Histoire - Chapitre I : L'Europe dans la Seconde Guerre mondiale - PDF
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Summary
Ce chapitre traite de l'Europe dans les années 1930 et au début de la Seconde Guerre mondiale. Il analyse les régimes démocratiques fragilisés par la crise économique, le développement des régimes fascistes, et le basculement vers le pouvoir personnel de Staline en URSS.
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Histoire – chapitre I L’Europe dans la Seconde Guerre mondiale I. Dans les années 1930, une Europe divisée entre trois grands modèles 1. Des régimes démocratiques fragilisés par la crise économique de 1929 La crise de 1929 débute avec le krach boursier d’octobre 1929, au...
Histoire – chapitre I L’Europe dans la Seconde Guerre mondiale I. Dans les années 1930, une Europe divisée entre trois grands modèles 1. Des régimes démocratiques fragilisés par la crise économique de 1929 La crise de 1929 débute avec le krach boursier d’octobre 1929, au cours duquel la bourse de New York, située à Wall Street, s’effondre, provoquant la faillite de nombreuses banques et la ruine de centaine de milliers de personnes. Cette crise est souvent décrite comme une crise de surproduction, en raison de l’une de ses causes principales, liée au développement économique des années 1920. La production industrielle a progressé assez rapidement, notamment avec l’utilisation de chaîne de production très rationnalisées – c’est le taylorisme – mais les salaires ont progressé nettement moins vite. Cet écart entre la progression de la production et la progression des salaires conduit à ce que les industriels ne parviennent pas à vendre leur production, faute de clients suffisamment bien payés pour l’acheter. Ils réduisent donc leur production et, pour ce faire, licencient, aggravant l’insuffisance de la demande. Après le déclenchement de la crise, en 1929, la production s’effondre (moins 40 % en Allemagne et en France, par exemple) et le chômage augmente fortement (il dépasse 30 % parmi les ouvriers aux États-Unis et en Allemagne) jusqu’en 1932. De telles évolutions aggravent la crise de surproduction, car les ouvriers licenciés ne percevant plus de salaires, ils ne peuvent plus rien acheter. La crise est ainsi la cause d’une forte augmentation de la misère dans les milieux ouvriers, qui ont recourt aux soupes populaires pour survivre, et manifestent pour réclamer « du travail et du pain » (à Saint-Denis, près de Paris, en 1933). Pour les paysans, la baisse des prix agricoles conduit également à la misère. Beaucoup d’entre eux doivent vendre leurs terres, leurs bêtes, leurs machines et leurs outils pour parvenir à survivre (aux États-Unis, en particulier). Ouvriers et paysans se révoltent contre cette situation. Ils manifestent, provoquent des émeutes et votent de plus en plus pour des partis politiques qui disent vouloir changer radicalement la société. Cette évolution conduit parfois à la disparition de régimes démocratiques, comme en Allemagne, où le parti nazi, un parti d’extrême-droite, qui faisait 6 % des voix en 1928, dépasse les 52 % en 1933. 2. Le développement des régimes fascistes : l’exemple de l’Allemagne Pour les nazis et notamment pour Adolf Hitler, le chef du parti nazi et chef de l’État allemand à partir de 1933, la société allemande est composée d’« aryens », de « nègres » ou encore de « juifs », qui sont eux-mêmes un mélange d’« orientaux », de « proches-orientaux », de « nègres » et de peuples « hamitiques ». Il s’agit de groupes qui sont définis sur une base raciale, selon leur apparence physique et leur ascendance. Ces groupes ne sont pas, pour les nazis, égaux : Hitler définit les Aryens comme « la plus haute race », tandis qu’il définit les noirs comme des « demi-singes » (dans son livre Mein Kampf, publié en 1925). Les Juifs, en particulier, sont perçus comme inférieurs mais très dangereux, car cupides et manipulateurs. 