Notes sur l'Épistémologie et les Sciences Humaines et Sociales (SHS) PDF
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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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Ce document aborde des concepts clés en épistémologie et en sciences humaines et sociales. Il explore les notions d'épistémologie, de discipline, de neutralité axiologique, d'ontologie, et présente quelques principes scientifiques selon Gaston Bachelard.
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Dé nition : Épistémologie L'épistémologique consiste à comprendre comment la science est construite et développée. Elle s'intéresse à la manière dont les connaissances sont organisées, produites et comment les disciplines évoluent au l du temps. Discipline Une disci...
Dé nition : Épistémologie L'épistémologique consiste à comprendre comment la science est construite et développée. Elle s'intéresse à la manière dont les connaissances sont organisées, produites et comment les disciplines évoluent au l du temps. Discipline Une discipline est un ensemble de connaissances et de pratiques standardisées par une communauté scienti que, visant à étudier un objet précis. Elle est dé nie par des méthodes et des objectifs communs. La neutralité Axiologique La neutralité axiologique selon Max Weber signi e que les chercheurs doivent étudier les phénomènes sociaux de manière objective, sans laisser leurs valeurs personnelles in uencer leur travail. La science doit rester neutre et se concentrer sur l'analyse, pas sur le jugement moral. Ontologie En anthropologie, une ontologie se réfère à la manière dont les différentes cultures ou sociétés perçoivent et comprennent le monde, l’existence et les réalités sociales. Elle étudie les concepts que les humains utilisent pour organiser leur vision de la réalité : ce qui existe, comment les choses existent et comment elles sont reliées entre elles. fi fi fi fi fi fl Le fait scienti que selon Gaston Bachelard repose sur trois principes : 1. Conquis ! Remise en question des idées reçues : Il s'agit de remettre en cause les croyances et les préjugés a n d'ouvrir la voie à une véritable connaissance. L'acte de la rupture : Il s'agit de la remise en question des préjugés et des connaissances préalables. Les chercheurs doivent se libérer de leurs idées reçues pour appréhender le monde de manière scienti que. Les positivistes, par exemple, insistent sur la nécessité de se détacher de toute subjectivité pour obtenir des résultats ables. 2. Construit ! Construction par la raison : La science élabore des théories fondées sur des raisonnements logiques et cohérents. Élaborer des théories et des modèle rationnels pour expliquer le monde. L'acte de construction théorique : Après avoir collecté des données, il faut construire des théories et des cadres conceptuels pour expliquer les phénomènes observés. 3. Constaté ! Véri cation par l'expérience : Les théories sont testées par des expériences rigoureuses, dont les résultats doivent être reproductibles pour être validés. L’acte de constatation : Cela concerne l'observation et la collecte de données empiriques. (Notamment en SHS) _______________________________________________________________________________________ En bref : 1. Conquis Remise en question des idées reçues : Rompre avec les préjugés pour ouvrir la voie à une véritable connaissance. 2. Construit Construction par la raison : Élaborer des théories et des modèles logiques pour expliquer le monde. 3. Constaté Véri cation par l'expérience : Tester les théories par des observations et expériences rigoureuses, dont les résultats doivent être reproductibles. _______________________________________________________________________________________ Caractéristique scienti ques La science se distingue des croyances par sa capacité à être véri able. Elle ne consiste pas simplement à comprendre le monde, mais à proposer des méthodes rigoureuses et des hypothèses étayées par l’expérience. Elle repose sur sa rigueur méthodologique, sur la réfutabilité des hypothèses et se distingues des croyances par sa véri abilité. fi fi fi fi fi fi fi fi fi Idées et auteurs : Philippe Descola : Anthologies sur la nature Dans Par-delà nature et culture, Philippe Descola explore comment l'Occident, à travers son ef cacité et ses instruments (sciences, technologies, économie), a imposé sa vision du monde à l'échelle globale. Il met en avant l'idée que la distinction entre nature et culture n'est pas universelle. Pierre Charbonnier : Exploitation des ressources naturelles Dans Abandonner et libérer, Pierre Charbonnier montre que l'exploitation des ressources et la vision humaniste ont permis l'émergence des démocraties modernes. Aujourd'hui, la science se confronte au paradoxe de concilier la démocratie, fondée sur l'extrémisme, et la transition énergétique. Edgar Morin : la construction historique L'épistémologie doit saisir la construction historique de la science en tenant compte du contexte social, politique et économique. Comme le souligne Edgar Morin, la science répond à des "questions scillantes", liées aux enjeux et aux paradigmes dominants d'une époque. Bruno