Examen Intra - Notes Linguistique PDF
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Université de Montréal
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Ce document présente des notes pour un examen intra sur la linguistique et la cognition. Il couvre les concepts fondamentaux de la linguistique, tels que le structuralisme et la théorie du signe, ainsi que l'approche générative et les sous-composantes du langage. Le document explore également les bases de la phonétique articulatoire.
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**EXAMEN INTRA** **[Cours 1 : Notions de base de la linguistique et cognition]** **NOTIONS DE BASE DE LA LINGUISTIQUE** **Ferndinand de Saussure (1857-1913) ** - Linguiste suisse - Fondateur de la linguistique moderne et du structuralisme - Distingue langue, parole et langage (et) synchr...
**EXAMEN INTRA** **[Cours 1 : Notions de base de la linguistique et cognition]** **NOTIONS DE BASE DE LA LINGUISTIQUE** **Ferndinand de Saussure (1857-1913) ** - Linguiste suisse - Fondateur de la linguistique moderne et du structuralisme - Distingue langue, parole et langage (et) synchronie et diachronie - Théorie du signe - Cherche à comprendre le système qui sous-tend la langue : l'objet d'étude de la linguistique, la méthode pour l'étudier - Cours de linguistique générale (1916) **Langue** - Système conventionnel particulier développé par une communauté linguistique - Ne peut pas expliquer entre le sens et la forme - Ensemble structuré d'éléments et de règles - Indépendant de l'individu - N'est pas le seul moyen de communication (ex : expression faciale, langage des signes, panneaux routiers...) - LE CODE **Parole ** - Utilisation personnelle du code - Langue permet de produire la parole **Langage** - Capacité naturelle inhérente et universelle qu'a l'être humain de concevoir les langues **Étude diachronique (à travers le temps)** Comment la langue évolue; s'intéresse à l'histoire, à l'évolution - Ex : la perte des cas en français et la grammaticalisation du verbe aller **Étude synchronique (en même temps)** A pour objet un état de langue considéré à un moment donné de son histoire dans son fonctionnement interne - Ex : système des cas en ancien français et verbe aller + inf pour exprimer le futur **La langue est un système de signes (symboles) et de règles** - Association sg-sé (entre le signifiant et le signifié) - Le symbole est un type de signe dont l'association entre le sens et la forme est arbitraire (par une convention) - Ex. arbre (diapo 10) : Signifié = représente le concept d'un arbre Signifiant = image acoustique (patron sonore abstrait de notre esprit) : il existe différents signifiants (plusieurs façons de dire arbre; en différentes langues) pour un même signifié - Ex : river en anglais englobe le signifié lac et rivière en français **Métaphore des pièces du jeu d'échec** Identifiés et connus par leur place dans le système total du jeu et non par leur composition substantielle réelle - Illustre la conception de la langue en tant que système - Toute langue doit être envisagée et décrite synchroniquement comme un système de signes interdépendants, au lieu d'une nomenclature - Les signes linguistiques doivent se définir relativement l'un à l'autre, et non dans l'absolu **« Parler une langue »** Connaître ce système de signes (ex : mots) et de règles (grammaire) **Grammaire** Ensemble de règles (hypothèses) qui **décrit** la connaissance des locuteurs d'une langue (en linguistique moderne) : - Notre connaissance de la langue maternelle est souvent inconsciente - Décrit tous les énoncés possibles de la langue - Exclut ceux qui n'en font pas partie - Sur la plan cognitif, la grammaire est constituée des intuitions sur lesquelles se basent tous les locuteurs d'une langue et qui leur permettent de se comprendre (nous permet de ne pas dire des phrases qui ne se disent pas) - Grammaire ***pas =*** grammaire traditionnelle, pédagogique, enseignée à l'école, prescriptive (comment on devrait parler) **Noam Chomsky (1928-...)** - Fondateur de la grammaire générative - Redéfini les questions fondamentales auxquelles la linguistique doit répondre : - Objet d'étude : connaissance que le locuteur a de sa langue (non pas seulement les faits du langage attestés) - Méthodologie scientifique : méthode hypothético-déductive - Méthode inductive : ne supposer aucun résultat avant d'avoir fait la recherche - Objectif de la grammaire générative : décrire et EXPLIQUER - Question centrale jamais posée avant lui : comment les locuteurs acquièrent-ils leur langue? - L'être humain est plutôt doté d'une faculté de langage, qui est ancrée génétiquement - Compétence VS Performance - Grammaire universelle (GU) **Compétence VS Performance** Compétence : la connaissance que le locuteur a de sa langue ; connaissance implicite ; ensemble internalisé de règles - Représentation Performance : manifestation concrète du langage (ex : façon de l'utilisation de la langue dans des situations réelles) - Prononciation Notre usage (performance) de la langue peut différer de notre grammaire (compétence) pour plusieurs raisons non linguistiques (ex : fatigue, bruits, aphasies, effets de style) - Performance ne représente pas nécessairement la compétence; dépend de plusieurs facteurs **COGNITION** - Latin : cognitio ('connaissance, action d'apprendre') - L'ensemble des processus mentaux impliquées dans nos relations avec l'environnement : la perception d'une stimulation, sa mémorisation, son rappel, la résolution de problème ou la prise de décision **Sciences cognitives** Un terme couvrant les études interdisciplinaires de l'esprit humain - Inventé par Christopher Longuet- Higgins en 1973 - Ex : Comment les humains perçoivent-il le monde à travers leurs sens? Comment résolvent-ils des problèmes nouveaux? Comment parviennent-ils à acquérir de nouvelles compétences? **\* Ce n'est pas un cours de la linguistique cognitive** La linguistique cognitive est une approche spécifique, qui considère le langage comme un aspect de la cognition générale ; le langage n'est pas une faculté indépendante des autres processus cognitives. - En conflit avec l'approche de générative **[Cours 2 : Sous-composantes du langage]** La langue est un objet extrêmement complexe qui comporte plusieurs niveaux d'analyse, tels que sons, phonèmes, morphèmes, mots, phrases, discours, etc. - La compréhension des sous-composantes du langage est essentielle, car elle permet d'établir des liens plus précis avec la cognition en situation autant non-pathologique que pathologique Sous-composantes du langage et pragmatique Phonétique (sons) Phonologie (phonèmes) Lexique (mots) Morphologie (de morphèmes à mots) Sémantique (sens) Syntaxe (relations entre les mots, de mots à phrases) \*Pragmatique (contexte d'emploi) **SOUS-COMPOSANTES DU LANGAGE** 1. **PHONÉTIQUE (SONS)** En tant que branche de la linguistique, la phonétique étudie la forme physique des sons de la langue humaine (ne prend pas en compte la grammaire): - Forme physiologique : phonétique articulatoire (comment les sons de la parole sont produits/articulés) - Forme acoustique : phonétique acoustique -- ondes (quels sont les propriétés physiques des sons dans l'air) - Forme perceptive : phonétique auditive/perceptive -- forme perceptible des sons (Comment les sons sont perçus) On peut produire une grande quantité de sons mais seul un petit sous-ensemble est linguistiquement pertinent - Aucune langue du monde utilise l'ensemble des sons possibles; sélectionne un inventaire. La sous-composante phonétique constitue l'inventaire des sons qu'il est possible d'articuler dans une langue. **Processus articulatoire** Comment la flûte traversière produit-elle du son? (3 processus) - Source de pouvoir/énergie - Flûte : courant d'air externe - Appareil phonatoire : Courant d'air pulmonaire - Source sonore - Embouchure (vibrations) - Cordes vocales (larynx)/conduit vocal - Modification sonore (résonance) - Corps (tube) : amplifier ou réduire des sons en modifiant la forme de l'air) - Pharynx, fosses nasales, bouche, lèvres (résonnateurs importants) **Appareil phonatoire (physiologie de la voix)** - Appareil digestif + appareil respiratoire - Rien n'est propre à la parole (mais le larynx est spécial) Pouvoir/énergie : Courant d'air pulmonaire/courant d'air non-pulmonaire Le souffle des poumons produit l'énergie nécessaire à l'émission vocale Source vocale : Cordes vocales (larynx)/conduit vocal Larynx : les cordes vocales convertissent l'énergie en sons La production du son par les cordes vocales constitue la phonation (pas la même chose qu'articulation) Le larynx : - Au sommet de la trachée, sous le pharynx - « Boîte » de plusieurs cartilages autour des cordes vocales - Contrôle de l'écoulement de l'air venant des poumons - Isolement complet des poumons de la bouche (empêcher les aliments d'entrer la trachée) - Fournir la voix - Cordes vocales : deux replis membraneux, placés horizontalement par rapport à la trachée, et se faisant comme des lèvres - Vibration des cordes vocales : source de la voix - Glotte : espace triangulaire compris entre les cordes vocales (pas un organe) Modification sonore (résonance) : Pharynx, fosses nasales, bouche, lèvres (résonnateurs importants) Les cavités supra glottiques (conduit vocal) transforment les sons en langage articulé. La forme du conduit vocale peut varier considérablement selon les mouvements de ses parties; ces mouvements sont articulatoires; l'articulation des sons du langage (modification de la forme par les résonnateurs) Cavités supra glottiques : - Résonateurs naturels de la voix : faire résonner le son provenant du larynx, d'en affaiblir ou d'en amplifier certaines fréquences. - Pharynx (tube qui relie le larynx à la bouche et au nez) : résonateur mineur et légèrement modifiables - Bouche : résonateur le plus important, formes modifiables - Cavité nasale : forme fixe, accessibles lors de l'abaissement du voile du palais - Lèvres : résonateur (projection en avant et arrondissement) Modifier l'effet résonateur de la cavité buccale **Description des sons - phonétique articulatoire** Consonnes : - Vibrations des cordes vocales ou pas - Passage de l'air rétréci ou fermé (obstacle partiel ou complet au passage de l'air par le tractus vocal) momentanément - Une consonne ne forme pas de syllabe (avec exception; non syllabique) Description des consonnes : - Point d'articulation : Le point de rapprochement ou de contact entre des articulateurs (p. ex., langue, lèvres, dents, palais, etc.) au cours de l'émission sonore Le point d\'articulation peut se situer aux endroits suivants : - Lèvres (articulations labiales ou bilabiales) - Dents (articulations dentales) - Lèvres et dents (articulations labio-dentales) - Alvéoles (articulations alvéolaires) - Palais (articulations palatales) - Voile du palais (articulations vélaires) - Luette (articulations uvulaires) - Mode d'articulation : Le mode selon lequel le courant d'air qui vient des poumons se dirige vers l'extérieur (ou l'inverse); comment les sons sont sortis - Fermeture momentanée du passage de l\'air suivie d\'une ouverture brusque (explosion) : articulation occlusive (des plosives) - Rétrécissement du passage de l\'air qui produit un bruit de friction ou de frôlement : articulation fricative - Position abaissée du voile du palais: articulation nasale (sinon, orale) - Contact de la langue au milieu du canal buccal ; l\'air sort des deux côtés : articulation latérale - Voisement : Présence (sons voisés) ou absence (sons non voisés/sourds) de vibration des cordes vocales Consonnes du français (en API, alphabet phonétique