Questions approfondies de psychopathologie - L. PDF

Summary

This document discusses psychopathology from the perspective of a theoretical course on the impossible and the subject's relationship with others, objects, and knowledge. It emphasizes the importance of subjective inventions and the clinician's role in supporting the subject. The text also touches on different aspects of subjective experience and the impact of psychological and subjective obstacles.

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Ethel Peeters Questions approfondies de psychopathologie Examen: Questionnaire sur le mode « vrai/ faux » sans point négatif Ce qui est au centre de cet enseignement est la notion de l’impossible. Tout ce dont on va parler est impossible, on n’y arrive pas. Puisqu’on n’y arrive pas autant que ça soi...

Ethel Peeters Questions approfondies de psychopathologie Examen: Questionnaire sur le mode « vrai/ faux » sans point négatif Ce qui est au centre de cet enseignement est la notion de l’impossible. Tout ce dont on va parler est impossible, on n’y arrive pas. Puisqu’on n’y arrive pas autant que ça soit avec d’autres, autant que ça soit avec des dispositifs qui nous aident. Pendant ce cours nous allons parler que de ratages. Le point de départ c’est on n’y arrive pas. Qu’est-ce qu’un sujet ? Dans la dynamique du rapport à l’autre, à l’objet, au savoir et à différentes catégories du savoir se produit du sujet. Le sujet a un positionnement éthique, propre et logique de sa réalité. Il se produit quelque chose d’ordre de l’Autre. Pour l’être humain, il est impossible de faire sans l’autre. Ça a la valeur d’un postulat. C’est de là que découle les questions théoriques et politiques. Vivre ensemble c’est mettre en avant l’accueil. La dimension de l’autre, du corps dans ses aspects imaginaires du corps, dans ses aspects symboliques… la mythologie dit des choses des êtres humains. Cependant Lacan ce n’est pas son truc. Il fait un pas vers une logification de l’affaire. Les petites lettres ne s’imaginarisent pas. Grand A est difficile à imaginariser encore plus quand il est barré. Le corps et les dimensions de savoir: un savoir vivant pas encore là qui émerge de la relation, de la supposition de savoir à l’endroit de quelqu’un quelqu’une.e qui est un lieu d’adresse. La réponse comme invention. Le sujet n’est rien d’autre que cette réponse, une réponse qui est dynamique, elle bouge. Parfois cette réponse émerge le temps d’un instant. Il ne faut pas grand chose pour que j’ai envie de dire quelque chose à quelqu’un et que la personne dise un truc et ça se referme. Une notion qui est importante est celle des inventions subjectives, notion que nous pouvons retrouver sous formes d’autres appellations dans la littérature. Lacan fait du karaté avec Freud, il a déplacé la psychanalyse. Par la suite, on peut donc appeler les inventions de symptômes. Tenter de saisir ce qu’on tente d’approcher à partir de notions comme celle-là. La première fonction est celle de séparation, de coupure, d’extraction; ça peut prendre des formes différentes au cas par cas. Ça reste dans un registre qui est de l’ordre de 1 Ethel Peeters se séparer de. Se séparer de l’autre, de soi même et d’une partie de soi même dans l’autre. Une partie de soi même dans l’autre est toujours ce qui vient marquer notre rapport à l’autre. L’amour est un exemple, quand on aime quelqu’un, on dit à cet autre ce qu’il est pour nous. Le surgissement de point d’appui, d’arrimage, ce n’est pas une forme de stratégie; ça surgit que ça fasse point d’ancrage. C’est à l’insu de notre plein gré. Si c’est de l’ordre de l’invention c’est toujours d’abord de l’ordre de la séparation. Parfois quelque chose de l’ordre d’une image nous bouscule nous saisit beaucoup plus sur ce qu’est un corps qu’un long discours sur ce qu’est un corps. Parmi les objets qui circulent aujourd’hui sont les chansons. Deux chansons: Maëlle - toutes les machines ont un corps. Le discours sur le coeur de l’affaire qui sont les téléphones. Un discours qui dit qu’à trop passer son temps dessus, au mieux on perd notre temps, au pire on s’aliène. Qu’est-ce qu’une bonne chose pour quelqu’un on n’en sert rien. Le coeur de ce texte est une adresse, elle s’adresse à maman. Elle fait exister quelque chose qui compte pour elle. Est- ce qu’une adresse peut être autre chose que quelque chose d’incarné, l’adresse comme support une parole. L’adresse n’est pas toujours un geste vers une chose vivante. Dieu est le lieu d’adresse qui a le plus de succès dans l’histoire de l’humanité. Les petites voix dans nos têtes peuvent être une forme d’adresse. Les petites voix sont un autre en nous même. De quoi témoigne t-elle dans son texte? Le monde a vraiment une sale gueule et qu’elle n’y est pour rien. On se sent avec peu de moyen pour changer la gueule du monde. Elle dit que ce monde n’est pas extraordinaire, ce monde n’est pas praticable. Elle doit se séparer d’un Autre social. Aller à la rencontre du monde par le biais des machines. Y’a de la vie là dedans, Freud aurait dis qu’il y’a de la pulsion. Le texte fait fonctionner pour qui un sujet ça compte et son coeur bat dans le gsm. C’est cette coupure/ mise à distance avec l’écran qui rend possible sa connexion au monde et lui donne vie. JoeyStarr ( Georges Moustaki) - Métèque 2 Ethel Peeters Le temps logique premier, la chose dont il se sépare est quelque chose de l’ordre d’une violence première, qui est incarnée par son père. Ce texte fait circuler aussi une adresse mais différemment. L’adresse est au fond dans sa manière de la mettre en scène. C’est un corps qui dit. le point de départ est donc une violence venant de son père, c’est ce de quoi il tente de se séparer. La violence a des rebonds, la violence est toujours là. La pente est d’une cote d’une violence en retour de la violence première. Ça vibre et ça continue à vibrer durement. Et et et, des et pas articulables c’est ça la clinique. Le paradoxe en clinique est au cœur même de la construction lyrique de ces chansons : le et, et, et. Il se débecte de cette violence vécue mais fini par le devenir, répercuter cette violence, connue, familière. Les points d’appui et les inventions subjectives peuvent devenir des problèmes. Les fonctions qui surgissent dans un second temps. Introduction Orientation qui vise l’accueil à travers ce qui s’est dit, ce qui s’est passé, ce qu’un sujet peut adresser à quelqu’un concernant ce qu’il ne va pas dans son existence. Ses façons d’y répondre seront lues et accueillies sous l’angle de la fonction que cela occupe potentiellement pour le sujet, c’est-à-dire des inventions subjectives qui y sont connectées. Ce qui va nous mobiliser c’est le fait de se mettre au côté du sujet pour le soutenir dans la mobilisation de ces inventions subjectives singulières. Dans la possibilité pour ce sujet d’envisager de nouvelles portes à ouvrir toujours du côté de l’invention subjective singulière. Donc une clinique qui fait le pari d’un abord du sujet comme un être humain confrontés aux difficultés auxquelles sont confrontées les êtres humains. Ces difficultés essentielles sont en lien avec le rapport à l’autre, à la vie, à la jouissance, sexualité, à la mort… Ce sont des difficultés qui appellent nécessairement à des inventions, parce que pour les êtres humains il n’y a pas une seule et unique voie tracée pour répondre à ces 3 Ethel Peeters questions et voir comment ça va se passer. Ce sont les hypothèses de bases à partir desquelles on va réfléchir et travailler. Témoignage de Donna Williams Le but n’est pas dans le repérage de troubles, mais de s’engager dans la rencontre avec le sujet. Qu’est ce qui se passe entre pour le sujet dans sa rencontre avec le diagnostic ? Ici on ne va pas s’intéresser à la cause du trouble, mais à ce qui compte pour le sujet dans son existence et comment ça compte, y compris en ce qui concerne le trouble si il compte. Hypothèses : les troubles sont quelque chose de commun à tous les humains. Une entreprise de psychopathologie qui a pour objectif de dé-psychopathologiser. donc s’intéresser aux difficultés fondamentales qui concernent les êtres humains, telles qu’elles s’actualisent de manière singulière pour chaque sujet = orientation de travail à partir des repères de la psychanalyse, dont les bases ont pu être posées par Lacan. Méthode du prof : 1) On partira du cas, du témoignage, mais on ne va pas lire tout le témoignage, mais opérer des choix, sans épingler un détail en particulier, on va reprendre les choses sur lesquelles elle insiste, se répète, comment ça se décline de différentes manières. Mais aussi des choses qu’elle dit qu’une fois, et voir comment ça prend une dans sa vie. 2) Ne pas supposer ce qu’il y a dans la tête de Dona. Principe méthodologique : on ne va pas formuler des hypothèses si on n’est pas en mesure de préciser sur quoi je m’appuie pour les formuler. On part ici de ce qu’elle a écrit et on va sur cette base formuler des hypothèses au plus près de ce qu’elle écrit. Si exception : elle ne l’a pas écrit mais on peut faire l’hypothèse que…alors ce sera précisé. Ce témoignage est précieux pour nous expliquer les inventions subjectives dans une trajectoire de vie. L’idée de la psychanalyse : « ce n’est pas la cause du trouble mais la cause du sujet » : ce n’est pas les repères qui rendent spécialistes. Si la notion de 4 Ethel Peeters trouble surgit c’est parce qu’elle surgit auprès d’un sujet l’évoquant. C’est ce qui nous intéresse, la dynamique de rencontre. Qu’est-ce qui compte dans l’existence d’un sujet ? Décédée depuis 2017. Femme qui a produit des choses dont une chose sur laquelle on va s’appui aujourd’hui. Elle a rédigé des témoignages donc des reconstructions après coups. La clinique est toujours une reconstruction après coups. Elle publie et donc des gens vont la lire donc on est dans une adresse impersonnelle. La fin de l’ouvrage s’adresse aux psy en se moquant d’elleux. Elle rend le psy comme objet d’ironie. Etre mis en position d’ironie est un embêtement uniquement pour notre narcissisme. Un témoignage après coups: « si on me touche je n’existe plus. » Elle va parler de toute une série de choses dont elle n’aurait pas pu en parler au moment ou ça s’est passé. Elle parle des choses de façon indirecte. On ne parle que de façon indirecte. Le même mot peut faire surgir plusieurs choses différentes. Ça n’existe pas le coeur de la chose, là où se situe le cœur de la chose est là où il n’y a pas de mot. Ce témoignage va nous aider à saisir ce que signifie le terme invention subjective. Elle a rencontré deux types de diagnostic: autisme et trouble de la personnalité. Ce a quoi on va s’arrêter en psychanalyse: ce qui va intéresser là psychanalyse n’est pas la cause du trouble mais la cause du sujet. La cause du trouble ne nous intéresse pas. Si la notion de trouble surgit, c’est qu’un sujet dit quelque chose de ce qui a croiser sa vie. Les diagnostics ont surgit dans la vie de Donna Williams. Qu’est ce qui compte dans l’existence d’un sujet et comment ça compte pour ce sujet. « Arrête, ça c’était l’intrus. Le bruit incompréhensible qui venait nous déranger, peu importe je continuais joyeusement sur ma lancée, la gifle tombait. Je faisais l’apprentissage du “monde” ». Le monde s’inscrit dans une dynamique : ð Temps 1 : la rapport à l’autre, du monde face à elle, qui fait preuve de violence et d’arbitraire. Le sujets qui découvre et devient l’objet de la violence et l’arbitraire du monde. Être l’objet de quelque chose sans le comprendre. 