Histoire Contemporaine Synthèse 2018-2019 PDF
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ULB Université Libre de Bruxelles
2019
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This document is a synthesis of contemporary history, particularly focusing on ideas of revolution, and universal rights. It discusses concepts like the French Revolution and the evolution of democracy. Key topics examined are whether revolutions can be considered universal or primarily national, and the difficulties of direct democracy, contrasting it with representative democracy.
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Histoire contemporaine 2018-2019 Histoire contemporaine – Synthese 2018-2019 1 Histoire contemporaine 2018-2019 Une révolution universelle ? U...
Histoire contemporaine 2018-2019 Histoire contemporaine – Synthese 2018-2019 1 Histoire contemporaine 2018-2019 Une révolution universelle ? Une revendication universelle se base sur le fait d’assembler des gens à un mouvement commun autour des droits humains. Mais il n’y a jamais eu de révolution universelle, uniquement des révolutions nationales. Peuple souverain : Potentialité de participer à toutes les décisions (idée de démocratie directe). Mais c’est impossible dans la pratique. Athènes n’est pas un bon exemple de démocratie directe car l’Agora ne rassemblait que les propriétaires d’esclaves donc ne concerne même pas tout le monde. Le moyen le plus démocratique est donc de voter pour des représentants. Mais cela donne suite à des mécontentements. Et pourtant, la meilleure solution trouvée jusqu’à présent reste la démocratie indirecte. Une révolution universelle ne mènerait qu’à une démocratie indirecte, dans tous les cas. Une démocratie directe ? On défend le peuple (on aime le peuple) >< Le peuple ne comprend rien (on a peur des décisions du peuple). Le référendum est démocratique mais dangereux car le peuple est bête (voir Brexit). Problème : La démocratie, ce n’est pas la volonté brute du peuple (Vote pour Trump, le Brexit, etc.). La réponse du peuple n’est pas spécialement la bonne solution, même si c’est démocratique… De la contemporanéité à la Révolution Périodes de l’Histoire : - Préhistoire = < 3000 ACN - Antiquité = 3000 ACN – 476 PCN - Moyen-âge = 476 – 1492 (Chute de l’empire romain d’occident) - Temps Modernes = 1492 – 1789 (Découverte de l’Amérique) - Période contemporaine = 1789 - … (Révolution française) L’Ancien Régime fait partie des Temps Modernes. La révolution induit de détruire le prédécesseur, l’ordre préexistant. C’est une rupture totale, ce qui met fin à une période. 2 Histoire contemporaine 2018-2019 Périodisation = rupture - Rupture épistémologique (Épistémologie = sciences de l’accès au savoir) o Rupture de la validité de notre savoir. Jusque-là, le savoir était transmis par Dieu, venait du Livre Saint. o Autour de 1492, on assiste à la découverte de l’Amérique, à l’invention de l’imprimerie. Un mouvement de Renaissance de la culture naît et rompt avec le Moyen-âge. Le peuple a accès à la révélation, donc à la Bible. On découvre que la vérité ne vient pas de la Bible mais des observations qui ont été faites → Méthode empirique : observations puis créations de théories o La révolution copernicienne contredit la Bible o Plus besoin de la Bible, mais d’une méthode scientifique o Révélations divines >< Examen critique - Transformation socio-économique o La société est organisée en pyramide féodale. Ensuite développement des villes, qui échappent à cette pyramide féodale, n’appartiennent pas à un seigneur. Le système féodal s’affaiblit à cause de la création des villes à partir de l’an 1000. Avec les villes, les citadins s’affranchissent de ce système puisqu’ils n’ont pas de seigneur en ville. Peu à peu, les villes reviennent avec les industries et les services, apparition des bourgeois, qui ne sont ni des nobles ni des serfs. Ainsi nait le Tiers-État, cette classe sociale ne vit pas de la terre, elle vit en ville ; cette classe paie des impôts directs au Roi sans passer par un seigneur local. - Une nouvelle doctrine politique : o Doctrine de l’absolutisme et centralisation administrative - Révolution industrielle et proto-industrielle : o Révolution industrielle au XIXe siècle qui fait basculer une société de dominance agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle o On donne plus de pouvoir à la société urbaine qu’à la société féodale o Malgré la modernité épistémologique, que notre savoir est empirique et ne vient pas d’une révélation divine, Louis XIV se dit de droit divin (souverain qui obtient tous les pouvoirs de Dieu) 3 Histoire contemporaine 2018-2019 ➔ Nous sommes les contemporains de la révolution française, nous partageons toujours les principes de la révolution française. Une démocratie directe ? A) Le peuple est souverain I : - Tabula rasa (table rase) : La RF fait table rase sur le passé, on recommence à zéro, nouveau calendrier, etc. En 1789, on atteint les limites de l’absolutisme. Dans l’Ancien Régime, le roi a pris tous les pouvoirs illégitimement : On change tout, car tout est contaminé par les lois de l’Ancien Régime. On va nationaliser les propriété de l’Église car elle est la 2ème puissance après le Roi. Puis, on diminue les pouvoirs des aristocrates et on saisit leurs biens. Cette révolution se conçoit comme une révolution universelle. Cependant, les autres dynasties européennes n’ont pas intérêt à se laisser faire. Une coalition contre la Révolution naît. - Le contrat social (Jean-Jacques Rousseau, 1762) : Établir toutes les règles de vivre- ensemble (contrat social). La majorité de la société impose ces règles à une minorité qui s’y oppose, s’applique à tout le monde. Le contrat social crée par consentement. - Révolution copernicienne : Héliocentrisme ; révolution scientifique. Copernic établit que la Terre tourne autour du soleil alors qu’on pensait être le centre de l’univers. Souveraineté politique partagée, impossible, donc les citoyens prêtent leur voix à un représentant (Démocratie représentative). - La nation révolutionnaire n’est pas fondée sur l’égalité, elle la fonde : société inégalitaire, l’égalité est un but de cette révolution. (Par exemple : Toujours pas de suffrage universel) La noblesse viendrait, selon Sieyès, à la base des conquérants étrangers qui ont gagné des terres où ils se trouvent. Donc la noblesse est de racine étrangère. C’est pourquoi la noblesse se considère supérieure. Mais si la noblesse tient tellement à se détacher des autres en sortant leurs victoires : ils peuvent rentrer dans leur pays. RF : nationalisme grandissant qui entraîne une peur/haine de l’étranger. - ➔ RF : Remet tout le monde sur le même pied d’égalité. Rejet du droit de naissance au nom de l’égalité. 4 Histoire contemporaine 2018-2019 - La république plébiscitaire ? Ex : Napoléon III et Adolf Hitler ➔ Référendum ≠ Démocratie : La démocratie c’est plus que le droit de la majorité. La république plébiscitaire fait peur. Parfois la majorité populaire n’a pas beaucoup d’intelligence politique. - La Nation ou le Peuple ? Dans la Constitution belge, le parlement représente la nation, pas le peuple. Parfois le peuple se trompe, et le parlement ne doit pas le suivre. Intérêts de la nation ≠ intérêts du peuple - Le gouvernement représentatif de Guizot - Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ou le droit des majorités à disposer des minorités ? La démocratie ce n’est pas la dictature de la majorité sur les minorités. - Le populisme prouve que la démocratie directe est un problème La souveraineté du peuple inclut aussi le populisme. Il critique la démocratie représentative. - La peur du suffrage universel et de l’émancipation des masses Vraie peur du suffrage universel : abolition du roi, de la représentation. Le peuple n’est pas prêt pour cela, il faut changer les mentalités avec le temps. Si le peuple parle, la Révolution Française meurt. B) La déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen - Volonté profonde d’une protection des droits individuels - La primauté du droit sur la souveraineté du peuple Primauté du droit personnel, individuel sur la souveraineté du peuple. Les deux sont difficiles à faire coexister. Toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée. 5 Histoire contemporaine 2018-2019 - Les droits dit « négatifs » contre les droits « positifs » : limiter l’action de l’État (freedom to vs. freedom from) : o Droits dits « négatifs » : ▪ Liberté d’expression (droit constitutionnel) = On ne peut pas vous censurer ▪ Droit d’association ▪ Propriété privée = On ne peut pas saisir vos biens ▪ ➔ Freedom to : pouvoir faire qq chose sans que l’État n’intervienne o Droits dits « positifs » : ▪ ➔ Freedom from : demander à l’État de faire qq chose L’objectif de la République est de produire plus d’égalité ➔ Les révolutions nationalistes bourgeoises produisent des droits « négatifs » et ne mettent pas de droits « positifs » en place. - La République des juges ? Régime de droit ➔ Loin de la souveraineté du peuple - L’Europe napoléonienne Napoléon était garant des droits individuels (système métrique, système de droit, etc.). Napoléon n’apporte pas la souveraineté aux peuples conquis, mais il apporte le droit civil, le système métrique, etc. ➔ L’Europe napoléonienne exporte le régime de droits individuels mais beaucoup moins le côté souveraineté du peuple - Les démocraties parlementaires des années 1930 ? Suffrage universel masculin instauré au début du XXe siècle. Printemps démocratique en 1918 en Europe. Ces nouvelles démocraties vont vite s’écrouler et laisser place à des régimes autoritaires. Les régimes parlementaires donnent en effet l’impression de ne pas savoir gérer une crise et mener des politiques socio-économiques ambitieuses, contrairement à des figures telles que Staline, Hitler ou Mussolini. 3.3 Une révolution universelle ? Une nouvelle société de colons : La révolution française est d’une violence exceptionnelle, elle doit renverser un ordre établi multiséculaire (noblesse, royauté, État, Église, etc.) 6 Histoire contemporaine 2018-2019 Tous ceux qui ont quitté l’Europe pour aller en Amérique sont égaux. Tous ceux qui sont parti recommencent à zéro leur vie. Il y a beaucoup de terres, ce qui amène une certaine égalité. Les esprits sont affranchis. Les immigrés se trouvent dans des rapports d’égalité socio-économique. Ils aspirent à la liberté politique. La révolution américaine trouve son origine dans le problème de la taxe. On veut bien payer des taxes uniquement si ont peut avoir une représentation politique (No taxation, no representation & no representation, no taxation). Volonté de s’affranchir de la couronne britannique chez les Américains. La RF mène, quant à elle, à une déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen. La RF va être très mal prise par les autres royaumes. Possible qu’elle s’exporte car culture cosmopolite – la langue française est partout en Europe. Cela provoque une guerre civile et une guerre européenne. Une société coloniale : Les indigènes (Amérindiens) n’ont aucun droit, même si l’on ne veut plus de colonies. ➔ On appelle cette société coloniale « la nouvelle Athènes » car c’est une petite minorité qui instaure la démocratie aux indigènes. 