La culture, en s'appuyant sur cette base biologique, permet l'apprentissage et l'accumulation de savoirs. Le concept de naturalisation de la pensée, exploré à travers des perspectives anthropologiques et cognitives, met en lumière la relation entre la biologie humaine et la construction culturelle de la réalité. Influence de la Biologie sur la Perception du Monde Des anthropologues tels que Lévi-Strauss ont souligné l'impact de notre structure biologique sur notre vision du monde. Cette influence se manifeste notamment dans les aspects moraux, où certains auteurs évoquent l'existence d'un "instinct" moral ou d'intuitions morales universelles. Des travaux comme ceux de Marc Hauser et Paul Bloom mettent en évidence des intuitions morales partagées à travers différentes cultures, suggérant une base biologique commune à nos jugements moraux. Naturalisation de la Religion et de la Pensée La religion, considérée comme un aspect fondamental de la culture humaine, peut également être comprise à travers le prisme de la naturalisation de la pensée. Les travaux de Pascal Boyer mettent en évidence la manière dont les concepts religieux émergent de la combinaison de catégories cognitives de base, telles que celles liées aux animaux, aux objets, ou à la nature. Cette ontologie intuitive se reflète dans nos perceptions du monde, où nous avons tendance à chercher la régularité et à attribuer intentionnalité aux agents. Approche Épistémologique Naturalisée Une épistémologie naturalisée met en avant les tendances intuitives des êtres humains à distinguer entre le naturel et l'artificiel, à catégoriser les actes et les faits, et à faire des inférences pour établir des prévisions. Ces concepts cognitifs de base sont souvent en contraste avec les concepts scientifiques, mais ils coexistent dans la société humaine, où une méta-représentation permet d'évaluer et de comparer les intuitions de manière critique. Conclusion : La Complexité Bio-Culturelle Humaine 28/70 La naturalisation de la pensée offre un cadre pour comprendre la complexité bio-culturelle de l'humanité. Nous sommes des êtres à la fois biologiques et culturels, dont la nature est influencée par l'environnement physique et social. L'interaction entre le biologique et le culturel, loin d'être réductrice, enrichit notre compréhension de ce qui nous rend humains. La relation avec notre environnement, y compris la nature, joue un rôle crucial dans notre identité et notre développement. Ainsi, la fusion du biologique, du culturel et de l'environnemental forme un écosystème social où l'énergie, comme monnaie d'échange, alimente notre existence physique, biologique et culturelle. Connexion culture nature : Lévi-Strauss a largement exploré la connexion entre nature et culture, démontrant que notre structure biologique exerce une influence profonde sur notre vision du monde. Par exemple, certaines théories morales contemporaines suggèrent l'existence d'un "instinct" moral ou d'une "grammaire" morale basique. Marc Hauser propose l'idée d'intuitions morales universelles dans son ouvrage "Moral Minds", tandis que Paul Bloom explore les bases de l'empathie et de la compassion dans "Descartes' Baby", affirmant qu'elles sont universelles et facilitent les liens sociaux et la collaboration. Michael Gazzaniga, dans "The Moral Brain", soutient que les humains possèdent une continuité avec la protomorale des animaux, c'est-à-dire une capacité innée à des comportements altruistes. Bien que ces tendances innées existent, elles n'excluent pas l'influence décisive des éléments culturels sur notre développement éthique. L’intuition et les universaux culturels : Toutes les cultures humaines possèdent une forme de religiosité, ce qui, selon Paul Bloom, repose sur une disposition basique à percevoir un ordre cosmique facilitant la vie humaine. Pascal Boyer suggère que les catégories religieuses émergent de la combinaison d'autres catégories basiques comme l'animal, l'objet, l'artéfact, la nature et la plante. Ainsi, la religion devient un support fondamental de toutes les activités humaines, reflétant une ontologie intuitive où les humains cherchent la régularité pour organiser leur expérience et stabiliser leur environnement. Scott Atran, à travers des études multiculturelles, a montré que toutes les