Grands Enjeux Economiques Et Sociaux PDF
Document Details
Uploaded by ThankfulArtNouveau
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Tags
Summary
These notes cover various economic and social topics, including price of goods and services, economic growth, free trade, protectionism, social mobility, and social cohesion. They also explore historical economic and social theories, such as those by thinkers in antiquity, the Middle Ages, and the modern era. The document discusses topics such as the growth and progress of various theories.
Full Transcript
lOMoARcPSD|6294182 Grands Enjeux économiques et sociaux Grands enjeux économiques et sociaux (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) StuDocu n'est pas sponsorisé ou supporté par une université ou école Téléchargé par Ibtissem LAGHA (ibti...
lOMoARcPSD|6294182 Grands Enjeux économiques et sociaux Grands enjeux économiques et sociaux (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) StuDocu n'est pas sponsorisé ou supporté par une université ou école Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Grands enjeux économiques et sociaux Adresse mail de la professeure : [email protected] Programme du semestre : étude des Prix des biens et des services, la croissance économique, le libre- échange, le protectionnisme, la mobilité sociale et la cohésion sociale. On étudiera aussi les grandes pensées économiques et sociales qui ont marqué notre histoire. Le mot Économie vient de OIKOS (grec) : la maison de toute la famille + esclaves + bétail + champs Il s’agit à la fois d’une unité familiale élargie, des parents aux esclaves et d’une unité de production agricole ou artisanale. Il est le centre d’un pouvoir, et « l’art de gérer un OIKOS » s’appelle l’économie. Selon certains auteurs antiques, il n’y a pas de différences entre polis (la ville) et l’oikos comme Platon. D’autres comme Aristote estiment qu’il faut distinguer la polis de l’OIKOS. La recherche empirique c’est le fait d’étudier des données, observations des données et d’expériences. Mais il y a peu d’expériences sur des humains car il y a des questions d’éthique, on ne peut pas exclure de facteurs La République, Platon : Dans la République, Platon recherche une société juste, où l’attrait du pouvoir ne rendrait pas une société tyrannique et démagogique, comme dans la vision de la démocratie que défend Platon. Platon : auteur et philosophe de la Grèce antique né en 428 av J.C et mort en 348 av J.C. Élève de Socrate, il reprend le travail de son mentor et de différents philosophes et mathématiciens comme Pythagore. Ses oeuvres sont constitués de Dialogue où il discute d’un sujet donné. Il aborde différents sujets comme, la métaphysique, l’éthique, la politique. Dans ces oeuvres, il développe une méthode de raisonnement la dialectique : on confronte des points de vue, des opinions afin d’atteindre un terme supérieur comme une définition. La recherche de la société juste à traverser l’Histoire, dans l’Antiquité avec Platon et Socrate, au Moyen-Âge avec Auguste au IV et V siècle et son oeuvre la cité de Dieu paru en 426, avec Thomas d’Aquin au XIIIème siècle et La Somme théologique, Thomas More avec Utopia paru en 1516. Dans ce cours on s’intéresse à l’approche moderne de l’Économie et la sociologie en tant que sciences. Au cours du XVIIème siècle, l’économie se développe avec un premier traité d’économie en 1615 de Antoine de Montschrestien. L’économie s’affirme en tant que science à la fin du XVIIIème siècle. La Sociologie est autorisée et développé par Auguste Comte au XIXème siècle avec la 47ème leçon de philosophie positive. Les termes de sociologie et économie présentent une grande polyvalence avec des sources en philosophie, histoire et politique. Ces matières se sont créées par des processus d’intégration : faire des hypothèses. Ces matières ont permis d’analyser et de comprendre le comportement des humains. Le XXème siècle marque une controverse en économie et en sociologie surtout lors de la guerre froide qui marque l’opposition de deux modèles sociologiques et économiques. Programme du semestre : La Croissance et le progrès ; le Travail ; l’Emploi et le chômage ; la stratification sociale ; la fracture sociale et la recherche de la cohésion sociale ; la Mondialisation, Libre-Échange et Protectionnisme ; la construction Européenne. Bibliographie : - Les Grandes questions économiques et sociales de Pascale Cambemale - Les Grands textes de l’économie et de la sociologie, Claude-Danielle Échaudemaison Notions élémentaires : Hypothèses : vient de la mathématiques ou de la science expérimentale. Elle désigne une proportion relative à l’explication de phénomènes naturels, admise provisoirement avant d’être soumis au contrôle de l’expérience. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 En science sociale, l’expérience est difficile à réaliser et pose des problème d’éthique, donc on utilise d’autres méthodes. Ici le terme de l’hypothèse désigne aussi une « conjecture concernant l’explication ou la possibilité d’un évènement. Théorie : Il s’agit d’un ensemble des idées de concepts abstraits qui sont plus ou moins organisés sur un domaine particulier. L’ hypothèse peut être résumé en une phrase alors que la théorie est beaucoup plus complexe. La théorie est une construction intellectuelle méthodique et organisée de caractère hypothétique et synthétique. Loi scientifique : Le terme de loi vient également de sciences dures. Il désigne « une formule générale énonçant une corrélation entre des phénomènes physiques qui sont vérifiés par l’expérience ». Cette vérification marque la différence entre une loi et une théorie. Les modèles : il s’agit de théories scientifiques qui synthétisent des relations entre deux types de variables. Les variables exogènes ont une origine extérieure au modèle, elles sont introduites dans le modèle. Les variables endogènes, au contraire, sont générés par le modèle lui-même. Elles sont créées par le modèle. Ex : Modèle de l’Offre et de la demande Hypothèse 1 : La quantité de pizzas demandés par les consommateurs Q^d dépend du prix de la pizza P^p et du revenu agrégé Y. L’équation suivante traduit cette relation : Q^d = D(P^p * Y) avec D, la fonction de demande. Hypothèse 2 : la quantité de pizzas offerte par les pizzerias Q^s dépend du prix de la pizza P^p et du prix du fromage P^c, puisque l’on utilise du fromage dans la fabrication des