3.3.2 Une Révolution Française ou universelle ? - Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen vs. Declaration of Independence o Declaration of Independence : S’applique uniquement aux colonies par rapport à la couronne britannique o Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : Logique d’une généralisation ➔ Révolution historique, universelle. Révolutions pour la souveraineté des peuples. La Déclaration d’indépendance est plus limitée que la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. La RF est comme un renversement universel. Une révolution est dite « universelle » lorsqu’elle commence dans un pays puis s’exporte dans les autres pays, et qu’ils finissent tous par suivre la tendance. 7 Histoire contemporaine 2018-2019 - Les Lumières : intellectuels, cosmopolitisme, hégémonie française o La RF est l’aboutissement politique du siècle des Lumières. Hégémonie de la langue française qui se prétend être la langue des intellectuels (domination culturelle). Le français est la langue qui véhicule les idées, voilà pourquoi la RF, qui a donné naissance à un texte de lois, une charte, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen se déclare comme universelle. - La France contre l’Europe, la France pour l’Europe : o La levée en masse : La masse populaire (avec l’Église) s’est largement opposée et battue contre la RF → Guerre européenne. Les partisans de la RF deviennent citoyens et non plus sujets. Cela exclue les femmes, prémisses du suffrage universel, risqué si peu de temps après la Révolution. Une partie de l’élite va se réfugier dans les pays voisins de la France. Ces pays se montent contre la France révolutionnaire. Ils deviennent des citoyens de pleins droits puisqu’ils ont pris part à la politique. (Uniquement des hommes) o Le parti de l’étranger : La France s’impose dans les pays étrangers comme « le modèle », et les gens ne veulent pas de cette souveraineté française dans leur pays. Et la France va davantage vouloir instaurer un sentiment d’appartenance, et donc s’opposer aux étrangers. Le tiers-état est le peuple. - L’Europe napoléonienne, libéralisme et nationalisme : o Napoléon s’autoproclame Empereur afin de sauver la RF (Napoléon amène la liberté individuelle, va renforcer des principes libéraux, voire de nationalisme). Il exporte la révolution dans les autres pays européens. La partie « droit » est bien exportée mais la partie « souveraineté du peuple » ne l’est pas vraiment. Napoléon apporte de la modernité. Napoléon apporte les principes de libertés individuelles qui sonnent comme une vengeance de la bourgeoisie sur la noblesse. Certaines personnes aspirent à une révolution eux aussi, veulent une modernité politique. Mais ils la veulent dans leur langue, dans leurs idées, pas avec Napoléon. Les élites bourgeoises veulent leurs propres thèmes et leur propre langue. 8 Histoire contemporaine 2018-2019 3.4 Un programme toujours inachevé - Le peuple est souverain, mais le suffrage universel n’est pas mis en pratique, Napoléon le retarde Le long XIXe siècle (1789-1914) : 1. Le siècle révolutionnaire En 1815, Napoléon perd à Waterloo Il y a une fièvre révolutionnaire qui arrive par poussées, les révolutions reprennent en France. En 1848, l’empire des Habsbourg a failli éclater. C’est le premier moment où on a failli créer un État allemand. Cette succession de vagues révolutionnaires sont les secousses qui suivent ce « tremblement de terre » de la RF. Durant ce long XIXe siècle, le conflit entre révolutions et contre-révolutions continue de structurer l’histoire européenne. 2. Le siècle des nationalismes 3. Le siècle bourgeois (car ils obtiennent des droits, des privilèges) 4. Le siècle de l’expansion coloniale Ensuite : court XXe siècle (1917-1989) 1. Les langues avant l’État-Nation 2 types différents de multilinguisme : Multilinguisme vertical - Aire linguistique - À l’intérieur même d’une aire linguistique, il y a des dialectes, patois ou langues vernaculaires qui sont locaux, de mobilité réduite - On reste plus dans l’endogamie que dans l’exogamie et ainsi on entretient un groupe linguistique limité - Ex : En France il y a la Picardie, à 10 km de Paris, dans laquelle les gens ne parlaient pas Français. - Il y avait besoin de traducteurs pour les papiers officiels Français - À un moment les pays se donnent des standards donnant lieu à des controverses entre langues et dialectes. - Il arrive que les dialectes soient très différents de la langue vernaculaire. 9 Histoire contemporaine 2018-2019 Multilinguisme horizontal Fait de se retrouver confronté à plusieurs langues dans sa propre zone, ce qui est très courant. Un dialecte, souvent, ne s’écrit pas, c’est à partir du XIXe siècle que les populations vont passer de l’oralité dialectale à l’écrit. - La langue de l’administration est principalement écrite, elle va servir à standardiser de nombreuses choses comme la Loi. Les gens, dans le passé, devaient faire appel à des clercs pour être traduits ou transcrits, ces langues administratives vont couvrir de vastes territoires dans lesquels beaucoup de dialectes sont parlés. Elle a un but de diffusion géographique. Ex : Russe, Ottoman, Allemand, Français, Néerlandais,… - La langue du culte se lit dans les livres sacrés. Le Clergé servait d’intermédiaire entre le peuple et la langue du culte, il la traduisait aux fidèles ; mais la langue culte est performative et orale. Souvent les langues du culte sont des langues mortes. Ex : latin, hébreu, arabe, … - La langue de la culture : langue qui contient une certaine historicité. Elle est imprimée, traduite par des œuvres d’art comme le théâtre, langue d’élite car elle vise un public alphabétisé. En Italie, le français est une langue de culture. Ex : Français aux Pays-Bas, Polonais en Russie tsariste, … 10 Histoire contemporaine 2018-2019 - La langue du commerce se parle dans de larges zones commerciales dans un but d’échange Ex : o La lingua franca : mélange d’arabe et de Turc o Le swahili : langue de commerce arabe o Ottoman administratif : dans les Balkans o Etc. À travers ce multilinguisme fonctionnel on observe un conflit entre campagne et ville. La ville concentre le temple, le tribunal, la culture, le commerce. C’est un espace fonctionnellement et linguistiquement diversifié. À la campagne, les habitants parlent le patois. Bratislava : Capitale de la République Slovaque. En 1900, la langue de l’administration est le hongrois (dans ledit langage, la ville se nomme Pozsony) et ceux qui ne travaillent pas dans l’administration sont plutôt germanophones, prononçant alors Pressburg. Petit à petit, le hongrois et l’allemand vont apprendre le slovaque. Abstand sprachen vs. Aufbau sprachen « Abstand sprachen » signifie « langage de distance ». Différence linguistique. Noyauté de variétés qui se distingue fortement de n’importe quelle autre langue, comme le Basque ou le Breton. « Aufbau sprachen » :langues qui souvent ont été transformées et transformées jusqu’à devenir un outil d’expression standardisé. Prenons l’ensemble Scandinave : il a donné naissance à 3 ausbausprache, Norvégien, Suédois et Danois. La langue du nationalisme ? Quand la Belgique se libère de l’occupation Hollandaise, elle cherche une identité belge. Charles de Coster La Belgique a 10 ans et vient de se libérer des Pays-Bas et précédemment de la France. Charles de Coster va récolter toutes les histoires dans les campagnes et les publier dans son livre en Français. Il rédige alors « La légende d’Ulenspiegel », qui se moque des autorités, pour cela il récolte des légendes racontées oralement et publie le livre en français. Plus tard, ce livre est saisi par les Flamands et est traduit en Flamand pour être utilisé comme symbole de l’identité flamande (l’intention de base de l’auteur était d’incarner une identité belge). 11 Histoire contemporaine 2018-2019 On se retrouvait souvent avec des nationalistes qui, en fin de compte, défendaient un mouvement qui ne correspondait pas à la langue qu’ils parlaient vraiment à la maison mais plutôt à un orgueil national. Exemple de ce genre de contradictions : Les militants flamands qui parlaient français chez eux. Ou les militants grecs en Macédoine qui parlaient le dialecte slave. 2. La langue de la révolution La France était d’une très forte hétérogénéité dialectale, bcp de Aufbau sprachen. En France, seulement 13% de la population qui parle le Français. « Le peuple est souverain, encore faut-il qu’il le sache ». En 1789, la majorité de la population est illettrée. Décret sur les traductions, 14 janvier 1790 En 1790, l’Abbé Grégoire conduit une enquête sur la situation des langues en France. Décret sur les Traductions du 14 janvier 1790 : l’Assemblée Nationale décrète que le pouvoir exécutif sera chargé de « faire publier les décrets de l’Assemblée dans tous les idiomes qu’on parle dans les différentes parties de la France ». Le Décret sur les Traductions de 1790 va créer une industrie massive de la traduction qui va traduire tous les décrets révolutionnaires dans les différents patois français pour que les idéaux de la révolution n’en restent pas là et atteignent le peuple français. Malheureusement une grande partie de la population était aussi analphabète, les révolutionnaires ont fait appel à des crieurs sur les places publiques… Contexte de guerre civile et de peur de l’étranger. Le Français devient politisé à son tour, il devient la langue de la révolution car l’ennemi avait la possibilité d’utiliser la multiplicité linguistique pour justement diviser les Français. Le Rapport Barère, 27 janvier 1794 L’Abbé Grégoire publie un rapport « sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française ». Le but est de tout uniformiser, de tout rendre symétrique et centralisé parfaitement. C’est une nécessité pour l’application de la liberté même si certains critiquent cet assassinat de la culture. Pour Barère, la langue d’un peuple libre doit être la même pour tous, ce fut une offensive en faveur d’une langue nationale. Le 4 juin 1794, l’Abbé Grégoire propose d’anéantir les patois qu’il considère dangereux pour la Révolution. 