Développement international et genre PDF

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École de développement international et mondialisation – School of International Development and Global Studies Faculté des sciences sociales | Faculty of Social Sciences Discussions transversales Le développement international et le genre Les enjeux éthiques et le développement international Prof. Edison Rodrigues Barreto Junior Le 14 novembre 2024  Plan de la séance - Le développement international et le genre; - Les enjeux éthiques et le développement international ; - Consignes pour le DGD 3 (le 19 novembre).  Lectures - chapitre 15, Nora Nagels: « Genre et développement» ; - chapitre 71, Ryoa Chung: « Enjeux éthiques du développement international» ; - chapitre 74, Maïka Sondarjee: “Repenser la coopération internationale”  Le développement international et le genre - Le genre: conceptualisation ; - Les mouvements féministes et le développement international en perspective historique ; - Les propositions féministes décoloniales et du Sud et ses défis ; - La marche des femmes et d’autres mouvements sociaux autour de la thématique de genre…  Genre: conceptualisation (ch.15) “Genre”: synonyme de “rapports sociaux de sexes” et defini par quatre dimensions… i. Les relations et différences construites socialement ; ii. La dimension relationnelle: un pôle par rapport à l’autre ; iii. Le rapport de pouvoir hiérarchisé: les deux sexes sont différents et inégaux ; iv. Les rapports sociaux de sexe s’imbriquent avec d’autres rapports sociaux issus de la «race», la classe, l’âge ou la sexualité.  Les mouvements féministes et la définition du genre (ch. 15) * Les femmes subissent une injustice spécifique en tant que femmes ; * Pour les mouvements féministes il est possible de redresser l’injustice de genre par des luttes individuelles et collectives. Les mouvements féministes et le développement international (ch. 15) “Les mouvements féministes et féminins, tant par leurs luttes que par leur production de connaissances, ont permis que les femmes, puis le genre, soient petit à petit pris en considération dans les politiques de développement des institutions internationales et nationales.”  Les femmes/genre dans le développement international: l’évolution historique - 1945: Charte des Nations unies (le principe d’égalité des droits des femmes et des hommes) ; - 1950-1970: approches modernisatrices, occidentales, coloniales et malthusiennes du développement  Les femmes/genre dans le développement international: l’évolution historique * Emergence d’un savoir féministe sur le développement qui montre la perspective androcentrique des interventions ; - Années 70: Mouvements féministes et l’adoption de l’approche WID (Women in Development/Intégration des femmes au développement) par les institutions du développement international  L’approche WID au centre du débat - 1975: La conférence internationale des Nations unies sur le statut des femmes - 1976-1985: La Décennie des Nations unies pour la femme - 1979: La convention pour l’élimination de toutes les discriminations envers les femmes  Les critiques à l’approche WID: - Les politiques modernisatrices (l’éducation, l’accès au crédit et aux techniques agricoles) pour accroître la productivité des femmes et leur niveau de vie ; - Les femmes en tant que ressource économique ; - La vision occidentale des femmes - dans les pays industrialisés les femmes sont insérées dans le marché du travail  Les femmes-genre dans le développement international: l’évolution historique - Les féministes postcoloniales et du Sud estiment que l’approche WID se fonde sur une vision occidentale des femmes ; - Elles critiquent les solutions qui visent à augmenter la productivité des femmes, suivant l’exemple de l’intégration des femmes au marché du travail dans les pays industrialisés ; - Pour elles les femmes du Sud accumulent déjà travail productif, reproductif et communautaire - elles sont surchargées.  L’emergence de l’approche GAD - Idée d’aborder les femmes et le développement dans le contexte des rapports sociaux de genre, de « race » et de classe tout en prenant en considération les triples rôles des femmes du Sud ; - 1995 (Beijing): La conférence de l’ONU sur les femmes et le principe d’autonomisation ; - Le projet le plus connu d’ autonomisation (Banque mondiale): le micro-crédit. Le GAD et le processus de dépolitisation du genre - L’approche GAD au sein des institutions de développement se fait au prix d’une certaine “dépolitisation” ; - Les notions de genre et d’autonomisation deviennent technocratiques: instruments stratégiques dans les mains des institutions du développement et non un instrument d’émancipation des femmes ; - Il n’y aurait pas de mise en cause ni des inégalités Nord- Sud ni de la division sexuelle du travail ; - La composante politique du genre et de l’autonomisation est “oubliée”. A la recherche d’un nouveau consensus du champs femmes-genre et le développement international - Après la conférence de Beijing il n’y a plus de consensus théorique du champ ; - Les discussions se concentrent plutôt sur les questions liées a la mondialisation ; - Les débats entre féministes majoritaires et les femmes minorisées ; - L’émergence d’une approche sur la mondialisation sous l’angle de la division sexuelle et internationale du travail.  