cultures possèdent une intuition de l'espèce, percevant des identités essentielles dans la nature. De même, la psychologie intuitive nous pousse à attribuer des intentions aux agents, nous permettant de distinguer les actions intentionnelles des mouvements aléatoires. Coexistence de l’intuitif et du scientifique : 29/70 Les humains distinguent spontanément entre le naturel et l'artificiel, ainsi qu'entre les actes, les faits et les nombres, et ils font des inférences pour établir des prévisions. Cependant, les concepts scientifiques sont souvent contre-intuitifs, nécessitant une intelligence spécialisée. La société humaine coexiste ainsi entre l'intuitif et le scientifique, se complexifiant en allant au-delà de l'évident et du basique. Les universaux culturels reflètent les propensions humaines, mais ces tendances n'expliquent pas toute la complexité des êtres humains. Ce qui nous rend uniques est notre capacité à élaborer des impulsions biologiques et des causes culturelles. En ce sens, nous sommes des êtres bio-culturels, où la nature est culturelle et le culturel rétroagit sur le naturel, l'exprimant et le modalisant L'anthropologie cognitive et la complexité humaine : Les capacités cérébrales humaines extraordinaires se développent par l'expérience avec autrui, permettant une métaconscience à travers le langage et la réflexivité. La théorie de l'esprit et la compétence socio-cognitive montrent que l'intelligence humaine implique la prévision, la planification, l'imagination de situations possibles, et la capacité de voyager mentalement dans le temps ​L'humour, le mensonge, et la créativité sont des exemples de cette complexité mentale. L'humour nécessite de se détacher de l'instant et d'introduire des éléments imaginaires, tandis que la capacité de mentir indique une intelligence avancée par la simulation et la prévision. La créativité, quant à elle, permet de générer de nouvelles réalités à partir de l'existant, illustrant l'importance du superflu dans la vie humaine 3. Nature et Éthique : Le Débat Être-Devoir La conception de la nature a des répercussions sur le domaine de l'éthique, les conséquences doivent être tirées en termes de raison pratique. Le débat sur la nature et l'éthique explore la tension entre ce qui est et ce qui devrait être, mettant en lumière des questions fondamentales sur la liberté, la causalité et la moralité. Kant introduit l'antinomie de la liberté et de la causalité, soulignant la contradiction entre la nécessité des lois naturelles et la possibilité d'une volonté libre. La thèse nous démontre qu’en supposant l’inexistence de causalité première nous arrivons à une conclusion contraire. Les lois de la nature sont la preuve même de ne pas être suffisante pour expliquer la causalité. Car, si tout a une cause rien à de cause, il y a une régression à l’infini : c’est le paradoxe de la cause première. Il faut donc nécessairement une cause libre, une cause non causée. 30/70 Mais l’antithèse propose une conclusion contraire, en supposant l'existence d’une liberté transcendantale. La première cause libre commence donc la chaîne causale. Mais, cette première cause qui commence à agir doit forcément connaître un état antérieur ou elle n’agit pas. Il y a donc une relation causale entre l’état d’inaction et l’état d’action de cette cause. Ainsi, la supposition d’une première cause libre, non causée, est contraire au principe même de causalité. De ce fait, essayer d’expliquer l’existence d’une première cause sans cause est contradictoire. Les phénomènes s’organisent de manière cohérente et l’idée d’une première cause libre va à l’encontre de l’analyse transcendantale selon laquelle les choses n’arrivent pas par hasard. La résolution de cette antinomie repose dans la conception de l’Homme sous un double aspect, il est un être empirique, donc soumis au déterminisme phénoménal, mais il est aussi un être intelligible, possédant nécessairement une liberté. Les actions humaines doivent donc à la fois être comprises sous l’angle d’un libre-arbitre humain mais possédant des effets dans le monde phénoménal et donc, soumis au déterminisme. A partir du moment où les actions des Hommes s’inscrivent dans le monde phénoménal, elles sont comme tout autre événements de la nature et obéissent aux lois de celle-ci. ⇒ Pour kant - Pas de certitude, pas de connaissances sûres, mais il faut supposer qu’il y a un ordre finaliste dans la nature car sinon la liberté de la conscience morale ne pourrait jamais se réaliser dans le monde physique - il y a un plan dans la nature, le réel pour réaliser la liberté De l’être se dérive le devoir être ? De la nature de quelque chose ou quelqu’un se déduit nécessairement ce que doit être son comportement et donc sa qualité morale ? Hume, traité sur la nature → Guillotine de Hume Le passage de la description de ce qui est à la prescription de ce qui doit être n’est pas possible. Il y a une différence logique fondamentale entre les déclarations de faits (être) et les déclarations de valeurs (devoir être). On ne peut pas déduire des normes sociales à partir de faits empiriques sans justification claires. On ne peut pas déduire ce qui devrait être de ce qui est. La science traite de ce qui est, mais on ne peut pas en tirer des conclusions sur ce que l’on devrait faire. ⇒ la science n’est pas prescriptive Le paralogisme naturaliste est une erreur logique. De fait scientifique on ne peut pas décider une chose culturelle 31/70 → en ayant recours à une nature humaine pour expliquer des faits, on met de côté les explications sociales. En disant que telle chose, tel comportement est “naturel” on ne cherche pas les vraies causes explicatives, souvent dues au contexte sociale. Naturalisation de l’éthique : Certains philosophes, comme G.E. Moore, contestent la réduction des termes moraux en termes descriptifs, soulignant que le domaine moral est distinct du domaine naturel. La naturalisation de l'éthique, qui tente de fonder la moralité sur des bases naturelles, peut conduire à une erreur logique en confondant ce qui est avec ce qui devrait être. Cette approche néglige les explications sociales des comportements humains et risque de simplifier la complexité de la moralité. Moore répond à cette question par le biais de l'analytique- linguistique, il sortira le débat du domaine métaphysique et le ramènera au domaine du langage. Il affirme que le sens moral du mot "bon" est irréductible à tout autre terme, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une forme de prédication qui renvoie à une qualité simple - la bonté ou la méchanceté - qui n'a pas de caractère naturel, mais qui est fixée par le sujet. La sphère morale ne dépend pas de l'être, mais lui est extérieure, donc, pour reprendre la formulation habituelle du problème, le devoir ne dérive pas de l'être. ⇒ il n'y a rien dans la nature qui soit objectivement bon ou mauvais, c'est quelque chose que nous disons d'un point de vue moral humain. ⇒ sophisme naturaliste Lorsque nous portons un jugement moral nous ne nous référons pas à des prédicats ou à des qualités naturelles objectives, elles ne sont pas dans la chose mais dans la prédication faite par le sujet. La conclusion qui prédomine dans la pensée contemporaine est qu'il n'y a pas de lien métaphysique ou logique entre la façon dont les choses sont et la façon dont elles devraient être en termes moraux, il n'y a pas de tel lien, ce sont des ordres logiques différents, une chose est le domaine de l'être et une autre le domaine de la valeur, d'une part, il y a le domaine des faits et d'autre part, le domaine des normes ou des jugements moraux ou des devoirs, une chose est de décrire comment la réalité est et une autre de prescrire comment elle devrait être. Cependant, nous avons un problème si nous séparons complètement et n'établissons aucun lien - même faible - entre le devoir et l'être, car nous tombons dans une schizophrénie qui est celle de Descartes, il semble que nous soyons divisés en deux, d'une part, l'animal et d'autre part, la raison et la morale. 