12 Histoire contemporaine 2018-2019 La Terreur (1792), la Constitution montagnarde, le suffrage universel La Terreur est une période de la Révolution française caractérisée par des exécutions de masse perpétrées par les révolutionnaires. Elle voit son point culminant des massacres suivant la prise de pouvoir des députés montagnards (gauche) en 1793 et s’achève le 28 juillet 1794, avec la chute de Robespierre. À la suite de la chute de la monarchie, le 10 août 1792 et de l’arrestation des députés girondins (droite) lors des journées d’émeute des 31 mai et 2 juin 1793, les montagnards prennent le pouvoir. On bascule dans la république laïque contre la noblesse, l’Église Catholique, etc. On appelle à la levée en masse des français pour défendre la France. Le suffrage universel est indispensable pour la révolution. Urgence ressentie par l’Abbé Grégoire d’apprendre le français. La Constitution montagnarde va introduire le suffrage universel : mais celui-ci était une prise de risque énorme étant donné le taux d’analphabétisme, le contexte révolutionnaire, le manque d’information des gens et même leur mentalité influencée par l’Église et la noblesse. L’armée prend le pouvoir jusqu’en 1799 jusqu’au coup d’État de Napoléon. Le suffrage censitaire est alors instauré, par peur du manque de maturité du peuple. Écarter du droit de vote tous ceux qui ne peuvent pas payer d’impôt, leur enlevant ainsi tout droit de décision. Ensuite apparaît le suffrage capacitaire qui va inclure les gens considérés comme capables d’avoir la juridiction de voter : docteurs, avocats, professeurs… et même les militaires (« impôt du sang »), pour avoir servi dans les armées napoléoniennes. De plus en plus de gens, progressivement, vont à l’école, augmentant le nombre de gens « capacités » à voter. Le peuple n’est pas prêt à exercer sa citoyenneté, contre le suffrage universel, trop tôt. Montée en puissance des militaires. Napoléon Bonaparte, calme la guerre et retarde le suffrage universel. 100.000 français votent en 1800 ➔ 250.000 en 1848 : les citoyens français ont accès au droit de vote par le suffrage censitaire : le droit de vote est donné aux contribuables. Les horizons mouvants du projet national Différents outils d’élargissement de l’électorat : scolarisation, armée, etc. Aucun régime n’uniformisera l’enseignement avant la 3e République car on ne veut pas se risquer au suffrage universel. L’école devient gratuite (1881), obligatoire et laïque (1882). Cette évolution s’inscrit dans le processus de mission civilisatrice. 13 Histoire contemporaine 2018-2019 3. La cartographie des langues germaniques En Allemagne, on observe que les dialectes sont nombreux L’arrivée de Napoléon en Allemagne Napoléon fait la promotion du régime des droits individuels. Il va conquérir l’Europe en emmenant avec lui le régime de droit. La tradition du droit écrit (code pénal, civil, système métrique) est un des éléments de l’unité européenne et est dû à Napoléon. Dès que Napoléon arrive, les hauts postes de l’administration sont occupés par les bourgeois alors qu’avant ces fonctions étaient réservées aux nobles. Les petits paysans sont aussi perdants de ces conquêtes car ils sont soumis à des impôts et au service militaire. Grands noms du monde intellectuel germanique sont fascinés par cette nouvelle ère pleine de progrès incontesté, et horrifiés par la violence de la Révolution Française. Grandes répercussions sur tout le territoire européen, la France révolutionnaire sous Napoléon va conquérir toute l’Europe. La France vient libérer de l’oppresseur mais en imposant son système. Il perd à Waterloo en 1815. La conquête napoléonienne est favorablement accueillie par les élites urbaines. La conquête napoléonienne est en quelque sorte une révolution démocratique. Le français est la langue de la liberté. Les opportunités sont donc accessibles si on parle le français. Langue politisée, langue de l’oppression. Jacob Grimm (1785-1863) - Kinder und Hausmärchen (1812-1814) Grand projet d’histoires orales, conte d’enfants/populaire avec son frère afin de codifier un patrimoine de contes. Ce livre devient un succès électoral à l’échelle européenne, dépasse les frontières. Ces contes populaires rencontrent un succès éditorial immédiat, ils sont très vite traduits dans plusieurs langues. Grimm se rend compte que l’identité allemande ne tient pas dans les traditions orales, il en conclut que l’identité est la langue. Il faut alors délimiter une langue, à travers un dictionnaire. - Deutsche Wörterbuch (1816-1971) Grimm entreprend la production d’un dictionnaire allemand. Il va montrer que les dialectes allemands appartiennent à la même famille. C’est le premier à s’intéresser aux Aufbau sprachen. Il propose l’unité par la langue ! 14 Histoire contemporaine 2018-2019 - Loi de la linguistique Grimm = inventeur de la linguistique moderne Il démontre que les langues européennes évoluent à partir de racines communes. C’est le fondement des lois de la linguistique. Il peut affirmer grâce à cela que, même si le langage est différent, il y a une racine commune aux langues germaniques et que, donc, elles appartiennent au même peuple. Son œuvre est donc à la fois scientifique, mais aussi et surtout politique. Tous les nationalistes vont reprendre l’idée qu’un peuple, c’est une question de langue, qui peut s’étudier sur le plan historique. Il n’y a pas d’État allemand, mais il existe l’idée d’une nation allemande. Congrès de Vienne, 1815 Le but du congrès est de restaurer la paix en Europe et d’en finir avec l’ère révolutionnaire issue de 1789. La Russie, la Prusse et l’Autriche agrandissent leurs territoires. Quant à la France, toujours soupçonnée de menées révolutionnaires, elle est entourée d’un cordon sanitaire d’États secondaires. Dans le souci d’établir un équilibre entre les grandes puissances, le congrès de Vienne crée les conditions d’une paix durable qui, plus ou moins, va perdurer jusqu’à la conflagration de 1914. Grimm va s’interroger sur ce qui définit un peuple : Le Français a été imposé dans les administrations allemandes mais Grimm rejette cette langue et s’exprimera en latin car pour lui l’allemand est aussi la langue de la liberté au même titre que le français. 15 Histoire contemporaine 2018-2019 Gottfried Herder (1744-1803) And die deutschen Herder s’oppose au passage par le français pour l’émancipation du peuple allemand. « Parle allemand toi Allemand », la langue définit une personne et ne pas parler sa langue maternelle revient à trahir sa nation. Le Français n’est donc pas la langue de la liberté, on perd son âme. Nationalisme de la langue → Devient un objet politique en Europe Herder a peur de perdre sa nationalité allemande car les élites bourgeoises éduquées se mettent à parler le français, ce qui crée une super élite européenne parlant le français. Pour résister à cette assimilation, il faudra créer une Allemagne unie. Pour Kant, Goethe, Hegel et d’autres, le français n’est pas la langue du peuple et de la liberté mais la langue de l’occupation. Hoffman 1841 : Hymne allemande , composante révolutionnaire libérale, identitaire et expansionniste L’hymne nationale allemande évoque une Allemagne au-dessus de tout s’étendant de la Meuse à la rivière Memel. Une partie de la chanson est inspirée du projet révolutionnaire français « unité, droit et liberté pour la patrie allemande ». Selon les régimes politiques, on enlève certaines strophes ou on en rajoute. Modification selon le régime politique. 16 Histoire contemporaine 2018-2019 Les allemands veulent faire comme les français mais pas sous les français. L’horizon révolutionnaire est désormais du côté de l’Allemagne. Personne n’est convaincu par le Congrès de Vienne (1815). La linguistique devient un objet politique. Hochdeutsch, Plattdeutsch, Niederdeutsch L’union n’est pas évidente, il existe plusieurs dialectes parlés : - Orange : Niederdeutsch, littéralement « allemand du bas » car pleine fluviale basse. Actuel néerlandais et flamand. - Vert-Bleu-Jaune : Hochdeutsch, allemand de la bible de Luther. - Vert : Plattdeutsch, dialecte allemand que tout le monde parle. 17 Histoire contemporaine 2018-2019 En 1848, un parlement est réuni à Francfort pour tenter de créer l’État d’Allemagne. Il y a deux camps : Les réalistes (créer l’Allemagne, c’est maintenant ou jamais) et les maximalistes (veulent la Grande Allemagne (Groβdeutschland), celle qui réunit tous les pays, régions qui parlent l’allemand). L’Autriche étant le plus puissant empire à cette époque (grand vainqueur face à Napoléon), ce n’est donc pas demain la veille qu’elle fera partie de l’État allemand. Ils préfèrent se contenter de la petite Allemagne (Kleindeutschland). À cause de ces divisions, ce parlement ne donnera finalement rien. En 1870, après que la France ait été battue, l’Allemagne déclare finalement le IIe Reich et reprend l’Alsace et la Lorraine à la France. Bismarck est considéré comme un traître car 4 ans avant d’avoir battu la France, il a battu l’Autriche, mais ne l’a pas annexée à l’Allemagne parce qu’il a signé un pacte de paix avec l’empereur et n’a donc pas accompli le projet maximaliste de l’Allemagne. Les vrais nationalistes (comme Hitler) le considèrent comme un double traître car il est aussi allé en Afrique au lieu de s’occuper de réunir le peuple allemand (beaucoup de minorités allemandes dans d’autres pays). La notion d’État a une double doctrine - L’ancienne doctrine : État comme une organisation qui assure une sécurité collective, il s’assoit donc sur des barrières naturelles infranchissables pour n’importe quelle menace (montagne, rivière). - Hoffman est partisan des frontières linguistiques mais reste influencé par l’ancienne pensée, par exemple : la Meuse qui sépare l’Allemagne et la France. Au XIXe siècle, les frontières sont mouvantes, constamment faites et défaites. 1815-1848 : Allemand, langue d’émancipation L’Allemand, soit on s’y reconnait, soit on aspire la même chose pour sa propre langue. 1815 : Norvège Les frontières européennes sont très élastiques ; des pays naissent, d’autres qui disparaissent. Notamment au congrès de Vienne (1815). D’ailleurs, on y décide aussi de créer des États tampons. 1830-1839 : Belgique, Luxembourg, Limbourg Après le congrès de Vienne, la Belgique, le Luxembourg et le Limbourg sont sous la domination du Royaume Uni des Pays-Bas. Mais au bout de 15 ans, la Belgique prend son indépendance. Quant au Luxembourg et le Limbourg : ils voudraient rejoindre l’État belge, qui est un État libéral, mais les Pays-Bas ne sont pas d’accord. Une partie du Limbourg appartiendra à la Belgique, l’autre aux Pays-Bas et une partie du Luxembourg ira à la Belgique et l’autre deviendra une principauté. 