Latour : La science comme activité sociale et humaine Dans La vie de laboratoire, Bruno Latour montre que la science est le fruit du travail humain, ancré dans des routines et des pratiques sociales. La production scienti que dépend du contexte social et culturel dans lequel elle se fait. fi fi Les problèmes contemporains des sciences humaines et sociales (SHS) Les sciences humaines et sociales (SHS), dont les sciences de l'information et de la communication (SIC), sont confrontées à plusieurs problèmes communs, mais aussi à des dé s spéci ques à leur domaine. Ces problèmes peuvent être résumés autour de questions de légitimité, d'imitation des sciences de la nature, de diversité disciplinaire et de l'utilité des SHS. I) Les problèmes communs aux sciences humaines et sociales 1. Un dé cit de légitimité : Les SHS sont souvent critiquées pour ne pas être perçues comme "des sciences" à part entière. ◦Critiques externes : ▪ Par les sciences naturelles, qui les ignorent ou les méprisent. ▪ Par la philosophie, qui ne considère pas leur approche empirique comme scienti quement rigoureuse. ▪ Par la société, qui remet en question leur utilité, d'autant plus qu'elles sont nancées par l'État. ◦ Critiques internes : Les chercheurs en SHS se remettent aussi en question, parfois en se rapprochant des méthodes des sciences exactes (quanti cation, expérimentation). 2. L'imitation des sciences de la nature : Les SHS ont historiquement cherché à adopter des méthodes des sciences naturelles (expérimentation, quanti cation, lois universelles), mais ces tentatives ont été contestées pour plusieurs raisons : ◦ Les phénomènes sociaux sont uniques, historiques et souvent non reproductibles en laboratoire. ◦ Les sciences humaines travaillent souvent sur des objets familiers, ce qui peut mener à des biais et des interprétations non scienti ques. II) Les différences entre SHS et sciences de la nature 1. Méthodes et objets d'étude : Les SHS étudient des phénomènes sociaux qui ne peuvent pas toujours être quanti és ou expérimentés de manière rigoureuse comme dans les sciences naturelles. Les chercheurs doivent donc utiliser des méthodes qualitatives et faire attention à la distance critique par rapport aux objets étudiés. 2. Complexité et spéci cité : Les faits sociaux sont multidimensionnels, complexes, et souvent contextuels. Par exemple, l'histoire des médias montre que l’évolution des anciens et nouveaux médias crée des complémentarités plutôt que des ruptures nettes. 3. Absence de méthode unique : Les SHS utilisent une pluralité de méthodes (quantitatives et qualitatives), et il n'y a pas de paradigme unique ou de discipline hégémonique, contrairement aux sciences naturelles. Cela mène à un pluralisme de théories et de méthodes, stimulant mais aussi parfois déroutant. III) L'unité et la spécialisation dans les SHS fi fi fi fi fi fi fi fi fi fi Il n’y a pas d’unité théorique et méthodologique dans les SHS. Chaque discipline et chaque approche (sociologie, anthropologie, psychologie, etc.) possède ses propres méthodes et théories, et les frontières entre disciplines sont souvent oues. La spécialisation des disciplines augmente, avec des distinctions de plus en plus marquées à l’intérieur de chaque domaine (exemple : économie, SIC). La collaboration interdisciplinaire existe, mais elle reste limitée, et il est dif cile de parvenir à une synthèse complète. IV) L'utilité des SHS La question de l’utilité des SHS s’est posée depuis longtemps. Dans le passé, les chercheurs en SHS se sont souvent engagés dans des projets sociaux ou politiques, cherchant à améliorer la société à travers la science (ex : Durkheim). Aujourd’hui, la question reste d'actualité, mais elle se déconnecte de l’idée d’engagement politique. L’utilité des SHS se pose en termes de ré exion sur la société et de compréhension du monde social. 1) Prédictibilité et applicabilité des SHS (Sciences humaines et sociales) Les SHS sont probabilistes, pas déterministes : Contrairement aux sciences de la nature, qui montrent des relations de cause à effet constantes, les SHS ne peuvent prédire précisément les phénomènes sociaux. Elles se contentent de les analyser sous forme de probabilités, ce qui rend leur applicabilité pour transformer la société plus complexe. Nuances : Certaines sciences de la nature (ex. : météorologie) perdent aussi leur pouvoir prédictif face à des variables multiples et des contextes instables. Rôle des chercheurs en SHS : Les décideurs publics et privés sollicitent de plus en plus les chercheurs en SHS pour analyser des problématiques sociétales et orienter les décisions. Les SHS sont aussi intégrées dans des domaines comme le marketing ou les ressources humaines, créant de nouvelles professions. Contestations internes : Certains chercheurs critiquent l’utilité des SHS pour résoudre des problèmes pratiques, arguant qu'elles ne peuvent pas offrir la même intelligibilité que les sciences naturelles. D’autres craignent que les SHS perdent leur fonction critique en devenant un outil au service des intérêts privés. 