II - Deuxi\`eme G\'eopol. - L'Ecole Anglo-Saxonne (PDF)
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This document provides a historical overview of Anglo-Saxon geopolitical thought, specifically focusing on the work of Alfred Mahan. It explores Mahan's theories on maritime power and its influence on global politics, particularly the rise of the United States. The text primarily focuses on conceptual frameworks, without detailed analysis of specific geopolitical events.
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II / Deuxième Géopolitique : l'École Anglo-saxonne (anglo-américaine) 1. Alfred Mahan (1840-1914) Alfred Mahan est un officier de marine, historien et stratège naval américain, reconnu pour son influence sur la doctrine maritime des États-Unis. Il développe la vocation maritime américaine et in...
II / Deuxième Géopolitique : l'École Anglo-saxonne (anglo-américaine) 1. Alfred Mahan (1840-1914) Alfred Mahan est un officier de marine, historien et stratège naval américain, reconnu pour son influence sur la doctrine maritime des États-Unis. Il développe la vocation maritime américaine et insiste sur la nécessité d'une puissante flotte. Contemporain de Ratzel, sa pensée est résumée dans le Sea Power. Adepte de la méthode historique, il étudie en profondeur la genèse de la puissance britannique. Ayant participé à la guerre de Sécession (1861-1865), il en tire des enseignements maritimes. Diplômé de l'école navale, il devient ensuite enseignant-chercheur, spécialisé dans l'étude des grandes rivalités maritimes. Il écrira ses deux plus grandes œuvres : - Une trilogie : L’influence de la puissance maritime sans l’histoire : 1. L’influence de la puissance maritime dans l’histoire de 1760 à 1783. 2. L’influence de la puissance maritime dans l’histoire de la Révolution française à l’Empire. 3. La puissance maritime dans la guerre de 1812 (campagne de Russie). - Recueil d’articles : Les intérêts de l’Amérique dans la puissance maritime. Le problème de l’Asie et ses effets sur les politiques internationales “L'œuvre de Mahan est profondément géopolitique. Il analyse la montée en puissance américaine et le déclin de la puissance britannique. 1. Alfred Mahan 1. 11. La puissance maritime dans l’histoire L'œuvre de Mahan c’est l’histoire des rivalités maritimes. Pour lui, la domination maritime britannique s'explique par l'accent mis, depuis longtemps, sur le développement de sa puissance navale. Toutes les nations ne sont pas égales sur la puissance maritime : le sea power. Il détermine 6 critères pour qu’un État soit une puissance maritime : 1 : La position géographique du pays → il faut un débouché maritime. Désavantage d’avoir une partie continentale. Cette position ambivalente amène à une perpétuelle indécision entre le maritime et le continent. La France par exemple possède 2 façades maritimes (sur l’Atlantique et la Méditerranée) qui sont difficiles à gérer, se rejoignent difficilement. Il faut deux armées maritimes et une armée de terre solide ce qui est compliqué. Tandis que le Royaume-Uni est une île donc elle se focalise sur sa puissance maritime. 2 : La configuration physique de l’État. Par exemple, le Royaume-Uni a besoin de se tourner vers l’extérieur pour aller chercher ce qu’ils n’ont pas dans leur pays. Selon Mahan, il y a des similarités entre la France et les Etats-Unis car ils n’ont pas besoin de se tourner vers l’extérieur, tout est sur leur territoire. La France n’est pas un peuple marin ( vit bien, pq aller voir ailleurs ?) 3 : La configuration territoriale : la longueur des côtes. Avoir des ports en eaux profondes est indispensable. 4 : La population (qui vit près des côtes). La population était également répartie en France, il y avait donc une population vivant au bord de la mer : c’est un atout pour la marine commerciale et la marine de guerre. Une population tournée vers la mer est un avantage. 5 : Le caractère national : le peuple doit avoir une présupposition à l’aventure maritime → ex : l’esprit commerçant. 6 : Le gouvernement doit faire preuve de constance. Il doit bâtir une grande marine sur le long terme. Par exemple, la Grande-Bretagne est constante : après la chute de la marine espagnole (l’invincible armada), la Grande-Bretagne a bâti une marine dominante sur le long terme. La France, elle, est épisodique : il a existé plusieurs belles marines dans l’histoire française. Dans sa trilogie, Mahan retrace l’histoire des guerres européennes, de la rivalité France/Grande-Bretagne. Le tournant qui place la Grande-Bretagne comme suprématie maritime (différent d’hégémonie) est la guerre de succession d’Espagne (1702-1713). Pour Mahan ce qui compte c’est la possession de points stratégiques qui permettent le contrôle des routes maritimes. Pour avoir une puissance maritime il faut avant tout avoir des activités marchandes. Critique de Mahan : il a été capable de différencier puissance militaire et puissance maritime mais on lui reproche l’ambiguïté du sea power : il traite plus de la puissance militaire. 1. 12. La mer : une ambition pour les Etats-Unis Mahan pense qu’il faut une marine puissante aux Etats-Unis. Il estime qu’il manque encore des points d’appuis stratégiques mais qu’ils doivent se lancer. « Les navires de la Navy sont comme des oiseaux sur Terre, incapables de voler loin de leur rivage ». Dans Les intérêts de l’Amérique dans la puissance maritime d’aujourd’hui et de demain, Mahan s’inquiète des responsabilités internationales auxquelles les États-Unis pourraient être appelés en raison de leur taille et de leur puissance économique. Il soutient l’annexion d’Hawaï comme point d’appui stratégique, réalisée en 1898, marquant une rupture avec l’isolationnisme de la doctrine Monroe des années 1820. Ce tournant (19e-20e siècle) coïncide avec le déclin de l’impérialisme espagnol, permettant aux États-Unis de prendre le contrôle de positions stratégiques auparavant espagnoles : Hawaï, les Philippines, Guam, Cuba, et d’autres îles du Pacifique. Avec Théodore Roosevelt comme sous-secrétaire à la Marine durant la guerre hispano-américaine, les États-Unis émergent au début du XXe siècle comme grande puissance maritime, adoptant la doctrine Roosevelt ou Mahan (remplaçant la doctrine Monroe). À la fin du XIXe siècle, l’US Navy devient la deuxième force navale mondiale, derrière celle du Royaume-Uni. En 1922, les conférences navales établissent une parité de tonnage entre la marine américaine et la Royal Navy, consacrant la position maritime des États-Unis. Ainsi, l’US Navy = Royale Navy. Par sa pensée, Mahan oriente les États-Unis vers leur destinée impérialiste et maritime. 