18 Histoire contemporaine 2018-2019 1848 : Kleindeutschland/Grossdeutschland En 1848, les délégués de Maastricht (Limbourg Néerlandais) ou de Luxembourg-ville viennent au parlement de Francfort pour discuter de l’unification allemande. La question est de savoir s’ils veulent intégrer l’État allemand. Les changements de frontières sont brutaux Quand l’État allemand fait savoir qu’il veut annexer tous les pays qui parlent l’allemand, ces pays disent qu’ils ne le parlent pas car ils veulent garder leur autonomie. Par exemple, les Pays-Bas disent qu’ils parlent le néerlandais. Quant au mouvement flamand, ils finissent par opter pour le néerlandais (car les Wallons ont opté pour le « français » et non le Wallon. Réciprocité entre flamands et wallons). 1871 : Deutsche Reich Le territoire de la « petite-Allemagne » a subi d’importantes pertes après la Première Guerre mondiale ; il a ensuite été étendu à l’Autriche et à d’autres régions frontalières suite aux annexions et conquêtes du régime nazi. La désignation officielle de l’État a été changée en Reich grand-allemand (Groβdeutsches Reich) en 1943. Il s’est effondré de facto, sinon de jure, avec la défaite de 1945 face aux Alliés. 19 Histoire contemporaine 2018-2019 Nederduits, Nederlands, hollandais, flamand, dietsch, dutch : 1830-1839-1848- 1870-1980 Les confusions autour du néerlandais sont toujours présentes. Jusqu’en 1870 on parle le « nederduits » (bas-allemand) qui devient finalement le « nederlands ». Ceux qui voulaient l’appeler le « vlaams » voulaient se distinguer de la langue des Pays-Bas car ils pensent avoir une culture différente. Les flamands finiront par choisir le néerlandais car ils voulaient être sur un pied d’égalité avec les wallons qui eux parlent le français (et non pas le wallon). À très peu de choses près, dans les années 1850, on aurait pu choisir d’appeler cette langue le « flamand » et à l’heure actuelle les Hollandais et les Flamands ne se comprendraient plus (surtout qu’il y avait déjà beaucoup de différences à l’époque). Il y a donc un problème d’appellation avec le néerlandais et le hollandais, mais ils ne sont pas les seuls. Letzebuergesch (1941-1984), Allemanisch (1936) Lorsque l’Allemagne fit un recensement en 1941, elle ne mettait qu’une possibilité de langue dans le questionnaire : l’allemand. Les luxembourgeois décidèrent de boycotter ce recensement en barrant la langue allemande et en la remplaçant par « Lëtzebuergesch ». Avec pour effet qu’après 1945, le Lëtzebuergesch deviendra la langue officielle au Luxembourg, mais ne sera confirmé officiellement qu’en 1984. Pourtant dans la pratique on enseigne le lëtzebuergesch ET l’allemand ET le français au Luxembourg. Le lëtzebuergesch a donc le statut de langue officielle, mais reste quand même assez fortement un langage parlé qui a du mal à percer dans l’écrit. Dans les années 1930, la Suisse avait peur d’Hitler car une partie de la Suisse parle allemand. Les suisses ne veulent pas l’annexion à l’Allemagne. Les suisses avancent qu’ils ont les mêmes mots que les allemands mais pas les mêmes intérêts, la même culture. Ils décident alors de cultiver un accent, « le suisse allemand » : l’Allemanisch (1936). 20 Histoire contemporaine 2018-2019 4. La cartographie des langues slaves Dans les pays slaves, le mouvement panslave est un échec. Ils se comprennent mais ne reconnaissent pas une unité linguistique pour autant. C’est l’inverse des arabophones qui se reconnaissent de la même langue mais ne se comprennent pas à cause des différences dialectales de chaque région. Les langues slaves expriment une volonté de se distinguer tandis que les langues arabes expriment une volonté d’unifier. « Une langue, c’est un dialecte avec une armée ». ➔ Passage de l’oral à l’écrit + administration d’État. C’est l’État qui produit l’unification linguistique. Puisque c’est l’État qui peut standardiser la langue (c’est donc l’État qui est le propriétaire de la langue). Pourquoi le projet germanique a fonctio nné et pas le panslave et l’arabe ? Le monde slave est divisé. De plus il y a une division confessionnelle entre orthodoxie et Église catholique. Aussi, il y a une division entre caractères romains et cyrilliques. ➔ Extrême fragmentation (EXAM) 21 Histoire contemporaine 2018-2019 3 ruptures dans le monde slave : (EXAM) - Discontinuité géographique Nord / Sud - Discontinuité confessionnelle - Discontinuité politique Discontinuité géographique Nord / Sud Les langues du Sud et celles du Nord sont séparées par une barrière formée par la Hongrie, l’Autriche et la Roumanie, en mauve sur la carte. - Langues slaves du Nord: Polonais, Tchèque et Slovaque / Russe, Ukrainien, Biélorusse (orientales) - Les langues slaves du Sud: Serbo-croate, Slovène, Bulgare, Macédonien, Monténégrin Les langues slaves du Nord Ukraine Cet État-nation a une langue nationale, l’Ukrainien, il est en grande partie Russophone. 2 langues écrites : la langue de l’administration (Russe) et la langue de la culture (Polonais). La Pologne (1918, révolution bolchévique) gagne en 1923 la guerre contre la Lituanie et l’Ukraine. Échec de la tentative de créer un grand État ukrainien, elle sera annexée au grand État polonais puis à l’URSS. Grande diversité dans cette Pologne : Allemands, Juifs (Yiddish), Lituaniens, Ukrainiens. Tchécoslovaquie En 1918, création d’un État-tampon pour endiguer l’Allemagne. Cependant, il y a plus d’Allemands que de Slovaques dans cet État (Sudètes). Les politiques de Vienne avaient donné une large autonomie linguistique aux minorités (ex : écoles secondaires en Tchèque, deux générations de nationalistes tchèques qui vont vouloir rentabiliser leur diplôme en instaurant le Tchèque comme langue d’administration). La Slovaquie ne dépendait pas de Vienne mais de Budapest, qui mène une politique de magyarisation. L’élite slovaque envoie donc ses enfants en Bulgarie ou en Allemagne. En 1918, le Slovaque est donc à peine une langue écrite. 1993 : Tchéquie et Slovaquie se séparent. 22 Histoire contemporaine 2018-2019 Les langues slaves du Sud Situation particulière du Macédonien : Lors des guerres balkaniques, on tente de refouler l’Empire ottoman. La Bulgarie crée la Grande Bulgarie et les autres pays s’allient pour lutter contre (projet d’une Grande Grèce, d’une Grande Serbie) ; tous se disputent pour la Macédoine. Une petite partie ira à la Grèce, et une grande en Yougoslavie (1918-1941). La langue parlée en Macédoine est cependant le Bulgare, langue de l’ennemi contre lequel s’est battu la Yougoslavie. En 1941, la Bulgarie s’allie à Hitler et reprend la Macédoine à la Yougoslavie. Remonter jusqu’à Alexandre le Grand pour affirmer l’identité macédonienne. Le serbe est différent du Croate. Les 2 peuples se comprenaient cependant parfaitement durant la période Yougoslave, seuls leurs alphabets diffèrent. Discontinuité confessionnelle Il existe une différence entre l’Est (monde orthodoxe) et Ouest (monde catholique). Ce qui engendre une différence d’écriture entre alphabet cyrillique dans les pays orthodoxes et alphabet latin dans les pays catholiques. 23 Histoire contemporaine 2018-2019 Discontinuité politique Le monde slave est historiquement écartelé entre 4 empires : (EXAM) - Empire tsariste - Empire de Habsbourg - Empire prussien/allemand - Empire ottoman Polonais présents dans 3 empires ; Ukrainiens, serbes et croates dans 2 empires 24 Histoire contemporaine 2018-2019 L’idée panslave est entachée par certaines hostilités historiques ; - Polonais & Ukrainiens : Au moment de la Première Guerre mondiale, les ukrainiens vivent dans 2 pays. Une partie appartient à l’Autriche-Hongrie et l’autre à la Russie. Les polonais composent l’élite et exploitent les Ukrainiens. En septembre 1939, la Pologne est occupée à l’Ouest par les allemands et à l’Est par les soviétiques. La Volhynie se trouve dans la zone soviétique. Une partie de la communauté ukrainienne, espérant la formation d’un pays indépendant, collabore avec les nazis ou s’engage dans les actions hostiles aux autres groupes ethniques dans la région (Polonais, Juifs, Tchèques). Depuis ces massacres de Volhynie de 1942 et 1944, les 2 pays se rejettent la responsabilité du déclenchement de ce massacre. 25 Histoire contemporaine 2018-2019 - Serbes & Croates : Historiquement, les peuples serbes et croates parlent la même langue mais avec des alphabets différents. Ces 2 peuples ont appartenu à des empires différents : les croates l’empire Austro-Hongrois et les serbes l’empire ottoman. À la chute de l’empire Austro-Hongrois, les croates revendiquent une indépendance mais on refuse de créer plusieurs petits pays et donc est créée une fédération de pays sud- slaves : la Yougoslavie. Les serbes et les croates sont mariés de force. Serbes majoritaires par rapport aux croates. Création de la Yougoslavie le 1er décembre 1918 Ancienne République Socialiste Fédérale de Yougoslavie (1945-1991) 26 Histoire contemporaine 2018-2019 - Tchèques et Slovaques Après la chute de l’empire Austro-Hongrois est créée la Tchécoslovaquie (1918-1992). Les tchèques dominent la région et la langue officielle passe du tchécoslovaque au tchèque. La Tchécoslovaquie est née au lendemain de la Première Guerre mondiale, sur les territoires appartenant à l’empire Austro-Hongrois qui vient de perdre la guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler envahit une partie du pays. La Tchécoslovaquie disparaît au moment de l’effondrement des pays communistes de l’Est européen au début des années 1990. Elle laisse alors place à 2 États indépendants : la République Tchèque et la Slovaquie. Les hostilités historiques (cartographie) Le panslavisme est une doctrine politique, culturelle et sociale qui valorise l’identité commune que partageraient les différents peuples slaves (Bosniaques, Biélorusses, Bulgares, Cachoubes, Croates, Lusaciens, Macédoniens, Monténégrins, Polonais, Russes, Ruthènes, Serbes, Slovaques, Slovènes, Sorabes, Tchèques et Ukrainiens) et qui préconise leur union politique sur la base de cette identité. Tout au long du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, le moteur du panslavisme sera le tsar. Celui-ci défend les slaves des oppressions allemandes, turques et autrichiennes. 