Introduction et chapitre 1: Philosophie en droit PDF
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Ce document est une introduction à la philosophie en droit, en explorant le rôle de la philosophie dans l'éducation juridique. Il aborde des concepts comme l'interdisciplinarité et examine la nature morale de l'être humain, en présentant des vues philosophiques sur la question de la morale.
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**[Introduction]** **[Pourquoi faire de la philosophie en droit ? ]** Il existe 3 raisons au moins : - L'université vise à former des esprits critiques - Une formation et pratique judiciaire de qualité requièrent de l'interdisciplinarité - La démarche philosophique est spécifique et p...
**[Introduction]** **[Pourquoi faire de la philosophie en droit ? ]** Il existe 3 raisons au moins : - L'université vise à former des esprits critiques - Une formation et pratique judiciaire de qualité requièrent de l'interdisciplinarité - La démarche philosophique est spécifique et pertinente pour les juristes **[Suivre des cours « inutiles » pour une formation de qualité]** **Simon Leys (P. Ryckmans) :** Les étudiants ne sont pas indispensables à l'université car ils sont souvent considérés comme des clients alors que lui veut une université ou les études ne mènent a aucune profession ni examen. Il prône donc une recherche désintéressée de la vérité (ce qui devrait être au cœur de l'université) avec deux facteurs indispensables pour lui : - une communauté de savants - une bibliothèque Les étudiants pour lui sont donc ceux qui sont engagés à la chercher (et non pas les « clients » qui achètent leur diplôme) L'université sert donc à faire en sorte à ce que les hommes deviennent vrmt des hommes, car devenir homme, ça s'éduque. « On ne naît pas homme, on le devient ». **[Les juristes ont besoin de se nourrir de savoirs non juridiques]** La formation en droit requiert une formation dans d'autres disciplines, comme la philo =\> comprendre le sens des lois et la vision du monde et de l'homme qu\'elles véhiculent, notamment en ce qui concerne la liberté, la responsabilité et la nature humaine. Il y a donc une conviction que l'interdisciplinarité est la meilleure méthode scientifique, nécessitant un dialogue entre différents points de vues. Cette analyse ne doit être ni strictement interne, ni strictement externe, mais externe modérée. - **[Pov interne]** = pov de celui qui est impliqué dans l'objet de l'analyse (son voc, ses ref, ses émotions, code de valeur, etc.) - **[Pov externe]** = pov de l'observateur extérieur, négligeant le pov interne - **[Pov externe modéré]** = comprendre la pratique depuis le pov de ceux qui le pratiquent et ce qui se passe dans ce domaine mais sans s'arrêter là **[La philosophie est indispensables aux juristes ]** La philosophie peut être approchée comme une pratique intellectuelle qu'on peut tous avoir car elle part d'attitudes humaines universelles que sont l'étonnement = thaumatzein, et le questionnement **[SOCRATE] (5^e^ siècle aCn)** - Platon, élève de Socrate, est considéré comme l'inventeur de la philo car il définit la spécificité de la philosophie par rapport aux autres logos - Bien qu'il existait déjà du savoir avant la philosophie dans ces l*ogos*, il a explicité le rôle de la philosophie en la distinguant par sa manière de penser et ses procédés rationnels. = logos spécifique - Platon a créé le personnage de Socrate comme la première figure représentative de cette manière de penser - Dans ses livres, Socrate est le personnage principal des dialogues et ses interlocuteurs sont parfois une prsn, parfois une assemblée, représentant toute une société athénienne - La philosophie n'est donc pas réservée à des spécialistes mais peut se pratiquer avec n'importe qui, tout un chacun peut en faire = pratique ouverte à tous = pratique plurale, au moins deux (au moins dans sa tête) - « Dialogue silencieux » : Platon, via Socrate, prône qu'il faut sortir de l'évidence et introduire l'altérité Le philosophe interroge l'opinion de ses interlocuteurs avec une question fondamentale partant d'un étonnement : *« qu'est-ce que ? » = « ti esti »* : - Socrate fait de même dans les dialogues de Platon, sur des questions qui portent au débat - Cette question devient philosophique seulement qd elle porte sur un problème [Qu'est-ce qu'un problème] ? Il y a problème quand l'absence de réponse ne tient pas juste à un manque de connaissance, mais qu'il y a plusieurs manières raisonnables de répondre à la même question. En effet, il existe des différences d'opinion MAIS cela ne veut pas d'office dire que ces divergences d'opinion sont liées à un problème, car parfois aucune connaissance exacte permettant de trancher la réponse Faire de la philosophie, c'est donc essayer de faire au mieux avec tous ces sujets pour lesquels nous n'avons pas de réponse tranchée, c'est affronter tous ces cas qui posent problème. [La philosophie comme pratique, les philosophies comme pratiques] Pour affronter les prblms de la vie, il existe autant de manières de le faire qu'il y a de philosophies et de