CRI1950 – Introduction à la criminologie Cours 8 PDF

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Université de Montréal

Audrey Deschênes

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criminology risk assessment recidivism social sciences

Summary

This document provides an overview of criminology, focusing on risk assessment and recidivism, discussing various factors and approaches. It explores different types of risk factors, including static, stable dynamic, and acute dynamic factors. The presentation also outlines the different generations of risk assessment methods and the concept of RBR (Risk-Needs-Responsivity).

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CRI1950 – Introduction à la criminologie Cours 8 : Évaluation du risque de récidive Audrey Deschênes Évaluation du risque de récidive ― Fondements, nécessité et principes ― Types de facteurs de risque ― Évolution des approches en matière d’évaluation du risque ― Modèle RBR Fo...

CRI1950 – Introduction à la criminologie Cours 8 : Évaluation du risque de récidive Audrey Deschênes Évaluation du risque de récidive ― Fondements, nécessité et principes ― Types de facteurs de risque ― Évolution des approches en matière d’évaluation du risque ― Modèle RBR Fondements, nécessité et principes ― Évaluation du risque : méthode qui permet d’estimer la probabilité (risque) qu’un évènement futur indésirable se produise, en fonction d’un ensemble de facteurs identifiés (prédicteurs). o Méthode de prévention qui permet de réduire le degré d’incertitude o Utilisée dans plusieurs domaines, notamment : Santé (p.ex. médicaments et vaccins) Assurances (p.ex. voiture) Criminologie (p.ex. évaluation du risque de récidive) Fondements, nécessité et principes (suite) ― Récidive : répéter un comportement indésirable qui a eu des conséquences négatives ou qui a été ciblé par une intervention. ― Récidive criminelle : commettre à nouveau un crime, après que celui-ci ait été détecté et sanctionné par le système de justice pénale. ― Évaluation du risque de récidive criminelle : méthode qui vise à évaluer le risque de récidive d’une personne pour la prendre en charge de façon personnalisée afin de réduire son risque de récidive criminelle. Fondements, nécessité et principes (suite) ― Qu’est-ce qui doit être pris en compte lors de l’évaluation? o Quel(s) évènement(s) risque(nt) de se (re)produire? o À quelle fréquence? o Dans quelles conditions? o Quelle(s) intervention(s) permettrai(en)t de réduire le risque de récidive? ― Le rapport d’évaluation doit donc indiquer… o Niveau de risque o Besoins o Stratégies Fondements, nécessité et principes (suite) ― L’objectif de l’évaluation du risque est d’identifier des facteurs de risque associés à la récidive criminelle à l’aide d’études empiriques pour la prévenir. o Importance de la précision dans l’évaluation Sous-évaluation Surévaluation o Pourquoi évaluer si un individu est à risque élevé ou faible de récidive? Efficacité Limiter les effets indésirables Mieux orienter les ressources Types de facteurs de risque ― Facteurs de risque : caractéristiques personnelles, présentes et passées, qui augmentent la probabilité qu’une récidive criminelle se produise. o 3 types : statiques, dynamiques stables et dynamiques aigus Facteurs de risque statiques Non modifiables par une intervention Facteurs de risque dynamiques Stables Aigus Caractéristiques psychologiques et sociales durables Facteurs contextuels et immédiats Modifiables par : prise en charge à moyen-long terme Modifiables par : interventions rapides et ponctuelles Types de facteurs de risque (suite) ― Facteurs de risque statiques : facteurs immuables, ancrés dans le passé o Par exemple : Âge lors de la commission du premier crime Nombre d’antécédents criminels o Ne peuvent pas changer avec une intervention o Meilleur facteur de risque prédictif d’une récidive criminelle o Avantages : faciles à mesurer et utiles pour évaluer le risque à long terme o Limites : immuables et ne permettent pas d’identifier de cibles d’intervention Types de facteurs de risque (suite) ― Facteurs de risque dynamiques : facteurs qui peuvent théoriquement changer à la suite d’une intervention. o Facteurs dynamiques stables : caractéristiques psycho et sociales durables Par exemple : toxicomanie et pairs délinquants Intervention possible à moyen-long terme (mois ou années) Permettent d’identifier les cibles thérapeutiques/de surveillance o Facteurs dynamiques aigus : facteurs contextuels et immédiats Par exemple : intoxication et émotions négatives