Diapositives Pierre Bourdieu : Du "holisme en héritage" - PDF
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Gaël Depoorter
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Ce document est une présentation sur les travaux de Pierre Bourdieu, centrés sur le concept du holisme dans le domaine de la sociologie. Il introduit différents aspects de sa théorie de la pratique, en se basant sur sa production écrite.
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Pierre Bourdieu : Du « holisme en héritage ». Une théorie de la pratique. Cours de Sociologie Gaël Depoorter Introduction ✤ Figure centrale de la sociologie du 20ème siècle ✤ Internationalement reconnu ✤ Production foisonnante ✤ Institutionnalisation de la sociologie à trave...
Pierre Bourdieu : Du « holisme en héritage ». Une théorie de la pratique. Cours de Sociologie Gaël Depoorter Introduction ✤ Figure centrale de la sociologie du 20ème siècle ✤ Internationalement reconnu ✤ Production foisonnante ✤ Institutionnalisation de la sociologie à travers le développement d’une « sociologie critique » ✤ Cherche à donner des armes intellectuelles aux classes dominées ✤ Critiqué pour son « déterminisme » => incompréhension Pierre Bourdieu - ✤ Béarn, famille modeste d’origine paysanne, éloignée des études ✤ Scolarité brillante : khâgne, ENS (1951) ✤ Formation en philosophie (agrégé en 1954), abandonne sa thèse de philosophie en 1957 pour la sociologie. ✤ Service militaire en Algérie où il étudie la société kabyle et noue des liens forts avec les intellectuels algériens (Abdelmalek Sayad). ✤ Devient assistant de R. Aron puis Mcf à Lille. ✤ Fonde le CSE en 1968, rejoint l’EHESS en 1975 ✤ Professeur au Collège de France en 1981 ✤ Premier sociologue à recevoir la médaille d’or du CNRS en 1993 ✤ Directeur de collection aux Éditions de minuit, puis au Seuil ✤ Crée revue Actes de le Recherche en Sciences Sociales (1975) puis la maison d’édition Raison d’Agir en 1995. 1 9 3 0 2 0 0 2 Bibliographie succincte… ✤ Les héritiers (avec Passeron, 1964) ✤ Choses dites (1987) ✤ Un art moyen (1965) puis L’amour de l’art (1966) ✤ La noblesse d’Etat : grandes écoles et esprit de corps (1989) ✤ Le déracinement. La crise de l’agriculture traditionnelle en Algérie ✤ Les règles de l’art (1992) (avec A. Sayad, 1968) ✤ Le métier de sociologue (avec Chamboredon et Passeron, 1968) ✤ La misère du monde (1993) ✤ La reproduction. Éléments pour une théorie du système ✤ Sur la télévision (1996) d’enseignement (1970) ✤ Méditations pascaliennes (1997) ✤ Esquisse d’une théorie de la pratique (1972) ✤ La domination masculine (1998) ✤ La distinction : critique sociale du jugement (1979) ✤ Questions de sociologie (1980) ✤ Le bal des célibataires (posthume, 2002) ✤ Le sens pratique (1980) ✤ Esquisse pour une auto-analyse (2004) ✤ Homo Academicus (1984) ✤ Sur Manet : une révolution symbolique (posthume, 2013) Une sociologie syncrétique ✤ Enrichie sa « théorie de la pratique » en s’appropriant et en conciliant divers auteurs : ✤ Pascal (domination symbolique) ✤ Durkheim (une certaine perspective holiste et rupture avec sens commun) ✤ Marx (rejet de la théorie pure et détachée, con gurations sociales comme le produit de luttes) ✤ Weber (soucis accordé aux individus redevables d’une analyse sociologique, l’aspiration à la légitimité de toute domination) ✤ Mais aussi des philosophes comme Wittgenstein (rapport pratique à la règle + question des usages) fi ✤ Et il les critique : ✤ Marx —> économisme ✤ Weber —> oublie les structures ✤ Produit de nombreux concepts pour analyser le monde social en tenant dimensions objective et subjective, notamment à travers les concepts de « champ » et « d’habitus » Holisme bourdieusien (cf. lien Moodle) ✤ La Distinction : goût apparemment individuel mais en réalité redevable d’une analyse sociologique ✤ Comportements individuels sont des phénomènes sociaux « comme les autres » ✤ Régularités psychologiques s’expliquent en