5 Ethel Peeters ð Temps 2 : l’invention subjective, sa réponse à cette violence, sa manière de se défendre, l’annulation de l’autre Donna nous apprend quelque chose des conditions nécessaires pour pouvoir être à ses cotes. Pour un autre sujet ça serait autre chose. Elle nous apprends à vivre sans les psy. Les psy peuvent être un obstacle à ce que quelque chose de l’ordre d’une invention se passe. Les psychologues doivent accepter que quoi qu’il arrive on est d’abord des obstacles. Se demander ce qui chez moi constitue une mauvaise rencontre pour le sujet. Le psy peut être une contrainte, empêche l’invention subjective. Le but est de se mettre à côté du sujet, pas imposer notre mode de fonctionnement mais entrer dans le sien. Le rôle du psy est par essais erreur voir comment être présent pour la personne sans devenir l’objet de sa violence. Le fait que les gens parlent, attentent quelque chose d’elle qui est un problème. Ce n’est pas les énoncés le problème mais l’énonciation. La parole comme telle attend quelque chose. « Ce n’était pas tant la parole des gens qui me posait problème que leur attentes d’une réponse de ma part” Au fond le bruit, pourquoi ce n’est pas la voix, c’est parce qu’il n’y a pas la présence vivante de l’autre. La présence vivante de l’autre, déjà comme telle, à quelque chose de l’ordre de l’incarnation d’une attente. Il y a une URGENCE pour elle de se dégager de l’intention, elle le fait pas des inventions subjectives ð La demande, la parole, est déjà trop pour elle. Pas tant le fait de parler, le fait de s’adresser à elle, qu’on ait un intention envers elle. ð La formule de Lacan: "qu’on dise s’oublie dans ce qui se dit derrière ce qui se dit de qui s’entend » Série de choses dont on aurait difficilement pu faire le pari, c’est quelque chose très enseignant. On ne sait rien des rencontres qu’un sujet fera éventuellement au cours de son existence et qui ouvrira des portes nouvelles et impossible à anticiper au moment où on l’accueille en institution. C’est très important de le garder en mémoire pour se dégager des hypothèses déficitaires a priori, que l’on peut se faire éventuellement à l’égard d’un sujet dont on n’arriverait même pas à imaginer que la 6 Ethel Peeters dimension de l’invention subjective puisse trouver une place dans sa dynamique. Parfois c’est dur, ça l’aurait été certainement pour Dauna Williams. Quand j'aborde ce témoignage, je l’aborde avec l’idée que ce dont parle Dauna Williams, elle en parle à travers le récit singulier, avec sa dynamique singulière, mais elle parle de quelque chose à quoi sont confrontés tous les individus humains en tant que sujet. ð Fait partie fondamentalement de tout ce qui n’est appréhendable à mobiliser les façons qui nous sont singulières de les traiter. à la fois ça nous est singulière et à la fois on s’appuie sur ce qui existe pour les traiter, mais chacun s’appuie sur ce qui existe pour les traiter à sa manière. C’est l’enjeu pour Dauna Wiliams. Elle parle de quelque chose à quoi sont confrontés tous les êtres humains et elle explique comment elle a pu y répondre elle de manière singulière à certains moments de son existence. Pas toujours de la même façon, mais en même temps quelque chose de son style, quelque chose d’une réponse à la Dauna Williams va évidemment se retrouver tout au long de son existence. Ce sera à chaque fois qu’elle nous parlera de quelque chose que nous serons en possibilité de considérer que c’est une invention subjective, ce sera à la fois du neuf, mais sur fond de quelque chose qui à avoir avec son style, son style propre, sa façon propre. Le style propre d’un sujet c’est le coeur de notre travail de clinicien, l’enjeu c’est comment trouver des façons même si c’est compliqué d’accueillir le style propre de quelqu’un. Ça reste la cause de notre travail, comment accueillir quelqu’un avec son style propre, en faisant des propositions qu’à la fois se connectent à ce style propre, et en même temps seraient susceptibles d’ouvrir de nouvelles portes. = la cause de ce qui nous engage dans le travail. « Ce n’était pas tant la parole des gens qui me posait problème que leur attentes d’une réponse de ma part » Au fond le bruit, pourquoi ce n’est pas la voix, c’est parce qu’il n’y a pas la présence vivante de l’autre. La présence vivante de l’autre, déjà comme telle, à quelque chose de l’ordre de l’incarnation d’une attente. 7 Ethel Peeters La seule présence de l’autre, la seule présence vivante de l’autre fonctionne déjà comme un appel, une demande d’être pris en considération, d’exister, d’être objet au fond de l’autre, objet de l’intérêt de l’autre, objet de sa capacité à nous considérer comme un interlocuteur ou interlocutrice, de sa volonté potentielle de le faire. Dauna Williams dit que cette affaire-là qui fonctionne quasi automatiquement, c’est dans le même temps la chose qui lui est la plus compliquée et qu’elle essaye de traiter. On perçoit que les choses deviennent plus compliquées, elle parle ici de comment ça rend ça très compliqué pour elle, mais c’est la même chose pour tous les êtres humains. Ce n’est pas propre à une population clinique particulière, à certains êtres humains qui serait plus sensibles à ça que d’autres. C’est au cœur même de notre travail, il s’agit d’être là et le fait d’être là ça va être une complication pour le sujet. Elle était prise avec une attente, une présence vivante, incarnée, une voix qui s’adresse à elle, donc elle est objet de cette attente. Le monde qui se présente pour Dauna Williams sous une forme relativement impraticable, métaphore de la gifle, et elle décrit une temporalité logique. « C’est ce que je m’en tenais toujours à mon ancienne règle : me perdre dans la fascination qu’exerçaient sur moi les choses qui me plaisaient. Cela me faisait accepter de la part des objets ce que je refusais aux gens, qu’ils deviennent une partie de moi-même ». C’est la séparation qui lui permet de se connecter au monde, finalement elle à sa voie singulière de se connecter au monde. Chacun à sa manière de sa connecter au monde. La norme, les repères normatifs, n’existent pas. Ce qui compte c’est ce que le sujet rencontre pour lui, et ce qu’il en fait de manière singulière. On ne doit pas souhaiter quelque chose de la vie de quelqu’un d’autre, avoir une intention envers la personne, lui vouloir un projet de vie. Le sujet nous enseigne, par sa manière singulière de se connecter au monde, comment être au côté du sujet et comprendre sa dynamique, son mouvement, à savoir ce que le monde lui adresse (violence et …) et son invention subjective pour y répondre. 8 Ethel Peeters La simple présence de l’autre met en jeu le registre de l’énonciation, notamment sous la forme de la demande. Même quand on ne demande rien, qu’on est avec quelqu’un et que quelqu’un surgit dans le champ d’une présence, vient tout de suite cette saisie de nous-même par le registre de la demande (que me veut l’autre, que me demandet-il, que veut-il ?). Donc quelque chose d’une dynamique relationnelle qui fait de nous l’objet d’une demande, d’une attention, d’une présence. Se met en jeu même lorsqu’on est avec quelqu’un de parfaitement silencieux, qui ne dit rien, n’exprime rien. Au fond, elle décrit là un rapport aux objets, qui semble avoir pour effet de lui permettre de se connecter à quelque chose, qui se soustrait par sa nature même d’objet. Qui se soustrait à tout signe d’une présence vivante, désirante et parlante, qui demande, qui veut. Qui se soustrait ou tente de se soustraire au registre de l’énonciation d’un « moi je ». Le registre de l’autre toujours présent chez les êtres humains de manière forte et de manière qui nous place, chacun à sa façon comme objet. Objet de toute une série de choses qui se déclinent de toute une série de façon selon les registres pulsionnels qui sont engagés. Au fond ce que nous montre Dauna, c’est la façon dont elle n’arrive à se connecter au monde qu’à travers de soustraction, de séparation, ce n’est qu’en se séparant du monde qu’elle peut s’y connecter. « Pour moi les personnes que j’aimais étais des objets. Et ces objets ou les choses qui les évoquaient étaient des protections contre les choses que je n’aimais pas. C’està-dire les autres personnes. Même les personnes auxquelles elle arrive à se connecter (Dauna parle de Dauna), étaient des personnes qui arrivaient à son endroit, pour elle à occuper une place plutôt comparable à celle des objets du monde. » ➔ Pas l’objet dans le sens, être l’objet de la volonté de l’autre, l’objet inanimé, non vivant comme une table, qui peut-être les objets du monde ne peuvent avoir les signes de la présence de l’autre. Les signes de la présence de l’autre peuvent se traduire de différentes façons et prennent dans les registres de l’interlocution chez les êtres humains un statut particulier qui est celui de la présence vivante, désirante de l’autre dont je suis potentiellement l’objet. Il y a effectivement quelques personnes qui ont trouvé une 9 Ethel Peeters façon de prendre une place dans l’existence de Dauna, mais à la condition de pouvoir se comporter plutôt comme un objet. ð On (psy) devient objet pour le sujet, ce qui lui permet de se connecter au monde, pas aux autres (langage) du monde, mais aux objets du monde ð Les personnes « objets » sont les personnes qui n’apparaissent pas comme une « gifle », qui n’ont pas d’intention envers elle. Ca permet d’être incarné pour elle, présent pour elle, mais en tant qu’objet. Chaque personne à son propre rapport « objectalisant » par rapport aux objets et aux autre, il faut saisir la singularité de chacun. ð Chacun investit l’autre avec ses propres pulsions, qui lui à son propre mode pulsionnel qui vient faire arrêt, coupure, extraction. (ex : les normes différentes en fonctions des cultures, qui viennent faire arrêt à notre propre style d’investissement, ça vient s’imposer à nous) ð On devient l’objet d’une partie de jeu dont on ne connait pas les règles : le sujet se saisit de mon bras, je ne vais pas lui donner mon bras, je vais faire semblant d’incarner ce bras, jouer, et voir ce qu’il en fait. Comment trouver une façon de s’y engager ? On ne va pas dire oui à ce qu’il se passe, mais on va quand même tenter quelque chose qui va plutôt dans la direction que nous indique le sujet. « on devient pas objet mais semblant d’objet » ð Nous avons rencontré déjà ce qui constitue les difficultés auxquelles elle a affaire en tant qu’être humain : difficultés qui sont liées simplement aux signes de la présence de l’autre, l’engagement de l’autre, l’énonciation de l’autre…opération au cas par cas dans laquelle sont engagés tous les sujets humains, de différente façon. La direction qu’indique Dauna, est celle de se comporter plutôt comme un objet du monde. Des choses apparaîtrons, surgiront à nouveau en termes de rencontre. L’ensemble des choses dont on parle ici, c’est une série de rencontres dans la vie de Dauna. Y compris le papier peint, une rencontre avec les bruits que je peux faire sur mon corps et le rythme que je peux créer avec ça. Ça aura été des rencontres pour elle. Il y a des rencontres qui vont ouvrir de nouvelles voies, donc occuper à la fois des fonctions tout à fait essentielles de séparations toujours à renouveler. Ça n’est jamais une séparation une fois pour toutes, l’autre n’est jamais traiter une fois pour toute. 