international) : Consonnes pulmonaires (1symbole = 1 son) Voyelles : - Toujours vibrations des cordes vocales - Passage libre de l'air (aucun organe ne fait obstacle au passage de l'air venant de la glotte) - Syllabiques: toute syllabe contient une voyelle (avec exception) Description des voyelles (4 dimensions) : - Antériorité/postériorité de la langue - Ouverture de la bouche (aperture) - Arrondissement des lèvres - Nasalité **Effet de restauration phonémique** Restaurer un son qui a été endommagé (ex: par une toux) Les participants écoutaient des phrases qui sont physiquement identiques saufs le mot à la fin (aucune différence phonologique et intonationale ne peut fournir d'indications) Le son initial du mot \*eel est remplacé par une toux (/\#iːl/). Le son restauré par les participants dépend du contexte sémantique selon le mot à la fin : Peel, wheel, heel, meal - Dépendamment du contexte sémantique, les participants restaurent des mots différents : perceptions dépend du contexte **Effet McGurk** Lorsqu\'on entend des sons, différents signaux ou indices des sons langagiers nous permettent de distinguer certains sons des autres qui leur sont similaires dans le processus de perception La perception des sons dépend de l'intégration des indices différents ('cue integration') Ces indices pourraient être visuels : - / b / (plosive bilabiale) : fermeture claire des lèvres - / d / (plosive apicodentale) : sans fermeture bilabiale, possible de voir une fermeture entre la langue et les dents (ou alvéole) - / g / : sans fermeture bilabiale, fermeture entre la langue et les dents moins visible Quand ce qu'on entend (/ b /) et ce qu'on voit (fermeture bilabiale) sont compatibles, les indices visuels complémentent les indices sonores Quand il y a une interférence entre ce qu'on entend (/ b /) et ce qu'on voit (/ g /, absence de fermeture bilabiale), une erreur de perception se produirait, pouvant être causée par les indices visuels (/ d /, sans fermeture bilabiale). **Interprétation de l'effet de restauration phonémique et l'effet McGurk** - Révèlent l'influence des informations non phonétiques sur la perception des sons de la parole. - Il semble que le traitement dans la sous-composante de la phonétique est en interaction avec le traitement dans d'autres niveaux d'analyses (sémantique, contexte) - La perception des sons de la parole serait un processus au moins partiellement interactif. 2. **PHONOLOGIE** Patrons d'usage des sons de la langue humaine (souvent d'une langue particulière) Décrit comment les sons s'organisent dans une langue (règles phonologiques) - S'intéresse aux règles, relève de la grammaire -- pourrait ignorer les patrons physiques - S'intéresse aux aspects abstraits ou mentaux des sons de la langue - S'intéresse à la distribution ou aux fonctions des sons de la langue **Phonème ** Unité sonore minimale qui permet de différencier de sens - Entité abstraite - Peut être déterminé par les paires minimales : une paire de mots avec des sens différents mais dont la forme diffère par un seul phonème dans la même position - Ex : bo (beau) et po (pot) - Si deux sons contribuent à une paire minimale : peuvent se trouver dans le même contexte, en contraste (exclusifs mutuellement), ne peuvent pas appartenir au même phonème - Ex : Prononciation de t et d en français québécois Règle de l'affrication on prononce « z » ou « s » devant une voyelle antérieure fermée (i, e, u) \[t\] et \[ts \] sont en distribution complémentaire en français québécois : \[ts \] se trouve seulement devant une voyelle antérieure fermée, mais jamais devant les autres voyelles ; \[t\] se trouvent seulement devant une voyelle qui n'est pas antérieure fermée, mais jamais devant une voyelle antérieure fermée (en plus ils sont phonétiquement similaires). Les deux sons ne se trouvent jamais dans le même contexte sonore Donc, en français québécois, \[t\] et \[ts \] appartiennent au même phonème /t/ ; \[t\] et \[ts \] sont deux allophones du phonème /t/. Allophone : variations d'un phonème en raison d'un certain contexte (ex : phonologique) **Contrastes suprasegmentaux** (en contraste avec ce que nous venons de voir -- phonologie segmentale) Unité plus grande que le phonème Prosodie = contrastes suprasegmentaux (Le ton et le stress sont des éléments de la prosodie) - Tons (dans beaucoup de langues asiatiques et africaines) : variations de la hauteur des sons - Stress (accentuation) : variation de l'intensité, la longueur et/ou le hauteur des sons sur une syllabe ou un mot dans une phrase Ex : en anglais : « **'re** cord » ('record', nom) VS re'**cord** ('enregistrer', verbe) 3. **LEXIQUE** Lexique mental: ensemble organisé des mots connus par le locuteur à un moment donné du développement du langage. - Les entrées lexicales sont structurées: elles contiennent des informations sémantiques, syntaxiques (ex. catégorie grammaticale), phonologiques, etc. - Ex. (je) portais Phono: \[port\] ; Syntaxe: V(erbe) ; Sémantique: 'porter' Phono: \[-ɛ\] (suffixe de ais dans portais) ; Syntaxe: V ; Sémantique: '1sg, imparfait' 4. **MORPHOLOGIE** La morphologie est une étude de la structure interne des mots - Analyse morphologique constitue en identification des parties de mots, des morphèmes **Morphème** La plus petite unité porteuse de sens indivisible (vs phonème qui permet de distinguer le sens) - Morphème libre : peuvent être employés seuls (ex. des mots monomorphèmiques comme parle, je, etc.) - Morphème lié : ne peut pas apparaître seul (ex. -ment, - tion, ré-, etc) - Mot : morphème libre seul ou morphème libre + morphème lié (ex : grave ou gravement) **Racine** Base à laquelle un morphème lié peut être soudé La racine est un type de base qui ne peut pas être segmentée davantage - Ex : base qui est une racine : nom et base qui n'est pas une racine : nommable **Affixe** Morphème lié destiné à se combiner avec une racine au sein d'un mot - Suffixe : affixe après la racine (ex : --s dans papiers, -ent dans aiment) - Préfixe : affixe avant la racine (ex : re- dans reconsidérer) - Circonfixe : affixe qui entoure le radical (le radical coupe l'affixe) (ex : en allemand : racine : frag ('demander') : gefragt ('demandé')) - Infixe : affixe qui coupe la racine (ex : en tagalog : racine : sulat ('lettre') Vinf : sumulat ('écrire')) **Procédés de formation de mots** Flexion : racine + affixe flexionnel (temps, nombre, genre, cas, etc.) - Ajoute de l'information grammaticale au mot - Ne change jamais la catégorie grammaticale - Ex : (je) mange -- « e » est un affixe flexionnel de première personne du singulier Dérivation : racine + affixe dérivationnel (temps, nombre, genre, cas, etc.) - Forme de nouveaux mots - Peut parfois changer la catégorie grammaticale ou le sens du mot (ex : maison + -ette = maisonnette) Composition : combinaison de deux ou plusieurs racines (libres ou liées) - Procédé de formation - Permet de créer de nouveaux mots - Ex : portefeuille, laisser-passer **Morphologie et cognition** Deux approches : Connexionnisme (McClelland et Rumelhart, 1987) - Règles émergent des manipulations de formes (pas de règles, juste de la mémorisation) Règles et mémorisation (Pinker, 1999) - Manipulation de symboles = mémoire procédurale - Formes irrégulières sont traitées dans la mémoire associative 5. **SÉMANTIQUE** **Sémantique lexicale** La sémantique est la composante de la langue qui est constituée de l'ensemble des règles régissant la signification des mots et des énoncés (phrases). La sémantique lexicale est l'étude de l'aspect de la signification qui est véhiculée au moyen du mot. **Sens VS référent** Sens : Le sens d'une expression linguistique est la propriété que cette expression partage avec toutes ses paraphrases. Référent : Élément du monde (une entité ou un fait appartenant à un monde réel ou imaginé) qu'un énoncé permet de désigner dans un contexte donné de parole. - Deux référents peuvent avoir le même sens (ex : « ma sœur » dans deux contexte différents) La sémantique lexicale =/= attribuer un mot à chacun des éléments de la réalité pour y référer. - Des langues différentes pourraient lexicaliser la même conceptualisation d'une certaine réalité différemment (difficulté de la sémantique lexicale) 6. **SYNTAXE** **Connaissance de la structure** Les mots d'une phrase ne sont pas simplement attachés les uns à la suite des autres. Il existe une structure interne entre les différents groupes de mots - Certains groupes de mots sont contenus dans d'autres groupes plus grands = syntagmes La construction des syntagmes s'effectue avec l'opération Fusion (Merge) - Cette opération prend deux éléments et en construit un syntagme (branchement binaire). - Ex : Mes amis vont regarder ce film. (Voir diapo 60) - Le résultat de l'application de Fusion est une structure hiérarchique - Comme Fusion s'applique sur l'output précédemment créé, elle est une opération récursive. Spécificité du langage humain : - Le langage humain est récursif - La syntaxe est récursive - Les langues peuvent enchâsser, pratiquement à l'infini, des phrases dans des phrases et des compléments dans des compléments (chaque nouvel enchâssement engendre une phrase nouvelle) - Le langage est un système qui, à partir d'un nombre fini de mots, peut engendrer une infinité de phrases (car on peut coordonner et enchâsser à l'infini) **Ambiguïté syntaxique** Il existe des phrases ambiguës dans la langue. Nous pouvons expliquer cette ambiguïté de plusieurs façons - Ambiguïté lexicale: Sémantique: oeil --organe,petite ouverture dans une porte, chas d'une aiguille, etc. Catégorie lexicale: porte --peut être un nom ou un verbe - On peut souvent, dû à une ambiguïté lexicale, obtenir une ambiguïté syntaxique (ex : La belle ferme le voile.) **Transformations** Les premières versions de la théorie chomskyenne Les règles syntagmatiques engendrent une « phrase--noyau », sur laquelle peuvent s'effectuer diverses transformations opérationnelles, donnant naissance à une famille de phrases. - Phrase active → phrase passive - Transformation en 3 étapes : Déplacement du sujet en position de complément(+par,de...) Déplacement du CD du verbe en position sujet Verbe à la forme passive (auxiliaire être + participe passé) Ex : Le chat mange la souris. (« phrase-noyau ») → La souris est mangée parle chat. - Au passif, le groupe nominal au complet est déplacé Ex : Nous avons vendu la petite maison bleu pâle avec des volets. → La petite maison bleu pâle avec des volets a été vendue. Exemple du passif: - Acquis assez tard par les enfants (4-6 ans) - Certains cérébro-lésés de Broca ont de la difficulté avec la compréhension des phrases passives, surtout si elles sont « réversibles » (sujet et objet sont Ns animés) - Ex : Le garçon pousse la fille. (active) La fille est poussée par le garçon. (passive) **Autonomie de la syntaxe** D'incolores idées vertes s'installent furieusement. (Colourless green ideas sleep furiously.) - La syntaxe est indépendante des autres sous composantes du langage (ex. sémantique, phonologique, etc.). - Conception de la modularité de la syntaxe (au contraire de la conception interactive en cas de la perception des sons) **PRAGMATIQUE**\ Branche de linguistique qui s'intéresse aux éléments du langage dont le sens ne peut être compris qu'en connaissant le contexte de leur emploi. Étudie les facteurs qui régissent nos choix de langage et l'effet de ces choix sur les autres - Contraintes contextuelles sur l'utilisation de la langue D'autres exemples : - Savoir ce qu'il est approprié de dire selon le contexte - Connaître les règles du tour de parole (problème d'interactions sociales dans certaines pathologies, ex. autisme) - Connaître