PDF Dermatologie - Cours journées 1 et 2
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Emilie Vidémont-Drevon
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Ce document présente un cours de dermatologie, couvrant l'anatomie et la physiologie de la peau, les processus pathologiques, la barrière cutanée, ainsi que différentes techniques telles que la biopsie et la cytologie. Il aborde également des aspects spécifiques de la peau chez les animaux, préparé par Emilie Vidémont-Drevon. Le cours inclut des diagrammes expliquant les principaux aspects de la peau.
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Dermatologie Emilie Vidémont-Drevon Journées 1 & 2 Proceeding Anatomie et physiologie de la peau 2 Principaux processus pathologiques en dermatologie 28 Barrière cutanée et DA 39 Biopsie cutanée 45...
Dermatologie Emilie Vidémont-Drevon Journées 1 & 2 Proceeding Anatomie et physiologie de la peau 2 Principaux processus pathologiques en dermatologie 28 Barrière cutanée et DA 39 Biopsie cutanée 45 Cytologie cutanée non tumorale 53 Cytologie cutanée tumorale 63 Démarche diagnostique et ex.complémentaires 80 Entretien de la peau et du pelage 98 Le SIC 103 Microbiome 109 Prédispositions raciales canines 112 Prédispositions raciales félines 127 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DE LA PEAU Emilie Vidémont-Drevon – Dr vét., Dip ECVD Centre Hospitalier Vétérinaire Saint Martin – 74 370 Saint Martin Bellevue La peau est l’organe le plus étendu du corps. Il représente 24% du poids du corps chez un chiot nouveau-né, 12% chez un chien adulte. C’est un organe de revêtement qui couvre la totalité du corps et est en continuité avec les muqueuses au niveau des orifices naturels. La peau est un organe vital qui assure de multiples fonctions. Sa structure, ses fonctions et son pelage varient avec l’espèce, la race, le sexe, l’âge, l’individu et d’une zone corporelle à l’autre, chez un même individu. STRUCTURE HISTOLOGIQUE DE LA PEAU La peau est un organe complexe qui comprend, avec ses annexes, tous les tissus histologiques, sauf les tissus osseux et cartilagineux, et qui se compose de l’épiderme, du derme, des annexes épidermiques (follicules pileux, glandes sébacées et sudoripares, griffes) et de l’hypoderme. EPIDERME 1. Structure La couche la plus superficielle de la peau, l’épiderme, est une couche très peu épaisse. En effet, elle mesure en moyenne dans les zones poilues de 30 à 95 micromètres, c'est à dire moins d'un dixième de millimètre! Cette épaisseur est beaucoup plus faible chez le chien que chez l'homme. L'épiderme est cependant épais dans les zones non velues comme la truffe et les coussinets. L’épiderme est un épithélium malpighien kératinisé, formé majoritairement de cellules épithéliales particulières, les kératinocytes. Ces cellules reposent sur une membrane qui les sépare de la couche sous-jacente, le derme. Les kératinocytes servent de bouclier de protection. Ils se multiplient et se transforment, et ils migrent en permanence depuis la profondeur jusqu’à la surface, où ils meurent en s'exfoliant. Ces dernières années, de nombreux travaux de recherche ont montré que les kératinocytes n’étaient pas seulement des cellules boucliers. Ils participent également activement à la production de substances variées, qui jouent un rôle dans la cicatrisation et la défense de l’organisme contre les agents infectieux ou les agresseurs extérieurs. On distingue dans l’épiderme du chien 4 couches de cellules: - la couche basale, la plus profonde : 1 rangée de kératinocytes cylindriques ou cubiques, basophiles avec un volumineux noyau présentant des mitoses ; - la couche épineuse : 5 à 10 rangées cellulaires de kératinocytes polyédriques et éosinophiles ; - la couche granuleuse : 2 à 3 rangées cellulaires de kératinocytes très aplatis, contenant de volumineuses granulations basophiles (grains de kératohyaline) ; - et enfin la couche cornée, la plus superficielle et la plus épaisse : 5 à 15 rangées de cornéocytes, très aplatis, dépourvus de noyaux et d’organites. 2 / 127 Structure schématique de l’épiderme du chien L’empilement des cellules de l'épiderme est très dense. Ceci permet une excellente protection contre les agents agresseurs présents dans notre environnement. Aux niveaux profonds, les cellules de l'épiderme sont très adhérentes les unes aux autres grâce à des structures particulières, appelées desmosomes, qui agissent à la manière de boutons pression. Les kératinocytes basaux adhèrent à la matrice du derme à l’aide de structures d’adhésion, apparentées aux desmosomes, appelées hémidesmosomes. Les tonofilaments de kératine, qui constituent, avec les microfilaments et les microtubules, le cytosquelette des cellules, se fixent sur les desmosomes et les hémidesmosomes. L’ensemble forme un réseau qui parcourt l’ensemble de l’épiderme et assure la cohésion interkératinocytaire et la cohésion dermo- épidermique. Représentation schématique d’un desmosome D’autres cellules particulières sont présentes dans l’épiderme : - les cellules de Langerhans (du nom du médecin allemand qui les a découvertes) : elles représentent 3 à 8 % des cellules épidermiques. Elles ont un rôle dans la réponse immunitaire car elles reconnaissent les agents pathogènes qui agressent la peau, 3 / 127 - les cellules de Merkel, appartiennent au système neuroendocrinien diffus et agissent comme des récepteurs nerveux. Elles jouent un rôle important dans la sensation tactile, - les mélanocytes, qui sont les cellules de la pigmentation. Ces cellules, d’origine nerveuse, sont capables de synthétiser des pigments qui confèrent sa couleur à la peau. Elles sont localisées au sein de la couche basale, leur densité est évaluée à environ 1 mélanocyte pour 10 kératinocytes basaux. La mélanine est produite à partir de précurseurs et stockées dans des organites spécifiques, les mélanosomes (dont il existe 4 stades de maturation). Ces organites sont, par la suite, transférés aux kératinocytes voisins où ils forment une calotte supranucléaire protégeant le matériel génomique de l’effet mutagène des rayons UV. Deux types principaux de pigments sont rencontrés chez les carnivores: les eumélanines (de couleur noire) et les phaéomélanines (de couleur rouge à brun).La couleur de la peau varie en fonction de la quantité de mélanine stockée dans les kératinocytes. Plus ils contiennent de mélanine, plus la peau est pigmentée et donc résistante au rayonnement solaire. Les pigments mélaniques sont également responsables de la couleur des poils. En vieillissant, les mélanocytes produisent de moins en moins de pigments, ce qui explique le grisonnement du pelage observé chez les animaux âgés. 2. Cornéogénèse et desquamation Le processus de cornéogénèse (ou kératinisation) recouvre les phénomènes biochimiques et morphologiques qui transforment la cellule basale de l'épiderme en une cellule cornée anucléée ou cornéocyte. Cette différenciation terminale permet la constitution d'une structure hautement spécialisée, la couche cornée dont la fonction la plus importante est de fournir à l'organisme une barrière efficace contre l'environnement. Les cellules cornées, situées à la surface, sont en permanence éliminées dans le milieu extérieur. Elles sont constamment remplacées par des cellules provenant de la profondeur, un peu à la manière d’un escalier roulant, ce qui assure une épaisseur constante à la peau. Ce phénomène est normal. Chez un chien en bonne santé, il faut 21 à 28 jours pour qu’une cellule née dans la couche basale soit éliminée dans l'environnement par desquamation. Ce phénomène peut être anormalement accéléré lors de certaines maladies, ce qui conduit alors à la formation de squames visibles, communément appelées pellicules. La cornéogénèse est l’aboutissement de trois processus biochimiques suivis de la desquamation. Ces trois voies métaboliques sont : 1) La formation et l’organisation des filaments intermédiaires de kératine ; 2) La production d'un film lipidique tapissant les espaces intercornéocytaires qui protègent le corps contre la perte d’eau et rend la couche cornée imperméable à de nombreuses substances ; 3) La synthèse d’une enveloppe cornée constituée d’une matrice dense enserrant des filaments sans noyau. Cette enveloppe très résistante est apposée à la face interne de la membrane plasmique. 3. Structure de la barrière cutanée La barrière cutanée est essentiellement représentée par la couche la plus superficielle de l’épiderme, la couche cornée ou stratum corneum. Celle-ci est composée de cellules épidermiques kératinisées, les cornéocytes, associés et liés par une matrice lipidique intercellulaire organisée en lamelles. Dans les années 1970, Peter Elias fut le premier à comparer cette barrière à un mur fait de briques, correspondant aux cornéocytes, et de mortier 4 / 127 matérialisé par les lipides lamellaires situés entre les cornéocytes et assurant la cohésion de la structure cellulaire. a. Cornéocytes Les cornéocytes sont l’aboutissement du processus de cornification des kératinocytes. Ils sont dépourvus d’organite cellulaire et leur cytoplasme est rempli d’une matrice amorphe compacte faite de l’agrégation, par la filaggrine, des filaments de kératine. La filaggrine joue donc un rôle majeur dans la résistance de la barrière cutanée. Elle est issue de la déphosphorylation de la profilaggrine, précurseur synthétisé par les kératinocytes granuleux et stocké dans les grains de kératohyaline. La filaggrine contribue, en outre, à l’hydratation de la couche cornée. Sa dégradation produit des acides aminés libres qui s’associent à d’autres molécules aux propriétés hygroscopiques (urée, acide lactique, sels minéraux) pour former le natural moisturizing factor (NMF). Enveloppe des cornéocytes Les kératinocytes produisent progressivement au cours de leur différentiation une enveloppe cellulaire cornée. Elle remplace la membrane plasmique des cornéocytes et elle est doublée sur sa face externe, par une enveloppe lipidique. L’enveloppe cornée mesure 0.015 à 0.02 µm d’épaisseur et est formée par le compactage de protéines de structure particulières (loricrine, involucrine, small prolin-rich proteins) liées par des liaisons peptidiques covalentes isopeptidiques grâce à des enzymes spécifiques, les transglutaminases. Ces enzymes dépendent de la concentration en calcium pour leur fonctionnement et jouent un rôle capital dans l’assemblage de l’enveloppe cornée. Cette enveloppe cornée est doublée sur sa face externe par une enveloppe lipidique. Celle-ci mesure 0.05 µm d’épaisseur et est constituée de céramides contenant des acides gras à très longues chaines, ω-hydroxylés, leur permettant de se lier de manière covalente aux protéines de l’enveloppe cornée. Sur son autre face, l’enveloppe lipidique est également liée aux lamelles lipidiques des espaces intercellulaires. Jonctions entre cornéocytes Les cornéocytes sont liés les uns aux autres, par les cornéodesmosomes et les jonctions serrées qui interviennent non seulement dans la fonction de barrière de l’épiderme mais également dans la desquamation. Les cornéodesmosomes comportent une protéine spécifique de la couche cornée, la cornéodesmosine qui est sécrétée par les corps lamellaires et intégrée par les desmosomes peu avant leur transformation en