HIS103 Cours 2 - Renaissance-Révolutions (cours jusqu'à 2.2.) PDF

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This document is a lecture on history, specifically focusing on the Renaissance and modern revolutions. It discusses the economic, scientific, and political shifts that occurred during this period in European history.

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Cours 2 : de la Renaissance aux révolu4ons modernes (XVIe-XVIIIe s.) INTRODUCTION o Ce cours se consacre à une période de l’histoire = des 16ème au 18ème siècle, généralement qualifiée d’époque MODERNE par les Occidentaux. Que veut dire moderne ? Les historiens occidentaux uJlisent...

Cours 2 : de la Renaissance aux révolu4ons modernes (XVIe-XVIIIe s.) INTRODUCTION o Ce cours se consacre à une période de l’histoire = des 16ème au 18ème siècle, généralement qualifiée d’époque MODERNE par les Occidentaux. Que veut dire moderne ? Les historiens occidentaux uJlisent ce terme pour désigner ce qui vient après le MA, et vers laquelle la Renaissance aurait fait transiJon. o La modernité est opposée à l’âge médiéval sur la base de l’idée qu’il y aurait eu, dans l’histoire de l’Europe, une triple rupture : - Economique : la modernité correspond à un moment de décollement démographique et producJf qui rend possible un enrichissement, une croissance, et l’amélioraJon des condiJons de vie matérielles. On oppose souvent un MA en stagnaJon – caractérisé par une croissance démographique faible, un mode de producJon essenJellement axé sur l’agriculture vivrière ( = tournée vers autoconsommaJon et subsistance) à une modernité caractérisée au contraire, par un décollage démographique (rendu possible par l’amélioraJon des condiJons de vie et la baisse de la mortalité infanJle). Une des caractérisJques de l’économie européenne moderne=> la naissance d’une bourgeoisie marchande qui va permeWre la consJtuJon de capitaux. - Technique et scien/fique : le savoir scienJfique médiéval, en Europe, est alors très maigre, et a du mal à s’émanciper des tutelles religieuses ; la modernité signe au contraire les développements d’une science au sens propre du terme, moins dépendante des supersJJons populaires et des dogmes religieux, disposant d’une autonomie propre. > Copernic, Galilée - Poli/que : avec la naissance d’une nouvelle forme poliJque, dite l’Etat moderne, et la prise en importance de certaines valeurs : l’individu, la nécessité de garanJr les libertés individuelles, la protecJon de l’individu face au pouvoir, qui joueront un rôle absolument fondamental dans ce qu’on a appelé au XVIIe et XVIIIème siècle le « droit raJonnel », puis le libéralisme poliJque et l’idée de soumeWre le pouvoir au droit. Dans quelle mesure ce récit est-il perJnent ? Quelles sont ses limites ? Il est évident que le monde ne s’est pas réveillé, du jour au lendemain, « moderne », mais pourtant il y a toute une série de ruptures, de disconJnuités, qu’il nous faut ici meWre en valeur pour comprendre le visage de l’Europe à la veille de la RévoluJon industrielle. – AWenJon ! La modernité n’est pas l’apanage de l’Occident, comme nous allons le voir avec l’idée d’une modernité o6omane. Le cours va se construire autour de trois grands moments de l’époque moderne. 1) La Renaissance, et la nouvelle vision de l’homme et du monde qu’elle promeut. 2) L’émergence de l’Etat moderne 3) Et enfin, les révoluJons : où l’on peut disJnguer entre les révoluJons dont l’objecJf est de rejeter les régimes de monarchie absolue (Angleterre, France) et celles qui ont permis la libéraJon à l’égard de la tutelle coloniale (Etats-Unis, HaïJ). 