Metropolization and Urban Sprawl PDF
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Université Paris Nanterre
S. Lehman-Frisch – Aurélie Quentin
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This document is a set of lecture notes on Metropolization and urban sprawl, focusing on the development of urban areas in Latin America. It discusses the historical context, theories of modernization, and the concept of dependency in the region's urban evolution.
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Metropolization and urban sprawl Master 1 S. Lehman-Frisch – Aurélie Quentin Université Paris Nanterre Les objectifs aujourd’hui sont de donner un aperçu visant à comprendre: - Les enjeux de la métropolisation dans les pays dits « du Sud » - Les spécificités générales de la question urbaine en Améri...
Metropolization and urban sprawl Master 1 S. Lehman-Frisch – Aurélie Quentin Université Paris Nanterre Les objectifs aujourd’hui sont de donner un aperçu visant à comprendre: - Les enjeux de la métropolisation dans les pays dits « du Sud » - Les spécificités générales de la question urbaine en Amérique latine I. La métropolisation vue du Sud II. Les spécificités urbaines latino-américaines I. La métropolisation vue du Sud Pour mémoire : ce que vous avez vu la semaine dernière, qui a été conçu et et qui s’applique essentiellement aux pays dits « industrialisés » ou « du Nord » Métropolisation = traduction spatiale de la globalisation et de l’évolution des systèmes productifs, sociaux, culturels, politiques etc. Au « Sud », ces systèmes sont différents donc la traduction spatiale est différente. On va voir pourquoi, et en quoi c’est différent. A. Capitalisme périphérique et dépendance - Contexte : Milieu du XXè siècle = après-guerre, guerre froide, décolonisation. Il y a une vision très dualiste : développement >< sous-développement. La vision dominante est que pour arriver au développement, la recette est le progrès, ce progrès suit des étapes linéaires (étapes suivies par les pays développés pour s’industrialiser) > si les PED suivent ces mêmes étapes ils deviendront des pays développés = théorie de la modernisation. Pensée de la modernisation : il faut renoncer à la colonisation qui est trop protectionniste et freine l’expansion des marchés. Les Etats-Unis remettent en question la pensée coloniale : il n’est plus question de civiliser les gens mais de leur amener le progrès = paradigme de la modernisation. L’approche change : on veut passer du traditionnel à la modernité, à la fois sur le plan politique, sociologique et économique. 1. La théorie de la modernisation Rostow, 1960 1) La société traditionnelle : technologies primitives, une économie limitée à l’agriculture, un pouvoir politique dominé par les propriétaires terriens, peu de mobilité sociale, fort fatalisme et une résistance au changement. 2) Les préconditions au décollage ( comme GB fin 17ème) : développement des sciences modernes et du commerce, développement d’une minorité tournée vers le progrès, innovations technologiques, changement des valeurs (profit et bien être individuel), expansion des marchés mondiaux,… à Mais persistance de la société traditionnelle. 3) Le décollage : fin des résistances traditionnelles, croissance continue et auto-entretenue, augmentation de l’investissement et accélération du progrès technologique. à En 10 ou 20 ans : transformation de la société. 4) Le chemin vers la maturité : progrès économique, accélération du développement, augmentation de la productivité et des revenus,... 5) Age de la consommation de masse : la population accède à la consommation, le moteur de l’économie est le bien de consommation durable et les services, il y a bien-être social. à Une société moderne. La modernisation est un processus de transition et de rattrapage. La modernisation est un processus multidimensionnel mais place centrale à la croissance et l’accumulation de capital. La modernisation est un processus universel qui requiert du temps. C’est un processus homogénéisant, tendant à faire converger les sociétés vers le modèle capitaliste occidental. => Idées qui ont très fortement influencé l’ensemble des actions et politiques des organisations internationales 2. Les approches en termes de « dépendance » A l’encontre de ce paradigme de modernisation : Emergence dans les années 1960 différents courants critiques inspirés marxisme, et regroupés sous classification de « théorie » de dépendance. la de du la la André Gunder Frank : Le développement du sous-développement. L’Amérique latine. 1969. « As to the efficacy of the policy recommended by Rostow, it speaks for itself: no country, once underdeveloped, ever managed to develop By Rostow's stages » … «poverty in the developing countries is caused by the development of underdevelopment » a. Une critique économique… Raul PREBISCH (Economiste argentin, directeur de la CEPAL puis de la CNUCED) PREBISCH va contester 2 hypothèses de la théorie classique à partir de l’Amérique Latine : - Il y a des inégalités commerciales qui proviennent des inégalités du développement. Ces inégalités de développement sont la conséquence de l’expansion du système capitaliste au cours du temps. On a en effet une spécialisation des relations commerciales (AL = exportateurs de matières premières). - Les causes du sous-développement latino-américain : Le libre échange confine l’Amérique Latine à un rôle d’exportateur de matières premières. Les exportateurs de matières premières subissent une constante dégradation des termes de l’échange. L’économie mondiale est donc un système de domination au profit du centre et qui crée le sous-développement à la périphérie. - Développement et sous-développement font partie d’un même processus : des conditions favorables au centre sont étroitement associées à des conditions défavorables à la périphérie et inversement. - Il faut donc une rupture de ce système de dépendance via des stratégies autocentrées. Il faut intégrer une dimension interne au processus de développement. => Industrialisation par substitution aux importations (ISI) est la solution b. …mais aussi sociale et politique Samir Amin : Le développement inégal. 