grande partie par des variables sociologiques ✤ Rejet de la distinction entre macro et micro ✤ Pour expliquer comment caractéristiques individuelles sont déterminées par des facteurs sociaux = Habitus = lien entre individu et société ✤ Articulé au concept de « champ » : les deux vont de pair Bourdieu et le constructivisme structuraliste ✤ À la jonction entre objectif et subjectif ✤ « Par structuralisme ou structuraliste, je veux dire qu'il existe, dans le monde social lui-même, [...] des structures objectives indépendantes de la conscience et de la volonté des agents, qui sont capables d'orienter ou de contraindre leurs pratiques ou leurs représentations. Par constructivisme, je veux dire qu'il y a une genèse sociale, d'une part des schèmes de perception, de pensée et d'action qui sont constitutifs de ce que j'appelle habitus, et d'autre part des structures sociales, et en particulier de ce que j'appelle des champs » Une inspiration structuraliste : la notion de « champ » « Le champ est une sph re de la vie sociale qui s’est progressivement autonomis e [prolonge Durkheim] travers l’histoire autour de relations sociales, d’enjeux et de ressources propres, diff rents des autres champs. Les gens ne courent ainsi pas pour les m mes raisons dans le champ conomique, dans le champ artistique, dans le champ journalistique, dans le champ politique ou dans le champ sportif. Chaque champ est alors la fois un champ de forces – il est marqu par une distribution in gale des ressources et donc un rapport de force entre dominants et domin s – et un champ de luttes – les agents sociaux s’y affrontent pour conserver ou transformer ce rapport de force » « Les agents et institutions luttent suivant des règles constitutives de cet espace de jeu pour s’approprier les pro ts spéci ques qui sont en jeu dans le jeu. Ceux qui dominent dans un champ donné sont en position de le faire fonctionner à leur avantage, mais ils doivent toujours compter avec la résistance, la contestation, les revendications, les prétentions, « politique » ou non, des dominés » é à fi è à fi ê é é é é é ✤ Distribution inégale des ressources ✤ Autonomie du champ : un enjeu de lutte (champ scienti que) ✤ Lutte pour la délimitation des frontières et la dé nition des enjeux légitimes (champ médical -détenu par des professeurs hospitaliers- : appropriation de la dé nition légitime de ce qu’est la santé) fi fi fi ✤ Entrée dans chaque champ suppose l’adhésion en une doxa spéci que ✤ Doxa = adhésion aux présupposés fondamentaux du champ qui n’ont pas besoin de s’af rmer sous la forme d’un dogme explicite et conscient. Cet ensemble de règle se naturalise en devenant des dispositions qui formatent les interprétations et les espaces de dialogues ✤ Elle suppose également la « croyance fondamentale en l’intérêt du jeu et la valeur des enjeux », en l’importance de l’investissement dans ce jeu social que constitue chaque champ = illusio ✤ Cet intérêt pour le jeu social permet à l’agent de donner un sens à sa vie, en l’insérant dans ce jeu sur les enjeux (d’un ou de plusieurs champ) fi fi ✤ Illusio du champ scolaire = émancipation passe par l’obtention de diplôme ✤ Illusio du champ hacker = émancipation passe par le numérique (« les logiciels libres libèrent ») ✤ Illusio du champ économique = les affaires sont les affaires ✤ => tautologie, auto référencement => autonomie ✤ => Af rmation de sa nécessité fi ✤ Interactions des agents se structurent selon la distribution de capitaux : « La place des individus dans l’espace social et dans les diff rents champs auxquels ils participent est fonction des capitaux dont ils disposent. Par « capital », P. Bourdieu d signe un ensemble de ressources mat rielles et immat rielles dont disposent les individus. é é é é —> plusieurs sortes de capitaux : - capital conomique (ressources nanci res) - capital culturel (dipl mes, quali cations intellectuelles, r f rences culturelles des individus) - capital