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UCLouvain Saint-Louis Bruxelles

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political doctrines ancient political thought modern political thought political history

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This document is about the origins of contemporary political doctrines and their confrontation of the Ancient and Modern periods. It explores the criteria of the opposition, revolutions like the American and French and more. It's an analysis of political thought through different time periods.

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1ère partie: Aux origines des doctrines politiques contemporaines 2. La confrontation de l’Ancien et du Moderne Plan La pensée et la culture politiques contemporaines héritent des Anciens et des Modernes, mais aussi de l’opposition entre une conception « classique » (antique, celle des « Anc...

1ère partie: Aux origines des doctrines politiques contemporaines 2. La confrontation de l’Ancien et du Moderne Plan La pensée et la culture politiques contemporaines héritent des Anciens et des Modernes, mais aussi de l’opposition entre une conception « classique » (antique, celle des « Anciens ») et une conception « moderne » de la politique. Introduction 2.1. Les 4 critères de l’opposition Ancien/Moderne (d’après Hannah ARENDT et Jean-Marc FERRY) 2.2. La Révolution américaine (1776) et la Révolution française (1789): deux révolutions contemporaines Conclusion Introduction Après les « Anciens »… On doit aux Grecs des notions importante (…), les 1ères expériences démocratiques, les 1ères doctrines politiques « occidentales » (œuvres écrites). Dans la pensée politique, la conception « classique » (des « Anciens ») renvoie surtout à l’héritage de Platon et d’Aristote. La vision des Anciens sera mise en question par les penseurs chrétiens, réhabilitée au XIIIe, requestionnée à l’époque moderne, redécouverte par les contemporains… Les « Modernes » En histoire, la modernité va de la Renaissance (XVe) aux Lumières (XVIIIe) mais la notion est relative et évolue. Dans l’histoire des idées, « être moderne » signifie qu’on n’a « plus besoin d’imiter les Anciens » (Ferry), mais aussi qu’on ne veut plus guider sa conduite sur la « tradition » (chrétienne) mais sur la « raison » (au sens moderne!). Les Lumières et la science remplacent la religion; la liberté et l’autonomie de l’individu remplacent le primat de la communauté. Politiquement, l’idée est que les sociétés engendrent elles-mêmes les lois qui les gouvernent (auto-nomie) à partir de la « volonté raisonnable » des hommes. On considère souvent que la conception moderne de la politique « naît » avec MACHIAVEL (Le Prince, 1513) et s’impose avec HOBBES (Léviathan, 1651). 2 Introduction (suite) Concernant les doctrines politiques, les Anciens et les Modernes s’opposent fondamentalement sur 4 critères (J.-M. Ferry): 2.1.1. la finalité de la doctrine politique: à quoi « sert » la (doctrine) politique? 2.1.2. la rationalité de l’action politique: en quel sens la politique est-elle, doit-elle, ou peut-elle être « rationnelle »? 2.1.3. le fondement de l’ordre légitime: l’ordre légitime est-il « naturel » ou « artificiel »? 2.1.4. le savoir (sur le) politique: s’agit-il d’un savoir « scientifique » (connaissance scientifique définitive) ou prudentiel (évolutif, adapté aux circonstances)? 3 1er critère: La finalité de la doctrine politique Chez les Grecs, la communauté politique est « éthique »: la politique doit être « vertueuse » pour réaliser le Bien et la Justice; la doctrine politique (la philosophie) doit donc enseigner la vertu, et, chez Platon, définir le Bien… Les Modernes, par opposition, vont dissocier la politique de la morale: le but de la politique devient l’organisation d’un cadre de vie qui garantit la paix; d’où les doctrines de l’État (qui organisent la société, le pouvoir). Voir Machiavel (Le Prince, 1513): « La force est juste quand elle est nécessaire »; Le Prince doit « ne pas s’écarter du bien, s’il le peut, entrer dans le mal, s’il le faut ». Voir le personnage de Charles IX (dans le film La Reine Margot de Patrice Chéreau, 1994) qui justifie les massacres des protestants organisés dans toute la France lors de la « nuit de la Saint Barthélémy », le 24 août 1572: « On reconnaît un grand roi par le bien qu’il fait et parfois par le mal ». NB: indique plutôt une transition! Puisqu’il