Paludisme : Conseils aux voyageurs - Pathologie Infectieuse 2017 PDF
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Faculté de Médecine et de Pharmacie des Universités Sidi Mohamed Ben Abdallah, Fès
2017
Pr Rabhi Samira
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Ce document présente les aspects importants du paludisme, une maladie parasitaire. Il décrit les différentes espèces, leurs caractéristiques et la répartition géographique, ainsi que les méthodes de diagnostic et de traitement. Des informations sur les protocoles de prévention et le suivi d'un patient traité sont également abordées.
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Chapitre 9: Paludisme Conseils aux voyageurs Pathologie Infectieuse 2017- 3ème année Médecine Pr Rabhi Samira Interniste Octobre 2017 DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE ET TRAITEMENT/CAT DEVANT UN ACCÈS PALUSTRE Paludisme 1 ère endémie parasitaire mondia...
Chapitre 9: Paludisme Conseils aux voyageurs Pathologie Infectieuse 2017- 3ème année Médecine Pr Rabhi Samira Interniste Octobre 2017 DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE ET TRAITEMENT/CAT DEVANT UN ACCÈS PALUSTRE Paludisme 1 ère endémie parasitaire mondiale 216 M cas / an dans le monde (OMS 2010) 655 000 décès /an: 91% en Afrique et chez les enfants de moins de 5 ans dans 86% des cas Transmis par piqûre de moustique du genre anophèle Agents pathogènes : protozoaires du genre Plasmodium 5 espèces pathogènes pour l’homme : Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale, Plasmodium malariae, Plasmodium knowlesi Particularités des espèces et répartition géographique Plasmodium falciparum : la plus fréquente, paludisme d’importation au Maroc responsable de paludismes graves dont l’évolution peut-être fatale. les résistances à certains antipaludiques sont fréquentes Particularités des espèces et répartition géographique Plasmodium vivax ─ Rarement observé en Afrique (érythrocytes du groupe Duffy négatif pas de récepteur membranaire nécessaire à l’infection par P.v) ─ Rare cas de R de P. vivax (Asie et océanie) ─ Accès d’évolution en générale bénigne. Responsable de forme grave Plasmodium vivax Plasmodium ovale ─Afrique intertropicale ─Accès d évolution en générale bénigne Particularités des espèces Plasmodium malariae : Plus rare Évolution bénigne Accès plusieurs années après le retour Plasmodium knowlesi : 5 ème espèce (Parasite du singe) Ressemble morphologique à P. malariae CID 2008 Asie du Sud-est (Malaisie, île de Bornéo en Indonésie, Vietnam, Philippines, Singapour) Risque d’accès graves (Pas de résistance) Cycle du Plasmodium Phase asexuée chez l’homme ou schizogonie : - Phase hépatique = schizogonie préérythroytaire : sporozoïtes mérozoïtes Pour les espèces P. v et P.o : possible formes quiescentes des sporozoïtes intrahépatiques hypnozoïtes Particularités de l’espèce P. falciparum Séquestration des HP (Hématies Parasités) ++++ - Phase érythrocytaire = pénétration des mérozoïtes maturation trophozoïtes schizontes entre 48 h et 72h puis libération de mérozoïtes maturation trophozoïtes gamétocytes Phase sexuée chez l’anophèle: Gamétocytes sporozoïtes (glandes salivaires) Cycle Plasmodium sp. Cycle Plasmodium sp. Phase hépatique : asymptomatique Particularité de l’espèce P. falciparum Phase érytrocytaire : phase clinique de la maladie Séquestration des hématies parasitées par P. falciparum Séquestration des hématies parasitées (HP) par P. falciparum HP: production de proteines parasitaires (RESA MESA..) interaction avec structures mb de l’HP formation de KNOBS (protubérances à la surface de HP) HP avec formes matures séquestration capillaires profonds Cytoadhérence : Adhérence des HP aux cellules endothéliales (rôle de PfEMP1+) Microcirculation profonde, ++ cerveau Rosetting : Adhérence de HP aux GR non parasités + réaction inflammatoire Occlusions vasculaires, hypoperfusion d’organes (atteinte viscérale) L’ intensité de la séquestration est corrélée avec la gravité du paludisme Clinique 1) Accès palustre de primo-invasion Forme clinique la plus souvent observée en France métropolitaine sujet non immunisé Incubation : 7 à 12 jours (P. falciparum) Signes cliniques : présentation inaugurale aspécifique apparition fièvre brutale, accompagnée d’un malaise général : myalgie, frissons, céphalées et parfois troubles digestifs Importance de l’interrogatoire : notion de séjour en zone d’endémie palustre, prise d’antimalariques Toute fièvre au retour d’une zone d’endémie: Suspicion d’accès palustre = URGENCE DIAGNOSTIQUE et THERAPEUTIQUE Recherche de signes de gravité ++++ 2) Paludisme grave ~ 13,5% des accès à P. falciparum - Définition : parasitémie positive (formes aséxuées) à P. falciparum associée à au moins un critère clinique ou biologique de gravité - Non traité le paludisme grave est mortel (2-3 jours) - Début progressif ou brutal : fièvre très élevée Tableau pouvant associer : Troubles de la conscience D’autres signes cliniques Paludisme grave d’importation : critères de définition en France métropolitaine selon les RPC 2007 Valeur