10 Ethel Peeters Les personnes qui faisaient exception pour Donna on consenti à être utilisé par elle plutôt pour un objet. D’objet tel qu’elle appelle ça objet cad des personnes qui dans leur façon d’être arrivent à ne pas surgir comme une gifle. Qu’est ce qui surgit comme une gifle est dès qu’on lui veut quelque chose. N’avons-nous pas tous.tes un rapport objetalisant au monde. Les objets sont aussi bien des objets ou d’autres qui prétendent à être objet. Il y’a des régimes de circuits qui co existent et qui ne s’annulent pas les uns les autres. Un objet nommé par Donna est Willy. Willy est un personnage, il est Donna et en même temps il va avoir une existence en dehors d’elle. Willi « surgit » de Dauna, il sort de son imagination, mais ce n’est pas Dauna. Car Willi est capable de choses dont Dauna n’est pas capable, interagir avec le monde. Willy devint mon incarnation extérieur. Mon préposé aux affaires étrangères. Une créature au regard flamboyant de haine, à la bouche pincée, aux poings serrés, arborant une posture à la rigidité cadavérique ». Willy c’est le gars où quand il surgit, l’autre se calme. Willy surgit comme invention subjective, il l’extrait de ce qu’il y a d’impraticable dans le monde, celui qui va « se batailler » avec l’autre, le monde, c’est Willy. « Rien que par la façon dont il est là présent. Il tape du pied et crache à la moindre contrariété » pas facile avec Willy. « Mais cette affectation de haine absolue devient la pire des armes ». Donc Willy très clairement occupe dans son surgissement pour Dauna dans le contexte dans lequel il surgit, une fonction celui de préposer aux affaires étrangères. Willy va insulter, se débattre, crier contre le monde pour s’en défendre à travers le corps de Dauna, ce que Dauna ne pouvait pas faire. Mais son invention subjective a été difficile pour elle, car elle ne l’a pas aidé, elle ð Pas un faux self (ou il n’y a pas d’implication du sujet dans son faux self), ici c’est une invention subjective, ça vient parler d’elle, son mouvement c’est ses inventions ð L’invention subjective n’est pas un passage à l’acte : le passage à l’acte à pour but de s’extraire du monde, de sortir de la scène du monde. L’invention subjective s’accompagne dans la scène du monde, c’est un surgissement d’un nouveau points d’appuis, ou de la consolidation d’un point d’appuis 11 Ethel Peeters - La fascination pour le papier peint comme manière d’interagir avec le monde « objet » - Le bruit avec le menton (bruit assourdissant) comme manière d’annuler la demande, l’intention, le désir porté par la voix ou la présence de l’autre - Willy comme manière d’aller se défendre contre la violence et l’arbitraire du monde, il vient se mettre entre Dauna et la violence monde ð Ce qui est central dans la question de l’invention subjective c’est la séparation, la mise à distance avec le monde, mais pas s’extraire du monde. Elle reste engagée sur la monde mais pas dans la manière dont il lui est impraticable d’être engagée, elle trouve des moyens (des inventions subjectives) pour rester sur la scène du monde mais tout en mettant à distance la violence de l’autre. Là où Dauna était juste l’objet de quelque chose d’énigmatique, d’une violence pure, qu’elle arrive juste à nommer comme la gifle. Là où elle est assignée à cette place d’objet, Willy par la fonction qu’il occupe va opérer une sorte de renversement. C’està-dire que le temps 2 ne va plus être celui de la sortie de scène, le temps 2 va être celui de la bataille/bagarre avec l’autre. Ça ne va pas rendre les choses faciles pour Dauna et pour les personnes impliquées dans sa vie, sa mère, ça ne va pas être facile. Mais en même temps c’est une opération qui permet à Dauna d’expérimenter autre chose, que d’être simplement l’objet de cette violence permanente. Donc là au fond, on a potentiellement des marges de manœuvre. Car elle soutient une position qui ne la pousse pas seulement au passage à l’acte en tant que sortie de scène, mais qui fait exister l’autre. Elle fait exister l’autre, c’est l’autre de la bataille. L’autre est d’abord violence au lieu de l’arbitraire. Donna témoigne qu’elle n’attribue pas ça à la cause provoquée par quelqu’un d’autre. Chacun.e jouait donc à sa façon sa partie avec des points praticables. « qu’il serait bien hasardeux, d’affirmer que ce fut la brutalité de nos rapports familiaux qui m’a faite comme je suis » La question n’est pas de se poser qui est responsable, chacun joue sa partie Exemple des toxicomanes : invention subjective pour faire face à la violence du monde à un moment donné. Mais toutes les inventions subjectives ne sont pas toujours « bonnes », mais on s’en rend compte dans l’après coup -> Dauna qui se rend compte 12 Ethel Peeters que Willy à rendu les choses très difficile dans l’après coup, le toxicomane qui se retrouve avec un « traitement » (la drogue) qui vient faire ravage. C’est le traitement qui pose problème Réflexions : ð Faut-il priver le sujet d’un paris du travail du sujet ? chacun à son rapport au monde, son rapport au corps, il n’y a pas de recette pour faire avec, chacun crée des inventions subjectives pour y faire face, et c’est souvent ces inventions subjectives, qui ont initialement une fonction de traitement, qui vont causer des ravages plus tard, et qui vont être la raison de la demande d’aide ð En institution il faut venir soutenir les inventions subjectives, car vu de loin, on peut avoir l’impression que l’autre se déconnecte du monde, mais lorsque qu’on regarde de plus près, l’obsession du papier peint lui permet de se connecter au monde. Les lacunes de ces inventions subjectives vont pousser à en crées d’autres, et créer du mouvement, le manque crée le mouvement. En institution le travail que l’on réalise est un pari sur des offres, des propositions, des choses qu’on met en place, et on ne sait pas si ça va accrocher ou pas. ð Il n’y a pas de eux et nous, on a tous nos dynamiques singulières qui interagissent de manière singulière avec d’autres dynamiques singulières. On ne peut pas prétendre comprendre les modalités subjectives des autres car ce serait les interpréter avec nos modalités subjectives ð Invention subjective = mécanisme de défense ? plus ou moins ð La cuisine : autre chose que la satisfaction au besoin, relève d’un circuit subjectif. ð Métaphore de l’inconscient : passage sur une autre scène à partir de ce champ de satisfaction. La Jouissance fonctionne sur le mode plus et encore plus, il trouve ses modalités d’inscription dans des circuits. Raison du passage en institution : - La personne est prise dans un trop - Dans un pas assez (il reste un manque alors que l’objet de satisfaction est atteint) - Le laisser tomber 13 Ethel Peeters ð Fonction des institutions au regard des inventions subjectives (de la jouissance) : question à se poser, est ce que ça à une fonction pour le sujet. Passage à l’acte: surgissement d’un phénomène et l’on découvre dans l’après coup que ça a eu un rôle de mise à distance, d’extraction et séparation. Ce qui est le point commun avec les inventions subjectives. Sortie du sujet de la scène du monde = passage à l’acte qui peut se présenter comme l’ultime recours. L’invention subjective ne s’accompagne pas d’une sortie de scène. Ces trois termes : mise à distance, d’extraction et séparation ne veulent pas dire exactement la même chose. Nous devons les voir dans une logique de cas par cas. S’appuyer sur le surgissement de Willy permet de ne pas sortir du monde et se préserver des signes annonciateurs de la présence de l’autre. Willy surgit pour dire « fuck you ». En ça, ce n’est pas Donna, elle ne dit pas des choses comme ça. Donna est très lucide que dans l’après coup c’était dure pour les autres mais pour elle aussi. La présence de l’autre était rendue encore plus difficile. Pas de disparition du sujet et de la scène elle même. Continuer à évoluer sur la scène du monde et continuer à en mobiliser les matériaux. Si y’a circulation c’est du fait du sujet. Le suicide est le seul acte qui pour l’être humain réussi. Il n’est pas rare de rencontrer des tentatives de suicide qui soit de l’ordre de sortie de scène. L’euthanasie est mobilisé les éléments sur la scène du monde et ne pas faire disparaitre la scène. Bien souvent la partie que les gens jouaient était une partie dans laquelle tenait une place centrale : gentillesse, compréhension et l’amour. C’est qui fait lien social. Ce qu’un sujet entend, vit, met en pratique du côté de l’amour n’est pas du tout la même chose que ce qu’un autre va vivre. Saisir comment avec elle, on peut saisir une logique d’accompagnement qui ne se met pas du côté des causes. Il n’est pas sûr qu’un jour on ait la clé de la clé. Les inventions, les attentions, les désirs comme les espérances des gens tout ce qui tourne autour du donner et recevoir est étranger pour Donna. C’est tout ce qui est connecté au registre de l’énonciation. Du côté de la psychopathologie, il existe une branche qui considère le dialogue à tout objet possible, certains bénéfices sont possibles d’être tirés pour des sujets atteints. Les humains ont la capacité d’être saisi 14 Ethel Peeters par ce qui fait fonctionner une adresse. Cela fait surgir une sorte de violence qui se décale de la logique pure du passage à l’acte : Zenoni, du côté de l’incompatibilité avec la vie ou de l’incompatibilité du lien social. Il s’agit juste de se demander dans notre façon de ce qu’on propose en clinique, se mettre à coté du sujet, qu’est-ce qui risque de pousser le sujet hors des marges du lien social ou du coté de ce qui peut le mettre en danger ? Il faut prendre en considération les inventions du sujet, même si elles sont hors des façons de faire habituelles, elles sont passionnantes avec sa charge de réel. On ne peut résorber le côté jouissance des corps, coté qui se déchainent, comme inhérent à la condition humaine et ce qui ne fera pas de nous des machines, même s’il y des implants techniques. L’invention peut permettre donc une connexion au monde tout avec une possibilité de séparation, qui trouve sa place dans la structure même du sujet. D’autres inventions s’accompagnent du manque, qui crée un élan et du mouvement. Lacan préfère le terme accompagnement au terme thérapie. La notion de problématique, selon freud, est plus connecté à la population clinique, catégorie mais au fond c’est l’ensemble des fils, de la trame, qui fait la dynamique singulière de quelqu’un. Ici, soutenir la parole est une chose centrale. Certaines modalités de séparation semblent liées à quelque chose de bien plus inscrites dans la société tandis que d’autres beaucoup moins. La dimension de l’intention qui est au moins connecté d’abord à la question de l’Autre. Ce demander d’abord ce que veut l’Autre. C’est une condition à la vie d’être investi par les intentions de l’autre. Freud a un moment considère qu’il y’a quoi qu’il arrive un trognon insymbolisable. Ce qui a très vite intéressé Lacan est ce trognon. C’est là que se trouve l’affaire. Découvrir dans l’après coups, les fils de l’histoire. Ce trognon est ce avec quoi le sujet tente de faire avec. On tente de symboliser dans l’après coup. Il y a toujours quelque chose de non symbolisable, on doit faire avec, ça crée le manque. Toujours le manque comme tel 15 Ethel Peeters au départ de ce qu’anime le sujet. Il existe des voies qui mettent en permanence le sujet comme objet de la jouissance de l’Autre. Pour donna la connexion à l’autre est dans la répétition. Les inventions peuvent devenir problématiques. Il y’a des logiques de passages à l’acte tout à fait opérantes pour le sujet. Dans tout symptôme, dans toutes inventions subjectives il y’a quelque chose de fondamentalement non dialectisable qui est incompatible dans le rapport à l’autre il vaut mieux en être averti. On ne se traite pas par la parole. Lacan a posé sur concept de jouissance en le situant au plus près du concept de pulsion de corps de Freud. Freud s’est un peu emmêlé les pinceaux. L’être humain a un champ de satisfaction assez paradoxal. Le rapport à la chose passe sur une autre scène à partir de ce champ de satisfactions. La jouissance fonctionne sur le monde plus et encore plus. Elle trouve des modalités d’inscription notamment dans des circuits. « Ma mère utilisait sa virtuosité verbale pour lire à toute vitesse des romans de séries noirs » Elle parle de la passion de sa mère pour la lecture Une nouvelle invention subjective surgit : elle trouve une nouvelle forme d’objet, les bottins téléphoniques. La question est pourquoi elle s’y intéresse ? On a tous une lecture subjective des choses, chacun y trouve son intérêt. Pour Dauna, c’est le classement. Un enfant peut lire un livre sur les races de chats parce qu’il trouve les chats mignons, Dauna s’y intéresse pour leurs classement. Il y a toute un monde de connexions possible aux autres qui s’ouvre à elle dans le bottin téléphonique Elle s’appuie sur quelque chose qui lui parle, la connexion de sa mère aux objets livres, pour elle-même s’engager dans un