pizzas. L’équation suivante traduit cette relation : Q^s = S(P^p * P^y). S représente la fonction de l’offre. Hypothèse 3 : le prix de la pizza s’ajuste pour équilibre l’offre et la demande. Q^s = Q^d Plus, le prix de la pizza est élevée, augmente, plus les consommateurs se détournent. Si le prix de la pizza baisse, les consommateurs en demandent plus. Ce graphique établit un prix d’équilibre, qui peut se déplacer, entre la demande et l’offre. Le modèle n’explique pas les variables exogènes comme le revenu et le prix du fromage. Les variables endogènes sont la quantité de pizzas créées et le prix des pizzas. Une variable exogène peut influencer ce modèle. Si le prix du fromage augmente, la courbe de l’offre va se déplacer vers la gauche. Si le prix du fromage baisse, les pizzerias vont en produire plus, car le prix de la pizza baisse, donc la courbe de l’offre se déplace vers la droite. Ce modèle a des limites : Il y a un recours à des hypothèses trop simplificatrice. On ne tient pas en compte de la qualité du produit, du lieu de vente. Le modèle ne prend pas en compte les stratégies des coûts des entreprises. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Croissance et Progrès : La croissance renvoie à l’efficacité productive. L’analyse de la croissance et de la notion de progrès est récente mais son débat est ancien. Max Weber dans Économie et société, 1922 : Il distingue deux formes de la rationalité en valeur et instrumentale. On s’intéresse ici à la rationalité instrumentale. Ça désigne les comportements et les usages de toutes les ressource disponibles pour effectuer la rationalité. Cette rationalité s’abstrait des coutumes, des traditions, des héritages culturels. Cela nous renvoie à l’idée de la productivité : quelle est l’organisation la plus efficace ? La rationalisation occidentale s’accompagne du désenchantement du monde = le surnaturel disparaît de ce monde (Dieu n’a plus d’importance). Seul le calcul vaut, la méthode la plus efficace est celle qui offre les meilleurs rendements. Ces transformations ont marqué les révolutions industrielles. Il y a un problème car certaines personnes sont pas efficaces dans le travail collectif ce qui cause des inégalités. Le développement de la classe ouvrière est le témoin de ces inégalités. Il y a la question de la redistribution des richesses et de la protection sociale. La grande transformation industrielle a mener à un désencadrement de l’économie, les échanges sont devenus autonome. Le monde de la productivité est basé sur la course à l’innovation et la recherche du progrès. L’idée du progrès gagne du terrain en Occident pendant les Temps modernes. Partie 1 : les théories de la croissance et de l’innovation (1) I - Les textes fondateurs de l’économie libérale : 1) Définition de la croissance : La croissance économique est définie comme une augmentation durable de la part de production au cours du temps. La représentation de la croissance implique donc en premier lieu de représenter la production. La fonction de production décrit la correspondance entre les facteurs de la production. Exemple 1 : Un agriculteur utilise une année de son temps, un hectare de terre et un cheval pour produire une tonne de blé. Le travail et la terre sont les facteurs de production, le blé est le produit. Le cheval et le champ sont le capital. La fonction de production est F. F = 1 tonne de blé. Nous supposons maintenant que notre agriculteur ait deux enfants. A l’âge adulte, ils reprennent la ferme. Chacun des deux s’équipe d’un cheval et ils défrichent un hectare supplémentaire de terre. 2 tonnes de blé = F Dans cette nouvelle situation, le produit a augmenté par rapport à la période précédente, il y a donc eu une croissance. Exemple 2 : Au niveau de l’ensemble de l’économie, par exemple d’un petit pays, ce modèle se transpose dans une fonction de production agrégée, qui représente le produit agrégé (ce qui correspond au produit intérieur brut ou PIB) comme résultant de l’ensemble du travail et de l’ensemble du capital mis en œuvre dans le pays : 1 milliard d’euros de produit = F La croissance économique a pour origine l’augmentation de la main d’oeuvre et du capital. Ce processus d’augmentation des facteurs de production s’appelle l’accumulation. L’accumulation de la main d’oeuvre provient à long terme, de la croissance démographique, celle du capital provient de l’investissement. L’investissement correspond à cette partie du produit global qui est alloué, à chaque période, à la production des biens de production qui seront utiles pour la production dans les périodes suivantes, plutôt qu’à celle des biens immédiatement consommés. La productivité de travail est définie comme le ratio du produit sur la quantité de travail mise en oeuvre. 2) Les rendements décroissants de Anne-Robert-Jacques Turgot : Anne-Robert-Jacques Turgot : homme politique et économique français né en 1727 et mort en 1781. Il est connu pour avoir été le contrôleur général des finances du roi Louis XVI. Il partage les idées de Quesnay et du mouvement des physiocrates. Il met ainsi en place une politique économique avec une rigueur budgétaire négative pour les riches et positives pour les pauvres. Il est également connu pour sa théorie des rendements décroissants. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 La thèse principale des rendements décroissants : Au delà d’un certain seuil, toute augmentation des avances productives sur une terre donnée se traduit par des suppléments de produits de plus en plus faibles par unité d’avances supplémentaires. Pour Turgot, pour qui ce phénomène est inscrit dans la nature des choses, suppose aussi que, jusqu’à un certain seuil, les avances ont une productivité marginale croissante. Exemple : Nos deux agriculteurs s’achètent chacun un cheval supplémentaire. La production s’écrit alors : 3 tonnes de blé = F Un agriculteur doté de deux chevaux ne produira pas en général deux fois plus qu’un agriculteur doté d’un seul cheval. Le capital est donc moins productif lorsque sa quantité utilisée par tête augmente. 