32/70 Il y a différentes réponses, la réponse classique s'appelle la morale et la loi naturelle, c'était déjà très clair dans la Grèce classique, c'est développé par les stoïciens et les chrétiens ; il y a un ordre naturel dans les choses et l'homme y participe, en ce sens, vivre éthiquement signifie vivre selon notre propre nature et donc selon le logos cosmique. Que dira la modernité de cette question ? Que cet ordre n'est pas dans la nature au sens physique mais dans notre raison, nous saisissons intellectuellement un ordre et une loi naturelle parce qu'elle est spontanément implicite dans notre connaissance. Ce que font les modernes, en phase avec la révolution cartésienne, c'est de devenir idéalistes, c'est le cogito qui interprète le monde, il n'y a pas d'ordre moral prescrit dans la réalité physique, c'est donc la pensée humaine qui établit cette normativité. Ainsi, la manière d'y accéder est différente chez les réalistes et les idéalistes mais le fond est commun, il y a un ordre général dans les choses, dans l'être et dans la pensée qui nous dit comment nous devons agir ou par quels principes nous devons être guidés. Une autre réponse alternative, bien que minoritaire, est celle qui, tout en différenciant clairement l'ordre physique de l'ordre moral, affirme qu'il existe un certain type de relation entre eux. Les deux plans sont clairement distingués, de sorte que le sophisme naturaliste ne tombe pas dans le pire sophisme naturaliste, mais il existe toujours une sorte de lien entre le naturel et le rationnel. Lorsque Spinoza dit que notre essence est désir, cupiditas, il établit un pont entre l'être et le devoir, car si notre essence est vouloir, désirer, l'essence chez Spinoza n'est pas la raison, mais l'être est désir, le conatus conscient de soi, la puissance consciente de soi. Comment se construit alors le devoir ? Du Devoir Être à l'Être Des penseurs comme Spinoza proposent une éthique de la potentialité, où l'accent est mis sur le développement maximal de nos capacités. Pour Spinoza, être, vouloir et devoir sont intimement liés : notre devoir est de réaliser notre être en activant pleinement nos potentialités. Ainsi, la vertu consiste à être toujours meilleur, à affirmer notre nature et à nous adapter aux circonstances de la vie. Lorsque Spinoza dit que notre essence est désir, cupiditas, il établit un pont entre l'être et le devoir, car si notre essence est vouloir, désirer, l'essence chez Spinoza n'est pas la raison, mais l'être est désir, le conatus conscient de soi, la puissance consciente de soi. C'est pourquoi Spinoza dit dans l'Éthique (3.9.) que les choses ne sont pas bonnes ou mauvaises en elles-mêmes mais par rapport au sujet désirant, de sorte que la médiation de la volonté est très intéressante parce qu'elle ne confond pas l'être et le devoir, mais on ne peut pas imposer une morale qui soit étrangère à ce que l'on est. On ne peut donc pas dire que 33/70 notre nature va dans un sens, mais que nous avons ensuite des valeurs morales dissociées de ces réalités naturelles. Cette idée de nature et d'éthique se résume finalement à l'idée qu'il y a hétéronomie lorsque le sujet doit obéir à un ordre qui lui est donné, l'hétéronomie est donnée par la nature ou par Dieu. Spinoza dit que l'être humain décide collectivement de ses valeurs, de ses objectifs moraux, de ses normes, de son mode de vie, en cherchant à exprimer le mieux possible sa nature, ce qu'il est, ce qu'est l'être humain. L'autonomie n'est donc pas incompatible avec la reconnaissance du naturel, au contraire, chez Spinoza c'est clair, la morale est le moyen de développer, de mieux exprimer sa propre nature, il l'appelle , la vertu c'est la croissance de la puissance, la force intérieure, qu'elle soit physique, intellectuelle, affective.... Si nous ne pouvons que créer une morale, si ma liberté est l'obéissance à ma nature et que cela ne dépend pas de moi, il y a quelque chose de l'ordre de l'automatisme, on est censé être une sorte de sujet libre, mais cette liberté doit répondre à un ordre naturel préalable, on ne peut pas s'en affranchir. Selon Spinoza, l'homme est un être de puissance, capable de s'accroître en puissance et en perfection. Cette puissance, qu'il appelle "conatus", est la force intrinsèque qui pousse chaque être à persévérer dans son être et à s'actualiser selon sa nature propre. Le devoir-être pour l'homme consiste donc à vivre selon sa nature, à développer sa puissance et à s'actualiser pleinement. Cela implique de comprendre les lois de la nature et de s'y conformer, de cultiver la raison et de vivre une vie vertueuse. Spinoza rejette l'idée d'un devoir-être extérieur imposé à l'homme par une autorité morale transcendante. Il soutient que la moralité découle de la compréhension de la nature humaine et de la recherche de la puissance et de la perfection. Tout