rapport avec une des versions de cet objet, chargé de la dimension du classement. Ceci lui permet un accès à « l’univers scolaire » 16 Ethel Peeters Les romans ça la dépasse, elle ne comprends pas : Ce qui est chargé d’intentionnalité de désir, même dans les livres, déclenchait Willy. Le bottin, (l’ordre, le classement) lui à permit une ouverture à la lecture sans se prendre une gifle, la violence incompréhensible et arbitraire du monde, à savoir tous ce qui concerne l’affectif, le relationnel (dans les romans) qui lui sont énigmatique. Pour Dauna la dimension du désir c’est précisément ce qui fera qu’elle ne pourra pas s’accrocher. Avec le bottin, par une sorte de vidage de la dimension du désir, elle arrive au fond à s’engager sur une voie où les portes qui s’ouvrent sont celles des apprentissages. Ca lui à permit une ouverture sur le monde, mais pas tout, des choses lui restent inaccessible, mais elle découvre le monde à travers le classement. Elle explique les choses à travers le classement, dénué de toute composante affective. C’est une façon de faire parmi tant d’autre pour entrer en relation avec le monde, sa compréhension, mais peut-être pas la plus habituelle. La marginalisation se fait dans la manière dont l’autre n’accueille pas les autres façons de faire. Comme dirait Jacques Allain Miller, les seules prédictions que nous pouvons faire dans notre champ, ce sont les prédictions après coup. Après coup on fait le constat que ça aura eu un effet de rencontre, que ça aura changé quelque chose dans sa vie, ça aura fait surgir un objet qui soit la préserve de toutes ses histoires humaines incompréhensibles, effrayantes, impraticables, mais en plus ça l’a connecté à quelque chose : créer un mouvement chez elle. Les annuaires cela ouvre la porte à quelque chose d’extrêmement précieux, y compris dans le monde, dans le social : ça annule complètement la présence de l’autre et c’est structuré par ordre alphabétique, par ordre. Ça l’introduit à la dimension de l’ordre et du classement. Dimension qui est dans les réalités humaines, ça fait partie des choses essentielles, qu’on rencontre tout le temps, qui sont extrêmement valorisés dans les sociétés. Ça lui ouvre la porte des apprentissages. Il y a les portes plu standards, plus en phase avec le temps dans lequel on se trouve, ce sont plutôt les portes qui passent par les petites histoires. « Je me passionnais pour les classements et les collections en tout genre » on voit le chemin à partir de sa rencontre avec les annuaires téléphoniques, elle a à la fois la possibilité de se préserver de ce qui pour elle reste énigmatique et impraticable. Tout 17 Ethel Peeters en se connectant cette fois à quelque chose qui finit par la passionner, dans un élan de l’ordre et du classement. Et à peu près tout dans le monde, on peut l’aborder du côté de l’ordre et du classement. C’est le monde qui s’ouvre à elle. ð Classer le monde lui a permis d’interagir avec lui, de se connecter à lui du côté de la vie. Elle réduit le monde à des objets classables, ce qui lui retire toute sa dimensions violente et arbitraire, lui retirer sa dimension vivante lui permet de elle vivre dedans. ð Ces précédentes inventions subjectives (papier peint, bruits sourds, Willy) ne lui permettaient pas vraiment de vivre, celle du classement oui, car ça l’anime. Ce n’est plus juste pour se défendre, se préserver, des autres et du monde, car elle trouve dans le classement un réel intérêt, il va être vecteur de mouvement, d’élan, qui va se positionner du côté de la vie. C’est ce qui va lui permettre de s’engager dans la vie (l’enseignement) pendant quelques années. ð Elle a fait des études en linguistiques par après, ça lui a permis l’accès au langage car ça lui a retirer tout son « sens », ça lui a permis de « classer » le langage, de se saisir du langage comme un objet. Elle a démonté le langage pour en saisir les mécanisme, pour ensuite classé les matériaux. Se saisir du langage comme un objet: le démonter, le classer,… des voies extraordinaires pour Donna et plus compliqué pour d’autres. ð Mais les inventions subjectives, la jouissance (le trop), est aussi le symptôme, ce qui mène en institution → L’une des caractéristiques des invention subjective : S’appuyant sur Freud et se libérant de Freud en même temps. Lacan a proposé d’envisager sous le nom de symptôme c’est ça aussi, repérer l’une des fonctions de ce qui est susceptible de faire symptôme pour le sujet. Et qui à avoir avec la coupure, la déconnexion, l’extraction, tout en servant de support, point d’appui à un circuit pulsionnel, pour tous sujets. Au fond chacun et chacune ces modalités de coupure, d’extraction, qui servent en même temps de support et points d’appui à une série de circuits pulsionnels. 18 Ethel Peeters Elle explique et reprend la métaphore de l’annuaire. L’annuaire, pour désigner le décours du monde, « l’annuaire devint la salle de classe la plus impersonnelle et la plus commode que j’eusse jamais trouver. » Le monde devient praticable, habitable, ce n’est plus juste la gifle. C’est un repère fort et éthique, politique aussi, fort quant à l’orientation dans la clinique. C’est-à-dire comment accompagner des sujets dans la possibilité de surgissement d’inventions qui au fond traitent le monde de manière telle à le rendre praticable. Plus à ce moment-là la question de la norme sociale ou statistique, c’est la question de la praticabilité. Dans les espaces publiques, dire « tu prends les autres pour des objets » n’est pas très bien vus. Alors que l’autre est toujours un objet dans le circuit pulsionnel. Une mise à l’écart de ce surgissement possible de la violence et l’arbitraire. ð Pour interagir avec les personnes, elle doit aussi les considérer comme objet. ð C’est la même pour tout le monde, chacun investi les autres sur un mode objet investit par ses propres circuits pulsionnels, dans ses propres modalités de rapport à l’autre, au corps (le rapport à l’autre implique TOUJOURS un rapport au corps et inversement). ð Pour Dauna c’est une condition pour que les rapports aux autres soit possible, mais dans une certaine radicalité. Il y a une mise en parenthèse de l’énonciation de l’autre. L’autre doit être prévisible, il ne doit pas y avoir de surgissement de cette violence, de cet arbitraire. ð Pour Dauna faut être prévisible, mais tout en ayant une consistance. Il faut y être mais avec une fiabilité, qui ne trahi pas, l’enjeux est de maintenir une présence qui ne trahi pas le sujet, notre engagement à ses côtés. ð Elle parle de cet appel là comme quelque chose de présent et dominant dans sa vie. « Je voulais m’instruire, accumuler du savoir » c’est donc devenu un réel élan pour elle. Parler de manière indirecte. Se promener seule et raconter des choses qui paraissent aux autres comme « c’est quoi ça? ». Parler aux murs il n’y a rien d’extraordinaire. Donna dit qu’il n’était pas rare qu’on la prenne pour la délirante. Pour elle, être la 19 Ethel Peeters délirante était ce qui lui permettait de communiquer avec les autres. Mettre en œuvre le parler indirect, le mettre face au monde. Donna dit avec beaucoup de finesse: « tout le monde procède de cette façon jusque’à un certain point dans l’expression des sentiments… mais moi je ne m’engageais et me compromettait…». Etre dans le monde n’est pas sans risque, car sur la scène du monde, il y’a l’autre. Alléger tous les discours quelqu’ils soient du coté de la face: tu dois, il faut,… chez l’être humain, tous les discours ont tendance à se retourner comme une imposition pour que tout le monde fasse comme nous. La clinique c’est soutenir un espace praticable, ou chacun.e trouve sa place et chez l’être humain c’est la politique. Par exemple, ce n’est plus exactement de l’ordre du passage à l’acte, mais quand même une pratique qu’elle va mettre en place et nommer elle-même celle du discours indirect. Donc aussi une façon de se déconnecter, d’annuler, de tenter de mettre entre parenthèses les signes de l’énonciation de l’autre et de la sienne propre en retour, mais en restant sur la scène du monde, avec encore cette même logique à l’œuvre dans sa façon de faire avec le monde. ð Invention subjective, le discours indirect (Willy) ð On l’appelait « la délirante », car elle tenait des discours sans queue ni tête ð Il n’y a pas moyen de dire le cœur de ce qui nous anime si ce n’est par le discours indirect Est ce qu’on peut partir de l’idée que pour les êtres humains être là dans les différents espaces c‘est fondamentalement impraticable ? Oui; Le degré d’impraticabilité est essentiel dans l’accompagnement. ð La clinique c’est soutenir un espace qui soit praticable pour tout le monde, ou chacun a sa place = politique ð Est-ce qu’on peut partir du principe que pour chacun, dans sa singularité, être dans ces espace c’est impraticable ? oui, il ne sont pas fait pour la singularité de chacun -> il faut soutenir la légitimité à se plaindre du monde, lui trouver un lieu d’accueil ð On est fou qu’au regard de la norme sociétale et de la culture (la place) dans laquelle on est 20 Ethel Peeters ð Il y a des degrés d’impraticabilité (dans le lien social et dans le monde), ça va orienter notre accompagnement L’être humain est désespérant. La capacité à produire des nouvelles normes qui ont un effet libérateurs deviennent très rapidement des chaines. Les espaces démocratiques sont précieux et fragiles. Ils permettent de faire surgir des nouvelles façons d’accueillir. Dès qu’on parle, soit même on produit. Dans l’après coup, qu’on voit les dynamiques dans lesquelles se trouvent le sujet. Saisir les coordonnées ce qui a poussé le sujet dans les dynamiques, d’un côté ou de l’autre. Après coup, on découvre ce qui a été pour ce sujet en particulier a plutôt été un terrain fertile ou l’a poussé du coté du passage à l’acte. ð Invention subjective et passage à l’acte comme réponse à l’impraticabilité de la scène, mais comment on va plutôt vers l’un ou vers l’autre ? on ne le sait qu’APRES-COUP, on ne comprends que la dynamique par après, qu’est ce qui a fait passage de l’un à l’autre La dépression est le mal du siècle, qui est le produit des discours qui disent que ça va aller. La première chose qu’on traite est l’autre, pas le sujet. Un aménagement du lieu en terme de praticabilité. Quand on a décidé d’accompagner un sujet, c’est celui qu’on accompagne. On est pas là pour sauver le monde. Donna fait usage dans la langue de la troisième personne pour parler de certaines choses, il y’a une forme d’extériorité qui est nécessaire pour aborder certaines choses. « Tout le monde est fou et délirant » la construction du savoir c’est ça. Des discours qui ont une grande fragilité interne. Les démocraties ne sont pas solides. Donna dit « et pourtant les discours indirects avec pour moi une valeur de prose » : elle voit son lange comme un objet. La linguistique a permis à donna de faire du langage un objet. Ça lui a permis aussi de faire d’autre rencontre, elle a rencontré la musique. Elle donne comme titre à un des chapitre « la musique, ma passion ». Elle va saisir à sa façon un objet du monde. 21 Ethel Peeters Il y’a différente façon de saisir de la musique: il y’a le coté des émotions mais ça n’intéresse pas Donna. Ce qui l’intéresse c’est l’horlogerie mathématique. Possibilité de respiration - le droit de se libérer des intentions du monde. « L’égoïsme ordinaire du premier venu faisait vole en éclat mon sentiment de sécurité, et mon équilibre. » sous couverture d’une façon d’être en étant altruiste on ne met en oeuvre quelque chose qui nous fait à nous. Quand je veux le bien de l’autre, c’est mon bien que je veux, on est profondément égoïste. C’est ça l’égoïsme ordinaire. Égoïste sous le masque de l’altruisme. Quand on souhaite aimer l’autre, on veut surtout être aimer que l’on souhaite. → L’égoïsme ordinaire : dans un élan d’altruisme (être chaleureux, prendre les gens dans les bras, le bisous, c’est ne pas être froid) on ne met en œuvre que sa propre satisfaction. Ce sont toutes les formes d’égoïsme ordinaire socialement partagé. Qui a l’occasion pour certains sujets et clairement pour Dauna font juste voler en éclat son sentiment de paix et de sécurité. 