27 Histoire contemporaine 2018-2019 Avec la guerre de Crimée (1853-1856), les russes font une grande percée dans la région et renforcent leur influence. Le tsar a une double casquette car en plus de défendre les slaves il défend les orthodoxes. La Russie va aussi soutenir l’indépendance Grecque de l’empire ottoman en 1830. Bismarck (l’ancien leader prussien) chercha à unir les germanophones. Mais il est incomparable avec le Tsar car ce dernier était un obstacle à certaines émancipations nationalistes. Foyers de l’émancipation slave : - Les sorabes o Les sorabes sont un îlot slavophone dans une marée allemande dans l’Allemagne de l’Est, se trouvent en partie en Prusse et en partie en Saxe, mais sont malheureusement complètement fragmentés (religions différentes) - Les cachoubes o Dans une partie nord-est de l’empire de Prusse (est de la Baltique), il y a des slavophones qui s’identifient comme des cachoubes et vont tenter de préserver et étudier la langue cachoube. Les pires ennemis des cachoubes seront en fait les polonais qui considèrent cela comme une division car les cachoubes parlent en fait un dialecte du polonais, il y a donc un réveil des cachoubes qui réalisent qu’ils sont polonais, de plus, ceux-ci se trouvent dans une position territoriale extrêmement avantageuse. Les cachoubes donnent un accès à la mer aux Polonais et ceux-ci revendiquent l’unité cachoube-polonaise. 28 Histoire contemporaine 2018-2019 - Le ruthène, l’ukrainien L’ukrainien est relativement proche du Russe, l’idée tsariste est d’intégrer les ukrainiens progressivement vers la Russie. La Pologne et la République Tchèque sont panslaves, mais anti-russes : - Dans l’État Lituano-Polonais, les polonais étaient la bourgeoisie et les ukrainiens étaient exploités. Les ukrainiens étaient anti-polonais, brûlaient leurs villages, etc. - Les slaves des Balkans sont redevables de la Russie, qui les libéra du joug ottoman lors de la guerre russo-turque de 1877-1878. - Croatie catholique, dont la population est pourtant slave, s’est clairement rapprochée de l’Occident depuis longtemps, ayant subi l’influence autrichienne et italienne. Le monde slave est divisé et le projet panslave ne peut fonctionner Le tsar se présente comme défendant les slaves dans le monde, les défendre de l’oppression allemande, autrichienne et ottomane. Guerre russo-ottomane de 1878 : la Russie fait une grande percée, le tsar se présente comme défenseur des slaves mais aussi défenseur des orthodoxes (donc il défend les grecs et les arméniens parce qu’ils sont orthodoxes), la minorité orthodoxe dans un empire catholique ; ces derniers sont tolérés mais ne peuvent pas recevoir leurs ordres des puissances orthodoxes de Moscou, la tutelle spirituelle en devient Rome, on crée des églises uniates (églises catholiques orientales, de rite oriental). Mais cela ne marche pas pour les polonais qui s’opposent au régime dictatorial tsariste, eux ont une autre religion, un autre alphabet. Quant aux thèques et slovaques, ils préfèrent faire partie d’un grand empire tsariste que d’être une minorité allemande. Pour les arabophones : Ils affirment parler la même langue mais ne se comprennent pas spécialement, différences régionales très fortes. Pour les slavophones : Affirmation qu’ils ne parlent pas la même langue, même pas des variantes régionales très proches. Éveilleur slave : Refuser que l’allemand envahisse la culture nationale slave. Il faut étudier la langue, traduire les textes dans la langue des peuples. 29 Histoire contemporaine 2018-2019 Au niveau linguistique : Projet allemand centripète (tend à se rapprocher du centre) : tout centrer autour d’un projet politique Monde slave : projet centrifuge (qui tend à s’éloigner du centre), dissolution qui continue, les systèmes orthographiques poussent vers la singularité. On trouve des mariages de force entre pays afin d’éviter d’avoir de trop petits pays, on y trouve toujours une culture majoritaire et une autre minoritaire qui pousse à des hostilités. De manière générale, les slaves sont toujours du côté de la minorité. Ainsi les langues sont aussi modifiées dans le fait qu’elles s’écrivent selon la religion, ainsi le turc s’écrit en arabe. 5. Nationaliser les masses Fatta l’Italia, besogna fare gli italiani ~ Un homme politique nationaliste et libéral italien « Maintenant que l’Italie est créée, les régions unifiées, il faut faire des italiens. » Difficulté de créer un véritable sentiment d’appartenance nationale au sein de ce nouvel État fortement hétérogène sur le plan social, économique et culturel. Il y a, à l’époque, très peu d’italiens qui parlent italien (2-3%). Italien florentin choisi. Un langage, c’est un dialecte qui a une armée : La langue est créée par l’État. En 1861, l’Italie est unifiée. « On a fait l’Italie, maintenant il nous faut faire des Italiens ». Problème : les italiens ne se comprennent pas entre eux, parlent différents italiens. Il y a seulement 3% de la population à ce moment-là qui parle l’italien classique, l’italien cultivé. On constate ainsi que 80% de la population italienne est illettrée. On se considère « à la traîne de l’Europe ». La Prusse bat les autrichiens (Bismarck), mais les italiens ne parviennent pas à les battre. Pourquoi. Car une armée moderne doit être lettrée, alphabétisée, avoir une identité et une unité nationale. Maîtrise de la langue En Italie, les élites parlent la variante locale. Les dialectes sont extrêmement diversifiés. Diglossie (2 langues dans un État, l’une étant dominante sur l’autre) (≠ multilinguisme) : 2,5 % de la population en 1861. Analphabétisme En France, l’administration est standardisée. En 1861 (unification italienne), en Italie il n’y a pas d’administration commune (pas d’info générale, on ne sait pas combien il y a d’italiens), comme 30 Histoire contemporaine 2018-2019 l’Abbé Grégoire en France, on entreprend des enquêtes pour centraliser les statistiques. Ces enquêtes prennent également 4 ans en Italie et le résultat est effrayant : 80% de la population est illettrée (alors que la Prusse : 20%, France-Belgique : 40-50%). Cela coïncide avec une grande défaite militaire italienne : 1866, Bismarck réussit à imposer une défaite à l’empire Austro-hongrois, ce qui paraissait inimaginable. On met ça sur le compte de l’instruction ; le citoyen-soldat « sait » pourquoi il se bat. Les italiens vont tenter de libérer les italiens vivant dans l’empire Austro-Hongrois : ce fut un échec total. On comprend donc que les soldats ont aussi besoin d’être éduqués, connaître les valeurs du patriotisme, etc. Il faut produire des italiens modernes, qui savent lire et écrire, pour devenir un État moderne. La population n’adhère pas au projet national italien. Affrontement des armées italiennes contre l’armée du pape (qui considère qu’on lui vole son État), donc pour unifier l’Italie il faut vaincre le pape. Scolarisation Italie : Pour remédier au problème de l’analphabétisme et du manque d’identité nationale, l’obligation scolaire va être instaurée → millions de nouveaux élèves, alors qu’il n’y a que très peu de professeurs compétents qui parlent l’Italien standard, et pas assez d’infrastructures. C’est encore plus dur de trouver des enseignants, ceux-ci étaient parfois à moitié lettrés, ne parlant que le dialecte local. Pour éviter que les enseignants ne parlent leurs dialectes avec leurs élèves, l’Italie déplaça les professeurs de leurs régions d’origine. On transforme des étables en écoles… Ce processus fût très lent, en 1900 il y a encore 50% des élèves qui ne sont pas scolarisés. Migration Effets bénéfiques qui vont augmenter l’analphabétisation en Italie. Il y a migration interne : lorsqu’on se retrouve dans une autre région, besoin de parler le standard italien, sinon on ne sait pas voyager dans le pays. Il y a aussi migration externe vers les USA, mais à un moment les USA ne voulurent plus accueillir les analphabètes et renvoyèrent les illettrés, alors que c’est justement cette population pauvre qui immigre. 40% du Sud de l’Italie migra pour faire des boulots moins qualifiés, dont mineur en Belgique. « Noirs » vs. Chemises rouges Les noirs étaient les membres du clergé. Le pape rejette l’unification italienne et l’État Italien, mais on s’oppose au pape et on veut un État libéral. Après l’unification, le pape se déclare « infaillible ». Le pape se retrouve assiégé et nommé premier ennemi de l’État italien. Cet État libéral n’avantage pas vraiment le peuple mais les élites, il n’y a même pas le droit de vote ! Donc l’église s’oppose, le peuple se sent trahi : l’Italie libérale peut être balayée d’un revers de la main. 31 Histoire contemporaine 2018-2019 Les rouges, eux, sont des troupes de volontaires engagés pour la libération de territoires occupés par des puissances étrangères, ou pour l’unité de l’Italie. Grande question : les « noirs » seront-ils loyaux à l’État ou à l’Église ? Les italiens étant majoritairement catholiques, difficile de choisir son camp. Guerre militaire et idéologique du Vatican contre l’État qui l’entoure. En 1917, les italiens laissent tomber les armes et retournent chez eux à la défaite de Caporetto : celle-ci confirme que les italiens ne sont pas encore assez patriotiques. Les déserteurs sont nombreux lors de la défaite cuisante de Caporetto face à l’empire Austro-hongrois, tout comme en Russie lorsque 4 millions de soldats refusent de se battre pour le tsar. Cette bataille est une profonde humiliation. Dans ce contexte de manque d’unité et d’autorité, le fascisme monte, contre la démocratie bourgeoise qui au parlement n’est pas capable de former une unité. Il faut maintenant un régime totalitaire, qui s’occupe de tout, un mouvement de masse, un parti unique, des écoles actives, il faut une Italie forte. L’école primaire devient obligatoire pour tous les enfants italiens, on multiplie le taux de fréquentation par 5. Donc le clergé prend aussi le rôle de l’éducation. On monte à 50% d’alphabétisation pour les enfants, mais les générations au-dessus restent illettrées. ➔ L’école est donc un élément clé pour l’identité d’un pays ! L’Italie ne se sent pas prête pour la guerre mondiale, le citoyen italien n’est pas prêt. C’est là que Mussolini fait campagne pour motiver les troupes et faire entrer l’Italie dans la guerre, il dit que la guerre va « faire le citoyen italien ». Résumé : - Cas allemand : Le peuple attend d’être fusionné pour devenir un grand État ou d’être libéré de tel ou tel empire. Le peuple préexiste l’État. - Cas slave : On n’a pas réussi à unifier les slaves car le potentiel clé (tsar) n’est pas considéré comme valable pour tous les slaves (division religieuse, etc.) - Cas italien : On fait l’Italie, puis on fera les italiens (>< Allemagne). L’État mettra très longtemps à créer un peuple. L’école de Jules Ferry On essaye plusieurs