les règles des actes de parole (ex : Je vous prononce mari et femme) **Pragmatique et cognition** La pragmatique a eu beaucoup d'impact depuis dans le traitement clinique de divers types de pathologies du langage. Pertinence clinique : - Enfants autistes ont des problèmes d'interactions sociales (ex : avec le tour de parole) - Tout ce qui concerne la Théorie de l'esprit - La Théorie de l'esprit (non pas une certaine « théorie ») est la capacité cognitive de se représenter les états mentaux d'autrui et d'utiliser ces représentations afin d'expliquer ou de prédire un comportement. - Cette aptitude nécessite une activité inférentielle qui porte sur les relations entre les états mentaux d'autrui et les comportements sociaux. **[Cours 3 : Langage et cerveau]** **NOTIONS DE BASE** Les neurosciences ont à traiter un large éventail de questions touchant la façon dont le système nerveux de l'homme et des autres animaux se développe, dont il est organisé et dont le fonctionnement produit les comportements. Elles comprennent tous les champs d'études qui portent sur le système nerveux (SN). Les neurosciences cognitives sont l'étude des mécanismes neuronaux responsables des plus hauts niveaux de l'activité mentale chez l'homme, tels que la conscience, les représentations mentales et le langage. Elles analysent la relation entre le cerveau et l'esprit. Les systèmes neuraux sous-tendent pour leur part trois grandes fonctions : - Les systèmes sensoriels assurent la représentation des informations qui concernent l'état de l'organisme et de son environnement - Les systèmes moteurs organisent et produisent les actions - Les systèmes associatifs sont à la base des fonctions cérébrales dites « supérieures » telles que la perception, l'attention, la mémoire, les émotions, le langage et la pensée rationnelle. Ces processus complexes sont essentiels à la compréhension de l'être humain, de son comportement, de son histoire, voire de son avenir. **Constituants du système nerveux** Neurones : - Cellules nerveuses - Les unités structurales et fonctionnelles du système nerveux - Ressentent les modifications de l'environnement, communiquent ces informations à d'autres neurones et commandent les réponses du corps à ces sensations. - Environ 86 milliards dans le cerveau humain, dont environ 16 milliards dans le cortex cérébral. Cellules gliales : - Soutien de l'architecture et du métabolisme du système nerveux. - Isolent, protègent et nourrissent les neurones dans leur entourage. Trois parties principales du neurone : Un corps cellulaire (péricaryon ; soma) : - Contient un noyau Un nombre variable de dendrites : - Vient du mot grec signifiant « arbre » - Structures neurales émanant du corps cellulaire sous formes de ramifications - Forment généralement une arborisation - Demeure à proximité relative du corps - Reçoivent des signaux Un seul axone : - Comme le long tronc d'un arbre - Structure n'appartenant qu'au neurone - Hautement spécialisée dans la transmission de l'information dans le système nerveux. Gaine de myéline : - Substance lipide - Isole l'axone pour faciliter la propagation des signaux - Nécessaire pour que la vague de dépolarisation soit transférée intégralement jusqu'à l'arborisation terminale de l'axone. **Matière/substance grise et matière substance blanche** La matière grise désigne les accumulations de corps cellulaires du cerveau ou de la moelle (ex. le cortex) La matière blanche désigne les faisceaux de fibres et les commissures. Ainsi appelé à cause de l'aspect nacré que lui donne la teneur élevée de la myéline en lipides. - Certaines régions cérébrales (ex. des aires corticales) contiennent des corps cellulaires qui vont projeter leurs axones vers des cibles particulières. Ces amas d'axones partant d'un point A vers un point B sont appelés faisceaux et forment la matière blanche. - Structure A envoie des efférences (output) vers une structure B et cette structure B reçoit des afférences (input) de la structure A. **Synapse** Vient du grec : syn-('ensemble') et haptein ('attacher ') Le bouton terminal est le site où l'axone entre en contact avec d'autres neurones (au niveau de leurs dendrites) et leur transmet l'information = ce point de contact est dénommé synapse. Les neurones ne se touchent pas entre eux et il existe un espace entre la terminaison de l'axone et le second neurone = cet espace extracellulaire est dénommé fente synaptique. Synapse électrique : où les neurones se touchent et sont reliées par de petits trous, permet à l'influx nerveux de passer directement l'un à l'autre - Très rare dans le système nerveux mature (mais abondant dans le cerveau en développement) Synapse chimique : où les neurones ne se touchent pas entre eux (il existe un espace entre la terminaison de l'axone et le second neurone) et où l'influx nerveux a besoin de molécules particulières (les neurotransmetteurs) pour franchir l'espace entre les deux. - Le type le plus communément rencontré dans le système nerveux - Transmission d'info à l'intérieur d'un neurone : électrique - Transmission d'info entre deux neurones : chimique (avec les neurotransmetteurs) - Les dendrites collectent des signaux électriques → Le corps cellulaire les intègrent et génèrent des signaux en continu à l'axone → l'axone passe les signaux aux dendrites d'un autre neurone → Les dendrites collectent les signaux électriques... - Neurotransmetteur : molécules chimiques qui permettent au signal électrique de passer d'un neurone à l'autre **Description du cerveau dans l'espace** **Grandes divisions du système nerveux** Système nerveux central (SNC) : - Entouré par les méninges - Encéphale et moelle épinière Système nerveux périphérique (SNP) : - À l'extérieur des méninges - Des nerfs issus de l'encéphale ou de la moelle épinière Noyau (à ne pas confondre avec le noyau d'une cellule) : des masses compactes de neurones ayant en gros des connexions et des fonctions semblables. Faisceau : rassemblement de prolongement nerveux ayant un trajet commun - Dans la substance blanche du SNC, les axones sont regroupés en faisceaux. - Chaque faisceau contient des axones quo proviennent généralement de la même partie de la matière grise à une certaine distance de leur origine. **Cortex cérébral** Substance grise (corps cellulaires et dendrites) superficielle des hémisphères cérébraux = écorce cérébrale - Les neurones y sont disposés en feuillets : les cortex cérébraux et cérébelleux comprennent la majeure partie des neurones de l'encéphale - Fonctions cognitives supérieures (sensations, mouvement musculaire volontaire, pensée, raisonnement, mémoire, vision, etc.). Les tissus sous-corticaux = matière blanche - Axones entourés de myéline (qui donne la couleur blanche) **Organisation cytoarchitectonique du cortex cérébral** - L'épaisseur du cortex n'est pas la même partout sur le cerveau - Le cortex cérébral comporte six couches avec des compositions (différents types de cellules neuronales) et des fonctions différentes - Les couches varient en épaisseur et en densité de cellules neuronales - L'étude des différences de la distribution, de la densité, du type et des formes des neurones à travers des zones est la cytoarchitectonie (« cyto- » vient du grec signifiant 'cellule'). - La cytoarchitectonie sert à identifier les bordures des régions qui présentent des différences. - Elle sert à identifier différentes aires du cerveau avec beaucoup de précision. Ces aires ont des fonctions différentes. - Les différentes aires cytoarchitectoniques sont numérotées. - Elles sont nommées aires de Brodmann (BA) -- de Korbinian Brodmann, neurologue et neuropsychologue -- numéro, ex. BA44 **Gyrus et sillon** Le cortex est fortement plissé. La surface est augmentée des 2/3 par la présence de nombreux : - Sillons (ou sulcus, sulci) délimitant entre eux Les vallées qui séparent les circonvolutions les unes des autres Si elles sont particulièrement profondes → scissures - Gyri (gyrus au sing., ou circonvolutions) Les crêtes **Lobes (4 visibles + 1 invisible)** Des repères stables divisent les hémisphères en quatre lobes : - Lobe frontal : fonctions cognitives supérieures ; fonctions exécutives (cortex préfrontal), production du langage (mots, syntaxe), etc. - Lobe pariétal : intègre l'information de différents sens pour former une image cohérente du monde ; aspects supérieurs de la vision ; prononciation de mots, etc. - Lobe temporal : perception, reconnaissance des visages, émotions, mémoire, compréhension du langage, etc. - Lobe occipital : cortex visuel primaire, prononciation de mots vus (importance en lecture), etc. - Le sillon central (ou scissure de Rolando), sépare le lobe frontal du lobe pariétal. - La scissure latérale (ou scissure de Sylvius) sépare le lobe temporal des lobes frontal et pariétal - Le sillon pariéto-occipital sépare le lobe pariétal du lobe occipital - Cachée en dessous des lobes frontal et temporal se trouve l'insula On ne peut pas l'apercevoir qu'en écartant ou en enlevant ces deux lobes **Cortex préfrontal (CPF)** Aire corticale située à l'extrémité rostrale du lobe frontal - Les fonctions exécutives sont associées au CPF : - Fonctions nécessaires à l'exécution d'un comportement - Processus cognitifs de haut niveau - Traitement et intégration de l'info - Adaptation et utilisation de l'info en fonction des objectifs - Nécessaires pour la planification, l'organisation, l'élaboration de stratégies - Une des dernières structures du cerveau à s'être développée - Se développe vers 5 ou 6 ans chez l'enfant **LE LANGAGE DANS LE CERVEAU** **La région périsylvienne** Aire de Broca (BA44 et BA45) Aire de Wernicke (BA22) Lobule pariétal inférieur (BA39 et BA40) = Territoire de Geschwind **Vision classique des fonctions du langage** Théorie 1 : Aire de Broca : production de la parole Aire de Wernicke : compréhension Théorie 2 : Aire de Broca : syntaxe Aire de Wernicke : phonologie, sémantique **La réalité** Théorie 3 : Plusieurs régions participent au langage de façon générale, mais... la région périsylvienne gauche est favorisée. - Les aires de Broca et de Wernicke ont également d'autres rôles que ceux proposés par la théorie 1 et la théorie 2 1. **AIRE DE BROCA** **Découverte de l'aire de Broca** Étude d'un patient avec lésion cérébrale (cérébrolésé), le patient célèbre: M. Leborgne (tan), par Paul Broca (19e siècle) - Symptômes: Incapable de produire le langage et répétait seulement « tan », paralysie du côté droit du corps, après la mort du patient, autopsie: lésion au lobe frontal gauche - Conclusions: Paul Broca : « on parle avec l'hémisphère gauche. » Le lobe frontal gauche (aire de Broca) est impliqué dans le langage Une lésion à l'aire de Broca est associée avec des déficits de production Latéralisation du langage (importance de l'hémisphère gauche) **Aire de Broca et syntaxe** Les aphasiques de Broca (lésion à l'aire de Broca) : - Ne produisent pas de phrases syntaxiquement complexes - Ne comprennent pas les phrases passives - Ont de la difficulté à produire des questions - Vocabulaire généralement bon **Gyrus frontal inférieur :** BA44 et BA45 = Aire de Broca BA44, BA45 et BA47 = Gyrus frontal inférieur BA45 = Partie triangulaire (pars triangularis) : aspects sémantique, lexicale, syntaxe BA44 = Partie operculaire (pars opercularis) : traitement de la phonologie en rapport avec la mémoire de travail; production de la parole; traitement de phrase complexes BA47 = Partie orbitaire (pars orbitalis) : pourrait être impliqué dans le traitement de la syntaxe BA47 gauche en général : fonctions exécutives, mémoire de travail, mémoire épisodique, raisonnement moral, déduction, etc. BA47 droit : musique, catégorisation, complexité articulatoire, génération de séquences rythmiques, etc. **Deux remarques sur les rôles de l'aire de Broca** - Impliquée dans le traitement du langage (n'est pas uniquement dédié à la syntaxe ou à la production - Associée à d'autres fonctions cognitives BA44 : neurones miroirs ; boucle phonologique de la mémoire de travail ; mémoire épisodique ; arithmétique ; manipulation d'objets ; appréciation de la musique BA45 : raisonnement, catégorisation, neurones miroirs, rotation mentale, mémoire, inhibition de réponse ; compréhension et production des métaphores ; appréciation esthétique 2. **AIRE DE WERNICKE** Sur le gyrus temporal supérieur, près de l'aire auditive BA22 **Découverte de l'aire de Wernicke** Étude par Carl Wernicke (19-20e siècle) sur des patients qui n'avaient pas de paralysie, avaient un langage fluide mais vide de sens, entendaient mais ne comprenaient pas Autopsie : lésion au lobe temporal postérieur gauche Conclusions: - Le lobe temporal postérieur gauche (aire de Wernicke) est impliqué dans le langage - Une lésion à l'aire de Wernicke est associée avec des déficits de compréhension **Aire de Wernicke : phonologie et sémantique** Les aphasiques de Wernicke : - Ne comprennent pas le contenu des phrases - Utilisent des marqueurs syntaxiques dans leurs discours (ex: et, donc, alors,...) - Présentent de la difficulté avec les mots de contenu en production comme en compréhension **Fonctions de l'aire de Wernicke** Compréhension de sons linguistiques (traitement phonologique) Certaines sous-régions de BA22 sont spécialisées pour des tâches linguistiques précises : - Traitement de la parole et autres sons - Parole prononcée par quelqu'un d'autre - Certaines tâches de production de la parole **Les deux régions travaillent en tandem** Le transfert de l'information entre les régions de Broca et Wernicke est assuré par un important faisceau de fibres nerveux appelé le faisceau arqué. Ce qui nous amène au Territoire de Geschwind... 3. **LOBULE PARIÉTAL INFÉRIEUR (TERRITOIRE DE GESCHWIND)** Voie alternative au faisceau arqué qui lie les aires de Broca et Wernicke BA39 = gyrus angulaire : serait impliqué davantage dans le traitement sémantique (de concert avec le gyrus cingulaire postérieur -- émotions) BA40 = gyrus supramarginal : semble impliqué dans le traitement phonologique et articulatoire - Endroit clé dû à sa localisation : jonction des cortex auditif, visuel et somatosensoriel - Neurones multimodaux (auditif, visuel, sensorimoteur) 4. **NOUVELLES DÉCOUVERTES** **Autres structures reliées au langage (directement ou indirectement)** Planum temporale (fait partie de l'aire de Wernicke) - Cœur de Wernicke (région triangulaire, dans le sillon latéral) - Asymétrie concernant sa répartition dans HG et HD (plus développé à gauche 65% ; à droite 10%) établie à la 31e semaine de gestation - Argument pour une prédisposition génétique à la latéralisation Gyrus de Heschl (ne fait PAS partie de l'aire de Wernicke) - BA41, cortex auditif primaire avec B42 - Devant le planum temporal - Première structure corticale à traiter l'information auditive Cervelet - Contrôle du larynx - Motricité fine - Coordination **QUELQUES RÉGIONS SOUS-CORTICLAES** Insula : principalement homéostasie du corps - Lésions dans cette région peuvent causer des aphasies de Broca - Enfouie dans la scissure de Sylvienne Striatum : - Noyau caudé : mémoire, apprentissage - Putamen : partie des ganglions de la base - Lésions de ces régions peuvent causer certains types d'aphasie - Important pour la mémoire de travail Ganglions de la base : ensemble de structures nerveuses, rôle dans sélection et déclenchement des mouvements volontaires, certaines routines et habitudes, apprentissage procédural, émotions, etc. - Pourrait jouer un rôle dans le traitement de la morphologie dérivationnelle nominale : Apprentissage de règles Thalamus : relai, attention, perception, rester alerte - Lésions à certaines parties peuvent causer certains types d'aphasie **[Cours 4 : Langage, cognition et pensée]** **Introduction** Pensez-vous avec une « voix interne » ? La voix interne, ou parler à soi-même, et la pensée sont-elles les mêmes ? Watson (1924) et Skinner (1957) : - Psychologue behavioristes - La pensée = discours subvocal (voix interne, discours intérieur, parler à soi-même sans bouger les organes; discours non-audible) - « discours intérieur », « pensée verbale » - Pour Watson et Skinner, pensée = motricité des articulateurs **Expérience au curare** (Substance toxique qui peut causer la mort, mais lorsque contrôlée, juste paralysie) Un volontaire sain de 34 ans a été injecté de curare Résultats : paralysie complète mais capable de percevoir, se souvenir et répondre aux questions - Très conscient tout au long de l'expérience même si ces muscles de la parole ont été paralysés - Expérience (1947) en défaveur de l'hypothèse de Watson et Skinner **Brother John** Crises d\'épilepsie, épisodes pouvant durer plusieurs heures avec perturbation grave du langage, y compris le « langage intérieur » - Fonction intacte : mémoire, reconnaissance d'objets, utilisation d'outils complexes, suivi des instructions, capacité mathématique - Démontre la capacité de penser sans langage - Perd la capacité de parler mais ses autres fonctions mentales sont intactes Deux façons principales d'évaluer le lien entre le langage et la cognition/pensée : les pathologies et le développement cognitif et linguistique chez l'enfant **LANGAGE ET COGNITION : PATHOLOGIES** **Troubles cognitifs accompagnés de troubles du langage** Syndrome de Down: déficits cognitifs et langagiers avec des limitations importantes en syntaxe et morphologie. - Attention limitée, mémoire à court terme affectée, discrimination perceptuelle déficiente, difficulté avec la représentation symbolique, développement phonologique ralenti, vocabulaire limité, style télégraphique (enlever des mots qui ne changent pas le sens de la phrase mais qui sont importants pour la syntaxe), compréhension meilleure que production, habiletés se dégradent avec l'âge, grande variété chez les personnes atteintes - Après l'âge de 4 ans, l'âge de langage sera retardé par rapport à l'âge mental - Limitations importantes en syntaxe et morphologie Autisme: - Un trouble développemental apparaît avant l'âge de trois ans - Déficit sur le plan de la communication (verbale et non verbale) et de l'interaction sociale, comportements restreints et stéréotypés, souvent accompagné de retard mental - Les enfants peuvent rester muets jusqu'à l'âge de 5 ans - Tous les aspects sont affectés, sauf, souvent la phonologie - Difficulté à entrer en relation avec leur environnement (problème de la Théorie de l'esprit), donc difficile à appréciation la valeur de la communication Théorie de l'esprit = capacité cognitive qui permet de se représenter les états mentaux d'autres individus et d'utiliser ces représentations afin d'expliquer ou de prédire leur comportement **Troubles du langage sans troubles cognitifs** Troubles développementaux du langage (TDL) : Troubles qui affectent la production et la compréhension - Anciennement TSL, troubles spécifiques du langage, ou dysphasie - Troubles du langage qui affectent la production et la compréhension - Se manifeste par des difficultés importantes de langage et de communication qui peuvent être présentes dans les sphères suivantes : la phonologie / la production des sons, la morphosyntaxe (flexion), la sémantique, le vocabulaire (restreint), la pragmatique / cognition sociale (difficulté à suivre le fil d'une conversation), le discours, etc. - Troubles purement langagiers, c.-à-d. qu'ils ne sont pas liés à des troubles de développement cognitif, ni causés par des lésions du cerveau : les capacités non langagières ne sont pas affectées **Troubles cognitifs sans troubles du langage** Syndrome de Williams: déficit cognitive avec capacités langagières relativement intactes Trouble neurodéveloppemental rare causé par la suppression de gènes du chromosome 7 (jusqu'à 17 gènes) - Les individus avec le syndrome de Williams sont caractérisés par des traits faciaux « elfiques » - Déficience intellectuelle (QI = 55 en moyenne, entre 40 et 90) - Déficiences en développement conceptuel, connaissance du nombre, mémoire spatiale - Malgré le retard cognitif, les personnes avec SW sont très sociables (« cocktail party ») - Compétence linguistique relativement intacte - Ne peut pas faire des calculs simples ni récupérer un petit ensemble d'objets - Répéter et mémoriser = force Enfants sourds ou aveugles: - Perception diminuée, cognition parfois ralentie - Compétence linguistique intacte ; développement du lexique semblable aux voyants **Études de cas** Laura (Yamada, 1990) = TC sans TL - Déficiences cognitives sévères et étendues (QI : 41), produit et comprend des constructions syntaxiquement complexes Christopher (Smith et Tsimpli, 1995) = TC sans TL - « idiot savant », autistique, retard mental important (QI non verbal en dessous de 70, ne peut pas s'occuper de lui-même) - Maîtrise et traduit 13 langues étrangères Victor de l'Aveyron - Privation linguistique, « l'enfant sauvage » (adapté par François Truffaut), trouvé dans une forêt isolée dans le sud de la France à l'âge de 11 ans, n'a jamais appris à parler. Seulement deux expressions : « Oh, Dieu! » et « Lait! » - « lait » est associé de façon vague au référent, mais jamais prononcé avec l'intention de communication - Abandonné en raison de son retard mental? D'où la déficience langagière? Genie - Privation linguistique, trouvée à 13 ans aux États-Unis, avait vécu enfermée dans une chambre quasi sans contacts humains et sans exposition à la parole, cognition normale ? (au moins, le développement non linguistique normal près le secours), pouvait comprendre environ 20 mots (rouge, bleu, vert, brun, mother, walk, go, door, bunny); pouvait dire « Stopit », « Nomore », un an après: langage ressemble à celui d'un enfant de 18-20 mois, produisait des énoncés de 2-3 mots - Pas de développement syntaxique normal par la suite : « Where is may I have a penny? » - Théorie de la période critique pour le développement du langage ? - Période critique (= hypothèse) : - Phénomène développemental au-delà duquel une faculté cognitive ne peut être acquise de façon optimale (environ jusqu'à l'âge de la puberté). - L'exposition au langage pendant cette période est nécessaire pour l'acquisition et le développement du langage. - En fait, il est difficile de tirer des conclusions fermes relativement à la période critique du cas de Genie, vu les difficultés financières et légales à l'époque connues par les recherches sur Genie - Au moins, le cas de Genie révèle qu'il est possible d'apprendre partiellement la langue au-delà de la période critique (sauf la syntaxe) **Double dissociation** (voir diapo 20) Lorsqu'un patient obtient des performances standards à la tâche A et des performances faibles à la tâche B, tandis qu'un autre patient a de bonnes performances à la tâche B et des performances faibles à la tâche A. (→ deux tâches sollicitent des mécanismes cognitifs différents). - Langage et cognition ne sont pas la même capacité **Problèmes** Dans les cas, le découpage entre le langage et la cognition n'est pas autant net que prévu : pas de frontières catégoriques - Genie : apprentissage de certains éléments du langage - Christopher : difficultés à comprendre le langage non litéral (ex. The racehorse flew around the track.), ironie, blagues, etc. - Syndrome de Williams : des problèmes sur le plan de la sémantique et de la syntaxe **FOXP2: gène du langage?