Genre et développement international: l’émergence d’une approche féministe décolonial Les points de départ: i. la perspective ethnocentrique et androcentrique du développement international ; ii. le genre est devenu un outil technocratique des institutions du développement international ; iii. L’institutionnalisation du genre dans le domaine du développement international s’est produite au coût de sa dépolitisation ; iv. Les structures de pouvoir patriarcales et raciales ainsi que le rapport Nord-sud demeurent intactes.  Les perspectives féministes décoloniales - Les changements dans les relations hommes- femmes doit se fait à partir de connaissances locales subalternes ; - Le refus des connaissances hégémoniques occidentales ; - L’opposition à la colonialité du pouvoir structurant le système-monde moderne: colonial-capitaliste-patriarcal ; - Décoloniser tant le genre que le développement.  Le féminisme décolonial - La critique à l’institutionnalisation du genre au sein des politiques de développement à partir des féministes occidentales ; - Il expose le fait que les féministes occidentales construisent des représentations des femmes non occidentales ; - Il s’oppose à l’idée hégémonique que l’Occident est supérieur au reste du monde ; - On soulève le fait que les féministes occidentales parlent au nom des femmes du Sud ; - On explicite les débats entre féministes majoritaires et les femmes minorisées Les féminismes post-coloniaux et décoloniaux - Le mouvement de lutte contre le néocolonialisme et le racisme des féminismes institués ; - Décoloniser le féminisme ne signifie pas le condamner… Il s’agit plutôt de renouer avec ses potentiels émancipateurs et les perspectives critiques et marxistes du développement ; - Lutter contre la culturalisation, voire la racialisation, de l’égalité des sexes comme valeur occidentale. Les féminismes post-coloniaux et décoloniaux On propose l’adoption des points de vue des minorisées au sein des mouvements féministes ; Ex. alternative féministe décoloniale en Bolivie de récupérer le « potentiel émancipateur » du Chachawarmi. La marche des femmes parmi d’autres initiatives de mobilisation - Partout dans le monde, les femmes s’organisent collectivement pour changer leur environnement et lutter pour leurs droits ; - La Marche mondiale des femmes (MMF) est un réseau qui se mobilise à différentes échelles d’action à partir d’une plate-forme commune ; - La reconnaissance de la diversité des réalités des femmes et les différentes oppressions qui se croisent.  L’éthique et le développement international - Les enjeux éthiques de l’entraide internationale ; - La mondialisation néo-libérale et la crise de la coopération ; - Pour une éthique des relations internationales ; - Les défis des approches contemporains du développement international ; - Les alternatives au système de coopération internationale contemporaine…  L’éthique dans le développement international: questions d’emblée - Le Nord doit-il aider le Sud ? - Les riches doivent-ils aider les pauvres ? Si oui, pourquoi ? - Quelles sont les obligations morales d’entraide internationale ? - Quels sont les principes éthiques devant guider les actions de développement? - Doit-on changer les pratiques et le discours de l’aide internationale? - Pouvons nous songer à un “nouveau” modèle “d’entraide internationale” ?  L’éthique dans les relations internationales La perspective de la science politique dominante (approche realiste): pas de place aux questions dites “morales” ou éthiques dans les relations internationales - il faut dépasser, donc, l’angle de la science politique ; La perspective philosophique: interpelle davantage des questions à propos des principes fondamentaux qui régissent les relations internationales d’une perspective morale…  L’éthique des relations internationales: les perspectives philosophiques (morales): - La pauvreté et les inégalités mondiales et les obligations morales qu’elles suscitent ; - La justification (ou non) des devoirs d’entraide humanitaire ; - L’idéal moral d’entraide humanitaire sans frontière: un idéal cosmopolite ; - La remise en cause de l’indifférence morale face à la pauvreté mondiale  Les préoccupations des philosophes en éthique internationale - Les obligations morales entre les individus et les populations ; - Le statut et le contenu des droits humains fondamentaux ; - Les prérogatives traditionnelles des États souverains…  Les prérogatives traditionnelles des États souverains… - Les États constituent les acteurs fondamentaux en relations internationales ; - Ils poursuivent leurs intérêts nationaux (sauvegarde de l’intégrité territoriale et de la souveraineté politique, au contrôle des ressources naturelles et à l’attribution de la citoyenneté) ; - L’approche dominante (réalisme): le point de vue moral n’est pas pertinent pour comprendre les comportements des États ; - Le droit international (étatiste plutôt qu’humanitaire)  L’égoïsme moral des États et l’entraide internationale - L’approche des philosophes en éthique internationale: l’égoïsme est au coeur de la doctrine de la souveraineté ; - Les obligations d’entraide internationale face à l’égoïsme moral inhérent des Etats  La philosophie occidentale et l’étique internationale: évolution - La philosophie moderne: la dimension politique