Critères cliniques et biologiques Fréquence pronostique +++ Toute défaillance neurologique incluant : +++ – Obnubilation, confusion, somnolence, prostration - Coma (GCS 95% pr P. f (faux neg > 100 parasites/microL, certaines espèces Peuvent rester + après épisode aigu: – Jusqu’à 30 jours après guérison Traitement Les antipaludiques et leurs modes d’action 1. Quinoléines : Inhibition de la digestion de l’hémoglobine dans la vacuole nutritive du Plasmodium : Amino-4-quinoléines : chloroquine Amino-8-quinoléines : primaquine Amino-alcools : quinine, méfloquine, halofantrine, luméfantrine 2. Dérivés de l’artémisinine : Alkylation des métabolites de l’hémoglobine, production de radicaux libres : - arthéméther, artésunate Les antipaludiques et leurs modes d’action Antimétabolites : Blocage de la synthèse des acides nucléiques : inhibition de la DHPS (antifoliques : sulfadoxine, dapsone). inhibition de la DHPR (antifoliniques : pyréméthamines et cycloguanil) cytochrome bc : (hydroxynaphtoquinone : atovaquone) Antibiotiques : doxycycline, clindamycine Les combinaisons de molécules antipaludiques - Atovaquone-proguanil : Malarone® - Artéméther-luméfantrine : (Riamet®, Coartem ®) - Dihydroartémisinine-pipéraquine : Euratesim® Les antipaludiques disponibles pour le traitement curatif Les 6 principaux antipaludiques actuels : Quinine : Quinine Lafran®, Quinimax®, Quinoforme® Artésunate : Malacef® Atovaquone-proguanil : Malarone® Artéméther-luméfantrine : Riamet®, Coartem® Dihydroartémisinine-pipéraquine : Euratesim® Méfloquine : Lariam® Traitement accès simple à P. falciparum Recommandations : adultes En première ligne : Atovaquone-proguanil : Malarone® Artéméther-luméfantrine : Riamet®, Coartem® Dihydroartémisinine-pipéraquine : Euratesim® En deuxième ligne : Quinine : Quinimax® Méfloquine : Lariam® Cas particuliers : Femme enceinte : Quinine, atovaquone-proguanil, méfloquine Traitement accès simple à P. falciparum Recommandations : enfants En première ligne : Atovaquone-proguanil : Malarone® Artéméther-luméfantrine : Riamet®, Coartem® Méfloquine : Lariam® Dihydroartémisinine-pipéraquine : Euratesim® En deuxième ligne : Quinine : Halofantrine : Halfan® D’une manière générale : Fréquence plus élevée des troubles digestifs chez l’enfant A priori, hospitalisation systématique : Toute la durée du traitement chez le jeune enfant Les 24 premières heures chez l’enfant plus grand Suivi d’un patient traité par antipaludiques Bonne évolution immédiate de l’accès Tolérance de l’antipaludique L’absence de rechute à plus long terme Bilan clinique et biologique (frottis-GE) recommandé les 3e, 7e et 28 jours Frottis-GE : impérativement négatifs à J7 Traitement curatif du paludisme grave Molécule « parasiticide » et voie IV durant les 1er jours jusqu’en 2012 : traitement de référence = quinine IV Depuis : disponibilité de l’artesunate IV (ATU) L’artésunate IV : TTT de 1e intention du paludisme grave à P. falciparum Le paludisme grave est une urgence médicale. L’artésunate IV doit donc être débutée le plus rapidement possible en USI. Artesunate IV (Malacef) Posologie, durée de traitement et relais par voie orale Posologie : 2,4 mg/kg à 0 heure, 12 heures et 24 heures, puis toutes les 24 heures. Un maximum de 9 doses, (7 jours de traitement complet). Un relais par voie orale: possible après 3 doses minimum de Malacef. Ce relais per os obligatoire pour tout traitement inférieur à 9 doses de Malacef. Il a pour but d’éviter les recrudescences parasitaires tardives. Les médicaments antipaludiques : préférence des bithérapies comprenant un dérivé de l’artémisinine [artemether- luméfantrine (Coartem®), ou DHA- pipéraquine (Eurartésim) et en cas de contre-indication: l’atovaquone- proguanil (Malarone) ou la méfloquine (Lariam) Traitement accès simple P. vivax, P. ovale Chimioprophylaxie essentiellement mise en œuvre contre les risques d’infection à P. falciparum car l’évolution peut être fatale Le choix tient compte : de la zone visitée de l’intensité de la transmission des conditions et de la durée du séjour de l’âge du voyageur et des ATCD médicaux d’une grossesse des interactions médicamenteuses tolérance antérieure des antimalariques Les molécules utilisables pour la chimioprophylaxie Nivaquine® : chloroquine Savarine ® (Nivaquine® + Paludrine (proguanil)) Malarone ® Lariam ® Doxypalu ® (doxycycline) BEH, juin 2013 CONSEILS AUX VOYAGEURS Hygiène et prévention Alimentaire : lutte contre le péril fécal Se laver les mains (gel, solution hydro-alcoolique) Boire eau bouillie (thé), ou bouteilles capsulées. Peler les fruits. Laver soigneusement ou éviter les crudités. Corporel - Comportemental Lavage des mains Eviter bains en eau douce : mares, lacs, rivières Eviter de toucher les animaux (vivants ou morts) Ne pas laisser le linge sécher à l'extérieur ou le repasser soigneusement. Porter des vêtements amples et aérés. Pantalon, manches longues et socquettes le soir Porter des chaussures Eviter rapports sexuels non protégés : Préservatifs Hygiène et prévention Voyage fortement déconseillé: Femme enceinte Immunodépression: SIDA (CD4