1 1. Une révolu4on culturelle, la Renaissance Renaissance= période charnière, transiJon entre MA et époque moderne. Se caractérise par une nouvelle vision de l’humanité et du monde en Europe, et émerge dans les milieux intellectuels et religions. A l’origine de ce mouvement, des individus – savants, érudits, arJstes – qui regardent vers des époques antérieures qu’ils considèrent comme un âge d’or perdu. Pour eux, le MA s’est détourné des idées de l’AnJquité gréco-romaine – redécouverte notamment suite à l’arrivée, en Europe occidentale, des réfugiés byzanJns après la chute de ConstanJnople. // Sur le plan religieux, on redécouvre le message chréJen des débuts du chrisJanisme. Du côté des savants et des érudits, on voit se développer un point de vue qu’on peut appeler cri/que > étude criJque de la Bible, au sens où ils cherchent à retourner à son message originel et pour cela en passent par une étude philologique. Ø L’esprit criJque rencontre et alimente un nouvel esprit scienJfique et technique. Au centre de ce mouvement, une grande place est accordée à l’homme=> c’est cela qui jusJfie qu’on peut également parler d’un âge de l’humanisme. Ø CeWe première parJe, consacrée à la Renaissance, se consJtue elle-même de trois points. J’évoquerai d’abord en quoi ce mouvement arJsJque et intellectuel se caractérise par un rapport nouveau au passé et un esprit qu’on peut appeler « criJque » ; ensuite, je rappellerai quelques mots du contexte de la Renaissance, qui se caractérise, après la dépression démographique qu’on a évoquée la semaine dernière, par un certain dynamisme, et qu’on aborde parfois comme un âge des découvertes et des invenJons (cf. l’imprimerie) ; enfin, dernier aspect très important de ceWe période, la naissance, au sein du monde chréJen, d’une nouvelle religion, le protestanJsme, qui va avoir une influence déterminante sur les conflits de la période. 1.1. Grandes caractéris4ques de la Renaissance : un nouveau rapport au passé et le développement d’un esprit cri4que Un des iniJateurs de ce mouvement : le poète et savant italien Pétrarque, au 12ème siècle, qui cherche à faire renaître l’AnJquité (retour à la tradiJon anJque) notamment en retrouvant de vieux manuscrits, en parJcipant à leur traducJon (traducJon d’Homère par exemple). Avec Dante (auteur de la Divine Comédie) et Bocacce (le Décaméron), il est considéré au 18è siècle comme l’un des poètes qui fait le pont entre MA et époque moderne, qui « sort le MA de ses ténèbres » (selon les mots de l’Encyclopédie, ceWe grande œuvre collecJve des Lumières françaises que l’on évoquera plus bas) Renaissance= toute une atmosphère, développement d’une sensibilité historique, les arJstes vont consJtuer des croquis de ruines, les grands vont rassembler des collecJons d’objets rares et de statues. ð AnJquité célébrée pour son art, sa rhétorique, son architecture… 2 Début XVe : le mouvement s’accélère avec la rencontre avec les Grecs de Byzance, qui donnent aux Italiens accès aux savoirs helléniques. Grande mode du néoplatonisme (Pic de la Mirandole, philosophe italien né en 1463, mort à l’aube du 15è) Image : école d’Athènes, de Raphaël ReprésentaJon des grandes figures de la philosophie, de l’art, de la connaissance. En parJculier, les deux personnages centraux : Platon (montre le ciel)/Aristote (montre la terre). On voit le philosophe Averroès en vert avec un turban blanc au premier plan à gauche. La perspec/ve, une invenJon nouvelle (la peinture médiévale ne cherche pas à resJtuer la profondeur, à l’excepJon de certaines figures isolées comme GioWo par exemple) => illusion de profondeur sur une surface plane. Grands arJstes italiens de la Renaissance : Leonard de Vinci (1452-1519), Raphaël (1483-1520), Michel-Ange (1475-1564)… Egalement en architecture, Bruneschelli, le dôme de la cathédrale de Florence, 1436 Santa Maria dei Fiore- coupole d’un diamètre de 45 mètres, qui procède d’une série d’innovaJons techniques=> époque où s’invente le méJer d’ingénieur, pas de séparaJon entre les arts et les invenJons mécaniques et techniques, cf. Léonard de Vinci, génial inventeur, un des grands symboles aussi : L’homme de Vitruve. Un nouveau regard sur l’homme à humanisme [ Un esprit criJque se développe, du fait du rapport aux textes, l’étude philologique. Un des grands esprits de la période, Lorenzo Valla, 1407-1457 – découverte de la forgerie de la donaJon de ConstanJn voir : hWps://campus.arte.tv/program/quand-l-histoire-fait- dates-315-la-donaJon-de-constanJn Mais ne pas oublier non plus la Renaissance flamande (Van Eyck par exemple les époux Arnolfini => scène de genre peinte à la peinture sur huile (peu usitée à l’époque)= un intérieur bourgeois, bourgeoisie marchande, sensibilité à l’inJmité du couple (chambre à coucher, le peJt chien…) Très fort réalisme du tableau. 1.2. L’inven4on de l’imprimerie o Après la dépression qui suit la peste noire de 1348, reprise d’un certain dynamisme vers les années 1450 : phénomène de raWrapage permis par progrès agricoles et arJsanaux et amélioraJon du climat. Une bourgeoisie marchande se développe et des villes dans les Flandres, la Hanse, le nord de la péninsule italienne commencent à a~rer des capitaux. Ceux qui s’enrichissent cherchent à développer de nouveaux instruments pour le commerce et à affirmer leur statut par la consommaJon ostentatoire (cf. Veblen) [Thorstein Veblen, économiste américain iconoclaste qui étudie la très haute-bourgeoisie US de la fin du 19è, et écrit, en 1899 un ouvrage inJtulé Théorie de la classe de loisir, dans lequel il décrypte les praJques de consommaJon de l’élite économique. Il montre que celles- ci visent en fait à asseoir un statut social, à travers l’exhibiJon, l’ostentaJon de sa capacité à dépenser sans compter + capacité à pouvoir jouir de son temps libre (on passe du temps à table, à soigner son apparence, à s’adonner à des praJques sporJves ou de clubs) On parle de l’effet Veblen pour désigner un paradoxe en économie, selon lequel, pour une catégorie de 3 biens, dont la consommaJon est justement le reflet d’une disJncJon sociale, la demande, loin de baisser avec la hausse des prix, va augmenter.] o InvenJon de l’imprimerie et ses effets On a un besoin en textes (= besoin de produire en série), c’est l’invenJon de l’imprimerie par Gutenberg – en Allemagne, dans les années 1450 – qui permet d’y apporter une soluJon. SoluJon qui permet donc de mécaniser la producJon de textes. La première bible imprimée le sera en 180 exemplaires vers 1454-1455. Ce qui est caractérisJque de l’invenJon de Gutenberg, c’est le fait d’uJliser des caractères mobiles (technique dite typographique) de caractère métallique, et l’uJlisaJon d’une presse à bras, qui permet d’appliquer le caractère mobile encré, c’est-à-dire induit d’encre, sur le papier, au moyen d’une pression. CeWe invenJon uJlise des procédés existants : -Le papier existe déjà. Il nous vient de Chine, et a été transmis vers l’ouest par le relais des pays islamiques. Moins coûteux que le parchemin, qui est fait à parJr de beaux de bêtes, notamment de moutons, il est essenJel à l’imprimerie : les premiers moulins à papier se trouvent en Espagne au 12ème, l’industrie du papier se développe au 14ème siècle en Italie. -Les caractères mobiles existaient déjà en Chine, ils ont été inventés au XIème siècle par un certain Pi Cheng, et sont au départ en céramique, fixés sur une forme de métal à l’aide de cire. Mais ils n’ont guère de diffusion, de même pour les caractères mobiles faits en étain, qui se détériorent trop aisément (voir Braudel, Civilisa3on matérielle, p. 448 et suiv.) à L’usage de caractères mobiles différencie l’imprimerie de l’impression xylographique (le fait de graver sur une planche en bois la page que l’on souhaite imprimer). - Autre caractérisJque : la combinaison de cet usage de caractères mobiles et d’une presse à bras, qui est un instrument qui permet d’appliquer une pression forte et homogène des caractères préalablement induits d’encre sur le papier. Parce qu’elle implique de pouvoir composer n’importe quelle page de texte à l’aide d’un jeu de caractères