Introduction à la Science Politique Cours PDF
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Ce document présente une introduction à la science politique. Il explore les concepts fondamentaux de la politique, du pouvoir et de l'État ainsi que des différentes approches théoriques en la matière.
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Séance 1 13/09/2024 Introduction à la science politique SCIENCE POLITIQUE, POUVOIR, LÉGITIMÉ INTRODUCTION C’est quoi la politique ? Vient de polis = relève de la vie de la cité, la société C’est 3 catégories de compréhension du...
Séance 1 13/09/2024 Introduction à la science politique SCIENCE POLITIQUE, POUVOIR, LÉGITIMÉ INTRODUCTION C’est quoi la politique ? Vient de polis = relève de la vie de la cité, la société C’est 3 catégories de compréhension du monde : Polity, Politics, Policy. - Le Polity : revient au spectre + large de la politique - Politics : les débats, ce que Max Weber appelle : « la lutte concurrentielle pour le pouvoir politique ». - Policy : l’action publique/la politique publique ; les transports, etc… La politique : espace de lutte concurrentielle entre des candidats qui veulent représenter le peuple mais c’est aussi une activité spécialisée, professionnalisé → il faut des compétences fortes. Jacques Rancier : « La politique c’est la compétence des incompétents ». La politique c’est une ligne de conduite, une activité qui demande un semblant de cohérence. Le politique = un champ social qui est dominé par des conflits d’intérêt, qui sont régulé par un pouvoir politique. Le politique détient « le monopole de la violence physique légitime » (M. WEBER). Les citoyens n’ont pas le droit de se faire justice eux-mêmes, seul l’État en a le droit. Il a encore un droit de vie et de mort sur les citoyens. L’État va de + en + loin dans la confiscation de la violence physique légitime : à l’époque, les hommes avaient le droit d’exercer des violences à l’intérieur du domicile familial. ➔ Le rôle du politique est de faire baisser la violence au sein d’une société en créant un ordre juridique qui va contraindre. L’objet politique (Max WEBER) = ensemble des efforts que l’on fait en vue de participer au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir soit entre les États ou les divers groupes à l’intérieur d’un même État. La science politique = science du pouvoir, qui analyse structure et rapports d’autorité, aussi un discours sur phénomènes politiques. Elle vient essayer d’analyser, de comprendre, de donner un discours. ➔ Qu’est-ce qui rends un pouvoir légitime ? On analyse les logiques qui font qu’on obéit, qu’on donne des ordres. Diff cultures mais ce qui fait le pouvoir ce qui régule les sociétés ça obéit aux mêmes injonctions. Nous ne donnons pas de vérités universelles mais contextuelles. Nicola Machiavel = haut fonctionnaire au service de Laurent de Médicis, écrit un manuel pour expliquer à Laurent de Médicis comment régner = Prince. C’est quoi un bon dirigeant → il faut être fort comme le lion et rusé comme le renard. Machiavel, penseur qui dénaturalise le pouvoir politique, pour lui c’est une construction humaine. Dès le Moyen-Âge, il affirme qu’il y a des règles de la politique et que tout ne dépend pas de l’ordre divin. La science politique moderne a commencé à la fin du XIXème siècle avec l’émergence de la « Public Administration » autour des écrits de Woodrow Wilson → aux États-Unis. ➔ 1871 : création de l’école libre des sciences politiques ; Sciences po. Dans le but de refonder les élites après la défaite de la France face à la Prusse. - Changement très important : savoirs nouveaux émergent et on comprend mieux les changements de la société. En 1945, on crée la FNSP (Fondation Nationale des Sciences Politiques), puis l’AFSP (Association Nationale des Sciences Politiques) en 1949. Ce que la science politique n’est pas : - Science politique et histoire = la science politique n’est pas que de l’histoire, elle n’a pas une vision linéaire du temps. - Science politique et droit = projet de la science politique est de délivrer des connaissances différentes du droit, + adaptées aux exigences du monde moderne que les seuls savoirs juridiques → coupure académique et institutionnelle à l’égard des facs de droit. - Science politique et sociologie = la science politique moderne a certes été fondée par deux sociologues (Durkheim et Weber) mais ce n’est pas la même chose pour autant. ➔ La sociologie politique n’est qu’une branche de la science politique. - Avant la WW2 : nouvel instrument pour savoir opinion publique = enquêtes/sondages (inventés par Gallup) → sondages appliqués à la politique → grands changements → grandes enquêtes d’opinion dans les années 60’ → a fait de la politique une science. La science politique aujourd’hui : Discipline enseignée dans le monde entier + en forte progression Espace institutionnel éclaté : 10 IEP + université. 4 branches : théorie politique et histoire des idées, relations internationales, science administrative et action publique, sociologie politique/politique comparée. André Siegfried : Tableau politique de la France de l’Ouest (1913) → fonde la géographie électorale = discipline qui essaye de comprendre les liens entre la géographie des territoires et le vote → donne des grandes règles du jeu du vote → analyse globale du vote à partir de données scientifiques. Champ politique : concurrence et spécialisation Le champ politique est caractérisé par la compétition → lutte concurrentielle pour le pouvoir politique. Dès le Moyen Age on distingue politique et religion. → Implique des compétences particulières de + en + précises → technicisation de la politique. Importance des valeurs et des représentations des acteurs : la question de l’idéologie. Marx pense qu’il y’a une infrastructure économique et sociale : inégalité entre bourgeoisie et prolétariat → la base de toutes les idéologies : détermine la superstructure idéologique. Gramsci : parle de l’idéologie subordonnée au politique. Définir le pouvoir Définition juridique : la capacité dévolue à une autorité ou à une personne, d’utiliser les moyens propres à exercer la compétence qui lui est attribuée soit par la Loi, soit par un mandat dit aussi « procuration ». Le pouvoir ce n’est pas la compétence : on peut avoir la compétence sans avoir le pouvoir. En même temps, la compétence, pour s’exercer, a besoin du pouvoir. Le politiste Philippe Braud définit 2 types de pouvoirs : - pouvoir d’injonction : qui repose sur la menace d’une sanction (= pouvoir police, pouvoir institutions…). - pouvoir d’influence : 2 formes d’influence : autorité légitime ou persuasion. Ce pouvoir repose sur l’espoir d’une récompense. Les notions de pouvoir et de domination ont des rapports interdépendants : pas de pouvoir sans domination et vice versa. Pendant très longtemps, le pouvoir est la priorité du souverain qui le représente, symbolise et l’exerce. Aujourd’hui, la souveraineté a quitté la royauté pour aller vers le peuple. Mais nous avons besoin de représentants : d’institutions → pouvoir s’exerce par l’intermédiaire des institutions. Pour Hobbes, dans Le Léviathan, le pouvoir politique résulte d’un contrat entre chaque membre de la pop et l’État qui s’incarne dans la personne du souverain → chaque membre de la pop donne ses droits naturels en échange de protection. Le pouvoir pose la question des élites : théorie fonctionnaliste de Robert Dahl du pouvoir comme décision. La multiplicité des réseaux d’élites et des gp sociaux détenteurs d’un pouvoir. → Compétition entre les élites. Diff entre exercer le pouvoir et avoir le moyen de le faire : ressources de pouvoir = argent, information, persuasion, contrainte armée… Ces ressources de pouvoir ne veulent pas dire pour autant que vous allez vous servir de ces ressources pour ce pouvoir. Le pouvoir n’existe pas en tant que tel, il n’existe que s’il est exercé. (ex : si j’avais voulu, j’aurai pu… → pas de pouvoir si pas exercé). Ce pouvoir s’est différencié au fur et à mesure : 3 phases de dev du pouvoir politique dans les pays occidentaux : Phase de différenciation des activités politiques marquée par une séparation progressive des rôles politiques des autres types de fonctions (religieuse, économique…) = en Europe au Moyen-âge. Phase de spécialisation au sein de chaque sphère de pouvoir et apparition des conditions de possibilité du pouvoir politique (P législatif, continuité admin…) = XVIème s. Phase d’autonomisation relative du pouvoir politique des autres champs passant par la rationalisation de son exercice = émergence de la « profession politique » : XIXème et XXème s. Le pouvoir et la violence ont de très nombreux liens. Max Weber se dm pourquoi on obéit et distingue 4 raisons : - par habitude - raisons matérielles → on espère obtenir récompenses pour notre obéissance - raisons affectives → adhésion à une autorité charismatique - car on croit à un idéal → gagner une guerre, mettre en place société + juste… De manière générale, le pouvoir alterne toujours entre 2 pôles : - le consentement (on accepte de se plier à autorité) - la coercition (peur d’une sanction) Domination double = catégorie descriptive, mais aussi catégorie normative appartenant au registre de la dénonciation. Domination légale-rationnelle = vraie domination dans laquelle nous vivons = domination des États bureaucratiques modernes fondés sur un ordre démocratique légal. → Nous avons tellement intériorisé la raison pour laquelle nous obéissons à une règle que nous lui obéissons de façon normale. → = 90% de nos formes d’obéissance. Séance 2. 20/09/2024 L’ÉTAT L’État = organisation, qui n’a ni de point de départ, ni de point d’arrivée. ➔ Certaines sociétés n’ont pas eu d’État, d’autres se sont dressées contre l’État. 1ère définition = une des formes d’organisation politique et juridique d’une société ou d’un pays. 2ème définition = une entité, une personne morale auquel on attribue des droits, des obligations, comme à un être humain (en droit constitutionnel). → c’est un être fictif et légalement, il n’est représenté par personne ; il esg le principal détenteur du pouvoir politique. Il existe 4 dimensions de l’État : - Son territoire : l’autorité qu’a l’État sur ses territoires, on parle de souveraineté → elle délimite le pouvoir de l’État. ➔ Il n’y a pas d’État sans territoire mais il y a des territoires sans État. - Sa nation : un mélange entre une volonté de vivre-ensemble et un patrimoine commun – Ernest Ronan → « plébiscite de tous les jours ». En réalité, plusieurs nations peuvent coexister dans un même État = État multinational. Il y a beaucoup plus de nations dans le monde que d’État. - Le pouvoir politique : dans les États modernes, il s’exerce selon 3 branches ; le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. - Une organisation politique : forme de gouvernement que se donne un État ➔ Théocratie (État du Vatican), régime autoritaire ou dictature, démocratie fédérale, etc… L’État pour Karl Marx = La définition juridique de l’État ; plusieurs penseurs ont essayé de définir l’État, Karl Marx → dans l’idée du marxisme on a pensé à quoi servait l’État ? → On voit l’État à ce qu’il fait + pour les marxistes, l’État est avant tout un appareil de contrainte, non orienté vers le bien commun. L’État va