cornéodesmosomes. Cette protéine stabilise les desmosomes, augmente l’adhésion intercellulaire et la flexibilité de la structure. b. Lipides intercellulaires La matrice lipidique intercellulaire constitue 10 à 15% du poids sec du stratum corneum. Elle est composée de 50% de céramides, de 10% d’acides gras, de 25 % de cholesterol et de 15% de glucosylcéramides et sulfate de cholestérol. La majorité des lipides de la couche cornée est synthétisée par les kératinocytes et stockée sous la forme de précurseurs, glucosylcéramides, sphingomyélines et phospholipides dans les corps lamellaires (ou corps d’Odland) qui sont des organites sécrétoires. Les corps lamellaires sont des organites dérivant de l’appareil de Golgi. En microscopie électronique, ces corps lamellaires peuvent être détectés au niveau de la couche épineuse mais sont surtout abondants dans la couche granuleuse. A l’interface entre le stratum granulosum et le stratum corneum, les lipides précurseurs sont expulsés dans l’espace intercellulaire où ils forment les lamelles lipidiques, qui constituent la barrière imperméable, après transformation par des enzymes spécifiques. Ces enzymes sont également contenues dans les corps lamellaires. La β-glucocérébrosidase convertit les glucosylcéramides 5 / 127 en céramides, la sphingomyélinase convertit les sphingomyélines en céramides et les phospholipases clivent les phospholipides pour donner des acides gras libres et du glycérol. Chez le chien sain, les lamelles lipidiques remplissent la quasi-totalité des espaces intercornéocytaires. Métabolisme des lipides constituant la barrière cutanée Céramides Les céramides sont des sphingolipides complexes formés par la liaison amide d’une base sphingoïde (sphingosine, phytosphingosine, 6-hydroxysphingosine) avec divers acides gras 6 / 127 non hydroxylés, α-hydroxylés ou φ-hydroxylés. Douze céramides ont été identifiés chez l’homme, ils diffèrent par la nature de leur base sphingoïde ainsi que par la longueur et l’hydroxylation de la chaine carbonée des acides gras. Ils existent sous forme libre dans les espaces intercellulaires et sous forme liée aux protéines de l’enveloppe cornée. Neuf céramides libres, 3 céramides liés aux protéines et 3 bases (sphingosine, phytosphingosine et 6-hydroxysphingosine) ont été mises en évidence chez le chien. Les céramides du chien contiennent les 3 mêmes bases sphingoïdes couplés à des acides gras à longues chaines. Toutefois, des variations quantitatives de certains de ces céramides sont notées en fonction de la race ainsi qu’en fonction de la profondeur de l’épiderme. Les céramides cutanés présentent la particularité de pouvoir être hydroxylés. Dans les espaces intercellulaires, les céramides ne sont pas capables de former des bicouches à eux seuls. En présence de sulfate de cholestérol et d’acides gras libres, ionisés au pH physiologique, ils constituent des structures ordonnées. Ces arrangements de chaines hydrophobes forment des bicouches lipidiques avec une zone interne compacte, limitant fortement leur perméabilité à l’eau. L’acide linoléique joue un rôle important dans la fonction barrière en tant que composant du céramide 1. Sa « queue » linoléique, liée par une liaison ester au groupe φ-hydroxyle de la très longue chaîne d’acide gras du céramide 1, s’insère dans les bicouches voisines et constitue un rivet moléculaire unissant 2 feuillets lipidiques. Dans une moindre mesure, le céramide 9 joue également ce rôle de rivet. Acides gras libres Les acides gras libres de la couche cornée ne comprennent pas une forte proportion d’acides gras essentiels. Majoritairement saturés, ils possèdent une chaine carbonée comprenant de 14 à 28 atomes de carbone et diffèrent notablement des acides gras libres du sérum ou du sébum, car ils sont synthétisés de novo dans l’épiderme. Les acides gras libres jouent un rôle dans l’organisation de la barrière cutanée et le maintien du pH cutané. Cholestérol Le cholestérol de la matrice lipidique est grossièrement perpendiculaire à la surface des bicouches. Il améliorerait à la fois la plasticité et la rigidité des membranes. Le sulfate de cholestérol joue un rôle important dans la cohésion intercellulaire de la couche cornée. Toute perturbation du métabolisme du cholestérol au sein de l’épiderme peut entraîner une altération du processus normal de desquamation. La barrière cutanée est en constant renouvellement : d’une part par la différentiation et la kératinisation progressives des kératinocytes qui prennent naissance au sein de la couche basale et, d’autre part, par la desquamation des cornéocytes en surface permise par l’hydrolyse des cornéodesmosomes. Ces deux mécanismes sont normalement en équilibre et permettent le renouvellement harmonieux et régulier de l’épiderme. La desquamation résulte de l’action d’enzymes protéolytiques, les protéases (contenues dans les corps lamellaires) sur les cornéodesmosomes. Elles sont inhibées par des inhibiteurs de protéases, dont l’activité est régulée par le gradient calcique et de pH qui existe au sein de l’épiderme. Un équilibre finement régulé entre les protéases et leurs inhibiteurs est nécessaire à une desquamation optimale. Des lipases détruisent également les lipides intercornéocytaires pour favoriser l’exfoliation des cornéocytes. 7 / 127 Structure de l’épiderme Cornification des kératinocytes et cornéocytes (SPRP = Small prolin rich proteins) 8 / 127 DERME Le derme est le tissu de soutien de l’épiderme. Il s’agit d’une structure complexe, constituée de diverses cellules, qui reposent dans une matrice riche en protéines, en glucides et en eau. Cette matrice filamenteuse est également très riche en vaisseaux sanguins et en nerfs. Le derme constitue la réserve, le support et permet la nutrition de l’épiderme. Sa taille est variable en fonction des localisations (en moyenne il représente 10 à 40 fois l’épaisseur de l’épiderme). Le derme est donc composé : d’une matrice non fibreuse, constituée d’eau, d’ions et de protéoglycannes (formées d’une « protéine porteuse » sur laquelle sont fixés, de manière covalente, des glycosaminoglycannes [polysaccharides anioniques]) qui permettent l’hydratation de la peau, la fixation de cations et la migration des cellules. de fibres : les fibres de collagène représentent 90% des fibres dermiques et sont synthétisées par les fibroblastes ; elles procurent à la peau sa structure et leur résistance assure une protection passive contre les traumatismes externes, cisaillements, étirements ou pressions localisés. Les fibres d’élastine, composées essentiellement d’élastine, sont responsables de la souplesse et de l’élasticité de la peau. de cellules résidentes (histiocytes, fibroblastes et mastocytes) et, de manière variable, de cellules circulantes, lymphocytes et plasmocytes (immunité spécifique), polynucléaires neutrophiles et éosinophiles (immunité innée). L’histiocyte et le macrophage sont la même cellule. L’histiocyte en représente la forme non activée sans activité phagocytaire, le macrophage en étant la forme activée qui possède une activité phagocytaire. Les cellules dendritiques dermiques sont des cellules présentatrices d’antigène, localisées à la périphérie des vaisseaux sanguins du derme. Toutes ces cellules sont originaires de la moelle osseuse et interviennent dans l’immunité acquise (spécifique) et innée (non spécifique). FOLLICULE PILEUX Chez le chien et le chat, un des rôles principaux de l’épiderme est de synthétiser les poils. Les poils sont produits par des structures spécialisées, qui correspondent à des diverticules de l’épiderme : les follicules pileux. Les follicules sont des extensions de l’épiderme dans le derme, à la manière de petits sacs. Le follicule pileux est composé longitudinalement de trois parties distinctes: l’infundibulum, l’isthme et la partie profonde. Transversalement, on distingue cinq zones différentes: le bulbe pilaire, la tige pilaire, les gaines épithéliales (interne et externe), une membrane basale et une gaine conjonctive, riche en terminaisons nerveuses et en capillaires sanguins. Les cellules pluripotentes de la matrice donnent naissance au poil et à la gaine épithéliale interne. La gaine épithéliale externe représente une extension en profondeur de l’épiderme. 9 / 127 Structure schématique d’un follicule pileux GEE : gaine épithéliale externe, GEI : gaine épithéliale interne, Gs : canal glande sudoripare, GS : canal glande sébacée, MA : muscle arrecteur, OF : ostiole folliculaire 1. Structure longitudinale : On trouve de la surface vers la profondeur Ostiole folliculaire. - Ouverture du follicule pileux à la surface de la peau. - Plus ou moins ouvert selon les espèces. Il est généralement bouché par des cornéocytes. Une hypothèse, selon laquelle l’ostiole chez le chien serait plus ouvert, ce qui expliquerait la fréquence des folliculites dans cette espèce, reste à confirmer. Infundibulum - Première partie du canal folliculaire. - S'étend de l'ouverture folliculaire jusqu'au niveau de l'abouchement du canal sébacé. S'ouvre également dans l’infundibulum l'orifice de la glande sudoripare apocrine (ou épitrichiale), lorsque celle-ci existe. Isthme - Partie moyenne du canal folliculaire. - S'étend jusqu'à la zone d'insertion du muscle arrecteur. Segment inférieur - Partie du follicule situé entre l'insertion du muscle arrecteur et la papille dermique 2. Structure transversale Bulbe pilaire Il comporte - La papille dermique. Celle-ci a un volume proportionnel à la taille (diamètre) du poil. Elle est particulièrement développée pour les poils avec médulla et richement vascularisée (en période de croissance pilaire). 10 / 127 - Les cellules matricielles du poil : en période d'activité, elles forment un dôme matriciel qui sera à l'origine, du centre vers la périphérie, respectivement : de la médulla, du cortex, de la cuticule, de la gaine épithéliale interne. Gaine épithéliale externe Chaque poil provient d'une invagination tubulaire de l'épiderme qui s'enfonce dans le derme. Cette invagination constitue la gaine épithéliale externe (GEE) de la racine du poil qui, à mesure que l'on s'enfonce dans le derme, s'amincit et est finalement réduite à une seule couche cellulaire. À son extrémité profonde, l'invagination épidermique se renfle en constituant un amas de cellules matricielles coiffant une papille de tissu conjonctif très vascularisée. Les cellules matricielles donnent naissance à des cellules épithéliales qui vont se kératiniser. Ainsi, se constituent, dans l'axe de la gaine épithéliale externe, le poil proprement dit et en périphérie de celui-ci, la gaine épithéliale interne. La gaine épithéliale externe est limitée par : - une membrane basale (invagination de la membrane basale de l'épiderme) - une gaine fibreuse conjonctive. Les fibres ont une disposition circulaire sous la membrane basale et longitudinale pour la partie en contact avec le derme. Cette gaine peut présenter des images de minéralisation à l’état normal notamment chez le Caniche et le Bedlington Terrier, de même que chez les chiens âgés en général. Gaine épithéliale interne La gaine épithéliale interne entoure étroitement la racine du poil jusqu'à l'abouchement de la glande sébacée. Elle se différencie avant le poil et forme une sorte de filière pour le poil. Elle est formée de trois couches concentriques : - La couche interne (au contact du poil) est formée de cellules kératinisées à bord libre disposées vers la profondeur du poil. Elles sont semblables à celles de la cuticule pilaire avec lesquelles elles s'imbriquent (les deux couches ayant une orientation inverse). - La couche moyenne (ou couche d’Huxley) est formée de une à trois assises de cellules nucléées. - La couche externe (ou couche de Henlé) se compose d'une rangée de cellules anucléées. POIL Le poil est formé de cellules épithéliales kératinisées dont la morphologie varie de la périphérie au centre, formant respectivement de l’extérieur vers l’intérieur : la cuticule, le cortex, la medulla : Structure transversale du poil 11 / 127 1. Cuticule - Couche périphérique formée de cellules cornées aplaties (20 - 40 X 20 - 30 µm) présentant un bord libre : les écailles. Elles sont disposées à la façon des tuiles d'un toit (bord libre vers l'apex). - Les écailles sont riches en cystine et sont formées à partir des cellules matricielles périphériques. - Leur cohésion est renforcée par des invaginations agissant comme des "boutons pressions". 