1) Violence de l’autre sous le masque de l’altruisme (égoïsme ordinaire) 2) On lui dit que son comportement est problématique Ça veut dire que c’est parfois dans de petites choses que l’on peut régler sa place/position avec des sujets, par exemple dans notre travail en institution en prenant en compte aussi la dimension physique corporelle de notre présence. L’usage de l’ironie qui s’appuie en fonction d’une adresse, traite quelque chose de la violence de l’autre. Ça construit de l’autre. Ça construit un autre plutôt ridicule, plutôt idiot. Le rire que Donna ( et en même temps ça n’est pas drôle) provoque dans sa manière d’épingler quelque chose de l’autre qui est à la limite de la caricature= qu’est ce qu’on peut être con. Cours de philosophie: « je somnolais continuellement yeux ouverts ou fermés » ça parlait de choses pas appréhendable pour elle. Le professeur en a conclu qu’elle était une imbécile sans espoir. En ça il l’a propulse en dehors de la scène du monde. 22 Ethel Peeters Cours de linguistique: La linguistique rend le langage objet et c’est un élan. Dans la clinique, il faut faire attention aux élans. Les modalités de traitements prennent toujours du traitement. L’élan peut devenir un problème. L’élan peut s’emballer. Dans l’accompagnement, s’intéresser à ce qui intéresse le sujet est dangereux car il ne faut pas s’emballer. Ne pas accompagner le sujet avec un discours qui serait un pousse à quelque chose. Elle va rencontrer le langage, elle va aller à la rencontre du langage. Elle va faire la linguistique. Il faut aller à la rencontre du côté de quelque chose qui offre peu de repères imaginaires. Des choix subjectifs lié au style de chacun, à ce qui peut faire rencontre ou pas. Ce qui fait rencontre pour elle, c’est le langage vidé de tout ce qui a avoir avec la dimension du sens, de la signification, des histoires que l’on se raconte, … ð Elle voit le langage comme un objet démontable et classifiable, ça lui permet un élan. Mais attention, l’invention subjective peut-être ce qui mène en institution. Il faut donc accueillir la fonction sans trop s’emballer. Il faut pas aller dans le trop. Dans une logique d’après coup, si on s’arrête sur son rapport à la linguistique, c’est un point d’appui fort qui lui permet un rapport au langage dont tout le monde n’est pas capable. Passion très mobilisatrice, qui ne disparaît pas, lui permet un engagement dans les schémas, les diagrammes, démonter/ remonter le langage, tout sujet n’est pas capable de ça. C’est là où se loge le plus singulier de ses difficultés fondamentales avec le monde. Chacun ses difficultés. La rencontre avec le monde est fondamentalement une difficulté. Donc chacun ses circuits et les circuits qui se sont peu à peu construits à partir d’une série de rencontre, chez Dauna s’appuient sur quelque chose de très commun : ces modalités de mise à distance, d’extraction, c’est tout être humain, mais quand même assez radicale. Il y a une certaine radicalité, mais c’est aussi ça qui fait le succès de sa position, qui fait qu’après-coup elle peut se dire j’ai bien fait de ne pas lâcher. Et elle arrivait à faire des choses tout à fait remarquables comme l’obtention d’une bourse. 23 Ethel Peeters → Des inventions subjectives peu compatible avec le lien social, rester des heures face à du papier peint, c’est compliqué en termes de compatibilité avec le lien social, vont petit à petit céder la place à des inventions subjectives, plus que compatibles avec le lien social. Des gens passionnés et compétents pour monter et démonter dans la logique pure, ce sont des gens après qui on court. Pas si évident de pouvoir mobiliser pas seulement des capacités intellectuelles mais aussi une dynamique d’investissement qui fait que ça puisse devenir une passion. Une invention subjective : définition large = manière d’être au monde. → Pour pouvoir parler d’invention subjective il faut s’intéresser à la façon d’être au monde, c’est-à-dire le style du sujet, s’y intéresser, ce que l’on repère dans ce que Dauna peut nous dire de ce qui se passe pour elle. C’est qu’au fond, il y a des choses déterminantes qui surgissent à certains moments de son existence, qui ont avoir avec l’introduction d’une coupure, d’une séparation qui permet de faire lien. C’est ça qu’on va pouvoir appeler invention subjective, c’est là que trouvera sa consistance clinique ce concept d’invention subjective. L’extraction porte sur tout ce qui a avoir avec dans le langage, avec la dimension volonté de l’autre, les histoires qu’on se raconte, toutes ces choses qui sont une sorte d’envahissement énigmatique, avec quoi elle ne sait pas trop faire. Au fond ça permet un rapport au langage, qui actualise cette séparation, mais en même temps ça la connecte à un objet, le monde que je classe, que j’ordonne, … → La notion de logique subjective, inclut évidemment de repérer ce qui fait invention pour le sujet et aussi ce qui très concrètement dans les aspects du quotidien de la vie de quelqu’un, repérer ce qui est de l’ordre des circuits pulsionnels, des modalités de rapport à l’autre. Donc tout ce qui constitue à la fois ce que rencontre le sujet dans son existence, ce qu’on rencontre c’est déjà pris dans nos circuits pulsionnels. Un sujet insensible à toutes formes d’insultes, la notion d’insulte ne lui parle même pas. Il ne va jamais rencontrer une insulte. Il faut que l’insulte soit déjà prise dans potentiellement nos circuits subjectifs pour qu’on puisse rencontrer une insulte. Donc c’est ça la logique. C’est plus globalement quels sont les circuits en termes de modalités de rapport à l’autre, au langage, au corps, tout n’est pas invention. Cours de musique: par le biais du piano fait de la musique un objet. 24 Ethel Peeters Le monde reste compliqué C’est quoi les psy? Elle rencontrera une psy avec qui ça va accrocher, ça va bien se passer. Cette psy en question est psychiatre, elle prescrit. A un moment, elle prescrit un médicament. Elle donne la prescription à Donna. Donna a ouvert le mode d’emplois du médicament et voir dans quelle classe ce médicament se trouve. Médicament qu’on donne habituellement dans la schizophrénie, Donna a très mal pris cette information. Elle l’a entendu comme une assignation. Elle rompt avec l’insupportable de l’assignation. L’invention n’est pas un truc qu’on voudrait qui se produise. Elle parle de son anniversaire et du fait qu’elle fait une soirée. Elle se mobilise à faire avec ses propres élans. Elle invite Tim et Karen. Ce sont des personnes qui prennent une place dans l’existence de Donna. Ils font ce truc habituel qui est de prendre leurs verres de vin et de dire « heureux anniversaire ». « La scène tout entière commence à se dérouler, donna était debout pétrifiée, j’en gardais la bouche d’émotions. Il me suffisait de penser que j’étais relativement normale pour qu’une de mes initiatives s’abatisse » heureux anniversaire est la contraction de nous te souhaitons un heureux anniversaire. ↪ On n’en sait rien de ce qui fait surgissement pour un sujet. Donc fondamentalement ce qu’elle explique dès les 1er ligne de son témoignage, c’est le fait qu’être à la place d’objet de l’intérêt de l’autre est absolument impraticable pour elle. Y compris et surtout lorsque l’autre est plutôt bienveillant parce qu’au fond tout ça relève de l’égoïsme ordinaire de l’autre. Ce qui se passe dans cette scène a l’air tout à fait banal, quelqu’un dit Heureux anniversaire et c’est juste l’actualisation, quand on prend les choses sur le plan de la logique, la logique de tout ça c’est de la mettre à la place d’objet de la volonté, du souhait de l’autre. Ça ne fait au fond que rejouer quelque chose de la structure et de ce qui dans la structure, c’est impraticable, ça lui revient en pleine figure. 25 Ethel Peeters La fin du témoignage est une partie ou donna explique comment les psy devraient faire. Elle résume ce qu’elle a déjà déplié, elle classe et ordonne les conseils a donner aux psy. Par exemple, accepter le bavardage, qu’il n’y’ai aucune information émotionnelle. Elle dit: les programmes par ordinateur devraient être. Faire entrer l’ordinateur comme une modalité de traitement. Pour les être humains, il n’a pas de technique pour comment faire avec la vie mais on peut faire des propositions Résumé : Paris du sujet : c’est quoi un sujet ? c’est ce qui se produit dans la dynamique, dans le rapport à l’autre, à l’objet, au corps, au savoir, LES savoirs qui émergent de la relation, des suppositions de savoirs … La manière singulière de ce à quoi est confronté le sujet dans son rapport à l’autre, sa symbolique, … Le sujet n’existe pas sens l’autre. => postulat éthique : vivre ensemble c’est mettre en place l’accueil. Donc le sujet c’est ce à quoi est confronté le sujet et ses façons singulières d’y répondre. La réponse est comprise comme l’invention. Le sujet n'est pas attrapable, il est dans une dynamique, le sujet est la réponse, qui elle-même est dynamique. Et dans l’autre il y à la dimension d’accueil de la réponse. Ce qui intéresse c’est ce qui fait la singularité du sujet qui est « sensé » appartenir à un groupe. La société nous pousse à parler en terme de « groupe d’individus » qui sont sensé vivre les mêmes choses, comme « les autistes ». Son discours est personnel, par son récit elle se distingue du groupe du quel elle est supposé appartenir. Elle ne généralise pas, elle situe chaque évènement comme ce qu’il s’est passé à une moment précis. Ca fait d’elle une clinicienne. Au fond, c’est imminent personnel, pas de généralité. C’est une tendance qui est très présente dans les espaces sociaux dans lesquels nous vivons : mise en avant du sujet, et en même temps le tout le monde. Ce qui nous intéresse ici est d’un autre ordre. C’est essentiel. « Parler moi de LA personne que vous avez rencontrez ». Ça ne veut pas dire que nous faisons usage d’aucun savoir mais nous faisons usage d’un savoir supposé. Le savoir supposé permet de le connecter à la logique singulière 26 Ethel Peeters du sujet. C’est un savoir sur la structure, ce à quoi on est confronté lorsqu’on tente de savoir ce qui pèse dans l’existence de ce sujet. ð Métaphore de la boussole : nous indique vers ou on va, mais n’indique pas ce qu’on va y trouver. Lacan : L’être humain construit le monde à son image, d’où la construction du savoir, d’où la force du discours scientifique. Lacan le voit comme une forclusion du sujet, donc le sujet en dehors du champ. Donc avoir des méthodes qui font avancer la science, il faut avoir des méthode qui se passent du sujet (puisqu’il est hors du champ), donc hors de cette instance qui lit le monde à son image. La psychanalyse offre la possibilité de réintroduire le sujet en terme de possibilité de redécouvrir le monde. ð Le discours de la science permet de réintroduire le dimension du sujet grâce à la découpe au scalpel. ð Parfois pas évidant de faire le paris du sujet (ex : s’ils ne parlent pas) ð Dimension de l’après-coup dans la rencontre Ce qui est intéressant dans le témoignage de Dauna c’est son rapport au diagnostic, celui qui lui semble au plus près de ce à quoi elle est confrontée sans un faire un portedrapeau. La psychanalyse : idée qu’on est pas spécialiste, c’est s’intéresser à ce qui intéresse le sujet. Si elle s’intéresse à l’autisme, la question est de savoir COMMENT elle s’y intéresse, comment elle en fait usage, quelle place ça prend dans ses dynamiques Toute sa vie on l’a traité « d’ovni », et ces personnes sont celles qui lui ont dit comment se comporter en société. Ceci nous donne une vision précise de la dimension de l’accueil, et ce qui est en jeu dans cette dimension de l’accueil ce n’est pas l’accueil de l’individus dans sa « globalité », c’est l’accueil sur un plan, dans une