rajouter un appareil de coercition, avec des polices, etc… qui étaient celles des capitalistes qui essaient d’opprimer le peuple (le prolétariat). ➔ L’État est un instrument utilisé par les riches pour dominer les pauvres ➔ C’est la théorie fonctionnaliste. L’État pour Max Weber = « L’État est une entreprise politique à caractère institutionnel, lorsque et tant que sa direction admin revendique avec succès, dans l’application de ses règlements, le monopole de la contrainte physique légitime sur un territoire donné ». ➔ 2 conséquences : - Monopole acquis sur les autres détenteurs de la violence. Historiquement en Europe, le passage du système féodal a la centralisation progressive de l’État. - Monopole légitime, sur quoi repose cette légitimité ? sur la souveraineté, passage du souverain comme roi a souveraineté comme principe. L’État pour Pierre Bourdieu = Les marxistes ont oublié que : l’État est une machine de contrainte lais peut aussi exercer une violence symbolique de plusieurs formes (peut catégoriser ses citoyens). L’État pour Michel Foucault = L’État a aussi un biopouvoir ; l’État a une influence sur la biologie de la nation. Il a toute une série de pouvoir, sur le taux de longévité, le taux de natalité… ➔ Politique de l’enfant unique en Chine ; contrainte encrée dans la culture par l’influence biologique considérable de l’État. En 1974, pierre claste s’est intéressé à une société qui n’avait pas d’État, les indiens d’Amazonie (au Brésil) ; les guaranis ➔ Ils ont développé des techniques de civilisation horizontales ; basé sur la réciprocité, l’échange, la coopération. La construction de l’État pour Norbert Elias Norbert Elias, dans Le processus de civilisation (1939), analyse le droit français. Finalement, la construction c’est un monopole militaire. En effet, le but principal de l’État est de créer des entités pour faire la guerre, cela va de pair avec une monopolisation des ressources fiscales, territoriales, militaires. Par le roi de France, entre le XIème siècle et le XVIIIème siècle : guerres et alliances matrimoniales jouent un rôle essentiel. 3 périodes principales = - Phase de concurrence libre entre seigneurs qui se traduit par la réduction du nombre de rivaux de la Maison de France. - Phase absolutiste : accroit la dépendance des nobles au roi, par la « culturalisation » des guerriers et la mise en place d’une « société de cour » - Phase de socialisation du monopole. Au moment de la Révolution française : terres et ressources du royaume, alors propriété personnelle du roi deviennent publiques. Parallèlement, pour Elias, « processus de civilisation » s’accompagne d’une autocontrainte croissante pesant sur les conduites individuelles. Les origines de l’État ➔ En France : le terme « État « s’impose en France sous Richelieu (1824-1842), mais sa construction date de bien avant, dès le Moyen-âge. ➔ 1539, l’édit (ancien terme pour « loi ») de Villers Cotterêts marque une étape importante de l’établissement d’un pouvoir royal dans une seule langue reconnue comme la langue de l’État. ➔ Le traité de Westphalie en 1648 établit les frontières et impose la souveraineté. ➔ Débat très ancien sur la nature de l’État et l’origine du pouvoir de l’État = - La théorie chrétienne ; c’est Dieu qui envoie sur terre le roi et c’est un monarque divin - La théorie du contrat social ; au début de l’État, il y a un contrat entre la population et le souverain (contrat fictif), dans l’État de nature l’Homme nait libre. « L’Homme nait libre mais partout il est dans les chaines. » - Rousseau La généralisation de l’État à sa remise en cause Le modèle de l’État-nation et sa généralisation à partir du XIXème siècle ; - L’origine du terme de nation : la « natio » à la Sorbonne - L’invention de nation moderne à Valmy - L’internationalisation de l’État-nation (Europe, Turquie, Japon, etc…) - L’État existait bien avant l’Europe dans certains pays comme la Chine - Il existe de nombreux États composé de plusieurs nations et de nombreuses nations sans États. ➔ La nation comme « communauté imaginée » (Anderson) ➔ L’échec de la greffe de l’État-nation dans les États décolonisés ? ➔ Les formes d’hybridation de l’État en contexte extra-Européen (Bayart) ➔ Le triomphe de l’État démocratique. L’importance historique de l’État en France ➔ L’État triomphant durant les Trente Glorieuses (1945-1975) : - Le Gaullisme comme mouvement stato-centré - L’influence du Plan - La gauche et l’État depuis 1958 ; l’exemple de 1981 ➔ Le mouvement thatchero-reaganien et la France : - Le libéralisme antiétatique à droite si les privatisations de 1986-1988 - La gauche et les privatisations 1997-2002 - Le New Public Management ➔ La remise en cause de l’État : - Intellectuelle par la pensée néo-libérale/ NPM (New Public Management) - Économique par la mondialisation - Politique par l’Union Européenne - Institutionnelle par la décentralisation ➔ Le déclin de l’État ? 1997-2007 ➔ De la crise financière de 2008 au COVID de 2020 : « Nous sommes à la poursuite d’un fantôme de l’État. » L’échelle de l’action publique de l’État ➔ Les collectivités territoriales - 13 régions, 101 départements, presque 35 000 communes en France = 85 % de ces communes comptent moins de 2000 habitants. - Les autorités de contrôle de l’État, l’inspection générale des finances, etc… - 1244 agences - Les entreprises publiques : SNCF, EDF, La Poste, etc… On a un paradoxe français ; d’un côté, nous vènerons l’État mais en même temps nous critiquons beaucoup les fonctionnaires. Séance 3 27/09/2024 Les nations La nation n’est pas éternelle ; elle a une date d’origine mais aussi une date de fin, tout comme les États. Les nations sont plus importantes que jamais, elles sont à l’origine de guerres, … Une unité politique clé : nous vivons dans un monde Place le focus politique sur l’identité et la loyauté Typologie : - Nation civique ou nation ethnique : une distinction en partie artificielle - Elite et masses ; qui construit la nation ? L’anthropologie (Pierre Clastres, Louis Dumont, René Girard) nous enseigne que l’identité du groupe nait de ce qui le spécifie et le détache des autres, qu’il s’agisse d’un déterminant ethnique, géographique, social, religieux, linguistique ou culturel. Un phénomène moderne : La « natio » existe depuis le Moyen-Âge comme communauté L’invention de la nation moderne à Valmy (Bataille de Valmy en 1792) à la fin du 18ème siècle L’internationalisation de l’État-nation (Europe, Turquie, Japon, etc.) au 19ème siècle La nation en elle-même porteuse de la légitimité politique. ➔ Benedict Anderson ; « la camaraderie horizontale de la nation ». Quelques définitions de la nation Définition classique - Ernest Ronan (1882) : « Une nation est une âme, un principe spirituel qui repose sur deux choses : l’une est la possession en commun d’un riche les de souvenirs, l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble ». - Explication = Renan oppose une définition volontaire et subjective de la nation, où la volonté collective et le souvenir commun sont primordiaux. Définition moderne - Benedict Anderson (L’imaginaire national, 1983) : « La nation est une communauté politique imaginée, et imaginée comme intrinsèquement limitée et souveraine ». - Explication : Anderson propose que la nation soit un concept social construit par l’imagination collective, souvent renforcé par les médias et la culture. - Une communauté moderne marquée par un « sentiment de camaraderie horizontale », ce qui signifie que les citoyens sont égaux en tant que nationaux. Définition sociologique - Max Weber (1910) : « La nation est une communauté de sentiment, qui tend à se doter d’un État ». -> Référence ; Weber, Max. Économie et société (1910). - Explication : Weber relie le sentiment national à une communauté qui aspire à une expression politique, souvent à travers un État. Définition juridique de la nation - En droit international, une nation se distingue de l’État et du peuple, elle représente un groupe social caractérisé par une unité historique et culturelle, souvent sans territoire propre. Les théories de la nation La théorie ethnique de la nation - Johann Gottfried Herder (Les origines du langage, 1778) : « Chaque nation a son caractère propre, déterminé par son environnement géographique et ses traditions ». - Herder voit la nation comme une communauté naturelle, unifiée par une langue commune, culture et traditions transmises de générations en générations. La théorie civique de la nation Jean-Jacques Rousseau (Du Contrat social, 1762) : « La nation se fonde sur un contrat social, un projet politique commun ». Ici, la nation est perçue comme une construction politique, où les individus consentent volontairement à vivre ensemble en partageant des valeurs communes, indépendamment des origines ethniques. Nationalisme moderniste Ernest Gellner (Nations et nationalisme, 1983) : « Le nationalisme n’est pas l’expression des nations préexistantes, mais un phénomène moderne qui crée les nations ». Selon Gellner, le nationalisme est un produit des transformations sociales liées à la modernité, notamment l’industrialisation et l’éducation de masse. Nationalisme ethno-symboliste Anthony D. Smith (National Identity, 1991) : « La nation est basée sur des éléments ethniques, historiques et culturels qui précédent la modernité ». Smith affirme que les nations reposent sur des traces d’identité ethniques et culturelles anciennes, transmises à travers les générations. Pas hostile au modernisme, mais pense qu’il existe des identités primordiales dont les symboles demeurent dans la modernité. Le nationalisme Élément moteur du monde politique contemporain, le nationalisme s’est développé au cours du 19ème siècle Il est fréquent de voir des confusions entre les termes de nationalisme, d’identité nationale, de patriotisme et de d’ethnocentrisme. Il n’y a pas de consensus clair sur la manière de définir de ce concept, ni même quant aux indicateurs qui pourraient servir clairement son repérage Pour certains chercheurs, les discours d’infériorisation envers d’autres pays témoigneraient du nationalisme ; mais ces phénomènes peuvent aussi être attribués au sentiment de fierté nationale L’identité nationale peut-elle aussi s’exprimer à travers ce sentiment de fierté, en particulier de certaines caractéristiques perçues comme propres – la culture, l’histoire, le succès économique, la démocratie, … Nationalisme et ethnocentrisme sont étroitement liés : « nous sommes par nature inférieurs aux autres nations », « les autres pays devraient prendre notre culture exemple ». La différence qui est faite entre le « patriotisme » (positif) et le … ? La question des nations Nos sociétés politiques sont animées de deux courants contradictoires La globalisation des enjeux politiques et des modes de vie pourrait laisser penser à l’avènement d’une identité politique postnationale Une résilience du fait national voire une résurgence des revendications nationalistes Interrogations renouvelées et d’une acuité croissante sur l’identité nationale > Construction européenne a intensifié le débat sur la possibilité d’une identité postnationale avec l’appropriation par l’union des symboles de souveraineté et la question d’une accélération des transferts de souveraineté Contestation et