Méthodes de terrain Observation et entretiens PDF
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This document presents a lecture on fieldwork methods, focusing on observation and interviews. The material covers selecting a research topic, dealing with demanding research terrain and approaches to conducting observation and documentation in the field.
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Méthodes de terrain : Observation et entretiens Cours 3. La méthode d’observation Les 3 temps de l’enquête de terrain Méthodes de terrain : Observa2on et entre2ens...
Méthodes de terrain : Observation et entretiens Cours 3. La méthode d’observation Les 3 temps de l’enquête de terrain Méthodes de terrain : Observa2on et entre2ens 2 Temps 1/ L’entrée sur le terrain (1) - Choisir un thème ou un objet de recherche ? Un choix en adéquation avec les méthodes - Choisir un terrain : la tentation de l’extraordinaire - Principe : un terrain dans lequel il y a des « opportunités d’enquête » (Cefaï 2003), mais pas trop familier pour favoriser l’ « étrangement » - Les terrains difficiles - Une enquête de terrain ne s’improvise pas - Se documenter au préalable (comptes-rendus d’enquête, documentaires, presse, statistiques…) - Utiliser Internet avec discernement !! « Une bonne préparation du terrain vous aide à être aux aguets » (Beaud et Weber 1998, p.54). Méthodes de terrain : Observation et entretiens 3 Temps 1/ L’entrée sur le terrain (2) Enjeu : La présentaAon de soi (comment se présenter ? comment être ?) - ObjecXf : obtenir la confiance et la coopéraXon des enquêté·es - La présentaXon de soi produit des effets sur les enquêté·es, qui vont s’appuyer sur des marqueurs sociaux pour idenXfier l’enquêteur. Ce\e idenXficaXon est le moteur de l’enquête - Double principe : jouer franc-jeu ; adapter sa présentaXon à la situaXon et au monde des enquêté·es « être à mi-chemin entre l’imitaXon et la fidélité́ absolue à votre idenXté́ » (Goffman 1973). Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 4 Temps 2/ Le travail de terrain - Etablir les premiers contacts - Enjeu : Trouver des allié·es - Se consXtuer un réseau d’enquêté·es qui aideront dans le travail : personnes bien informées qui pourront « ouvrir des portes » - Les allié·es deviennent parfois encombrants - Enjeu : Se faire accepter, en se soumeIant aux rites de passage des enquêté·es - Connaitre et maîtriser les biais de l’enquête pour limiter leurs effets - Biais de sélecXon - Biais liés à la relaXon enquêteur·rice/enquêté·e - Biais liés à l’encliquage Méthodes de terrain : Observation et entretiens 5 Temps 3/ La sor:e du terrain - Quitter la place - Faire avec le « matériau » que l’on a - Y revenir ? - Restituer - Les avantages de la restitution : un contre-don ; la collecte d’un nouveau « matériau » - Les épreuves de la restitution Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 6 La méthode d’observation Méthodes de terrain : Observa2on et entre2ens 7 Plan de l’exposé 1. La méthode d’observa2on (directe) : c’est quoi ? 2. Deux formes d’observa2on : descrip2ve et par2cipante 3. Les étapes du recueil d’observa2ons 4. Les ou2ls de l’observa2on 5. Le compte-rendu des observa2ons Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 8 Méthode de recherche consistant à aller voir les acteurs en situation réelle, pour saisir 1. Définition de leurs pratiques et leurs interactions « sur le vif », en temps réel la méthode Objectif : obtenir des données de « première d’observation main » sur les pratiques et les interactions des sujets de l’enquête, par contact direct (directe) entre l’enquêteur·rice et l’enquêté·e Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 9 Méthode adaptée à une concep:on du monde social 1951 : R.F. White : « ObservaAonal Fieldwork Methods » Années 1970 : reconnaissance de la méthode et publicaAon de manuels (classiques) : - Strauss et Glaser, The Discovery of Grounded Theory, 1967 - Filstead, Qualita6ve Methodology, 1970 - Mc Call et Simmons, Issues in Par6cipant Observatory, 1969 Une vision interacAonniste du social : le monde social se consAtue au travers des interacAons concrètes, elles-mêmes guidées par les représentaAons que les acteur·rices s’en font. Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 10 Un·e chercheur·e témoin de la situation (1) Dans cette méthode, le chercheur se fait « le témoin des comportements sociaux d’individus ou de groupes dans les lieux mêmes de leurs activités ou de leurs résidences sans en modifier le déroulement ordinaire » (Peretz, 2007 : 14). Méthodes de terrain : Observation et entretiens 11 Une·e chercheur·e témoin de la situa:on (2) Observe une populaAon réelle En recueille toutes les composantes : personnes et groupes, actes et gestes, objets, organisaAon formelle mais aussi informelle (« scène » et « coulisses »), paroles échangées Enregistre ses observaAons par la prise de notes ou tout autre moyen ; depuis le premier contact avec le terrain jusqu’au dernier Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 12 Le paradoxe de l’observateur (Labov) Exemple : J. Favret-Saada et son Le paradoxe ? Alors que l’observateur est enquête sur la sorcellerie dans censé observer les interactions humaines le Bocage normand (1977) en « situation réelle », sa présence produit inévitablement des effets sur cette situation. Prendre en compte ce biais d’enquête : analyser les effets de sa présence, les donner à voir dans l’écriture des résultats. Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 13 2. Deux formes d’observa>on: descrip>ve et par>cipante Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 14 L’observation descriptive vise à décrire une situation et ses composantes objectives, parfois très finement. - L’enquêteur·rice reste extérieur·e à la situation et essaye d’être le moins dérangeant·e possible. - Il ou elle prend notes en situation, pour saisir les pratiques et interactions telles qu’elles se déroulent et en relation avec le contexte. L’observation participante vise à repérer le sens que les acteurs locaux donnent à la situation et à leurs actes. - L’enquêteur·rice cherche à acquérir un statut dans le monde étudié. - Il ou elle ne prend pas notes mais observe en général sur une plus longue durée, pour comprendre finement la situation par une sorte de socialisation au monde étudié. Méthodes de terrain : Observation et entretiens 15 3. Les étapes du recueil des observa>ons Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 16 Des conseils, pas une receEe « Plus il [l’enquêteur] pénètre un milieu, mieux il apprend à s’y conduire, à se placer là où il faut pour observer, à noter les actes essenAels et les propos les plus significaAfs dans ce contexte parAculier qui devient peu à peu familier. Ainsi les procédures standardisées […] n’épuisent pas les invenAons, les trouvailles que chacun, engagé dans une observaAon d’un milieu nouveau, dégagera au fur et à mesure de son travail » (Peretz 2007, p.6). Méthodes de terrain : Observation et entretiens 17 Avant le terrain 1) Définir la situaAon à observer et en expliciter les raisons (composantes) 2) Choisir entre ObservaXon descripXve ou parXcipante ObservaXon à découvert ou incognito (under cover) Déclarer ou pas sa véritable iden3té ? Exemple : Laud Humphreys, « The tearoom trade » (1970) Des problèmes éthiques Des choix dépendant du contexte, non binaires et pouvant évolués Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 18 Exemple : Richard Hoggart, The Uses of Literacy (1957) « Je suis originaire d’une famille ouvrière et je me sens, en cet instant même, à la fois proche et éloigné de ma classe d’origine. Mon origine sociale m’aide sans doute lorsqu’il s’agit de sen3r la tonalité vécue de la vie populaire, de même qu’elle me préserve de quelques-unes des méprises auxquelles sont exposés les observateurs bourgeois. Mais, d’un autre côté, ceTe par3cipa3on présente des dangers