mobiles en nombre fini, et que l’impression via la presse à bras permet régularité et homogénéité, l’imprimerie consJtue un procédé novateur, qui rend possible la reproducJon en série, mécanique, de textes. Pour approfondir : hWps://essenJels.bnf.fr/fr/livres-et-ecritures/histoire-du-livre- occidental/586fe06a-d438-4788-b994-c5b78c61634e-invenJon-imprimerie-15e- siecle/video/3a743ebe-746a-46bc-a017-f576446a1c3e-quest-ce-que-imprimerie-caracteres- mobiles-par-nathalie-coilly Que change l’inven.on de l’imprimerie ? Il y a bien sûr des conJnuités : l’invenJon de l’imprimerie n’implique pas l’abandon du livre manuscrit, dont par ailleurs le livre imprimé hérite beaucoup de choses (système de paginaJon, existence d’index, etc.) Mais un constat s’impose : plus de textes sont mis en circulaJon et chaque lecteur peut en lire en plus grand nombre à L’imprimerie assure la disséminaJon de l’écrit à une échelle inconnue au temps de la copie à la main. Elle répond à une aWente qui vient des mondes ecclésiasJque et universitaire. C’est une technique qui se diffuse rapidement et durablement : jusqu’au 19ème, elle évoluera très peu. 4 1) L’imprimerie contribue à l’appariJon d’une nouvelle culture écrite, qui dépasse d’ailleurs l’univers du livre. Elle permet d’imprimer des affiches, des formulaires, des billets, des cerJficats ; l’écrit s’empare des murs, il transforme les praJques administraJves et commerciales. 2) Autre chose nouvelle : le livre imprimé rend plus aisée la compilaJon, au sein d’un même ouvrage, des écrits d’un même auteur. Cela contribue à l’affirma/on d’une iden/té et d’une conscience d’auteur. L’auteur devient visible. 3) Toutefois, il y a une résistance face à la diffusion de l’imprimerie, on le voit au fait que la producJon imprimée décolle tardivement, près de 20 ans après l’invenJon de la technique : certains dénoncent le fait que l’imprimerie corrompt les textes, qu’elle les met en circulaJon dans des édiJons parfois fauJves, qu’elle contribue à diffuser des textes immoraux, qui sont soustraits au contrôle des autorités ecclésiasJques ; qu’elle corrompt le savoir lui-même, avili du fait qu’il est divulgué auprès des ignorants (argument éliJste= disséminer le savoir revient à le profaner). Dimension sociale et corporaJste de ceWe résistance : les clercs qu’ils soient laïcs ou ecclésiasJques, revendiquent un monopole sur la publicaJon et l’interprétaJon des textes. 4) La circulaJon des livres va jouer un rôle essenJel dans la forma/on d’un espace européen des lectures et des lecteurs. Car les livres vont en effet circuler, entre les villages, les États, mais aussi les aires linguisJques. àLa naissance d’une République des leWres Humanistes qui pérégrinent d’une université à l’autre, qui procèdent à des correspondances… prennent conscience qu’ils apparJennent à une élite. La mobilité se structure à l’intérieur de l’Europe, mais aussi à l’extérieur = entrée en contact avec d’autres mondes, non européens, dont les savoirs (botaniques, poliJques…) vont transiter via les ports espagnols et portugais. L’individualisme (= l’affirmaJon de l’individu, de sa singularité, de sa valeur…) naît-il pendant la Renaissance ? Burckhardt, historien suisse du XIXè dans son ouvrage La civilisa3on en Italie à la Renaissance, considère que la Renaissance= berceau de l’individualisme (terme un peu anachronique, car le concept est plutôt forgé au 19è). Renaissance= contexte d’affaiblissement de la féodalité et des liens familiaux et corporaJstes. [Qu’est-ce qu’une corporaJon ? Jusqu’au 18ème siècle, c’est une associaJon d’arJsans, qui se groupent pour réglementer leur profession et défendre leurs intérêts ; cela devient ensuite plus largement tout ensemble de personnes qui exercent la même profession, se sentent unis par un méJer et des condiJons d’exercice de ce méJer communes, et à ce Jtre, cherchent à défendre certains intérêts qui leur sont propres] On voit se mulJplier les autoportraits, les signatures, affirmaJon de la figure des grands hommes, etc. Les hommes sont de plus en plus nombreux à rechercher à la célébrité individuelle. 