est question de « bien » et de « mal »… et de religion… 4 Mariage de Marguerite de Vois et d’Henri de Navarre (18 août 1572) dans le film de P. Chéreau (1994) La rationalité de la politique, 2ème critère Les Anciens concevaient la politique comme une pratique, une action commune concertée. Faire de la politique: délibérer des meilleurs projets à mener ensemble en vue de mener une vie bonne. La rationalité politique dépend des vertus morales des dirigeants et du dialogue entre citoyens. Les questions politiques sont irréductibles à des problèmes techniques. Les Modernes: La politique vise à définir les définir les moyens les plus efficaces pour garantir la paix sociale (ou assurer la souveraineté populaire, ou organiser la représentation, etc.) et ne consiste plus à discuter des objectifs définis d’avance (le 1er but est le maintien du pouvoir, du Prince, ou de l’Etat). Ils posent donc le problème de la vie collective comme un problème technique, d’organisation et d’exercice du pouvoir, de représentation ensuite. 5 Le fondement de l’ordre politique (légitime), 3ème critère de l’opposition A/M Les Anciens conçoivent l’ordre politique sur le modèle d’un « cosmos »: ordre naturellement harmonieux, qu’aucun homme n’a « voulu », ordre naturel qu’aucun Dieu n’a « créé », à la différence du modèle chrétien. Ex.: la Cité idéale de Platon, la Polis d’Aristote… Les Modernes héritent d’une conception théocentrique du monde (celle des chrétiens): le monde est créé par la volonté de Dieu. D’où l’idée que l’homme est un « petit dieu », souverain dans les affaires temporelles, qu’il « crée » l’ordre politique. Celui-ci est donc volontaire, et artificiel. Chez HOBBES, l’ordre politique est créé par la volonté de tous et de chacun, sur la base des intérêts (la survie, l’intérêt vital); il résulte d’un contrat. 6 Le statut du savoir (sur le) politique: 4ème critère Pour les Grecs, la politique est toujours en mouvement et ne peut pas être l’objet d’une science ou d’un savoir définitif (epistếmê) Le savoir politique est un savoir pratique, empirique, évolutif, prudentiel, adapté aux situations, au changement (modèle pragmatique). Remarque sur l’influence sur la pensée conservatrice et la critique de l’action révolutionnaire: on ne peut jamais faire « table rase du passé », « abstraction ». Les Modernes se réfèrent à un modèle scientifique qui entend découvrir les lois (nomos) qui président aux processus sociaux et définir une fois pour toutes les critères d’organisation d’une société. Remarque sur les divergences épistémologiques et méthodologiques dans la science politique contemporaine: - Les modèles hypothético-déductifs, analytiques, mathématiques aboutissent à la formulation de lois (modèles explicatifs, nomothétiques, méthodes quantitatives) - Les sciences historiques et herméneutiques sont plus attentives à l’histoire, aux singularités des phénomènes sociaux (approches idiographiques ou compréhensives, méthodes qualitatives). 7 2.1. En bref, les Anciens et les Modernes s’opposent sur: 1) Le but de la doctrine politique: - enseigner la vertu dans une communauté éthique (Anciens) - théoriser l’organisation de/dans l’Etat sur la base de l’intérêt (Modernes) 2) La rationalité de l’action politique: - une pratique concertée dans le dialogue (Anciens) - une régulation technique des rapports sociaux (Modernes) 3) L’ordre politique (légitime): - naturel, donné, éternel (Anciens) - artificiel, construit, volontaire (Modernes) 4) Le savoir (sur le) politique - modèle pragmatique (Anciens) - modèle scientifique (Modernes) 8 Les Modernes opèrent donc bien une rupture... MAIS Rupture progressive: évolution des mentalités, naissance des Etats, progrès des sciences... et Relative: l’émancipation par rapport à la religion n’est pas totale (et s’appuie sur les Anciens!) Au Moyen Âge, les chrétiens (jusqu’à Thomas d’Aquin): - continuent de donner à la politique un sens éthique; - rompent avec la conception antique de la communauté politique: - l’autorité du père dans la sphère privée et religieuse est transférée vers la sphère politique - les valeurs de la communauté familiale et de la communauté politique sont les mêmes: le travail, la paix, l’obéissance, et pas l’égalité ni la liberté (même si liberté de conscience privée); Les Modernes remplacent le fondement éthique par l’intérêt. Cf. la notion de « raison d’Etat » (BOTERO, XVIe), fondée sur l’analyse des intérêts du « prince » (MACHIAVEL), puis du « peuple » (plus tard de « l’intérêt général », ce que MARX contestera: « le peuple » n’existe pas, tout le monde n’a pas les mêmes intérêts dans une société où il y a des dominants et des dominés). Rem. Dans l’Antigone de SOPHOCLE (-495-406), Créon, roi de Thèbes (personnage mythologique) incarne la raison d'État la plus despotique en refusant à ANTIGONE d’enterrer son frère rebelle, Polynice; elle bravera cette interdiction au nom de ses valeurs (NB le théâtre antique est riche de grandes figures « politiques » féminines, par contraste avec la politique concrète…). 