philosophies. Chacun le fait à sa manière, c'est pour cela que c'est [une pratique, et non un savoir. ] En rencontrant des problèmes (ce qui est incontournable), on finit d'office par adopter une réflexion. On se dmd comment affronter le problème, ce qui est lui-même un problème. Cela va à l'infini. On ne peut donc pas définir la philosophie sans en faire, c'est ce qui fait sa [réflexivité] (= réfléchir à la manière dont on réfléchit). *Trois exemples : Platon, Sextus Empiricus et Kant* **[PLATON] (5^e^-4^e^ siècle aCn)** Pour Platon, faire de la philosophie, c'est chercher la vérité au-delà du débat des opinions. Pour lui, le philosophe est un amoureux du vrai et de la sagesse (*sofia*) lorsqu'il recherche que des idées vraies et refuse toutes les autres comme étant l'ordre de l'illusion, de l'erreur. [*Allégorie de la caverne* (dans *La République*)] *L'humanité est enfermée dans une caverne sous terraine. Tous les hommes sont attachés à leur place et regardent devant eux un mur sur lequel sont projetées des ombres, produites par des marionnettistes.* *Derrière les prisonniers, il y a un mur et un feu, et derrière le mur sont les marionnettistes. Les prisonniers ne voient donc que ombres et dès lors croient que c'est la réalité* *Allégorie ici =\> ce que pensent les prisonniers sont donc des opinions fausses mais aussi un résultat de manipulation (cible de Platon à l'époque : les sophistes = précepteurs enseignant l'art rhétorique à Athènes, ne se préoccupant pas de la recherche de la vérité)* *Dans ce contexte, la philosophie, c'est se retourner et voir que ce qu'on prenait pour la réalité est une manipulation, démasquer l'illusion et surtout sortir de la caverne et arriver au grand jour, voir ce qui est réel.* Il faut donc : 1. Remettre en cause l'opinion (*doxa*), qui est une illusion de connaissance 2. Se rendre compte qu'on ne sait rien et partir de cette « docte ignorance » pour construire la pensée - Humilité de la philosophie : son geste premier est l'étonnement (thaumatzein) contre la bien-pensance (= penser ce qui est pensé par les autres), les préjugés et le prêt à penser (pour Nietzsche, les philosophes sont comme l'enfant dénué de toute certitude) 3. Reconstruire une vérité et continuer à construire son savoir grâce à la rationalité et la dialectique (en dialoguant) Si l'on peut connaître, c'est prcq le monde est bien fait. C'est prcq le monde est bien fait et que les choses sont bonnes qu'on peut les connaitre =\> image du soleil = connaissance (sans soleil, les arbres ne peuvent pas pousser, par exemple) Par conséquent, pour Platon, il n'y a des problèmes que pour celui qui est encore naïf **[SEXTUS EMPIRICUS] (2-3^e^ siècle pCn)** Faire de la philosophie, c'est se rendre compte au contraire qu'on ne pourra jamais atteindre le savoir Pour Empiricus, il est impossible de connaitre une vérité sur les choses car à chaque fois qu'on avance un argument, on en trouve un contraire. On peut tjrs douter. C'est une fois que l'on réalise cela, lorsqu'on suspend notre jugement, que l'on peut atteindre l'ataraxie (= l'absence de trouble). En effet, quand on croit que des choses vraies ou que des choses fausses, on passe la vie à chercher cette position et puis tt faire pour garder pour la garder, il y a une inquiétude constante. **[KANT]** **(18^e^ siècle)** La philosophie consiste à d'abord faire le tri entre les sujets : les sujets sur lesquels on peut avoir un vrai savoir et les sujets sur lesquels on n'a pas de savoir et sur lesquels on ne peut pas en avoir, puis de réfléchir à la manière de faire au mieux avec ce qu'on ne peut pas savoir. - \>\< Platon : il y des choses que nous ne pouvons pas savoir de façon certaine - \>\< Sextus : il existe des objets aux sujets desquels nous avons une connaissance certaine Pour lui, les 3 questions principales de la philo sont (démarches par rapport aux problèmes) : - *Que puis-je connaître* ? (critique de la raison pure) - *Que dois-je faire* ? (critique de la raison pratique) - *Que m'est-il permis d'espérer* ? (critique de la faculté de juger) [La philosophie comme entrainement de la pensée ] La philo est donc un entrainement de la pensée, il est tjrs mieux de réfléchir à la manière dont on réfléchit (et dont on aborde les problèmes). On doit adopter une ligne de conduite et on doit le faire d'un pov personnel, professionnel et intellectuel. **[La nature morale de l'être humain]** **[Qu'est-ce qu'un être humain ? ]** - L'anthropologie = production de discours sur l'être humain - [L'anthropologie philosophique] = discours critique problématisé sur l'être humain, sur ce qui fait de l'être humain ce qu'il est, sa spécificité **Sophie Klimis** : explique que la question de l'homme surgit dans les mythes de la culture antique sous forme d'énigme, notamment celle du sphinx (sphinge en réalité), posée à Œdipe, qui doit la résoudre - C'est la définition de l'être humain qui est l'objet de l'énigme - Il est le seul à avoir réussi à la résoudre [Un exemple d'ancienne formulation de l'énigme du sphinx] : *« Il y a sur terre un être à deux, à trois, à quatre pieds, et qui n'a qu'une