3) La marche vers l’état stationnaire de David Ricardo David Ricardo : économiste, agent de change et député Britannique né en 1772 et mort en 1823. Il est considéré comme l'un des économistes libéraux les plus influents de l'école classique. Sa principale oeuvre est « Principes de l’économie politique et de l’impôt » publié en 1817. Il est le théoricien de l’État stationnaire, de la rente différentielle et de la théorie des Avantages comparatifs. Pour Ricardo, l’accumulation du capital est liée à la croissance démographique. Si il y a une hausse de la croissance démographique, il y a une hausse de la demande de nourriture et donc il faut investir pour répondre à cette demande et donc, plus de travail. Celle-ci se fait remarquer par une augmentation de la demande de travail ou une hausse de l’embauche. Cela a pour conséquence une augmentation des salaires et donc une augmentation du niveau de vie et une baisse de la mortalité infantile. Cette dernière stimule la croissance de la population. Cela a pour conséquence une augmentation des salaires. Cette dernière stimule à nouveau la croissance de la population. Cette nouvelle croissance démographique apporte une hausse de l’offre du travail qui tend de ramener les salaires vers leur niveau « naturel ». La croissance de la population amène à une hausse de la demande des produits alimentaires, ce qui entraîne une hausse du prix du blé. La hausse du prix du blé incite à la mise en culture de nouvelles terres et à l’intensification de la culture des terres déjà cultivées. Cela met en mouvement le phénomène des rendements décroissants décrit par Turgot. Il en résulte une hausse de la dépense marginale du travail nécessaire à la production du blé, c’est-à-dire de son prix naturel. Au début, la hausse du prix du blé est intégralement compensé par la hausse du prix du blé. Au fur et à mesure, on constate une baisse progressive du taux de profits lié à l’accumulation du capital et l’augmentation de terres parfois peu rentables mises en culture pour répondre à la demande. Lorsque le taux de profits est devenu trop bas pour inciter à l’accumulation, la croissance s’arrête. 4) John Bates Clark : Répartition et productivité marginale des facteurs. John Bates Clark : auteur et économiste américain né en 1847 et mort en 1938. Il fait partie des pionniers du marginalisme. Il a passé la plus grande partie de sa carrière comme enseignant à l'université Columbia. Il commence par développer des points de vue socialistes avant d'évoluer progressivement et de devenir l'un des plus influents défenseurs du capitalisme de son temps. Clark a également fait recours à la thèse de la production de la théorie néo-classique Q = f (K,L) Q est la quantité de produit qui dépend de la combinaison de deux facteurs, L (le travail) et K (le capital) Si l’on bloque à un niveau donné l’un des deux acteurs, la fonction de Clark obéit à la loi des rendements décroissants. L’entreprise, cherchant à maximiser son profil, emploie ces facteurs jusqu’au point où la productivité marginale de chacun d’eux devient égale à sa rémunération unitaire (le taux de salaire dans le cas du travail et le taux d’intérêt dans le cas du capital). Tant que la productivité marginale d’un facteur est supérieure à sa rémunération unitaire, l’entreprise est incité à accroître l’emploi de ce facteur et inversement. La croissance peut également venir du progrès techniques : investissement dans des machines innovantes. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 5) Division du travail et la croissance économique. Adam Smith : La croissance économique peut également provenir d’une meilleure organisation de travail. Ce sont les travaux d’Adam Smith qui vont préciser cette idée. Adam Smith : philosophe et économiste écossais né en 1723 et mort en 1790. Il est un philosophe et économiste écossais des Lumières. Il est considéré comme le père fondateur des sciences économiques modernes et de l’École classique de l’économie. L’œuvre principale, publiée en 1776, La Richesse des nations, est un des textes fondateurs du libéralisme économique. Ses théories les plus connues sont celles de la Main invisible qui théorise la concurrence dans le libre-échange et la division du travail. Pour Adam Smith, le travail correspond à la valeur ajoutée qui correspond à la richesse. La richesse d’une nation provient d’une division du travail plus poussée et donc de plus de productivité. « Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail et la plus grande partie de l’habilité, de l’adresse et de l’intelligence avec laquelle il est dirigé ou applique, sont dues, à ce qui semble, à la division du travail ». L’augmentation du travail est due à 3 csq : accroissement des capacités individuelles des ouvriers / épargne du temps qui se perd du passage d’une tâche à une autre / achat de machines qui permet de faciliter le travail. II - Approche marxiste : Karl Marx et Friedrich Engels sont les principaux théoriciens de l’Approche Marxiste qui a pour origine la pensée d’Hegel. Pour Hegel, le progrès est lié à la synthèse d’une thèse et d’une antithèse. Karl Marx : historien, journaliste, philosophe, sociologue, économiste et essayiste est né en 1818 à Trèves en Rhénanie (aujourd’hui en Allemagne) et mort en 1883 à Londres. Il est devenu le théoricien de la révolution et du communisme. Son oeuvre principale le Capital est composée de plusieurs tomes. Il publie en 1848 avec Engels, le manifeste du parti communiste. Friedrich Engels : philosophe et théoricien né 1820 à Barmen et mort en 1895 à Londres. Il est également un philosophe et théoricien socialiste et communiste allemand. Issu d’une famille d’industriels, il a apporté un soutien financier important à Karl Marx. Il publie le Manifeste du Parti communiste avec Karl Marx ainsi que quelques tomes du Capital à partir de brouillons de Marx. Pour Marx et Engels, c’est le combat des classes sociales contre la bourgeoisie qui détient le capital, qui va faire avancer l’histoire et amener le progrès dans la société. Le rôle révolutionnaire de la bourgeoisie est fondée sur l’idée que le capitalisme ne peut exister que dans le mouvement, dans le bouleversement permanent des conditions de la production, et par la suite va devenir la vie sociale toute entière. Cela est une conséquence de la concurrence qui se joue entre les membres de la classe capitaliste. Cette menace permanente que fait peser sur chacun d’entre eux la pression exercée par les autres constitue, pour les membres de la bourgeoisie, une très puissance motivation à accumuler et à innover. « Le passage du féodalisme au capitalisme, en transférant le pouvoir d’une classe dont le critère de succès était la puissance militaire à une classe pour laquelle ce critère réside dans l’efficacité économique, est à l’origine d’un essor sans précédent des forces productives de la société. Une fois lancé, ce mouvement écrase tout sur son passage. Aucune société traditionnelle ne peut résister à la formidable puissance matérielle développée par le capitalisme ». Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Partie 2 : les théories de la croissance et de l’innovation (2) 1) La théorie de Joseph Schumpeter : Joseph Allan Schumpeter : économiste, homme politique et professeur en science politique autrichien né en 1883 dans l’empire Austro-Hongrois et est mort en 1950 aux USA. Il a pris en 1925 la nationalité allemande et en 1939 la nationalité américaine. Schumpeter est connu pour ses théories sur les fluctuations économiques, la destruction créatrice et l'innovation. Il est également connu pour ses théories en gestion. Ses théories ne peuvent être classées ni néoclassiques et keynésiennes Schumpeter met en avant, le caractère dynamique du système économique capitaliste. Dans sa Théorie de l’évolution économique (1912), Schumpeter cherche à cerner l’essence du système capitaliste. Cet ouvrage repose sur l’opposition des figures du « circuit » et de l’ « évolution ». Le circuit y représente un modèle économique routinière à fonctions de production invariantes. Il y a évolution lorsque l’économie sort de sa routine. Le système est donc déstabilisé par une réorganisation des facteurs de productions existants. Cette évolution améliore les facteurs de production (Travail + Capital) = innovation. L’innovation consiste en une réorganisation des facteurs Travail et Capital. « Nous définirons simplement l’innovation comme mise en place de nouvelles fonctions de production » (Schumpeter 1912). L’innovation peut consister dans l’introduction de nouvelles techniques d’après Schumpeter. Mais elle peut consister aussi dans de nouveaux produits, de nouvelles formes d’organisation, voire de nouveaux marchés. En ce qui concerne la croissance de l’Occident et le rôle joué par le progrès technique voire l’innovation, elle s’est fait pour Schumpeter sous forme de cycles d’une durée moyenne d’environ 50 ans. C’est à dire qu’il y a un renouvellement du cycle de tous les 50 ans. Des phases de croissance importante de l’ordre de 25 ans alterne avec des phases de croissance lente de la même durée. - La première phase est de 1780 à 1840, cette période correspond à la phase de la première révolution industrielle qui a surtout touché l’industrie du textile dans les pays occidentaux comme le Royaume-Uni. - La deuxième phase est de 1840 à 1896, cette deuxième phase est marqué par la diffusion de la vapeur et les nombreuses constructions de chemins de fer. C’est le développement du transport ferroviaire. - La troisième phase est de 1896 à 1945, elle correspond à l’invention de l’électricité, de la production de l’acier et du développement du secteur de la chimie. - La dernière phase, décrite par Schumpeter, débute à partir de 1945 et correspond à la production de masse et au développement du secteur automobile avec les méthodes de travail du fordisme et du taylorisme. On pourrait terminer cette phase vers les années 90. A cette période débute un nouveau cycle. Ce cycle est marqué par la généralisation d’internet à la fin des années 90. Description du cycle économique de Schumpeter : Le début de l’expansion est caractérisé par un bourgeonnement des produits et des procédés nouveaux. Schumpeter les appelle les grappes d’innovation.Ce développement est porté par des entreprises nouvelles. Il est alimenté par des crédits bancaires abondants et des profits élevés. Ces profits élevés sont essentiellement des rentes, qui sont créées par la position de monopole dont bénéficient les innovateurs. Ce monopole est en général garanti par les brevets. Les brevets empêchent que l’innovation soit copiée immédiatement. Elle permet à l’innovateur de protéger et rentabiliser son investissement. Par conséquence, dans l’intervalle, l’innovateur est seul sur le marché. Il s’agit au début d’une phase de forte croissance économique car les innovations technologiques suscitent de nombreux investissements. Ensuite, les innovations vont devenir moins nombreuses et moins radicales (moins de changement). La croissance ralentit et le profit diminue du fait de l’érosion des rentes associées à des positions de monopole de moins en moins assurées. Lorsque les profits deviennent trop faibles, l’investissement se réduit et une crise ouverte éclate. Elle entraine des faillites d’entreprises illiquides. Celles-ci ne peuvent pas rembourser leurs dettes. Tout ce processus amène à la récession. L’évolution d‘internet après 1995 a apporté des opportunités qui ont justifiés une très forte vague d’investissements. Cela a permis une croissance très forte du PIB aux USA (3 à 4% entre 1995 et 2000). Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Dans notre cas, la bulle spéculative des investissements sur Internet a fini par explosé et cela a conduit à la crise des Dotcom aux USA en 2001. La durée des cycles de Schumpeter a été très discuté voir critiqué mais son approche de l’innovation a fait et fait encore aujourd’hui consensus auprès des économistes. Elle est toujours plébiscité. 2) La croissance équilibré de Solow : Robert Merton Solow : un économiste américain né en 1924. Il a reçu en 1987 le prix Nobel d'économie pour ses travaux sur la croissance économique. Il a développé le modèle de la croissance équilibrée, notamment connu sous le nom de « Modèle de Solow » dans son œuvre Une contribution à la théorie de la croissance économique, publiée en 1956. Le modèle de Solow montre comment l’épargne, la croissance démographique et le progrès technologique affectent la croissance de la production dans le temps. Le modèle identifie également certaines raisons qui expliquent les larges écarts entre les niveaux de vie de divers pays. Le modèle de Solow a succédé à des modèles d’une croissance optimale issues du keynésianisme. La question fondamentale posée dans ces modèles était la suivante : Les mécanismes du marché permettent-ils, au moins dans le long terme, de maintenir l’économie en équilibre ? C’est à dire que dans une situation d’équilibre on ne peut pas augmenter la satisfaction d’un acteur sans diminuer celle d’un autre acteur. L’équilibre économique peut concerner le prix ou le chômage. Par exemple : on ne peut pas baisser le chômage sans baisser les salaires. Et