considérables. Que vaut mon opinion selon laquelle, comme je l’expose dans la seconde par3e de l’ouvrage, les changements récents de la société industrielle dépossèdent les classes populaires du meilleur de leur culture propre ? […] En écrivant ce livre, il m’a fallu résister sans cesse à une convic3on profonde et à une forme de nostalgie qui me portaient à juger l’ancien plus admirable que le nouveau ». Méthodes de terrain : Observation et entretiens 19 Pendant le terrain 1) S’installer : trouver une place (un point fixe d’observaAon sur la situaAon ou un rôle dans celle-ci), et puis faire varier les places. L’observaXon flo\ante : « Il faut se laisser à tout moment vacant et disponible, ne pas mobiliser son a\enXon sur un objet quelconque, mais la laisser flo\er avant que les informaXons la pénètrent sans filtre, sans a priori, jusqu’à ce que des points de repère, des convergences apparaissent et que l’on parvienne enfin à découvrir des règles sous-jacentes. » (Pétonnet, 1985 : 39) L’observaXon focalisée : focaliser son a\enXon sur des aspects plus parXculiers du thème d’enquête 2) S’ennuyer : « Le début de l’observaAon est toujours une torture » (Hughes) 3) Maintenir sa vigilance (Cefaï) Par rapport au sens commun Par rapport au sens scienXfique (théorie) UXliser la surprise, l’étonnement et ses propres réacXons émoXonnelles Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 20 Après le terrain (et déjà pendant) 1) Décrire minuAeusement pour garder une trace écrite des observaAons 2) Analyser les observaAons recueillies, en interprétant les significaAons des actes et des propos observés pour les individus concernés eux-mêmes, à parAr de concepts et de théories Méthodes de terrain : Observation et entretiens 21 Exemple : Goffman, Asile, 1961 « À l’Hôpital Central, d’après ce que j’ai pu observer, plusieurs expédients simples sont tacitement tolérés. C’est ainsi que l’on voit fréquemment les pensionnaires uXliser les radiateurs pour faire sécher leur linge après l’avoir lavé dans le lavabo de la salle de bains, organisant ainsi eux-mêmes leur blanchissage, alors qu’en principe ce chapitre devrait rester du ressort de l’insXtuXon. Dans les quarXers pourvus, en guise de sièges, de bancs de bois, les malades transportent des journaux qu’ils roulent pour les glisser sous leur tête lorsqu’ils s’allongent sur les planches dures. Manteaux ou servie\es roulés remplissent le même office. Les malades habitués à d’autres insXtuXons carcérales emploient à ce\e fin des expédients encore plus radicaux, comme une chaussure. En changeant de quarXer, les malades transportent parfois leurs affaires personnelles dans une taie d’oreiller nouée par le haut, praXque reconnue semi- officiellement dans certaines prisons. » 22 4. Les ou>ls de l’observa>on Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 23 Le carnet de terrain (1) Un ouAl personnel, appelé aussi « carnet de bord ». Il permet de noter/décrire toutes les observaAons (faits, présences, conversaAons, ambiance, impressions…) de manière chronologique. Décrire !, et non seulement énumérer des personnes, des objets ou des acAvités. Méthodes de terrain : Observation et entretiens 24 25 Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 26 Méthodes de terrain : Observation et entretiens 27 Le carnet de terrain (2) Il est composé de : - Notes descripAves : décrire le plus possible ce que l’on observe, si possible pendant l’observaAon. - Notes analyAques : à la relecture des notes descripAves et lors des discussions avec les collègues, des liens de convergence ou de divergence apparaissent entre observaAons ou avec des éléments extérieurs à la situaAon observée. Ce sont des premières analyses qui devront être confirmées au gré des observaAons et éventuellement problémaAsées. - Notes théoriques : en relisant les notes et en discutant, des concepts, des auteurs apparaissent. - Notes réflexives : récit de l’enquête sur le terrain (entrée sur le terrain, difficultés rencontrées, relaAon d’enquête, quesAons éthiques éventuelles…). => Ces différents types de notes doivent être clairement disAngués ! Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 28 Le guide d’observa:on (ou grille d’observa:on) Cet outil permet de focaliser et systématiser l’observation grâce à la construction d’indicateurs qui aiguisent la capacité à remarquer les différentes composantes de la situation. Qu’est-ce qu’un indicateur ? - Une catégorie d’observations à recueillir (et premier énoncé d’une composante de la situation) - Construit à partir - Soit des observations flottantes : premiers étonnements ⇢ questions ⇢ indicateurs - Soit de la théorie et des hypothèses à vérifier : hypothèses ⇢ indicateurs - Un outil pour formaliser ses observations et un pense-bête Se servir du guide d’observation en gardant les « yeux ouverts » ! Un outil évolutif, à enrichir au gré des observations Méthodes de terrain : Observation et entretiens 29 Méthodes de terrain : Observa2on et entre2ens 1/ L’environnement Indicateurs temporels Ma#n/après-midi/soir Durée des ac#vités/interac#ons Indicateurs urbains Caractéris#ques matérielles du quar#er : Infrastructures bâ#es aux abords (maisons? immeubles à appartements ? tour de bureaux? église? services?) Le guide 2/ L’espace Caractéris#ques sociales du quar#er : popula#ons présentes aux abords du lieu (âge ? genre ? autres caractéris#ques ?) d’observa:ons L’espace et les sous-espaces (« zones ») du lieu Caractéris)ques (type d’espace, taille, forme…) pour les TP (1) Limites et fron)ères Ouvertures et ar)cula)ons du lieu avec l’environnement extérieur Le cadre bâ* L’ambiance générale (sonore, odeurs, couleurs, calme/agitée…) La posi*on et le flux des individus dans l’espace Épars/groupés Posi)ons dans l’espace en fonc)on des usages et/ou des fonc)ons (par ex. le bourgmestre occupe-t-il une place par)culière au sein du conseil communal ? l’animateur occupe-t-il une place par)culière dans la maison de quar)er ?) Mobile/immobile : Assis, debout ? (où ?) en mouvement ? (de où vers où ?) 30 Méthodes de terrain : Observation et entretiens 3/ Les objets Les équipements matériels (les objets qui y sont, la décoration...) La position des objets Le guide Ceux mis en avant (au centre, à l’entrée, suspendus…), ou ceux que l’on voit moins (dans un coin, derrière une porte…), ceux qui sont proches, ceux qui sont distancés… d’observations Ceux qui dérangent (chaise qui traîne), ceux qui offrent du confort (banc), ceux qui restaurent (distributeurs). pour les TP (2) Les objets promotionnels (étalage de livres à vendre, boutique souvenirs…). La fonction des objets (objets propres au lieu, qui appartiennent aux visiteurs, oubliés…) L’usage des objets (ceux qui ont du succès, ceux qu’on évite, ceux qu’on ne peut pas toucher) 31 Méthodes de terrain : Observa2on et entre2ens 4/ Les acteurs de la situa3on observée Genre et tranche d’âge (enfant ? ado ? jeune adulte ? adulte ? personne âgée ? …) Si per*nent, quan*fiez. Le guide Homogénéité ou hétérogénéité des acteurs ? AMtude : Ouverte/Fermée ; Décontractée/Crispée ; Assurée/Hésitante ; d’observa:ons Calme/Pressée ; Dominante… (Veillez à définir ce que vous entendez par les termes u*lisés.) pour les TP (3) Ac*vités (ce que les acteurs font) : Quelles ac)vités sont pra)quées, par qui ? Y a-t-il des figures-types d’ac)vité qui émergent (et méritent d’être décrites plus finement) ? U*lisa*on et détournement des infrastructures et des objets (par ex. personnes assises sur un escalier, dormant dans un siège de spectacle, …) Accompagnement : seul ou accompagné – par qui/combien de personnes ? 