dimension, avec une orientation. Ça n’a pas de sens « d’accueillir une individus dans sa globalité ». Dauna est accueillie sur le plan de ce qu’il y a de plus compliqué à accueillir, ce qui est le plus singulier, le plus difficilement partageable. Témoignage de Donald 27 Ethel Peeters Le pari du sujet, c’est l’invention alors le sujet est l’invention. Le même tapis dans lequel le sujet se prend les pieds. L’autisme n’est pas notre thématique, mais notre thématique est bien celle des inventions subjectives, de la manière dont chacun de nous à notre façon selon nos circuits pulsionnels nous répondons de façon singulière à ce à quoi nous sommes confrontés. ð On touche à la dynamique singulière de chacun, c’est quelque chose qu’on a tous ð Ce qu’on peut envisager comme « la catégorie de l’autisme » peut-être rattaché à certaines dimensions de la condition humaines, comme par exemple les signes de la dimension de l’autre et l’effet que ça peut avoir (l’angoisse que ça suscite). On peut voir ça comme une dimension autistique propre à la condition humaine. Kanner a remarqué qu’il jouait avec les perles de différentes tailles, on lui a fait remarquer qu’au fond il est fréquent que Donald dépose ces perles selon un même ordre, même si la logique de cet ordre n’est pas identifiable. Ce que la curiosité de Kanner lui permet de découvrir grâce au père de Donald, ils se questionnent et quand le père de Donald a offert ces perles à Donald il avait déposé les perles en disant : voilà il y a ceci et cela, … dans un ordre. Et c’est cet ordre que Donald a repris comme ordre des perles. ð La clinique est toujours une clinique du détail, si on parle des choses de manière « grande », on s’éloigne de la clinique Dans les façons de faire de Donald qui sont présentes du coté du classer et ordonner ses perles. Ce coté dans le détail, très anodin va se révéler dans l’après coup du coté de la réponse pour Donald. La clinique ici, est la clinique du détail, des petites choses. Dès lors qu’on utilise de grandes formules, on s’éloigne de la clinique. Là ou on apprend les choses est du coté de la clinique du détails. ð Il ordonner des perles toujours dans un ordre précis mais on ne sait pas pourquoi. On se rends compte dans l’après coup que c’est comme ça que son père lui les as présenté la première fois => clinique de l’après coup 28 Ethel Peeters Les arbres généalogiques aussi bien sa famille que ceux des présidents des états Unis. C’est le classer ordonner qui compte, ce n’est pas l’attachement affectif à sa famille qui compte. Tout sujet ne témoignage d’un attachement affectif de la famille. ð Donald à un intérêt pour les arbres généalogiques (sa famille et présidents) : c’est le classer / ordonner qui compte, pas l’attachement à sa famille Ce que l’on va découvrir, c’est qu’au fond là se joue quelque chose sur quoi il va pouvoir s’appuyer. Il découvre le monde à travers une dimension qui est celle de : les choses peuvent avoir une place et on peut les ranger à leur place. C’est un abord du monde. Ce qu’il va se passer pour Donald, c’est une série de rencontre, comme la rencontre avec les perles, les textes presbytériens, les arbres généalogiques. À un moment, il va être placé en sécurité loin de tout risque de bombardement (1943). On va trouver un lieu à ces jeunes enfants comme Donald et il y aura tout un suivi avec l’assistance sociale qui viendra et prendra des nouvelles. Ce lieu c’est à la campagne. Mobilisation institutionnelle de personnes plutôt à la marge et on va tout faire pour que ces personnes ne soient pas à la marge, qu’elles soient juste dans le social et le social a juste à se mobiliser pour qu’elles trouvent leur place. Il se trouve dans ce lieu avec un couple de fermier, l’assistante sociale dans ses notes dira que ce couple arrivera à donner des buts aux lubies de Donald, il y a aura un accueil possible de choses vraiment impossible à accueillir. En institution c’est plutôt du côté de l’impossible à accueillir. Ce qui se joue du côté de l’objet, du côté de ce que l’on met en jeu c’est ce qui est impossible à accueillir, inassimilable, d’abord par soi-même. C’est ce qui nous est étranger, et puis pour l’autre. En institution la fonction sociale qui a avoir avec l’accueil en institution, c’est trouver une ou des façons d’accueillir ce qui est de l’ordre de l’impossible à accueillir, qui peut prendre des formes radicales du côté de l’incompatibilité avec le lien social et l’incompatibilité avec la vie qui sont là les points les plus extrêmes. La clinique n’est pas une question qui appartient seulement aux psychologues, nous n’avons pas une forme d’exclusivité. Le couple se rends compte que Donald s’intéresse aux animaux morts qu’il collectionne dans sa chambre, il y a un élan du sujet, il y a de la vie chez Donald. Mais 29 Ethel Peeters en terme de comptabilité sociale ça ne va pas. Ils auraient pu dire NON ça ne va pas et lui acheter des peluches (ce qui n’aurait pas fonctionné), mais ils ont plutôt dit NON MAIS OUI. C’est-à-dire qu’ils dissent non pour les animaux morts dans la chambre, mais oui pour dans un cimetière. Ils partent de la proposition du sujet, ce qui l’intéresse, ce qui l’anime => invention subjective sur base d’une proposition. L’acte permet d’accueillir ce qu’il y a de plus compliqué à accueillir Cela dit, ces « choses », ce sont des animaux mort. En termes de compatibilité avec la vie et compatibilité avec le lien social, c’est un peu compliqué les animaux morts. o Soit la réponse se fait du côté : je vais dans ce qui est plus courant, considéré comme plus normal, plus courant. Évidemment ça ne marche pas tout le temps et avec Donald ça ne marche pas. Le plus courant : je vais t’acheter un rat en peluche, mais pour Donald ça ne va pas. o Ce qu’ils ont fait c’est qu’ils ont signifié un : Non. Les animaux morts ça ne va pas aller dans ta chambre, ni à l’intérieur de la maison. Un non, mais oui, donc pas : Non et accepte autre chose. Un Non mais OUI. Donc ils ont fait une proposition en lien avec la démarche de Donald, qui est de trouver une place à chaque chose. Donc pour les êtres vivants mort, un cimetière, donc Non pas dans ta chambre ni à l’intérieur de la maison, mais oui dans un cimetière. Les fermier l’ont accueilli dans la création d’un cimetière mais sans lui imposer leurs vision de ce qu’est un cimetière. Il pouvait en faire ce qu’il voulait, ça lui a permis de s’en saisir et de commencer à s’y intéresser. Il a pu découper et classer des planches en bois. Puis il va poser de plus en plus de questions, entrer dans l’univers de la découverte de savoir, lire des livres sur le sujet -> c’est grâce au OUI connecté à ce qui l’intéresse. ð Ce qui est important dans la clinique c’est de faire des propositions en partant de ce qui est important pour le sujet, c’est ce qui va permettre au sujet de s’en saisir Donc il commence par ordonner, classer les tombes etc, noter les prénoms, l’espèce de l’animal (ce qui lui ouvre aussi les portes de la connaissance car ça demande de se renseigner), ensuite la date de naissance (né : date inconnue), date de décès (jour 30 Ethel Peeters où il a trouvé l’animal mort) et termine toujours par mettre le nom de famille du couple de fermier. Toujours en respectant l’ordre. ð L’éthique du sujet c’est dans l’après coup Cœur de la psychanalyse : la dimension de la satisfaction du corps, de la jouissance. Pas toujours simple avec la rencontre du social. Ce qui relève de l’élan chez les êtres humains n’a pas forcément une dimension d’être au service de l’espèce. L’espèce humaine à la folie au cœur de l’humanité. Être là où le plus impartageable a lieu, est partagé. Les partenaires comptent beaucoup pour lui, et à la place du nom de l’animal il va mettre le nom de famille des fermiers. Touchant, mais quand ça arrive en institution, il faut se méfier quand on est touché par des choses, car on risque de mettre de côté notre égoïsme ordinaire, par une dose affective qui nous appartient et qui n’appartient pas au sujet. Toujours mettre au travail nos propres façon d’être engagé dans le monde. Donald s’est intéressé aux rangs de mais, un comptage sans fin. Les fermiers lui ont dit de compter ceux qu’ils allaient labourer. Il a découvert comment diriger un cheval. Il est évident que les fermiers l’aimaient beaucoup et étaient gentiment fermes, le non mais oui. C’est pas dire oui à tout ce que souhaite le sujet, c’est être attentif à ce qui fait élan pour lui. C’est dire oui au désir. Le hasard a fait que ça a pu faire rencontre pour Donald. Si bien que Donald est rentré à l’école du village. Les écoles ne sont pas des lieux ou les particularismes des uns et des autres est mis en avant. La proposition dont Donald s’est saisit lui à permit l’ouverture à l’apprentissage à d’autres choses aussi, l’apprentissage de la ferme. « ils réussissaient à donner des buts à ses stéréotypes ». Par exemple il s’est intéressé aux champs de maïs par le comptage du maïs ce qui était sans fin. Les fermiers lui ont proposé de compter les ranger de maïs qu’il allait labourer, pour faire ceci il a donc dû aussi s’intéresser au comment labourer. Ca change sont monde de comptage, d’un comptage sans fins, sans but, à un comptage pour en faire quelque chose. Ensuite ça lui ouvre une porte sur les connaissances de la ferme. Comment on laboure ? Comment on dirige un cheval ? Ce qui a fait rencontre pour lui. 31 Ethel Peeters ð « ils étaient gentiment ferme avec lui » = NON mais OUI, ce n’est pas dire oui à tout ce que dont désir le sujet, mais c’est faire attention à ce qui fait élan pour le sujet et comment ça se traduit dans le monde. Compter sans fin le maïs NON, Compter le maïs que tu vas labourer OUI. Le point de départ ça a été de commencer pour lui à participer avec le couple de fermier à toute une série d’activités qui le mettent en mouvement. Ce n’est pas seulement comment traiter la présence de l’autre, il y avait quelque chose du côté de l’élan que ça crée du côté du sujet. Champs de maïs, … puis il a fait la découvertes de choses, il veut monter sur le tracteur, le cheval, … la machinerie et la force qui est le cheval. Découverte de l’animal, de la proximité qu’il peut avoir avec l’animal, de la capacité qu’il a de diriger l’animal. Pas si rare que ça puisse faire rencontre pour des enfants qui grandissent dans cet univers-là. Pour lui c’était hautement plus praticable que des semblables qui n’avaient pas le statut de semblables, qui étaient habitées de choses bien plus compliquées. À 36 ans il est célibataire, « avoir un partenaire » ne l’intéresse pas, ce qui l’intéresse est d’avoir un partenaire dans les pratiques qui l’intéresse. Cette ouverture à la connaissance lui a permis de s’inscrire à l’école du village. Il obtient un diplôme universitaire. Est-ce qu’on aurait pu penser avec le début de sa vie qu’il y arriverait ? finalement on n’en sais rien du parcours d’un sujet. Il obtient un travail comme caissier à la banque (il range les biais), ce qui est important pour lui c’est classer, ranger, ordonner. ð Les perles, le arbres généalogiques, les animaux morts, le maïs, ce n’est jamais la même chose, ils ont tous leurs dynamiques propres, mais il reste toujours quelque chose du style de Donald, sa façon d’y être Ils excelle dans son travail, on lui propose une promotion : devenir chef, être responsable, prendre des décisions, dire ce que les gens vont faire. Il a répondu NON. Très doué au golf sur des compétition locales, on lui propose d’aller jouer sur des terrains plus grands, NON Très bon joueur de bridge mais sous certaines condition, il ne commence jamais. Ne pas commencer lui permet de compter, classer, les premières cartes déjà jouées. Commencer impliquerait de choisir de commencer, de choisir de lancer la partie, ce 32 Ethel Peeters qui met en avant le désir, l’énonciation, le choix du sujet. Lui ne veut pas de ça, il veut compter, ne pas être dans le désir. Mais les règles c’est les règles, il ne peut pas