recompositions de l’État nation Depuis la fin du XIXème siècle, le principe se voit contesté : - Par le marxisme - Par le pacifisme La mondialisation met au défi les États-nations à travers : - Le supranationalisme : les organisations supranationales comme l’Union européenne représentent un affaiblissement de la souveraineté des États- nations - Les migrations internationales : l’immigration soulève la question de l’inclusivité nationale et des identités multiples La montée des nationalismes contemporains : - Le populisme nationaliste ; dans de nombreux pays, le nationalisme populiste prend de l’ampleur, prônant un retour aux identités nationales contre les effets de la mondialisation (exemple du Brexit, de l’élection de Trump) Nation, diversité et multiculturalisme : - La question du multiculturalisme dans les États-nations modernes pose la question de l’intégration et de la reconnaissance des identités diverses tout en maintenant une unité ? L’identité L’identité est une construction sociale dynamique constamment en évolution et fondée par les interactions entre les individus et la société. – Stewart Howl. L’identité possède 3 formes : - Identité individuelle - Identité collective - Identité sociale Erik Eriksson ; l’identité perso est le sentiment d’unité intérieure et de continuité qui permet à un individu de se percevoir comme un être uni et cohérent. L’identité collective se forme dans des communautés imaginées dans lesquelles les individus partagent un sentiment d’appartenance sociale. L’identité sociale c‘est une appartenance à un groupe avec lequel l’individu partage une ou plusieurs caractéristiques. Les trois grandes catégories d’identité L’identité nationale, au cœur de conflits. Afro-américains persécutés au sud des États-Unis, etc… 1964, création de la commission pour l’égalité raciale En France, la gauche dans les années 1970 ; apporte l’expression « droit à la différence », car tout le monde a le droit d’être français tout en étant différent > La marche du Beur (1983) ; marche antiraciste, composé de maghrébins, juifs, etc… > La gauche est le parti politique qui défend les minorités VS la droite qui voit les minorités comme une menace à la nation. Identités et récits nationaux Identité nationale et récit de la nation sont liés : Les discours nationaux fonctionnent comme « une boite à outil de l’identité » (Löfgren) Mais qui définit ce discours et son contenu ? Cette compétition des récits est centrale à l’élaboration de ce discours (Martigny, Dire la France, 2016) Les usages politiques de l’identité : les acteurs politiques comme entrepreneurs identitaires (Charles Tilly) La compétition partisane pour le pouvoir est aussi une compétition autour de l’identité nationale et de son récit. Quelques enjeux contemporains de l’identité Mondialisation et transformation des identités : Zygmunt Bauman (2000) : « La mondialisation transforme les identités, en provoquant une perte de repère pour certains et en générant des identités hybrides pour d’autres ». Bauman montre que la mondialisation a tendance à fragiliser les identités traditionnelles en créant des tension s entre ceux qui se sentent marginalisés et ceux qui embrassent des identités multiples et transnationale Identités et Internet : Sherry Turkle (1995) : « Internet permet la multiplication des identités, et les utilisateurs peuvent naviguer entre plusieurs versions d’eux-mêmes dans des espaces virtuels ». Turkle explique comment les technologies numériques transforment la manière dont les individus se construisent et se représentent, avec la possibilité de jouer avec des identités multiples en ligne. Quelle place pour le genre ? Identités de genre : Judith Butler (1990) : « Le genre est une performance répétée dans un cadre social, et n’est pas une essentielle fixe mais une construction en constante négociation ». Butler souligne que les identités de genre ne sont pas naturelles, mais construites à travers des normes sociales et performées dans des contextes spécifiques. Le genre est une catégorie socioculturelle qui détermine les rôles, comportements, activités et attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes. Ce concept dépasse les simples différences biologiques pour inclure les attentes sociales et les hiérarchies de pouvoir. L’intersectionnalité Kimberlé Crenshaw (1989) : « L’intersectionnalité désigne la manière dont les différentes formes de discrimination (raciale, de genre, sociale) se croisent et se renforcent. Crenshaw introduit l’idée que les identités sont multiples est que les oppressions peuvent se superposer, influençant les expériences de vie des individus marginalisé. Un concept contesté dans la sphère politique. Les minorités Qu’est-ce qu’une minorité ? Définitions de la minorité : Louis Wirth (The problem of minority groups, 1945) : « Une minorité est un groupe de personnes distingués des autres dans une société en raison de leurs caractéristiques physiques ou culturelles, et qui, en conséquence, se trouve dans une position de subordination ». Une minorité n’est pas définie uniquement par sa taille, mais par sa position marginalisée dans une société dominée par un groupe majoritaire. La minorité est un groupe social marginalisé qui peut subir des discriminations sociales, économiques ou politiques. Quels types de minorités ? Minorités ethniques et raciales : Groupes définis par leurs différences raciales ou ethniques (ex. les Afro-Américains aux États-Unis, les Rohingyas en Birmanie, les afrodescendants ou les Arméniens en France). Minorités religieuses : Groupes identifiés par leur appartenance religieuse (e. musulmans en Europe, hindous au Pakistan). Minorités linguistiques : Groupes parlant une langue différente de celle de la majorité (ex. les Québécois francophones au Canada). Minorités sexuelles : Groupes définis par leur orientation sexuelle ou leur identité de genre (ex. LGBTQ+). Minorités et mouvements sociaux Les mouvements des droits civiques : Martin Luther King Jr. (1963) : « Les droits civiques visent à assurer l’égalité des chances et la fin des discriminations raciales et ethniques ». Le mouvement des droits civiques aux États-Unis dans les années 1960, dirigé par Martin Luther King, a permis de faire progresser les droits des minorités afro- américains et de changer la législation américaine (ex. Voting Right Act, 1965). Les mouvements autochtones : Les peuples autochtones en Amérique latine : les mouvements indigènes luttent pour la reconnaissance de leurs terres et de leurs droits culturels. Les mouvements autochtones en Bolivie, au Pérou ou au Canada ont souvent mis en lumière la marginalisation et les abus historiques subis par ces populations. Les mouvements féministes et LGBTQ+ : Judith Butler (1990) : « Les minorités sexuelles et de genre remettent en question les normes hégémoniques de la société en manière d’identité et de sexuelle ». Les mouvements LGBTQ+ ont émergé pour réclamer l’égalité des droits, la reconnaissance des identités non hétérosexuelles et la fin des discriminations fondées sur le genre et l’orientation sexuelle. Inégalités de genre dans les institutions et la participation politique Sous-représentation des femmes dans les institutions politiques : Données globales : Selon les statistiques de l’Union interparlementaire (UIP). En 2023, les femmes ne représentaient que 26,7% des parlementaires dans le monde, malgré les efforts pour promouvoir la parité. Cette sous-représentation est souvent lié à des facteurs sociaux, économiques et culturels, comme les stéréotypes de genre, la division sexuée du travail et les obstacles à l’entrée dans la vie politique pour les femmes. Barrières structurelles : Pippa Norris et Ronald Inglehart (2003) : « Les normes sociales, les institutions et les cultures politiques créent des barrières à la participation des femmes en politique ». ➔ Référence : Norris, Pippa & Inglehart, Ronald. Rising Tide : Gender Equality and Cultural Change Around the World (2003). Explication : Les femmes font face à des barrières telles que la répartition inégale des tâches domestiques, les biais dans le recrutement politique, et les attentes sociales concernant leur rôle dans la sphère privée plutôt que publique. Exemples de quotas de genre : Exemple des quotas en politique : Des pays comme la France, la Suède et le Rwanda ont adopté des systèmes de quotas visant à garantir une représentation minimale des femmes dans les instances législatives. Le Rwanda, par exemple, détient un record avec 61,3% de femmes au Parlement en 2021. Conclusion Comme dans toute nation moderne, il n’y a pas une seule identité nationale en France La compétition démocratique pour le pouvoir politique est également une compétition pour imposer un récit national La fin d’un récit national incontesté -> Exemple. : Le débat autour de l’IN en 2009. Les enjeux identitaires sont devenus majeurs dans la vie politique de la plupart des démocraties mondiales, notamment dans le rapport aux minorités Séance 4 04/10/2024 La démocratie et ses crises Quelles définitions de la démocratie ? Étymologie : du grec demos (peuple) kratos (pouvoir), signifiant « pouvoir du peuple ». Une définition contestée : la définition d’une démocratie fonctionnelle reste sujette à débat. La démocratie athénienne antique comme premier modèle de démocratie directe. La démocratie comme système politique : « le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple » mais aussi comme principe de « lutte concurrentielle pour le pouvoir politique ». La démocratie comme pluralité de pouvoirs séparés : Reconnaissance de 3 pouvoirs séparés, mais aussi d’une société civile et d’acteurs sociaux qui participent au jeu démocratique en parallèle de la démocratie représentative. Définitions de la démocratie (2) La démocratie représentative : - Le principe d’une administration politique effectuant l’interface entre l’État et le citoyen. - Condorcet : « Mandataire du peuple, je ferai ce que je croirai le + conforme à ses intérêts. Il m’a envoyé pour exposer mes idées, non les siennes ; l’indépendance absolue de mes opinions est le premier de mes devoirs envers lui ». - Le passage à la « démocratie du public » ou démocratie d’opinion (Bernard Manin). - La nécessité d’une orga de l’espace politique concurrentielle avec des règles claires et acceptées par tous. - Autre principe de la démocratie représentative : le pouvoir n’appartient pas ceux qui l’exercent : « le lieu du pouvoir devient un lieu vide » (Lefort). La démocratie comme « forme de société », avec ses valeurs et ses coutumes, porteuse de sa propre incomplétude : la démocratie appelle toujours + de démocratie. La démocratie comme norme politique et sociale hégémonique : considéré au niveau global comme le meilleur des régimes, ou en tous cas, comme le dit Churchill « come le pire des régimes, mais n’en connais pas de meilleur ». La définition de Schumpeter (1942) Définition procédurale de la démocratie : « Un arrangement institutionnel pour parvenir à des décisions politiques dans lequel les individus acquièrent le pouvoir de décider par le biais d’une lutte concurrentielle pour le vote du peuple ». L’État de droit défini par la nature des élections : Libres, concurrentielles, équitables, régulières. Une définition