** Découverte issue du questionnement au sujet des racines génétiques de la langue - Même problèmes de langage chez les membres d'une même famille, jumeaux identiques - Ne peuvent pas être attribués à des retards mentaux (contesté) Famille KE : - Quinze des 37 membres (quatre générations) ont le même problème du langage - Défaut sur la même partie du chromosome 7 : le gène FOXP2 - Cependant, TL accompagnés de déficiences cognitives non linguistiques donc ne peut pas associer le gène aux déficiences langagières... plutôt un problème de motricité, pas spécifique au langage? **\ LANGAGE ET COGNITION : DÉVELOPPEMENT DE L'ENFANT** Une meilleure façon de déterminer s'il y a un lien entre langage et cognition est d'examiner leur développement respectif chez l'enfant. Deux théories différentes sur le développement de l'enfant : - Théories de Piaget (constructivisme): le développement cognitif sous-tend le développement du langage. - Théorie de Chomsky (innéisme): hypothèse de l\'innéisme avec l'argument de pauvreté du stimulus, suggérant que certaines compétences linguistiques sont innées. 1. **THÉORIE DE PIAGET - CONSTRUCTIVISME** **Piaget** L'un des psychologues développementaux les plus reconnus de l'histoire (1896-1980) - Son approche est le **constructivisme**, visant à expliquer la structure et l'origine de la connaissance **Théorie de piaget** - 0 à 2 ans : période sensori-motrice ; les enfants appréhendent le monde via leurs sens ; fin du stade = représentation abstraite du monde extérieur (ex. permanence de l'objet) - 2 à 7 ans : stade pré-opératoire ; habiletés à raisonner limitées par le recours à la perception et par leur égocentrisme (adoption de points de vue d'autrui est difficile); raisonnement limité sur le plan de la perception - 7 à 11 ans : stade opératoire concret ; émergence de la pensée logique, raisonnement moins contraint par la perception - 12 à 16 ans : stade formel ; transition vers la pensée abstraite, étapes qui mènent l'humain des réflexes moteurs jusqu'à un certain niveau de pensée abstraite En résumé: - L'enfant appréhende d'abord le monde en agissant sur celui-ci - Il développe une représentation statique du monde, puis la capacité de faire des opérations mentales sur ces représentations (ex. permanence de l'objet, catégorisation) - Il développe ensuite la capacité d'effectuer des opérations mentales sur des opérations mentales (manipulation des catégories) Concept clé : le schéma (représentations mentales, certaines connaissances abstraites) Processus complémentaires au développement de la cognition : - Assimilation : intégration de nouvelles connaissances et de nouvelles expériences dans des schémas existants - Accommodation : ajustement de cette connaissance aux événements nouveaux; processus par lesquels les schémas existants sont modifiés ou de nouveaux schémas sont créés; ajustement des schémas pour intégrer des connaissances nouvelles. (ex : bébé suce son hochet différemment = accommodation) L'approche Piagétienne soulève quelques questions importantes Selon Piaget : - La connaissance est extraite de l'expérience (empirisme, mais plus poussé) - Le langage est un processus cognitif comme les autres : son développement devrait donc suivre la même courbe de développement que les autres habiletés cognitives Raisonnement: - Cognitivement, les représentations mentales abstraites se développent au stade sensori-moteur et émergent au stade pré-opératoire - Ces représentations impliquent des symboles (éléments dans le cerveau qui dénotent une entité/réalité externe) - Le langage implique des manipulations de symboles - Conclusion : le langage est impossible sans ces représentations (déroulement des stades de la cognition) Permanence de l'objet et l'« explosion » du vocabulaire à 18 mois ? - Pas aussi clair : Les enfants produisent déjà des mots à 1 an et en comprennent plusieurs avant un an - La compréhension précède la production **Développement linguistique vs développement cognitif** Écart entre développement cognitif et langagier chez l'enfant - Exemple : langage plus précoce : explosion entre 2 et 4 ans, cognition : ralentissement au stade « égocentrique » - Inverse : habiletés cognitives plus précoces que habiletés linguistiques : enfants ont des habiletés cognitives avancées même à l'âge d'un an alors qu'ils ont peu de lexique (ex. continuité de l'objet, discrimination du nombre d'objets) Pour Piaget, l'étape sensorimotrice (la dépendance de la perception) est cruciale - Problème : cela fonctionne surtout pour l'acquisition du lexique (comment l'utilisation de mots dépend de l'existence de précurseurs cognitifs), mais n'aide pas à comprendre le développement de la grammaire (comment fonctionnent les aspects computationnels et créatifs du langage) - Dans un cadre théorique, le développement de la cognition contribue au développement linguistique 2. **THÉORIE DE CHOMSKEY -- INNÉISME** **Innéisme** Chomsky : l'information nécessaire pour l'acquisition du langage est souvent non disponible dans l'environnement de l'enfant - Argument de pauvreté du stimulus = argument de l'exposé limité à l'input Ce que l'enfant reçoit de l'input ne suffit pas à expliquer toute sa compétence langagière - Capacité innée de l'enfant à acquérir le langage dans un environnement langagier imparfait. - Exemple : formation des phrases interrogatives - Jim is crazy -\> Is Jim crazy? - Règle : placer l'auxiliaire en début de phrase **Dépendance de structure** Connaissance de dépendances structurelles (structure interne de la phrase) - Les enfants comprennent les dépendances structurelles et évitent certaines erreurs (même si pas expliciteemnt enseigné): « The boy who is unhappy is watching Mickey Mouse. » devient correctement « Is the boy who is unhappy watching Mickey Mouse? » - Certaines connaissances linguistiques sont innées (Grammaire universelle, GU) - Enfants nés avec connaissances spécifiques de la langue et en étant exposé à la langue, l'enfant associe les paramètres pour former la règle. **Développement cognitif vs développement linguistique** - La notion linguistique de nom de masse/ nom comptable est acquise avant la distinction cognitive substance/objet - La notion de la quantification (fait référence à la cognition) n'est pas apprise au même rythme selon les langues **Modularité** Débat en sciences cognitives dans les années 70-80 Deux possibilités : L'indépendance ou l'interaction du développement cognitif et linguistique - Les deux systèmes sont indépendants (modularité) - Les deux systèmes interagissent Conclusion : interaction entre langage et cognition pour certains concepts (ex. quantification, modalité), mais développement en grande partie indépendant Idée de la modularité est beaucoup critiquée -- probablement fausse **\ LANGAGE, COGNITION ET PENSÉE** Question : le langage influence-t-il la pensée ou est-il influencé par des facteurs cognitifs généraux ? **Points de vue alternatifs :** - Le développement cognitif détermine le développement du langage (Piaget) - Langage et cognition sont indépendants (Chomsky) - Relation complexe entre langage et cognition; indépendants au début mais deviennent interdépendants (Vygotsky) - Langage détermine la cognition et la pensée (hypothèse Sapir-Whorf) 1. **Vygotsky** - Psychologue russe - Point de vue base sur l'étude du langage intérieur, du langage égocentrique, et les monologues d'enfants - La relation entre langage et pensée est complexe (origines différentes) : - Au début, le langage est une étape pré-intellectuelle. À ce stade, les mots ne sont pas des symboles représentant des objets qu'ils désignent, mais des propriétés réelles de ces objets. Les sons du langage ne sont pas liés à la pensée. - En même temps, la pensée précoce est non-verbale. Le langage et la pensée sont indépendants jusqu'à 3 ans. - Après 3 ans, la parole et la pensée deviennent interdépendantes (connectés) : la pensée devient verbale et la parole devient représentationnelle. (Langage permet organisation de la pensée) - Lorsque cela se produit, les monologues des enfants sont intériorisés pour devenir un discours intérieur : le langage égocentrique des enfants se transforme en discours intérieur - Parole intérieure se développe grâce à l'intériorisation de la parole externe et devient formellement et fonctionnellement un type de parole différent - L'étape intermédiaire de ce développement est le discours égocentrique de l'enfant, observé par Piaget - Selon Vygotsky, le langage égocentrique et interne conserve le caractère social du discours externe, bien qu'il ne serve pas au dialogue avec les autres, mais la conversation avec soi-même ; désir d'intéraction sociale même s'ils ne peuvent pas encore dialoguer 2. **Hypothèse Sapir-Whorf** Relation langage-pensée Le langage influence la pensée (déterminisme linguistique) ou se limite à des effets modérés sur la perception (relativisme linguistique).\ Études sur la couleur, la conceptualisation de l'espace et les verbes de déplacement montrent des différences culturelles dans l'expression et la cognition, influencées par la langue. Déterminisme linguistique (hypothèse forte): le langage forme la pensée (ex. George Orwell et le « Newspeak ») Relativisme linguistique (hypothèse faible) : différences entre les langues entraînent des différences de pensée Whorf a observé l'influence de mots sur le comportement (ex : pompier) Couleurs : plusieurs études montrent que les gens se rappellent mieux les couleurs pour lesquelles ils connaissent un nom, résultat observé à travers différentes cultures Nombres : exemple des Pirahã, qui n'ont que des mots pour \"un\", \"deux\", et \"plus de deux\" ; difficulté à se rappeler du nombre exact d'éléments (3 et 4 ne sont pas lexicalisés) **Déterminisme linguistique : problèmes** - Circularité de l'argument La logique : un groupe s'exprime différemment de nous, donc ses membres pensent différemment. Comment peut-on le savoir? - Les cas mentionnés peuvent s'expliquer autrement que par un effet du déterminisme linguistique - (voir explications diapos 52 à 56) **Hypothèse de Sapir-Whorf : version faible** Relativisme linguistique : structure de la langue influence la pensée avant l\'élocution d'un énoncé (Slobin 2003) - Selon Slobin, la structure d'une langue pourrait influencer notre façon de penser - L'effet est faible mais notoire - Ce type de relativisme linguistique n'a aucun effet sur la perception et la conceptualisation des objets et des évènements Exemples de différences entre l'anglais et le français pour les pronoms de la deuxième personne (« you » vs « tu » / « vous ») Carmichael et al.'s study : - Les dessins se rapprochent de la représentation définie par le mot présenté (même si les deux groupes ont vu la même image) : catégorisation et liens avec objets connus - Même les représentations sans formes identifiables sont mieux retenues si elles sont présentées avec un mot **Relativisme linguistique: Conceptualisation de l'espace** - La langue peut influencer la conceptualisation spatiale des enfants - Exemples d'études montrant que des enfants de langues différentes (anglais, coréen) répondent différemment aux relations spatiales en fonction de leur langue (portent leur attention sur des aspects différents) - Les enfants montrent une conscience des catégories spatiales propres à leur langue dès le jeune âge - La langue pourrait influencer l'expressivité de certains concepts sans déterminer la conceptualisation (plus facile de traiter certaines informations par rapport à d'autres) **Verbes de « manière de déplacement »** Anglais : manière de déplacement souvent exprimée directement dans le verbe (ex. \"walking\") Français : manière exprimée par une