social (caract ristiques du r seau de connaissances, de relations sociales d’un individu : est-il reli des personnes disposant elles-m mes de capitaux importants ?) - capital symbolique (prestige, honneur) - Le capital symbolique a un rôle central et d’une autre nature. - Il a pour fonction et effet d’invisibiliser les autres espèces de capitaux, de les transformer en qualités « naturelles » de l’agent + est spéci que à chaque champ (compétence de champ) é é é ô à fi fi é è ê é fi é « J'appelle capital symbolique n'importe quelle espèce de capital (économique, culturel, scolaire ou social) lorsqu'elle est perçue selon des catégories de perception, des principes de vision et de division, des systèmes de classement, des schèmes classi catoires, des schèmes cognitifs, qui sont, au moins pour une part, le produit de l'incorporation des structures objectives du champ considéré, c’est-à-dire de la structure de la distribution du capital dans le champ considéré ». Bourdieu, Raison pratique, p. 161 fi ✤ Principales caractéristiques du champ : ✤ Espace structuré et hiérarchisé de positions : un système de positions (comme des prises d’escalade) ✤ Enjeux et intérêts sont spéci ques à chaque champ (ce qui fait avancer un musicien n’est pas la même chose que ce qui fait avancer un homme d’affaire ou un étudiant) ✤ Le champ implique la détention d’un capital performant à l’intérieur de ce champ (capital éco pour le milieu des affaires, culturel pour le milieu universitaire) —> capital symbolique ✤ Chaque champ a des règles du jeu spéci ques ✤ La structure d’un champ est le résultat d’un rapport de force ✤ Expl : champ sportif (football) : entre associatif (amateurs) et entrepreneuriat (professionnels), puis entre entrepreneuriat local et fonds d’investissement, etc. fi fi ✤ Champ est un espace dynamique dans lequel se jouent des luttes pour conserver, améliorer ou gagner de nouvelles positions [cf. Elias] ✤ Expl.: homéopathie et champ médical ✤ Un champ n’est pas un espace fermé —> la délimitation de ses frontières est un enjeu permanent ✤ Expl.: impérialisme du champ économique qui cherche à dicter ses règles du jeu dans l’ensemble des champs sociaux (coût/avatage ; intérêt économique, etc.) ✤ Au sein de chaque champ, la lutte que se livrent les agents (pour la domination et la dé nition légitime) présuppose un accord fondamental sur l’intérêt même de ces luttes et de l’autonomie de ce champ ✤ Expl. : Booba/Karis et le sous champ hip hop du champ musical plus large ✤ Importation risquée de capital issu d’autres champs + conversion ou production d’un capital spéci que (production de formes d’engagements spéci ques) ✤ Expl. : Sportifs en politique ; musique / humour / cinéma fi fi fi « J’appelle capital symbolique n’importe quel espèce de capital (économique, culturel, scolaire ou social) lorsqu’elle est perçue selon les catégories de perception, des principes de vision et de division, des systèmes de classement, des schèmes classi catoires, des schèmes cognitifs, qui sont, au moins pour une part, le produit de l’incorporation des structures objectives du champ considéré, c-à-d de la structure de la distribution du capital dans le champ considéré. » -Pierre Bourdieu, Raisons pratiques, Seuil, 1994, p. 161. fi ✤ Champ permet de clari er fonctionnement du monde social, révéler sa complexité, ses règles du jeu qui peuvent être très différents, les multiples médiations de l’exercice d’un pouvoir ou d’une domination ✤ => sortir d’une vision simpliste, enfantine, en terme d’appareil, de complot, d’une volonté plus ou moins démoniaque responsable de tout ce qui se passe, omniscient, omnipotent fi ✤ Théorie de la pratique —> Sortir du mentalisme par l’étude des pratiques et des espaces structurés (champs) ✤ Psychologie, rationalisme économique pur (homo oeconomicus et théorie des jeux), individu rationnel ✤ De l’intérêt (théorique, loi générale, pur calcul rationnel) —> à l’investissement (inscrit/situé dans un champ avec ses pratiques et règles spéci ques) fi « On ne peut pas faire de la sociologie sans accepter ce que les philosophes classiques appelaient le “principe de raison suf sante” et sans supposer, entre autres choses, que les agents sociaux ne font pas n’importe quoi, qu’ils ne sont pas fous, qu’ils n’agissent pas sans raison [Weber]. Ce qui ne signi e pas qu’on suppose qu’ils sont rationnels, qu’ils ont raison d’agir comme ils agissent ou même, plus simplement, qu’ils ont des raisons d’agir, que ce sont des raisons qui dirigent, ou guident, ou orientent leurs actions. [...] Ils peuvent avoir des conduites dont on peut rendre raison, [...] sans que ces conduites aient eu la raison pour principe. » - Pierre Bourdieu, 1994 fi fi ✤ => « raison incorporée » dénuée de cause mentale ✤ Apprentissage de règles, hiérarchies, de pratiques, de schèmes de perception du monde —> habitus ✤ => investissement socialement situé et constitué = illusio « L’illusio, c’est le fait d’être pris au jeu, d’être pris par le jeu, de croire que le jeu en vaut la chandelle, ou, pour dire les choses simplement, que ça vaut la peine de jouer. [...] Autrement dit, les jeux sociaux sont des jeux qui se font oublier en tant que jeux et l’illusio, c’est ce rapport enchanté à un jeu qui est le produit d’un rapport de complicité ontologique entre les structures mentales [des agents] et les structures objectives de l’espace social. C’est ce que je voulais dire en parlant d’intérêt : vous trouvez importants, intéressants, des jeux qui vous importent parce qu’ils ont été imposés et importés dans votre tête, dans votre corps, sous la forme de ce que l’on appelle le sens du jeu. » - Pierre Bourdieu, 1994, p.151 ✤ => Chaque jeu social (champ) dé nit ainsi ce qui est légitime ou illégitime, sensé ou insensé, et médiatise les intérêts personnels à travers une structure de positions qui permet de viser certains types de pro ts. ✤ L’« investissement » au sein du jeu renvoie alors à la fois au sens économique (miser) et psychanalytique (mettre de soi). ✤ La socialisation à une illusio produit évidences et investissements vis-à-vis d’enjeux qui apparaissent comme autant d’illusions pour ceux qui en sont étranger ✤ Que pensent des parents quand ils voient leur enfant passer des nuits à jouer à CS:GO ? fi fi ✤ En somme la socialisation produit un état d’enchantement [accord entre les structures objectives et subjectives] vis-à-vis d’un jeu social et explique qu’en général les gens aiment ce qu’ils font et y trouvent des intérêts. ✤ « (Ne pas) Se sentir à sa place » —> subj/obj ; habitus et champ ✤ Du « choix » à la « pratique » ✤ « Choix » rationnel à la suite de causes clairement identi ées/motivations évaluées rationnellement dans un univers de possibles sans limite ? ✤ —> Plutôt des « champs » : espaces de positions disponibles et structurées dans lesquels nous sommes insérés et que l’on apprend à (se) servir en en incorporant les règles, principes et vision du monde ✤ —> « habitus » et le sens pratique (et non pas rationnel ou intellectuel) est inscrit dans les corps, et ne s’exerce qu’en situation, face à des problèmes pratiques (joueur de tennis, homme politique en meeting, ouvrier sur sa machine, etc.) ✤ Acteur/individu —> « agent » (opposé à « patient ») fi Le rôle des individus. Les phénomènes d’incorporation : la notion d’habitus ✤ Bourdieu explique les mécanismes de reproduction par la notion d’habitus (et de violence symbolique) Reproduction sociale : « La reproduction sociale caract rise le fait que la hi rarchie sociale se perp tue dans le temps et que les enfants occupent les m mes positions sociales [relatives] que leurs parents. Plus cette reproduction est forte dans une soci t , moins l’ galit des chances y est r elle ». é é é ê é é é é é Th orie de la reproduction : Th orie (d velopp e initialement par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron) qui explique les