doit être comprise d’une perspective rationnelle et non éthique ou religieuse ; - La “grande ambition” de la pensée moderne: rendre compte du politique et de l'éthique par la raison ; - Les années 70: L’éthique va prendre une place dans le débat des relations internationales ; - Les contribution de Peter Singer: l’idéal cosmopolitique (suite)  Le « cosmopolitisme institutionnel » - Une approche en éthique internationale: des principes philosophiques alternatifs - remise en cause du droit international et de l’égoïsme moral de l’État ; - Il faut réformer les institutions internationales dans le but de favoriser la défense des droits humains universels, la coopération et le partage plus équitable des ressources ; - Le principe de justice distributive à l’échelle internationale: les droits de subsistance et de sécurité - les États démocratiques libéraux mieux nantis doivent contribuer à la réalisation de ces droits de base.  Les défis de l’éthique dans les relations internationales - Donner du sens au concept même de “communauté internationale” ; - Développer des arguments pour critiquer l’indifférence morale face à la pauvreté ; - Contester le paradigme de l’État souverain replié sur soi ; - Dénoncer les inégalités et injustices produites et maintenues à l’échelle mondiale ; - Suite…  Les défis de l’éthique dans les relations internationales (suite) - La prise en compte des violences du colonialisme, de l’impérialisme économique et politique et de l’hégémonie culturelle que l’Occident exerce: les effets persistants des dominations racistes, sexistes et des violences ; - Les discours de l’aide au développement reconduisent des rapports de pouvoir et des injustices structurelles ; - Les perspectives critiques du développement doivent expliciter les pièges de certains discours (à suivre)  Défis de l’éthique dans les relations internationales: attention aux pièges de certains discours. Exemples - Les initiatives cherchant des changements de régime justifiées en fonction des droits humains. Ex 1: La doctrine R2P (Responsabilité de protéger) produit la militarisation de l’aide humanitaire ; Ex 2: Les initiatives pour “l’émancipation” des femmes chez les pays “défavorisés” peuvent être considérées comme un véhicule d’idéologie euro- centriste/occidentalisante.  Vers une autre approche du développement international “plus éthique” (??) - Les modèles courants d’aide reconduisent des rapports de pouvoir et des injustices structurelles ; - Les problèmes critiques des modèles et du discours de l’AD ; - Des mouvements sociaux et des ONG prônent plus de solidarité ; - suite..  Vers une autre approche du développement international (suite) - Il faut “mieux comprendre comment des aspirations universellement valables doivent orienter la coopération internationale face aux enjeux transnationaux que représentent la pauvreté mondiale, les conflits armés, les crises des réfugiés et les changements climatiques” (Chung ch. 71) ; - Il faut “être véritablement à l’écoute des spécificités culturelles dans l’interprétation des biens publics globaux et des besoins fondamentaux dont doivent jouir tous les êtres humains” (Chung ch. 71).  Les alternatives au système de coopération internationale actuel ( Sondarjee, ch 74) - Finir avec l’aide au développement (libre- marché)…; - Prôner pour une démondialisation… ; - Susciter une coopération altermondialiste… ; - Instaurer un internationalisme solidaire…  Alternative 1: La fin de l’aide au développement (le marché doit tout régler) - L’aide internationale serait inefficace ; - Il faut libérer les pays emprunteurs de la dépendance à l’aide ; - retour au fondamentalisme de marché.  Alternative 2: la démondialisation rompre avec les institutions internationales et avec la mondialisation afin de favoriser la coopération entre les peuples ; La restauration de la souveraineté nationale par le protectionnisme ; les risques d’une fausse solidarité et du nationalisme de droite.  Alternative 3: une coopération altermondialiste - Les altermondialistes prônent plus de solidarité entre les peuples et réfléchissent ensemble à un autre monde possible ; - Un système de coopération solidaire global ; - Une question en suspens: manque de solutions concrètes au problème de la coopération internationale dans un contexte de la mondialisation néolibérale.  Alternative 4: l’internationalisme solidaire - À partir de valeurs altermondialistes aller à contre-courant des tendances néolibérales et éviter le repli nationaliste ; - Plutôt que citoyen du monde se concevoir comme citoyen dans le monde ; - Renforcer un nouveau modèle de coopération démocratique ; - Changer le système de coopération actuel en un système basé sur la redistribution, l’équité, le féminisme et l’écologisme ; - Un système de solidarité Nord-Sud (ONG + organisations régionales + gouvernements) ; - La mondialisation solidaire en opposition à la mondialisation néolibérale  Questions 1) Pourquoi et comment les inégalités de genre entravent-elles le développement? 2) Comment les femmes et le genre sont-ils intégrés au développement international ? 3) En quoi la perspective féministe décoloniale se distingue-t-elle des approches du type WID et GAD ? 4) Comment incorporer l’éthique dans la pratique du développement international ?  DGD 3 Consignes et informations générales.