incomplète de la démocratie en tant que processus : qu’est- ce que la démocratisation ? - Rendre un régime démocratique mais les voies de cette démocratisation sont en partie mystérieuses. Une définition de la démocratie La démocratie pluraliste articule deux notions distinctes (Philippe Braud) : ➔ Un principe représentatif en vertu duquel le Peuple réputé souverain, délègue à un petit nombre le soin d’exprimer sa volonté ➔ Un principe libéral qui privilégie la libre confrontation des opinions, donc la libre compétition des candidats à la représentation Quelle démocratie ? Démocratie directe Démocratie représentative Principes fondamentaux de la démocratie Souveraineté populaire : le pouvoir appartient aux citoyens. État de droit : le respect des droits fondamentaux et de la Constitution Pluralisme politique : existence de plusieurs partis politiques et d’une compétition électorale libre. Séparation des pouvoirs (Montesquieu) : séparation entre le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Libéralisme et démocratie (1) La liberté joue un rôle fondamental dans le jeu démocratique Le principe de liberté au cœur de fonctionnement démocratique (liberté de vote, liberté d’association). Libéralisme économique et développement démocratique du 18ème au 20ème siècle. - Questions théoriques ; Hobbes et Locke : l’intérêt privé au cœur du contrat social - Le libéralisme économique comme objectif des démocraties libérales ; le cas de l’UE. - Les objectifs communs du libéralisme et de la démocratie. L’émergence de nouvelles démocraties prend toujours pour point d’acquisition de nouvelles libertés : le cas des printemps arabes. Libéralisme et démocratie (2) La démocratie repose sur un contrôle de la liberté et peut fonctionner en d’autres critères que la seule liberté. À l’inverse, le libéralisme s’accompagne de systèmes non démocratiques ou s’oppose à la démocratie : La démocratie peut limiter certaines libertés : - Au nom du bien commun ; le cas des lois Gayssot/ - Au nom de l’ordre public - Au nom de la préservation des frontières ; la question de la liberté de mouvements des migrants D’autres valeurs comme l’égalité (Tocqueville) sont centrales en démocratie Le libéralisme et la démocratie ne sont pas toujours compatibles - Le conflit interne au libéralisme : opposition entre libéralisme politique/économique - Le libéralisme économique sans démocratie : concurrence libre et parfaite contre contrat social ; le cas de la Chine - Les conceptions du Vrai et du Juste en démocratie ; le cas Iran-Israël - Le libéralisme contre la démocratie ; le cas du marché et de la mondialisation/vers une double tyrannie des minorités et de la majorité ? Conformisme social et individualisme en démocratie Critiques de la démocratie Principe de critique est à la source du principe démocratique : Explique l’échec théorique de Fukuyama et de « la fin de l’histoire » association démocratie et libéralisme et libéralisme insuffisant comme norme ultime n’implique pas fin de l’histoire car « la société démocratique se révèle la société historique par excellence » (Lefort) et la fin n’est jamais donnée Deux formes de critiques : 1) critiques internes à la démocratie dont le but est de l’améliorer et 2) critiques externes dont l’objet est de la remettre en cause La déception démocratique : le cycle illusion/déception qui conduit à glorifier des leaders puis à être déçus par eux (Innerarity, Rancière) Les critiques de la démocratie représentative La confiscation du pouvoir par une élite Les vertus de la démocratie directe ou « participative » L’élaboration d’une compétition politique pose le conflit comme constitutif de l’unité du corps social : o Exemple : Égypte ou Tunisie qui découvrent la démocratie et le conflit en même temps o Légitime le conflit social destructeur des solidarités sociales o Paradoxe avec l’idée de souveraineté populaire (Lefort) La « dissolution des repères de la certitude » (Lefort) : la fin des grands récits, de la cosmologie Les crises contemporaines de la démocratie (1) La crise de la représentation o Définition : La distance croissante entre les citoyens et leurs représentants politiques. o Exemples : - France : mouvement des gilets jaunes (2018-2019). Ce mouvement a exprimé un rejet des élites et de la classe politique traditionnelle, dénonçant un manque de représentation des classes populaires. - États-Unis : la méfiance envers les institutions politiques, exacerbée par la présidence de Donald Trump, et l’attaque du Capitole en 2021, un évènement qui symbolise une crise démocratique profonde. Pourquoi une partie croissante de la population ne se sent-elle plus représentée par les partis politiques classiques ? o Polarisation politique o Disparités économiques et sociales Les crises de la démocratie (2) La défiance généralisée et l’ère du citoyen critique (Pippa Norris, Dalton Russell) Qui décide vraiment en démocratie ? Complots, POUR et fakes news La distance démocratique et ses effets : o Désaffectation pour les élections o Distance avec la politique elle-même (dégout, méfiance, voire haine) = apathie ? o Déclin des institutions représentatives (syndicats, partis) et des institutions symboles historiques de la démocratie (médias, intellectuels) La tentation de l’homme fort et d’une surincarnation du pouvoir La participation comme remède ? Les crises contemporaines de la démocraties (3) La crise des institutions o Faiblesse ou déclin de la confiance dans les institutions démocratiques (ex. : parlement, justice, médias). o Exemples : - Brésil : crise institutionnelle sous la présidence de Jair Bolsonaro, marquée par une organisation des résultats électoraux et des attaques contre la Cour suprême. - Pologne et Hongrie : Des gouvernements populistes remettent en cause l’indépendance de la justice et des médias, et affaiblissent les contre- pouvoirs. o Référence : - Steven Levitsky & Daniel Ziblati. How Democracies Die (2018). Les auteurs analysent comment des démocraties établies peuvent progressivement sombrer dans l’autoritarisme, souvent par des moyens légaux, comme on le voit en Hongrie. La crise économique et sociale Les inégalités économiques croissantes mettent en péril la stabilité démocratique. EXEMPLE : - États-Unis et Europe : la montée des inégalités économique après la crise financière de 2008 a entrainé une perte de confiance dans le système démocratique et une montée du populisme (ex. : Brexit au Royaume-Uni). Les crises contemporaines de la démocratie (4) La crise identitaire et culturelle Les questions liées à l’immigration, à l’identité nationale et au multiculturalisme provoquent des divisions au sein des sociétés démocratiques. Exemples : France : Le débat autour de l’islam et de la laïcité a alimenté une polarisation politique, avec une montée du nationalisme et des partis d’extrême droite. Allemagne : La montée de l’extrême droite, notamment avec l’Alternative fur Deutschland (AfD), en réaction à la crise migratoire de 2015, ou le RN en France. Populisme et critique(s) de la démocratie Une submersion populiste ? (US, Autriche, Italie, GB, Hongrie, république Tchèque, brésil, inde…) Populisme et crise de confiance dans la démocratie Un peuple sain et uni ? La critique des élites Populisme et le refus des contrepouvoirs Le populisme au nom de la démocratie o Se veut toujours une amélioration de la démocratie Quelles réponses à la crise démocratique ? Réformes institutionnelles Renforcement de la participation citoyenne : o Les mécanismes de démocratie participative et directe : ex. l’initiative citoyenne d’un référendum d’initiative populaire. o EXEMPLE : en suisse, les citoyens peuvent régulièrement proposer et voter des lois par le biais de référendums. Réformes économiques et sociales Réduction des inégalités économiques : o Réformes fiscales + équitables et redistributions des richesses pour réduire la fracture sociale o EXEMPLE : le plan de relance de Joe Biden aux États-Unis (2021) qui vise à créer des emplois et à améliorer les infrastructures pour réduire les inégalités. Renouvellement de la classe politique et lutte contre la corruption EXEMPLE : en Italie, les mouvements comme le Mouvement 5 étoiles ont émergé avec un discours anti-corruption pour renouveler la politique italienne, même si ces mouvements ne sont pas dépourvus d’ambiguïté (Giuliano da Empoli sur Les Ingénieurs du Chaos) Importance de la transparence et de la lutte contre la corruption pour restaurer la confiance dans les institutions. Renforcement de l’éducation civique Importance de l’éducation civique pour former des citoyens conscients et actifs dans le système démocratique. EXEMPLE : les pays nordiques comme la Suède, mettent l’accent sur une éducation civique forte dès le + jeune âge. Conclusion Principe de la démocratie est sa fragilité à cause du conflit inhérent à son fonctionnement : La démocratie porte en elle même les fondements de sa remise en cause Le possible retour du fantasme du peuple-un, la quête d’un corps social soudé sans tête, d’un pouvoir incarnateur (Lefort) Désintérêt pour la démocratie est un autre danger qui la guette : La question de la participation populaire est essentielle en démocratie pour légitimer les gouvernants intervenir dans leur choix, permettre l’alternance et une alternative Le tirage au sort, une pratique + démocratique ? Socialisation politique Comment la société construit-elle les individus ? → S’intéresse aux jeunes, aux familles, à la transmission de valeurs, … Notre 1er outil de socialisation = famille. Mécanisme d’intériorisation avec des normes sociales, culturelles (langues, traditions, …), on apprend dès le + jeune âge, ce qui est acceptable ou non tabou, … Quels sont les processus sociaux à travers lesquels nous devenons ce que nous sommes ? ➔ Socialisation : manière dont la société forme les individus qui la composent. ➔ Les instances de socialisation : agent qui a pour rôle de participer au processus de socialisation en transmettant des normes et des valeurs. Les familles, les amis, l’école, le travail, la religion sont des instances de socialisation. > À l’âge de 4 ans, les enfants comprennent déjà la notion de « nation ». Comment la société forme et transforme les individus qui la composent ? Au fil des différents cycles de la vie ? → Obtention de valeurs vers l’âge de l’adolescence. EXEMPLE : si un garçon ou une fille se dit qu’il faut respecter telle règle, alors cela va par la suite se décliner en valeur politique. Ce qui fait l’adhésion à la politique ce sont les valeurs → grâce à la socialisation. Comprendre comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d’agir, de penser et d’anticiper l’avenir qui sont socialement situées et qui sont à l’origine de différences de comportements, de préférences et d’aspirations. Comprendre comment la diversité des configurations familiales modifie les conditions de la socialisation des enfants et des adolescents. Comprendre qu’il existe des socialisations secondaires (professionnelle, conjugale, politique) à la suite de la socialisation primaire. Comprendre que la pluralité des influences socialisatrices peut être à l’origine de trajectoires improbables. Socialisation primaire et secondaire Socialisation primaire / 1ers repères sociaux, familles + interactions