fois d’instaurer le suffrage. La politique culturelle de la 3ème République présentait la langue comme une langue standardisée qui ne doit pas pour autant détruire les patois, mais l’État totalitaire propose un véritable « génocide culturel » et veut éradiquer toute culture linguistique qui n’est pas la standard. Après sa défaite, l’école publique devient une priorité avec Napoléon III. En 1870, ce sont les armées françaises qui sont écrasées par Bismarck (Prusse) et l’empire Allemand est proclamé à Versailles, la France perd l’Alsace et la Lorraine. Mêmes conclusions : le système scolaire est défaillant… Jules Ferry en est l’inventeur et est la 32 Histoire contemporaine 2018-2019 figure de proue de la 3ème République. C’est la 3ème République qui va prendre au sérieux les écrits de l’Abbé Grégoire, c-à-d d’anéantir les patois. Certains diront que c’est un génocide culturel, qui a détruit les langues culturelles. L’école est très puissante, impose le français, répression féroce et stigmatisation de tout autre chose que le français. Elle permet aussi aux français de quitter leur village grâce au fait de ne plus parler le patois de sa région et de pouvoir émigrer. Les lois Jules Ferry sont une série de lois sur l’école primaire votées en 1881-1882 sous la 3ème République, qui rendent l’école gratuite (1881), l’instruction obligatoire et l’enseignement public laïque (1882). L’obsession de Sedan 1870 : Défaite française majeure avec la bataille de Sedan qui entraîne la chute du second Empire, la perte de l’Alsace et de la Lorraine et proclamation à Versailles dans la galerie des glaces. → Humiliation et obsession nationale d’un retard français en scolarisation et alphabétisation. Napoléon III investit dans l’école pour une France forte. En France, le suffrage universel est institué pour la 1ère fois en 1848 avec la proclamation de la 2ème République. Or, les français ne sont pas éduqués et portent au pouvoir Napoléon III, un homme autoritaire. En Italie, le choc qui enclenchera le chantier de l’école sera la défaite face à l’empire Austro- hongrois couplé du constat de l’analphabétisme avancé. En France, on connaissait ces chiffres depuis l’Ancien Régime et le réel choc sera la défaite de Sedan en 1870 face à l’armée de Bismarck. À partir de là, on veut rattraper le retard en effet il n’y a que 50% de la population alphabétisée (en France). Répression ou ascension sociale ? Pourquoi ça a marché en France ? La France promet une récompense à ceux qui adoptent le standard linguistique : l’ascension sociale. En effet, si tout le monde parle la même langue, il y a possibilité de migrer partout dans le pays, voire même le monde entier (avec les colonies). 33 Histoire contemporaine 2018-2019 L’école est à la fois imposée et on y oblige les élèves à parler le langage standard, les patois ne sont pas autorisés. Il y a donc une répression. Mais la maîtrise du langage national va permettre à ces élèves de se sortir de la misère, à connaître une ascension sociale, surtout pour ceux qui iront habiter en ville. Le « signal » : Afin d’obliger les élèves à ne parler que le latin, les jésuites trouvèrent un système assez vicieux, basé sur la dénonciation. Si un élève qui a le signum surprenait un autre élève parler un dialecte, il pouvait lui passer le signum, et ainsi de suite. À la fin de la journée, l’élève qui avait le signum subissait des châtiments corporels. Système de dénonciation. En Flandre, on empêche de parler le français ou bien on oblige de parler le West Flamand. Au cours du XIXe siècle, plus d’étudiants vont dans des écoles de prêtres pour la bonne formation qu’elles offrent ; ils y apprennent à la fois le latin et la langue vernaculaire. Il y a beaucoup de métiers à col blanc sur le marché mais il faut parler la langue nationale. En sortant de ces écoles, ils ne parlent pas la langue de l’administration mais ils ont une maîtrise administrative d’une langue non standardisée (catalan, basque, breton, néerlandais, tchèque, etc.) alors ils mènent campagne pour obtenir la reconnaissance de leur langue pour obtenir ainsi les jobs convoités. Les écoles confessionnelles créent à chaque fois plus d’élèves qui ne veulent pas être prêtres mais qui veulent un job dans l’administration. L’attractivité d’une langue et de son projet politique En 1848, au moment du Parlement de Francfort, l’Allemagne a pour but de détruire l’Empire Austro-hongrois pour créer la Grande Allemagne (Groβdeutschland). L’empire austro-hongrois est divisé en 2 mais est tenu par un seul empereur. L’empire austro- hongrois ne peut pas imposer l’allemand dans ses écoles, car sinon l’Allemagne y verrait une opportunité pour l’annexer. On ne peut donc pas mener une politique d’unification linguistique. Dans la partie hongroise, il y a une politique de promotion du hongrois beaucoup plus forte que dans la partie autrichienne. La langue de l’administration est le hongrois et on essaye de faire en sorte que tous les élèves fassent du hongrois au minimum leur 2ème langue. La partie autrichienne ne peut pas pratiquer une politique de germanisation au risque de s’exposer à une annexion par l’Allemagne. Pour les slovaques vivant dans le royaume de Hongrie la situation est plus difficile, car leur langue est minoritaire et n’offre pas beaucoup de perspectives de promotion sociale. L’élite slovaque va donc envoyer ses enfants à l’école secondaire en hongrois ou en allemand. Comme il n’y a pas vraiment d’élite éduquée en slovaque, le mouvement nationaliste slovaque ne démarre pas. On constate que le choix des langues n’a rien à voir avec les affinités linguistiques, mais dépend du contexte politique et d’opportunités. Par exemple, les bretons sont passés au français car ils avaient plus à y gagner. 34 Histoire contemporaine 2018-2019 Il existe plusieurs leaders du nationalisme flamand qui étaient plus à l’aise en français mais se battaient au parlement pour le flamand, la même chose arrive avec les leaders du nationalisme tchèque qui sont plus à l’aise avec l’allemand ; ils se retrouvent avec un débat personnel entre une allégeance publique et une facilité linguistique qui diffèrent. Herder dit qu’il faut saluer sa mère avec la langue qu’on a parlé en étant petit ; « n’importe pas la langue de l’administration dans la vie privée ». Les Basques et les Catalans, des 2 côtés des Pyrénées (anti -Grimm) Au Sud des Pyrénées, le catalan et le basque ont survécu, pas comme au Nord. Ceci n’a rien à voir avec la sévérité des écoles de Jules ferry mais au fait que le français offrait plus d’opportunités d’ascensions sociales par la langue que l’espagnol. Donc au Nord, on s’en tient au français, on assimile le français. Le succès ou l’échec de l’introduction d’une langue nationale est dû à la balance entre les opportunités offertes et la répression. Ce sont les écoles secondaires qui produisent le nationalisme. Nationaliser les masses, c’est imposer une langue. 6. Langues anciennes, élites nouvelles Katharevousa et Dhimotiki Adamantios Koraïs (1748-1833) et le Katharevousa Adamantios Koraïs maîtrise plusieurs langues et présente des talents de traducteur. Son père le ramène à Smyrne et Koraïs fait des études en médecine, il arrive ensuite à convaincre son père pour aller étudier en France où il devient témoin oculaire de la révolution et de la prise de la Bastille. Il découvre que c’est exactement ce qu’il faut au peuple grec, il veut un état moderne pour son pays sans le pouvoir du sultan et le pouvoir du patriarcat. « Purger » le grec des « pollutions » byzantines et ottomanes Koraïs est un homme religieux mais il s’oppose à l’Église orthodoxe, une Église de collabos avec un Turc à sa tête. Koraïs ne parvient pas à traduire la pensée révolutionnaire française dans sa langue (le grec ottoman). Ce grec est pollué par des siècles d’oppression et Koraïs entame le projet de créer une langue démocratique (la katharévousa) qui se veut un compromis entre langue moderne et langue du peuple. Cette langue doit être un outil de réveil démocratique du peuple ! 35 Histoire contemporaine 2018-2019 Projet d’une nouvelle langue, de purger le grec des pollutions ottomanes, car le grec s’était détérioré avec tout ce temps d’oppression. Le grec manque de vocabulaire, il faut le moderniser pour qu’il puisse véhiculer les idées révolutionnaires. Koraïs veut procéder peu à peu pour introduire un nouveau langage dans le vieux langage dans un processus de modernisation mais sans perdre le contact avec le peuple, il veut créer une langue pour la révolution qui soit un mélange entre la modernité et compréhensible pour le peuple. Langue officielle de 1830, langue des conservateurs Le katharévousa devient une langue élitiste. Le katharévousa deviendra la langue politique, la langue de l’armée. En 1830, la Grèce devient indépendante, on adapte le standard linguistique. Rupture avec l’Église orthodoxe, adversaire du nationalisme et indépendantisme grecque. Le Katharévousa deviendra la langue de la droite, des conservateurs et de l’armée, en opposition avec le Dhimotiki, langue de la gauche. Il y aura donc un combat autour de la question linguistique. Le coup d’état des colonels (1967) va officialiser le Katharévousa, qui sera remis en cause lors de leur chute en 1794. En 1976, la Grèce n’a plus qu’une langue officielle qui est le Dhimotiki, et est enseignée à l’école depuis le début du XXème siècle. Hébreu : Les langues de la diaspora XIXème siècle : Le peuple juif est un peuple hétérogène linguistiquement car non unifié géographiquement. On parle un ensemble de langues qui ne sont pas l’hébreu, les juifs parlent le Yiddish (un dialecte allemand) qui a la particularité d’être écrit en caractère hébreu. L’hébreu, langue officielle de l’État d’Israël à sa création en 1948, était jusque là une langue de culte et une langue morte qu’on ne parlait pas en dehors de la Synagogue, et donc une langue morte destinée au domaine religieux. L’invention de l’hébreu moderne : Un mouvement nationaliste juif émerge au XIXème siècle en Europe. Il existe une population juive importante en Espagne et au Portugal. Dans l’empire Ottoman on trouve aussi d’importantes populations juives, Alexandrie, Damas, Thessalonique ; ces juifs parlent un dialecte espagnol écrit en caractères hébreux ; le Ladino Judéo-Arabe. On observe une immigration massive de juifs de l’Est pour s’installer à Vienne, on observe une vague xénophobe très forte contre ces juifs qui exercent des métiers propres à leur culture, s’habillent avec leurs vêtements traditionnels… etc. On les perçoit comme un danger. Les juifs cherchent la solution à ne pas subir ce mouvement antisémite, et cherchent à créer un état appartenant au peuple juif. Un peuple au-delà d’une religion : Mouvement nationaliste juif : Ces populations juives ne sont pas unies par la langue, ni par l’empire, ni par des ennemis communs. Ce qui les unit c’est la religion. Une difficulté s’ajoute, les nationalistes sont perçus comme une menace. Les nationalistes pensent qu’être juif c’est être un peuple au-delà du fait de suivre les mêmes rites, et ce peuple nécessite un territoire. 