1. 13. Le problème de l’Asie La rivalité pour le partage de l'Asie centrale, souvent appelée « Le Grand Jeu » (selon Kipling), est marquée par les ambitions d'expansion de l'Empire russe, qui se heurte à l'Empire britannique contrôlant les Indes. Mahan, s'intéressant à ces rivalités, affirme que la domination russe en Asie est contestée grâce à la puissance maritime britannique, qui s'appuie sur les côtes. Entre les deux empires se trouve une zone de friction que Mahan désigne comme la ceinture clivante, un terrain d'affrontement entre le Sea Power britannique et le Land Power russe, s'étendant de la Méditerranée au Pacifique. Spykman, à son tour, préconise l'alliance des puissances maritimes pour contrer l'impérialisme russe. Mahan est également considéré comme un précurseur de Mackinder, qui développe le concept de croissant intérieur (Coastland) ; Spykman de Rimland. 1. 14. La postérité et l’actualité de Mahan Les idées du stratégiste Mahan sont récupérées par 4 pays : le Royaume-Uni, la France, le Japon et la Chine. L’américain Julian Corbett écrit en 1911 Principes de stratégies navales. En France, l’amiral Raoul Castex (1878-1962), un des plus grands stratèges du début du XXè siècle, écrit Théories Stratégiques. En Allemagne, l’amiral Alfred Fon Tripitz (1849-1930) est l’artisan de la weltpolitik que Guillaume II mène en Allemagne après la politique sage du chancelier Bismarck. Guillaume II charge donc Tripitz de doter l’Allemagne d’une grande flotte. En 1880, la marine allemande est insignifiante et en 1914 elle s’est fortement agrandie. Ouvrage de Mahan a disposition dans tous les bateaux de guerre pour s’inspirer de cette théorie. Tout cela inquiète les anglais : W. Churchill : « la marine est pour l’Angleterre une nécessité alors que pour l’Allemagne elle est un objet de luxe. Elle est pour nous synonyme d’existence, pour eux d’expansion ». La marine de guerre allemande sera utilisée pour la première fois durant la bataille du Jutland en 1916, pendant la première guerre mondiale. Cette marine permet à l’Allemagne de se doter d’un empire colonial. Le Japon, lui, remporte la bataille de Tsushima en 1905 contre la Russie. C’est la première fois qu’un pays non-européen bat un pays européen. Grande victoire navale japonaise qui confirme la théorie de Mahan (27 mai 1905, le Japon défait la flotte de guerre russe venue de la Baltique). Les Anglais ont toujours eu besoin d’un allié terrestre car une puissance maritime seule ne suffit pas. Dans les années 20/30 : Les Anglais et les Américains commencent à être inquiet de la marine japonaise → En 1921-1922, la conférence de Washington la marine japonaise est autorisée à avoir 60% du tonnage de la Grande-Bretagne. L’objectif des Britanniques est d’avoir une marine supérieure. Mais le japon n’étant pas d’accord, à partir de 1930, ces conférences navales sont de - en - respectées. En 1942, l’Angleterre perd de sa puissance maritime avec la bataille de l’Atlantique. Tout le monde veut dominer, veut un Sea Power, il y a une course à l’armement naval. La Chine a à son tour récupéré les pensées de Mahan. C’est d’ailleurs le pays qui a le mieux lu Mahan. L’amiral chinois Liu Huaqing est le Mahan chinois = le + grand instigateur de la (re)naissance de la marine chinoise. Il convainc les autorités chinoises de développer la flotte chinoise alors qu’elle avait de + en abandonnée la mer pour se tourner exclusivement vers la terre. L’idée est de sécuriser ses voies d’approvisionnement en matière première. Cette stratégie du collier de Perles (terme : 2014) a pour objectif d’acquérir des ports et des bases navales sur les côtes de la Mer de Chine méridionale, détroit de Malacca, Océan Indien….= constituer des relais sur cette route du Moyen-Orient (ex : bas à l’étranger à Djibouti). La stratégie maritime chinoise = volonté de mettre la main sur des archipels et des îlots pour s’approprier les richesses = idée héritée de Mahan. La Chine monte alors en puissance grâce à la stratégie du collier de perles. Les Etats-Unis assurent cependant leur présence dans le Pacifique et dans l’Indien pour couper les flux (routes de la soie par exemple) en cas de guerre avec la Chine. La Chine prend donc ces points d’appui en mer et constitue son collier de perles : îles Hainan, îles Paracels, ville de Sihanoukville (Cambodge), Kyaukpyu (Birmanie), port de Chittagong (Bangladesh), port de Hambantota (Sri Lanka), Gwadar (Pakistan) et Djibouti. Mais cet impérialisme et cette générosité chinoise dans des pays pauvres est remise en question. La conférence sur le droit de la mer de Montego Bay traite de la territorialisation de l’espace maritime. Conclusion : Toutes ces acquisitions illustrent comment les théories du 19e siècle et début 20e ont été bien étudiées et ont encore de l’influence aujourd’hui. 2. Alfort Mackinder (1861-1947) Mackinder est un géographe britannique et est un des fondateurs de la géopolitique en raison de ses travaux très conceptuels. On retrouve chez Mackinder → l’idée de domination : comment la puissance britannique peut continuer à dominer ? Il cherche à comprendre comment l’Empire britannique peut demeurer la plus grande puissance maritime au monde à travers le concept de la Thalassocratie. Contexte : grande révolution géostratégique : développement des chemins de fer, relier les immensités de l’Asie pour pouvoir unir et exploiter ses richesses et au 1er rang de l’Asie : la Russie. Comment expliquer la domination du monde et que faut-il contrôler pour dominer le monde ? Il va introduire la géographie à Oxford et fonde en 1895 la London School of Economics. Il est favorable au protectionnisme impérial. Après la 1ère G.M, il va conseiller les généraux russes blancs (comme Denikine). Les idées de Mackinder sont les suivantes : - 1904 : il fait l’hypothèse du “pivot géographique de l’histoire” et l’hypothèse d’ “Heart-land”. - 1919 : Thèse autour du Heartland, concept d’île monde. - 1943 : Le monde sphérique et la conquête de la paix. ouvrage où il réévalue ses concepts. 