choisir dans un tournois, donc il joue dans un café, ou les autres accueillent sa demande. Dimension d’accueil ð Ceci pose la question des règles, du cadre, comment le collectif peut accueillir la dimension singulière et choisir de ne pas appliquer les règles pour en faire usage de manière intéressante. ð Les perceptives communautarisantes on peut les entendre du côté de l’invention. Notion de gestion pour rendre le tout uniforme, non individualisé, dynamique communautaire, « on est les mêmes ». Mais au sein de cet espace chacun a tout de même sa singularité, un droit à l’existence et des espace très inventifs sur la possibilité de s’y inscrire. Le paris du sujet = acceuillir la façon singulière d’être dans le monde du sujet, pour le meilleur comme pour le pire Pour Dauna et Donald, le sujet à fait de son symptôme un métier (au sens métaphorique du terme), avec une compatibilité avec le lien social et la vie (tueur en série qui fait du meurtre son métier n’est pas compatible). Ce n’est pas ce qui est le plus courant. On est du côté du paris du sujet, parfois c’est impossible, on se dit que la personne est trop atteinte. Mais on fait le paris de l’impossible, et ça à des effets de faire ça. Pour Donna comme pour Donald, le sujet est arrivé à. Il s’est produit quelque chose qui fait que du coté du sujet, il a fait de son symptôme un métier. Il faut prendre métier du coté très métaphorique du termes. Il y a des sujets qui s’engagement dans une solution qui est de l’ordre de la circulation. L’enjeu pour l’institution est au fond de rendre ça possible pour le sujet dans d’autres institutions. La solution est du coté de la circulation, ici on ne peut pas dire faire de son symptôme un métier. La clinique n’est parfois pas le recours, parler n’est pas toujours la solution. L’éthique est de prendre en compte l’intraitable et ses conséquences, ne pas s’acharner à traiter par la parole. 33 Ethel Peeters Le pari du sujet Quand on s’’engage on s ‘engage du cote de l’impossible. Ce qu’on peut dégager de ces 2 témoignages touche à la singularité et en même temps des choses qui touchent tous le monde. Utiliser le terme d’autisme rattachait plutôt à ce qu’il en est de certains aspects de la condition humaine : les signes de la présence de l’Autre. La dimension autistique dans les existences humaines. ð C’est du côté de l’autre, de sa structure, que le sujet peut trouver ce qui fait point d'appuis Les dimensions de l’existence humaine à partir de cas cliniques Mr V – Paranoïaque Le trop est propre à l’humain, mais pour Mr V c’est quotidien et ça se manifeste du côté du corps et du côté de l’autre. C’est quelqu’un qui se trouve pris à la fois sur le plan du rapport au corps, dans un trop plein, une absence de découpage généralisé. Tout une série de symptomatisassions du corps. Mr V est du côté du en trop et le vide de tout. On découvre comment le symptôme est à l’œuvre chez les participants et les membres de l’équipe. Sans voile, un envahissement, un en trop quotidien. Extraire l’en trop. Une extraction qui amène un soulagement. Sur la plan du rapport au corps, il se trouve pris dans un débordement (un trop), qui se traduit dans une symptômathologisation du corps. La réponse au trop est de retirer ce « trop », s’en extraire, qui se traduit par un passage à l’acte (ex : scarifications). Parfois aussi dans un « vide », il n’a plus d’élan. Sur le plan du rapport à l’autre, le trop se manifeste par l’entente de mauvais jeux de mots ou des signes énigmatiques. Il ne s’engage pas dans une élaboration à partir de ces signes. Mr V n’élabore pas les signes, il n’a pas de voile, ce qui est très fatigant. Ses pensées anticipes constamment les évènements qui se produisent autour de lui, de plus les gens écoutent et lisent ces pensées. 34 Ethel Peeters S’engager dans une construction et une élaboration à partir de signes est au cœur de la manière dont le savoir se construit chez l’être humain. 1) Mr V s’engage dans une description précise des phénomènes donc il est la proie. 2) Alors que de manière générale il a l’impression que les autres peuvent lire ses pensées, là il s’adresse à quelqu’un (un psy) qui ne peut pas le faire -> le lieu d’adresse dans laquelle ce phénomène surgit semble avoir son importance Il s’est engagé dans une pratique artistique, la peinture. Ça lui a permis une émergence de quelque chose pour se définir, je suis peintre, je suis artiste, mais aussi pour le corps. Ça lui a permis d’être engagé dans un rapport à la manière, c’est l’engagement du corp qui lui importe. C’est pour lui une modalité de traitement du corps, mais le traitement devient problématique car il s’emballe, il rentre dans des états de trans ce qui l’oblige à arrêter. Peut-il encore se considérer comme un peintre s’il ne peint plus ? Il se retrouve dans un vide de tout, il est passé d’un trop à un vide. Il renonce alors à l’idée qu’il est un artiste. C’est finalement auprès des médecins qu’il trouvera sa solution. Son point d’appuis a finalement été sa rencontre avec le discours médical. Ceci part d’une mauvaise rencontre, une psychiatre lui dit qu’il est schizophrène, cette assignation ne lui plait pas. Ça a eu pour effet pour lui de s’engager dans une critique de la psychiatrie, il y a un élan, ça a mobilisé le sujet. Il change de psychiatre et rencontre aussi des médecins, des pharmaciens. Une pharmacienne lui dit un jour qu’il le considère comme un collègue tellement ses connaissances en pharmacologie sont importantes. C’est quelqu’un qui a accueilli Mr V du côté du savoir, non pas du côté de l’autre comme le psychiatre qui lui dit qu’il est schizophrène (le savoir est du côté du psychiatre), mais du côté de la reconnaissance du savoir de Mr V. Ces inventions subjectives sont de plusieurs ordres : d’un côté le réseau, le circuit, qu’il va se constituer auprès des spécialistes. Le circuit qu’il s’est créer vont lui servir de béquille (c’est lundi = rdv avec le psy, c’est jeudi = rdv avec le neurologue), c’est ce qui lui permet de se lever le matin. Et de l’autre côté il y a son rapport à la classification. Il ne veut pas entendre parler d’un diagnostic de schizophrénie, mais il se rend bien compte qu’il se passe des choses au niveau du corps, il va donc aller chercher ça du côté du savoir, lire des livres qui traitent du sujet « psychosomatique ». 35 Ethel Peeters C’est pour lui le terme qui nomme ce qui se passe pour lui, dans son corps. Ces solution, ses invention subjective, a permis d’apaiser ces idées délirantes, il est moins dans un trop ou un pas assez. Distinction entre ce qui fait rencontre pour le sujet (traitement) et la thérapie. On peut se saisir de l’art et en faire quelque chose de central dans la vie sans que ça se transforme en « art thérapie ». Cette thérapeutisation des moyens avec lequel les humains bricolent avec les objets du monde c’est thérapeutiser le sujet. Comment soutenir les inventions sans se mettre à la place du spécialiste (spécialiste en art thérapie) de la modalité de traitement. L’accompagnement doit se situer au niveau de ces inventions, ce n’est pas nous qui proposons les inventions, elle surgissent du sujet. On pourrait penser et vouloir lui proposer d’organiser sa semaine en fonction de l’art car c’est sa passion, mais non car il a un rapport problématique avec ce qui fait solution, ça ne permet pas au sujet de tenir, il va dans un trop. L’invention qui le fait tenir c’est lui qui la propose, à savoir les rendez-vous chez les médecins, même si pour nous ça peut sembler ne pas être le plus optimale. Le choix du sujet est essentiel, il faut pouvoir suspendre son jugement sur ce choix. On ne peut pas a priori savoir ce qui fera appuis pour le sujet, de la forme que ça va prendre et la place du maillon qu’on va prendre dans cette dynamique subjective. On ne peut pas non plus savoir ce qui va permettre d’élargir son champ de rencontre, les inventions qu’il laissera tomber car elles n’ont plus d’utilité. On ne sait jamais comment la dynamique, la rencontre, va faire effet pour le sujet, on a toujours un temps de retard. L’impact se fera dans l’après coup et on le sait que dans l’après coup. En institution il peut y avoir des entraves à entreprendre ce qui nous semble avoir une utilité clinique. Les habitudes, les discours, l’orientation, … Il faut bricoler, manœuvrer, sans se positionner du côté du donneur de leçon. Tentons de toujours partir de ce qui s’est passé et de ce qui s’est dit avec le mots du sujets. Il peut y avoir des obstacles à l’accompagnement qui surgissent du côté du clinicien, comme par son désir de soigner le sujet. Le but n’est pas de devenir un ordinateur sans désir. Le désir doit se trouver du côté du paris du sujet. C’est tenter de travailler ces obstacle, travailler sa présence, savoir y être à côté du ce désir. C’est s’engager. 36 Ethel Peeters Une perspective de vie avec un choix du sujet. Accompagnement du sujet par contrainte ou non. Le choix du sujet est central. Il faut pouvoir suspendre son jugement sur le choix du sujet. Le terme « folie » n’est pas synonyme de restriction cognitive, impossibilité de penser, de décrire, de manque d’humour, d’impossibilité de regard sur soi. Il s’agit d’une invention, la « folie » est un concept opératoire. La logique du délire : en quoi on peut considérer que les construction délirantes relève d’une modalité de traitement. Traitement de quoi ? de l’angoisse, de la perplexité, que constitue cet énigme -> c’est une réponse du côté de l’invention subjective, un traitement. On ne doit pas envisager le délire comme du côté du rapport à la réalité, de la logique, il faut plutôt la voir comme une tentative de logification de ce point énigmatique. Ceci parle de la dimension schizophrénique de l’existence humaine : il y a l’illusion d’une unité du corp, d’un MOI JE, d’une individualité. On se situe plus du côté de l’éclatement du corps, d’une aliénation du corps par l’autre. La dimension de l’autre est au cœur du la dynamique du sujet. L’un va jamais sans l’autre. Il y a une construction imaginaire qui rend possible un voile, un brouillard, sur la manière dont on est saisit par l’autre. Le corps est pis par la dimension de l’autre, c’est du côté du non métrisable, et chacun se débrouille comme il peut, par sa manière d’y répondre, par le surgissement inventions subjectives. Cette dynamique est plus flagrante chez Mr V car il n’a pas de voile. Finalement ce qui est intéressant ce n’est pas la paranoïa, la schizophrénie, … mais plutôt la multiplicité des aménagements possibles de ces inventions subjectives. → Notion de logique subjective, c’est une notion sur laquelle on s’appuie pour tenter d’être attentif à des dynamiques plutôt qu’à des caractéristiques individuelles. Donc ça inclut et des choses qui ont avoir avec l’insistance de la coupure, de l’extraction, et des choses qui ont avoir avec diverses modalités de connexion, mais sur des formes différentes d’un sujet à l’autre et d’une logique subjective à l’autre. 