36 Histoire contemporaine 2018-2019 Le sioniste défend qu’une nationalité a besoin d’un territoire, surtout si celle-ci doit faire face à des montées de mouvements de violence. Theodor Herzl, L’État des juifs, 1895, dit « les juifs sont un peuple ». Ce qui unit le peuple juif à la fin, c’est la religion, mais avec le sionisme on rencontre un problème : conflit national vs. confessionnel. Si être juif c’est pratiquer une religion, on n’a pas besoin d’État mais de liberté de culte. Il faut inventer son propre langage en modernisant une langue quasi morte, nécessaire à l’idée du sionisme. Procès Dreyfus (officier français accusé d’espionnage pour l’Allemagne) : À cause de la perte de la guerre, les français ont une obsession anti-allemande, ils associent juifs ashkénazes aux allemands donc à l’espionnage. Herzl Il est horrifié par l’antisémitisme. Il faut un territoire pour le peuple juif. Il motive, dans son livre, les juifs à former un État, pour faire face à cet antisémitisme. Choix du territoire : Palestine : L’argument principal est religieux, le pèlerinage vers la terre sainte, promise, qui cache l’argument nationaliste. Les Rothschild aident à financer les projets sionistes. Pour Herzl, le futur État juif sera majoritairement germanophone, il rejette aussi les dialectes. Inventer une langue pour le sionisme : Eliezer Ben-Yehuda (1858-1922) Antisémitisme latent chez les jeunes révolutionnaires russes → Il perd de la crédibilité auprès des nationalistes russes car il est juif : Il quitte alors sa région natale pour faire médecine à Paris où il découvre le nationalisme français et constate l’importance de la langue dans un projet révolutionnaire. Il désire transformer l’hébreu en une langue moderne. À Jérusalem, il rencontre beaucoup d’hostilité de la part des orthodoxes car ils considèrent que l’hébreu est une langue sacrée, biblique, on ne l’utilise pas pour parler de sucre, café, etc. (mots du quotidien). Il compose l’hébreu moderne à partir de l’arabe, il crée aussi son journal en hébreu. Il y a cependant un problème : personne ne comprend vraiment ce qu’il dit, car il y a plein de néologismes. Cela crée des tensions et il sera désigné comme un dangereux révolutionnaire et on l’envoie en prison. Les allemands, eux, vont financer une immigration juive en Palestine (pour le pétrole) en offrant un enseignement en Allemand, les français font de même et les anglais : c’est la guerre scolaire. 37 Histoire contemporaine 2018-2019 Les norvégiens Continuum dialectal, discontinuité politique : Danemark 1380-1814 ; Suède 1814-1905 De fin du XIVe siècle aux guerres napoléoniennes (1803-1815), la Norvège fait partie de l’empire danois. Lorsque Napoléon tombe à Waterloo en 1815, on punit le roi du Danemark (qui était allié à Napoléon) lors du congrès de Vienne en lui retirant les provinces nordiques : le Danemark perd la Norvège au profit de la Suède, la Norvège appartient désormais à la Suède car celle-ci était dans l’alliance anti-napoléonienne. Les Norvégiens ont cette impression d’être échangés de propriétaire comme du bétail et essayent de faire leur propre révolution (1815), mais échoueront. Ils vont cependant, tout comme les Suisses, cultiver un dialecte. Pourtant on observe un continuum dialectal entre la Suède et la Norvège. Encore maintenant les Suédois, les Norvégiens et même les Danois se comprennent relativement bien. Bokmal – Riksmal La Suède n’impose pas à la Norvège de parler suédois, on continue de parler le Bokmal, langue héritière du Riksmal, une langue dano-norvégienne élaborée durant l’occupation danoise. Ce dialecte, les Norvégiens l’appellent le « Bokmal ». Les Norvégiens veulent continuer à parler leurs langues Bokmal et Riksmal. Le nynorsk (aussi Landsmal) En Norvège, Ivar Aasen, un professeur norvégien, voulait que la Norvège soit un État indépendant, et pour cela il crée sa propre langue nationale, et non pas utiliser une langue d’origine danoise. Il veut développer le Nynorsk (langue artificielle – langue nationale) et s’oppose à emprunter le Bokmal et Riskmal. Deux langues officielles (85% Bokmal, 15% Nynorsk) Finalement en 1905, la Norvège obtient son indépendance et la question de langue officielle se pose. Les deux partis l’emportent et le Bokmal et le Nynorsk sont tous deux reconnus comme les langues officielles de la Norvège. Le Bokmal est la première langue dans 85% des municipalités et dans seulement 15% des municipalités c’est le Nynorsk qui est la première langue. On voit que le Bokmal est plus utilisé que le nynorsk. Tous les 15 ans, un référendum est organisé pour savoir quelle est la première langue. 38 Histoire contemporaine 2018-2019 7. La souveraineté linguistique Le Roumain et le Moldave En Moldavie on parle le roumain et le moldave mais la langue officielle est le roumain. La Moldavie est une région qui s’est intégrée dans la Roumanie. C’était une ancienne province de la Russie tsariste qui a été donnée à la Roumanie. Elle comprend une grande majorité de territoire où on parle roumain, et une partie où on parle russe. L’union soviétique est dissoute en 1991. Les russophones veulent être annexées à la Russie. On définit le Moldave pour ne pas prendre le roumain ni le russe et pour garder l’unification de la Moldavie. La Moldavie est une province de l’Empire tsariste où on parle des dialectes roumains qui vont produire des écrits en alphabet cyrillique (car d’origine russe). 1917 : Révolution de Lénine → Perte de la Moldavie qui devient une province roumaine, on passe à l’alphabet latin. 1945 : La Roumanie était du côté d’Hitler, après la défaite de la Seconde Guerre mondiale la Moldavie passera donc à la Russie, il y a donc un RETOUR à l’alphabet cyrillique. 1991 (chute de l’URSS) : Indépendance de la Moldavie et retour à l’alphabet latin. 2013 : La Moldavie décide que le Roumain est sa langue nationale. L’Albanais et le Kosovar Le Kosovo (majorité Albanaise et minorité Serbe) est une nation indépendante (≠ État !!!) depuis 2008. Le Kosovo était une province de la Serbie qui était une république de la Yougoslavie (Le Kosovar était la langue officielle). Aujourd’hui encore les albanais aspirent toujours à la création d’une « Grande Albanie », de même que les Serbes revendiquent toujours la légitimité d’appartenance du Kosovo à la Serbie. Aujourd’hui la langue officielle est l’Albanais. 39 Histoire contemporaine 2018-2019 À quel État appartient la langue ? L’échec du Gaélique Pendant la Première Guerre mondiale, les irlandais font leur révolution. Ils veulent déclarer leur indépendance. Ils détestent les anglais ainsi que leur langue car ils s’estiment avoir été colonisés. Le problème est que leur langue (le Gaélique) est une langue orale et pas écrite et donc ils vont adopter les 2 langues, l’anglais et le Gaélique. Aujourd’hui le Gaélique est la langue officielle, cependant dans les faits la proportion de la population parlant le gaélique est très faible. La discrimination par la maîtrise de la langue est réelle et importante. À quelle classe sociale appartient la langue ? Oxbridge English : (Oxford + Cambridge) Cette manière de parler est synonyme d’élitisme, on reconnaît par votre manière de parler la classe sociale dont vous êtes issu. La société anglaise est une société de classes, où la langue définit l’origine sociale et régionale des individus. Le Oxbridge English est parlé par l’élite. La langue et l’accent sont des facteurs de discrimination sociale forts. Algemeen Beschfaafd Nederlands (ABN) Quand la Belgique déclare son indépendance, les Flamands adoptent « l’Algemeen Beschaafd Nederlands » (ABN). Ce qui se traduit par « le néerlandais standardisé, civilisé ». La civilisation se décrète par la langue. Ils ne voulaient pas que leur langue porte le nom d’un pays qui n’est pas le leur. Avant, la bourgeoisie en Flandre parlait le Français. Ensuite, elle a été remplacée par la bourgeoisie ABN, càd la bourgeoisie qui maîtrise le nouveau langage. En Flandre, les élites rivales envoient leurs enfants à l’école en Français (grande bourgeoisie) ou en flamand (petite et moyenne bourgeoisie). 8. Les langues après l’État-nation La langue n’appartient pas à l’État. Cela implique que l’État ne peut imposer à sa population de parler l’Allemand par exemple. En revanche, l’État doit avoir une langue officielle, avec un seul système d’orthographe, pour son administration. L’État se réserve donc le droit d’imposer la langue qu’il veut. 40 Histoire contemporaine 2018-2019 Partie 2 : Le gouvernement des peuples 1. Une Macédoine des peuples Le gouvernement macédonien veut rebaptiser son pays en Macédoine : une perspective à laquelle s’oppose la Grèce qui avait mis un veto à cette intégration sous ce nom. La Grèce préfère que l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) se renomme « Macédoine du Nord », c’est la condition pour rejoindre l’UE et l’OTAN. Athènes considère que la seule véritable Macédoine est une de ses régions. L’appellation « Ancienne République Yougoslave de Macédoine » sera remplacée par « Macédoine du Nord » : cette décision ouvre la porte à l’intégration à l’UE et à l’OTAN, longtemps bloquée par la Grèce qui, à cause d’une de ses régions appelées aussi la macédoine, insistait depuis plus de 20 ans pour que son voisin change de nom. Le premier ministre Zoran Zaev lance alors une vaste campagne qui incite la population à aller aux urnes pour une Macédoine Européenne. Mais il est difficile de convaincre la population d’accepter ce nouveau nom. 91,5 % des votes sont en faveur du nouveau nom et de l’intégration dans l’UE, mais seulement 37% de la population vote et pour cela le résultat n’est pas validé. Le royaume de Macédoine est la patrie d’Alexandre le Grand, au XVIe siècle la région fait face à l’arrivée des slaves. Aujourd’hui, cinq états se trouvent sur le territoire de cette région historique : la Grèce, la Macédoine, l’Albanie, la Serbie et la Bulgarie. Athènes revendique ses droits sur l’héritage de cet État antique. 