in galit s scolaires par la fonction de reproduction sociale que poss de le syst me ducatif dans les soci t s contemporaines. Les milieux les plus favoris s se servent de leur ma trise du champ culturel et de la violence symbolique pour imposer leurs choix id ologiques et pour dissimuler [et légitimer] ce que le syst me a d’in quitable. Le syst me scolaire valorise le mod le culturel de la bourgeoisie, qui est par d nition [dif cilement] inaccessible aux milieux populaires, et les diff rences culturelles se transforment en une in galit des chances scolaires. D s lors, la r ussite scolaire d pend fortement de l’origine sociale, et les succ s scolaires confortent la r ussite sociale des enfants issus des milieux favoris s (les « h ritiers ») par la transmission du capital culturel ✤ « Blanchiment » des inégalités sociales (au sens de « blanchiment d’argent ») par l’obtention du capital culturel = légitimation ✤ Universalisation des intérêts des classes dominantes : valeurs de la bourgeoisie comme « base commune » é î fi è é è é é é è é é é é é è è é è é é é é é é é é fi é è é Habitus (Bourdieu): « syst me de dispositions durables acquis par l’individu au cours du processus de socialisation. Il s’agit donc la fois du produit de conditions sociales pass es et du principe g n rateur des pratiques et des repr sentations que l’individu va mobiliser dans ses strat gies. Bourdieu y voit un moyen de d passer l’opposition entre objectivisme (effets de la structure sociale) et subjectivisme (libert des agents)14 » L’habitus est une disposition incorporée sous formes de gestes, de goût et de dégoût, de préférences linguistiques, de façons de faire, de penser et d’être, etc. qui se révèle notamment à travers la « spontanéité ». L’habitus se distingue de l’habitude : « Contrairement l’habitude qui est consid r e comme m canique, automatique et r p titive, l’habitus est producteur et pas seulement reproducteur. Il parvient, en d pit des conditionnements successifs que nous subissons, g n rer des comportements nouveaux et diff rents de ce que l’on a exactement appris15 ». L’habitus d’un individu est tr s li sa classe sociale. » é é é è é é é à é é è é é é é à é é à à é é é « Les conditionnements associés à une classe particulière de conditions d'existence produisent des habitus, systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire fonctionner en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de ns et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement réglées et régulières sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et, étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre. » -Pierre Bourdieu, 1980, p. 88 fi ✤ Dispositions : inclinaisons à percevoir, sentir, faire, et penser d’une certaine manière, intériorisées et incorporées, le plus souvent de manière inconsciente, par chaque individu selon ses conditions objectives d’existence ✤ Habitus = > système (car relativement uni ées) de dispositions durables (relativement stables) et transposables (ont des effets dans d’autres sphères d’expériences) acquises dans le cours de certaines expériences ✤ Chaque habitus individuel combine une diversité d’expériences sociales diverses fi ✤ Habitus : « une subjectivité socialisée » ✤ Habitus : schème d’action et de perception ✤ Habitus : « structures structurantes et structures structurées » ✤ L’habitus n’est pas gé mais en perpétuel transformation ✤ À la fois principes acquis et producteur de pratiques ✤ La plupart du temps agit de manière « inconsciente » (n’en est que plus fort) ✤ La notion d’habitus est indissociable de celle de « socialisation » et va de pair avec celle de champ fi Socialisation : Selon la d nition classique de Guy Rocher, la socialisation d signe le « processus par lequel la personne humaine apprend et int riorise tout au cours de sa vie les l ments socioculturels de son milieu, les int gre la structure de sa personnalit sous l’in uence d’exp