1.3. Naissance du protestan4sme 5 Dans ce contexte, dernier aspect important : l’émergence d’une nouvelle religion appartenant au monde chréJen, mais qui va rompre avec l’Eglise catholique, le protestanJsme. On considère que le protestanJsme « naît » en 1517, avec la publicaJon des 95 thèses de MarJn Luther, sous le Jtre La Dispute sur la puissance des indulgences. MarJn Luther (1483-1546), théologien et professeur d’université allemand, est à l’origine de ce qu’on appelle la « Réforme » protestante. Ø Les réformés – nom qu’on donne à l’époque aux protestants. Ø Il n’est pas certain, mais possible que Luther ait placardé ces thèses sur la porte de l’Eglise de WiWemberg. Ce qui est certain c’est que ces thèses seront ensuite largement diffusées. Contexte : moment intense de crise spirituelle dans l’Europe chréJenne, marquée par une très grande sévérité de la doctrine du salut. Le clergé invite les fidèles à mulJplier les actes de piété, tandis que lui-même a un comportement qui n’est pas toujours très vertueux. Poids de la hiérarchie ecclésiasJque, rôle poliJque du pape, commerce des indulgences (instauré par les papes Jules II et Léon X pour financer la construcJon de la basilique Saint- Pierre de Rome, consiste à pouvoir acheter la rémission de certains péchés : est devenu un véritable commerce lucraJf…) MarJn Luther va donc publier ses 95 thèses, dans lesquelles il prend posiJon contre l’autorité papale, pour un retour au message originel de l’Eglise, pour une véritable réforme du chrisJanisme. Sera excommunié par le Pape (= on l’exclut de la communauté chréJenne), convoqué par Charles Quint devant la Diète de Worms pour se rétracter – refuse de se rétracter. Contexte favorable à la diffusion de telles idées criJques : - Dimension matérielle : l’imprimerie rend possible la large diffusion de certaines idées, à travers la publicaJon. - Le réexamen des écritures par les humanistes dans une perspecJve philologique (cf. Valla) a affaibli la posiJon d’une Eglise qui était déjà en crise et minée par les dissidences, cf. Jan Hus, prédicateur du XVème siècle, tchèque, qui prône le retour à une Eglise plus axée sur spiritualité, pauvre. - CriJque de l’Eglise et des théologiens L’Eloge de la folie d’Erasme Autres effets du protestan3sme ProtestanJsme et capitalisme –Max Weber, L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, 1904-1905. Weber montre comment le protestanJsme, plus précisément le puritanisme, a parJcipé au façonnement d’un véritable ethos capitaliste, à travers notamment la valeur accordée au travail contre l’hédonisme (= le fait de pouvoir jouir des plaisirs de la vie). 6 Pour Weber, le capitalisme moderne, industriel, se disJngue des capitalismes anJques (= la recherche de profit), par le caractère régulé du travail sous des normes raJonnelles et l’émergence d’une classe d’entrepreneurs). C’est d’une certaine façon la raJonalisaJon et la bureaucraJsaJon du travail qui consJtuent pour lui le nœud du capitalisme. Et elles-mêmes ont été rendues possibles par la capacité des individus à se plier à de telles normes. Ø L’ascéJsme protestant aurait joué un rôle important dans le développement de ceWe nouvelle personnalité. Ø Egalement, est importante l’idée luthérienne de « Beruf » (à la fois méJer/vocaJon), qui est réhabilitée (on considère la vie professionnelle et le méJer exercé sur terre comme des voies du salut). Remarque : Braudel criJque ceWe thèse dans La dynamique du capitalisme (1977), où il montre que celui-ci naît dans les cités italiennes au XIVe, donc bien avant la Réforme. Le relie à l’autonomie progressive d’une classe de négociants par rapport à la relaJon marchande producteur/consommateur. On verra cela dans le