préposition - un syntagme prépositionnel (ex. \"en train de courir\") En anglais, la notion de manière de déplacement est plus saillante; cette notion est acquise plus tôt et crée une imagerie mentale plus riche - Influence sur la communication et cognition des locuteurs de l\'anglais Les deux langues ont pour effet d'attirer l'attention sur la façon de se déplacer de façon différente L'enfant anglophone doit porter attention (plus d'éléments conscients) à plus de détails relativement au déplacement; information déjà intériorisée dans un verbe en anglais Prédictions pour les locuteurs de l'anglais : - Verbe de déplacement acquis plus tôt - Création de néologismes : innovations (ex : waltzed) - Imagerie mentale plus riche sur la « manière de déplacement » (ex : donner détails sur la façon dont le personnage se déplace dans l'histoire) - Conceptuellement saillants -- accès lexical (ex : fournir plus de verbe de déplacement en une minute qu'un francophone) **Langage, cognition et pensée : bilan** 1. Interaction entre langage et cognition : dans certains cas, dissociation entre les deux, menant à la théorie de la modularité de l'esprit 2. Théories contrastées: - Constructivisme (Piaget) vs innéisme (Chomsky) - Chomsky : le langage est spécial et indépendant de la cognition générale - Piaget : développement cognitif sous-tend le développement du langage 3. Déterminisme vs relativisme linguistique - Hypothèse de Sapir-Whorf critiquée, mais certains indices de relativisme linguistique observés dans les études Interaction entre langage et cognition mais possibilité de dissociation, suggérant une modularité partielle de l'esprit. Les théories de Piaget et Chomsky divergent sur la dépendance cognitive du langage, tandis que l'hypothèse Sapir-Whorf apporte des perspectives sur l'influence du langage sur la pensée. **[Cours 5 : Mémoire et langage]** **COMPOSANTES DE LA MÉMOIRE** **Catégories temporelles de la mémoire** Des années 60 à nos jours : Selon la durée pendant laquelle elles restent actives : - Mémoire sensorielle - Mémoire à court-terme (MCT) - Mémoire à long terme (MLT) Mémoire n'est pas holistique = composantes **Mémoire sensorielle (registres sensoriels)** - Pour mémoriser des infos, il faut pouvoir les sélectionner. Nos sens sont en permanence assaillis d'infos. - Pour pouvoir sélectionner une info cible, il est utile de disposer d'un peu de temps. Dans ce but, notre système cognitif dispose de plusieurs registres de mémoire à très court terme : les registres sensoriels. - Mémoire automatique (sans intervention de la conscience) - Fruit de nos capacités perceptives - Les infos entrantes sont traitées initialement par les sens. - Les registres de l'info sensorielle désignent des lieux où l'info est stockée après une présentation très courte. - Fruit de nos capacités perceptives - Selon le type de stimulation : - Mémoire iconique (\~1/4s) : perception visuelle - Mémoire échoïque (\~2s) : perception auditive - Nous permet de ressentir le monde d'une manière continue sans interruption (ex. regarder un film) - Seule une partie des infos entrent dans la MCT **Mémoire à court terme (MCT)** - La capacité de garder les informations à l'esprit pendant des périodes de quelques secondes à quelques minutes et de pouvoir la restituer pendant ce délai - Dépend de l'attention portée aux éléments de la mémoire sensorielle. - Typiquement utilisée dans une tâche qui consiste à restituer, dans l'ordre, une série d\'éléments qui viennent d\'être énoncés (ex. numéro de téléphone) - Limite de capacité de stockage (empan mnésique) : 7 ± 2 éléments - Tendance/stratégie: regroupement (chunking) - Mémoriser le numéro de téléphone 2040929 par deux chunkings : 204-0929 **Mémoire à long terme (MLT)** - Rétention d'informations sous une forme de stockage plus durable pour des jours, des semaines ou même pour toute la vie - Succession dans le temps de trois grands processus de base : - Encodage des faits récents et souvenir consolidés - Stockage: renforcement - Restitution : copier les infos et les envoyer en MDT pour les traiter (pour effectuer une tâche immédiate) Rappel : restitution active de l'information Reconnaissance : décider si cette « chose » a déjà été rencontrée (ex. reconnaissance de mots) **MCT VS MLT : pourquoi cette distinction ?** La MCT et la MLT sollicitent deux systèmes différents ou des aspects différents du même système unique ? - Trois observations - Trois arguments pour cette distinction Première observation : empan mnésique (7 ± 2 éléments) - Votre empan mnésique correspond à la longueur à laquelle votre performance atteint sa limite, ce qui, pour les besoins de cet exercice, peut être considéré comme la séquence la plus longue que vous parvenez à rappeler correctement au moins une fois sur trois tentatives autorisées. Deuxième observation : rappels d'éléments à l'intérieur de l'empan mnésique diminue avec le temps (Peterson et Peterson, 1959) - Rappels sériels entre 3 et 18 secondes après l'addition - L'addition empêche la répétition mentale - Courbe de l'oubli Conclusion temporaire : un seul système ; la trace mnésique s'efface avec le temps - MAIS : très bonne réussite pour les premiers éléments (effet de primauté), même après 18s ; moins bonne pour les autres. Pourquoi ? Confusion entre les différentes suites : difficultés à discriminer la nouvelle suite de 3 des précédentes alors que pour la première suite : la mémoriser sans besoin de les distinguer des autres Si on enlève la confusion (changement de catégorie), les résultats s'améliorent. Troisième observation : effet de récence ; rappel libre - Avec les trois premières listes, les participants s'en sont sortis modérément bien pour les premiers et les mots du milieu, mais un peu mieux pour les un ou deux derniers mots. - Avec les trois dernières listes, cette tendance a probablement disparu. 1^er^ argument : Différents facteurs influencent la MCT, mais non la MLT, et vice-versa - Ex. Effet de récence : typique de la MCT ; disparaît si le rappel est retardé (pas d'influence sur la MLT). - Ex. La MLT est sujette à l'influence de facteurs tels que le rythme de présentation de stimuli, fréquence, familiarité avec les stimuli ; ces facteurs n'influencent pas la MCT. 2^ième^ argument: Lésions cérébrales chez les amnésiques - Peuvent affecter la capacité à mémoriser de nouveaux stimuli mais n'affectent pas la mémorisation à long terme, et vice versa. - Problèmes de MCT : lésions à gauche, près des aires dédiées au langage (peut avoir des problèmes de langage ou non) - Problèmes de MLT : lésions aux lobes temporaux et à des aires sous-corticales 3^ième^ argument: Formes de codage des informations : le matériel retenu en MCT est traité par le son (acoustic coding), celui retenu en MLT par le sens - Dans certains cas, les mots qui se ressemblent phonétiquement sont plus difficiles à retenir, mais pas d'influence sur la MLT - Conrad (1964) : confusions acoustiques en MCT Les participants mémorisaient des séquences de lettres et on s'intéresse aux erreurs de rappel. Les erreurs s'expliquent acoustiquement (ex. G pour B, mais dans moins de cas R pour B) =\> Démontre la nature acoustique de la MCT - Baddeley (1966) Afin d'examiner la MLT → rallonger la longueur de listes (de 5 mots à 10) avec l'interruption après chaque présentation. Résultats : L'effet de similarité acoustique disparaît et les adjectifs sémantiquement similaires sont les plus problématiques **MÉMOIRE ET CERVEAU** **Patient H.M. (Henry G. Molaison)** Pour traiter son épilepsie suite à un accident de vélo, il a fait ablater ses lobes temporaux de deux côtés (où se trouve l'hippocampe). À la suite de la chirurgie, il gardait sa mémoire avant la chirurgie mais ne peut plus former de nouveaux souvenirs (il subit une perte profonde de la mémoire déclarative à court terme, une amnésie antérograde ; sa mémoire procédurale semble intacte). Wilder Penfield **Hippocampe : région critique pour la mémoire** - Localisation: le lobe temporal median - Fait partie du système limbique - Formation et la récupération de souvenirs en mémoire à long terme (déclarative) - Consolidation des traces de mémoire **Système limbique** - Cortex préfrontal, amygdale, hippocampe, striatum, hypothalamus (structures sous-corticales) **MÉMOIRE DE TRAVAIL** - Extension plus récente au concept de mémoire à court terme ; - Utilisée dans les traitements cognitifs sur les éléments qui y sont temporairement stockés (ex. traduction simultanée) - Permet de maintenir disponibles des infos perçues et d'activer les connaissances et les procédures qui sont nécessaires à leurs traitements. - Joue un rôle déterminant dans la compréhension/la production du langage, la résolution des problèmes, la réalisation de tâches de complexités variables, l'acquisition de nouvelles connaissances, etc. Ex. traiter des phrases surtout longues ou complexes, résoudre des problèmes d'arithmétiques : Le frère de la sœur de ma tante s'est endormi ou 674 + 35 ; (7+4)/2 x (17- 9) **La MCT sert de MDT** - Test de prise de décision : se souvenir de nombres (à 2-6 chiffres) en répondant vrai ou faux aux questions suivantes : - Résultats : à partir de 6 chiffres, résultats moins bons. - Conclusion : la MCT sert de MDT - Ne peut pas faire les deux en même temps **Quatre éléments de la MDT** - Boucle phonologique - Buffer épisodique - Calepin visuo-spatial - Administrateur central Boucle phonologique: - Stockage phonologique - Maintenir et manipuler les infos de nature acoustique ; elles y sont conservées durant un temps bref - Contrôle articulatoire - Coder phonologiquement les infos graphiques et gérer le langage intérieur, utile aussi bien à la répétition verbale qu'aux raisonnements complexes. - Mener les tâches cognitives qui ont une composante langagière Arguments: - Confusions acoustiques/effet de la similarité phonologique de Conrad (1964) et Baddeley (1966) : plus difficile de se rappeler, dans l'ordre, des séquences de lettres/mots qui se ressemblent acoustiquement. - Le rappel immédiat de mots présentés visuellement affecté s'ils sont présentés simultanément à des mots non reliés, peu importe langue (donc le rappel n'est pas au niveau sémantique) ; bruit ambiant non linguistique n'affecte pas le rappel. - Lien entre le rappel immédiat et la longueur de mots (effet de la longueur de mots sur la MDT): plus le mot est long, plus il prend du temps à la répétition, plus longue est la répétition, donc plus de temps pour que la trace mnésique s'efface. Cet effet peut disparaître si on empêche la répétition -- suppression articulatoire (ex. en demandant aux participants de répéter à voix haute le mot « the ») Buffer épisodique: - Lie l'info de plusieurs sources pour en faire des objets cohérents dans le temps pour les envoyer à la MLT : MCT d'un film, d'une histoire, etc. - Stocke des infos perçues dans le contexte particulier où elles ont été rencontrées. Calepin visuo-spatial: - Stocke de façon temporaire les images visuo-spatiales et les maintient disponibles durant leurs traitements - Planification spatiale (itinéraire, orientation) - Pas influencée par l'acoustique - Dominance dans l'hémisphère droit ; tâches simples : lobe occipital ; tâches complexes : lobe pariétal Administrateur central: - Gère les trois systèmes dépendants (coordonateur) - Sélectionne les stratégies et intègre les infos - Récupération d'infos d'autres sous-systèmes, ex. MLT - Surtout mais pas uniquement : les lobes frontaux **MÉMOIRE À LONG TERME** **Catégories qualitatives de la MLT** Mémoire déclarative (explicite, accessible à la conscience) - Lobe temporal médian (hippocampe) - Mémoire épisodique (évènements) - Mémoire