9 2.2. La Révolution française (1789) et la Révolution américaine (1776): 2 révolutions contemporaines, 2 exemples de la confrontation Anciens/Modernes 2 révolutions qui marquent l’entrée dans l’époque contemporaine, fondatrices pour les doctrines se référant à la démocratie et aux droits de l’homme. Rôle des idées politiques essentiel, grande influence sur les élites bourgeoises au XIXe RF 1789: « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » (« Déclaration des droits de l'homme et du citoyen décrétés par l'Assemblée Nationale dans les séances des 20 au 26 août 1789, acceptés par le Roi »); RA 1776: « All men are by nature equally free and independant » (Mason’s Virginia Declaration of Rights, Mai 1776) MAIS 2 révolutions très différentes: - la RA 1776 résulte d’une guerre d’indépendance (No taxation without representation) qui ne remet pas en cause le modèle de la monarchie anglais (parlementaire) - la RF 1789 « renverse l’Ancien Régime » (transfert de souveraineté du roi à la nation, abolition des privilèges), 2 révolutions contemporaines qui articulent différemment des éléments « classiques » et des éléments « modernes », en s’opposant sur chaque critère! 10 2.2. La Révolution française (1789) et la Révolution américaine (1776) 1) sur le rapport entre politique et éthique RF: Pour ROBESPIERRE (« l’Incorruptible »), acteur clé de la 2nde phase de la Révolution (radicalisation), le principe d’émancipation de la société est la vertu… Voir l’extrait du film Danton, de Wajda (France et Pologne, 1983, 136 min.) https://youtu.be/dLO1_UTjJ1E RA: Pour JEFFERSON, auteur de la Déclaration d’Indépendance (1776), l’amélioration des conditions de vie collectives repose sur la satisfaction des intérêts des individus. Cf. Adam SMITH (1723-1790, Lumières écossaises, philosophe et économiste, Recherches sur la nature et la richesse des nations, 1776), pose le principe de la « main invisible »: l’homme « tout en ne recherchant que son intérêt personnel, travaille de manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société que s’il avait pour but d’y travailler » Remarques: 1) La pensée d’Adam Smith est complexe; dans la Théorie des sentiments moraux (1759), l’homme n’est pas qu’un être égoïste, il a un besoin vital des autres. 2) L’idée de la « main invisible » est vite controversée au plan économique (libre marché, théorie de l’offre et de la demande, théorie du ruissellement, etc.) 3) MAIS en découle aussi l’idée qu’il faut susciter (par ex. via la presse) la libre expression des intérêts particuliers qui constituent la base de l’opinion publique (le Common Sense de Thomas PAINE). 11 2.2. La Révolution française (1789) et la Révolution américaine (1776) 2) sur le rapport entre théorie et pratique Les révolutionnaires français ont pensé le passage de la théorie (le « droit naturel », les droits de l’homme) à la pratique sur le modèle d’une « technique » qu’on « applique », volontairement, au moyen des lois et des institutions. Cf. ROUSSEAU dans le Contrat social (1762) parle d’une « volonté consciemment active », à l’opposé du « laisser-faire » libéral américain. Pourquoi? Le droit naturel est une possibilité inscrite dans la nature humaine, mais l’invention de la propriété a introduit l’inégalité entre les hommes: « C’est parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir » (Rousseau) D’où le rôle de l’Etat, des institutions et des lois, la conception très centralisée des rapports Etat/société et un schéma techniciste typiquement moderne: application, « du haut vers le bas » (top down), des principes abstraits (éthiques et juridiques) du droit naturel vers/à la réalité sociale concrète par le biais d’une technique juridique et institutionnelle. 