2. Cortex - Couche moyenne du poil - Couche généralement la plus épaisse (souvent plus de la moitié du diamètre pilaire mais avec une variation en fonction de la zone du poil). - Composé de cellules cornées fusiformes, dont l'axe est parallèle à celui du follicule pileux (80 - 100 µm X 3 - 6 µm). - La section des cellules n'est pas circulaire mais plus ou moins polygonale (avec une face aplatie vers la périphérie). - Les extrémités sont munies de pointes multiples qui s'emboîtent dans les cellules supérieures et inférieures. - Les cellules sont reliées entre elles par un complexe amorphe dérivé de la membrane et ayant 2,5 nm d'épaisseur - Les cellules corticales contiennent la mélanine responsable de la couleur du poil. La mélanine provient des mélanocytes situés dans la région profonde du follicule pileux (matrice) et est transférée dans les cellules en voie de kératinisation. Les mélanocytes de la matrice ont une longévité limitée et ont une activité indépendante. L’arrêt de la fonction mélanocytaire (quelle qu’en soit la cause) se traduit par le « blanchiment » du poil. 3. Médulla (Moelle) - Partie interne du poil. - Parfois absente. - Typiquement développée dans les poils primaires. - Elle est constituée de cellules de taille et de forme variable (souvent cuboïdes), souvent disposées en rangées longitudinales. - En s'éloignant de la zone matricielle ces cellules incomplètement kératinisées se vacuolisent de plus en plus. - Les cellules de la médulla contiennent du glycogène vers la base du poil, lequel est progressivement remplacé par de l'air vers le sommet du poil. C’est l’air de la médulla qui confère l’aspect blanc ou les reflets argentés au poil. - On peut également observer de la mélanine dans la moelle mais sans grande influence sur la couleur du poil. - La médulla est formée par la division des cellules centrales du sommet du dôme matriciel. ORGANISATION DES FOLLICULES PILEUX Les follicules pileux sont généralement inclinés à 30-60°C. L'inclinaison augmente avec l'âge. L’inclinaison est plus importante dans les races à poil ras. Chez les carnivores les follicules sont dits composés. De chaque pore folliculaire émergence une touffe de poils primaire(s) et secondaires. Dans d'autres espèces (ex: Homme, Equidés), le follicule ne comprend qu'un seul poil. 12 / 127 Les poils primaires sont les plus grands, il en existe deux types : les poils de jarre (poils primaires principaux) et les poils de garde (poils primaires latéraux). Les poils de jarre sont rigides, couvrent toute la surface cutanée, et assurent un rôle de protection contre la pluie. Ils sont également responsables de la couleur du pelage. Les poils primaires latéraux (poils de garde) sont modérément souples. Ils ont une orientation différente de celle du sous-poil, ce qui permet une meilleure isolation thermique. Les poils secondaires, plus petits, constituent le duvet ou sous-poil, responsable du maintien de la température. Ils sont fins et souples. Les poils primaires disposent toujours en annexe d'une glande sébacée, d'une glande sudoripare et d'un muscle arrecteur. Les poils secondaires sont, parfois, accompagnés d'une glande sébacée, mais n'ont ni glande apocrine ni muscle arrecteur spécifique. Le follicule pileux contient généralement un poil primaire principal (le plus grand), associé à 2 à 5 poils primaires latéraux plus petits et jusqu’à 20 poils secondaires. Le nombre de poils associés varie selon la zone cutanée et la race, caractérisant ainsi le type de pelage. Dans l'espèce féline les poils secondaires sont très nombreux et en proportion variable selon la région du corps (10 /1 sur le dos et 24/1sur le ventre). Représentation schématique d’un follicule pileux composé La densité pilaire est variable : 100 à 600 poils /cm2 chez le chien, 800 à 1600 poils / cm2 chez le chat. FOLLICULES PILEUX SPECIALISES Vibrisses - Retrouvées au niveau du museau, des lèvres, des paupières, de la face et du cou. - Organe carpien (poils sensoriels en face palmaire du carpe chez le chat). - Poils rigides, de grande taille, aplatis à leur extrémité, uniques dans le follicule pileux. - Présence sous le niveau des glandes sébacées d'un sinus sanguin entre la gaine épithéliale interne et la gaine conjonctive. - La gaine conjonctive est nettement épaissie de même que la membrane basale. 13 / 127 - Récepteur mécanique d'adaptation lente. Poils tylotriches. - Dispersés dans le pelage, ils en dépassent légèrement - Follicules pileux de grande taille avec un seul poil épais. Entouré au niveau de la glande sébacée d'un complexe neuro-sensoriel. - Mécanorécepteur d'adaptation rapide. Il est associé à un coussinet tylotriche, zone où l'épiderme est épaissi et associé à une zone de conjonctif dermique richement vascularisé et comportent des fibres nerveuses nues et des cellules de Merkel. CYCLE PILAIRE Le poil ne pousse pas de façon continue mais cyclique. Chaque cycle comprend : - une période de croissance active (anagène) durant laquelle le follicule pileux produit activement le poil, - une phase de régression ou catagène, transitoire. - une période de repos ou dormance (télogène) pendant laquelle le poil mort est maintenu dans le follicule pileux avant d'être éliminé. 1. Phases du cycle Anagène - Enfoncement en profondeur du follicule (parfois jusqu'au niveau de l'hypoderme). - Emergence du nouveau bulbe à partir d’un germe accessoire à la base du poil précédent. - Prolifération extrêmement rapide (sup. à celle de cellules tumorales) à partir des cellules souches sous l’influence de signaux encore mal élucidés de la papille dermique. - S’accompagne d’une réactivation de perfusion de la papille avec des facteurs d’angiogenèse issus de la papille et des cellules du bulbe - Papille dermique développée en fuseau coiffée d'une matrice en dôme. - Mitoses et pigmentation intense des cellules matricielles. - La durée de l'anagène est fixe selon le type de pelage ce qui explique la longueur limite caractéristique des poils. Elle varie beaucoup selon l'espèce : quelques jours chez les rongeurs, quelques semaines à mois chez le chien et le chat, 3 à 8 ans chez l'homme (1 mois pour les sourcils). Catagène - Arrêt de la croissance pilaire et début de rétraction du bulbe pilaire. - Véritable « suicide » des 2/3 du follicule. - Arrêt de la mélanogenèse. - Apoptose des cellules de la gaine épithéliale externe et interne. - La racine du poil présente un rétrécissement supra bulbaire. - Remontée du follicule pileux vers la surface de la peau. - Réduction de la taille du bulbe. - Papille dermique ovale à arrondie. Elle perd le contact avec le dôme matriciel. Par la suite disparition des vaisseaux et de la substance fondamentale avec seulement persistance de fibroblastes regroupés. - Perte d'orientation des cellules matricielles. - Disparition de la pigmentation (rétraction des dendrites et arrêt de transfert des mélanosomes à la corticale). - Épaississement de la membrane basale qui perd le contact avec la gaine épithéliale externe et se plisse. 14 / 127 - Disparition de la médulla. - Les cellules de la gaine épithéliale externe acquièrent des vacuoles autophagiques. Il y aura ensuite autolyse de la partie profonde du poil. - Les poils en catagène sont relativement peu nombreux (au maximum 5 à 10 %). - Durée très courte (2 jours chez la souris probablement une peu plus long chez les autres espèces). Télogène - Follicule pileux court (1/3 de la longueur d'anagène). - Papille dermique très réduite distincte du bulbe. - Coiffe matricielle réduite, sans pigmentation ni activité mitotique. - Gaine épithéliale externe réduite. - Le poil est simplement maintenu en partie supérieure par l'intrication cuticule/gaine interne et en partie profonde par l'engrènement kératinisé des cellules du renflement basal de la racine du poil. Le sac conjonctif périfolliculaire joue également un rôle. - Racine du poil en massue ou "club de golf" car en fin de catagène les cellules de la gaine interne se sont insérées entre les cellules de la gaine externe, donnant un aspect en brosse à la racine du poil. - Constitue toujours une part très importante du pelage (50 à 90 % en périodes inter-mues) chez les carnivores domestiques. - Durée de quelques jours à quelques mois chez les mammifères. - Une nouvelle phase d'anagène commencera par l'expulsion de l'ancien poil. - De nombreux mammifères ont un pelage surtout en phase télogène. - La durée du télogène augmente avec l’âge Exogène : On distingue parfois une phase dite exogène correspondant à la chute du poil. 15 / 127 CYCLE FOLLICULAIRE Poil ANAGENE Epiderme membrane basale glande sébacée gaine épithéliale externe coiffe matricielle gaine épithéliale interne cuticule C. Huxley papille dermique C. Henlé Zone d'autophagie CATAGENE TELOGENE 2. Vitesse de croissance et durée - Chez le chat : 0,25 à 0,3 mm /jour ; - Chez le chien Beagle : 0,34 à 0,4 mm/j ; - Chez l'Homme : 0,37 mm/j, 16 / 127 3. Déterminisme du cycle De très nombreux facteurs interviennent dans le déterminisme du cycle pilaire. Photopériode - Rôle prépondérant par l'intermédiaire de l'épiphyse (stimulation visuelle) (secrétion de mélatonine), l'hypothalamus, et l'hypophyse. - Rôle perturbateur des éclairages domestiques (perte toute l'année de poils chez des animaux vivant à l'intérieur des habitations). Hormones - hormones thyroïdiennes : stimulent l'anagène - hormones surrénaliennes : inhibent l’anagène - hormones sexuelles : rôle complexe, variable selon l’espèce, le sexe et les parties du corps o pas d'effet de la castration ? o effet inhibiteur des oestrogènes sur l'anagène. Température - Les basses températures ont tendance à stimuler la croissance. - Le rôle de la température est variable selon les espèces. Divers - Rôle des modifications pathologiques. - Rôle des nutriments : le remplacement du pelage dépend d'une nutrition correcte - Traumatismes : alopécies de traction ( ± définitive); retard de repousse (6 mois à 2 ans) après télogénisation de tonte. A l'opposé, l'épilation d'un poil en télogène semble induire l'anagène mais ceci n'est ni durable ni totalement systématique. TYPE DE PELAGE En fonction du type de poil prédominant on distingue différents