réciproquement : On ne peut pas augmenter les salaires sans augmenter le chômage. A la fin des années 50, l’optimisme du modèle de Solow convient à la situation économique contrairement à la situation de crise. Il faut voir ce modèle en fonction du contexte socio-économique. Selon Harrod et Domar, on ne peut pas produire plus en ne changeant pas les facteurs travail et capital (K,L). Harrod et Domar aboutissent à la conclusion que la croissance est sur le « fil de rasoir », car elle ne peut être équilibrée qu’á des conditions improbables et parce que les déséquilibres vont s’accentuer et non se corriger. La demande de travail augmente au même rythme que la production, puisque la fonction de production est à coefficients fixes (je ne peux pas augmenter le facteur capital à la place d’augmenter le facteur travail). En supposant que l’offre du travail dépende de paramètres démographiques et sociaux sans relation immédiate avec la croissance, il n’y a aucune raison pourquoi la demande et l’offre du travail devrait augmenter de manière concertée. Ce modèle met en évidence la présence d’un chômage structurel. Cela découle du fait que le taux de croissance garantit est inférieur au taux de croissance de l’offre du travail. Un remède à cet situation pourrait être l’encouragement à des paniers qui accroîtraient à long terme, le taux de croissance garantit. L’article fondateur de Solow, en 1956, critique le choix d’une fonction de production à coefficients fixes. Il développe en réponse le modèle de croissance néoclassique qui est encore utilisé aujourd’hui. Il y introduit deux changements fondamentaux au modèle de Harrod : il suppose que le plein-emploi est réalisé, et… il choisit une fonction de production néoclassique à facteurs de production substituables. Description du modèle : - La croissance est équilibrée lorsque l’investissement croit à un rythme suffisant pour que les besoins en travail compensent l’augmentation de l’offre de travail. - Lorsque l’économie s’éloigne de cet équilibre, elle y retourne, de telle façon que l’économie converge vers un niveau de capital par tête d’équilibre. - Cette adaptation se fait par les prix : si le capital par tête est supérieur à son niveau d’équilibre, la productivité relative du capital diminue et le prix relatif du capital augmente. - Cela pousse les entrepreneurs à utiliser relativement plus de travail et moins de capital. Les économistes reprochent à Solow son optimisme exagéré. Solow ne se demande pas comment le plein emploi, il part du principe qu’il est toujours atteint. De plus, il ne se demande pas si on peut retrouver le plein emploi après l’avoir perdu. De plus, le modèle est très simplificateur. Solow considère le progrès technique comme un facteur externe à l’économie. Alors que pour les théories modernes, le progrès technique est un facteur endogène. Le modèle Solow fait partie des modèles traditionnels. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Dans les théories modernes, le changement technique résulte des investissements par des agents économiques motivés par le gain et par le bien-être collectif. Les technologies peuvent se cumuler comme le capital. Ces investissements sont les dépenses en recherche, en formation, en capital physique dans la mesure ou ce dernier est une source de savoir supplémentaire. Ex : la création d’une usine. 3) Les cinq étapes du développement de Rostow : Walt Whitman Rostow : économiste et théoricien politique américain né en 1916 aux États-Unis et mort en 2003, aux États-Unis. Son modèle de développement sur la base des étapes de la croissance économique a surtout marqué les années soixante. Il a également été le conseiller spécial pour la sécurité nationale du président Johnson. Le modèle de Rostow propose une vue générale du développement, partagé en cinq étapes. Tous les pays doivent parcourir ces étapes, depuis la société traditionnelle jusqu’à l’ère de la consommation de masse. Si les étapes sont les mêmes, le rythme de développement diffère d’un pays à l’autre. Certains pays ont atteint la cinquième étape selon Rostow, les USA de l’entre-deux guerres et l’Europe Occidentale. 1ère étape : La société traditionnelle Sa structure est déterminée par des fonctions de production limitées, fondées sur la science et la technologie pré-newtoniennes et sur des attitudes pré-newtoniennes ». Les sociétés traditionnelles peuvent connaitre certaines innovations techniques qui peuvent apporter une croissance économique non négligeable. Mais le rendement potentiel par individu ne pouvait dépasser un niveau maximum. De façon générale (...) ces sociétés ont dû consacrer une proportion très élevée de leurs ressources à l’agriculture et leur civilisation agricole à son tour, leur a imposé une structure sociale hiérarchisée, dans laquelle les individus pouvaient parfois (encore qu’assez difficilement) accéder aux échelons supérieurs. 2ème étape : les conditions préalables au démarrage C’est l’étape « où se trouvent les sociétés en voie de transition, lorsqu’elles créent les conditions préalables au démarrage. » « Il faut du temps en effet pour que la société dite traditionnelle subisse la transformation qui lui permettra d’utiliser les ressources de la science moderne, d’empêcher une diminution des revenus et ainsi de jouir des bienfaits et des options que lui offre l’accumulation des intérêts composés. » 3ème étape : le démarrage « Le démarrage est la période pendant laquelle la société finit par renverser les obstacles et les barrages qui s’opposaient à sa croissance régulière. Les facteurs de progrès économique, qui jusqu’ici n’ont agi que sporadiquement et avec une efficacité restreinte, élargissent leur action et en viennent à dominer la société. La croissance devient la fonction normale de l’économie. (...) » « Pendant la période de démarrage, le taux d’investissement et d’épargne réels peut passer de 5% du revenu national à 10% ou plus. De nouvelles techniques se répandent dans l’agriculture aussi bien que dans l’industrie, à mesure que l’agriculture se commercialise et que les exploitants sont plus nombreux à accepter les nouvelles méthodes et les modifications profondes qu’elles apportent à leur mode de vie. (…) ». 