13 2.2. La Révolution française (1789) et la Révolution américaine (1776) 2) sur le rapport entre théorie et pratique (suite) Du côté de la Révolution américaine… Les principes du droit naturel ne se réalisent pas par l’Etat, le droit, les lois, les institutions, mais dans la discussion publique, grâce à la liberté de la presse, etc. Par rapport à la Révolution française, le schéma est inversé (bottom up): c’est une révolution « pratique » (selon H. ARENDT), qui va du « bas vers le haut »: on part du particulier (non de l’universel), de l’intérêt (non de la vertu), de l’opinion (non de la raison). Remarques: 1) Influence sur la pensée libérale mais aussi sur la pensée conservatrice: Idée que l’ordre ou le changement social découlent de l’histoire ou de la nature; qu’il est inutile ou dangereux de vouloir le mettre en œuvre en se fondant sur des principes universels abstraits. 2) La vision libérale, se fonder sur l’opinion publique, n’est pas forcément « démocratique » mais souvent élitiste: tout le monde n’a pas une opinion sur tout; toutes ne se valent pas; il y a des faiseurs d’opinions (politiques, experts, intellectuels, presse et autres médias…). 14 2.2. La Révolution française (1789) et la Révolution américaine (1776) 3) sur le rapport entre légalité et légitimité (la question du fondement de l’ordre politique) NB: Légalité: le fait d’être conforme au droit / Légitimité: acceptabilité, validité… Pour les révolutionnaires américains, l’ordre politique résulte « naturellement » de l’interaction des intérêts particuliers, produisant d’elle-même l’harmonie; La réalisation politique des droits naturels est en ce sens « naturelle »… L’ordre politique est naturel… Pour les révolutionnaires français, l’ordre politique est conçu comme une création de la volonté humaine (on parle de « constructivisme absolu » à partir de 1791-1792, 2ème phase de la Révolution); la Déclaration est pensée comme un contrat social (influence de Rousseau). La légitimité de l’ordre politique se fonde donc sur la volonté, le droit positif, la légalité. 15 2.2. La Révolution française (1789) et la Révolution américaine (1776) 4) sur le rapport théorie politique/théorie scientifique Révolution américaine: le modèle américain semble moins « théorique » ou « scientifique »: plus « empirique » ou « pratique », MAIS en fait, il s’appuie sur des thèses qui revendiquent le statut de « science » Par ex. celles de l’économie politique d’Adam Smith: la « mécanique sociale » obéit à des « lois naturelles », celles du marché, et la meilleure politique est de les « laisser faire »... Révolution française: paradoxe inversé: l’action politique est certes pensée comme une technique afin de mettre en œuvre des principes universels, MAIS ces principes, ceux du droit naturel, n’ont rien à voir avec une science; Ils ressortent d’une théorie morale du droit. 16 17 Conclusions: la confrontation Anciens / Modernes au cœur de la pensée politique contemporaine Même dans la pensée de Hannah ARENDT (philosophe contemporaine critique de la modernité, influencée par ARISTOTE), il existe des traits modernes. Arendt s’oppose à la vision moderne de la politique comme technique de gouvernement, entreprise de domination (=1 er critère, sur le but), Elle défend la capacité d’agir en commun dans un espace public de délibération (=2ème critère, sur la rationalité), Dans son analyse du totalitarisme, elle considère positivement « l’autorité » et la tradition qui nous relie entre nous et au passé (religare/religere) et fonde la connaissance sur l’expérience antérieure, contre l’illusion de « lois supérieures » de la nature ou de l’histoire (=4ème critère, sur le savoir), MAIS elle voit la politique comme une capacité d’innover, et défend le fondement volontaire voire insurrectionnel de la politique (3ème critère: le fondement de l’ordre politique n’est pas naturel mais volontaire). Elle soutient les insurrections de Budapest (1956) et de Prague (1968) contre la domination soviétique, Cette tension s’exprime aussi dans sa critique, et sa défense, des droits de l’homme: ils sont « abstraits » MAIS lutter pour les instituer est fondamental. 