1 Afin de faire progressivement adhérer l’ensemble de la société allemande à cette vision raciste, les nazis encadrent toute la jeunesse dans des organisations nazies, telles que les jeunesses hitlériennes (de 14 à 18 ans), le parti nazi (NSDAP), des organisations de travailleurs dépendant du parti nazi, la SS, la Wehrmacht (c’est-à-dire l’armée), etc. Par ce moyen, ils parviennent à contrôler tous les aspects de la vie des individus et s’efforcent d’éliminer toutes les convictions politiques distinctes du nazisme (le marxisme, le libéralisme, le conservatisme d’inspiration catholique ou protestante, etc.). Le but de cette réorganisation autoritaire de la société allemande est l’expansion territoriale. Les nazis considèrent que le territoire allemand est trop petit et ne permet pas à la race aryenne de se développer comme elle le devrait. Il est donc nécessaire de l’étendre. Pour cela, les nazis comptent remettre en cause par la force les frontières issues de la Première Guerre mondiale et conquérir un vaste « espace vital » pour l’Allemagne à l’Est de l’Europe. Ils préparent donc l’armée et l’économie allemande pour une gigantesque guerre de conquête, dès le milieu des années 1930. 3. En URSS, le basculement vers le pouvoir personnel de Staline L’Union Soviétique trouve son origine dans la révolution d’octobre, en 1917, qui a permis aux bolcheviks, un parti d’inspiration marxiste dirigé par Lénine, de s’emparer du pouvoir en Russie, alors que le pays est toujours engagé dans la Première Guerre mondiale. Dès la prise du pouvoir, les bolcheviks prennent des mesures radicales qui les rendent très populaires parmi la population russe : proposition d’une paix immédiate à toutes les nations participant à la guerre, partage des terres, c’est-à-dire distribution aux millions de petits paysans pauvres de parcelles de terres prélevées sur les grands domaines des nobles, reconnaissance de l’égalité de toutes les « nationalités », c’est-à-dire de tous les peuples qui composent la Russie, journée de huit heures dans l’industrie, droit de vote des femmes ainsi que le contrôle par les ouvriers des usines où ils travaillent. Lénine doit cependant abandonner son rôle à la tête du gouvernement soviétique à partir du 1923. Il souffre en effet d’une grave maladie cérébrale liée aux suites d’une tentative d’assassinat à laquelle il a échappé en 1918. De plus en plus fréquemment incapable de parler et d’écrire, il meurt en janvier 1924. Après sa mort, plusieurs dirigeants bolcheviks s’affrontent pour lui succéder, parmi lesquels les principaux sont Trotski et Staline. Staline l’emporte, exile Trotski hors d’Union Soviétique en 1929 puis le fait assassiner en 1940. Staline développe dans les années 1930 un régime autoritaire, fondé sur le culte de sa personnalité et la répression de ses opposants politiques, exécutés par le NKVD, la police politique du régime, ou déportés dans les camps du Goulag, où les conditions de vie sont très dures. Sur le plan économique, le gouvernement soviétique adopte à partir de 1928 un système d’économie planifiée, dans lequel toutes les entreprises appartiennent à l’État, qui fixe secteur par secteur d’ambitieux objectifs de production, dans le cadre de plans de cinq ans, dits plans quinquennaux. Ce système, très efficace, permet à l’Union Soviétique d’augmenter fortement sa production industrielle et de dépasser durant les années 1930 la France, le 2 Royaume-Uni et l’Allemagne pour devenir la deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis. II. La Seconde Guerre mondiale, un conflit d’une ampleur inédite 1. Une guerre totale menée sur quatre fronts principaux La Seconde Guerre mondiale débute en Europe en septembre 1939, avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie, mais elle a débuté en juillet 1937 en Asie. Il s’agit en effet d’un conflit mondial s’étant déroulé sur quatre fronts principaux, à savoir le front de l’Ouest, en Europe (en mai et juin 1940, puis à nouveau à partir de 1943-1944), le front de l’Est, en Europe, opposant Allemands et Soviétiques à partir de 1941 et jusqu’en 1945, le front chinois, en Asie-Pacifique, opposant Chinois et Japonais à partir de 1937 et jusqu’en 1945, et le front pacifique, en Asie-Pacifique, opposant Japonais et Étasuniens à partir de 1941 et jusqu’en 1945. Jusqu’en 1942, Allemands et Japonais sont victorieux et parviennent à conquérir de vastes territoires, qu’ils annexent ou occupent militairement et qu’ils exploitent durement, en prélevant leurs ressources et en faisant travailler de force leurs populations civiles. La situation est renversée à partir de 1942 et 1943, avec plusieurs batailles décisives : Stalingrad, en Union Soviétique, qui voit la défaite de la Wehrmacht (allemande) face à l’armée rouge (soviétique) et les batailles de Midway et Guadalcanal, dans le Pacifique, qui permettent à l’armée étasunienne de l’emporter sur l’armée