4ème étape : La marche vers la maturité « Une soixantaine d’années après le démarrage (...) l’économie atteint généralement ce que l’on peut appeler sa maturité. L’économie qui, pendant le démarrage, s’organisait essentiellement autour d’un ensemble d’industries et de techniques peu nombreuses, s’annexe de processus un peu plus complexes et souvent d’une technicité plus poussée. » « C’est ainsi que les charbonnages, la sidérurgie et les industries mécaniques lourdes qui avaient joué un rôle prépondérant lors de la phase d’expansion du réseau ferroviaire, céderont peut-être la place aux machines, aux produits chimiques et à l’équipement électrique. » 5ème étape : l’ère de la consommation de masse « Au moment où les sociétés atteignent la maturité au cours du XX siècle, deux phénomènes se sont produits : - le revenu réel par habitant s’est élevé à un niveau tel que de nombreux individus ont pu régulièrement disposer de biens et de services dépassant les besoins alimentaires, de logement et de vêtements indispensables. - Quant à la composition de la main d’œuvre, elle s’est modifiée de façon telle que non seulement la proportion de la population urbaine dans la population totale s’est accrue, mais aussi la population des employés de bureau et des ouvriers qualifiés – celle qui apprécie les biens de consommation que leur offre l’économie parvenue à la maturité, et qui est impatiente de les acquérir. » Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Partie 3 : Le Travail I - Les formes d’organisation du travail : Le travail a considérablement changé lors des dernières 200 années. La cause principale de ces changements est la rationalisation du travail qui va avec les révolutions industrielles. La transformation du travail dans les pays industrialisés est une résultante de la quête à augmenter l’efficacité du travail et donc la productivité Le machinisme ou, terme synonyme, la mécanisation décrit la généralisation de l’emploi des machines qui remplacent la main d’œuvre. Il faut y mentionner évidemment le machinisme agricole qui a libéré la main d’œuvre pour l’industrialisation. Le machinisme qui est la base de la grande industrie s’est développé au XIXe siècle. C’est notamment le machinisme qui est associé à la position dominante des grandes entreprises et à la production de masse que nous connaissons aujourd’hui. Smith montre qu’en spécialisant plusieurs travailleurs dans des étapes différentes de la fabrication des épingles, on peut augmenter la production d’une journée de quelques unités à plusieurs milliers. L’important ici est de bien remarquer, qu’il ne s’agit pas de machinisme ou d’un progrès technique, mais d’un choix d’organisation. 1) Le Taylorisme : Frederick Winslow Taylor : ingénieur et théoricien américain né en 1856 en Pennsylvanie (États-Unis) et mort en 1915 à Philadelphie. Taylor était ingénieur et s’est intéressé à l’organisation scientifique du travail. Il a voulu pousser la division du travail, en distinguant et en rationalisant chacune des taches ou des fonctions dans l’entreprise. Idées principales du Taylorisme : L’organisation scientifique du travail d’après Taylor devait répondre aux défis posés par des productions diversifiées en petite et moyenne série, les travailleurs étant mis sur des postes fixes le long d’une ligne non mécanisée. Il n’y a pas encore de mécanisation. Un service spécialisé, dirigé par un ingénieur et travaillant avec les salariés les plus performants, analyse et chronomètre les tâches de production. Il en découle l’attribution d’un temps « normal » d’exécution. Il développe le principe de rationalisation du travail d’exécution : une tâche est décomposée en opérations élémentaires afin de gommer les temps morts et les mouvements. Le salarié, payé à la tâche, est augmenté de 30 à 100% si la procédure et le temps alloué sont respectés, voire améliorés. On cherche un compromis social qui récompense les travailleurs les plus efficaces. Taylor considère que l’augmentation des rendements doit profiter à l’entreprise, consommateurs et salariés. Il développe le salaire aux rendements (par pièces),une discipline librement consentie. Une autre caractéristique du taylorisme est la croyance que le processus de rationalisation du travail n’admet qu’une voie optimale : le one best way. Pour Taylor, un ouvrier doit avoir autant de chefs, spécialisés, que l’on peut distinguer des fonctions différentes impliquées par son travail. C’est le développement du principe de séparation des fonctions de préparation et d’exécution des tâches. Ceux qui pensent que le travail ne correspond pas à ceux qui l’exécutent : « the right man at the right place » Ex : un pour son rythme de fabrication, un pour ses outils, un pour ses affectations, etc. 2) L’approche de Fayol : Henri Fayol : ingénieur civil né en 1841 à Constantinople et mort en 1925 à Paris. Il était ingénieur civil des mines français et a publié ses théories dans l’œuvre L'administration industrielle et générale (1916). En raison de ses travaux, il est considéré comme l'un des pionniers de la gestion d'entreprise et l'un des précurseurs du management. Il est appelé le père du management (français). Il met en place l’OAT, l'organisation administrative du travail (plus global et général). A 27 ans il est directeur général d'une grande compagnie minière, compagnie de Houillères et Commentry Fourchambrau Decazeville. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Dans son œuvre, Fayol insiste principalement sur un principe : l’unicité du commandement. Si les fonctions doivent bien évidement être distinguées, on ne peut éviter un pôle d’autorité, quitte à déléguer les tâches qui ne concernent pas la cohésion de l’entreprise. Il remarque que les dirigeants avaient une formation technique mais qu'ils ne connaissaient pas suffisamment le commerce, la finance, la comptabilité et la direction l'entreprise. La direction doit répondre à 5 impératifs: - Planifier : prévoir et anticiper le développement de l’entreprise - Organiser : doter l’entreprise d’une structure, représentée par un organigramme - Commander : faire fonctionner le corps social, commander des hommes - Coordonner les activités - Contrôler les objectifs fixés Définition de l'autorité et de la responsabilité selon Henri Fayol : droit de donner des ordres et le pouvoir d'exiger obéissance, cela va entraîner la responsabilité de celui à qui elle est conférée. 