sémantique (faits) Mémoire non déclarative (implicite) - Striatum, cervelet, amygdale, cortex sensoriel - Aptitudes et habitudes (mémoire procédurale) - Conditionnement - Apprentissages non associatifs - Amorçage La mémoire explicite peut, à un moment donné, finir par se transformer en implicite. **Mémoire déclarative/explicite** - Le stockage et la récupération de données qui peuvent émerger à la conscience et qui peuvent donc être encodées sous forme de symboles et exprimées par le langage - Lobe temporal médian (hippocampe) - Mémoire épisodique : événements (auto)biographiques (datés et localisés, expériences personnelles) - Mémoire sémantique : faits, concepts relatifs à la connaissance du monde, mots et leurs sens (connaissance générale) **Mémoire non déclarative/implicite (parfois, procédurale)** - Pas accessible à la conscience, au moins pas dans les détails - Souvenirs concernent des associations et des savoir-faire acquis et récupérés à un niveau inconscient - Stockés dans d'autres zones cérébrales (striatum, cervelet, amygdale, cortex sensoriel, etc.) Types de la mémoire non déclarative/implicite (parfois procédurale) : - Aptitudes et habitudes (mémoire procédurale) Faire du vélo : quand on a pratiqué plusieurs fois et on est habile, la mémoire explicite de faire du vélo se transforme en mémoire implicite (et s'enregistre dans d'autres zones du cerveau, ex., striatum, cervelet, amygdale, cortex sensoriel). - Conditionnement L'apparition d'une nouvelle réponse qui est progressivement provoquée en appariant de façon répétée un nouveau stimulus au stimulus provoquant la réaction normale attendue. - Conditionnement classique : chien de Pavlov - Conditionnement opérant : développé par Skinner et Thorndike. La boîte de Skinner. → il y a un apprentissage supplémentaire : une sorte d'apprentissage par renforcement - Apprentissage non-associatif Réseaux contrôlant le réflexe, y compris le cervelet Habituation : une diminution progressive de la réponse à une stimulation qui se répète. (ex : sensation vêtements s'estompent ou rétraction de la branchie chez l'alypsie) Sensibilisation: Une réponse aversive déclenchée par un stimulus nociceptif se généralise à divers autres stimuli non nociceptifs. - Amorçage: La présence préalable d'un stimulus influence le traitement d'un stimulus subséquent. Plus de chance d'écrire le même mot que la veille si déjà exposé à ce mot. Cortex **MÉMOIRE ET LANGAGE - MODÈLES DU TRAITEMENT MORPHOLOGIQUE** **Modèles du traitement morphologique** Passé simple en anglais Deux stratégies de formation : - Ajouter le suffixe --ed à un verbe régulier - Accéder à la forme du passé d'un verbe irrégulier Deux hypothèses : - Le même traitement pour les formes régulières et irrégulières : stockage des formes dans la mémoire associative. - Le traitement n'est pas le même : règles pour les formes régulières et stockage des formes irrégulières. **Modèles à système unique (mémoire associative)** - Type de mémoire déclarative - Habileté à apprendre et se rappeler du lien entre deux stimuli (e.g. odeur/chanson particulière reliée à un endroit, une personne, etc.) - Hippocampe, surtout. - Stockage des formes lexicales - Liens d'association entre les mots - La morphologie émergeait des liens d'association entre les mots (pas de règles morphologique) - Envisagent un même traitement pour la morphologie régulière et la morphologie irrégulière - Connexionnisme (McClelland et Rumelhart, 1986) - Modèle en réseau (network model) (Bybee, 1995, 2001) **Modèles à double système** - Règles morphologiques stockées indépendamment dans la mémoire procédurale (non déclarative) - Les formes irrégulières stockées dans la mémoire associative - Le traitement différent de la morphologie régulière et irrégulière - Mots et règles (words-and-rules model, Pinker 1999 ; Pinker et Ullman, 2002 ; étendu par Ullman, 2001) - Modèle de généralisations minimales (Minimal Generalization Model, Albright et Hayes, 2002, 2003) **Connexionnisme** Tous les mots sont stockés dans la mémoire et les relations entre les formes du présent et du passé sont saisies par un mécanisme associatif (pattern associator). - L'accès direct aux mots fréquents est grandement facilité, alors que les mots moins fréquents sont construits par analogie avec d'autres mots fréquents (ex., spring-sprung par analogie avec sing-sang). - Il n'y a pas de représentations lexicales telles quelles : - Les relations entre les radicaux verbaux et les formes du passé sont représentées par un réseau de connexions ou d'associations entre les phonèmes - La production d'un output pour un input donné consiste en une activation des connexions entre les phonèmes (ou leurs traits constituants) ce qui ressemblerait à l'activation de réseaux neuronaux dans le cerveau humain. - Selon les connexionnistes, le processus d'acquisition est un ajustement graduel aux patrons qui émergent des connexions lexicales - Il n'y a pas de règles morphologiques **Modèle en réseau** Les mots sont liés entre eux par des schémas abstraits qui émergent des associations lexicales de force différente déterminée par l'usage. - Un mécanisme unique de traitement de formes régulières et irrégulières - Des patrons productifs s'étendent aux nouveaux mots via des schémas sur la base d'un contenu, phonologique et sémantique, partagé (ex. l'affixe --s en anglais est un marqueur du pluriel dont le contenu phonologique et sémantique est partagé par la majorité des noms au pluriel) - Il n'y a pas de règles morphologiques. **Modèles du traitement morphologique (Modèles à double systèmes)** Plusieurs arguments psycholinguistiques et neurolinguistiques sont en faveur d'un double système (ex., Ullman, 2001 ; Miozzo, 2003 ; Pinker, 1999 ; Marcus et al., 1992) Ex. Pinker (1995) : des enfants de 2 ans, « My teacher holded the baby rabbits... » Ex. Marcus et al. (1992) : analyse des données de 88 enfants de 1;3 à 6;6 - Les enfants commencent à produire des erreurs de sur-régularisation (ex. wug test) à peu près en même temps qu'ils commencent à utiliser de façon consistante la flexion --ed de verbes réguliers : un indice que l'enfant a appris une règle Limites : il y a des langues où il n'y a pas de règle générale (par défaut) mais les enfants font des erreurs de surgénéralisation (par ex. Dabrowska 2001, 2004 sur le génitif en polonais) **Passé composé et TDL (troubles développementaux du langage)** - Difficulté à produire des formes du passé - Difficultés plus fortes avec des verbes peu fréquents ou nouveaux - Les enfants semblent utiliser la mémoire déclarative pour produire des réponses - Système unique du traitement morphologique **[Cours 6: Traitement du langage]** **INTRODUCTION** 1. **Traitement du langage** Traiter les informations lors d'une occurrence linguistique pour comprendre ou produire le langage - Compréhension auditive (perception/reconnaissance auditive) - Compréhension visuelle (perception/reconnaissance visuelle) - Production verbale à l'oral - Production orthographique (écriture manuscrite, dactylographie et épellation) La psycholinguistique : traitement du langage et acquisition du langage **1.2 Méthode expérimentale en temps réel** L'expérimentation rigoureuse collectant des données auprès des participants humains est nécessaire (presque obligatoire) pour la psycholinguistique moderne - D'où l'appellation populaire : psycholinguistique expérimentale Tâches en temps réel (on-line) - En temps réel : les tâches expérimentales pistant les processus du langage au moment où ils se déroulent, alors que l'on ne préfère pas l'analyse fondée sur les produits (off-line, p. ex., introspection, analyse des erreurs et des réponses des questionnaires) Effet Stroop: John Ridley Stroop (1935) Nommer la couleur en ignorant le mot en laquelle il est imprimé autant rapidement et justement possible Condition expérimentale (incongruente) : rouge vert bleu brun violet Contrôle : Les participants ont passé plus de temps à nommer les couleurs des mots d'une couleur incongruente - Interprétation : Cette effet d'inhibition vient de l'activation automatique du sens des mots - Le traitement du langage est automatique et irrépressible Méthodologie de la psycholinguistique : Allopenna et al. (1998) : reconnaissance auditive de mots Oculométrie (traçage des mouvement oculaire) Les participants écoutaient « click on the beaker » et devaient cliquer sur l'image d'un vase à bec parmi trois autres images distractrices On examine la probabilité de la fixation sur chaque stimulus image toutes les 33 millisecondes Au fur et à mesure qu'un mot auditive se déroule dans le temps, chez les locuteurs, en plus de la cible exacte, d'autres mots partageant l'attaque et la rime avec la cible sont également activés et entrent en compétition pour la reconnaissance de la cible - Il est impossible d'élucider ce processus de la reconnaissance auditive à la fin du processus avec une analyse rétrospective ou une introspection! **1.3 Grammaire générative de Chomsky** Noam Chomsky (1928 - ) - Fondateur de la grammaire générative Théories sur la syntaxe L'être humain est doté d'une faculté de langage, qui est ancrée génétiquement Le langage n'est pas le résultat des processus cognitifs D'incolores idées vertes s'installent furieusement. - Le processus syntaxique est indépendant des autres (ex : la sémantique). Règles syntagmatiques - Lexique - Grammaires syntagmatiques : Un ensemble de règles de réécriture (X → Y) Règles syntagmatiques pour le français (un fragment) : ST → SN SV (SAdv) (SP) Il dort profondément hier SN → (D) (SAdj) N (SP) (SC) Céline ; une bien meilleure mémoire de Montréal que je chéris SV → (Aux) V ({SN, SAdj}) (SP) (SC) (SAdv) a posé une question au chargé de cours très succinctement ; a dit à un ami que la linguistique est intéressante ; est content de son sort ; est un problème ; \*est un problème bien content SP → P ({SN, SC}) avant la guerre ; avant qu'elle ne commence ; \*avant la guerre qu'elle ne commence SAdv → (SAdv) Adv très succinctement SAdj → (SAdv) Adj (SP) tout content de son sort SC → C ST que la linguistique est intéressante Grammaire transformationnelle - Des structures superficielles différentes pourront être transformées de la même structure sous-jacente. - Ex : Il poursuit le chien. SN1 + V + SV → Le chien est poursuivi par lui. SN2 + être + V + par + SN1 → Poursuit-il le chien ? Verbe + SN1 + SN2 **1.4 Historique de la psycholinguistique** Le séminaire qui a eu lieu en été 1951 à l'Université Cornell a réuni des linguistes (dont J. Greenberg, F. Lounsburry et T. Sebeok) des psychologues (dont G. Miller, C. Osgood et J. Carroll) - La méthodologie expérimentale et les théories en psychologie contribueront à l'explication des structures linguistiques Le terme « psycholinguistique » a été utilisé pour la première dans le livre par Osgood et Sebeok (1954) dédié à cette conférence Dans les années 1950 -- 1960, les psychologues cherchent à vérifier la théorie syntaxique de Chomsky et examiner la réalité psychologique des unités linguistiques par la méthode expérimentale À partir des années 1970, rupture de la psycholinguistique de la syntaxe théorique et sa large intégration à la psychologie cognitive - Des échecs de la tentative de l'interprétation psychologique des théories chomskyennes - Évolution rapide des théories chomskyennes, mais pas motivée par les résultats des expériences - Dès lors, la psycholinguistique, comme la psychologie cognitive, a toujours eu la métaphore computationnelle (p. ex., les théories du traitement des informations) au cœur de son approche Dans les années 1980, retour de coopération psychologie et