être humain, indépendamment de l'espace-temps, sait naturellement ce qu'est le bien et le mal, c'est ce qu'on appelle la ; ce que disent les auteurs contemporains, c'est qu'il y a bien des propensions, mais qu'elles ne répondent pas à quelque chose de donné par Dieu ou par le logos, mais au processus évolutif phylogénétique de l'espèce (La compassion, l'empathie et toutes ces choses sont le résultat du processus d'évolution et trouvent probablement leurs racines dans ce besoin de coopération de l'homo sapiens sapiens) En tout cas, il faut qu'il y ait une capacité de choix réel, pour que l'on puisse parler de sphère morale. C'est là que le débat se pose, ceux qui parlent d'une conscience naturelle, qui diront que l'on peut choisir, mais que l'excellence morale doit être le développement de sa propre nature qui a été ordonnée par une instance extérieure. D'autre part, la position qui dit que vous pouvez choisir librement mais qu'il n'y a pas d'ordre moral donné. 34/70 4. Sur la nature et l'esthétique : imiter, recréer, inventer. Tout au long de l'histoire occidentale, il y a eu différentes visions de la relation entre la nature et l'esthétique ; dans le monde gréco-latin, l'art était compris comme une imitation de l'ordre naturel, ce qui prévalait était l'idée de mimesis, la beauté naturelle était reproduite, un nouvel ordre ontologique n'était pas produit, ceci est très clair chez Platon et dans la poétique d'Aristote et se maintiendra au Moyen-Âge. Plus tard, la Renaissance introduira une certaine nouveauté, l'artiste de la Renaissance met son empreinte personnelle , il continue à imiter la nature, mais introduit ses propres variantes, il y a une certaine recréation puisqu'il modifie ce qui est donné, il crée aussi car d'une certaine manière l'artiste continue l'œuvre créatrice de Dieu, mais selon un ordre figuratif, logique, etc. Ce qui caractérise l'esthétique contemporaine, surtout depuis les avant-gardes, c'est qu'elle ne se contente pas de copier l'ordre donné et peut en modifier certaines facettes, mais qu'elle crée aussi de nouveaux ordres qui ne sont pas dans la nature. C'est la rupture que les différentes avant-gardes ont opérée avec le figurativisme jusqu'à l'art abstrait, en rompant avec la perspective, la composition spatiale, en niant qu'il existe des principes d'ordonnancement du réel, puisque le réel tel qu'il a été conçu est déstructuré, en rejetant l'ordre politique et moral, etc. L'esthétique ne suivra plus aucun modèle préalablement établi, des modèles seront créés sans adhérer à aucune norme antérieure, elle sera totalement artificielle face à l'ordre naturel, elle sera créative, autonome et indépendante de toute métaphysique. Les trois formes d'art sont les suivantes : (i) Mimesis. (ii) Mimesis, mais il peut y avoir des modifications car Dieu nous a dotés d'une capacité créative. (iii) Artificialisme, tout art est purement humain, il crée de nouveaux ordres de réalité. On peut cependant dire qu'il y a également eu une tentative de refléter non pas tant l'ordre naturel , au sens strict du terme, mais l'ordre de la vie humaine, et c'est ce que la littérature du XIXe siècle a appelé le "courant naturaliste". Au XXe siècle, il y a eu un courant cinématographique , dans les années trente, dont le chef opérateur caractéristique est Renoir, qui a aussi été appelé "naturalisme", c'est une exception à ce modèle général d'esthétique, ce naturalisme consiste à refléter fidèlement l'existence de la vie humaine naturalisée, transformée en objet d'analyse comme une autre forme de la nature. C'est ce 35/70 qu'on a aussi appelé le "roman scientifique", parce qu'il a essayé de dépeindre les modes de vie des êtres humains de façon tout à fait naturelle ; il se veut réaliste, il veut montrer les relations entre les individus et leur environnement social, ainsi que le mode de vie des gens de tous les milieux. Il s'agit surtout du grand roman français du XIXe siècle, mais l'Espagne a également eu des représentants exemplaires. Comme auteurs caractéristiques, nous pouvons compter sur : E. Zola, Stendhal, G. Flaubert, L. Clarín et Benito Pérez Galdós, entre autres, qui ont essayé de refléter fidèlement ce que sont les choses sans ajouts idéologiques. On peut également parler d'esthétique écologique, qui valorise