voix. Il change de nature, seul entre tout ce qui se meut en rampant sur terre, en montant dans les airs ou encore en plongeant dans la mer. Mais lorsqu'il marche en s'appuyant sur les pieds les plus nombreux, c'est alors que la vitesse de ses membres se trouve être la plus faible. »* Constats : - L'être humain est défini par une sphinge, une [créature surnaturelle], non humaine, et [féminine] (important car à l'époque, la vie politique et intellectuelle réservées aux hommes) - L'homme est une [énigme pour lui-même], il ne se comprend pas lui-même car sa nature est changeable, ce qui le différencie de tous les êtres vivants, car il se créée lui-même et s'apprend à devenir lui-même. Il s'apprend les paroles, la pensée, les pulsions **[L'être humain est-il naturellement moral ?]** Le fait-même que le fait juridique existe, tel qu'on le connait ajd, repose sur des présupposés : - Il y a des êtres humains qui écrivent et éditent ces normes - Les êtres humains ont créé des systèmes qui jugent et contrôlent le respect des normes =\> les êtres humains peuvent donc être des juges - Le sens que l'ê humain soit soumis à des normes - Le sens de faire subir des peines aux êtres humains, ce qui suppose que l'être humain ait une certaine nature L'être humain est donc un être conscient : il a une représentation de ce qui est bon ou pas, il a conscience du monde et de ses normes. Il est l'auteur de ses pensées et de ses actes, il est donc responsable. Il a une conscience théorique (il comprend ce qui est juste ou injuste) et une volonté pratique (il choisit d'agir selon ce qu'il sait être juste ou injuste). Il n'est d'ailleurs pas responsable des actes dont il n'est pas conscient. **[L'énigme du mal]** Pourquoi l'être humain fait le mal, alors que par définition, le bien est bien, a une valeur positive ? Pour affronter cette énigme du mal, on peut imaginer [différentes figures du mal] : A. **[La brute]** = tlm n'est pas capable de faire la différence entre le bien et le mal, certaines prsns sont dénuées d'intelligence morale ou de sensibilité. B. **[Le diable]** = certains font parfaitement la différence entre bien et le mal mais préfèrent au fond faire le mal, c'est un choix délibéré. C. **[La girouette]** = relativité du mal : pas vrmt de mal et de bien, le mal est juste un nom qu'on met sur ce qui nous plait pas, et le bien est ce qui arrange et valorise la société D. **[L'égaré]** = l'homme perdu : il y a une différence mais elle est difficile à définir par l'ê humain, on aurait du mal, tous ou certains, à comprendre où sont le mal et le bien 1. **[L'être humain préfère-t-il naturellement le bien au mal ?]** Certains recherchent la justice et d'autres semblent ne pas y être attachés - L'homme doit-il être attaché à la recherche de la justice? Mais pourquoi ? Quels sont les présupposés attachés à une telle attente ? Le goût du juste est-il inné ou acquis? est-il un devoir? - L'être humain est-il de bonne volonté ? Préfère-t-il le bien au mal ? **Chapitres 1 et 2** 2. **[L'être humain est-il capable de différencier le bien du mal ? Cette différence est-elle absolue (vraie en tout temps et tous lieux) ? Est-elle naturelle ? Est-elle relative à chacun?]** - Il faut différencier le bien juridique / le bien moral (même si les deux appartiennent à la [philosophie pratique] = qui concerne les actions des êtres humains, supposant un sujet rationnel, qui peut réfléchir à ses actes) - [Pov juridique] = il suffit de bien agir, conformément à la norme et la loi - [Pov moral] = pas seulement faire ce qu'il faut mais le faire prcq qu'on pense que c'est juste, il y a une adhésion intérieure à la norme - D'un seul point de vue moral, est-il évident, dans les faits, de distinguer le bien du mal ? Y a-t-il une bonne manière d'agir que l'on puisse identifier en chaque circonstance ? **Chapitres 1, 2 et 4** 3. [**L'être humain est-il capable d'orienter son action dans un sens plutôt que dans un autre ? est-il mû par qqch** (sa volonté, raison, désir, pulsions)** ? Qu'est-ce qui fait agir l'être humain ? Est-il seulement libre de ses actes ?**] *Saleilles, L'individualisation de la peine : nvelle idée en droit pénal : les individus ont pas tous la même lucidité, on ne peut donc pas punir tlm de la même façon, selon l'aptitude à la responsabilité -\> expertises de responsabilités attribuées à des psychiatres depuis* l'idée de responsabilité suppose donc l'idée de liberté -\> la liberté est un des fondements du droit [Fondement du droit : concepts de liberté et de sujet ] **[Kant]** : Le sujet du droit doit être compris comme une liberté rationnelle qui est capable d'avoir conscience de la loi, et dont on peut considérer qu'il est responsable du fait qu'il y obéisse ou non. - Être libre, c'est être capable de se reconnaître comme auteur de ses actes et de ses pensées. - Dans cette définition, liberté et autonomie sont synonymes **Chapitre 3** 4. **[Si l'être humain a une disposition morale particulière, cela le distingue-t-il de tous les autres animaux ? en clair, la moralité est-elle le propre, ou non, de l'être humain ?]