riences et d’agents sociaux signi catifs et par l s’adapte l’environnement social o elle doit vivre ». Pour Muriel Darmon, la socialisation renvoie « l’ensemble des processus par lesquels l’individu est construit – on dira aussi « form », « model », « fa onn », « fabriqu », « conditionn » - par la soci t globale et locale dans laquelle il vit, processus au cours duquel l’individu acquiert – « apprend », « int riorise », « incorpore », « int gre » - des fa ons de faire, de penser et d’ tre qui sont situ es socialement ». DARMON, M. (2006). La socialisation, Paris: A. Colin, p.6. à é à é é é è fl é fi é ç é ù é é à é è ê é à é é fi ç é é é La socialisation chez Durkheim « On peut, d'ailleurs, con rmer par une exp rience caract ristique cette d nition du fait social, il suf t d'observer la mani re dont sont lev s les enfants. Quand on regarde les faits tels qu'ils sont et tels qu'ils ont toujours t , il saute aux yeux que toute ducation consiste dans un effort continu pour imposer l'enfant des mani res de voir, de sentir et d'agir auxquelles il ne serait pas spontan ment arriv. D s les premiers temps de sa vie, nous le contraignons manger, boire, dormir des heures r guli res, nous le contraignons la propret , au calme, l'ob issance ; plus tard, nous le contraignons pour qu'il apprenne tenir compte d'autrui, respecter les usages, les convenances, nous le contraignons au travail, etc., etc. Si, avec le temps, cette contrainte cesse d' tre sentie, c'est qu'elle donne peu peu naissance des habitudes, des tendances internes qui la rendent inutile, mais qui ne la remplacent que parce qu'elles en d rivent. Il est vrai que, d'apr s M. Spencer, une ducation rationnelle devrait r prouver de tels proc d s et laisser faire l'enfant en toute libert ; mais comme cette th orie p dagogique n'a jamais t pratiqu e par aucun peuple connu, elle ne constitue qu'un desideratum personnel, non un fait qui puisse tre oppos aux faits qui pr c dent. Or, ce qui rend ces derniers particuli rement instructifs, c'est que l' ducation a justement pour objet de faire l' tre social ; on y peut donc voir, comme en raccourci, de quelle mani re cet tre s'est constitu dans l'histoire. Cette pression de tous les instants que subit l'enfant, c'est la pression m me du milieu social qui tend le fa onner son image et dont les parents et les ma tres ne sont que les repr sentants et les interm diaires. » - mile Durkheim (1894), Les r gles de la m thode sociologique. Paris: PUF, 16e dition, 1967, chapitre 1, « Qu’est-ce qu’un fait social ? », p.20. à É è é é é é è ê è à î é è fi é é à é é é à é é é é à è é ê é ê é à ê à é é é é é é é à é é é é é fi è à é è é ç è à à ê à à è fi à é In uence de l’habitus sur les pratiques alimentaires et logique de distinction chez Pierre Bourdieu « On pourrait, propos des classes populaires, parler de franc-manger comme on parle de franc-parler. Le repas est plac sous le signe de l’abondance [...] et surtout de la libert : on fait des plats ‘ lastiques’, qui ‘abondent’, comme les soupes ou les sauces, les p tes ou les pommes de terre [...] et qui, servies la louche ou la cuill re, vitent d’avoir trop mesurer et compter – l’oppos de tout ce qui se d coupe, comme les r tis. [...] Il fait partie du statut d’homme de manger, et de bien manger (et aussi de bien boire) : on insiste [...], en invoquant le principe qu‘il ne faut pas laisser’, et le refus a quelque chose de suspect ; le dimanche, tandis que les femmes, toujours debout, s’affairent servir et d barrasser la table et laver la vaisselle, les hommes, encore assis, continuent boire et manger. Ces diff rences tr s marqu es entre les statuts sociaux [...] ne s’accompagnant d’aucune diff renciation pratique (telle la division bourgeoise entre la salle manger et l’of ce, o mangent les domestiques et parfois les enfants), on tend ignorer le souci de l’ordonnance stricte du repas : tout peut ainsi tre mis sur la table peu pr s en m me