types de pelage. Pelage normal, mixte - Berger allemand - Proche du phénotype sauvage : loup ou chien sauvage - Pelage mi-long - A la fois, poils primaires et poils secondaires développés Pelage court et dur - Rottweiler, Beauceron et la plupart des Terriers - Pelage « grossier » - Majorité de poils primaires, peu de poils secondaires Pelage court et fin - Boxer, Pinscher,Doberman, Teckel à poil ras - Très nombreux poils secondaires, poils primaires rares et de petite taille Pelage long et fin - Setter, Chow-chow, Cocker, Épagneuls, Yorkshire 17 / 127 - Proportion importante de poils secondaires Pelage long et laineux - Bedlington, Caniche, Bichon, Kerry-blue - Proportion importante de poils secondaires (duvet) - Activité de renouvellement constante Mues Chaque follicule présente un cycle de croissance indépendant de celui de ses voisins: il existe des mues en « mosaïque », c’est à dire que le renouvellement du pelage a lieu progressivement, et en permanence, dans des zones différentes. Il existe deux mues principales : - la mue de printemps (constitution du pelage d’été, plus court et moins dense, une partie des follicules pileux secondaires resterait en involution) - la mue d’automne (constitution du pelage d’hiver, plus long et plus dense). La croissance maximale des poils est observée à la fin du printemps (environ un tiers de millimètre par jour), la croissance minimale pendant l’hiver. Les chiens d’extérieur muent deux fois par an alors que les chiens d’intérieur muent tout le long de l’année car ils sont moins exposés aux variations de photopériode et d'ensoleillement. En été, 30% des follicules primaires et 50% des follicules secondaires sont au repos (c’est à dire qu’ils contiennent des poils morts qui ne poussent plus), alors qu’en hiver, ces pourcentages atteignent 75 et 90%. Ces données, valables pour la plupart des chiens, dépendent cependant fortement de la race. En effet, il existe des races pour lesquelles la phase de croissance du poil est très longue, comme c'est le cas pour nos cheveux. Ces races ont la particularité de devoir être toilettées fréquemment. Il s'agit notamment du Caniche. D'autres races, notamment les chiens nordiques, présentent des phases de croissance courtes. Leurs poils sont très longtemps au repos. Ces chiens ne nécessitent jamais de toilettage (exemple des Huskies). FONCTIONS DU PELAGE Le pelage a de très nombreuses fonctions, notamment : Un rôle de protection contre les agressions mécanique ou chimique Participe à la thermorégulation. La capacité de thermorégulation d'un pelage est fonction de la longueur et de l'épaisseur des poils qui le composent, ainsi que la proportion relative de leur médulla. Les pelages constitués de poils longs, fins, dont l'épaisseur est nettement augmentée par piloérection, sont les plus efficaces dans la lutte contre le froid. L'effet thermorégulateur peut être modulé par la couleur du pelage : pelages clairs plus efficaces dans des conditions de chaudes température ("chien jaunes des régions tropicales). Rôle de camouflage Rôle sensoriel : poils tactiles du pelage. 18 / 127 GLANDES SEBACEES L'ensemble du revêtement cutané pilaire est pourvu de glandes sébacées, à l'exception de la truffe et des coussinets plantaires chez les carnivores. Certaines zones du pelage sont sujettes à une production sébacée plus importante : - soit parce que les follicules pileux y sont particulièrement denses (et donc également les glandes sébacées) ; c'est le cas de la région du dessus du corps, de la tête, de la base de la queue ; - soit car les glandes elles-mêmes sont de plus grande taille, c'est le cas des zones cutanées où le poil disparaît, en particulier aux jonctions cutanéo-muqueuses des régions péri- orificielles, espaces interdigités, menton ( on parle parfois d'organe mentonnier"). La glande sébacée est en forme de massue, plus ou moins plurilobée, parfois ramifiée. Les lobules sébacés sont bordés par une membrane basale, sur laquelle repose une couche unique de cellules basales fortement basophiles (cellules de réserve). La couche germinative englobe plusieurs couches de cellules dont l'état de maturation sébacée est de plus en plus avancé vers le centre de la glande. Ces cellules s'enrichissent en lipides et finalement se désintègrent pour former le sébum au centre du lobule (sécrétion de type holocrine). La sécrétion s'élimine dans le canal folliculaire par le canal sébacé, conduit limité par un épithélium kératinisé. Par endroits les glandes sébacées peuvent s'ouvrir directement à la surface de la peau, notamment au niveau des jonctions cutanéo-muqueuses (lèvres, paupières, anus, conduit auditif externe et coussinets). Les glandes sébacées produisent le sébum. Il s’agit d’une sécrétion riche en graisses qui s’intègre à la couche cornée superficielle. Chez le chien, la composition moyenne est : 48,5 % de cholestérol total, 48 % de diesters et de cires, 3,5 % d'acides gras libres. Le sébum constitue une partie du film lipidique qui, à l'état normal, assure la protection, la cohésion et la souplesse de l'épiderme. Son rôle lubrifiant intervient également dans l'aspect lustré d'un pelage normal (écoulement de la sécrétion sébacée le long de la tige pilaire). Le sébum imperméabilise les téguments, rôle particulièrement important sur le dos de l'animal ainsi que sur toutes les zones de jonctions cutanéo-muqueuses où diverses sécrétions ou excrétions sont produites. Il a également une action de protection hydrique, microbienne, chimique et thermique. Le sébum intervient dans la régulation du pH cutané. Glandes sébacées spécialisées : Glandes hépatoïdes : chez le chien, en zones péri-anale (glandes circumanales), dorsolombaire, sur le prépuce et les cuisses et sur la face dorsale de la base de la queue du chien (glande supra-caudale). Chez le chat, la glande supracaudale est plus diffuse et répartie sur l’ensemble de la surface de la queue. Il s'agit d'une zone riche en glandes associées à des poils raides, grossiers, isolés (follicules pileux primaires), le pelage est à cet endroit normalement peu dense. A cet endroit la peau présente souvent un aspect cireux jaune à grisâtre à l'état physiologique Glandes de Meibomius (isolées) et glandes de Zeiss (annexées à un follicule pileux) au niveau du bord libre des paupières. Glandes de Tyson (isolées) du prépuce GLANDES SUDORIPARES 19 / 127 Les glandes sudoripares (glandes de la sueur et de l'odeur) sont responsables de la transpiration. Elles permettent, par évaporation, de diminuer la température corporelle. Le phénomène de sudation est peu développé dans l’espèce canine. Il ne participe, en effet, presque pas à la thermorégulation, qui est principalement assurée chez les carnivores par la respiration. Ce sont des glandes tubulaires simples, comportant une partie sécrétrice qui se pelotonne dans le derme profond en un glomérule, avec une paroi unistratifiée de cellules cylindriques sécrétrices. La sécrétion est mérocrine. La partie sécrétrice se compose de cellules cuboïdales avec, entre elles et la lame basale, des cellules myoépithéliales. Leur sécrétion est évacuée vers un canal excréteur On distingue deux types de glandes sudoripares : - glandes sudoripares épitrichiales (anciennement apocrines) : annexées à un follicule pileux, où débouche leur canal excréteur au-dessus de la glande sébacée, elles sont situées sur l’ensemble du corps, particulièrement développées au niveau des jonctions cutanéo- muqueuses, sur les lèvres, la face, le scrotum, la face dorsale de la queue, dans les espaces interdigitaux et autour de l’anus chez les carnivores. Elles sont absentes des coussinets et de la truffe. Assimilables aux glandes apocrines annexées aux follicules pileux de l’homme, situées dans les creux axillaires et dans les régions pubienne et périnéale. Elles produisent des sécrétions épaisses, riches en protéines et très odorantes : elles jouent un rôle dans la communication, notamment via la libération de phéromones. Leur sécrétion est évacuée vers un canal excréteur qui débouche dans un follicule pileux, au-dessus de l’ouverture du canal de la glande sébacée. Avec le sébum, elle forme le film hydrolipidique à la surface de la peau. - glandes sudoripares atrichiales (anciennement eccrines) : elles sont situées exclusivement au niveau des coussinets, chez les carnivores, et leur partie excrétrice se continue à travers l’épiderme par une perforation sans paroi propre et débouche à la surface de la peau. Elles ne sécrètent pas une quantité suffisante de sueur pour intervenir dans la thermorégulation chez les carnivores, à l’inverse du cheval et des bovins. Elles sont sous commande du système nerveux central ce qui explique les sueurs émotionnelles chez les carnivores. Glandes sudoripares spécialisées : Glandes cérumineuses du conduit auditif Glandes anales de la zone columnaire du canal anal (chien) Glandes murales des sacs anaux (sinus para-anaux) des carnivores : glandes tubuleuses, contournées et apocrines formant une couche qui double l’épithélium kératinisé des sacs anaux. Glandes de Moll Glandes mammaires MUSCLES ARRECTEURS Les muscles arrecteurs sont des muscles lisses insérés, d’une part, sur le follicule pileux, à la limite du bulbe et de l’isthme, d’autre part, dans le derme superficiel à la face inférieure de l’épiderme. Ils sont innervés par des filets nerveux orthosympathiques. Ils sont très développés sur la face dorsale du cou et le dos chez le chien et les grandes espèces et sur tout le corps chez le chat permettant le hérissement des poils 20 / 127 VAISSEAUX La peau contient un réseau vasculaire riche (artériel, veineux et lymphatique) qui joue un rôle important dans la thermorégulation, la régulation de la tension artérielle et la défense immunitaire. Les artères sous-cutanées cheminent dans les fascias et envoient des collatérales qui traversent l’hypoderme et atteignent le derme où elles s’anastomosent pour former le plexus artériel profond. Celui-ci envoie des artères qui remontent verticalement dans le derme, formant le plexus artériel moyen puis superficiel. De ce plexus, se détachent les artérioles précapillaires qui donnent naissance aux anses capillaires, comportant un bras artériel ascendant et un bras veineux descendant (veinule post-capillaire). Le réseau veineux comporte, de la même façon, trois plexus veineux : superficiel, moyen et profond. Le plexus superficiel concerne l’épiderme et le derme superficiel. Le plexus moyen les follicules pileux et leurs glandes annexes. Le plexus profond le derme profond et sa jonction avec l’hypoderme. L’épiderme et les structures annexes n’ont pas de structures vasculaires propres, leur nutrition se fait par diffusion. Les vaisseaux lymphatiques ne sont visibles que lors de stase lymphatique ou d’envahissement de leur lumière par des cellules étrangères (métastases). Ils naissent dans le derme et suivent le trajet des vaisseaux sanguins puis s’abouchent au nœud lymphatique satellite. INNERVATION CUTANEE Deux types de fibres interviennent. 1. Fibres motrices : elles appartiennent au système sympathique innervant la musculature lisse de la paroi des vaisseaux sanguins, les muscles érecteurs et les cellules myoépithéliales des glandes sudoripares. 