** **Chapitre 5** **[Chapitre 1 : L'être humain est-il de bonne volonté] ?** **[Le « Seigneur des anneaux »]** Objet au plan philosophique ici : l'anneau de pouvoir, ayant un pouvoir vertigineux (rend son porteur invisible et lui confère des pouvoirs proportionnels à la puissance du départ du porteur) L'anneau permet de faire ce que l'on veut sans être puni = pouvoir d'impunité =\> met donc chacun face à sa volonté profonde : test de la bonne ou mauvaise volonté [Un questionnement à deux niveaux] (peut-on vrmt les distinguer ?) 1. Comment ceux qui possèdent l'anneau vont-ils agir? - L'objet de la volonté 2. Cmt eux qui ne l'ont pas se positionnent-ils par rapport à la possibilité d'obtenir l'anneau ? - Ce que l'on veut peut être influencé par ce que l'on peut - La possible résistance que l'on peut opposer à cette corruption [Personnages] - Frodon Sacquet : porteur de l'anneau désigné par Gandalf car considère qu'il a une âme assez pure, pense qu'il est capable de ne pas l'utiliser anneau à mauvais escient et qu'il a une volonté assez forte pour renoncer au pouvoir de l'anneau - Gollum : personnage corrompu, était un hobbit avant - Gandalf et Galadriel: se méfient du pouvoir de l'anneau et de son caractère incontrôlable, ont déjà un pouvoir mais celui de l'anneau en + serait de trop **[Extrait 1]** Galadriel est à priori de nature vertueuse, aide Frodon dans sa quête Elle désire l'anneau, est en train de fantasmer sur ce qu'elle pourrait devenir si avait l'anneau, mais a déjà passé l'épreuve de la tentation et le refuse, a résisté à la tentation de le preuve **[Extrait 2]** Frodon est a priori de nature vertueuse, mais désire l'anneau et refuse de s'en séparer L'anneau est finalement détruit car Golum le récupère et tombe dans la lave dans sa lutte avec Frodon, et non pas prcq il a refusé de s'en emparer **[PLATON] (5^e^-4^e^ siècle aCn) : [« Nul ne fait le mal volontairement »]** [Biographie] - Il est un fils de bonne famille, a une éducation complète - Son oncle est un élève de Socrate et il est un héritier d'Héraclite - Rencontre Socrate à 63 ans, devient son élève et il le côtoie jusqu'à la mort de celui-là - Platon s'enfuit par peur d'être condamné aussi et commence une vie de voyage - En -388, il fait une première tentative politique et va en Sicile (gouvernée par Denys 1^er^) - Mais il y est menacé, Dion l'embarque sur un navire, est pris comme esclave mais finalement est racheté =\> retourne à Athènes =\> là, fonde son école = l'Académie et y enseigne - Retourne 2x en Sicile car espère que cela va mieux se passer, sauf que non =\> il est renvoyé - Meurt à 80 ans [L'œuvre de Platon] Souvent, on considère son œuvre comme une œuvre systématique, sauf qu'il n'y a pas de doctrine. Ce sont des dialogues en train de se faire, une réflexion philosophique se construisant, une interrogation menée à plusieurs en train de se développer - Les interlocuteurs ne sont pas forcément tjrs d'accord, animés par des problèmes - Sa pensée évolue d'un texte à l'autre et d'une période à l'autre Cpdnt, on peut reconstituer un fond théorique cohérent, notamment dans sa grande œuvre *« La République »*, où il souligne les failles de la démocratie athénienne pour [lui opposer une république idéale, imaginée par le philosophe] - Questionne notre compréhension du bien, du vrai, du beau - Défend une thèse contre-intuitive sur la conception de l'être humain (qui n'est jamais totalement bétonnée, il y a tjrs des problèmes) **[« Nul n'est méchant volontairement » : analyse de la thèse]** Platon ne veut pas dire que l'être humain ne fait jamais de mal, mais qu'il ne le fait jamais volontairement, de son plein gré = ekon Point de départ : idée que toute action humaine est tournée vers le bien (moral) - Proposition 1 : tout être humain agit nécessairement en cherchant à obtenir ce qui lui est le plus avantageux, ou qui lui nuit le moins - Proposition 2 : Or, l'intérêt de chacun se ramène au bien (moral), c'est ce qui est avantageux **[Proposition 1]** **(très forte)** : Lorsqu'on agit de notre plein gré (ekon), le but de notre action ne peut être qu'un bien, ce qui nous est avantageux et profitable. On ne peut vouloir que ce qui est bien pour nous. - Lorsqu'on agit, on agit en tant que sujet conscient et rationnel vu qu'on a une idée de ce qu'on fait - La différence entre ce que l'on fait de notre plein gré ou non est le but de notre action - Ce qui s'oppose à notre plein gré : - la contrainte - les conséquences de nos actions imprévues (pas volontaires donc) - On ne choisit jamais qqch qui nous est pas favorable, son malheur **[Proposition 2] (pas évidente) :** L'intérêt, le bien-bénéfique, qui semble propre à chacun, est identique au beau, au bien (moral) - Cette thèse va contre l'opinion commune qui est celle-ci : bien agir est un bien pour les autres, mais un dommage pour soi, ce qui est bénéfique pour nous \>\< ce qui est moral - Cette opposition a une conséquence : qd on fait notre devoir (ce qui est juste) on ne fait pas vrmt ce qu'on veut, car ce qu'on veut est notre bien à nous, qui est profitable -\> nul ne serait juste volontairement - C'est contre cette opinion commune