Changent rapidement (minutes, heures ou quelques jours) Permettent d’orienter l’intervention en situation de crise et la surveillance immédiate Types de facteurs de risque (suite) ― Il existe deux façons de concevoir le risque de récidive : 1) Risque inter-individuel : différence de risque entre deux personnes Facteurs dynamiques stables 2) Risque intra-individuel : différence de risque à l’intérieur d’une personne Facteurs dynamiques aigus Évolution des approches en matière d’évaluation du risque 1ère génération Jugement clinique non structuré 2e génération Évaluation actuarielle (facteurs statiques) Évaluation du risque et des besoins 3e génération (facteurs statiques et dynamiques) 4e génération Gestion du cas + facteurs statiques et dynamiques Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 1) Jugement clinique non-structuré o Évaluation clinique du contrevenant au cours d’entrevues Basée sur l’expérience clinique et le feeling du clinicien Dossier officiel du contrevenant est parfois consulté Mauvaise fidélité inter-juge o Validité prédictive est équivalente au hasard A mené au développement d’outils pour évaluer le risque de récidive Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 2) Évaluation actuarielle (facteurs statiques) o Pas de jugement clinique, contient seulement des facteurs de risque statiques Rassemblés de façon athéorique Cotation très mécanique qui laisse peu ou pas de place au jugement individuel Score de risque = somme des items (facteurs de risque statiques) du contrevenant o Avantages : passation rapide et validité prédictive supérieure o Limites : ne tient pas compte des changements et pas de cibles d’intervention Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 2) Évaluation actuarielle (facteurs statiques) (suite) ― Par exemple : RRASOR (Hanson, 1997) o Objectif Évaluer le risque de récidive sexuelle chez… Hommes adultes (18 ans et plus) Condamnés pour au moins 1 délit sexuel o 4 items pour un score total de 0 à 6 0 = 4,4% sur 5 ans; 6,5% sur 10 ans 1 = 7,6% sur 5 ans; 11,2% sur 10 ans 2 = 14,2% sur 5 ans; 21,1% sur 10 ans 3 = 24,8% sur 5 ans; 36,9% sur 10 ans 4 = 32,7% sur 5 ans; 48,6% sur 10 ans 5+ = 49,8% sur 5 ans; 73,1% sur 10 ans Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 3) Évaluation du risque et des besoins (facteurs statiques et dynamiques) o Incorpore les facteurs dynamiques (besoins criminogènes) aux facteurs statiques Permet d’étudier le changement dans le niveau de risque Permet d’identifier des cibles d’intervention o Il existe deux types d’outils de 3e génération : 1) Évaluation actuarielle dynamique (p.ex. STABLE-2007) 2) Jugement clinique structuré (p.ex. HCR-20) Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 3.1) Évaluation actuarielle dynamique o Partage les caractéristiques de l’évaluation actuarielle statique o Incorpore les facteurs dynamiques Nécessite une entrevue et une certaine expertise clinique Prévoit des règles de cotations claires Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 3.1) Évaluation actuarielle dynamique (suite) ‒ Par exemple : STABLE-2007 (Hanson et al., 2007) o Objectifs Évaluer le risque de récidive sexuelle et générale chez les hommes adultes déclarés coupables d’une infraction sexuelle Déterminer les cibles d’intervention pour réduire la récidive sexuelle o 13 items pour un score total de 0 à 26 Risque faible : 0-3 Risque modéré : 4-11 Risque élevé : 12-26 Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 3.2) Jugement clinique structuré o Apparu à la suite de l’insatisfaction de certains par rapport aux outils actuariels o Clinicien évalue le cas en fonction de facteurs de risque déterminés à l’avance o Aucune procédure automatisée pour compiler les résultats Le clinicien détermine le niveau de risque après avoir évalué en entrevue l’individu et avoir identifié ses facteurs de risque parmi ceux qui sont spécifiés dans l’outil employé, en faisant appel à son jugement et à son expérience professionnelle. Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 3.2) Jugement clinique structuré (suite) ‒ Par exemple : HCR-20, version 3 (Douglas et al., 2013) o Objectif Évaluer le risque de récidive violente auprès des délinquants en général o 20 items, 3 catégories de facteurs et 3 degrés de risque Passé (historical) : 10 items Présent (clinical) : 5 items Futur (risk management) : 5 items Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) ‒ Efficacité relative de chacune des générations Méthode la moins efficace à la plus efficace : Jugement clinique non-structuré Jugement clinique structuré Évaluation actuarielle statique et dynamique (efficacité semblable) Pause… de retour dans 10 minutes! Évolution des approches en matière d’évaluation du risque (suite) 4) Gestion du cas + facteurs statiques et dynamiques o Différence entre la 3e et 4e génération : recommandations sur la gestion du cas Met l’accent sur le risque et les besoins, mais aussi sur la réceptivité Intègre les principes du modèle RBR o Le modèle RBR inclut : Évaluation du risque Identification des besoins criminogènes et non-criminogènes Évaluation de la réceptivité Gestion du cas (recommandations) Modèle RBR ― Utilité de l’évaluation du risque ― Principes du modèle RBR ― Application pratique Utilité de l’évaluation du risque ― Évaluer les contrevenants o Évaluation du risque permet de distinguer délinquants à contrôler vs. dangereux o Limiter la remise en liberté de délinquants dangereux pour la société ― Orienter la démarche d’intervention pour favoriser la réinsertion sociale o En fonction des principes du modèle Risque-Besoins-Réceptivité (RBR) Principes du modèle RBR Risque : « qui » traiter Besoins : « quoi » traiter Réceptivité : « comment » traiter Besoins criminogènes vs. Besoins non-criminogènes Principes du modèle RBR (suite) ― Risque : « qui » traiter o Adapter le niveau d’intervention au niveau de risque du contrevenant o Corrélations entre niveau adapté de l’intervention et risque de récidive Contrevenant à risque élevé : intervention intensive diminue risque Contrevenant à risque faible : intervention intensive ou minimale augmente risque → … d’où l’importance de bien évaluer quel individu est à risque élevé de récidive, afin de savoir à qui offrir un traitement! Principes du modèle RBR (suite) ― Besoins : « quoi » traiter o Adapter les interventions selon les besoins criminogènes (facteurs dynamiques) Intervenir sur les besoins criminogènes que présentent le délinquant Ne pas intervenir sur les besoins criminogènes qu’il ne présente pas Ne pas intervenir sur les besoins non-criminogènes du délinquant o S’occuper d’abord des besoins criminogènes qui ont obtenu les cotes les plus élevées lors de l’évaluation o Si deux besoins d’égale importance, donner la priorité au besoin intrinsèque Laisser le délinquant choisir le besoin qui va le plus lui donner de motivation à changer Principes du modèle RBR (suite) ― Besoins : « quoi » traiter (suite) Besoins criminogènes Besoins non-criminogènes Personnalité antisociale Dépression Attitudes procriminelles Faible estime de soi Pairs antisociaux Sentiment d’être rejeté Toxicomanie Manque d’activité physique Faible aptitude à résoudre des problèmes Faibles habiletés interpersonnelles Hostilité et colère Anxiété Faible maitrise de soi Mauvais voisinage Manque d’activités prosociales Hallucinations Principes du modèle RBR (suite) ― Réceptivité : « comment » traiter o Optimiser la capacité du délinquant à tirer des apprentissages d’une intervention en lui offrant une thérapie cognitivo-comportementale et en adaptant l’intervention à son style d’apprentissage, à sa motivation, à ses aptitudes et à ses points forts. o Il y a deux types de réceptivité : Générale : utiliser des stratégies cognitivo-comportementales et liées à l’apprentissage social pour changer le comportement du délinquant Spécifique : adapter les stratégies d’intervention au style d’apprentissage, à la motivation, aux aptitudes, aux forces et aux caractéristiques du délinquant pour favoriser un changement de son comportement Principes du modèle RBR (suite) ― Réceptivité : « comment » traiter (suite) o Intervention cognitivo-comportementale Considère les troubles émotifs et comportementaux comme des réactions apprises par conditionnement et inadaptées pouvant être remplacées par des réactions adaptées Approche qui semble fonctionner le mieux auprès des contrevenants Centrée sur l’apprentissage social et l’action (approche active) : Restructuration cognitive Apprentissage de capacités déficitaires Réalisation de travaux/devoirs Principes du modèle RBR (suite) ― Réceptivité : « comment » traiter (suite) o Exemples de facteurs de réceptivité spécifique : Psychopathie Degré de motivation Adaptation du programme au sexe du délinquant Adaptation du programme à la culture du délinquant Troubles mentaux … Principes du modèle RBR (suite) ― En résumé… Risque : « qui » traiter Adapter le niveau d’intervention au niveau de risque de récidive du délinquant Besoins : « quoi » traiter Identifier et adapter les interventions selon les besoins criminogènes