32 Méthodes de terrain : Observation et entretiens 5/ Les interactions verbales et non verbales Interactions verbales Qui parle ? Qui écoute ? Qui réagit ? Pour dire quoi ? (N’hésitez pas à noter des conversations qui vous paraissent caractéristiques de la situation observée) Comment ? Le guide Quel ton ou registre (informatif, plaintif, revendicatif…) ? Quel type de vocabulaire ? Interactions non verbales : attitudes liées aux autres acteurs de la situation d’observations (contact visuel, contact corporel, sourire, œil en coin, fou-rires, gêne…) Non-interactions : il est tout aussi intéressant de décrire des situations où les pour les TP (4) gens ne communiquent pas, ou s’évitent. Comment s’y prennent-t-ils ? 6/ Autres indicateurs pertinents => Adaptez et enrichissez le guide selon votre enquête => Soyez attentifs à la fois au banal, aux activités et interactions qui se répètent, habitués etc, et à l’inattendu, l’événement, l’intrus. Bien souvent l’observation du non-banal fait comprendre l’ordinaire. *** Croiser les indicateurs !*** 33 D’autres ou:ls - La photo - Le dessin (du lieu et des sous-lieux) - Le plan et le schéma perme\ent de me\re l’accent sur les places (qui prend place où?) et les relaXons spaXales (comment sont disposés les objets et les personnes les un·es par rapport aux autres?) - La vidéo - L’enregistreur - L’usage de tous les sens : la vue et l’ouïe renseignent aussi sur les composantes de la situaXon et les acXvités. Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 34 C’est quoi ? Une « mise au propre » des notes 5. Le compte- descriptives du carnet de terrain sous forme d’un texte continu et lisible pour rendu des autrui ; qui établit des relations entre les notes prises à différents moments observations Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens 35 Exemple 1 Un mardi début mai, le téléphone sonne dans le bureau des soignants des urgences psychiatriques. La psychiatre responsable du service cet après-midi-là décroche : au bout du fil, une femme raconte qu’elle ne va pas bien et demande de l’aide. À l’annonce de son statut de jeune maman, la psychiatre lui suggère de se présenter le plus rapidement possible aux urgences de l’hôpital. Après avoir raccroché, la psychiatre déclare que la situaMon est parMculièrement inquiétante, d’abord du fait d’un contexte post-partum favorable à l’appariMon de troubles psychiques parMculiers, mais également parce que la santé du nouveau-né représente un enjeu pour lequel il ne faut prendre aucun risque. La paMente, Mme A, se présente un peu plus tard aux urgences. La psychiatre ayant décroché le téléphone et une stagiaire la reçoivent dès son enregistrement. La paMente ayant autorisé la présence de l’enquêtrice lors des entreMens, le déroulement de la prise en charge pourra être enMèrement observé. Installée dans un des locaux prévus à cet effet, la paMente est invitée à expliquer ce qui l’amène aujourd’hui aux urgences. Celle-ci commence alors à raconter son histoire, en détaillant sa grossesse et son allaitement difficiles, les mulMples recours aux urgences peu de temps après la naissance de sa fille lors desquels les échanges avec les médecins se sont mal passés ainsi que son senMment d’être désemparée face à la douleur de son enfant. Face à la paMente, les deux soignantes acquiescent, écoutent, prennent quelques notes et lui demandent de détailler certains points. Une fois le récit terminé une dizaine de minutes plus tard, elles cherchent à connaitre la raison qui l’a poussée à se tourner vers la psychiatrie. Mme A explique alors avoir, sur le conseil d’une psychiatre qu’elle avait consulté quelques années auparavant pour une tout autre situaMon, volontairement intégré la veille un hôpital psychiatrique, mais l’avoir quiUé quelques heures plus tard à cause d’une organisaMon interne « traumaMsante ». Elle dit se senMr « à bout » après ces mois d’angoisse. Comme à chaque nouvelle prise en charge, les soignantes interrogent la demande de la paMente : « qu’aUendez-vous en venant ici aujourd’hui ? ». La paMente ne saura que répondre. En guise de conclusion, la psychiatre évoquera alors l’existence d’autres unités spécialisées dans l’accueil de mères et enfants qui pourraient consMtuer des soluMons potenMelles pour la suite. […] (extrait de Marquis et Pesesse 2021. « De l’incerMtude en santé mentale. Analyse de la prise de décision aux urgences psychiatriques », Sciences sociales et santé, 39). 