japonaise. Les Alliés (Étasuniens, Soviétiques, Britanniques, Chinois, Français et des dizaines d’autres nations) progressent ensuite au cours des années 1943, 1944 et 1945 et parviennent à forcer leurs ennemis à capituler, en mai 1945 pour les Allemands et en septembre 1945 pour les Japonais. La guerre a pris des formes très variées. En Europe, il s’agit d’une guerre de mouvement terrestre, mettant en œuvre principalement des chars d’assaut et des bombardements aériens, avec quelques exceptions (comme les interminables combats de rue de Stalingrad). Dans le Pacifique, la guerre a pris la forme d’affrontements aéronavals dans lesquels les porte-avions jouent le premier rôle. En Europe, c’est le front de l’Est qui a été décisif : les Allemands et leurs alliés y perdent 5,5 millions d’hommes, contre 800 000 hommes sur le front de l’Ouest. 2. Une guerre technique généralisant les atteintes aux populations civiles La Seconde Guerre mondiale a été un moment de très forte accélération du progrès technique, chaque grande puissance engagée dans le conflit investissant des sommes importantes dans la recherche dans l’espoir de prendre le dessus grâce à de nouvelles technologies. C’est ainsi qu’ont été inventé, durant la guerre, les premiers radars, les premiers avions à réaction, les premiers missiles balistiques ainsi que les premiers antibiotiques. La fin de la guerre a également vu l’explosion des premières bombes atomiques (voir ci-dessous, 3). Cette guerre a également vu une généralisation des violences exercées contre les civils. Cela est principalement dû à l’action des troupes allemandes et japonaises et de leurs alliés. Ainsi, sur le Front de l’Est, en Union Soviétique, les troupes allemandes rasent des villages entiers, laissent mourir de faim des centaines de milliers de prisonniers de 3 guerre, affament délibérément la population de Léningrad durant le siège de la ville. Ces violences tiennent pour une part aux convictions racistes qui animent les soldats de l’Allemagne nazie, pour qui les Slaves sont des êtres inférieurs. Ces crimes de guerre ont de terribles conséquences démographiques pour les pays concernés. Plus de 26 millions de Soviétiques sont tués, dont 18 millions de civils, soit 14 % de la population ; en Pologne, ce sont près de 6 millions de civils qui sont tués, soit 18 % de la population. L’armée japonaise se comporte de la même façon en Chine, où plus de 16 millions de civils sont tués. 3. L’anéantissement politique et militaire des puissances de l’Axe En août 1945, les Étasuniens bombardent les villes de Hiroshima et Nagasaki, au Japon, avec des armes nucléaires, pour la première fois de l’histoire de l’humanité. Deux bombes rasent complètement les deux villes japonaises, tuant entre le quart et le tiers de leurs habitants, soit plus de 200 000 morts au total. Dans les deux cas, il s’agit de cibles civiles, totalement dépourvue d’intérêt stratégique. L’objectif du gouvernement étasunien, par ces bombardements, est de prouver aux Japonais qu’ils sont en mesure d’anéantir absolument l’ensemble du pays, afin de les forcer à capituler, ce qu’ils font en septembre 1945. En Allemagne, la capitulation de mai 1945 conduit à la fin du régime nazi. Les dirigeants nazis se suicident (comme Hitler) ou sont arrêtés et jugés lors d’un procès extraordinaire organisé à Nuremberg en 1945 et 1946. La plupart d’entre eux sont condamnés à mort, à la prison à vie ou à de longues peines de prison. L’Allemagne perd une partie de ses territoires orientaux, annexés par la Pologne et l’Union Soviétique, et parvient à ses frontières actuelles. Le reste de son territoire est divisé en quatre zones d’occupation militaire, confiées aux Étasuniens, aux Soviétiques, aux Britanniques et aux Français. On procède à la même division pour la capitale allemande, Berlin. Pour éviter que la guerre ne puisse survenir à nouveau, les nations victorieuses créent un ordre international nouveau, fondé sur l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette organisation vise au maintien de la paix et à la préservation des droits humains, individuels et collectifs. Dans ce nouvel ordre international, les principales nations victorieuses jouent un rôle décisif, du fait de leur position comme membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU : il s’agit des États-Unis, de l’Union Soviétique, du Royaume-Uni, de la Chine et de la France. III. À l’Est