qu'il soutient que « nul n'est méchant volontairement » **[Objection commune : bien agir est un bien pour les autres, mais un dommage pour soi]** - Platon donne une place à cette objection commune dans ses textes par la voix de Glaucon, racontant l'histoire « L'anneau de Gygès », en la défendant (idée qu'on n'est jamais juste) pour que Platon puisse la réfuter, via Socrate. *[La République, texte dit de « L'anneau de Gygès » ]* *Gygès, après un tremblement de terre, découvre un anneau, rendant invisible son porteur, dans une crevasse. Il teste ce pouvoir en se rendant à une réunion de bergers et devient invisible, ce qui lui permet de manipuler les autres sans être vu. Réalisant la portée de ce pouvoir, il se rend au palais du roi, séduit la reine, tue le roi et prend le pouvoir.* *Si deux hommes, l'un juste et l'autre injuste, possédaient un tel anneau, aucun d\'eux ne pourrait résister à l'envie de commettre des injustices.* *Personne n'est juste de son plein gré, mais en y étant contraint, (thèse commune) compte tenu du fait qu'on ne l'est pas personnellement en vue d'un bien : partout, en effet, où chacun croit possible pour lui de commettre l'injustice, il le fait.* *On prétendrait donc la justice mais au fond on ne voudrait que ce qui est profitable pour nous* - Donc, si on se comporte bien, c'est prcq on aurait été éduqués. Il est question d'un dressage collectif avec des règles hypocrites, par peur de la sanction - Les actes justes pourraient être intentionnels (Gygès pouvait choisir d'accomplir des choses justes), mais ce n'est jamais voulus au sens de ekon Platon tout s'oppose donc à tout cela. **[Bien agir est un bien, non pour les autres, mais pour soi] !** (Platon dans La république) *[Platon, Ménon]* *Pour Ménon, certains veulent choses mauvaises, pas tous veulent des choses bonnes.* *Socrate envisage deux cas de figures : on veut des choses mauvaises en sachant que c'est mauvais / on veut des choses mauvaises prcq on croit qu'on fait le bien =\> pour Ménon, les 2 sont possibles* *Cas 1 : Socrate dmd si ceux qui savent que ces choses mauvaises leur causeront de la souffrance peuvent réellement les désirer, et Ménon répond qu'ils seraient malheureux dans ce cas.* *Cas 2 : ceux qui pensent que ces choses mauvaises sont utiles ne les considèrent pas vraiment comme mauvaises, mais comme bonnes. Donc, ceux qui ignorent la nature de ces choses mauvaises et les croient bonnes ne désirent pas réellement le mal, mais le bien.* *Conclusion de Socrate : [nul ne peut vouloir les choses mauvaises], s\'il est vrai qu\'il ne veuille pas être dans la peine et malheureux. Être dans la peine, qu\'est-ce d\'autre en effet, sinon désirer les choses mauvaises et les avoir à soi ?* **[Proposition 1 : si nous poursuivons des buts, c'est prcq nous leur reconnaissons une certaine valeur]** Si nous évitons la douleur, l'humiliation, la malhonnêteté, pauvreté ou soumission, c'est parce que nous les considérons comme des maux qui nuisent à notre bonheur - On ne peut vouloir que ce qui est dans notre intérêt [Hypothèse générale] : qlq soit le jugement que chacun fait sur ce qu'est le bien, on ne fait que le chercher (ou encore rechercher entre deux biens le plus grand des deux, et entre deux maux le plus petit des deux). - Selon Platon, ils n'agissent pas vraiment "ekon", de leur plein gré, car ils se sont trompés : ils ont pris ce mal pour un moindre mal en vue d'un bien plus grand. - La seule chose qu'on peut vouloir "ekon", c'est le bien **[Proposition 2 : comment accepter que le bien-profitable et le bien-moral (profitable pour tous) soient identiques d'après Platon ?]** Le bien se pense à un niveau politique (bien de la cité), et à un niveau individuel (bien de l'âme). Il pense que ces deux types de biens ont la même structure car tous deux sont composés de 3 parties : - **[Le logos] = la partie rationnelle** : la tête / le philosophe roi - **[Le thumos] = la partie ardente** : (la force de caractère) le cœur / les guerriers - **[L'epithumia] = la partie désirante** : le ventre / le peuple Nous sommes heureux et notre âme est harmonieuse et vertueuse lorsque ces 3 parties sont en harmonie. Or, ce n'est possible que qd la partie rationnelle parvient à contenir et diriger nos désirs avec l'aide de notre force de caractère. Le conflit est à éviter car lorsqu'il y en a un, ce sont les désirs qui gouvernent =\> les différentes parties de l'âme sont en lutte, ce qui empêche toute tranquillité *[Le mythe de l'attelage ailé] : l'âme de chacun est comme un chariot, tiré par 2 chevaux (l'un représente les désirs et l'autre la force de caractère) et le conducteur : notre raison (donc chariot qui avance pas bien = chevaux pas en harmonie)* [Objection 1] : **[Polos]** : il y a des tyrans très criminels qui sont tout de même heureux - Il prend l'exemple du tyran Archélaos. - Socrate répond en disant qu'il n'est pas heureux car fait il tt ce qui lui plait, tt ce qu'il désire, son âme est donc en mauvais état. La vraie puissance, c'est de faire ce que l'on veut (volonté rationnelle tournée vers le bien et pas ce qui nous plaît (désir pour le