cours 3. Effet immédiat= la fragmentaJon religieuse et les conflits On assiste à des phénomènes de confessionnalisaJon=> principe cujus regio, ejus religio, cf église calviniste Genève, anglicane en Angleterre, presbytérienne en Ecosse, etc. Dans le Saint-Empire, par exemple, par la paix d’Augsbourg de 1555, l’empereur Charles Quint accepte que le prince de chaque État choisisse la confession de son choix entre le catholicisme et le luthéranisme, mais les habitants doivent alors suivre la confession de leur prince. Ø RéacJon de l’Eglise = le concile de Trente, 1545-1563, qui est desJnée à reprendre le contrôle de la ChréJenté => en réaffirmant un certain nombre de doctrines > Eglise de la contre-réforme, dite aussi « tridenJne » qui marque, pour certains historiens, la rupture entre Eglise médiévale et Eglise des temps classiques. Ø Innombrables affrontements, véritable guerre civile en France à parJr de 1562 (Massacre de la Saint-Barthélémy, 1572) Renaissance= période extrêmement violente, pour reprendre les termes de Pascal Brioist, rédacteur de la noJce « Renaissance » dans Historiographies. Concepts et débats. Ce contexte de conflits violents a contribué à renforcer le pouvoir des États=> devenus instruments de pacificaJon, au détriment des pouvoirs spirituels. 2. Émergence et consolida4on de l’État, du Moyen-Âge à la fin de la période moderne Naissance de l’État dit « moderne »= c’est l’une des clés de la transformaJon de l’Europe à parJr du XVème et surtout au XVème siècle. On aura en tête ici l’exemple de la France, qui illustre ce processus de centralisaJon progressive du pouvoir royal (à parJr du 16ème siècle), ce qui tend à renforcer les villes de Paris et de Versailles, au détriment du reste du territoire. On voit cela encore très neWement 7 aujourd’hui dans l’organisaJon de l’espace : suprémaJe parisienne au détriment des provinces. La France n’est pas un pays fédéral, contrairement à l’Allemagne, qui, du fait de l’organisaJon de ses États sous la forme du Saint Empire, n’a pas connu le même processus d’unificaJon. 2.1. Le système féodal Au MA, l’Europe= dominée par un système féodal qui se caractérise par la fragmenta/on du pouvoir entre divers seigneurs locaux, chacun exerçant une autorité sur ses terres mais étant vassal d'un seigneur supérieur. Le pouvoir central, incarné par le roi, était souvent limité et fragmenté. FEODAL : Une organisaJon sociale qui se met en place au tournant de l’an mil, qu’on appelle système féodal (on approfondira au Semestre 2) - Repose sur des relaJons d’homme à homme. - La plus importante : entre le chevalier (qui possède une arme et un cheval) et le seigneur (plus puissant). Échange protecJon/service : devient son vassal. Le seigneur lui fournit un fief (une terre) pour qu’il puisse entretenir sa force et sa monture. - Le système est pyramidal, car le seigneur est lui-même le vassal d’un autre plus puissant (le suzerain). De degré en degré on peut remonter au roi, puis à l’empereur. à Bien sûr, c’est un schéma : il arrive que les vassaux accumulent tant de terres qu’ils deviennent plus puissants que leur suzerain. Mais le principe est simple : deux individus nouent un lien à travers des serments de fidélité, prononcés lors de la cérémonie de l’hommage, au cours de laquelle un vassal, agenouillé devant son seigneur, se déclare son homme. Une éthique de la chevalerie naît (principe de respect de la parole donnée, de soumission consenJe). Le félon : celui qui rompt son serment. La rupture du serment entraîne la guerre. => Époque où l’on voit de très nombreux conflits entre seigneurs. Qu’est-ce qui permet de tenir ensemble ce qui semble si fragmenté ? L’Église, qui se structure peu à peu autour du pape. Cela forme le cadre dans lequel l’histoire de l’Europe va devoir se comprendre : le conflit entre la papauté et l’Empire, entre la papauté et les Souverains européens. [Le pape est en conflit