2. 11. Les idées de 1904 En janvier 1904 : contexte : quelques semaines du conflit russo-japonais. Le Japon gagne. Mackinder fait une conférence devant la société savante en géographie de Londres : c’est là qu’il émet sa première hypothèse : pivot géographique de l'histoire. Il va montrer qu’il y a une causalité géographique dans l’histoire. L’Eurasie est pour lui le pivot géographique de l’histoire car c’est la zone d’où partent toutes les invasions et a vocation à demeurer le pivot du monde politique d’aujourd’hui. Selon lui, cette zone a comme cœur le Heartland (à peu près la Russie). Elle est importante car elle a d’immenses ressources grâce à l’amélioration des voies de communication terrestre = l’avènement du chemin de fer : transcontinentaux, transsibérien qui permettent d’exploiter les richesses de ce cœur. Cette zone est plutôt enclavée (Océan Arctique, montagne au sud) : ce Heartland est bordé par la Coastland (Europe, Moyen-Orient, Asie du Sud et du Sud-Est, la Chine) qui ceinture cet Eurasie et qui lui permet de s’ouvrir au monde, il appelle également cela le croissant intérieur ou marginal. Vient s’opposer à ce croissant intérieur VS le Croissant extérieur qui est lui composé des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de l’Australie, du Japon, de l’Afrique du Sud... Ce sont les zones inaccessibles en partant de l’Eurasie. Pour Mackinder, les conflits ont lieu à cause des tensions entre les côtes. Entre le croissant intérieur (continental) et le croissant extérieur (maritime). Grande crainte pour Mackinder, il s’inquiète d’une d’une alliance entre l’Allemagne et la Russie qui pourrait dominer le monde entier. 2. 12. Les idées de 1919 1919 : Mackinder affine sa thèse Les idéaux démocratiques de la réalité. Fin de la 1ère guerre mondiale : Mackinder, loin d’être euphorique de la victoire, met en garde les alliés (France, Grande-Bretagne, États-Unis) contre une Allemagne qui n’est pas passée loin de la victoire. Mackinder redoute l’émergence d’un pouvoir hégémonique dans ce “Heartland” = menace contre la liberté du monde. Ce Heartland, s’il est uni pourrait conquérir l’île mondiale = rassemblement de l’Europe, l’Asie, l’Afrique). Mackinder : « Qui tient l’Europe orientale, tient le Heartland, qui tient le Heartland domine l’île mondiale et qui domine l’île mondiale domine le monde ». Il reprend la citation de Sir Walter Raleigh XVIe (siècle) qui était : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ». XVI et XVIIe siècle : marqué par la montée en puissance des marines (symbolisé entre les guerres incessantes, guerre de 7 ans et révolutionnaires de l’empire).Mackinder : rupture de la puissance maritime et de la puissance terrestre, les États-Unis cumulent ces 2 puissances. Mackinder est conscient de l’importance de la puissance maritime. Industrialisation : progrès : la mobilité que procure le chemin de fer va changer la donne. Le défi c’est la Russie (pivot géographique de l’histoire face aux britanniques. La Russie tient la position stratégique de l’Allemagne en Europe. Europe années 1920s : le péril majeur serait le rapprochement entre Moscou et Berlin (ils sont les perdants de la 1ère guerre mondiale et sont donc revanchards). Par conséquent, Mackinder prône une sorte de politique de “cordon-sanitaire” en Europe occidentale → Tout faire pour isoler la Russie de l’Europe. Il prône alors l’alliance du Royaume-Uni avec la France et le Royaume-Uni. Pourquoi cette alliance ? France tête de pont sur le continent, et les États-Unis (rôle de soutien en profondeur). 2. 13. il réévalue ses concepts. Ouvrage de Mackinder : Gagner la paix dans un monde fini (1943). Revue Foreign Affairs = article “gagner la paix dans un monde fini” commence déjà à parler de ce que sera la paix après la 2nd G.M. Il réaffirme la pertinence du concept de Heartland et essaie de mieux le définir (partie septentrionale à l’intérieur de l’Asie). La défaite de l’Allemagne est inéluctable pour Mackinder, en revanche, ce qui l’inquiète, c’est la puissance de l’URSS. Face à ce danger, Mackinder propose en 1943 le Midland Ocean où l’Atlantique nord est très important. Il préfigure en fait, l’alliance Atlantique de 1949 entre la France (pour ses ports), le Royaume-Uni (pour ses aérodromes), les États-Unis et le Canada (pour leurs réserves d’hommes, agricoles et industrielles). En 1943, Mackinder pensait déjà que la France, la Grande Bretagne, les USA et l’URSS devait s’engager à coopérer → mise en garde pour ne pas menacer la paix. Bilan de Mackinder : Thalassocratie = pouvoir conférer par la mer. Aide à comprendre l’affrontement entre puissance maritime et puissance continentale ( critiquable : puissance maritime n’existe pas, une puissance continentale et maritime oui). Intérêt de Mackinder = la formalisation de la puissance maritime Intéressant de mêler la géographie ( immensités, richesses, ressources) et les réalités humaines (industrielles). Beaucoup de critique apporté = son Heartland est bien théorique. Slave et Germain n’ont pas été souvent ensemble (un peu années 20 durant la République de Weimar et l’Union Soviétique). Après le traité de Versailles = veulent pas que l’Allemagne conserve son armée. Stratégie avec l’Union Soviétque, elle se réarme, continue de s’entraîner dans les immensités du territoire russe. Pacte de non-agression qui déclenche ensuite la guerre (1939-1941). → L’histoire n’a pas donné raison à Mackinder La pensée de Mackinder exerce une influence très importante mais est très critiquable à cause de son côté théorique déterministe. L’œuvre de Mackinder est une vraie inspiration pour la théorie de l’endiguement : le containment → Comment faire pour que l’Union soviétique ne s’étende pas.. Il fait prendre conscience de l’importance du Coastland (pour contenir la puissance). Dialectique de l’affrontement : il se méfie de ne pas opposer la puissance maritime et la puissance continentale. 