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UCLouvain Saint-Louis Bruxelles

2024

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political doctrines democracy neo-liberalism political science

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These lecture notes cover perspectives on contemporary democracy and related political doctrines. The document is from 2024 and contains discussions of neo-liberalism and its implications for political science.

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La Démocratie Perspectives contemporaines Séance 6 – Doctrines Politiques 2023-2024 L’autrice : Wendy Brown (1955-) Professeure de Science politique à l’Université de Californie (Berkeley). Questionne les formes de pouvoir modernes. Autrice de plusieurs ouvrages Murs : Le...

La Démocratie Perspectives contemporaines Séance 6 – Doctrines Politiques 2023-2024 L’autrice : Wendy Brown (1955-) Professeure de Science politique à l’Université de Californie (Berkeley). Questionne les formes de pouvoir modernes. Autrice de plusieurs ouvrages Murs : Les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique, Paris, Les Prairies ordinaires, 2009, 206 p. La critique est-elle laïque ? : Blasphème, offense et liberté d'expression (avec T. Asad, J. Butler, S. Mahmood), Lyon, PUL, 2015, 182 p. Défaire le dèmos : Le néolibéralisme, une révolution furtive, Paris, Éditions Amsterdam, coll. « L'ordinaire du capital », 2018, p.288. Le texte : Néo-libéralisme et fin de la démocratie (2004) Texte original : Neo-liberalism and the End of Liberal Democracy, Theory & Event, Volume 7, Issue 1, 2003 Contexte d’écriture : Approfondissement de politiques ultralibérales dans les années 1980-1990 Dans les années 1980, Margaret Thatcher au Royaume-Uni (1979-1990) et Ronald Reagan aux USA (1980-1988) mettent en place une série de politiques « ultra-libérales » L’émergence d’un nouveau régime de gouvernementalité Dans le champ académique, retour dans les années 1990 de l’intérêt des thèses de Marx et de la critique du néolibérlaisme Altermondialisme du début des années 2000 Altermondialisme : Mouvement qui s'oppose à la mondialisation libérale et promeut des échanges plus justes entre les peuples, les sociétés. Texte 1 – Néolibéralisme et fin de la démocratie Introduction du texte : Ambiguïté du signifiant « libéral » (difficulté de la traduction) Sens économique VS sens politique Partie 1 du texte : - Elle introduit et définit la notion de « néo- libéralisme » Pas seulement des mesures économiques Extension de la logique économique - « Elle consiste plutôt dans l’extension et la dissémination des valeurs du marché à la politique sociale et à toutes les institutions, même si le marché conserve en tant que tel sa singularité. » à Pensée héritée de Michel Foucault Le néolibéralisme comme régime de gouvernementalité : c’est-à-dire une manière particulière de conduire les conduites Fondé sur la théorie du choix rationnel Texte 1 – Néolibéralisme et fin de la démocratie Partie 2 : Les conséquences politiques du néolibéralisme - Individu conçu comme Homo oeconomicus - « Toute action humaine ou institutionnelle est conçue comme l’action rationnelle d’un entrepreneur » - Plus normatif qu’ontologique : ce n’est pas tant une manière de décrire quelque chose comme la nature humaine, mais plutôt de faire émerger, construire, exister, tenir ce type d’individus. - Nécessité d’un cadre institutionnel pour construire le marché - La conception de l’Etat : - Pas délégitimé, mais au contraire tourné vers la construction du marché - Discours politique désormais énoncé en termes économiques - Santé et croissance fonde l’Etat - Au niveau de l’individu : - Individu « responsable de lui-même » - « Dans un contexte néo-libéral pleinement réalisé, les citoyens seraient tout sauf préoccupés du bien public ; ils formeraient à peine un peuple. » - L’Etat contribue à façonner ce sujet néolibéral. Digression – Le cas de l’écologie poli;que Individualisation du problème écologique depuis les années 1980 (J.