avec l’Empereur ; mais aussi avec l’Empire byzanJn (au moment du sacre de Charlemagne à peu près, car l’Emp byzanJn s’esJme le seul successeur légiJme des Césars). Progressivement, rupture théologique : querelles de doctrine entre pape et patriarche de ConstanJnople. En 1054, schisme (les deux papes s’excommunient réciproquement). Sépare les deux Eglises, orthodoxe et catholique.] En Occident, l’Église catholique règne sur la société à travers le maillage de ses diocèses (= circonscripJon ecclésiasJque placée sous l’autorité d’un évêque ou d’un archevêque). Elle a aussi tout un réseau de monastères. 8 Les monastères Monachisme= né en Egypte au IVe s. Saint Benoît fonde l’ordre des BénédicJns en l’acclimatant à l’Europe, ordre qui va essaimer dans toute l’Europe. Saint Benoît établit une règle stricte, reposant sur le travail et la prière. En 910, des moines qui considèrent que ceWe règle n’est plus respectée la réforment (lui redonnent la forme première), et fondent l’abbaye de Cluny, en Bourgogne, qui va à son tour essaimer. Et ce phénomène se reproduira souvent, donnant lieu à la créaJon de nombreux ordres. L’ordre de Cluny va être à la pointe d’un mouvement de rénova/on de l’Eglise porté notamment par le pape Grégoire VII, iniJateur de ce qu’on a appelé la réforme grégorienne, visant à redresser l’Eglise. Il s’agit de régénérer le monde chréJen en favorisant un clergé plus moral, en instaurant le célibat pour les prêtres, en interdisant le trafic des sacrements. Ordre social Dans la société féodale, on considère qu’une société juste est divisée en trois parJes (trois ordres) : oratores, ceux qui prient ; bellatores, ceux qui font la guerre ; laboratores, ceux qui travaillent. On retrouve ceWe disJncJon sous l’Ancien Régime= noblesse (descendants des guerriers), clergé et Tiers Etat (qui finira par comprendre, outre les paysans, des arJsans aussi, ainsi que des commerçants et les premiers représentants d’une bourgeoisie, méJers libéraux comme les hommes de loi par exemple). à A l’époque féodale, les grandes villes du temps de l’Empire romain ont été vidées par les invasions. L’immense majorité des gens vivent du travail des champs, au service des seigneurs. L’esclavage existe toujours. Il coexiste avec le servage (les serfs ne sont pas considérés comme des propriétés du seigneur, mais sont aWachés à une terre qu’ils n’ont pas le droit de quiWer et sont soumis à des impôts). 2.2. Naissance de l’État centralisé Pour comprendre l’émergence de l’État moderne, il faut donc avoir en tête ceWe fragmentaJon des pouvoirs, cet éclatement entre seigneuries, entre principautés. Dans ce contexte le roi, le monarque = un primus inter pares. Il faut aussi avoir en tête le caractère incessant des conflits religieux à parJr de la Réforme. à des seigneurs qui se font la guerre en permanence, des conflits permanents, et la guerre va commencer à coûter cher. - ÉvoluJon des techniques militaires à la fin du MA : arJllerie (= canons) prend de l’importance, ainsi que la forJficaJon moderne. Sur mer, nouveaux types de navires= galères puis galéasses, et galions équipés de baWeries de canons)= commence une véritable course à l’armement. Mais cela coûte cher= les Etats doivent accroître leurs dépenses. - Du coup, nécessité d’augmenter la fiscalité, et surtout, de rendre son prélèvement efficace. On a besoin d’une administraJon plus robuste, de services spécialisés d’officiers de jusJce et de finance (futurs foncJonnaires d’Etat). à Ce qu’on peut voir comme un « engrenage » de la construcJon de l’Etat. Les trois premiers sur le conJnent= CasJlle, France, Angleterre. Mais aWenJon : la modernité poliJque, en ce sens, est loin d’être réservée à l’Occident. Empire o6oman : un Etat militaro-fiscal, qui va se construire sur la base d’une bureaucraJe extrêmement efficace. 9 La suite au prochain épisode… 10

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