plaisir). [Objection 2] : **[Calliclès]** : pour être heureux, il faut satisfaire nos désirs avant tout - Platon : non car le désir est une souffrance. Si on désire qqch, c'est qu'on ne l'a pas, c'est un manque que l'on ne peut jamais combler et d'autres en apparaissent tout le temps. - On peut désirer le désir mais pas le vouloir véritablement. *[Figure du tonneau des Danaïdes]* : *supplice aux enfers imposé aux Danaïdes : doivent passer toute leur vie à essayer de remplir un tonneau percé =\> dès que l'on comble un désir, un autre apparait* **[Conclusion des 2 propositions]** : On ne peut vouloir que ce qui est dans notre intérêt (1°) **+** l'intérêt se ramène au bien (moral) (2°) **=** donc, tout être ne veut que le bien (moral) et nul n'est méchant volontairement **[Conclusion]** - Pour Platon, la connaissance et la morale sont liées : elles dépendent l'une de l'autre et forment la condition de notre bonheur. Pour bien agir, il faut une juste connaissance du bien - Pour pouvoir faire les bons choix, il nous est indispensable de posséder la pleine connaissance de ce qu'est le Bien, que Platon appelle le savoir (*episteme*). Et si l'on agit selon le bien, on ne peut être qu'heureux (pour cela qu'il est important de sortir de la caverne). - Mais la raison a besoin de l'aide de l'ardeur : Platon prend les cas où on sait ce qu'il nous faut pour être heureux mais on arrive pas à le faire. Cela peut être causé par : - [Une ignorance] (problème de connaissance) - [Une absence de force = l'acrasie] : la raison manque de force pour dominer le désir - Pour avoir une raison forte, il faut du savoir théorique mais il faut surtout muscler nos âmes - Il faut donc une éducation (ex : gymnastique, musique, la méditation, etc.) - [L'intellectualisme moral] : le véritable savoir a le pouvoir d\'orienter l\'âme, car il suscite un amour sincère et profond du bien. Cet amour du bien devient une attraction intrinsèque qui guide l'âme vers la vertu. **[L'être humain peut-il vouloir le mal pour lui-même ?]** **[Le bien semble être, par définition, ce qui est voulu pour lui-même mais l'humain semble parfois s'en détourner volontairement]** N'y a-t-il pas des moments où l'action humaine manifeste de la perversité, une volonté de faire le mal tout en sachant que c'est le mal ? - La perversité ici = retourner les choses, mettre le mal à la place du bien [Objection à Platon] : des cas authentiques de perversité non dus à l'ignorance ? Le mal peut-il être revendiqué ? - Platon envisage un cas de perversion apparente (l'attrait pour ce qui est mauvais) mais l'analyse en termes, non de mauvaise volonté, mais de désir et de faiblesse de la volonté. [Contexte chrétien] : *[Les confessions de St-Augustin : histoire des poires volées]* *Il a volé (a commis un larcin) des poires d'un arbre près de la vigne de son père, poires qui n'étaient ni belles ni savoureuses. Il ne les a pas volées pour les manger, mais pour le simple plaisir de voler, pour l'amour du pêché. Le mal ici est donc pris pour un bien.* *Il souligne qu'un voleur lui-même sait qu'il commet le mal, la preuve étant qu'il ne supporte pas d'être volé à son tour.* *Il soumet cette énigme morale à Dieu, afin de comprendre ce qui l'a poussé à commettre cet acte gratuitement.* **[Et si le mal pouvait être véritablement choisi, de plein gré, comme un bien ? ]** **[Donatien Alphonse François de Sade] : 18^e^-19^e^ siècle** - Aristocrate conscient de sa position sociale privilégiée. A vécu 30 ans en prison, a été arrêté plusieurs fois pour actes sexuels - Ses textes sont une série de récits abominables (certains même interdits), mais il y pose des problèmes philosophiques puissants par la radicalité de son écriture - Personnage du libertin = personnage animé par la recherche du mal, ne pense qu'à son propre plaisir et liberté, n'ayant aucun respect de la liberté de l'autre. - L'impureté et le gout profond du mal ekon y sont revendiqués haut et fort, le crime est ce qui permet de parvenir à la plus grande jouissance. - Cette a jouissance prise à la douleur de l'autre = satisfaction très puissante, qu'on doit [distinguer du plaisir] (qu'on prend en assouvissant un besoin) - Le mal chez Sade n'est donc pas un accident, il est [intentionnel], il n'est pas un moyen mais un but. Il est [organisé], car la jouissance est soumise à des règles implacables, il y a une rationalisation du crime. - ⚠ ce qui est mis en avant, c'est qu'on fait le mal volontairement, et non librement *[Les Infortunes de la vertu]* *Justine, personnage vertueux, est punie à chaque fois que fait le bien et est récompensée quand fait le mal. A moment, un gardien suggère de mettre de l'ordre dans leurs procédés (pour le dire en termes sadiens, il faut mettre "un peu d'ordre dans ces orgies").