3. Nickolas Spykman et le Rimland - Nicholas Spykman (1893-1943) part des idées de Mackinder mais se focalise sur les zones qui bordent le Rimland = zone la + importante. Nicholas Spykman est un politiste américain d’origine néerlandaise. Il est prof de Science Politique à Yale (département RI) et est à l’origine de 4 publications majeures : 2 articles, 2 ouvrages. - Géographie et politique étrangère (1938) - Objectifs politiques de la politique étrangère (1939) - La stratégie américaine dans la politique mondiale (1942) - La géographie de la paix (1944). Il est le premier à théoriser l’endiguement (= containment) mais ce n’est pas le créateur. 3. 11. La corrélation entre la politique étrangère et la géographie Napoléon : « la politique de toutes les puissances est dans leur géographie ». Les réalités géographiques sont un facteur fondamental car c’est l'élément le + permanent. Spykman prend de la distance avec la géopolitique allemande car il l’accuse d’avoir une lecture trop déterministe des RI (Ratzel). Il prend également de la distance avec l’école française car il l’accuse d’être trop possibiliste notamment l’historien Lucien Febvre ou encore Vidal de la Blache. Spykman se situe entre les deux : il n’est ni déterministe ni possibiliste, il est conditionniste. Le conditionnisme : « la géographie ne détermine pas mais elle conditionne ». 3. 12. Le Rimland comme cœur de la géopolitique de Spykman. Spykman s’oppose à Mackinder et refuse la centralité du Heartland mais, il le considère comme un épicentre. Dans son ouvrage de 1944, il reprend le découpage du monde de Mackinder d’idée d’île mondiale qu’il appelle → Eurasafrique : Europe + Asie + Afrique Il considère que l’Eurasafrique est l’île mondiale et qu’elle est entourée d’îles périphériques comme les États-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne... Pour Spykman et les États-Unis, il faut éviter l’unification des puissances continentales d’Eurasie en une coalition dangereuse pour les intérêts américains. Spykman va minorer l’importance stratégique du Heartland, il pense que le cœur de toutes les rivalités est le Rimland : entre la mer et le Heartland. La Rimland est une zone tampon de conflits, c’est un lieu d’affrontement maritimes et territoriaux ⇒ région dont le contrôle paraît être déterminant en termes de stratégie. C’est une zone stratégique où se jouent les rapports de force. Spykman : « Qui contrôle le Rimland domine l’Eurasie, qui domine l’Eurasie contrôle les destinées du monde ». 19e siècle = grande rivalité entre l’Empire Britannique et la Russie = Le Grand Jeu, pour le contrôle de l’Empire des Indes. La Russie voulait accéder aux mers chaudes. 3. 13. La postérité de Spykman Dans La géographie de la paix (1944), Spykman appelle les États-Unis à s’entourer de puissances du Rimland pour faire contrepoids / barrage à l’URSS. Ce sera la politique des États-Unis à partir de Truman → Signature du pacte de l’Atlantique OTAN. Celui qui va créer cette stratégie du containment c’est Georges Kennan (1904-2005) L’expansion de l’OTAN a été critiquée. Le secrétaire d’Etat américain (équivalent ministre des affaires étrangères) Eisenhower (général pour le débarquement, président de 1952 à 1960. John Foster Dulles va contribuer à bien mettre en œuvre son containment. Pacte de Bagdad entre le Proche-Orient et les USA OTASE = OTAN pour le Sud Est Guerre de Corée dans le Rimland Point de vue russe : les États-Unis veulent entourer l’URSS : pensée obsidionale Cohen en 1963 conteste le Rimland et son importance. 4. Brzezinski (1928-2017) Est un américain d'adoption d'origine polonaise très importante. La question essentielle est : La contribution de la puissance américaine à la stabilité mondiale ? 3 ouvrages à connaître : - Out of control (1993) - Le grand échiquier (1997) - Le vrai choix (2004) De vrais ouvrages de géopolitique : phrases prophétiques de ce qu’on vit aujourd’hui. Ces ouvrages ont la particularité de durer dans le temps. Il a été conseiller à la sécurité nationale des États-Unis (de 1977 à 1981) associé au président Jimmy Carter. Il est dans la continuité de Mackinder et Spykman. Résumé de la pensée de Brzeziński : - Quel est le nouvel ordre international après la guerre froide ? - Comment l’Amérique peut-elle parvenir à conserver son leadership ? - Qu’est ce qui est toujours valable dans la pensée des géopolitilogues du XXe siècle ? - 41 - Qui est ce démocrate ? Son père a servi en URSS, il est arrivé aux USA en 1938. Il a un rôle de faucon pendant la guerre froide. Il va à Harvard. Il soutient sa thèse « le totalitarisme soviétique » en 1956. Il est ensuite prof à l’université de Columbia. C’est l’un des plus grands spécialistes du soviétisme reconnu comme soviétologue. C’est un démocrate qui défend le containment, il vérifie sa mise en place. Il insiste également sur la qualité des relations que les Etats-Unis doivent avoir avec l’Europe Occidentale pour que l’Eurasie (concept de Mackinder et Spykman) ne soit pas soviétique. Il faut endiguer la menace. Pour renforcer ce lien → création de la commission Trilatérale (États-Unis, Europe Japon). Brzezinski rentre en politique pendant 4 ans en devenant conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Clarks (1977-1981). L’URSS remporte ses plus grands succès du point de vue expansionniste : peur des Américains que l’Eurasie tombe aux mains de l’URSS. 1979 : prise d’otage de l’ambassade des États-Unis à Téhéran (libérés 1 an et demi plus tard). Brzeziński est un homme dur qui pense que les États-Unis doivent combattre le communisme de l’URSS. Il va mettre au cœur les droits de l’homme (l’idéologie au cœur du conflit), il va tout faire compliquer la vie des soviétiques. Accords de camp David (1978) : paix Israël-Égypte. Après la guerre froide, il reste un penseur important. - 42. Pourquoi le leadership américain est nécessaire à la stabilité du monde selon lui ? Le leadership américain → nécessaire au monde → sinon risque de chaos. 