41 Histoire contemporaine 2018-2019 En 1991, la Fédération Yougoslave disparaît et un nouveau pays voit le jour : la République de Macédoine, revendiquant l’histoire antique et reprenant ses symboles, comme le Soleil de Vergina. La Grèce y voit une tentative de récupération historique et tente d’empêcher la reconnaissance du nouveau pays au Nations Unies. En 1993, la nouvelle république est reconnue par l’ONU mais sous le nom d’Ancienne République Yougoslave de Macédoine. L’intégration de la Macédoine par l’UE reste au point mort. En 2008, la Grèce bloque l’intégration de la Macédoine à l’OTAN. Avec l’arrivée d’une coalition pro-européenne (parti de Zoran Zaev) au pouvoir, 9 ans plus tard, la Macédoine change de nom, le soleil de Vergina est retiré de l’espace public et les passages faisant référence à l’héritage antique du peuple macédonien sont supprimés de la constitution. L’accord de Prespes (précisément sur le lac frontalier de Prespes) Athènes et Skopje signent un accord historique pour se partager le nom de la Macédoine. L’Ancienne République de la Fédération de Yougoslavie portera le nom de (République de) Macédoine du Nord. La Macédoine a été admise au Nations Unies en 1993 sous le nom provisoire de ARYM, mais plus de 140 pays, dont la Russie et les États-Unis, ont reconnu le pays des Balkans sous le nom de « République de Macédoine ». Cet accord est signé par les gouvernements grec et macédonien sur les rives du lac de Prespes. Mais quelle est la polémique derrière tout ça ? Depuis l’indépendance de la Macédoine en 1991, la Grèce s’oppose à ce qu’elle garde le nom de « Macédoine » car la Grèce a sa propre province portant le nom de Macédoine, et revendique cette province comme le berceau de l’histoire d’Alexandre le Grand. Par conséquent les Grecs s’opposent à cet accord, ils ne veulent pas céder le nom de la Macédoine, en même temps, les macédoniens (non grecs) manifestent aussi contre l’accord sur le nouveau nom de Macédoine du Nord. 42 Histoire contemporaine 2018-2019 Référendum en Macédoine, 30 septembre 2018 et approbation parlementaire Les opposants veulent boycotter ce référendum. L’accord est accepté par le parlement macédonien. Plein de dirigeants américains et européens vont venir à Skopje supporter Zaev appuyer cet accord. L’héritage d’Alexandre le Grand Les gens sont indignés de devoir changer leur nom de Macédoine à Macédoine du Nord ; pour eux l’identité nationale est importante. On ne peut plus nier Alexandre le Grand comme un barbare, mais plutôt on va récupérer ce personnage comme un personnage important de l’identité Grecque pour revendiquer le territoire Macédonien qui fut conquis par lui pour faire partie de la Grèce. En 1977, à Vergina, on découvre des tombes royales (« Le tumulus de Vergina », Grèce). Peut- être s’agit-il de Philippe II, père d’Alexandre le Grand ? On retrouve dans ces tombes le symbole du soleil à 16 branches, « Le soleil de Vergina », un symbole clairement et indubitablement Macédonien. Découverte par l’archéologue Andronikos. 43 Histoire contemporaine 2018-2019 Un sanctuaire de l’Hellénité éternelle de la Macédoine Les Grecs opposent leur veto et les macédoniens se sentent trahis. Ainsi commence la bataille pour revendiquer l’héritage d’Alexandre le Grand. Chantier Skopje 2014 : On lance un gigantesque chantier dans la capitale macédonienne dans l’idée de créer une nouvelle identité nationale en changeant le paysage urbain de Skopje, on retrouve plein de nouvelles statues d’Alexandre le Grand. On veut cacher des siècles d’histoire yougoslave, d’histoire ottomane, pour revendiquer uniquement la période historique d’Alexandre le Grand. Skopje 1963 : Après le tremblement de terre, les pays avaient apporté de l’aide pour reconstruire Skopje, notamment à travers un concours d’architecture. On y crée un style « brutaliste » avec beaucoup de béton armé visible ; un style moderniste et international. Mais on va essayer ensuite de cacher cette ville moderne à travers un style classiciste pour revendiquer un passé glorieux, cet héritage classique d’Alexandre le Grand. Il y a un militantisme contre ces nouveaux bâtiments blancs et cette invasion de statues et fontaines en faux marbre ; la « révolution de couleurs » qui va taguer de peinture les nouveaux bâtiments. 44 Histoire contemporaine 2018-2019 Voyage en Macédoine par ville Thessalonique - Certaines mosquées ont été converties en d’autres bâtiments - Maisons de réfugiés grecs venant d’Asie mineure, maisons construites à la va-vite 45 Histoire contemporaine 2018-2019 - 96% de la population juive de la ville fut déportée lors de l’occupation allemande durant la WW2. Il y avait au départ 50.000 juifs - Ancien cimetière juif de Thessalonique détruit par les Allemands et leurs collabos, l’université était contente de la destruction du cimetière afin d’étendre l’université mais les vestiges des tombes sont visibles dans l’université même. - Monument à la mémoire des juifs de Thessalonique. - La municipalité était collabo des nazis et ce passé n’est pas assumé par les autorités - Ce fut dur pour que les autorités de l’université acceptent de construire le monument en mémoire des juifs - Tout le marbre blanc qui a été utilisé pour reconstruire la basilique de Thessalonique provient des tombes juives ! - Conflit entre les archéologues et les historiens dans l’université d’Aristote o Archéologues veulent cacher les prisons des colonels, cacher le passé o Les historiens veulent garder la mémoire des lieux → Ce sont les historiens qui ont gagné. Vergina - Très beau chantier archéologique - Centre du royaume macédonien antique - Métropole très importante pour la politique grecque en 1978 - Tombe de Philippe II, père d’Alexandre le Grand - Le gouvernement était heureux de cette découverte et le premier ministre a contacté l’archéologue (Andronikos, 1977). On ne sait pas si le gouvernement grec a fait pression - Tombe pillée donc difficultés à reconnaître si c’est la tombe de Philippe II Veroia - Cimetière juif a été « réutilisé » en terrain de jeu - Tombes juives (qq unes) ont été mises sur le côté comme souvenir, dans le sol - Quartier juif bien conservé car dans un milieu naturel, accessible seulement via des ponts, grande muraille de bâtiments autour du quartier juif - Restauration de la synagogue a été financée par la cession du terrain de l’ancien cimetière Kastoria - Madrassa qui tombe en ruines Grammos - À la fin de la guerre civile (1949), dernier lieu de résistance des grecs communistes - Mines anti-personnelles encore présentes 46 Histoire contemporaine 2018-2019 - Montagne, lieu difficile d’accès - Les États-Unis y lâchaient des bombes incendiaires (Napalm), les communistes se cachaient donc dans les grottes - Lieu de la dernière bataille entre communistes et occidentaux - Mythe : Saut de l’ange des 3 derniers défenseurs communistes, sacrifice pour faire gagner du temps aux derniers partisans pour fuir vers l’Albanie, pour retarder l’arrivée des assaillants - Mémorial au sommet de la montagne Korestia - Villages complètement abandonnées - Occupée par des slavo-macédoniens - Le bâtiment le plus conservé du village est une église - De Grammos à Korestia : Déplacement d’1 million de slaves pour éviter les partisans bolchéviques sous la guerre civile jusque dans les années 70. Prespes - Région déserte - Croisement entre la Grèce, la Macédoine et l’Albanie - Ancienne basilique construite par un empire Bulgare Florina - Bourgeoisie slavo-macédonienne était présente → Maisons abandonnées - Vieux minaret, politique de destruction, seul vestige musulman dans tout Florina Skopje (Macédoine du Nord) - Grande vitrine politique - Vitrine séparée en 2 par un cours d’eau - Nord : Albanais et musulman, Sud : Macédonien - Statue d’un guerrier macédonien - Beaucoup de statues sur la place de Macédoine - Quartier albanais : Statue de Philippe II, quartier typique musulman des Balkans - Ville est encore un grand chantier, chantier à l’arrêt car le nouveau gouvernement refuse de continuer le projet - Vieille forteresse de Skopje a été reconstruite après les tremblements de terre de 1963 - Le tremblement de terre a tout détruit et un architecte japonais a reconstruit le Sud de la ville dans un style très brut (béton visible) → Objectif est de masquer le passé yougoslave communiste 47 Histoire contemporaine 2018-2019 - Statues de basse qualité près des nouveaux quartiers entre le temple classique et le bateau restaurant - Grosses colonnades pour cacher l’opéra, fausses car sonnent creux - Très peu de soutien citoyen, étudiants en architecture gâchent Skopje 2014 car mécontents - Centre commercial au Sud est un vestige du régime communiste, réflexe citoyen a sauvé le style - Croix du millénaire visible depuis tout Skopje - Caractéristique des villes ottomanes : Mosquée et bazar au centre - Séparation des races très importantes - Remplacement et destruction de la mémoire des Skopjotes en détruisant et reconstruisant Conquêtes, alliances, et le hasard des frontières : Helléniser la Macédoine La population en Macédoine est extrêmement diverse au XIXe siècle (turcs, musulmans, slaves) Traité Andrinople (1829) Par ce traité, la Russie obtient d’importants avantages tant à l’Est qu’à l’Ouest de la Mer Noire. Traité de Neuilly (1929) La Bulgarie doit rendre les territoires acquis pendant la guerre, mais elle perd des régions qui étaient siennes avant la guerre, la Grèce reçoit certains de ces territoires. Les slavophones sont dorénavant considérés comme Grecs, on nie les minorités slaves en Grèce. Énormément de minorités. 48 Histoire contemporaine 2018-2019 Traité de Lausanne (1923) (C’est le dernier traité résultant de la Première Guerre mondiale). Il précise les frontières de la Turquie issue de l’empire ottoman et organise des déplacements de populations pour assurer l’homogénéité religieuse à l’intérieur de ses nouvelles frontières. Occupation Bulgare : Avec la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne, l’Italie et la Bulgarie vont s’allier et ainsi les bulgares occupent une partie de la Macédoine. La guerre civile, la résistance communiste est extrêmement forte. Il y a beaucoup de communistes en Grèce. En 1944, Churchill (campagne américaine) débarque énormément de soldats pour combattre cette résistance communiste qui va se cacher dans les zones montagneuses où se crée une petite république partisane. On parle de slavo-communisme car tous les slaves sont communistes. Les villageois soutiennent les résistants, par conséquent, pour isoler les partisans, les habitants locaux sont évacués. On dépeuple les campagnes. On utilise ensuite des bombes incendiaires (américains). À la fin de la guerre civile, on ne laisse pas de petits villages trop isolés. On hellénise la démographie par l’exp