* Sade distingue alors [deux types de libertins] : - **[Le libertin à sang froid]** : il calcule et organise (apathique et flegmatique), pas sous impulsion - **[Le libertin à sang chaud]** : se laisse seulement emporter par son désir et ses émotions, ne veut pas véritablement le mal, la volonté de celui-ci n'est pas assez forte. *[Juliette et les prospérités du vice ]* *Juliette, sœur de Justine, n'a pas les mêmes réticences à faire le vice : échoue à devenir membre de la « société de l'ami du crime » (regroupant les libertins aimant le crime) car elle est trop emportée par l'enthousiasme, manque de prudence =\> libertine à sang chaud* **[Peut-on rendre raison de la revendication du mal pour le mal? Le naturalisme protéiforme]** Référence importante au [concept de la nature] =\> l'ê humain n'est rien de particulier dans la nature Sade est avant tout un philosophe des Lumières, philosophie ayant pour but premier de combattre l'ignorance par la raison du savoir et de jeter la lumière sur ce qu'est l'être humain en vérité, sur sa place dans l'univers. [Courant de la philosophie matérialiste] : a pour thèse que dans l'univers, il n'y a que de la matière et qu'elle suffit pour tout expliquer (Diderot) - Les auteurs matérialistes partagent l'idée que tous les différents états de la matière permettent de rendre compte de tous les phénomènes, y compris ceux qu'on associe d'habitude à une âme spirituelle [La thèse des 3 règnes] **(les plantes, les minéraux et les êtres humains)** Principe expliquant le fonctionnement de la nature : le [transformisme] =\> les éléments (la matière) se transforment les uns dans les autres à l'infini. Donc, pleins de formes possibles de l'être humain. - Les lois de ces règnes sont égales entre elles. Ils se reproduisent et se détruisent machinalement tous les trois, parce que tous trois sont composés des mêmes éléments, qui tantôt se combinent d'une façon, tantôt d'une autre. - Au gré de ces métamorphoses, des êtres sont sans cesse détruits, un être va en devenir un autre. Il est donc naturel de tuer d'autres hommes. - L'être humain = réorganisation de la nature parmi d'autres - Le meurtre = désorganisation de la nature qui sera suivie d'une réorganisation - L'homme doit s'abrutir - La nature est donc [amorale] = sans moralité ( ⚠ et non pas immorale) - **\>\< Platon**, pour qui la seule manière d'ê heureux est de bien agir : la vertu n'est jamais récompensée, car ce n'est qu'un leurre produit par des moralités qui ne sont que des curiosités culturelles dont il ne faut pas être dupe [L'amoralisme de Sade] *[Infortunes de la vertu] : Justine se dmd cmt se fait-il que la vertu n'est pas récompensée mais punie =\> Sade n'interroge pas la justice fondamentale de la société* Sade défend un [relativisme culturel] = idée que ce qui est bon dans une culture est mauvais dans une autre et inversement. Il n'est pas le seul à le défendre mais il est qmm différent des autres philosophes, car son relativisme culturel est différent. - Il est fondé sur l'idée que la nature ne prescrit rien, elle n'encourage pas certains comportements plutôt que d'autres. Elle est donc amorale, n'imposant ni bien ni mal. - [Problème] : bien que la nature serait amorale, il tire tout de même des conclusions morales de celle-ci, en affirmant que certains comportements sont meilleurs que d'autres - Si la nature est censée ne pas juger les actions humaines, comment peut-il en déduire des normes sur ce qui doit ou ne doit pas être fait ? - Il justifie le plaisir que l'on peut éprouver à la souffrance d'autrui par le fait que la nature nous incite à préférer ce que nous sentons à ce que nous ne sentons pas. Or, la souffrance de l'autrui, on ne la sent ni physiquement, ni moralement. - La nature ne condamne pas ces comportements, et donc, il n\'y a aucune raison morale de se retenir de chercher ce type de plaisir. - Le but est d'être touché, ébranlé par les moyens les plus actifs possibles Son discours est fondé sur la physiologie (étude de la nature humaine) de son époque pour justifier le mal infligé à autrui. - La douleur ressentie par l\'autre est plus excitante que le plaisir de l\'autre, car elle produit un choc plus puissant dans le corps du libertin - Il compare cette sensation à l'électricité, car, tout comme l'électricité excite, la douleur d\'autrui provoque une stimulation intense chez le libertin. - Le plaisir peut être simulé mais la douleur ne trompe pas. Donc, le crime a un effet excitant et électrisant - [Problème] : on n'en reste au niveau physique, on s'en lasse par conséquent - Le libertin doit donc inventer de nouveaux crimes et doit passer par la transgression des normes sociales et morales (qui sont infinies plus variée et imaginative possible L'homme, est naturellement cruel et la seule raison pour laquelle il ne le fait pas est la peur d'être puni (donc hypocrisie et faiblesse). **[Moralisme ou amoralisme sadien ? Faire le mal peut-il être le but de l'action humaine ? ]** On pense que Sade s'identifiait à Justine -\> a lui-même été longuement emprisonné, les infortunes de la vertu étant une critique de l'arbitraire de la société, qui punit de façon injuste (bourreaux de Justine seraient en réalité les siens) Sade, en tant qu'ê humain réel, n'a pas du tt accompli tous les actes dont il parle dans ses livres (n'a jamais tué personne ni rien). Il a été diabolisé alors qu'était un citoyen presque normal (transgressif mais pas hautement criminel). - Son œuvre a