36 Exemple 2 As I observe one in a series of therapeutic group sessions for 7–10-year-old children whose parents are in conflict or recently divorced, I notice that emotions and emotion management are at the heart of what is going on. I have placed myself on the floor in the corner of a cosy room from where I have a good view of the group of children and the adult therapist, sitting on cushions in a circle. Thomas, the adult, recaps the feelings the children had mentioned during the previous session: “Anger, sadness, grief, annoyance, guilt, a sense of loss”. He places sheets of paper and crayons in a pile in the middle and asks each child to draw a circle. He instructs them by saying: “Choose a feeling you have sometimes. Maybe it’s something you often feel, maybe more rarely. Try to fill in the circle, how much this feeling fills in you”. To my surprise, this rather abstract exercise does not seem to give the children any problems. Some ask which colours they should use or if it needs to look nice, but no one questions the request. Once finished, the children are asked to draw a square and illustrate the feeling within this frame. “What does the feeling look like?”, Thomas asks. “Please give it a name and try thinking about this: When does the feeling visit you? What happened last time it visited you? What does it make you do?” The exercise is followed by an extended dialogue where the children tell each other about the feeling they have chosen, how they experience it, where it is in their bodies: “the throat”, “the stomach”, “the head”, “the blood”. Tasha has drawn a circle with spikes on. “I call my feeling ‘planet of spikes’”, she says, and explains that she often feels very angry and that this feeling is in her stomach. Sophy has named her feeling “a crying lump” and explains that it is in the lower part of her throat. “The lump often cries. I am not crying, but the lump is”. Her voice trembles and Thomas gently asks when the lump cries. She replies: “It cries when I think about my parents being divorced”. (extrait de Gulløv 2024. “Balanced emotional expressions. Learning to be an autonomous social being”, In: Marquis N., Education, Parenting and Mental Health Care in Europe: The Contradictions of Building Autonomous Individuals, Londres : Routledge) 37 Quelles rela:ons établir entre les notes ? Regrouper en catégories : acteur·rices (ex. soignantes), praAques (ex. nouvelle prise en charge) et interacAons, ce que les acteur·rices en disent et lieux où elles prennent place (ex. local de prise en charge), objets observés… Eviter les catégories trop générales Reprendre le langage des enquêté·es quand c’est possible : mots et expressions du terrain, citaXons textuelles de propos ou dialogues Ordonner les catégories d’observaAons : convergences et divergences, acAons principales et secondaires, séquences (ex. déroulement de la prise en charge)… Relier les observaAons sur les acteur·rices et leurs faits, avec les notes sur leur contexte matériel et social (ex. antécédents de la nouvelle paAente) Méthodes de terrain : Observa4on et entre4ens Dés validation de votre terrain, commencer l’exercice 1 = 4 périodes (2h) d’observation par sous-groupe : Faire par 2 chaque période (et faire varier les duos). Chacun·e se place à un endroit différent pour bénéficier de perspectives particulières sur la même scène. Après chaque période d’observation, discutez-en. À faire Varier les moments d’observation (matin/soir, semaine/we) au sein du sous-groupe, si cela a du sens. pour les Notez dans votre carnet de terrain (page de gauche) les analyses locales que vous en retirez (récurrences, divergences, inattendu, évènements..) et comparez-les aux autres déjà effectuées. TP… Méthodes de terrain : Observation et entretiens 39