2. Fibres sensitives : elles correspondent aux dendrites des neurones dont le corps cellulaire est situé dans les ganglions sensitifs des nerfs spinaux correspondants. Les terminaisons 21 / 127 nerveuses sont soit libres, dermiques (plexus folliculaire enroulé autour des follicules pileux, en particulier des vibrisses et plexus sous-épidermique) ou épidermiques (fibres arborescentes s’immisçant entre les kératinocytes ou disques de Merkel, en contact avec les cellules de Merkel au niveau des tubercules tylotriches), soit encapsulées telles que les corpuscules de Meissner, dans le derme superficiel, les corpuscules de Pacini, les corpuscules de Ruffini et les bulbes de Krause, dans le derme profond. Les terminaisons nerveuses perçoivent des sensations aussi variées que le froid, le chaud, le toucher, la pression, la douleur et la sensation prurigineuse. Tableau: Mécanorécepteurs cutanés. Les récepteurs à adaptation lente produisent une réponse électrique de faible intensité tant que dure le stimulus. Les récepteurs de type I se caractérisent par une réponse irrégulière pendant la période de stimulation. Les récepteurs à adaptation rapide produisent une réponse électrique de forte intensité à l’apparition et à la disparition du stimulus. Les fibres nerveuses jouent d’autres rôles, notamment dans l’inflammation locale, via la sécrétion de neuropeptides et l’activation de cellules cibles comme les kératinocytes, les mastocytes ou encore les cellules endothéliales. 22 / 127 HYPODERME Couche la plus profonde et la plus épaisse, formée de lobules adipeux séparés par des travées (septa) conjonctives vascularisées. PARAMETRES BIOPHYSIQUES Bien que les données disponibles en médecine vétérinaire soient extrêmement restreintes en comparaison de celles disponibles chez l’homme, les paramètres biophysiques de la peau commencent à être étudiés chez le chien et, dans une moindre mesure, chez le chat. 1. pH Les données concernant le pH cutané du chien restent anecdotiques. La mesure du pH est appelée la pHmétrie. Chez le chien sain, le pH cutané varie de 5,2 à 9,2 selon la race, le sexe, le statut sexuel, la localisation anatomique, la couleur du pelage et la saison. Une des études les plus récentes a montré que le pH mesuré sur 14 sites anatomiques chez 5 beagles sains âgés de 2 à 4 ans était globalement basique (7,4 à 8,5) bien que les pavillons auriculaires (6,8), les espaces interdigités (6,7) et les coussinets (7,1) présentent un pH neutre à légèrement acide. Une étude réalisée chez 166 chiens âgés de 1 à 18 ans et appartenant à 21 races différentes (mesure en région inguinale) a révélé un fort impact de la race sur le pH. Les cockers spaniel ont les valeurs les plus faibles (5,8 ± 0,2) et les bergers allemands les valeurs les plus élevées (8,6 ± 0,6). Les chiens appartenant à des races grandes et géantes ont des valeurs plus élevées que ceux appartenant à des races petites et moyennes. Le pH a un rôle important pour le fonctionnement de nombreuses enzymes épidermiques, celles-ci ayant besoin d’un pH optimal pour bien fonctionner. En cas de modifications de pH, le fonctionnement de ces enzymes est modifié, ce qui peut provoquer des perturbations de la barrière cutanée. Le pH est par ailleurs important pour réguler le développement des micro- organismes. Les topiques utilisés sur la peau ou dans les conduits auditifs peuvent avoir un impact marqué sur le pH cutané et, de ce fait, modifier le fonctionnement de la barrière cutanée. 2. Hydratation L’eau joue un rôle majeur dans le fonctionnement normal des organismes vivants. L’hydratation cutanée est essentielle pour assurer souplesse et élasticité à la peau. La répartition de l’eau dans l’épiderme n’est pas homogène. Chez l’homme, la technique de microspectrométrie confocale Raman in vivo a permis de déterminer le gradient hydrique cutané, avec une augmentation progressive allant de 15 à 25 % d’eau dans la couche cornée à environ 40 % à l’interface entre couche cornée et couche granuleuse. Ce taux augmente subitement ensuite pour atteindre une valeur constante d’environ 70 % dans l’épiderme vivant. L’eau agit comme un plastifiant des protéines des cornéocytes et du milieu intercellulaire. L’hydratation de la peau est l’un des facteurs responsables de la résistance aux contraintes mécaniques et, de ce fait, une réduction de l’hydratation de la couche cornée se traduit par une moindre extensibilité de celle-ci. La desquamation des cornéocytes à la surface cutanée dépend également de l’hydratation de la couche cornée, celle-ci influençant le gradient calcique épidermique. La cornéodesmolyse est régulée par plusieurs enzymes (sérine protéases et glycosidases). La présence d’eau dans 23 / 127 la couche cornée est nécessaire à la fonction normale de ces enzymes et résulte en une desquamation normale des cornéocytes. La desquamation est donc altérée dans les maladies s’accompagnant d’une réduction de l’hydratation de la couche cornée. La dégradation de la filaggrine est également catalysée par des enzymes hydrolytiques, processus qui donne naissance à des acides aminés libres et à des dérivés d’acides aminés qui, avec des sels spécifiques, forment des facteurs naturels d’hydratation (NMF) essentiels pour le maintien de l’hydratation de la couche cornée. L’activité protéolytique de ces enzymes est modulée par la teneur en eau de la couche cornée. Une forte hydratation de la couche cornée s’oppose à la production de novo de NMF par protéolyse de la filaggrine. En revanche, une diminution de la teneur en eau déclenche la protéolyse de la filaggrine et la production consécutive de NMF. Le taux d’hydratation de la peau se mesure par la technique de cornéométrie qui mesure la capacitance diélectrique de la peau. Chez le chien sain, le taux d’hydratation de la couche cornée superficielle varie, de 10,2 à 28,7 unités arbitraires, avec la localisation anatomique. L’existence, au sein de l’épiderme, d’un gradient d’hydratation n’a pas été confirmée chez le chien. 3. Perte insensible en eau La barrière cutanée n’est pas absolue et il existe naturellement un passage de l’eau de la profondeur vers la surface cutanée appelé perte insensible en eau (PIE) ou perte d’eau transépidermiqueou transepidermal water loss (TEWL) en anglais. Principe Il existe deux possibilités pour l’eau de traverser la peau de l’intérieur du corps vers l’extérieur :de façon active par transpiration et de façon passive par diffusion à travers la couche cornée. Au sens strict, la PIE devrait donc être différenciée de l’eau sécrétée par les glandes sudoripares.Dans les conditions physiologiques cependant, l’eau perdue par transpiration est considérée comme faible et négligée et la PIE est assimilée à l’eau diffusant passivement. Chez les carnivores domestiques, le phénomène de transpiration est moins marqué que chez l’homme et les interférences moindres. La PIE résulte du gradient de pression de vapeur d’eau existant de chaque côté de l’épiderme. L’épiderme au contact du derme est bien hydraté (concentration en eau estimée à 49 mol/L) alors que sa surface, au contact de l’air ambiant, l’est beaucoup moins (estimée à 12 mol/L si température ambiante de 31 °C et humidité relative de 40 %). Ce gradient (estimé à 37 mol/L) est le moteur de la diffusion passive de l’eau à travers la couche cornée. Le stratum corneum n’est cependant pas une membrane inerte mais possède une certaine affinité pour l’eau. Cette affinité est liée à l’existence de facteurs hygroscopiques au sein des cornéocytes (natural moisturizing factor en particulier) et aux lamelles lipidiques intercornéocytaires. Chez l’homme, la mesure de la PIE est très largement utilisée pour évaluer de façon non invasive l’intégrité de la barrière cutanée. Une augmentation de la PIE est corrélée à une altération de cette barrière. PIE et hydratation PIE et hydratation de l’épiderme ne sont pas synonymes et sont mesurées de façon différente bien que ces deux valeurs soient généralement inversement corrélées. Lorsqu’un défaut de barrière cutanée existe, la PIE est augmentée et l’hydratation de l’épiderme diminuée. Le défaut d’hydratation épidermique modifie les processus enzymatiques impliqués dans la cornéogénèseet est responsable de l’apparition d’une peau sèche, rugueuse et squameuse. Une faible PIE associée à une faible hydratation indique un manque d’afflux d’eau au niveau de l’épiderme, rencontré par exemple pour les peaux âgées. À l’inverse, une faible PIE couplée à une forte hydratation signe une forte capacité de fixation de l’eau dans l’épiderme, comme chez les nouveau-nés. 24 / 127 Enfin, une forte PIE et une forte hydratation traduisent une forte fixation de l’eau dans l’épiderme et une perte excessive d’eau. Facteurs de variation mis en évidence chez le chien sain De nombreux facteurs modifient les mesures : -- race --âge : la PIE serait plus élevée chez les animaux âgés ou jeunes que chez les adultes -- régime alimentaire --caractère de l’animal : Watson a montré qu’il existait moins de variations des valeurs de PIE lorsque les mesures étaient réalisées sur des chiens entraînés pour rester immobiles --tonte : les poils retiennent l’eau et augmentent la température de la surface cutanée. Ils empêchent également un contact adéquat entre la peau et la sonde. La PIE diminuerait donc après la tonte (l’eau étant moins retenue), les valeurs revenant à la normale 48 h après celle-ci. Une tonte irritante peut toutefois conduire à une altération de la surfacecutanée et donc une augmentation de la PIE. -- longueur du poil --anesthésie --sites anatomiques et côté du corps (droite/gauche). VIELLISSEMENT CUTANE Chez les carnivores domestiques peu d’études se sont réellement intéressées aux effets de l’âge sur la peau. Il paraît pourtant évident que le vieillissement cutané existe chez le chien et le chat: chutes de poils, pigmentations en tâches de la peau, blanchiment des poils, peau plus fine et plus sensible, mauvaises odeurs sont couramment constatés en pratique. Il s’agit rarement d’un motif de consultation, mais certains de ces « petits soucis » liés à l’âge peuvent être gênants pour l’animal ou son propriétaire ou être potentiellement un signe avant-coureur d’une réelle pathologie. Il est donc important de ne pas les négliger. Le viellissement cutané est bien documenté chez l’homme et est, essentiellement, caractérisé par un amincissement et un dessèchement associé à une perte de l’élasticité responsables de l’apparition de rides, de taches achromiques, de lentigos et d’une peau rugueuse et finement squameuse. Les deux principaux facteurs responsables du vieillissement cutané sont l’hérédité et l’exposition au soleil. La diminution de la kératogénèse, de la mélanogénèse et les remaniements épidermiques et dermiques sont à l’origine d’une perturbation des fonctions de barrière et de protection de la peau. La peau âgée est donc plus exposée aux traumatismes et cicatrise plus lentement et moins efficacement. Le système immunitaire cutané inné et acquis est également moins performant, ce qui favorise les infections cutanées. Avec l’âge, la modification de la sécrétion sébacée associée à l’augmentation de la taille des glandes sébacées est à l’origine d’une séborrhée. Elle est aggravée chez le chat par un défaut de toilettage lié à l’âge. Deux phénomènes différents sont fréquents chez l’animal âgé au niveau pilaire : une diminution globale de la densité du pelage (qui peut ou non être associé à un trouble hormonal) et une diminution de la pigmentation (poliose ou leucotrichie). L’alopécie est plus ou moins prononcée. Elle est parfois plus marquée sur les zones de frottement. 