421. Les inquiétudes de Brzeziński sur la victoire des USA : Fin de la Guerre Froide → il n'est pas du tout enthousiaste. Il estime que l’histoire est complexe et continue, que le monde est loin d’être assagi. Out of control (1993) : il insiste sur les risques qui courent toujours : éclatement de la Yougoslavie, guerre Tchétchénie dans les caucases (cet espace l’Eurasie). Brzezinski voit dans cette situation de fin de guerre froide un “vide géopolitique” → quelque chose s’est effondré = URSS, mais rien n’a repris sa place. Il ne croit pas à une pacification de la Russie AU CONTRAIRE, il pense que tout cela débouchera à nouveau vers une tentation autoritaire et nationaliste. Sa crainte de la Russie persiste (il pense que URSS = Russie). Prophétie auto-réalisatrice = toujours écarter la Russie donc pas étonnant que ce qui arrive maintenant se produise. 422. La nécessité du leadership américain. Soit c’est l’Amérique qui domine, soit c’est l’anarchie. Le leadership américain est plus nécessaire que jamais malgré l’affaiblissement moral. La principale vulnérabilité de l’Amérique ne pourrait être la menace intangible posée par sa propre culture, qui de + en + démoralise, divise et affaiblit l’Amérique elle-même. Peur d’une guerre civile. Facteurs qui pourraient détourner le leadership américain : - l’ordre interne et culturel (division politique) - un affaiblissement américain moral qui se diffuse dans le monde occidentale. Même s’il n’y avait plus de leadership occidental, personne ne pourrait le remplcer. - 43. Comment l’Amérique doit-elle s’y prendre pour maîtriser l’échiquier de l’Eurasie ? Le grand échiquier (1997) → lire quelques passages. Dans cet ouvrage, il donne sa vision de l’ordre mondial post-guerre froide. Il ne succombe pas au triomphalisme de la fin de la gf : au contraire, il continue de plaider pour que les Etats-Unis aient une stratégie en Eurasie : diviser pour dominer. 1) Toujours soutenir l’Europe Occidentale comme la tête de pont. 2) étendre l’Europe vers l’Est (il est favorable à cette expansion : veut que l’OTAN s’étende dans les anciennes démocraties populaires comme la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne… pour éviter l’expansionnisme soviétique. ). 3) Partisan d’un développement de la coopération avec la Chine dans la possibilité d’un retour russe (années 90). 431. Une mise en garde lucide aux Etats-Unis. Pour lui il y a une anomalie = comment est- ce possible que le monde soit dominé par une puissance qui n’appartient pas à l’Eurasie. Pour Brzezinski, la puissance des USA est limitée et est vouée à un déclin inévitable. Si on ne peut l’empêcher, alors comment contenir ce déclin et empêcher l’émergence de puissance eurasiatique rivale. 432. L’importance de l’Eurasie. Brzeziński divise les Etats d’Eurasie entre : - Etats acteurs (pays influents : Allemagne, France, Chine, Russie, Inde, Japon). - Etats pivots qui ont une grande importance géographique pour bloquer l’expansion russe (Ukraine, Turquie, Iran, Afghanistan, Azerbaïdjan). Brzeziński est obsédé par la Russie. 433. L’importance de l’Ukraine dans l’espace russe. En 1991, la Russie perd 5 millions de km2 avec l’indépendance de plusieurs pays dont l’Ukraine. Elle se retrouve démembrée. Cela provoque finalement une crise existentielle → Que faire vis à vis de ces Etats. « Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie » Brzeziński, Le grand échiquier. (elle était un Etat pivot) + ces pays sont dans la recherche d’une identité nationale. En conséquence, Brzeziński va plaider pour les États-Unis demeurent bien présent en Europe afin de contenir la Russie. L’heure est venue de mettre en place une stratégie, géostratégie en eurasie = c’est la clé de voute de la puissance mondiale. Plaide un engagement toujours actif dans cette zone. En 2011 : le président OBAMA lance le pivot asiatique. Aussi important que soit l’Europe, le centre de gravité de la diplomatie américaine se déplace en Asie Pacifique. 434. L’Europe demeure la tête de pont des Américains pour Brzezinski. L’alliance Atlantique permet d’influencer et d’avoir un poids militaire en Europe. Si l’Europe s’élargit, l’influence américaine s’élargit aussi = positive. 1999 : Hongrie, Pologne et République Tchèque, puis Roumanie, Pays Baltes. L’OTAN et l’Union européenne = les deux vont s’élargir. Tout d’abord rejoigne l’OTAN pour avoir de la protection, puis rejoigne l’UE pour la prospérité économique. Cependant si les Etats-Unis s’éloignent de l’UE, ils n’auraient plus de domination. Il revient aux USA de soutenir la construction européenne. Sinon c’est une prise de risque vis à vis de la Russie = mauvais signe envers la Russie = défiance. Les Etats-Unis poussent toujours pour que cette tête de pont soit élargie. 435. Comment préserver l’hégémonie américaine. L’hégémonie des Etats-Unis est d’une nature différente des autres = beaucoup + souple et pas comparable à la domination romaine.“Empire Américain” = expression. Il rejoint le penseur Joseph Nye : Les empires d’Amériques sont beaucoup plus solides que les Empires précédents car les autres pays adhérents acceptent le rayonnement des Etats-Unis. Au début du 21e siècle, Brzezinski va beaucoup en vouloir au dirigeants. Dans son ouvrage : le vrai choix (2004), il exprime toute sa critique contre G.Bush fils ayant affaibli le leadership américain. Critique politique = traumatisme du 11 septembre 2001 certes, mais de là à une quête de sécurité, il met en garde car cela met en péril non seulement le leadership américain mais également les alliances. On ne fait pas de guerre au terrorisme = mauvaise voire très mauvaise idée. Intellectuellement cela ne tient pas la route. Tout ne doit pas tourner uniquement autour de la sécurité des E-U. “En pratique, le maintien de la position de l’Amérique dépendra de la nature de son leadership mondial.” “L'acceptation du leadership américain par le reste du monde est la condition sinequanone pour échapper au reste du monde.” (par coeur) L’hégémonie doit passer par un meilleur partage des responsabilités. faire en sorte qu’ “aucune autre puissance puisse avoir la même domination que les Etats-Unis” = objectif réaliste : l’Amérique aura été la 1ère, seule et dernière superpuissance de caractère mondial = faisons en sorte qu’elle soit la dernière. USA reste une nation indispensable au monde. Auteurs qui ne sont pas des géopoliticiens : parfois à la limite de la philosophie. 