-B. Comby) - Question écologique comme un enjeu de pratiques individuelles - Communication - Fiscalité comportementale (taxe carbone, écovignette,…) - Innovation technologique à Exemple paradigmatique du traitement néolibéral d’un enjeu politique Texte 1 – Néolibéralisme et fin de la démocratie : Le néolibéralisme contre la démocratie libérale Partie 3 : Les conséquences de cette logique néo-libérale sur la démocratie - Jusqu’alors écart entre logique économique et d’autres logiques (droit, élections, police, etc.) qui permettait le compromis entre démocratie libérale et économie de marché - Tension entre démocratie libérale et économie capitaliste : - « alors même qu’elle encode, reflète et légitime les relations sociales capitalistes, elle leur résiste, les contre et les tempère dans le même mouvement. » p.91 - Le néolibéralisme détruit cette tension : « La démocratie libérale ne peut pas se soumettre à la gouvernementalité néo-libérale et y survivre » - Les implications pour une critique progressiste de la société - La gauche (càd le mouvement de critique de la société au regard d’un idéal d’égalité) très ambivalente vis-à-vis de la démocratie libérale - « Notre identité de gauche, aussi vague fût-elle, s’est construite en se démarquant de l’indifférence délibérée qu’a toujours manifesté le libéralisme à l’égard des stratifications sociales et de l’inégalité-–-indifférence camouflée, et donc préservée, par les catégories juridiques formelles de liberté et d’égalité. » - La démocratie libérale a scellé « au cœur de l’humanisme, l’ordre bourgeois, blanc, masculin, hétérosexuel » p.91 - Impossibilité aujourd’hui de penser une critique en dehors du cadre libérale : « ce que l’on ne peut pas ne pas vouloir ». - Dilemme : face à la montée du fascisme, comment se positionner face à la démocratie libérale ? - Question renouvelée aujourd’hui, l’écart entre néolibéralisme et fascisme semble s’être réduit au cours des 20 dernières années - Permet de comprendre les formes de la critique actuelle : coincé entre défense et critique de l’Etat. TEXTE 2 L’auteur – Etienne Balibar (1942-..) Philosophie politique Professeur émérite de l'université Paris-Nanterre Influencé notamment par Karl Marx, Louis Althusser, Michel Foucault Travail sur les questions de frontières, de citoyenneté, de démocratie… Auteur de plusieurs ouvrages : Avec Louis Althusser et d’autres : Lire le Capital (1965) Hannah Arendt contre la philosophie politique ? (2006) Pour une philosophie politique critique (2009) Le texte Contexte intellectuel : Impression d’une victoire de la démocra^e après chute de l’URSS, Mais « crise de la démocra/e représenta/ve » persistante Dans la deuxième par^e du XXe siècle : émergence d’une pensée post- fonda^onnaliste de la démocra^e (Jacques Rancière, Cornélius Castoriadis, Claude Lefort, E^enne Balibar) L’idée que la démocra/e est fondée sur l’absence de fondement Contexte poliKque Nuit Debout, mobilisa^on contre la loi « El Khmori » (qui a contribué à affaiblir les disposi^ons du code du travail protégeant les travailleurs) La démocratie selon Etienne Balibar La démocratie n’est pas un régime « L’élément démocratique « pur » (par exemple l’affirmation de la compétnce du peuple dans sa totalité, ou de sa capacité à se gouverner) est toujours en position d’excès par rapport aux institutions (ce qui ne veut pas dire qu’il puisse s’en passer-, ou en position de manque par rapport au pouvoir que la « masse » (le plèthos, la plebs, les « citoyens » ou les « simples gens ») est en mesure d’imposer ou d’exercer. » Constitue l’aporie fondatrice de la démocratie La démocratie se fonde sur une « méthode de l’égalité » (Cf. Jacques Rancière) Contexte de dé-démocratisation des « démocraties » occidentales : Préfère parler de « démocratisation » plutôt que de « démocratie » Pas d’univocité de la démocratie et de la démocratisation à Pas UN processus Jeu entre l’Etat et les insurrections. C’est pourquoi il semble privilégier la démocratie La démocratie conflictuelle Au-delà de la démocratie institutionnelle VS démocratie directe : la « démocratie conflictuelle » --> Inspiré de Machiavel. Les trois dimensions où peut s’opérer la démocratisation : Participation Représentation Conflictuelle Idée que y’a pas de démocratie sans conflictualité Coincé entre la « guerre civile » (i.e. conflictualité démocratique) et le « pluralisme » (débat apaisé) « Démocratiser la démocratie » à à la fois meilleure représentation, plus grande participation et réintroduction de la conflictualité Cinéma ? Variation – Démocratie et Populisme Pour Ernesto Laclau : Le rejet du « Ce qui est en jeu dans le populisme dépasse largement la reléga5on d’un ensemble de populisme phénomènes périphériques dans les marges de l’excita5on sociale. Ce qui est en jeu dans ce rejet méprisant est (…) un rejet de la comme poli5que tout court, et l’idée selon laquelle la ges5on de la communauté est du ressort d’un rejet du pouvoir administra5f dont la légi5mité a pour origine la connaissance de ce qu’est la communauté bonne. » (Ernesto Laclau, La politique raison populiste, Paris, Seuil, 2008, p. 10.) Le populisme comme conception du politique: Un peu de « le populisme est la voie royale permettant de comprendre quelque chose à la constitution ontologique du politique comme tel » E. Laclau, La raison populiste, op. cit., p. 85. philo … Le flou du social et l’indétermination du peuple ne réfute pas le populisme, elle constitue sa base : l’enjeu politique, c’est construire un peuple: Ernesto « 1) le vague et l’indétermination ne constituent pas des défauts d’un défaut d’un discours sur la réalité sociale, mais que, dans certaines circonstances, ils sont inscrits dans la réalité sociale comme tel ; Laclau, La 2) la rhétorique n’est pas un épiphénomène par rapport à une structure conceptuelle autodéfinie, puisque aucune structure conceptuelle ne trouve sa cohérence interne sans raison faire appel à des procédés rhétoriques » E. Laclau, La raison populiste, op. cit., p. 85. populiste Le populisme comme stratégie politique: Ensemble des techniques visant, par un appel au peuple, à construire une « hégémonie », c’est-à-dire à rendre majoritaire une certaine conception de ce qu’est le peuple Le Tout social comme totalité incommensurable : la totalité est un signifiant vide, elle n’a pas d’autres réalités que celle qui s’impose hégémoniquement dans la société Deux logiques sont donc à l’œuvre et en tension : la logique de la différence et la logique de l’équivalence La théorie Différence : rapport entre deux entités sociales qui s’opposent Equivalence : rapport entre deux entités sociales qui s’identifient par le partage d’un Autre en commun à Chaine d’équivalence du Les identités sociales ne prennent formes que comme différence, comme opposition à une autre « différence ». « nous avons besoin d’une plebs qui prétende être le seul populus populisme légitime » La demande sociale comme entité politique fondamentale La « question directrice, dans ce travail sur le populisme, est (…) : comment, à partir d’une variété de demandes sociales insatisfaites, se forme une « chaîne d’équivalence » qui permet de les unifier en «un» mouvement et de leur donner un débouché politique qui prend ici la forme du populisme et non du socialisme? ». (J.-C. Monod, « La force du populisme: une analyse philosophique », Conclusion La démocratie – Au seuil des doctrines politiques Fondamentalement, la démocratie est en tension : entre institutionnalisation et refus de l’institutionnalisation, entre maintien de l’inégalité et désir d’égalité Elle est le régime politique ouvert, auquel s’oppose d’un côté l’imaginaire d’une société complètement contrôlé ou faites d’individus indépendant (la robotique) et de l’autre l’imaginaire de la guerre totale, de tous contre tous, de l’homme comme loup pour l’homme (la bestialité) Du fait de son caractère fluctuant, insaisissable, il conviendrait peut-être mieux d’en parler en termes de démocratisation et de dédémocratisation, plutôt qu’en termes absolus Les gilets jaunes : un évènement démocratique ?

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