25 / 127 Avec l’âge il n’est pas rare que les griffes se fragilisent voire se fissurent. FONCTIONS DE LA PEAU La fonction barrière de la peau est une adaptation à la vie terrestre et est, essentiellement, réalisée par l’épiderme et, plus particulièrement, par sa couche cornée recouverte du film hydro-lipidique de surface. Il s’agit de protéger efficacement le milieu interne de l’environnement et, en tout premier lieu, de la dessiccation mais aussi de la pénétration, ou de l’action délétère, d’agents microbiens, de facteurs physiques ou chimiques. 1. Barrière contre la dessication L’eau est un constituant majeur de l’organisme et représente 60 à 65% du poids corporel d’un adulte. Dans la peau, l’eau (6 à 8 l chez un homme adulte) est majoritairement répartie dans le derme où elle forme un gel semi-fluide avec des protéines plus ou moins glycosylées. L’épiderme ne renferme plus que 120 ml d’eau et la couche cornée à peine 20 ml. Ce gradient de dessiccation et cette hydrophobicité sont possibles grâce à la structure de la couche cornée et au phénomène de cornification. La couche cornée est, ainsi, une structure imperméable. 2. Barrière microbiologique La desquamation emporte les agents pathogènes. En effet, la couche cornée desquame en permanence. Cette perte cellulaire, en surface, est compensée par la multiplication des kératinocytes de l’assise basale. Le pH et les lipides de la surface cutanée limitent la multiplication de certains germes. Le film hydro-lipidique superficiel est une émulsion qui se forme à partir du produit de sécrétion des glandes sébacées et sudoripares ainsi que des débris cellulaires et des lipides du ciment intercellulaire ; il est composé de 40 à 50% de céramides (sphingolipides), de 20 à 25% de cholestérol et de 15 à 25% d’acides gras libres. Il abrite et nourrit la flore commensale, possède un pouvoir antibactérien et antifongique grâce à certains des acides gras qu’il contient et assure l’imperméabilisation du pelage. Les kératinocytes synthétisent des peptides anti-microbiens tels que les défensines. Des phénomènes d’interférences microbiennes, exercés par les bactéries résidentes de la flore cutanée, empêchent la colonisation par d’autres germes. Des anticorps présents dans la sueur pourraient jouer un rôle dans l’immunité de surface L’immunité spécifique est représentée par les cellules de Langerhans. 3. Barrière physique et chimique a. Absorption des UV Les UVB sont majoritairement arrêtés par la couche cornée ; seuls 20% atteignent la couche épineuse et 10% atteignent le derme. La majorité des UVA et du rayonnement visible traversent l’épiderme mais seuls 20% atteignent le derme. Ainsi, 70% des UV sont absorbés par la couche cornée par des molécules appelées des chromophores tels que la mélanine, les kératines, les phospholipides membranaires, les stérols, certains acides aminés (cystéine, tryptophane, tyrosine, histidine)… b. Absorption des chocs et protection chimique La protection chimique se fait grâce au caractère compact de la couche cornée et à la grande résistance de la kératine à l’action des produits chimiques tels que les acides et les bases. 26 / 127 L’absorption des chocs, dans la mesure où leur intensité est modérée, se fait grâce à la résistance de l’épiderme associée à la souplesse et à l’élasticité du derme. La souplesse et l’élasticité du derme sont dues à sa texture de gel demi-fluide contenant des fibres de collagène et des fibres élastiques. La résistance de l’épiderme est due, d’une part à la cohésion du massif épidermique et, d’autre part à l’adhérence de celui-ci au derme. 27 / 127 Sémiologie microscopique et principaux patrons lésionnels en histologie cutanée Emilie Vidémont-Drevon – Dr vét., Dip ECVD Centre Hospitalier Vétérinaire Saint Martin – 74 370 Saint Martin Bellevue L’analyse histologique commence par l’analyse lésionnelle. Elle correspond à l’inventaire détaillé des lésions élémentaires en procédant par ordre : épiderme, annexes épidermiques, derme, pannicule adipeux. Dans un second temps, un patron lésionnel est défini. L’approche histologique selon une analyse « en pattern » ou patron lésionnel a été introduite en médecine humaine par Ackerman en 1978 puis adaptée ensuite en médecine vétérinaire. Il s’agit d’une méthode efficace pour aboutir à des diagnostics différentiels basés sur l’aspect en microscopie à faible grossissement. Analyse lésionnelle I. Epiderme 1. Hyperkératose Augmentation de l’épaisseur de la couche cornée. Elle peut être - orthokératosique, faite de cornéocytes matures : cellules anucléées et kératinisées : o aérée (en anse de panier ou « basket weave ») : apparence normale de la couche cornée mais épaisseur augmentée Souvent artéfact, atteinte endocrinienne et trouble de la cornéogénèse o compacte Traumatisme externe chronique : prurit en particulier o lamellaire Trouble de la cornéogénèse : ichthyose, adénite sébacée, kératodermie naso-digitée - parakératosique : cornification anormale entrainant une rétention de noyaux pycnotiques dans les cornéocytes. Elle peut être diffuse ou focale se traduisant alors, souvent, par l’apparition de squames-croûtes lorsque la kératine s’entremêle de sérosités sanguines et de cellules inflammatoires altérées. Elle peut être associée à une hypogranulose ou une agranulose. : diminution de l’épaisseur ou disparition de la couche granuleuse. Dermatose répondant au zinc, dermatite nécrolytique superficielle, parakératose nasale du Labrador 2. Hypergranulose Augmentation d’épaisseur de la couche granuleuse. La couche granuleuse est discontinue dans la peau velue des carnivores domestiques, sa visualisation constante peut donc se nommer hypergranulose diffuse. Atteintes virales. 3. Dyskératose Kératinisation anormale et précoce de kératinocytes individuels dont le cytoplasme apparait condensé, globuleux et très acidophile et le noyau petit, condensé et basophile : cellule dyskératotique. Dermatose répondant au zinc 28 / 127 4. Acanthose Augmentation de l’épaisseur de l’épiderme due à une hyperplasie cellulaire (survenant essentiellement dans la couche épineuse). Il s’agit, le plus souvent, de la réponse de l’épiderme à un traumatisme. Dermatite de léchage, kératose actinique, kératose lichénoïde…. Plusieurs types d’acanthose sont distingués : - régulière : augmentation diffuse et uniforme de l’épaisseur avec formation de grandes crêtes épithéliales - irrégulière : formation de crêtes épidermiques irrégulières s’enfonçant dans le derme - psoriasiforme : formation de crêtes épidermiques régulières en longueur et épaisseur (exceptionnel chez les carnivores domestiques) - papillaire : l’épiderme prend un aspect plissé avec des projections en surface. Les crêtes épidermiques sont normalement absentes dans la peau velue mais physiologiques sur la peau glabre de la truffe et des coussinets ou peu velue du scrotum chez les carnivores domestiques. 5. Atrophie Amincissement de l’épiderme par hypoplasie (diminution du nombre de strates) ou hypotrophie (diminution de la taille des kératinocytes). 6. Spongiose Œdème intercellulaire aboutissant à l’élargissement des espaces intercellulaires desmosomiaux sans qu’ils ne se rompent et sans que les kératinocytes ne se détachent les uns des autres. Cela peut conduire à la formation de vésicules spongiotiques. Atteinte fréquente, peu spécifique, qui survient dans la majorité des processus inflammatoires aigus. 7. Œdème intracellulaire (dégénérescence hydropique ou vacuolaire ou ballonisante) Cela indique un processus pathologique dirigé spécifiquement contre les kératinocytes et cet œdème intracellulaire n’est donc pas la conséquence d’une inflammation comme le précédent. Il existe 3 types d’œdèmes intracellulaires : - Vacuolaire : il est limité à la couche basale et observé lors de dermatites d’interface, on parle alors de dégénerescence hydropique - Dégénérescence ballonisante : gonflement de l’intégralité de la cellule sans formation de vacuoles, signe d’une infection virale ou carentielle - « Pâleur épidermique » : œdème intracellulaire diffus de la couche épineuse sans formation de vacuoles ni gonflement de la cellule Dermatite nécrolytique superficielle et acrodermatite létale du Bull Terrier. 8. Exocytose Migration de cellules inflammatoires dans l’épiderme, souvent associé à une spongiose. Cela est assez banal et s’observe dans de nombreux contextes inflammatoires. L’accumulation de cellules peut conduire à la formation de collections cellulaires intra-épidermiques, les pustules. Plusieurs types cellulaires peuvent être en cause : 29 / 127 Lymphocytaire : dermatite atopique, dermatite à Malassezia, lupus, lymphome cutané débutant Eosinophilique : dermatite par hypersensibilité aux piqures de puces, ectoparasitoses, dermatite atopique débutante Mastocytaire : dermatoses allergiques chez le chat Neutrophilique : pyodermite. 9. Nécrose épidermique La nécrose regroupe l’ensemble des modifications morphologiques qui traduisent la mort cellulaire du vivant de l’individu : pycnose nucléaire (condensation de la chromatine nucléaire produisant un noyau basophile ponctiforme), caryorrhexis nucléaire (fragmentation du noyau aboutissant à la production d’une poussière nucléaire), caryolyse (lyse du noyau), acidophilie et condensation du cytoplasme. On distingue la nécrose de coagulation où la silhouette cellulaire est encore perceptible et qui traduit plutôt un phénomène ischémique et la nécrose de désintégration où les contours cellulaires ne sont plus perceptibles. Des zones focales de nécrose de l’épiderme et du derme superficiel sous-jacent sont fréquemment observées lors de traumatismes externes ou de processus inflammatoire sévère. En cas de nécrose épidermique étendue, envisager un syndrome de choc toxique, une toxidermie, une dermatite nécrolytique superficielle, une brulure. 10. Apoptose Mort cellulaire se traduisant par un corps apoptotique, c’est-à-dire un kératinocyte nécrotique au cytoplasme ovoïde acidophile rétracté par rapport aux kératinocytes environnants, qui s’entoure d’un halo clair, contenant un noyau pycnotique ou des reliquats nucléaires. Les corps apoptotiques peuvent se fragmenter. Les corps apoptotiques sont, parfois, entourés, d’un ou plusieurs lymphocytes en couronne, donnant une image de satellitose. Syndromes lupiques, toxidermie 11. Acantholyse Perte d’adhésion entre kératinocytes conduisant à la formation de vésicules intra- épidermiques renfermant un ou plusieurs kératinocytes libres appelés cellules acantholytiques. Suggère en premier lieu un pemphigus. Une acantholyse secondaire liée à la digestion protéolytique des desmosomes par les neutrophiles peut être observée dans certaines formes de pyodermite et de dermatophytose. 12. Hyperpigmentation mélanique Augmentation réelle ou apparente de la quantité de pigments mélaniques par hyperplasie mélanocytaire ou par augmentation de l’exportation du pigment des mélanocytes aux kératinocytes. 