Réceptivité : Optimiser la capacité du délinquant à tirer des apprentissages d’une « comment » traiter intervention en lui offrant une thérapie cognitivo-comportementale et en adaptant l’intervention à son style d’apprentissage, à sa motivation, à ses aptitudes et à ses points forts pour changer son comportement Réceptivité générale Utiliser des stratégies cognitives d’apprentissage social Réceptivité spécifique Choisir des interventions cognitivo-comportementales qui tiennent compte des points forts, du style d’apprentissage, de la personnalité, de la motivation et des caractéristiques (p.ex. sexe, race) de la personne délinquante Application pratique ― Psychologie du comportement criminel (PCC; Andrews et Bonta, 2010) o Fondements théoriques Le risque de commettre un crime augmente au fur et à mesure que les récompenses perçues augmentent et que les coûts diminuent (calcul coût/bénéfice). La perception de récompenses se fait en fonction de facteurs de risque : attitudes antisociales, impulsivité, prédispositions personnelles, faible contrôle de soi… Semble fonctionner selon un effet additif : plus de facteurs de risque = plus de risque de commettre des crimes Application pratique (suite) ― Psychologie du comportement criminel (PCC; Andrews et Bonta, 2010) (suite) o Vont évaluer si la réhabilitation sociale fonctionne au Canada o Conclusions L’évaluation du risque détermine la façon d’intervenir auprès du délinquant Il faut adopter un modèle de traitement des délinquants selon les principes RBR 8 facteurs centraux de la récidive criminelle (Big Four et Moderate Four) Application pratique (suite) ― Psychologie du comportement criminel (PCC; Andrews et Bonta, 2010) (suite) o Big Four : facteurs de risque prédisant le plus fortement la récidive criminelle Facteur Indicateurs Besoins/cibles d’intervention Historique de comp. Précocité des comportements criminels, très Facteur de risque statique = antisociaux long dossier criminel, historique de bris de pas une cible d’intervention conditions de remise en liberté, etc. Traits de personnalité Agressivité, recherche de sensations fortes, Développement de compétences antisociale impulsivité, manque d’empathie, etc. émotionnelles (p.ex. gestion de la colère) Contrer les rationalisations avec des Attitudes et cognitions Rationalisations, attitudes, valeurs et valeurs prosociales et favoriser le antisociales croyances favorables au crime développement d’une identité prosociale Pairs antisociaux Entourage de pairs délinquants et absence Favoriser le désistement des pairs de pairs prosociaux antisociaux au profit de pairs prosociaux Application pratique (suite) ― Psychologie du comportement criminel (PCC; Andrews et Bonta, 2010) (suite) o Moderate Four : facteurs de risque ayant un impact plus faible sur la récidive Facteur Indicateurs Besoins/cibles d’intervention Relations familiales/ Incapacité à s’investir dans des relations saines Favoriser l’apprentissage de bonnes maritales à long terme, parents ou partenaire criminalisés, pratiques parentales, réduire conflits, etc. absence de lien social protecteur, etc. Problèmes scolaires ou Décrochage scolaire, difficulté à garder un Développement des habiletés scolaires/ au travail emploi, conflits interpersonnels à l’école ou professionnelles, épanouissement au travail, mauvais rendement, etc. individuel, etc. Loisirs et activités Faible implication dans activités prosociales, Encourager l’exploration et la trop de temps libre, etc. participation dans ce type d’activités Abus de substances Consommation excessive d’alcool, de drogues Encourager et soutenir le désistement, et de médicaments, évaluer la consommation etc. passée et actuelle Application pratique (suite) ― Psychologie du comportement criminel (PCC; Andrews et Bonta, 2010) (suite) o Pourquoi adopter un modèle de traitement qui respecte les principes RBR? ‒ Plus les principes du modèle RBR sont respectés, plus le taux de récidive diminue! o 1 : peu, voire pas, d’effet sur la récidive o 2 : diminution de 18% o 3 : diminution de 26% En résumé… ― L’évaluation du risque de récidive permet de… o Prédire avec plus d’efficacité si un délinquant commettra des crimes dans le futur o Établir des cibles de surveillance et d’intervention en fonction du niveau de risque o Éviter d’intervenir insuffisamment (délinquants dangereux et ceux à risque élevé) ou excessivement (délinquants à contrôler et ceux à risque faible de récidive) Avez-vous des questions? À la semaine prochaine!

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