autour de la famille, l’école, les 1ers instituteurs, les amis et autres enfants. Socialisation secondaire / Processus continu qui va au-delà de l’enfance et se poursuit à l’âge adulte = l’entrée dans d’autres mondes sociaux (travail, loisirs, couple…) Socialisation politique Le rôle déterminant de la famille dans les processus de socialisation → En France, Annick Percheron, la socialisation primaire, celle qui conduit à s’intéresser à la famille, elle dit que pour la famille, on acquiert un outillage politique qui permet d’identifier l’identité partisane. Transmission familiale des valeurs et comportements électoraux → Dans les années 2000, se développe chez les jeunes un désenchantement politique qui reflètent avant tout celui de leurs parents. Ils cherchent à restaurer des valeurs d’engagement mais à travers des actions concrètes & efficaces. → Les jeunes restent fidèles aux opinions transmises par leurs parents. Multiplicité des instances socialisatrices et place de l’individu → Une conscience critique qui augmente chez les jeunes. → En d’autres termes, les jeunes gens, s’intéressent au infos politiques mais – aux combats (gauche/droite). → Engagement social + important ou encore un recours aux manifestations collectives → Le pragmatisme a remplacé l’utopie. →, Détonateur de socialisation politique -> moment historique dans lequel on s’engage, en mai 1968 notamment. Individus et socialisation La construction de l'identité politique se fait de trois façons principales : La filiation : L'individu adopte les opinions politiques de sa famille tout en affirmant son autonomie. Il peut poursuivre les idées familiales en les intégrant à sa propre identité. La sélection : L'individu choisit une variante des opinions familiales. Par exemple, si ses parents sont communistes, il pourrait devenir socialiste. Il y a ici une continuité partielle avec une adaptation. Le changement ou l'opposition : L'individu rejette l'identité politique de sa famille et adopte une tout autre orientation. Dans tous les cas, que ce soit par filiation, sélection ou changement, l'individu joue un rôle actif dans la construction de son identité politique. Ce processus reflète à la fois des différences générationnelles et la volonté de se distinguer par sa propre personnalité et ses choix. Ce processus de construction de l'identité politique est étroitement lié à la formation des croyances et à l'attitude de chacun face à la politique. Même si certaines personnes pensent que l'engagement politique est réservé aux militants, en réalité, tout le monde participe, d'une manière ou d'une autre, à sa propre socialisation politique. Cela peut être plus ou moins conscient et dépendre du niveau d'intérêt que l'on porte à la politique. Ainsi, que l'on se construise par filiation (en suivant les idées familiales), par sélection (en ajustant légèrement ces idées) ou par opposition (en choisissant une voie totalement différente), ces choix témoignent d'une autonomie dans la formation de l'identité politique et d'une dynamique continue de réflexion et de positionnement vis-à- vis de la société. Cette démarche est universelle, même si elle varie en intensité d'une personne à l'autre. Socialisation et engagement militant La socialisation politique est souvent influencée par la famille, les amis et l'entourage. Les militants, par exemple, ont fréquemment des membres de leur famille engagés politiquement, ce qui les sensibilise dès le départ. Les organisations militantes jouent un rôle important dans ce processus en offrant des espaces de socialisation et de formation. Elles visent à sensibiliser les jeunes et à préparer certains à des carrières politiques. Ces organisations ne se contentent pas de transmettre des idées ou des convictions. Elles enseignent aussi les techniques et les règles du métier politique. En effet, devenir un militant, voire un professionnel de la politique, demande un apprentissage des règles de fonctionnement de ce domaine, au-delà des simples convictions. Cela inclut la compréhension de la gestion des campagnes, des discours, et des stratégies politiques, car la politique est une activité structurée par des normes spécifiques. En participant à ces organisations, certains jeunes peuvent devenir collaborateurs parlementaires, puis élus eux-mêmes. En somme, la formation politique, même au sein de mouvements militants, est une préparation à un engagement plus large et parfois à une carrière dans la sphère publique, structurée par un apprentissage des règles de la pratique politique. Les organisations militantes comme instances de socialisation Le militantisme peut prendre des formes très diverses et ne se limite pas à l'engagement au sein de partis politiques. Que vous soyez militant pour le Rassemblement National, une cause antiraciste, environnementale ou animale, l'engagement peut se faire par différents canaux. Les partis politiques ne sont qu'une voie parmi d'autres pour s'impliquer dans la politique. Il existe de nombreuses façons de s'engager politiquement en dehors des partis traditionnels, comme à travers des associations, des ONG, des collectifs ou des mouvements sociaux. Ces formes d'engagement permettent de défendre des causes spécifiques et de mobiliser des actions en dehors du cadre formel des institutions politiques classiques. Cette diversité montre que la politique ne se limite pas aux seules convictions partisanes ou à l'engagement au sein de partis, mais qu'elle peut s'étendre à toute action visant à promouvoir des valeurs ou des changements dans la société. Cela signifie que le militantisme s'adapte à des réalités et des préoccupations différentes, et chacun peut y trouver une voie qui correspond à ses propres aspirations et croyances. Médias Le terme de média (medus ; ce qui est au milieu) renvoie à quelque chose dans la relation entre l’émetteur et le récepteur. Au sens large, le média est le support qui crée du lien entre deux agents de communication à distance, le support qui permet de faire passer le message. Le rôle des médias dans la résonance des problèmes publics Pourquoi certains problèmes suscitent-ils l’attention médiatique + que d’autres ? Mise à l’agenda (ou non) de problèmes sociaux qui deviennent (ou pas) des politiques publiques. Les médias sont-ils au pouvoir ? Pouvoir non institué mais constitutionnellement protégé Relation entre le public et les médias : paradigme des effets puissants Le champ du « quatrième pouvoir » : installation & autonomisation Médias contre pouvoir ou médias au service du pouvoir ? Consécration législative liberté de communication 1982 La nature du pouvoir médiatique Quel pouvoir au média ? Communication autour des décisions publiques ? → Série « La Maison Blanche » Média qui fait l’évènement ? Journalisme d’investigation → Les exécutifs fournissent des éléments de langage. Le débordement des médias « traditionnels » ? Médias et politique, quels effets ? Effets persuasifs de l’information médiatique (G. Derville, Le pouvoir des médias, 2013) et média training. Les transformations du journalisme et leurs effets Évolution de l’identité de la profession journalistique Opinion publique Une notion faussement familière : peut-on encore parler d’une opinion publique dans nos sociétés contemporaines individualistes ? Un concept fondateur de la modernité Un concept qui renvoie tour à tour au public, à l’espace public, et la volonté de rendre public. L’opinion au prisme des médias Journalisme d’opinion, Patrick Champagne, Faire l’opinion, 1990. Mise à l’agenda et idée d’une démocratie d’opinion fondée sur l’écoute d’une supposée demande sociale. La mesure de l’opinion Apparition des sondages (rôle décisif de G. Gallup) Intégration du dispositif par les acteurs politiques et administratifs pour sonder l’opinion publique Sondages et critiques des sondages Débats sur la notion de représentation depuis la fin du XIXème s. Inflation des sondages ? L’opinion publique à l’heure du Web 2.0 De nouvelles pratiques, de nouveaux médiateurs, de nouveaux métiers 18/10/2024 Introduction Principe fondamental de la démocratie (représentative) : représentation des citoyens par des élus. Quatre approches principales en sciences humaines et sociales : o Sociologie électorale = Personnes réfléchissant à la théorie du vote → qui vote pour qui ? + on est vieux, éduqué et riche, + on vote. À l’inverse, + on est pauvre et – éduqué, - on vote o Études sur le gouvernement représentatif (Pierre Bourdieu, Bernard Manin) = Pierre Bourdieu → il se demande comment entrevoir la représentation comme une dominante (cf. La représentation comme champ). Comment les acteurs politiques qui s’affrontent en politique, dépossède les représentés ? On peut être opposé au système représentatif, mais la seule alternative au vote est l’abstention. Il y a une dépossession fondamentale (= analyse sociologique). Bernard Manin → a essayé de réfléchir au 1er gouvernement représentatif ; il dit qu’il n’était pas démocratique. Tout simplement car la + grande partie des Français ne pouvait pas voter (les Françaises) = c’était un suffrage censitaire. « L’histoire du gouvernement représentatif est la transformation de celui-ci à une démocratie « du public » ». L’élection ne s’arrête pas à aux représentatifs, car il y a par la suite aussi des sondages, etc… Mouvement social où les élus ont reculé ; les gilets jaunes. o Histoire sociale de l’institutionnalisation de la représentation, o Histoire des idées sur la représentation et la démocratie Pierre Rosanvallon : a essayé de réfléchir aux formes de gouvernement dans le temps, en France. → « Le Bon gouvernement ». 1.1) Systèmes représentatifs et traductions institutionnelles Des individus – les représentants – agissent au nom et à la place d’autres – les représentés. → Cette division du travail gère, à notre nom, notre vie politiques ; les représentants sont actifs et les représentés sont passifs. Pour les citoyens les + informés, la délégation de pouvoir fait l’objet d’une reprise, on peut évaluer le travail des élus → des associations peuvent contrôler / étudier le travail des élus. Double inégalité = inégalité entre représentants qui sont actifs et représentés, qui sont passifs, et entre ceux qui se sentent capable d’évaluer, de mesurer, de juger, et ceux ne s’en sentent pas capables (cf. Le sens caché – Daniel GAXIE). La représentation se traduit dans des cadres institutionnels. On a besoin d’institutions de représentation = président de la République, maire, députés, etc… on a aussi besoin de structures → mandats, partis politiques, mouvements sociaux, syndicats, etc… cette représentation est officiellement considérée comme démocratique. Tous les élus ne peuvent pas s’occuper de tout → il y a des répartitions faites par les cadres institutionnels. Liens entre organisations politiques et catégories sociales. Deux grands indicateurs = 1. L’origine sociale et professionnelle Métiers, origine sociale, etc… Si un élu vient d’un certain milieu il va représenter des individus venant de ce même milieu. 