5. Fukuyama Il a écrit un article et un livre qui complète cet article : - 1989 : La fin de l’histoire et le dernier homme ? (article The National Interest) - 1992 : La fin de l’histoire et le dernier homme. Il propose une grille de lecture → Fait un constat en 1992 : le monde est caractérisé par l’effondrement des régimes communistes. 1989 : la Chine s’ouvre sur le plan économique : grande marginale. Tiananmen (aller regarder) Après l'effondrement du fascisme et du communisme = la démocratie n’a plus de rivale dans le monde. Fukuyama (japonais), son père s’était fait interner, considéré comme suspect dans le contexte de la guerre au Japon par les Etats-Unis. Né en 1952, il étudie à Harvard et sa conscience politique éclore en 1979 avec plusieurs évènements comme l’invasion de l’Afghanistan par les soviétiques. Il se met alors au service de l’administration américaine sous Ronald Regan. L’objectif est d’affaiblir l’URSS → guerre idéologique contre le communisme. En 1989 : Chute du mur de Berlin. Fukuyama se rapproche des néo-conservateurs sous Georges W. Bush. Il prendra par la suite ses distances et deviendra prod d’université. 5.1. Sa thèse Le libéralisme a remporté les 2 défis → Vaincre le fascisme et vaincre le communisme. La démocratie libérale est alors appelée à se diffuser. Le risque maintenant, comme il n’y a pas vraiment de débat, c'est qu’on arrive à “la fin de l’histoire”. C’est-à-dire qu’on arrive à la généralisation de l’idéal démocratique : c’est-à-dire triomphe de l’économie de marché. “Fin de l'histoire” est un concept pris d’un grand philosophe → Hegel, après la bataille de iéna (1806) = fin de l’histoire. C’est finalement le philosophe Alexandre Kojév (1902-1968) qui a le mieux interprété Hegel (communiste français d’origine russe). La fin de l’histoire désigne le triomphe d’un modèle politique : la démocratie et de l’économie de marché qui est l’horizon indépassable. On considère qu’il y aura toujours des évènements mais plus de concurrence. Cependant le risque qu’avait développé Nietzsche (1844-1900) dans “le dernier homme” = risque d’un homme qui devient sans courage et sans volonté de se dépasser. = pas de notion de géopolitique ici. Les compagnons de route de Fukuyama voudront dans les années 90 démocratiser la planète. En 1998 : il signe un manifeste (une pétition) qui demande au Président de lépoque Bill Clinton de renverser le régime irakien de Sadam Hussein. 2003 : Georges Bush fils décédé. A la suite des attentats du 11 septembre 2001,ils veulent aller en Irak (même si les autres pays de l’ONU n’étaient pas d’accord : discours de Villepin,etc). Le but est de renverser pour introduire la démocratie, considérer comme le meilleur système → horizon indépassable. C’est à ce moment que Fukuyama prend la décision de se séparer des néo-conservateurs. 5.2. Critique de sa thèse 1ère critique : Vision philosophique qui n’est pas historienne et géopolitique. C’est un professeur de science politique, on peut presque parler d’un philosophe d’histoire. = outil idéologique. 2ème critique : faite par Robert Kaplan : Vision anarchique du monde : il prend le contre-pied de la vision de Francis Fukuyama. C’est une vision irénique, belliqueuse. Dans son article, “ l’anarchie qui arrive, la hausse de la misère, déliquescence de l’autorité étatique, hausse de la criminalité. L'Afrique occidental se trouve dans une situation de stress démographique.Néomalthusianisme : les guerres à l’avenir seraient écologiques car pas assez de ressources sur terre. Guerre de la survie commune, dès 1994, des auteurs critiquent. Kaplan met en avant les succès qu’a pu remporter Singapour : dirigeant : Lee Kuan Yew cet homme est typiquement celui qui a mis au goût du jour les valeurs asiatiques = concept d’une partie de la planète qui considère qu’il y a d’autres manières de gouverner que celle des droits de l’homme. En adoptant un régime autoritaire qui est un autre modèle, elle peut aussi remporter par elle-même de grands succès. 3ème contestation de Fukuyama : Contestations de l’ordre libéral. - 1ère : Le choc des civilisations. Effondrement de l’URSS, fin d’une histoire mais pas de l’Histoire. La mondialisation va multiplier les conflits. - 2ème : Les identités (nationalistes) sont toujours extrêmement vivaces. Jean-Noël Jeanneney - historien - revue histoire 2001 : optimisme béat, laisser les peuples un peu livrer à eux-mêmes. - 3ème : La démocratie libérale (au même moment de l’apogée des la superpuissance américaine) ne fait plus rêver → retour de l’histoire : guerre russo-ukrainienne, sino-américaine, monde post-occidental ⇒ déclin des USA. 11 Septembre 2001: les américains se lancent dans des guerres contre le terrorisme = échecs sur échecs. Aujourd’hui c’est le pessimisme qui caractérise la pensée de la domination occidentale. - 4ème : la force de l’Islam. 4ème critique : Rivalités entre démocratie et régimes autoritaires. Robert Kagan écrit Le retour de l’histoire et la fin des rêves en 2008. Selon lui, le monde du 21ème siècle ne sera ni appolaire (sans pôle), ni multipolaire (structurer entre autocratie et démocratie. Dès 1997 : 1ère évolution : il va écrire un ouvrage = La confiance et la puissance, vertu sociale et prospérité économique = réponse à la critique faite par Samuel. Il reconnaît que la culture, l’existence des civilisations, d’identités ; il faut relativiser le caractère universel des valeurs occidentales. 2006 : 2ème évolution : ordre politique et décadence. Il va considérer que le modèle libéral est vieillissant. Il va concéder que le modèle libéral est intrinséquemment supérieurs aux autres régimes. Il distingue le libéralisme classique et le néolibéralisme. Il parle d’Etat de droit. = système hybride. 3ème évolution : “Identity” = identité → le modèle chinois affaiblit l’hégémonie libérale et démocratique occidentale. La Chine de Xi Jinping s’impose comme un modèle défiant le modèle occidentale = modèle d’identité et concurrent. 6. Samuel Huntington : Le Choc des Civilisations Selon lui, les oppositions auront lieux selon les religions. Plusieurs nations qui s’affrontent mais des civilisations. Ses idées il les écrit en 1993 dans la revue “Foreign Affairs” avec un article : Le choc des civilisations ? Ouvrage le Choc des civilisations. 6. 