1973. La question centrale qui anime toute son œuvre est celle de savoir pourquoi l’histoire de l’expansion capitaliste s’identifie à celle d’une polarisation à l’échelle mondiale entre formations sociales centrales et périphériques. Les périphéries ont été façonnées dans l’organisation de leur production pour servir l’accumulation du capital central. Analyses à partir des civilisations Chinoises et Égyptiennes. => Le développement inégal peut être dépassé que par des formes de développement autocentrées et socialistes. Fernando Henrique Cardoso (sociologue, Président de la République du Brésil de 1995 à 2003) L’un des inspirateurs qui critique dès les années 1970 l’idée même d’une « théorie de la dépendance ». Il souligne l’importance de tenir compte des situations locales, de la dynamique interne (sociale et politique) des sociétés dépendantes et notamment du rôle des élites locales : en collusion avec les intérêts capitalistes du/des « centres ». Cardoso y Faletto Dependencia y desarrollo en America latina, ILPES, 1969. 3. Capitalisme périphérique et urbanisation Þ Le développement du sous-développement se produit en même temps que/à travers l’urbanisation de l’Amérique latine Þ L’ensemble des phénomènes caractérisant la métropolisation que vous avez étudié en Amérique du Nord sont liés aux transformations des systèmes productifs et des régimes d’accumulation (post-fordisme) => les spécificités du capitalisme « périphérique » induisent des spécificités du phénomène de métropolisation dans les pays « dépendants ». B. La métropolisation dans les pays du Sud 1. Les facteurs de la transition urbaine ”explosive” - Explosion démographique - Exode rural 2. Les spécificités de la métropolisation au Sud a. une urbanisation sans industrialisation b. Les quartiers infromels Barriada - Lima Bidonville - Casablanca Ranchos Caracas Slum Bangkok Invasion - Quito 2. Les spécificités de la métropolisation au Sud èContexte postcolonial = Ségrégation/fragmentation et inégalités sociospatiales anciennes qui s’amplifient avec le temps èUrbanisation sans industrialisation = Urbanisation de la pauvreté èQuartiers informels et autoproduits èEtalement urbain 3. Métropolisation ou « mégapolisation »? II. Les spécificités urbaines de l’Amérique latine Du point de vue des taux d’urbanisation, peut être classée depuis plusieurs décennies parmi les régions « développées ». A. L’ancienneté du phénomène urbain 1. Empires et civilisations pré-colombiens Kuhikugu – Brésil : the lost city of Z? Tenochtitlán : capitale de l’empire Aztèque Machu Picchu : cité Inca Cuzco : ancienne capitale impériale Inca A. L’ancienneté du phénomène urbain 2. Le rôle majeur de la colonisation dans le processus d’urbanisation XVIè siècle : fondation d’une très grande partie des villes qui existent aujourd’hui pour contrôle du territoire, exercice du pouvoir, évangélisation. Jean Tricart, Caravelle, 1964 https://www.persee.fr/doc/carav_01847694_1964_num_3_1_1087 Plaza mayor de Lima Texte de Richard Morse, page 38 Recent Research on Latin American Urbanization: A Selective Survey with Commentary Author(s): Richard M. Morse Source: Latin American Research Review , Autumn, 1965, Vol. 1, No. 1 (Autumn, 1965), pp. 35-74 https://www.jstor.org/stable/2502372 Texte de Richard Morse, page 38 Recent Research on Latin American Urbanization: A Selective Survey with Commentary Author(s): Richard M. Morse Source: Latin American Research Review , Autumn, 1965, Vol. 1, No. 1 (Autumn, 1965), pp. 35-74 https://www.jstor.org/stable/2502372 Rôle de l’économie agro-exportatrice « spéculative » fondée sur le modèle de l’hacienda qui ont besoin des pôles urbains pour fonctionner => pour certain explique aussi la faiblesse et le caractère tardif de l’industrialisation, l’économie d’hacienda étant suffisamment rentable et lucrative pour les élites. B. La faible corrélation entre urbanisation et industrialisation Variable selon les pays : les plus industrialisés étant l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay Malgré la promotion vigoureuse de la stratégie de substitution des importations dans les années 60-70, l’industrialisation reste faible et la dépendance aux importations très élevée. D’autres facteurs à l’exode rural : transformations dans les campagnes parfois du fait de réformes agraires et explosion démographique, qui expulsent une partie de la population en situation de famine/grande pauvreté ; or la ville concentre les investissements publics en matière d’éducation, de santé etc.; à quoi s’ajoute la question de la violence et des conflits internes qui provoquent d’important déplacements de population des campagnes vers les villes. C. Liens entre Urbanisation et démocratisation Le phénomène d’explosion urbaine prend place au milieu du 20e siècle dans un contexte géopolitique particulier : la guerre froide. Etats-nations fondés depuis environ 1 siècle, processus de démocratisation très récents et très fragiles Menace communiste dans l’arrière-cour des Etats-Unis Episodes de régimes autoritaires dans presque tous les pays de la région dans les années 60 à 90 Dans ce contexte, les quartiers informels en pleine expansion représentent un risque politique très important qui va déterminer largement les politiques publiques menées pour leur amélioration/reconnaissance ou leur éradication. Pour conclure Les villes latino-américaines se caractérisent par: - Des inégalités socio-spatiales extrêmement marquées (considérées comme les villes les plus inégalitaires au monde) parce que structure social inégalitaire très ancienne (colonisation) - Une politisation importante du fait urbain qui explique que de très nombreux débats théoriques et politiques sur la question urbaine, qui ont animé le monde entier, ont émergé en Amérique latine.