2. Les structures sociales du vote On les évalue à partir de grandes enquêtes réalisées des électeurs, qui sont répétées tous les ans pendant plusieurs années, permettant d’établir des critères stables au fil du temps. Ces liens ne sont cependant pas mécaniques, mais on mesure un système plutôt de différence ; on mesure les positions des uns par rapport à celles des autres. Elles tiennent compte aussi à d’autres éléments → les contraintes de la fonction publique. On peut ne pas toujours répondre à sa couleur politique lorsque l’on est au gouvernement → il y a plein de choses que l’on ne peut pas faire. Deux partis politiques peuvent avoir les mêmes idées san forcément toujours être d’accord sur certaines décisions. 1.2) Des limites de la représentation à la question de la représentativité À quel degré la représentation politique est-elle une représentation « miroir » ? 87% des députés étaient issus de la catégorie sociale supérieure, tendanciellement, il y a un lien un peu – faible entre À quel degré les diverses catégories qui composent la population d’un pays sont- elles « représentées » dans les rangs de la représentation, par exemple parlementaire, de ce pays ? La surreprésentation des classes supérieures dans les institutions parlementaires L’absence croissante des catégories populaires dans le processus politique engendre une déconnexion entre ces classes et la politique. 83 % des français considéraient que les hommes politiques ne s’occupait pas des « gens comme nous ». De la représentation nationale encore une fois on mesure à la fois le verre à moitié vide c'est cette tendance est accélérée notamment depuis les lois sur la parité votées par Manuel Jospin lors de son gouvernement en 2000 des députés 49,3 ans pour donner quelques infos 49,3 ans en moyenne et en même temps une distance avec les députés entre les députés des citoyens une distance sociale qui tend à s'accroître puisque en train de revenus de patrimoine et bien les députés n'ont jamais été aussi éloignés de la moyenne des gens et surtout encore une fois j'insiste sur ce fait il n'y a pas de différence majeure entre la droite et la gauche y a pas d'écart majeur on pourrait dire que la droite et la gauche ont des types de dominants qu'ils tendent à porter au Parlement qui sont singuliers mais en revanche ce sont tous des fractions des classes supérieures de manière générale très souvent les députés de gauche par exemple sont envoyés dessus de milieux familiaux qui ont des qui ont des positions plus basses que les bouts de droite au départ mais au fur et à mesure de leur vie professionnelle ces députés Eh bien on tendance à rattraper le retard que leur famille si vous voulez avait imprimé sur la différence des députés de loi à d'autres y a plus d'héritiers du droit différence entre la droite et la gauche à ce titre-là c'est plus les oppositions entre les fractions de classes plutôt que de classe entre elles on est plutôt dans une situation dans laquelle comme dans le déni 70 le Parti communiste en est au Parlement tout cela est terminé aujourd'hui à une distance qui est très forte hein et ça voulait finir sur ce sur cette dimension là 1.3) Des professionnels de la représentation ? La professionnalisation politique et ses effets La professionnalisation politique est en pleine expansion, marquée par une tendance où les hommes et femmes politiques s'engagent de plus en plus tôt dans leur carrière. Par exemple, Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, illustre ce phénomène. Elle continuait à recevoir des patients, souhaitant maintenir un lien avec la réalité sociale. Toutefois, elle a constaté que ces rencontres se transformaient souvent en discussions politiques, l'empêchant de se concentrer sur sa pratique médicale. Cela soulève des questions sur la nature de la représentation politique, désormais affectée par une professionnalisation accrue. Un nouvel idéal de carrière politique émerge, incarné par de jeunes professionnels ayant toujours évolué dans le milieu politique. Ce modèle, qualifié de « République des attachés parlementaires », révèle que le parcours politique débute souvent par des postes d’assistance parlementaire, permettant un accès rapide à des fonctions importantes, comme celle de Premier ministre. Ce parcours, bien que désormais courant, suscite des critiques et une perception négative du public. Les jeunes conseillers, recrutés grâce à des stages dans des institutions politiques, naviguent entre fonctions administratives et politiques, développant ainsi des carrières atypiques. Cette situation soulève des interrogations sur la légitimité de ces parcours professionnels et leur impact sur la représentation. Par ailleurs, des figures politiques, comme celles du gouvernement Macron, illustrent la prévalence de cette professionnalisation, ayant souvent occupé des postes préalables à des responsabilités gouvernementales. Enfin, la question de la réouverture de la représentation politique se pose. Pour revigorer la promesse d'une représentation authentique, il pourrait être nécessaire de repenser la manière dont les carrières politiques sont perçues et structurées. Cela rejoint les réflexions de Joshua Cohen sur la représentation et la nécessité d'un rééquilibrage pour mieux répondre aux attentes de la société 1.4) Rouvrir la représentation ? « Radicaliser la démocratie » Radicaliser la démocratie qui ne connaît pas radicaliser la démocratie c'est à dire rendre aux citoyens le pouvoir de choisir des gens différents peut-être des gens qui lui ressemblent plus La « démocratie liquide » les théoriciens de la science politique et d'autres ont essayé de de réfléchir à des à des formes nouvelles qu'est-ce qu'on pourrait faire pour revitaliser la représentation certains ont proposé ce qu'on a appelé la démocratie liquide ce qu'on appelle la démocratie c'est-à-dire recourir régulièrement à des consultations populaires sur des enjeux majeurs par exemple hein c'est le fameux la demande de référendum d'initiative citoyenne par exemple ça c'est des exercices de démocratie parce que faut pas faire des votations ou des conventions citoyennes très régulières qui permettraient de redonner très fréquemment sur des gros enjeux le pouvoir directement au peuple Un retour du tirage au sort ? 7 ans indépendamment qui n'a jamais fait d'études et qui n'a pas d'expérience professionnelle autre que la politique en mesure de diriger un pays une des fonctions l'exercice de l'état des fonctions plus techniques dans tout le système politico magistrats donc tout ça pour vous dire que on voit bien qu'on est en train de voir émerger dans la question de la représentation on sera votre mot de conclusion sur cette notion là des nouveaux dispositifs on essaie de réfléchir à des gros dispositifs je pense que nous sommes dans une ère dans laquelle l'idée que la démocratie se résume à des élections Eh bien c'était est terminée passe d'être terminé aujourd'hui émerge des expérimentations des désirs des aspirations à des dynamiques nouvelles pour soit radicaliser la démocratie soit relégitimer le gouvernement représentatif toutes ces tentatives voilà tentatives importantes et qui probablement tissent un avenir dresse un avenir pour notre système politique ou des perspectives il faut prendre très au sérieux qui ne sont pas des gadgets qui sont 3 des demandes fondamentales des citoyens. II. Les partis politiques 2.1) Les partis politiques : l’enjeu de la définition Définition d’Éric Agrikoliansky (Les partis politiques en France, Armand Colin, Paris, 2015, 3ème éd.) : « Les organisations durables qui participent à la compétition pour la conquête de postes de pouvoir politique et qui cherchent, dans ce but, à s’assurer un soutien populaire ». L’évolution historique et la transformation des partis politiques en lien avec le système électoral. Au début des années 1830, dans une ville comme Deauville, un élu partage comment il organisait le vote en rassemblant les hommes de son village pour se rendre ensemble à l’urne, illustrant une relation directe et personnelle entre le notable et ses électeurs. À cette époque, chaque homme pouvait être connu et compté par l’élu, rendant le vote un acte organisé et communautaire. Avec l’introduction du suffrage universel, les partis politiques font face à un défi majeur : la massification du vote. Ils doivent évoluer d’un système basé sur le clientélisme à un modèle plus structuré, capable de gérer un électorat beaucoup plus large. Ce changement a conduit à la nécessité d’organiser des partis politiques qui transcendent les anciens réseaux de pouvoir nobiliaire. Le Rôle des Partis Politiques Roberto Michels, penseur germano-italien, souligne que les partis sont des instruments d'émancipation pour les classes populaires, y compris les femmes. Historiquement, les premiers partis en Europe ont souvent été associés à des mouvements socialistes et syndicaux, qui sont apparus à la fin du 19ème siècle. Le premier syndicat en France, créé en 1895, et le Parti radical, qui a vu le jour en 1901, illustrent cette naissance conjointe des partis et des syndicats. Définition des Partis Politiques Éric Agrikoliansky définit un parti politique comme une organisation durable qui participe à la compétition pour la conquête de postes de pouvoir et qui cherche à obtenir un soutien populaire. Les partis se caractérisent donc par leur capacité à participer à la compétition politique, ce qui les différencie des groupes de pression ou des micro-partis qui n’aspirent pas à élargir leur base. Caractéristiques des Partis Politiques Volonté d’Exercer le Pouvoir Les partis politiques sont des organisations visant à exercer un pouvoir national, conciliant leurs objectifs avec ceux de groupes plus larges pour obtenir le soutien nécessaire. Ils doivent convaincre non seulement leurs membres mais aussi des sympathisants, c'est-à-dire ceux qui partagent certaines de leurs idées sans en adopter toutes les positions. Soutien Populaire Pour réussir, un parti doit d’abord encadrer un nombre suffisant de militants tout en attirant le vote des électeurs. Il doit donc établir une connexion solide avec la population pour garantir son existence et son influence. Organisation Territoriale Les partis politiques doivent disposer d’une structure organisationnelle sur tout le territoire, créant un maillage national qui permet de faire remonter les décisions prises par les dirigeants vers la base militante. Cela implique également une hiérarchie où le pouvoir est souvent détenu par un petit groupe au sommet, caractéristique d’une oligarchie. Durabilité Un parti doit s’inscrire dans la durée, répondant à des tendances politiques sur le long terme et ne se limitant pas à des mouvements temporaires ou des factions passagères. La pérennité d’un parti est mise à l’épreuve, notamment en ce qui concerne des exemples récents comme celui du mouvement Macron, qui soulève des questions sur sa capacité à survivre après la disparition de son fondateur. 