1. Le triomphe des identités sur les idéologies Il démontre l’importance du facteur civilisationnel : 3 grands moments : - 1er : celui où les civilisations ne se connaissent pas, n’ont pas d’échange - 2ème : époque moderne ; l’occident chrétien prend son essor, beaucoup plus dynamique sur le plan économique que les autres sur le plan économique que les autres civilisations. - 3ème : Au cours du XXème siècle (2nd G.M) : l’occident perd peu à peu sa suprématie tandis que les autres se réveillent. Affirmation des civilisations “ Le revanche de Dieu”. 6. 2. Le choc des civilisations Les guerres d’hier étaient motivées par des territoires, l’économie à l’avenir : affrontements dû aux antagonismes civilisationnels. Au niveau local, un niveau global : il consttae la vigueur du monde musulman → antagonisme de civilisation., Selon André Malraux : le XIème siècle serait religieux ou spirituel. L’occident décline tandis que depuis 1979 au contraire l’Islam progresse. Les Etats ont beaucoup perdu de leur souveraineté en intégrant l’UE, mondialisation, flux économique = pose la question de l’avenir de l’occident.La survie de l’Occident va dépendre de la capacité et notamment la capacité de celle des américains à réaffirmer leur puissance, leur identité. 6. 3. Le nouvel ordre civilisationnel = le paradigme (un modèle exemple) Un peu une représentation du monde = vision. “Le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces, se définit à la fois par des éléments objectifs comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes les institutions et par des éléments subjectifs d’auto-identifications. Les civilisations sont le plus gros “nous” et elle s’oppose aux “eux”.” C’est l’extrême niveau de solidarité → religion, histoire et coutumes. Il définit 9 civilisations : - civilisation occidentale (Europe, Amérique du Nord, Australie, Japon…) - civilisation latino-américaine (civilisation à part) - civilisation africaine (sans l’Afrique du Nord). - civilisation musulmane (Turc, Arabe, Afrique du Nord). - civilisation chinoise (anciennement confucéenne) - civilisation hindous - civilisation japonaise - civilisation orthodoxe - civilisation boudhiste Absence du judaïsme car il considère que la plupart des juifs s’intègrent à la civilisation du pays de résidence → rattachée à l’occident. Cette civilisation ne reflète pas l’idée de bloc spirituel, religieux. Il sépare l’Occident, l'Amérique latine et orthodoxe. Il sépare le Japon de la Chine. Il précise que ces séparations sont fluctuantes, peuvent évoluer selon l’histoire car ce sont des civilisation mortelles = on a du mal à dater leur début et leur fin. Dans cet ouvrage, Samuel Huntington n’a pas l’intention de faire des théories de civilisation. Oswald Spengler (1880 - 1936) → déclin, lui contribue pour la compréhension du monde. Idée d’une hypothétique civilisation universelle → de Davos (Suisse) (aller voir dernier forum) Dès 1993-1996 - il parle de civilisation universelle qui n'existera jamais dans un monde multipolaire. Pour Huntington, dans le monde il n’y a qu’une petite élite privilégiée dans ce monde multipolaire = déjà le début de la séparation avec Fukuyama. Il voit dans le retour de l’Islam un geste d’auto-défense contre une modernisation → refus des valeurs occidentales. Cette période = en plein cœur (1993-1996) de l’affrontement en Yougoslavie (Bosniaques musulmans, serbes orthodoxes et croates catholiques = 3 civilisations). Autre : il voit à Chypre les difficultés de faire cohabiter les grecs orthodoxes avec les Turcs musulmans. En Azerbaïdjan = Azerie musulman conflit au Haut Karabakh. Mais Pourquoi ces conflits ? Huntington voit que les textes de l’Islam. - appel à la violence - Mahomet inciterait à la violence - le combat pas peur = Tradition de conquête et de conversion souvent forcée. Peu de chance d’arriver à assimiler. Il estime que la démographie est plutôt du côté des musulmans : la civilisation occidentale est menacée → si elle ne manifeste pas davantage son envie de s'affirmer sinon déclin. Il décrit ce déclin “suicide culturel de l’occident” sur le plan de la démographie. Il estime que les autres civilisations ne sont + attirés et rejettent de + en + ces prétentions de l’Occident = ce système. - Critique qui ont été apportés Edward Said = Penseur d’origine palestinienne (1935-2003) = universitaire américain qui a écrit en 1978 L’orientalisme ( l’orient créé par l’occident) sous-titre. Sa thèse : l’Occident n’existe pas + que l’Orient→ c’est une théorie inventée par l’Occident = impérialisme américain. Frédéric Lasser, Emmanuel Gonon, Eric Mottet = Géopolitologues Critiques = pour eux la définition de civilisation est flou et peu opératoire. Ils contestent l’idée de cette civilisation musulmane (même religion mais contestable de dire qu’ils sont de même civilisation). → L’hypothèse de base est contestable : peu de gens vont s’identifier boudhiste, chrétien… Ce qui se passe en premier = le sentiment d’identité nationale Autre critique : Charles Philippe David et Olivier Schmitt = l’envie de prédiction dans les causes de conflits en se basant sur cette matrice de civilisations. Pour eux, le fait que la Russie et l’Ukraine s’affrontent va à l’encontre de cette théorie car elles sont de même civilisation. En matière de prédiction : le terrorisme intervient au sein d’une même civilisation. Ils considèrent que le lien entre identité et conflit est beaucoup trop direct et que tout ne repose pas sur cette séparation. Huntington = face à toutes ces critiques, lui voulait montrer que ceux qui croyaient à une victoire occidentale en pensant qu’il n’y aurait plus de contestations et que tout le monde voudrait suivre ce modèle = il s’oppose à ce constat. Il montre que le processus de modernisation ne va pas autant s’accompagner d’une volonté d’acquérir des valeurs universels contre cette forme d’uniformisation du monde que se bat Huntington. Cela entraîne un retour des identités. Individualisme = caractéristique de notre société (pas commun) = séparation temporel et spirituelle que les autres civilisations ne partagent pas. Huntington est partisan de la non-intervention en Irak en 2003 des Etats-Unis = mauvaise idée de vouloir transférer la démocratie. La guerre en Ukraine : - pour certains, le conflit en Ukraine semble donner raison à Huntington Beaucoup