de l’Europe, une guerre d’anéantissement menant à la violence génocidaire 1. Le genèse de la « Solution finale » Les nazis, férocement antisémites – c’est-à-dire hostiles aux juifs –, discriminent les populations juives dès leur arrivée au pouvoir, en 1933, en chassant les juifs de la fonction publique allemande. En 1935 sont adoptées les lois de Nuremberg, qui interdisent notamment les mariages et les relations amoureuses entre les juifs et d’autres citoyens allemands. La catégorie de « juif » est ensuite définie légalement comme toute personne ayant trois grands-parents juifs. Il s’agit donc d’une conception raciale du judaïsme, conforme à 4 la vision du monde nazie, et totalement indifférente aux convictions religieuses des intéressés. L’étape suivante dans la marginalisation des juifs au sein de la société allemande est franchie avec la nuit de Cristal, en novembre 1938. À cette occasion, des militants nazis et des policiers en civil, aidés par plusieurs milliers d’Allemands ordinaires, s’en prennent aux biens des juifs dans tout le pays. Plus de sept mille magasins juifs et deux cents synagogues sont vandalisés, incendiés, pillés ou détruits ; une centaine de personnes juives sont tuées et 30 000 sont déportées en camps de concentration. À partir du début de la guerre, en 1939, des unités spéciales de l’armée allemande, les Einsatzgruppen, sont chargés de tuer tous les juifs qui vivent dans les territoires conquis par l’Allemagne. Au même moment, Hitler autorise l’action T4, qui vise à mettre à mort tous les handicapés mentaux vivant en Allemagne. En 1942, le gouvernement nazi, réuni à Wannsee, près de Berlin, décide d’organiser l’élimination systématique de tous les juifs vivant dans les territoires contrôlés par l’Allemagne, par tous les moyens. C’est le début de ce que les nazis appellent « la solution finale à la question juive ». 2. Einsatzgruppen, camps de concentration, centres d’extermination Pour éliminer les juifs vivant sur les territoires qu’ils contrôlent, les dirigeants nazis adoptent plusieurs méthodes. À l’Est, sur le front et sur les territoires soviétiques occupés par l’armée allemande, les Einsatzgruppen fusillent les juifs en masse et enfouissent leurs corps dans des fausses communes, comme à Babi Yar, en Ukraine. On a pu parler, au sujet de ces actions, de « Shoah par balles ». La plupart des victimes du génocide des juifs périssent cependant dans le système concentrationnaire nazi, composé de camps de concentration (comme Dachau, Buchenwald ou le Struthof-Natzweiler, en Alsace) et de camps d’extermination, aussi appelés centres de mise à mort. Ces derniers sont tous situés en Europe centrale, principalement en Pologne ; il s’agit d’Auschwitz-Birkenau, de Treblinka, de Sobibor, de Majdanek, de Belzec et de Chelmno. Dans les premiers, les camps de concentration, les déportés sont forcés à travailler toute la journée, en recevant des rations alimentaires insuffisantes et en vivant dans des baraques non chauffées, ce qui conduit la plupart d’entre eux à mourir de maladie ou d’épuisement. Dans les seconds, les centres de mise à mort, les déportés sont conduits dans des chambres à gaz, où ils meurent par inhalation d’un gaz mortel. Leurs corps sont ensuite brûlés dans des fours crématoires afin de dissimuler le processus de mise à mort de centaines de milliers de personnes. 3. Sept millions de victimes des génocides nazis Par ces procédés, les nazis ont mis à mort entre six et huit millions de juifs et de tziganes – une minorité ethnique européenne également détestée par les nazis, dont les membres sont aussi désignés comme roms, gitans ou manouches. Les camps de concentration et d’extermination ont également été utilisés contre toute une série d’autres personnes jugées indignes de vivre par les nazis, tels que les militants communistes ou socialistes, les homosexuels ou les handicapés mentaux. De nombreuses autres raisons pouvaient conduire à la déportation dans ces camps, comme l’illustre la catégorie vague d’« asociaux », employée par les nazis, qui 5 recouvre les alcooliques, les chômeurs de longue durée, les prostituées, les femmes ayant eu recours à l’avortement ou les homosexuelles. Ces génocides ont profondément transformé le paysage culturel de l’Europe, des communautés entières ayant disparu. Ainsi, 90 % des juifs polonais sont morts, de même que 80 % des juifs tchécoslovaques et 50 % des juifs allemands. 6