le caractère harmonieux et vivifiant de la nature. Dans la littérature et la poésie bucoliques de la Renaissance, la nature est considérée comme un modèle de vie qui nous sauve de la production de la vie sociale ; sans aucun doute, dans le romantisme, nous trouvons une autre forme de revendication de la nature en tant qu'environnement débordant pour les êtres humains. La nature serait en quelque sorte la représentation de l'infini et, en contrepoint, il y aurait la vie humaine, sociale, politique et économique, qui commençait déjà à être asphyxiante. Nous nous intéressons à cet esprit d'union avec la nature qui est parvenu jusqu'à nous et qui a commencé à prendre forme dans ce que nous appelons l'éco-art. Le but de l'esthétique écologique est de montrer comment le naturel peut s'intégrer à l'humain, au technique, au social et même à l'économique, à travers des créations artistiques qui dépassent ces antagonismes entre les différentes sphères de la vie. En d'autres termes, l'art éco cherche à intégrer le naturel et l'humain dans un environnement accueillant et non aliéné, où la nature et la culture sont intimement unies plutôt qu'opposées. Parallèlement à cette tentative d'intégration du naturel dans l'humain, d'autres cherchent à récupérer la nature sauvage comme dernier refuge non exploité par l'homme, mais il y a aussi d'autres courants qui tentent de guérir les blessures que l'homme a causées, c'est-à-dire qu'il y a une prétention éthique en plus de l'esthétique parce qu'il est entendu que la vie est quelque chose de commun à tous, humains et non-humains, et que l'homme a généré des infrastructures qui ont altéré l'écosystème ou l'ont gravement endommagé -comme les grandes excavations, par exemple-. Des auteurs comme M. Pringann montrent l'idée que notre corps fait partie du corps écosystémique qui nous entoure, qui à son tour fait partie du grand corps qu'est la terre ; en ce sens, intervenir artistiquement dans un paysage, c'est unir ces pôles, celui du proprement humain et celui du proprement sauvage. En ce sens, l'art cherche à générer une nouvelle conception, comme l'a dit Dilthey, l'art crée de nouvelles façons de regarder la réalité pour la voir d'une manière intégratrice et non dualiste, en essayant de dépasser le dualisme de l'humain et du non-humain, en particulier de ces territoires détruits par la main de l'homme. En d'autres termes, contrairement à la recherche de bénéfices économiques par l'exploitation de la nature, l'art cherche à intervenir dans cet environnement endommagé pour changer la vision de la nature 36/70 et de l'artificialité et, de cette manière, apprécier véritablement la nature d'un point de vue artistique. Thème 4 : NATURALEZA Y CIENCIA 1. De la Régularité à la Notion de Loi Mathématique La nouveauté réside dans le fait de quantifier, d'écrire dans une équation comment ou dans quels paramètres la nature opère ; il y avait une conception plus qualitative que quantitative de l'ordre parce qu'elle avait une pertinence métaphysique très claire, mais cela va disparaître. Comment passe-t-on de la vision organiciste des gréco-latinistes à cette conception dévitalisante du monde comme mécanisme, par opposition à la métaphore animale ? En effectuant une grande série de transformations et en utilisant un outil privilégié : le calcul mathématique. Les mathématiques vont être l'outil fondamental de l'entendement humain pour démêler l'ordre mécanique du réel, pour se libérer des anthropomorphismes et des anthropocentrismes de la tradition précédente ; elles vont être en quelque sorte l'expression maximale de l'intelligence humaine, elles étaient déjà liées à l'art, à la métaphysique de N. de Cusa parce que pour cet auteur elles étaient déjà l'outil de l'entendement, bien qu'elles soient religieuses et qu'elles aient un arrière-plan mystique. Il s'agit ici d'une extraordinaire révolution conceptuelle ; la pensée gréco-latine et, dans une large mesure, médiévale, considérait que le vrai était celui qui se démontrait selon des principes, c'est-à-dire que la vérité des choses reposait en grande partie sur leur démonstration logico-ontologique. Une chose est la vérité démontrée sur la base de principes et d'axiomes et, tout à fait autre chose, la v

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