temps [..], en sorte que les femmes peuvent en tre d j au dessert, avec les enfants qui emportent leur assiette devant la t l vision, pendant que les hommes nissent le plat principal ou que le ‘gar on’ arriv en retard, avale sa soupe. Cette libert , qui peut tre per ue comme d sordre ou laisser-aller, est adapt e. [...] La racine commune de toutes ces ‘licences’ que l’on s’accorde est sans doute le sentiment qu’on ne va pas, en plus, s’imposer des contr les, des contraintes et des restrictions d lib r s [...] et, au sein m me de la vie domestique, seul asile de libert , alors qu’on est de tous c t s et tout le reste du temps soumis la n cessit. ô fl à ê fi ê è ù ç fi é à é é ô à é é é à ê à é é é à â à à ç à ê é à é è à é é é é ê é è é à é é à é é é à à ô é é Au ‘franc-manger’ populaire, la bourgeoisie oppose le souci de manger dans les formes. Les formes, ce sont d’abord des rythmes, qui impliquent des attentes, des retards, des retenues ; on n’a jamais l’air de se pr cipiter sur les plats, on attend que le dernier se servir ait commenc manger, on se sert et ressert discr tement. On mange dans l’ordre et toute coexistence de mets que l’ordre s pare, r ti et poisson, fromage et dessert, est exclue : par exemple, avant de servir le dessert, on enl ve tout ce qui reste sur la table, jusqu’ la sali re, et on balaie les miettes. Cette mani re d’introduire la rigueur de la r gle jusque dans le quotidien [...] est l’expression d’un habitus d’ordre, de tenue et de retenue qui ne saurait tre abdiqu. Et cela d’autant moins que le rapport la nourriture – le besoin et le plaisir primaires par excellence [Elias] – n’est qu’une dimension du rapport bourgeois au monde social : l’opposition entre l’imm diat et le diff r , le facile et le dif cile, la substance ou la fonction et la forme [...], est au principe de toute esth tisation des pratiques et de toute esth tique. [...] C’est aussi un rapport la nature animale, aux besoins primaires et au vulgaire qui s’y abandonne sans frein ; c’est une mani re de nier la consommation dans sa signi cation et sa fonction primaires [...] en faisant du repas une c r monie sociale, une af rmation de tenue thique et de raf nement esth tique. La mani re de pr senter la nourriture et de la consommer, l’ordonnance du repas et la disposition de couverts, [...] tout ce parti de stylisation tend d placer l’accent de la substance et la fonction vers la forme et la mani re, et, par l , nier, ou mieux, d nier la r alit grossi rement mat rielle de l’acte de consommation et des choses consomm es ou, ce qui revient au m me, la grossi ret bassement mat rielle de ceux qui s’abandonnent aux satisfactions imm diates de la consommation alimentaire. » -BOURDIEU, P. (1979). La distinction. Critique sociale du jugement, Paris: ditions de Minuit, p.216-219. é é é à è è é è à é à è é à É à é è é é à é fi à é à é è é ô ê é é ê é é é é é fi è à è é è è fi fi é é Violence symbolique ✤ « J’appelle violence symbolique, la violence douce, insensible, invisible pour ses victimes mêmes, qui s’exerce pour l’essentiel par les voies purement symboliques de la communication et de la connaissance ou plus précisément, de la méconnaissance, de la reconnaissance ou, à la limite, du sentiment » (Bourdieu, La domination masculine, 1998) ✤ Dominant : celui qui met à pro t ou pro te des structures dominantes fi fi « Le principe de l'action historique, celle de l'artiste, du savant ou du gouvernant comme celle de l'ouvrier ou du petit fonctionnaire, n'est pas un sujet qui s'affronterait à la société comme à un objet constitué dans l'extériorité. Il ne réside ni dans la conscience, ni dans les choses, mais dans la relation entre deux états du social, c'est-à-dire l'histoire objectivée dans les choses, sous forme d’institutions [et à un état développé et autonome : le « champ »], et l'histoire incarnée dans les corps, sous la forme de ce système de dispositions durables que j'appelle habitus. »