de penseurs ont voulu croire que la Russie se rapprocherait de l’Occident dès cette époque. Pourtant il est évident que la Russie en tant que pays avec des civilisations, coutumes, une culture va plutôt chercher à développer sa propre identité. - Autre : cette guerre a totalement démenti la thèse de Huntington car ce sont deux pays dans la même civilisation. Il avait écrit qu’un conflit entre Ukraine et Russie était peu probable → Pourtant exemple du Génocide Rwanda = même civilisation. Selon Huntington, un point important dans un conflit est le système d’alliance. Le risque est que ces conflits s’embrasent si les protagonistes appel à l’aide d’alliés d’une même civilisation. Attention Huntington ne nie pas les conflits entre civilisation. Il y a de la part des autres civilisations un véritable refus de l’individualisme et d’une partie de la mondialisation. Au Bilan : Il faut savoir voir les choses contestables de cette thèse : les lacunes. Ce ce sont pas des politiciens = grille de lecture/paradigme → mais cela permet de comprendre certaines choses car ce sont des clés de compréhension et de lecture qui nécessite de porter un regard critique. Huntington est toujours un auteur cité 30 ans + tard = pertinent. Comprendre et analyser. 7. Henry Kissinger (1923 2023) Diplomate, grand diplomate, 100 ans, grande aura. Théoricien et praticien = exemple rare de fusion entre théorie et pratique. Il est resté pas très longtemps au pouvoir = 8 ans auprès du président américain. Il a arrêté en 1977 et a continué d’influencer sans être au pouvoir pendant 46 ans. Seul secrétaire d’Etat à avoir servi 2 présidents. Il y a que Brzezinski qui s’en rapproche : influencer pendant et après. 7. 1. Théoricien et praticien Henry Kissinger est donc un praticien et un théoricien marqué par le réalisme. Figura atypique réaliste il fait de la realpolitik = cad qu'il peut négocier avec des gens qui n’ont pas les mêmes idées. Dans ses ouvrages il n’est pas un messianiste universaliste. Né en Europe, allemand et juif après l'arrivée d’Hitler au pouvoir, immigré aux Etat-Unis (1943 : se prénommait Hans, puis se fait appeler Henry). Il a fait la guerre et en 1945 on lui confie un rôle d’administrateur militaire en Rhénanie (cité de 200 000 habitants). En 1947 il est admis à Harvard et réalise un mémoire sur le sens de l’histoire. 1945 : soutient sa thèse de doctorat en RI sur Metternich (ministre affaires étrangères en Australie), Castlereagh : administrateur pour ces deux diplomates, crée l’équilibre des forces entre puissances européennes au moment du congrès de Vienne. Il est monté en politique grâce à sa rencontre avec Nixon (même s’il soutenait Rockefeller). Il est repéré grâce à son ouvrage : Les armes nucléaires et la politique étrangère américaine (1957). En 1968 : le peuple préfère Richard Nixon et Nixon le nomme conseiller pour les affaires de sécurité + va cumuler cette fonction avec celle de secrétaire d’Etat (1973). Ils avaient tous les deux alors une politique étrangère ambitieuse. Tous les deux pragmatiques : “ ce sont des révolutionnaires blanc comme Bismarck, c’est à dire des conservateurs qui ont dérobé aux révolutionnaires la courbe du changement au nom de la stabilité”. Ils sont caractérisés par leur anti-communisme. 7. 2. Kissinger adepte du réalisme. Il s’inscrit dans la filiation de Hans Morgenthau (pape du réalisme). Kissinger admet le postulat réaliste : dans le champ des RI, il n’y a pas d’autorité centrale ⇒ Chaque nation est en lutte pour sa survie. Il ne partage pas les idées Wilsonienne d’un monde qui serait rejeté par le droit international et une forme de morale. “Mieux vaut une injustice que le désordre” = sa devise pour les RI et la stabilité du monde. Son modèle en RI est organisé après le congrès de Vienne : bâtir ce concert européen. Il admire De Gaulle. La grande idée de Kissinger = comment éviter la guerre ? Pour lui cela passe par un équilibre des puissances. 7. 3. “La realpolitik” comme fil conducteur de Kissinger La géopolitique Kissinger (pas géopoliticien) = realpolitik qui l’amène à dialoguer avec l’adversaire pour arriver à une maîtrise des armements “arms control”, négociations entre soviétiques et américains ⇒ limiter la construction d’armes. Rapprochement avec la Chine de Mao = besoin de la neutralité chinoise pour pouvoir se concentrer à lutter contre l’URSS. Résumé de la realpolitik = Politique étrangère fondée sur le calcul des forces et l’intérêt nationale : alterner recherche de compromis et posture très ferme (fermeté) ⇒ conséquences : prêt à faire du 2 poids 2 mesures. 7. 4. Son ouvrage diplomatique Tente de régler le conflit du Vietnam. 1973 : accord de Paris, négociations. Kissinger et Nixon pensent avoir réglé le problème = échec qui a beaucoup meurtri les américains avec la prise de Saïgon. Il reçoit cependant le prix Nobel de la paix pour cette tentative de négociation. Rapprochement avec la Chine ⇒ but : établir des liens avec Mao Zedong (la Chine) pour l’équilibre des puissances. Kissinger en 1971 = premier voyage secret ce qui permet d’initier le dialogue avec Mao. Permettant + tard le voyage du président Nixon en février 1972 = devient un grand succès diplomatique → Fait au prix d’un réalisme complet. Règlement de la guerre des Kippour : navette diplomatique entre Israël et Egypte : Goldo Mer Sadate. Accord de Camp David en 1978 = 1er accord de paix entre Israël et un Etat Arabe. Accord de limitation des armements stratégiques = accord de Salte = “strategic arms limitation salk”. Ce n'est pas un accord de réduction mais on fixe un plafond : missiles balistiques intercontinentaux = ICBM / missiles tirés à partir de sous-marins YNBM. Bilan : Grand monsieur, bilan contrasté, on lui reproche le rapprochement au nom du realpolitik. Exemples sujet : - Huntington et le choc des civilisations = thèse / contre-thèse - Le sea power puissance maritime pour Mahan étude des britanniques - Mackinder et le Heartland = pq si important ? - En quoi Spykman est le prolongement de Mackinder ? - Est ce que la géopolitique est déterministe ? Conseil à l’oral : problématiser, 2 parties très distinctes. On peut dire dans un premier temps et dans un deuxième temps. Oral environ 7 minutes puis questions.