2.2) La naissance et l’évolution des partis politiques Contexte d’Émergence des Partis Politiques L’émergence des partis politiques modernes entre 1875 et 1900 est le résultat de plusieurs transformations majeures qui ont redéfini le paysage européen. Voici les conditions clés qui ont permis cette évolution : Invention de Moyens de Transport Rapides La première nouveauté a été l'invention des chemins de fer en France, qui a considérablement amélioré la circulation des personnes, des marchandises et des idées. Ce développement a permis de connecter les campagnes les plus reculées avec les grands centres urbains, facilitant ainsi la diffusion des idées politiques. À partir de l'invention des chemins de fer, il était possible d'accéder à n'importe quel point du territoire en moins de 24 heures. Service Militaire et Développement de l'Industrie L'introduction du service militaire, couplée au développement industriel, a également contribué à forger une société plus homogène, partageant des modes de vie et des pensées similaires. Cette homogénéisation a été essentielle pour établir des bases solides pour la démocratie. Alphabétisation Croissante Une autre condition favorable a été l'augmentation du taux d'alphabétisation. L'école laïque, publique et obligatoire a non seulement cherché à éduquer les Français, mais aussi à les transformer en citoyens républicains. Parallèlement, la baisse des coûts d'impression a permis aux journaux de devenir des moyens accessibles de diffusion des idées politiques. Élargissement du Suffrage L'extension du suffrage, d'abord masculin, puis féminin, a été cruciale. Entre 1875 et 1920, de nombreux pays européens ont introduit le suffrage universel direct, avec des pays comme la Finlande ouvrant la voie en donnant le vote aux femmes dès les années 1910. Cependant, la France est restée l'un des derniers pays européens à accorder le droit de vote aux femmes en 1945. L'Affaire Dreyfus : Un Point de Focalisation Politique En 1901, le premier parti politique moderne, le Parti Républicain Radical et Radical- Socialiste, émerge en réponse à des événements marquants, notamment l'affaire Dreyfus. Cette affaire a révélé des injustices profondes, lorsque le capitaine Alfred Dreyfus, un officier juif, a été accusé à tort de trahison. Le scandale a divisé la société française en deux factions : ceux qui soutenaient la culpabilité de Dreyfus pour préserver l’honneur de l’armée, et ceux qui luttaient pour prouver son innocence, arguant que la justice ne peut se fonder sur des accusations infondées. L'affaire Dreyfus a servi de catalyseur pour le développement de nouveaux courants politiques au sein du Parti radical, intégrant une forte dimension antimilitariste. Du Notable au Professionnel L'évolution des partis politiques s'est également caractérisée par un passage d’une organisation basée sur des notables à une structure plus professionnelle et dépersonnalisée. Voici quelques points clés de cette transformation : Organisation Dépersonnalisée Les partis ne dépendent plus d'un leader charismatique, mais d'un groupe. Cela permet d'anonymiser la direction et d’établir une structure organisationnelle plus stable. Cadre Légal de Professionnalisation La professionnalisation des partis politiques s’est intensifiée avec l’adoption de lois comme celle de 1901 sur la liberté d'association et celle de 1920, qui encadrent les partis. Ce cadre légal impose des exigences telles que le dépôt de statuts en préfecture, ce qui formalise davantage leur fonctionnement. Pratiques Professionnelles Au fur et à mesure que le 20ème siècle avance, les partis deviennent de plus en plus organisés, avec des fonctions clairement définies qui requièrent une gestion professionnelle. 2.3) Comment la science politique étudie-t-elle les partis ? Le Parti comme Organisation Les partis politiques jouent un rôle fondamental dans la vie politique, et il est essentiel d'examiner leur fonctionnement au sein de leur contexte institutionnel et politique. Contexte Institutionnel et Politique Pour analyser un parti, comme le Parti libéral irlandais par exemple, il faut prendre en compte non seulement son organisation interne, mais aussi son impact et ses activités dans la réalité politique. Cela implique d'étudier la nature de ces partis, leurs singularités, et comment ils évoluent au sein du système politique dans lequel ils s'inscrivent. Un exemple pertinent est la présidentialisation des partis en France : les partis sont-ils devenus plus centrés sur l’élection présidentielle ? Les leaders jouent-ils un rôle plus prépondérant qu’auparavant ? Ces questions sont essentielles pour comprendre l’évolution des partis dans le cadre de la Cinquième République. Le Cadre de la Société dans le Développement des Partis Les partis ne se développent pas dans le vide ; ils interagissent avec le système social et reflètent les clivages de la société. Voici quelques éléments clés à considérer : Clivages Sociaux et Partis Selon les travaux de Stein Rokkan, les partis politiques en Europe sont nés de plusieurs grands clivages qui structurent la société. Ces clivages incluent : Église vs État : Certains partis soutiennent l’influence de l’église tandis que d'autres défendent le laïcisme. Centre vs Périphérie : Les partis qui représentent les intérêts des grandes villes en opposition à ceux qui défendent les zones rurales. Urbain vs Rural : Ce clivage souligne les différences entre les besoins et les préoccupations des populations urbaines et rurales. Possédants vs Travailleurs : Ce clivage fondamental oppose ceux qui détiennent le capital à ceux qui le produisent. Ces clivages permettent de comprendre la naissance et l’évolution des partis politiques en Europe. Par exemple, un parti peut se positionner à la fois comme pro-État et pro- travailleurs, intégrant plusieurs clivages. Interactions entre Partis et Société Les partis politiques non seulement reflètent les clivages sociaux, mais ils agissent également sur eux. Ils créent des identités sociales et peuvent influencer le fonctionnement des communautés. Par exemple, le Rassemblement National, en prétendant représenter les classes populaires, fédère une unité idéologique qui façonne une identité collective parmi ses soutiens. De même, le Parti communiste a joué un rôle déterminant dans la structuration des communautés ouvrières, où la vie des membres était souvent organisée autour des activités du parti. La Nécessité de Comprendre les Partis Il est crucial de reconnaître que les partis politiques, malgré une image parfois négative dans le monde contemporain, restent des acteurs essentiels de la démocratie. Leur organisation et leur fonctionnement sont intégrés dans le fonctionnement des institutions politiques. Plutôt que de rejeter les partis, il est préférable de les comprendre pour mieux appréhender les mécanismes de la vie politique. 2.4) Les types de partis politiques I. Partis de Cadres et Partis de Masse 1. Partis de Cadres Les partis de cadres, tels que le vieux Parti radical fondé en 1901, sont caractérisés par leur souplesse organisationnelle. Ces partis : Absence d'Adhésion Rigoureuse : Ils ne tiennent pas compte de manière significative du nombre de leurs adhérents et n’insistent pas sur la collecte de cotisations. Direction par un Groupe Restreint : Ils sont généralement dirigés par un groupe de cadres, qui s'intéresse principalement à l'unité du parti et à ses sympathisants. Caractère Historique : Ces partis sont souvent considérés comme des "vieux partis", peu impliqués dans un travail organisationnel substantiel. 2. Partis de Masse À l'opposé, les partis de masse se distinguent par : Attention aux Adhérents : Ils mettent un accent fort sur le nombre d'adhérents et la collecte de cotisations, considérant que ce sont ces cotisations qui financent leurs actions. Financement Autonome : Ces partis cherchent à être indépendants financièrement, reposant principalement sur les contributions de leurs membres. Exemples de Partis de Masse : Les partis socialistes représentent souvent ce modèle, où la mobilisation des masses et l'engagement des adhérents sont centraux. Cette distinction entre partis de cadres et partis de masse a été une première réflexion sur la typologie des partis politiques. Toutefois, cette classification est devenue moins pertinente avec le temps, car de nombreux partis échappent à cette dichotomie. II. Le Parti Attrape-Tout 1. Concept de Parti Attrape-Tout Développé par l'allemand Otto Kirchheimer dans les années 1960, le concept de parti attrape-tout cherche à dépasser les modèles de partis de cadre et de masse : Élargissement de l'Électorat : Ces partis visent à séduire un large éventail d’électeurs, transcendant les clivages traditionnels entre la droite et la gauche. Vision Panoptique de la Société : Ils sont capables de traiter de nombreux sujets, cherchant à proposer une vision globale et intégrative de la société. Condition pour le Pouvoir : Pour exercer le pouvoir au niveau national, ces partis doivent attirer un maximum de la population, ce qui les pousse à s'adapter aux besoins variés des électeurs. Le modèle du parti attrape-tout est devenu prédominant en France et en Europe, reflétant l'évolution des dynamiques électorales. III. Le Parti-Cartel 1. Évolution des Partis À partir des années 1980-90, le lien entre les partis et la société civile a commencé à s'affaiblir. Les partis ne mobilisent plus autant d'adhérents qu'auparavant. Concept du Parti-Cartel : Introduit par les chercheurs américains Richard Katz et Peter Mair, ce concept décrit des partis qui : o Dépendance à l'État : Les partis-cartels établissent un partenariat avec l'État, accédant à des ressources publiques et partageant le pouvoir avec les élites politiques. o Érosion de l'Adhésion : Malgré leur apparition en surface, ces partis ne comptent plus de nombreux adhérents, et leur fonctionnement repose souvent sur des électeurs plutôt que sur des membres actifs. Chiffres sur l'Adhésion : Les adhésions aux partis ont drastiquement chuté au cours des deux dernières décennies. Par exemple, le Parti socialiste, autrefois fort de millions d'adhérents, a vu son nombre d'adhérents diminuer considérablement. 2. Enjeux et Perspectives Cette crise des partis soulève des questions sur leur avenir : Transformation ou Disparition ? : Les partis n’ont pas disparu, mais ils ont évolué, s’adaptant aux nouvelles réalités politiques. La question de savoir si les partis peuvent retrouver leur influence ou s'ils se transformeront en mouvements reste ouverte. Importance de Comprendre les Nouvelles Formes de Partis : Il est essentiel de reconnaître ces nouvelles structures partisanes, car les partis continueront d’être des acteurs centraux de la politique dans les années à venir. 