été produite en prison, c'est donc un travail d'une imagination de scènes tjrs plus radicales et fortes causée par une solitude affective et sexuelle - Les corps torturés dans ses textes sont des corps fictifs - Il s'agit d'un fantasme destiné à créer une excitation en l'absence de tout contact humain [Moralisme de Sade] - On trouve qmm chez Sade, un discours moral sur ce qu'il est bon et mauvais de faire =\> une revendication absolue de la [liberté individuelle], une révolte contre tout ce qui peut s'y opposer - Il défend la liberté de chacun, qui possède un pouvoir, d'être ce qu'il est et de suivre son désir, quel qu'il soit (avec l'idée que tout désir soit aussi naturel qu'un autre) - On pourrait considérer que lorsqu'il présente toutes les potentialités de l'humanité (même atroces), c'est une manière didactique de nous faire accepter l'immense diversité de l'humanité - De ce pov, la seule loi devrait être la loi du désir de chacun, compte tenu de cette liberté à laquelle chacun est censé avoir droit naturellement - [Paradoxe] : dire cela est la même chose que dire qu'il ne peut y avoir aucune loi - Il faudrait alors destituer Dieu, supprimer les sottises déifiques, renverser les règles sociales et morales qui ne sont que des faiblesses injustifiées **[Abolition de la morale ? ]** Il défend l\'idée d\'abolir toute distinction entre le bien et le mal, toute forme de morale, car elle est tyrannique et oppressive par rapport aux désirs individuels. - Il rejette l\'idée qu\'il existe des normes universelles imposées à tous, considérant que chaque individu doit être libre de suivre ses désirs, sans être contraint - Les individus sont inégaux par nature, il est donc injuste d\'attendre de ceux qui ont des caractéristiques différentes qu\'ils se comportent de la même manière que les autres - Ce qui compte pour lui, c'est de voir la vérité, la nature en face, d'être lucide. Il se considère comme un homme de la nature, plaçant la vérité naturelle avant les conventions sociales. Selon cette lecture, il ne s'agit donc [pas d'une inversion des valeurs mais d'une abolition] de la distinction entre bien et mal (insiste sur le caractère amoral de Sade). Il n'y a plus de bien opposé au mal. Il faut briser toutes les valeurs, non leur désobéir [Paradoxe] : Sade ne se contente pas de dire qu'il n'y a pas de règles morales, il affirme que dans un monde sans règles, ce qui compte vrmt est de chercher le plaisir, en transgressant les règles, qui devient la seule loi de la nature. - Ne dit donc pas seulement que le bien n'est pas le but naturel de l'être humain mais que c'est le mal (légitimation de la méchanceté, apparemment rationnelle) - Donc, plus un amoralisme mais [immoralisme] = s'oppose à la morale - Il y a une incohérence car le libertin est animé par l'idée du mal, alors même qu'il faut abolir la différence du bien et du mal (car aucune attache naturelle) - Pure logique de la passion La règle que le libertin met en place, ne peut avoir [aucune portée générale] et universelle car sinn se détruirait elle-même - L'éthique de Sade repose sur un principe de « rapport de force » : celui qui a du pouvoir peut imposer ses désirs à l'autre =\> éthique sadienne - Il n'y a pas de morale qui régit ce rapport, mais une dynamique de domination où le libertin peut imposer sa volonté, sans être limité par des règles - Quand une victime consent à participer à cette dynamique (par exemple, elle accepte d'être dominée), elle cesse d'être une victime au sens moral, car elle accepte les règles du libertin **[Résumé ]** Sade pense que les gens ne font pas de vrais choix libres, mais qu\'ils se laissent souvent guider par leurs désirs (ce qu\'ils veulent à un instant donné), étant des serf-arbitres, sans vraiment réfléchir à ce qui est bien ou mal. Selon lui, la volonté (le choix libre et réfléchi) est subordonnée à nos désirs.S'il s'agit uniquement de suivre des pulsions, il n'y a plus de bien et de mal moral, plus de devoir ni d'interdit. Par contraste, pour qu'il y ait bien et mal il faut qu\'une personne puisse réfléchir avant d\'agir, c'est-à-dire qu'elle prenne du recul et évalue si ce qu\'elle fait est juste ou non. Pour cela, il faut avoir une certaine autonomie, c'est-à-dire être capable de ne pas seulement agir sur le coup de l'émotion, mais de faire un choix conscient, réfléchi. Cela suppose une autonomie par rapport aux passions, une liberté de jugement. Il semble contradictoire de soutenir l'idée que l'humain n'a pas d'autre choix naturel que suivre son désir (car cela suppose qu'il ne s'y réduit pas). [Conclusion] : tout discours moral doit donc devoir soutenir la possibilité pour l'être humain de distinguer le bien du mal, et revendiquer la bonté de son action (quel que soit le contenu que l'on donne à cette bonté...) ⚠ *Sade dit qu'il faut transgresser la morale, sauf que lorsqu'on dit qu'il faut la transgresser, on établit une règle. Illogique car il faut transgresser la règle qui dit qu'il faut la transgresser =\> règle impossible (si le mal, c'est faire le mal). L'idée de transgresser la règle ne peut pas être l'objet d'une règle.*