18 Exemple de question d’examen sur la tension et l’actualité des références aux Anciens et aux Modernes Le 4 septembre 2018, l’astrophysicien français Aurélien Barrau publiait dans le journal Le Monde une tribune alertant sur le « cataclysme planétaire », qui sera signée par deux cent personnalités. Dans M Le Magazine du Monde daté du samedi 22 décembre 2018, le journaliste Philippe Ridet rapportait ses propos : « On est en train de violer la planète. Seule la loi peut stopper ce désastre. L’écologie désormais est un terme trop étroit. C’est la vie elle-même qu’il faut réapprendre à aimer ». À votre avis, cette opinion renvoie-t-elle plutôt à la vision de la politique des Anciens (des Grecs), à celle des Modernes, ou aux deux à la fois, et pourquoi ? Remarque: Cornelius CASTORIADIS identifie 15 éléments distinctifs entre « L’imaginaire politique grec et moderne » (1996, en ligne) 1. Démocratie directe chez les Grecs (élection=principe aristocratique) / régime représentatif chez les Modernes 2. Participation / professionnalisation de la politique 3. Pas d’episteme chez les Grecs (sauf Platon), la politique est le domaine de la doxa, de l’opinion / de la science et des expert chez les Modernes 4. La religion de la cité est très présente mais tenue à distance de la politique chez les Grecs / les Modernes sont tentés de fonder la souveraineté sur un principe « transcendant » (droit naturel, Raison, science…) 5. Pas vraiment de « constitution » chez les Grecs, autolimitation… / « formalisme » écrit chez les Modernes 6. « la loi, la polis, c’est ‘nous’ » / « l’Etat, c’est ‘eux’ » (c’est « le roi », la Cour, les ministres, le gouvernement…) 7. La société forme l’individu antique; l’individu moderne « préexiste » au contrat social, « s’oppose » à l’Etat… 8. But de la politique: œuvrer en commun / défendre un/des intérêt(s) (du prince, général, privés, de classe…)… 20 Remarque: Cornelius CASTORIADIS identifie 15 éléments distinctifs entre « L’imaginaire politique grec et moderne » (1996, en ligne) 9. Communauté politique: adultes mâles libres / vocation à l’universalité même si fortes limitations (titres, fortunes, sexe, nationalité…) 10. Activité politique limitée chez les Grecs (ne touche pas à la propriété, famille) / domaine illimité chez les Modernes 11. Frontières: activité politique bornée par la polis / tension entre l’imaginaire universalisant et l’Etat-nation 12. Le droit n’existe qu’entre égaux chez les Grecs (sauf en cas de guerre, « père de toute chose » selon Héraclite) / chez les Modernes (et les chrétiens), on dit une chose (égalité), on en fait une autre (mais la guerre n’échappe pas au droit…) 13. But de la vie: vertu, sagesse, amour du beau / « richesse, puissance, garantie de nos jouissances » (B. Constant) 14. Chez les Grecs, humain = mortel, pas d’idée du « péché » ni de l’enfer / les Modernes gardent l’idée d’immortalité (progrès indéfini, occultation de la mort…) 15. L’être est aussi bien chaos (vide et mélangé) que cosmos (beau et ordonné), pas rationnel de part en part; les Dieux ne sont pas justes, ils ne se soucient pas des humains… / L’ontologie des Modernes est plus unitaire, et théologique 21 Transition Modernité… Liens entre religion et politique (moderne) Modernité: En philosophie: individu versus communauté Autonomie versus hétéronomie En politique: - l’individu préexiste à la communauté politique et la « fait » - La communauté politique se dote de ses propres lois - L’Etat (« figure moderne de la politique » survit aux individus (au peuple et au roi!): « Nous verrons l’idée de l’Etat , conditionnée par l’évolution psychologique et sociale des collectivités nationales (sic), donner naissance à une forme inédite du Pouvoir en le détachant des hommes qui l’exercent pour l’incarner dans une institution » (G. BURDEAU, 1970) Principe de « transcendance » 22 Références Hannah ARENDT, Essai sur la révolution (1967), trad., Paris, Gallimard, « Tel », 1985. Id., Condition de l’homme moderne (1958), trad., Paris, Pocket, 2002. Id., La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1989, « Qu’est-ce que l’autorité? », p. 121-185. Georges BURDEAU, L’État, Paris, Seuil, 1970. Cornelius CASTORIADIS, « Imaginaire politique grec et moderne », in La montée de l’insignifiance. Les carrefours du labyrinthe IV, Paris, Seuil, 1996, p. 159-174. Justine LACROIX, Communautarisme versus libéralisme, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2003. Jean-Marc FERRY et Nicolas GIOVANNINI, Origines et développement des doctrines politiques contemporaines, Université libre de Bruxelles, 1998. Gérard MAIRET, Les grandes œuvres politiques, Paris, LGF, Livre de Poche, « Références », 1993. John RAWLS, Théorie de la Justice (1971), trad., Paris, Points, 2009. 19

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