2.5) Crise ou transformation des partis politiques ? Crise des partis traditionnels (ex. : élections de 2017) Il est facile de mettre en lumière la crise des partis politiques traditionnels, illustrée par l'effondrement de certains d'entre eux en 2017. Par exemple, le Parti socialiste a subi une chute dramatique, perdant 80 % de ses cadres élus lors des élections parlementaires. Les Républicains ont également traversé une crise très profonde à la même période. Ainsi, il est légitime de parler d'une crise significative touchant ces partis. En parallèle, de nouvelles organisations ont vu le jour, se présentant comme un nouveau type de parti. Émergence de nouveaux types de « partis » (La France insoumise, La République En Marche) Il n'y a pas réellement de cotisations ; l'adhésion est souvent plus symbolique. Par exemple, La République en Marche a rapidement accumulé des ressources, car un an après sa création, le parti était dirigé par le président de la République, et il comptait près de 300 députés. Ces derniers contribuaient également aux finances du parti, étant donné que les subventions de l'État dépendent des résultats électoraux obtenus. Débat sur la légitimité et l’ancrage social des partis Il est important de noter que le Rassemblement National (RN), bien qu'il se présente comme le parti des ouvriers, ne représente pas réellement l'ensemble de cette catégorie sociale. En effet, la majorité des ouvriers ne participent pas aux élections, avec un taux d'abstention dépassant les 50 %. Parmi les ouvriers qui votent, la répartition entre le RN et la gauche est également nuancée. Bien que le RN attire environ 60 à 65 % des voix ouvrières, cela signifie que 35 à 40 % des ouvriers continuent de voter pour d'autres partis, principalement à gauche. Cette situation souligne que la représentation des classes populaires par le RN n'est pas entièrement juste. La base sociale des partis est en réalité très diverse, ce qui soulève des questions sur leur légitimité. Si les partis ne parviennent pas à représenter la majorité, comment leurs candidats pourraient-ils véritablement représenter le peuple ? Cette dynamique engendre une crise de la représentation, car plus les partis sont perçus comme non représentatifs, plus la crise de la représentation s'intensifie. Malgré les critiques anti-partis exprimées par des figures comme Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, les partis politiques demeurent des éléments essentiels et incontournables de la vie politique. En ce moment, alors que nous traversons une période marquée par l'absence de majorité absolue, on observe un retour des partis. Ce sont eux qui déterminent les alliances et qui décident des motions de censure à l'égard du gouvernement. Le pouvoir se concentre donc largement au sein du Parlement, où les décisions des partis jouent un rôle crucial. Emmanuel Macron, pour sa part, semble davantage se concentrer sur la politique étrangère, mais il est évident que l'avenir de la gouvernance nationale repose aujourd'hui sur l'interaction des grands partis au sein de l'Assemblée. 25/10/2024 Introduction Rapport culturel au temps : Notre conception du temps est influencée par le vocabulaire et les idées hérités de notre culture. Le temps, construction sociale : Le temps a une histoire, façonnée par la religion, la science et la technique. Sa perception varie selon les époques et les sociétés. Transition historique : Du temps cyclique de l’Église au temps linéaire et mesurable des marchands (XIe-XIIe siècles), marqué par l’apparition des horloges. Temps universel et scientifique : Le temps linéaire, introduit par la science classique (Newton), devient une norme universelle, mesurable et applicable à tous les évènements (travail, transports, géologie). Abstraction du temps moderne : Au XXe siècle, le temps physique s’éloigne du temps vécu (définition de la seconde en 1967 à partir de l’atome de césium). Naturel mais construit : Le temps, bien qu’il semble naturel, reste une construction sociale et technique. Quel lien avec la politique ? : Il existe une pluralité de temps politiques, reflétant des imaginaires complétement différents les uns des autres, marquant certains décalages entre les opinions mais aussi certaines singularités. Contraintes et pesanteurs temporelles de la vie politique ❖ La maitrise du temps en politique : une ressource stratégique ❖ Temporalités imbriquées en politique : → Quatre dimensions temporelles s’entrelacent : o L’action politique (élections, représentations, législation) o L’action publique (administration, politiques publiques) o L’action collective (mobilisations sociales) o L’action médiatique (communication, journalisme) ❖ Accélération et imprévisibilité : Les processus politiques sont influencés par l’accélération des rythmes modernes (Hartmut Rosa, 2010) et l’incertitude des résultats électoraux. ❖ Cycles électeurs VS action publique : Le temps court des élections domine souvent le temps long des politiques publiques, impactant la mise en œuvre des programmes. ❖ Gestion du temps des élus : Les élus cherchent à sécuriser leur carrière par la modification des mandats (EXEMPLE : prolongation des mandats municipaux en 1920 et sénatoriaux en 2003). ❖ ? : La gestion du temps politique est cruciale pour maximiser les projets mis à l’agenda politique et assurer la réélection des professionnels de la politique. L’horizon temporel de la vie collective : des effets structurants Les 4 échelles de temporalité de l’avenir ❖ Court terme o Futur immédiat : quelques mois ou années. o À portée de main, concerne des projets à court échéance. ❖ Moyen terme o 1 à 2 générations (40 à 60 ans) o Horizon temporel de notre responsabilité active, lié à notre parcours de vie. ❖ Long terme o Échelle des siècles. o Échappe à l’expérience humaine directe, difficile à formuler chronologiquement. ❖ Très long terme o Millénaire ou +. o Concerne l’évolution biologique, géologique et astrophysique, impactant indirectement nos actions technologiques. Court terme VS long terme Tropismes vers le court terme ❖ Pouvoir politique temporaire : o Effet du système d’alternance en démocratie. ❖ Focus sur le court terme : o Pression médiatique et électorale incitant à des décisions immédiates. o Préférence pour le présent par les acteurs politiques, économiques et sociaux. ❖ Enjeux à long terme négligés : o Importance de penser sur 25, 50, 75 ans pour préserver le capital environnemental et social. o + l’horizon s’étend, + l’incertitude augmente. ❖ « Myopie démocratie » (Rosanvallon) : o Préférence structurelle pour le présent dans les démocraties. o Dictée par les cycles électoraux et les impératifs sondagiers. ❖ Citation clé : o « Le futur reste la circonscription négligée de la démocratie représentative moderne » (Bourg & Whiteside, 2010). Facteurs de retour du long terme Défis démocratiques au long terme et à la justice intergénérationnelle ❖ Enjeux de longue durée : o EXEMPLE : développement durable, gestion des déchets nucléaires, aménagement du territoire. o Politiques de prévention et principe de précaution (Hans Jonas) ❖ Défis démocratiques de l’écologie : o Représentation des générations futures difficile à intégrer dans les élections à court terme. ❖ Problématique du développement durable : o Effets différés des polluants (émissions atmosphériques, déchets, métaux lourds). o Coûts supportés par les générations futures. ❖ Temporalité intergénérationnelle : o Conséquences éloignées et incertaines à prendre en compte. o EXEMPLE : impacts des investissements énergiques à long terme et liens avec le climat (GIEC). ❖ Inadéquation entre cycles politiques et systèmes naturels : o Délais temporels des effets (changement climatique, déchets nucléaires). ❖ Justice entre générations (Axel Gosseries) : o Questions morales : transmission des problèmes écologiques et économiques aux générations futures. Ré appréhension de l’importance du long terme (suite) ❖ Le développement durable est intrinsèquement lié à la temporalité, appelant à des changements et à une adaptation continue des sociétés. ❖ Les définitions courantes, telles que celle du rapport Brundtland, insistent sur la nécessité de répondre aux besoins présents sans compromettre ceux des générations futures. ❖ Les décisions politiques doivent intégrer les temps longs de la nature avec les temps courts des actions économiques et politiques. ❖ Les infrastructures politiques actuelles peuvent avoir des effets significatifs à long terme, souvent non anticipés dans les études d’impact. ❖ Les enjeux intergénérationnels nécessitent une prise de décision éclairée pour minimiser les impacts futurs, comme ceux liés à l’effet de serre. ❖ La démocratie et la politique sont confrontées à des défis de temporalité, entre délibération nécessaire et pression pour des résultats immédiats. ❖ La crise écologique actuelle est exacerbée par des désynchronisations entre les rythmes économiques accélérés et les processus politiques pl Le rétrécissement du temps : accélération & urgence ❖ Paul Virilio : L’accélération de la vitesse dans la société en réseau érode notre relation au présent, créant une illusion de « temps zéro ». ❖ Hartmut Rosa : L’accélération sociale moderne (innovation technique, changement social, rythme de vie) désynchronise les institutions, rendant la délibération démocratique difficile face à la pression d’agir rapidement. ❖ Zaki Laidi : Nous vivons sous une « tyrannie de l’urgence », où l’immédiateté domine, dévalorisant le passé et l’avenir au profit du présent. ❖ Philippe Gérard (et al.) : Le temps juridique est aussi affecté par l’urgence, accélérant l’adoptant de lois, au détriment de la réflexion à longue terme. ❖ Bernadette Bensaude-Vincent : L’opposition entre agir vite et agir lentement est souvent simplifiée, mais gouverner dans l’urgence peut conduire à négliger le futur. ❖ Contexte politique : La pression pour des résultats rapides pousse les gouvernements à des décisions hâtives, souvent sans considérer les importances du long terme. Répétitions : les cycles politiques ❖ Cycle politico-économique : Les partis politiques prennent des mesures économiques avant les élections pour satisfaire leur électorat (Castles, ?) ❖ Théories du « public choice » : Les gouvernements adoptent des mesures démagogiques avant les élections (dépenses publiques, manipulation monétaire) pour des effets à court terme, au risque de conséquences négatives à long terme. ❖ Cycles politico-électoraux : Après l’élection, les gouvernements prennent des mesures impopulaires (« potions amères »), suivies de politiques populaires avant les élections pour maximiser les chances de réélection (EXEMPLE de Ronald Reagan, 1981). ❖ Cas des communes françaises : Les maires augmentent les impôts en dénut de mandat pour financer des projets, puis les stabilisent avant les élections (cycle opportunistes). ❖ Horizon temporel court : Les politiques privilégient des solutions à court terme pour éviter des conflits politiques immédiats, repoussant souvent les réformes aux bénéfices à long terme (Pierson, 1993). Les usages du temps ❖ François Hartog, Régimes d’historicité, Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003. Nous n’avons pas UNE expérience du temps mais PLUSIEURS, dans « Régimes d’historicités » = plusieurs dimensions du temps. Chaque société entretient un rapport au passé, au présent, et au futur. ➔ Elle peut avoir un changement du temps au sein de son histoire. Dans l’Ancien Régime, c’est le passé qui doit éclairer l’avenir → on lit aujourd’hui des auteurs latins, grecs, etc. ils sont comme figés dans le passé et projeté dans l’avenir Après 1789, le temps s’accélère → se met en place un régime moderne d’historicité. Le grand paradoxe de notre régime actuel est qu’il est caractérisé par 2 tendances contradictoire : d’un côté, nous sommes obsédés par la mémoire du passé et d’un autre, nous sommes dans un présent permanent → un présentisme. → Ce livre explore comment différentes sociétés perçoivent et utilisent le temps. Il introduit le concept de « régimes d’historicité » pour montrer que les rapports au passé, au présent et au futur évoluent selon les contextes historiques. Hartog identifie trois principaux régimes : 1. Le régime archaïque : Ici, les sociétés vivaient dans un temps