13. Dépigmentation Absence de pigment mélanique visible au sein de l’unité de mélanisation épidermique (mélanocytes basaux et kératinocytes). Elle s’accompagne, souvent, de la visualisation de pigment dans le derme, libres ou phagocytés par des macrophages : on parle d’incontinence pigmentaire qui peut traduire des lésions de la jonction dermo-épidermique. 30 / 127 Lupus, syndrome uvéo-cutané II. Follicules pileux 1. Comédons folliculaires Hyperkératose orthokératosique de l’infundibulum folliculaire (kératose folliculaire) aboutissant à la dilatation du follicule. Dysendocrinies, alopécie X Parfois le corps du comédon forme la plante d’un pied et des indentations s’en détachent donnent une image en pied de sorcière. Cela traduit une hyperkératose intéressant non seulement le follicule pileux primaire mais aussi les follicules pileux secondaires. Alopécie cyclique des flancs 2. Follicules pileux en flammes Intensification de la kératinisation dite trichilemmale de la gaine épithéliale externe du follicule pileux : la tige pilaire enserré dans son fourreau épithélial a des contours échevelés et apparait léchée par des flammes acidophiles de kératine qui la séparent du fourreau épithélial. Alopécie X, dysendocrinies sexuelles 3. Dysplasie Anomalie dans le développement des follicules pileux conduisant à une tige pilaire anormale (dysplasie pilaire) ou un follicule pileux mal formé (dysplasie folliculaire). 4. Anomalies de la répartition du pigment mélanique Existence d’amas de pigments en mottes déformant les tiges pilaires, s’accumulant dans les gaines épithéliales ou le bulbe qui peut se trouver entouré de mélanophages (incontinence pigmentaire péri-bulbaire). 5. Hyalinisation et calcificaion de la gaine conjonctive La gaine conjonctive du follicule pileux est hyalinisée (acidophile, vitrifiée et épaissie) ou calcifiée (recouverte d’un granité basophile bleuté). Hypercorticisme, physiologique chez le caniche III. Derme 1. Zone de Grenz Définit une mince bande de derme sain entre l’épiderme et le processus inflammatoire ou tumoral sous-jacent. 2. Cellules Plusieurs types cellulaires peuvent être observés au sein du derme. Neutrophiles Eosinophiles Lymphocytes et plasmocytes Le plasmocyte correspond à la forme activée d’un lymphocyte. Le plasmocyte activé sécrétant à cytoplasme laqué étendu et acidophile est appelé cellule de Mott Pododermatite plasmocytaire du chat Mastocytes 31 / 127 Ces cellules présentes au bleu de toluidine une métachromasie, c’est-à-dire que leurs granulations prennent une couleur violacée à pourpre différente du bleu du colorant. Macrophages Le terme histiocyte désigne l’ensemble des cellules originaires de la moelle osseuse, à partir d’un précurseur myéloïde commun CD 34 +, appartenant au système immunitaire et intervenants à travers 2 fonctions : la phagocytose et la présentation antigénique. Sous l’influence de facteurs de croissance et de cytokines, ces cellules se différencient en cellules de Langerhans dans l’épiderme, macrophages et cellules interstitielles dendritiques dans le derme. Ces types de cellules présentent des différences fonctionnelles et peuvent être différenciés par leur immunophénotype. Les macrophages exercent la fonction de phagocytose. Le macrophage peut revêtir des aspects variés. Lorsqu’il phagocyte des érythrocytes, c’est un érythrophage, du pigment mélanique, un mélanophage, des lipides, un lipophage. Lorsqu’il devient volumineux, avec un noyau pâle globuleux et un cytoplasme abondant faiblement acidophile et aux limites imprécises, c’est un macrophage ou cellule « épithélioïde ». Lorsqu’il se transforme, devient géant et plurinucléé, s’il a plusieurs noyaux disposés au hasard, c’est une cellule géante de type Müller : granulome à corps étranger. Si les noyaux sont disposés en périphérie cytoplasmique dessinant un fer à cheval, c’est une cellule de Langhans : mycobactériose. Si les noyaux forment un anneau entourant une zone centrale de cytoplasme spumeux et sont eux-mêmes entourés d’une zone périphérique de cytoplasme acidophile, c’est une cellule géante de type Touton : certains sarcomes. Type de granulomes Le granulome le plus classique est le granulome inflammatoire dont le centre héberge des neutrophiles entourés d’une couronne de macrophages épithélioïdes puis en périphérie un liseré lymphocytaire. Un granulome sarcoïdien est dépourvu de couronne lymphocytaire, uniquement peuplé de macrophages épithélioïdes et de cellules géantes. Le granulome tuberculoïde contient des cellules géantes de type Langhans, le granulome à corps étranger des cellules géantes de type Müller. Le granulome nécrobiotique est centré sur des foyers de collagénolyse autours desquels des cellules se déposent en palissade. 3. Fibres Les fibres dermiques peuvent être atrophiées ou hypertrophiées, fragmentées, désorganisées. L’atrophie ou la raréfaction des fibres dermiques est difficile à objectiver en microscopie optique. Fibres de collagène Les fibres de collagène peuvent être hyalinisées (aspect amorphe et hyperéosinophile), calcifiées et prendre un aspect basophile et granuleux. Elles peuvent être plus nombreuses et accompagnées de fibroblastes, c’est la fibrose. Si en outre elles sont épaissies et hyalinisées, c’est la sclérose. Des images en flammèche peuvent être observées. Les fibres de collagène apparaissant hyalinisées et entourées de dépôts acidophiles et éosinophiles et/ou de macrophages palissadiques donnant un aspect en flammèche (ancienne dénomination collagénolyse) Granulome éosinophilique félin, piqûre d’arthropodes. 32 / 127 Fibres élastiques Les fibres élastiques ne sont, en général, pas visibles si on n’utilise pas de colorations spécifiques (imprégnations argentiques type orcéine, Verhoeff Van Gieson) et ne le deviennent que si elles sont lésées. On parle d’élastose lorsqu’elles deviennent bleutées et visibles. Kératose actinique 4. Substance fondamentale Elle peut présenter divers dépôts : calciques, de substance amyloïde, de lipides. Ces dépôts peuvent être objectivés par des colorations spéciales : Von Kossa pour le calcium, Rouge Congo pour la substance amyloïde. Ces dépôts peuvent parfois subir une élimination transépithéliale par l’épiderme ou les ostia folliculaires, on parle de collagénoses perforantes La mucinose et le myxoedème désignent une augmentation de la teneur en glycosaminoglycanes de la substance fondamentale qui induit une imbibition hydrique importante du derme. Physiologique chez le Shar Peï et le Chow-Chow, hypothyroïdie 5. Vaisseaux Ils peuvent être congestionnés, ectasiés (dilatés), montrer une leucostase (comporter dans leur lumière des neutrophiles ou des éosinophiles). Ils peuvent être le siège d’une érythrodiapédèse (fuite de globules rouges) conduisant à la formation de plages hémorragiques ou d’une diapédèse d’autres cellules inflammatoires. Ils peuvent être infiltrés par des cellules inflammatoires et entourés d’une poussière de neutrophiles : vascularite leucocytoclasique. Leur paroi peut être hyalinisée, épaissie ou hyperplasique. Le tissu de granulation est un tissu cicatriciel réparateur composé d’une intrication de néo- vaisseaux, parallèles entre eux, formant une trame perpendiculaire à la peau et à la trame de fibroblastes et de fibre de collagènes qu’ils produisent, on parle de fibroplasie. IV. Pannicule adipeux (hypoderme) L’inflammation du pannicule adipeux est nommée panniculite. Elle peut cibler : - Les lobules adipocytaires : panniculite lobulaire - Les septa conjonctifs interlobulaires : panniculite septale - A la fois les septa conjonctifs et les lobules adipocytaires : panniculite diffuse. L’inflammation du pannicule s’accompagne d’une nécrose adipocytaire qui peut être de différents types - Microkystique : présence de petits foyers inflammatoires, en général pyogranulomateux, qui ciblent un amas de globules lipidiques - Hyalinisante : les adipocytes nécrosés forment une plage acidophile emprisonnant quelques globules lipidiques - Minéralisante : dépôts granuleux et basophiles observés en périphérie des adipocytes nécrosés. 33 / 127 Patron histologique 1. Dermatite périvasculaire Il s’agit de la réaction inflammatoire la plus courante mais aussi la moins spécifique. Ce pattern est facilement reconnaissable à faible grossissement. En effet, les vaisseaux dermiques ne sont, généralement, pas visibles à ce grossissement mais sont présents dans ce pattern car les cellules endothéliales sont turgescentes et bordées de cellules inflammatoires. Toutes les cellules inflammatoires sont initialement situées de façon péri vasculaire puisque c’est ainsi qu’elles atteignent la peau. Plusieurs éléments permettent toutefois de s’orienter : - La distribution de l’infiltrat inflammatoire : superficielle, péri-annexielle ou profonde - La nature de l’infiltrat inflammatoire - Les lésions épidermiques associées - La présence ou non d’éléments figurés (bactéries, champignons, parasites) Le patron de dermatite périvasculaire superficielle correspond à la plupart des atteintes « externes » infectieuses ou allergiques. Celui de dermatite périvasculaire péri-annexielle est considéré comme une intensification du premier. Une dermatite périvasculaire profonde correspondrait plus à des atteintes « systémiques » : allergies alimentaires, toxidermies… La nature de l’infiltrat inflammatoire peut donner des pistes de recherche : - Eosinophiles : ectoparasitose, hypersensibilité - Neutrophiles : pyodermite - Lymphocytes : atopie, dermatite à Malassezia - Histiocytes : parasites, leishmanies en particulier - Mastocytes : hypersensibilité 2. Dermatose nodulaire Les nodules se forment, soit par accumulation focale, dans le derme, de cellules inflammatoires (origine infectieuse ou non infectieuse) ou tumorales, soit par dépôt d’une substance amorphe. La définition du type cellulaire de l’infiltrat inflammatoire est essentielle, ainsi que l’identification d’agents figurés (inflammation stérile ou non), de dépôts dermiques, d’images en flammèche, d’une disposition palissadique ou non des cellules inflammatoires. Type cellulaire dominant : - Neutrophiles : abcès, septicémie - Eosinophiles : granulomes éosinophiliques du chat - Plasmocytes : pododermatite plasmocytaire féline, cellulite du Berger allemand, amyloïdose cutanée - Pyogranulomes (neutrophiles entourés de macrophages) : pyodermites, mycoses, protozoose, corps étrangers, syndrome granulome/pyogranulome stérile, cellulite juvénile… - Lymphocytes et histiocytes : leishmaniose, xanthomatose cutanée, calcinose 3. Dermatite d’interface 34 / 127 Elle désigne l’atteinte de la couche basale de l’épiderme et du derme sous-épidermique. Les cellules basales subissent une dégénérescence hydropique et/ou une apoptose, un infiltrat dermique s’accumule sous l’épiderme. Plusieurs types : Pauci-cellulaire : peu de cellules inflammatoires dans le derme, essentiellement des lésions des cellules basales de l’épiderme dermatomyosite, vasculopathies, dermatite exfoliative féline, lupus Riche en cellules : infiltrat inflammatoire à cellules mononucléées en bande à la jonction dermo-épidermique (= lichénoïde) lupus, lymphome débutant Infiltrat lichénoïde sous-épidermique sans lésions des cellules basales observé systématiquement lors d’atteintes des jonctions cutanéo-muqueuses et des coussinets infiltrat histiocytaire syndrome uvéo-cutané chez le chien infiltrat mastocytaire : dermatose allergique chez le chat 4. Vascularite Une vascularite est une inflammation de la paroi des vaisseaux responsable d’une modification de l’architecture vasculaire, d’une altération du flux sanguin et de lésions ischémiques des tissus. Les vascularites peuvent être primaires (absence de cause sous-jacente) ou secondaires à une maladie infectieuse, une tumeur, une maladie à médiation immunologique (lupus systémique par exemple) ou encore une réaction médicamenteuse. Les causes sous-jacentes infectieuses seraient les plus fréquentes : rickettsioses, babésiose, leishmaniose,dirofilariose, parvovirose , causes bactériennes. Les vasculites post-infectieuses peuvent être liées à l’action directe de l’agent infectieux sur les parois vasculaires, le dépôt d’immuns complexes sur celles-ci ou faire suite à une activation lymphocytaire. Malheureusement, la majorité des cas de vasculites demeure idiopathique. L’examen histopathologique met en évidence l’attaque des vaisseaux et les conséquences cutanées de l’ischémie : œdème, hémorragies, dégénérescence du collagène et des structures épidermiques... Les vascularites doivent être distinguées d’une simple dermatite périvasculaire dans laquelle les vaisseaux participent à la réaction inflammatoire. Les vascularites sont, souvent, classées selon leur aspect histopathologique ou la taille et le type de vaisseau atteint. Cela a, néanmoins, peu de conséquence dans leur prise en charge et l’établissement d’une cause sous-jacente. La majorité des vascularites chez les carnivores domestiques concerne les petits vaisseaux et sont de type neutrophilique, traduisant une hypersensibilité de type III. 5. Dermatite vésico-pustuleuses Contrairement à l’homme, l’épiderme des carnivores domestiques est mince et la conservation de vésicules et pustules lors de la biopsie délicate. Les vésicules ou vésico-bulles correspondent à des géodes sans contenu cellulaire, optiquement vides ou remplies de sérosités. Les pustules sont des géodes intra-épidermiques contenant des cellules inflammatoires, elles peuvent être uniloculaires ou pluriloculaires. 35 / 127 Plusieurs éléments doivent être pris en compte. Mécanisme de formation - Spongiose - Acantholyse - Œdème intra-cellulaire - Clivage : mécanismes variés : accumulation de fluides, anomalies génétiques ou attaque immune de la jonction dermo-épidermique. Localisation par rapport à l’épiderme - Sous-cornées - Intra-granuleuses - Panépidermiques - Supra-basales - Sous-épidermiques : peuvent être liées à une atteinte de l’assise basale ou un œdème dermique sévère. Des fentes sous-épidermiques artéfactuelles, dues à une anomalie de la technique de prélèvement ou de fixation, peuvent exister. Contenu et type cellulaire présents dans les vésicules et pustules - Plasma, fibrine, hématies - Cellules épithéliales acantholytiques - Neutrophiles, éosinophiles, lymphocytes, cellules de Langerhans Intensité et nature de l’inflammation dermique associée 6. Folliculite et furonculose Péri-folliculite Inflammation des vaisseaux périfolliculaires sans implication de la paroi du follicule pileux. Signe une folliculite en voie de régression, surtout en cas de fibrose péri-folliculaire et en présence de plasmocytes ou d’une dermatite péri-vasculaire. Folliculite murale Cellules inflammatoires dans la paroi du follicule pileux sans atteinte de sa lumière D’interface Infiltration lymphocytaire et œdème intracellulaire des cellules basales de la gaine épithéliale folliculaire externe au niveau de l’infundibulum et de l’isthme Démodécie, teigne, certaines formes de lupus Infiltrative Infiltrat lymphocytaire ou histiocytaire de la totalité de la paroi du follicule pileux du bulbe à l’isthme Folliculite murale idiopathique, pseudo-pelade, lymphome Nécrosante Infiltrat éosinophiliquede la totalité de la paroi du follicule pileux du bulbe à l’isthme Furonculose éosinophilique, hypersensibilité aux piqures d’insectes Pustuleuse Pustules dans la gaine épithéliale folliculaire externe ¨Pemphigus Bulbite Infiltrat lymphocytaire du bulbe Pelade 36 / 127 Folliculite luminale Les cellules inflammatoires traversent la paroi du follicule pileux et s’accumulent dans sa lumière, autour du poil. Il s’agit du type le plus fréquent. Pyodermite, dermatophytose, démodécie Furonculose Rupture du follicule pileux. Parfois, l’identification du follicule pileux rompu est délicate et cela se confond donc avec une dermatose nodulaire 7. Panniculite La majorité des panniculites chez les carnivores domestiques est diffuse. Le type cellulaire de l’infiltrat inflammatoire et l’identification d’agents figurés sont essentiels. Une atteinte pyogranulomateuse, neutrophilique peut être stérile (panniculite nodulaire stérile) ou infectieuse. Une atteinte lymphocytaire oriente vers une panniculite iatrogène (post- injection), un lupus, une vascularite. Une panniculite fibrosante est rare, elle est rencontrée lors de morphée ou de certains syndrome granulome stérile 8. Dermatose alopéciante et atrophique Il s’agit des dermatoses caractérisées par l’atrophie de tous ou de certains constituants de la peau. Plusieurs mécanismes sont en cause : - Parfois stade final (cicatriciel) d’une dermatose inflammatoire (traumatisme, infection, lupus, alopecia areata…) ; - Parfois, accompagne une dermatose inflammatoire (folliculite murale d’interface lymphocytaire…) ; - Le plus souvent, non inflammatoire. En histologie, ce patron renvoie classiquement aux dermatoses atrophiques non inflammatoires et plus précisément aux dermatoses alopéciques non inflammatoires. Deux mécanismes principaux sont distingués. Dystrophies folliculaires Cela correspond aux anomalies affectant le développement des follicules pileux et aboutissant à une tige pilaire ou un follicule pileux anormaux. L’anomalie survient durant la phase de croissance du follicule pileux. Seules les dysplasies folliculaires sont observées à l’histologie. Elles correspondent majoritairement à des génodermatoses de description récente : dysplasies folliculaires des races de chiens d’eau, lipidose folliculaire… Elles peuvent également être associées à des anomalies de répartition du pigment mélanique : alopécie des robes diluées, dysplasie des follicules pileux noirs. Elles sont alors caractérisées par des agrégats de mélanine dans l’épithélium folliculaire, la tige pilaire, la lumière pilaire et le bulbe, ainsi qu’une mélanophagie péribulbaire. Trouble du cycle folliculaire Un arrêt du cycle folliculaire avec prolongation de la phase télogène est, le plus souvent, en cause. Il est observé lors de dysendocrinies, d’alopécie X, d’alopécie cyclique des flancs. 37 / 127 Une anomalie du cycle folliculaire, telle qu’une miniaturisation des follicules pileux peut être observée lors de pattern baldness. 38 / 127 « Outside – inside – outside » Emilie Vidémont-Drevon – Dr vét., Dip ECVD Centre Hospitalier Vétérinaire Saint Martin – 74 370 Saint Martin Bellevue Pendant longtemps, les immunologistes ont dominé les débats concernant la pathogénie de la dermatite atopique (DA) chez l’homme, amenant à la considérer comme une conséquence de troubles immunologiques : théorie « inside-outside » (dedans-dehors), les anomalies de la barrière cutanée n’étant, dans ce modèle, qu’un épiphénomène secondaire à l’inflammation locale. Les découvertes scientifiques récentes concernant la barrière cutanée ont toutefois modifié, voire révolutionné, cette théorie. Plusieurs éléments orientent fortement vers un défaut intrinsèque et préexistant de la barrière cutanée : théorie « outside-inside » (dehors- dedans). Le lien fort entre sévérité de l’altération de la barrière cutanée évaluée par la mesure de la perte insensible en eau et sévérité clinique de la DA argumente cette théorie. L’existence d’une altération de la barrière sur les zones corporelles cliniquement saines et les zones débarrassées de l’inflammation depuis plusieurs années ou encore l’efficacité des traitements visant à restaurer la barrière cutanée dans le contrôle de la DA et la prévention du développement de celle-ci chez les enfants à risque renforcent également cette vision. Cette vision dichotomique n’est cependant pas stricte puisque des études récentes ont montré qu’un environnement cytokinique de type Th2 (comme c’est le cas lors de DA) pouvait aggraver le défaut préexistant de la barrière cutanée : théorie « outside-inside-outside ». Les conséquences de ces différentes théories dépassent le cadre purement physiopathologique et ont des conséquences pratiques dans la prise en charge des patients atopiques. La barrière cutanée est, avant tout, une barrière de perméabilité, évitant à la fois la perte d’eau à travers la peau permettant ainsi la survie dans un environnement terrestre sec, et la pénétration des substances environnementales (allergènes, irritants, polluants, microbes…). Il s’agit également d’une barrière antimicrobienne qui encourage à la fois la colonisation par une flore non pathogène et limite la croissance des germes pathogènes. La barrière cutanée se situe principalement au niveau du stratum corneum, couche la plus superficielle de l’épiderme. La structure de la couche cornée est classiquement décrite selon un modèle bicompartimental, en « brique et ciment », où les briques seraient représentées par les cornéocytes et le ciment par les lipides des espaces intercellulaires. Les cornéocytes, dépourvus d’organites cellulaires, sont remplis d’une matrice amorphe, compacte, faite de l’agrégation, par la filaggrine, des filaments de kératine. Leur membrane plasmique est remplacée par une enveloppe cornée doublée, sur sa face externe, par une enveloppe lipidique qui forme une charpente pour les lipides intercellulaires organisés en lamelles. Chez le chien sain, les lamelles lipidiques remplissent la quasi-totalité des espaces intercornéocytaires. Longtemps pensée comme une simple barrière inerte, elle est maintenant envisagée comme une barrière active et réactive capable d’interagir avec des facteurs extérieurs et le système immunitaire cutané. Comme chez l’homme, les preuves d’une altération de la barrière cutanée existent chez le chien (Marsella 2011 ; Olivry 2011 ; Marsella 2013, Santoro 2015). La pénétration transcutanée des allergènes a été mise en évidence par plusieurs études chez ce dernier (Pucheu-Haston 2008) et l’intérêt des traitements agissant sur la barrière cutanée n’est également plus à démontrer. Une étude réalisée par l’équipe de Thierry Olivry dans un 39 / 127 modèle canin de dermatite atopique a montré que l’altération expérimentale de la barrière cutanée par délaminations successives (méthode du tape stripping) facilitait la sensibilisation à Dermatophagoides farinae (Olivry 2011). Les travaux de recherche de l’équipe de Didier Pin ont également démontré qu’une altération expérimentale de la barrière cutanée chez des chiens sains par cette même méthode engendrait une inflammation cutanée, similaire par certains points à celle observée lors de DA (Vidémont 2012). Enfin, en dépit de limites liées à la variabilité des mesures, il est maintenant clairement admis que la perte insensible en eau, qui reflète l’intégrité de la barrière cutanée, est plus élevée chez les chiens atopiques que chez les chiens sains en zones lésionnelles et non lésionnelles (Shimada