2) L'insuf sante intégration des SHS dans la culture générale SHS peu présentes dans les enseignements de base : À l'école, les SHS sont marginales, à l'exception de l’histoire, de la géographie et parfois de l’économie. Contrairement aux sciences naturelles, les SHS ne font pas partie de la culture générale enseignée à tous. Conséquences : Cette faiblesse d'intégration des SHS peut être considérée comme problématique, car elles contribuent à la compréhension de la société, à l’apprentissage de la citoyenneté et à la construction de l'esprit critique. 3) Problèmes méthodologiques a) Diversité des échelles d’observation et d’analyse fi fi fl fl Les chercheurs en SHS doivent choisir entre différentes échelles d’analyse : micro (individus), méso (groupes intermédiaires), macro (sociétés, grandes structures). L’approche choisie dépend des questions de recherche et des cadres théoriques utilisés. Historiquement, les approches dominantes (comme le marxisme) privilégiaient les analyses macro (grands systèmes), tandis que depuis les années 1980, une attention croissante est accordée aux interactions quotidiennes des individus. b) Diversité des techniques d’investigation Les SHS utilisent principalement des techniques humaines pour l'observation, comme les enquêtes, les entretiens, les tests et l'observation participante. Elles utilisent aussi des documents comme des archives ou des statistiques. Données primaires et secondaires : Les chercheurs peuvent utiliser des données qu'ils collectent eux-mêmes (primaires) ou des données provenant d'autres recherches ou sources (secondaires). Le choix entre ces types de données dépend de la abilité des sources et du cadre de la recherche. c) Le choix des techniques : Le choix de la méthode dépend de nombreux facteurs, tels que l'objet de recherche, les moyens disponibles, et les objectifs (qualitatif vs quantitatif). 4) Le rôle de la comparaison Nécessité de la comparaison : En SHS, la comparaison est essentielle pour mieux comprendre les phénomènes, car chaque situation sociale est unique. Comparer permet de trouver des régularités et de mieux comprendre les spéci cités des cas étudiés. Critères de comparaison : Les chercheurs doivent dé nir des critères de comparaison pertinents en fonction de leur problématique et cadre théorique, sans se limiter à des comparaisons familières ou trop simples. Tensions liées aux sciences de l’information et de la communication A) La tension entre professionnalisation et recherche Historique : Les SIC ont longtemps été dominées par un focus sur la professionnalisation (formation, techniques pratiques) au détriment de la recherche scienti que, surtout jusqu'aux années 1990. Conséquences : Recherche peu développée et parfois de qualité variable, avec une orientation vers les préoccupations professionnelles plutôt que théoriques. Les débats étaient aussi con nés à un cercle restreint de chercheurs. Changement depuis les années 1990 : La situation s'améliore, avec un plus grand soutien à la recherche et une meilleure reconnaissance scienti que. B) Le champ des SIC 1. Un champ vaste et hétérogène : Les SIC couvrent de nombreux domaines (communication politique, TIC, médias, marketing, etc.), souvent peu reliés entre eux. Les approches théoriques et méthodologiques sont diverses et variées. fi fi fi fi fi fi 2. Problèmes de visibilité : L'éparpillement des recherches rend dif cile leur reconnaissance face à d'autres disciplines plus établies ou aux professionnels des secteurs concernés. Les SIC ont du mal à faire entendre leur voix. 3. Nuances : ◦ Commun à d'autres disciplines : Cette diversité n'est pas unique aux SIC, d'autres disciplines présentent aussi une grande hétérogénéité. ◦ Éléments d'uni cation : Malgré cette diversité, il existe des noyaux durs autour desquels se regroupent des recherches communes, comme les médias, la communication organisationnelle, la politique, etc. C) La question de la multidisciplinarité Origine multidisciplinaire : Les SIC sont nées de plusieurs disciplines (sociologie, psychologie, linguistique, etc.), et leur développement a impliqué de nombreux emprunts théoriques et méthodologiques. Développement théorique : Les SIC ont progressivement intégré des théories plus diverses, de la sociologie du travail à la psychologie sociale et aux études culturelles. Types de relations entre disciplines : ◦ Pluridisciplinarité : Juxtaposition des disciplines sans réelle interaction théorique. ◦ Interdisciplinarité : Les disciplines interagissent et enrichissent les théories et concepts de chacune, ce qui est la norme dans les SIC. ◦ Transdisciplinarité : Uni cation des perspectives disciplinaires pour construire de nouveaux points de vue communs. Interdisciplinarité dominante : Les SIC favorisent l'interdisciplinarité pour relier les sciences sociales (sociologie, économie, anthropologie) aux sciences du langage et à la psychologie, en cherchant à comprendre l'information et la communication sous différentes perspectives. D) Information vs. Communication Les SIC se distinguent en analysant non seulement la transmission de l'information (information) mais aussi la relation et les processus d'échange entre acteurs (communication). Cela inclut l'étude des discours, des représentations sociales et des logiques d’action. fi fi fi