linguistique **1.5 Traitement en psycholinguistique** Boîtes et flèches Boîtes : différents niveaux de représentation du langage Flèches : processus de transmission des informations d'un niveau à un autre **ÉTAPES DE PRODUCTION ET ÉTAPES DE COMPRÉHENSION** **2.1 Étapes de production** Niveau conceptuel → Mots et structure → niveau phonologique/phonétique - Ex : modèle de la production verbale à l'oral (Levelt et al.,1999) **2.2 Étapes de compréhension** Niveau phonologique/phonétique → « chunks », mots et structure → niveau conceptuel - Ex : séquence acoustique → oreille → décodage de l'information acoustique → reconnaissance de mots et/ou de « chunks » et de la structure → saisie de l'information lexicale et structurale en mémoire → activation des concepts reliés aux mots et à la structure → compréhension - Le décodage en compréhension commence environ 200 ms après le début de la présentation auditive de mots **COMPRÉHENSION DE PHRASES** Pour comprendre le traitement du langage : - Apport de la syntaxe, de la sémantique et de la pragmatique - Attente (anticipation) par rapport à la suite des éléments **3.1 Traitement syntaxique** Traitement de la structure Anticipation - Ex : Le chat chasse la souris. \[Le\] Déterminant ; s'accorde en genre et en nombre avec le nom ou l'adjectif qui suit Anticipation (N ou Adj) \[chat\] Vérification de la catégorie lexicale ; vérification des traits de genre et de nombre Anticipation (Adj./Prép/verbe) \[chasse\] Vérification de la catégorie lexicale ; conclusion \[le\] + \[chat\] = SN... **3.2 Traitement sémantique** Rôles thématiques Le type sémantique des arguments d'un verbe, déterminé par le verbe - Ex : Le chat (AGENT) chasse la souris (PATIENT). AGENT : être animé, instigateur volontaire de l'action PATIENT : entité animée qui subit l'action, ou qui est l'objet de l'action ou de l'état - Ex : Qui est-ce que Paul a vu au Cinéma ? \[Qui\] \+ animé ; patient ou agent : ex. Qui as-tu vu ? Qui est venu ? Anticipation (N, D ou AUX/V) \[Paul\]... \[vu\] Décision : Paul a vu quelqu'un, donc, « qui » est patient \[Qui\] doit donc être gardé en mémoire à court terme jusqu'à l'arrivée de \[vu\]. **3.3 Traitement pragmatique** Réversibilité 1 - Les policiers ont arrêté les voleurs - \#Les voleurs ont arrêté les policiers. En plus des informations syntaxique et sémantique : - Information pragmatique est un renforcement - Inversions moins plausibles : Quand le verbe est « arrêter », « voleur » moins possible à être l'agent ; « policier » moins possible à être patient Indépendance du traitement pragmatique des autres types de traitement Aphasie de Broca et réversibilité Voix active: - Le danseur applaudit l'acteur. - L'acteur applaudit le danseur. - Choisir l'image correspondante : taux de réussite : 75% Voix passive: - L'acteur est applaudi par le danseur - Choisir l'image correspondante : taux de réussite : 50% Dans certaines pathologies, il y a l'incapacité à réaliser que la voix passive implique un inversement des rôles thématiques. - Ce problème disparaît quand la réversibilité est impossible. \[L'acteur\] Décision pragmatique : Premier SN = agent... \[par\] = présence d'un agent Problème : il existe déjà un agent Décision aléatoire, 50% Réversibilité 2 : clivage - Le chat chasse le chien. (ordre canonique) - C'est le chat qui chasse le chien. (clivée du sujet) - C'est le chien que le chat chasse. (clivée de l'objet) Chez les aphasiques de Broca : - Première et deuxième phrases réussies à 100% - Troisième phrase réussie à 33% Encore une fois, le problème disparaît si la réversibilité est impossible : - \#Cest le chat que le ballon chasse. **MANIÈRE DE TRAITEMENT DU LANGAGE** **4.1 Traitement modulaire VS traitement interactif** Traitement modulaire : traitement syntaxique s'effectue de façon autonome de tous les autres traitements (sémantique, pragmatique, etc.) - Traitement à deux étapes « Syntaxe d'abord, le sens ensuite » - Étape initiale : seulement l'analyse syntaxique - Seconde étape : les autres informations (sémantiques, pragmatiques, etc.) Traitement interactif : traitement syntaxique ne s'effectue pas de façon autonome de tous les autres traitements (sémantique, pragmatique, etc.) - Traitement à une étape : tous les types d'informations sont en jeu dès le début du traitement « Pas de traitement syntaxique sans sémantique » Sources des données dans le débat : situations d'ambiguïtés dans les phrases **4.2 Ambiguïté dans les phrases** Ambiguïté lexicale : souvent causée par la polysémie de mots - L'alcool est surtout mauvais pour quelqu'un qui conduit une auto : alors, il peut avoir des effets désastreux sur sa circulation. Ambiguïté syntaxique : deux représentations structurales possibles - Désire acheter jeux Lego pour enfants usagés. - Désire acheter \[SN \[N jeux Lego\]\] pour \[SN \[N enfants\] \[SAdj \[Adj usagés\]\]\] ('enfants usagés' : le SAdj est sœur du N enfants) - Désire acheter \[SN \[N jeux Lego\] pour \[SN \[N enfants\]\] \[SAdj \[Adj usagés\]\]\] ('jeux Lego usagés' : le SAdj est sœur du N jeux Lego) - John told the girl that Bill liked the story. - John told the girl \[that Bill liked the story\]: Attaché au SV - John told the girl \[that Bill liked\] the story. : Attaché au SN - Jean envoie des cartes de Calais. - Jean \[SV envoie \[SN des cartes\] \[SP de Calais\]\]. : SP attaché au SV - Jean \[SV envoie \[SV des cartes \[SP de Calais\]\]\]. : SP attaché au SN En l'absence d'un contexte pertinent et d'autres indices, il y a une préférence pour la première interprétation possible (John told the girl \[that Bill liked the story\] / Jean \[SV envoie \[SN des cartes\] \[SP de Calais\]\].) - Principe de l'attachement minimal John told the girl \[that Bill liked the story\]. = 5 points de branchement John told the girl \[that Bill liked\] the story. = 6 points de branchement En faveur de la modularité (assignation de structure d'abord, retour sur la phrase pour son interprétation) Études à travers différentes langues... - Quelqu'un a tiré sur le père de l'actrice qui était sur le balcon/avec son mari. - Préférence pour un attachement plus haut, en espagnol, en français, en néerlandais, etc. - L'attachement minimal pourrait être simplement une stratégie dépendante de la langue. Ambiguïté locale : En lisant la phrase suivante qui n'est pas ambiguë, on connaît pourtant une confusion à un certain moment. - Des témoins ont vu débouler le camion du boucher \[SC qui était cabossé\]. L'attachement du SC à \[le camion\] ou à \[le boucher\] entraîne le même nombre de nœuds. La confusion vient de la préférence de l'attachement à \[le boucher\]. - Le principe de la clôture tardive : attacher chaque nouveau mot perçu au dernier syntagme traité (\[le boucher\]), quand le principe de l'attachement minimal est inapplicable. **4.3 Ambiguïté locale dans les phrases** Phrase « Garden Path » La phrase n'est pas ambiguë, parce qu'une seule interprétation est possible. - L'ambiguïté d'une phrase est dite « locale » (par opposition à « globale »), lorsqu'elle est temporaire et disparaît une fois la phrase terminée. Lorsque deux chemins sont possibles à un point donné d'un énoncé, un menant le plus souvent à l'agrammaticalité (l'impression de s'être temporairement fourvoyé sur un « faux chemin ») ; - Exige un « retour en arrière » pour retrouver le chemin de la grammaticalité. Le classique (inventé par Thomas Bever, 1970) : - The horse raced past the barn fell. Un autre exemple français : - Paul a écrit deux lettres et une de ses amies en a écrit trois. Le traitement interactif propose que la confusion n'émerge pas en présence des facteurs non structuraux = L'apport des facteurs non structuraux sur l'interprétation Quatre types de facteurs non structuraux : - Sujet animé VS inanimé - Contexte référentielle - Fréquence lexicale - Prosodie **Sujet animé VS inanimé** The horse raced past the barn fell. (sujet animé) The legislation raced through the committee passed. (sujet inanimé) - SN inanimé en début de phrase = normalement verbe au passif → bloque l'interprétation garden path - SN inanimé ne peut pas volontairement faire une action. **Contexte référentielle** There were several horses in the cross-country race. They headed off in various directions. The horse \[raced past the barn\] fell. - La possibilité de lier the horse à plusieurs référents dans le discours (several, they) facilite l'interprétation où \[raced past the barn\] est une proposition relative réduite. **Fréquence lexicale** The horse carried past the barn died. The horse raced paste the barn fell. - Pas d'effet garden path dans la première phrase. → La lecture intransitive de carry est très peu fréquente. **Prosodie** Les pauses et le type d'intonation nous donne de l'information sur les limites des constituants et aident la compréhension de la phrase. The horse raced past the barn fell. - Une intonation montante à barn et une courte pause avant fell. **EXPÉRIMENTATIONS** Stimuli: - Relatives réduites de l'anglais - The defendant examined by the lawyer shocked the jury Tâche : lecture à rythme individuel (self-paced reading) Méthode comportementale : participant presse un bouton pour appeler le mot suivant Données recueillies: temps de réaction après chaque mot présenté But : vérification des deux hypothèses (modularité VS interaction) Donnée cruciale : temps de réaction à by Pourquoi ? Parce que c'est là que le participant est mené dans un gardent path. - À « The defendent examined... », on s'attend à un COD mais on a une préposition → il faut réanalyser la structure de la phrase. - Quelles sont les prédictions respectivement de la modularité et de l'interaction ? Traitement modulaire : Pas de temps de réaction accru à by Traitement interactif : Temps de réaction accru à by Méthode de l'électrophysiologie : Une façon d'observer les corrélats neuronaux des sous-composantes d'un énoncé linguistique Nous permettra aussi d'observé l'influence simultanée d'un sous-système sur un autre (ex. prosodie et syntaxe) Notion importante en électrophysiologie: les potentiels évoqués - ERP (Event-related potentials/potentiels évoqués) - Polarité, latence, distribution dissocient les processus cognitifs entre eux Cinq composantes reliées au langage : - MMN « mismatch negativity »100-200ms: éléments non fréquents dans une suite - N400 (centro-pariétale) : incongruité lexico-sémantique - ELAN (antérieure négative) : traitement syntaxique et morphosyntaxique en temps réel - P600 : révision syntaxique - CPS (Closure Positive Shift) : traitement des frontières intonatives entre constituants (au début de chaque frontière intonative entre constituants). Exemple de traitement interactif à l'aide des PÉ (Steinhauer, Alter & Friederici 1999) - Phrases présentées à l'écrit : présence de l'effet garden-path présent - Phrases présentées oralement : effet garden-path diminue. - Question: Quelle est importance de la modalité orale? **Traitement (processing)** Question: Quelle l'importance de la modalité orale? Réponse : la présentation orale contient de l'information prosodique. - Par exemple: l'insertion une frontière prosodique près du verbe dans la deuxième partie phrase bloque presque entièrement l'effet garden-path: - Since Jay always jogs... \[pause\]... \[a mile and a half seems like a short distance to him\]. La présence de la pause dans la deuxième phrase bloque l'intégration syntaxique (naturelle) du SN a mile and a half au verbe de la proposition principale. Questions : Comment la syntaxe et a prosodie interagissent-elles dans le cerveau ? L'effet de la prosodie se fait-il sentir avant la pause ? À quel moment le cerveau intègre-t-il la prosodie dans