37 Ethel Peeters Julien Ados qui a d’abord été dans une structure hospitalière et puis ambulatoire. Julien réussi très bien à l’école mais il est turbulent, violant, méchant, … ces parents n’en peuvent plus, la mère finit par le frapper. On est pas du côté du sujet avec les termes violant, méchant, … on est du côté des représentations qu’on peut avoir de julien. Le sujet c’est une dynamique. Le père dit une phrase qui se comprendra dans l’après-coup « on a trop les yeux sur lui ». Avec cette phrase le père amène quelque chose de la dynamique du sujet qui se situe du côté de l’autre, il y a une importance du regard de l’autre au cœur de ce qu’il se passe pour julien. Julien ne veut pas parler car il n’avait pas envie d’être suivi, essentiellement pour des questions d’horaires. La clinique ne se situe pas où on veut qu’elle soit, c’est la raison pour laquelle il faut être attentif aux détails. Pour le sujet les questions d’horaires sont importantes, en prenant au sérieux ces questions, on prend au sérieux ce qui intéresse le sujet. Freud : on entend tout à égal valeur dans une analyse. Le désir d’être là ou ça se joue pour le sujet, se sentir concerné par le problème d’horaire, a fait que julien a bien voulut expliquer ce qu’il se passe. Mais les parents ont pris le relais quant aux explications, ce qui indique des choses sur la logique, la dynamique. La place de la contingence : un sujet qui rencontre des savoirs qui lui parlent, à partir de là il élabore et qui a bien voulu en dire quelque chose de cette élaboration dans un lieu qu’il a accepté d’instituer moyennant des conditions comme lieu d’adresse. Ça aurait pu se passer autrement, avec d’autres voies. Le pari, ce n’est pas seulement celui du sujet. C’est un pari sur la contingence, être ouvert à cela. On pourrait penser à priori que ce qui cause problème est l’agressivité de julien, dans la description qu’on peut en faire, et qu’au niveau des résultats scolaires ça va. Mais au fond non, c’est à partir de ce que le sujet en dit qu’on comprends, on ne peut pas avoir par avance. On découvre qu’en ce qui concerne les résultats scolaires, ce qui permet ces résultats, c’est d’être extrêmement happé par les exigences et les demandes de l’autre. Il prend les exigeantes à la lettre, pour réussir il faut avoir 10/10, avoir un 9/10 le mets dans des états pas possible, ce qui le rends tyrannique. Les rendez-vous sont une contrainte pour son étude. Le clinicien choisi de théâtraliser l’affaire sur le domaine de julien. Il sort son gros agenda et il en fait aussi son problème « je comprends ça ne va pas être facile pour toi mais ça ne va pas l’être pour moi non 38 Ethel Peeters plus » et julien a accroché, ils ont négocié, et ils ont soumis leur décision aux parents. Ce qui est important c’est la priorité de julien, et ce jeu de négociation c’est reproduit plusieurs fois, ce qui lui a permis de revenir et de parler de ce qui pèse pour lui : les exigences scolaires et le regard de l’autre dans des contextes peu formalisés. Le milieu scolaire est très formalisé, il peut pré-interpréter les actions de l’autre car c’est codifié (en cours tout vas bien). Mais dans les moments moins formels, comme à la cour de récréation ça ne va plus. Un camarade lui dit « grouille toi », l’autre surgit avec une volonté, il n’a pas pu pré-interpréter. Julien l’entend comme une insulte et sa réponse a été de le frapper, « ce n’est pas grave, je n’avais même pas visé l’œil ». Ça rappelle la phrase du père, on a trop le regard sur lui et il ne comprend pas les attentes c’est insupportable pour lui. Le savoir fera rencontre pour lui : les insectes sociaux, animaux qui fonctionnent dans une dynamique sans les encombrements des humains. Et en particulier les fourmis où chacun à sa place particulière. Étudier ces insectes sociaux c’est étudier les animaux sociaux (y compris les humains). Ceci lui donne une forme de mode d’emploi sur la présence de l’autre, ce que veut l’autre, pourquoi l’autre se conduit de manière agressive, la génétique qui explique l’agressivité … A partir de ces savoir il élabore des théories (de l’ordre de l’invention) qui lui servent de point d’appuis pour interpréter l’autre dans un contexte où il ne peut pas suffisamment pré-interpréter les attentes et réactions de l’autre. L’élaboration de savoir sur l’autre, les réactions de l’autre est de l’ordre de l’invention subjective. L’autre n’est plus une énigme, mais une certitude. Comment situer Julien ? ça ne sert à rien de parler de paranoïa ou autre si on ne comprend pas comment ça s’agence pour lui, la dynamique singulière dont ça se traduit dans la logique du sujet. On doit s’intéresser à la dynamique singulière du côté du corps, et la manière dont l’autre se saisit du corps, le regard de l’autre, et la réponse se situe du côté du corps aussi. Plus on aborde le sujet dans sa singularité, moins on a besoin d’utiliser des termes diagnostic -> c’est l’hypothèse du cas, du singulier Repères de la structure : Le but est d’aller à la rencontre de la diversité de modalités de points d’appuis. Les points d’appuis sont dans lesquels prédominent la dimension imaginaire, c’est ce qui va structurer la réalité de la vie humaine, les images à partir desquels on se constitue l’illusion du soi-même. Il ne faut parfois pas grand-chose pour que ça vacille, un mot prononcé par l’autre, et que l’image de soi-même apparaisse dans sa facticité. Ce qui intéresse c’est comment nous faisons avec ce 39 Ethel Peeters symbolique, ce savoir, comment on se l’approprie pour en faire une grille de lecture de que qui se passe d’étrange chez l’autre. Lacan : le réel, ce qui ne peut pas se réduire à une appréhension imaginaire au symbolique. Ce qui s’impose comme tel, notamment du côté du corps non pas sur le versant de son image, mais de sa jouissance. Alexandre D’abord en hôpital puis en centre. On part de l’inquiétude des parents, l’interprétation qu’ils font de ses comportements violents. Ce cas permet de se poser la question des conditions pour la clinique : 1) Accueillir l’impossible, ce qui ne va pas pour le sujet 2) Que le sujet puisse se prononcer, qu’il institue le lieu comme lui d’adresse Ici ça s’est joué autour d’une question : « êtes-vous ouverts aux nouvelles théories ». Alexandre veut vérifier si c’est vraiment « oui ». On doit se poser la question de savoir ce qui compte pour le sujet dans cette dynamique qui se cache derrière cette opération de vérification, c’est ce qui va nous indiquer la place qu’on doit prendre d’une manière que ce soit praticable pour le sujet. Il vérifie s’il peut s’appuyer sur ce « oui », si c’est « oui mais non », ça ne tient plus, et il ne pourra plus instituer le lieu comme un lieu d’adresse. Pour lui Les médecins et la médecine ne sont pas ouverts aux nouvelles théories. Pour lui les théories donnent un cadre explicatif à ce qu’il vit, cette invention subjective du savoir a surgit à un moment de sa vie grâce à une rencontre. L’invention subjective prends du temps à se construire. Ce qui est intéressant c’est la manière dont on parle de l’évènement qui a permis le surgissement de l’invention subjective, le contexte n’a pas d’importance (quand, où), c’est l’évènement comme tel. Alexandre est mort (il s’est noyé), il a demandé de l’aide à une voix qui lui a dit de le suivre, il est sorti de son corps par un triangle sur son front, ce qui l’a sauvé et lui permet d’en parler aujourd’hui (En sen sens son opération de vérification a du sens, il s’assure de ne pas être disqualifié dans ce qu’il dit, ce qu’il raconte). Ça a été sa première rencontre avec cette personne, cette voix. Autour de cette rencontre, un savoir va s’élaborer, il va vouloir en donner une description presque clinique de ce qu’il se passe. Cette élaboration du savoir du sujet 40 Ethel Peeters relève d’un évènement au corps (la mort), il y a une logification qui se produit à partir de l’évènement. On est du côté de la logique, pas de la réalité. Le délire de doit pas se comprendre dans son rapport à la réalité, la construction délirante est du côté de l’élaboration du savoir en réponse à des sensations corporelles. Les hallucinations auditives, les voix, sont la résurgence de l’autre à l’intérieur de soi en réponse à un évènement de corps (évènement de corps -> réponse = invention subjective -> hallucinations auditives = résurgence de l’autre à l’intérieur de soi). « La voix ne vient pas pour rien » (ex : problèmes familiaux, décès), « je parles à cette personne ». ð Est-ce que ça relève de la fantasmatique ? de votre inconscient ? quelque chose d’enfuis ? un mécanisme de défense de l’inconscient ? La psychanalyse lacanienne amène à voir plus les choses en surface, il n’y a pas de choses enfuies ð Il explique ça plutôt du côté du subconscient Dynamique paranoïaque au cœur même de l’activité de penser chez les êtres humains, il y a un moteur de logification, un savoir qui permet de comprendre. La question d’Alexandre tourne autour du corps, on ne peut pas savoir comment se construit le corps. La médecine explique en partie son fonctionnement mais on ne sait pas ce qui l’anime, ce qui l’habite, ce qui se passer après la mort. Au cœur du savoir il y a toujours cette dimension d’impossibilité de savoir, un trou de non savoir. A partir de sa rencontre avec le discours médical et de ce qui échappe à ce savoir médical, ce trou de non-savoir, il a élaboré son propre avoir, ces propres théories, des constructions délirantes ayant pour but une logification, donc une dynamique d’invention subjective. ð Le savoir n’est pas l’invention subjective, c’est sa dynamique, ce qui l’engage. La dimension subjective est de l’ordre de la dynamique Cf. Jean Claude Maleval, la logique du déni Il faut penser les choses dans un autre champ d’appréhension dans un autre registre. Le délire peut être compris d’une autre manière, surtout avec l’approche lacanienne. L’hallucination, le statut pour le sujet, de se saisir à partir de ce que le sujet en dit, ce qu’on soutient avec tact dans l’accompagnement clinique ; ce n’est pas la même 41 Ethel Peeters chose de voir des choses surgir ou de percevoir des voix, qui d’ailleurs sont pertinentes, elles sont prises dans une dynamique et ont une adresse, s’adresse au sujet. Elles peuvent placer le sujet comme objet de la jouissance de l’autre, on peut y entendre ou percevoir une nécessité d’urgence de coupure par voie médicamenteuse ou pharmacologique pour, par exemple, cesser le parlement interne qui condamne ou insulte, ou sont des impératifs (tue-toi). Cette voie de soulagement est précieuse mais tenter de comprendre dans quelle modalité de rapport à l’autre, plutôt de la jouissance ou du délire sont très pertinents. La paranoïa dans l’existence humaine : l’autre fondamentalement ne nous veut pas du bien, on l’expérimente tous. De plus il y a dans l’autre quelque chose d’énigmatique, c’est ce qui donne l’élan à élaborer du savoir. Cette élaboration de savoir en tant que tentative de logification est nécessairement délirante, c’est propre à l’humain. Le délire n’est donc pas à prendre dans une perceptive déficitaire. Tout ne se symbolise pas, il existe toujours quelque chose du style propre du sujet irrémédiablement connecté à sa jouissance et au traumatisme d’être pris dans le champ de la parole et du langage. C’est ce qui marque la singularité de chacun. Notion d’invention subjective : l’appréhender du côté des fonctions qu’elles ont pour le sujet. L’invention ne surgit pas de rien, elle surgit d’une rencontre du sujet avec des choses dans l’autre. Ces fonctions sont à envisager sous deux axes : ð La séparation : il y a quelque chose de l’objet qu’il faut mettre à distance ð Le surgissement de point d’appuis : invention subjective n’est pas synonyme de point d’appuis, c’est l’un des aspects de ce qui va faire fonction pour le sujet. Les points d’identification c’est parmi les points d’appuis qui peuvent émerger, avec pour certain la prévalence de la dimension imaginaire (l’image de qui je suis, de qui est l’autre, ma consistance, ce qui me permet d’exister -> on s’appuie sur l’image qu’on a de nous) et pour d’autre c’est plus la dimension symbolique avec ce que ça vient opérer dans l’existence du sujet (des histoires, des coupures, des séparations -> ça nous donne pas de consistance, le drame de l’humain, le manque, le désir) 42 Ethel Peeters Réel et voile : on est tous aliéné par l’autre, sur la dimension symbolique et imaginaire, pour marguerite il n’y a pas de voile de l’ignorance. L’ignorance rend les choses praticables. Le traumatisme est à la fois ce qui échappe à la structure et ce qui la fait émerger. C’est ce qui distingue Lacan des autres structuralistes : tout n’est pas dans la structure, il y a les rencontrer avec le réel sous la forme du traumatisme, les viciations, les effondrements, les réponses du sujet. Q : » Les mécanismes de défense peuvent ê

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