3) Le fordisme : Henry Ford : né en 1843 au Michigan (USA) et mort en 1947. Il était un industriel et notamment le fondateur du constructeur automobile Ford. Il contribue à développer le secteur automobile en rationalisant le temps de travail. Il applique et améliore les méthodes de l’Organisation Scientifique du travail (OST). Cela lui permet de devenir, le plus grand constructeur automobile pendant la seconde Guerre Mondiale. Le fordisme est un modèle d'organisation et de développement d'entreprise élaboré et mis en œuvre en 1908 par Henry Ford à l'occasion de la production d'un nouveau modèle d’automobile, la Ford T. Ford y applique des nouveaux principes d'organisation du travail, notamment l’organisation scientifique du travail instauré par Taylor. Il y ajoute d'autres principes comme le travail des ouvriers sur convoyeur. Il y insert la mécanisation au sein de l’organisation de Taylor. Le fordisme désigne également le compromis économique et social qui a marqué également les trente glorieuses : les forts gains de productivité peuvent en partie être attribués aux travailleurs concernés. Cela contribue à la très forte croissance économique qui, en retour, soutient la productivité. Henry Ford voulait que ces ouvriers soient bien payés pour qu’ils puissent acheter eux-mêmes les voitures qu’ils produisent = hausse de la demande. 4) L’approche de Mintzberg : Henry Mintzberg : Henry Mintzberg est né en 1939 à Montréal. Il est un universitaire canadien en sciences de gestion à la Faculté d'administration de l'Université McGill de Montréal, où il enseigne depuis 1968. Il fut également professeur d'organisation à l'INSEAD en France. Mintzberg a développé cinq méthodes de coordination de travail qui sont toutes d’actualité. Il les a publié dans, Structures et dynamiques d’organisations, 1982) : L’ajustement direct : Celui-ci met en présence quelques opérateurs pour des taches simples. Ex: on peut prendre l’exemple de deux rameurs sur un petit bateau. Chacun observe l’autre et se règle sur lui. La supervision simple : Elle intervient lorsque le nombre augmente. Il y a alors une personne qui commande, donne des instructions. Ex : Pour conserver l’exemple du bateau, lorsqu’il y a cinq rameurs, il y a souvent un barreur pour les coordonner. Il y a également le travail à la chaîne dans les grandes usines. La standardisation des procédés : Les tâches sont précisées en détail et un rythme général d’exécution est imposé à chacun. La standardisation des résultats : Cela veut dire, demander par exemple à une équipe semi-autonome de monter en deux jours tant de voitures, ou encore de demander à une filiale de produire ou de vendre tant de marchandises et de réaliser telle marge bénéficiaire. La standardisation des qualifications : pour certaines tâches particulièrement complexes, ce sont des opérateurs longuement formés, qui pourront les remplir au mieux. Cela a amené la formation au sein- même des entreprises. Elles permet également de standardiser les procédés et les relations. Ex : une équipe de chirurgie avec l’anesthésiste, le chirurgien, les équipes médicales ; les contrôleurs aériens. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 II - Les conflits autour du travail : 1) L’utilisation du travail et de la question sociale : Un premier grand conflit lié au travail dans les sociétés capitalistes est notamment l’utilisation du travail, voire l’exploitation des ouvriers et la question sociale qui se posait avec urgence au XIXe siècle. Le mouvement ouvrier était faible par rapport aux grandes entreprises dirigées par la classe bourgeoise. Le mouvement ouvrier s’est alors organisé pour obtenir un pouvoir de négociation dont a découlé de nombreux acquis pour la classe bourgeoise. Les acquis du mouvement ouvrier : 1864 Suppression du délit de coalition (rassemblements de paysans ou d’ouvriers pour faire pression pour une hausse de salaires) 1884 Liberté d’association professionnelle ; il devient légalement possible de créer un syndicat 1898 Loi sur les accidents du travail : la sécurité du travail relève des obligations de l’employeur 1928 Loi sur les assurances sociales, créant un début de Sécurité sociale 1936 Accord Matignon (Front populaire), favorisant les conventions collectives et instaurant la semaine de 40 heures et des congés payés 1945-1946 Série de lois et ordonnances créant la Sécurité sociale (maladie, maternité et famille, retrait) 1950 Création du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) 1967 Réforme de l’assurance chômage créant l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) 1970 Création du salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC), dont le niveau peut augmenter avec la croissance du pays. Le SMIC est indexé sur l’inflation. 1971 Loi Delors organisant la formation professionnelle continue 1998/2000 Loi Aubry instaurant les 35 heures 2) Les inégalités liées au travail : Le monde du travail est inégalitaire et hiérarchisé, selon des clivages multiples. Il y a l’opposition ancienne et classique entre cadres et ouvriers : Ex : en France, l’écart moyen de salaire entre un ingénieur et un ouvrier et de 1 à 3. Il y a aussi des inégalités entre hommes et femmes : en gros, les femmes gagnent 30 % de moins que les hommes. Il y a également des discriminations ouvertes : c’est à dire que pour un même métier, une femme va gagner moins qu’un homme. En France, les discriminations sont plutôt cachées. Il y a des études récentes qui tendent à démontrer que les salaires baissent dans les domaines qui se féminisent : Ex : le secteur de la communication et celui de la médecine. 3) La participation et l’autonomie des travailleurs : Une ligne de conflit important est le combat des travailleurs pour plus d’autonomie et plus de participation. On peut constater une augmentation de la participation, mais celle-ci est loin de toucher aux questions portant sur les investissements, les choix de fabrication ou encore les critères de rentabilité d’une entreprise. Actuellement, les rapports des forces sont très favorables aux entreprises et aux actionnaires. En même temps, on peut observer une baisse du taux de syndicalisation des travailleurs dû à des facteurs multiples. Une étude sur les conditions de travail montrent un accroissement de la pénibilité au travail entre les années 80 et 90. Cela s’est stabilisé en 2005. La pénibilité est difficile à mesurer car elle englobe les nuisances physiques, mais aussi un contrôle trop accru des salariés et les pressions mentales. Ces deux derniers facteurs (relativement nouveaux) sont extrêmement difficiles à mesurer. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Le travail s’est intensifié entre 1991 et 2000 avec une stabilisation entre 2000 et 2010. C’est à dire que le pourcentage des travailleurs qui doivent accomplir au moins un quart de leur tâche dans un temps serré à augmenter. Ex : une intensification du travail dans les hôpitaux. Pendant les dernières décennies, le nombre de lits dans les hôpitaux a fortement baissé. Mais il n’y a pas moins de patients, c’est juste qu’ils sont hospitalisés moins longtemps. Les personnes hospitalisés ont besoin de plus de soin et le travail des soignants s’intensifie. 4) Les organisations syndicales : Les organisations syndicales luttent pour des meilleurs salaires et des meilleures conditions de travail, mais il y a aussi la recherche de l’autonomie. Aux débuts du mouvement ouvrier, il y avait un syndicalisme de militants. Il s’était construit sur l’engagement personnel et constant de quelques travailleurs peu nombreux. Plus tard est apparu le syndicalisme de métier, fondé sur la solidarité des travailleurs souvent très qualifiés. La diversification des catégories de travailleurs a enfin apporté le syndicalisme de négociation, recherchant des avantages différents selon les catégories qu’il représente et défend. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Partie 4 : L’Emploi et le chômage (A l’écrit pour les formules). I - L’emploi : L’emploi désigne la fraction du travail qui reçoit une rémunération et qui, par-là, s’inscrit, dans toutes les sociétés, dans un cadre social et juridique. Il existe d’autres formes de travail. On peut y citer par exemple les activités domestiques ou également les activités bénévoles. 1) La signification macroéconomique de l’emploi : 2) L’évolution méso-économique : Colin Grant Clark : Il est né en 1905 et décédé en 1989. Il était un économiste et statisticien britannique qui a travaillé à la fois au Royaume-Uni et en Australie. Il est connu pour ses travaux pionniers dans l'utilisation du Produit national brut (PNB) comme base de l'étude des économies nationales et notamment pour la classification de l'économie en trois secteurs. II - Le Chômage : 1) Perte d’emploi, acquisition d’emploi et taux naturel de chômage : Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 2) Le chômage frictionnel et le chômage d’attente : Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Partie 6 : Les inégalités La sociologie des inégalités peut être lié à 2 mouvements d’études antagonistes. Il y a l’idée de la lutte des classes pour expliquer les inégalités et l’idée d’un consensus social qui permet d’analyser les relations sociales. On oppose à travers ses deux visions sociologiques : les travaux de Marx et d’Alexis de Tocqueville. Aujourd’hui les inégalités sont très diversifiées, Ex : économiques, physiques, de genre… I- Les inégalités économiques : Thomas Piketty : économiste français né en 1971 à Clichy. Il est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et professeur à l’École d’économie de Paris (PSE). Il est spécialiste de l’étude des inégalités économiques dans une perspective historique et comparative. Il est surtout connu parmi un grand public pour son livre Le capital au XXIe siècle (2013). En 2002, il reçoit le prix du meilleur jeune économiste de France et, en 2013, le prix Yrjö Jahnsson. Il y a deux grands principes de justice sociale : le principe d’égalité parfaite et le principe du mérite. Égalité parfaite : Tous les individus ont les mêmes besoins. Les biens que disposent une société doivent donc être répartis de manière égale entre les individus. Principe du mérite : Il y a des personnes qui contribuent plus que d’autres à la production des richesses d’une communauté. Il serait donc injuste qu’ils ne reçoivent pas plus que ceux qui ont peu contribué à la production de ces richesses. L’opposition entre ces deux principes a été abordée dans les travaux d’Aristote qui a cherché à trouver un compromis entre ces principes. On retrouve cette opposition dans la littérature comme dans la fable de la Cigale et de la Fourmi de la Fontaine. La question de l’équilibre entre ces deux principes se trouvent dans les oeuvres de Karl Marx. Marx n’était pas un défenseur d’un système économique uniquement basé sur l’égalité parfaite. Marx propose des calculs détaillés pour intégrer le principe de mérite dans les sociétés socialistes ou communistes. 1) Les origines des inégalités économiques : Les inégalités que l’individu ne contrôle pas peuvent effectivement être les dotations initiales transmises par la famille. Ces dotations peuvent être des héritages mais aussi le capital culturel. Les individus peuvent également les avoir acquis par la bonne fortune. Ici, on pourrait citer des dons particuliers ou encore toute simplement la chance. Ex : un gain au loto. Pour les inégalités économiques que l’individu ne contrôle pas, il y a un assez grand accord que l’État intervienne pour améliorer, de la façon la plus efficace possible, le sort des personnes les plus défavorisées. Ces personnes sont ceux qui n’ont aucun héritage ou pas d’aide. Comment l’État peut-il intervenir ? L’État peut donner des bourses aux élèves et étudiants issus des familles défavorisées. Dans les théories modernes de John Rauts, on a développé le principe du maximin. Selon ce principe, la société juste doit chercher à accroître le maximum possible les opportunités et conditions de vie minimale offertes par la société. Il y a des approches plus traditionnelles comme les droits égaux. Ex : le droit à l’éducation, le droit à un travail, le droit à un revenu décent. 2) Comment mesurer les inégalités économiques ? : Il y a un consensus large concernant l’intervention de l’État en faveur des personnes défavorisées. Mais on constate un conflit concernant la méthode la plus efficace pour faire progresser le niveau des vie des personnes les plus défavorisées. - Certains considèrent que des fortes inégalités de revenus sont nécessaires pour la croissance. On espère ainsi créer une forte incitation à travailler plus, à être plus innovateur. - Conflit sur l’étendue des mesures et moyens financiers à mobiliser pour garantir l’égalité des chances. - Conflit sur l’égalisation à posteriori des conditions de vie par l’impôt progressif ou par des transferts. Un instrument pour le faire sont les courbes de Lorentz : Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Max Otto Lorenz : économiste américain né en 1876 et mort en 1859. Il est l’inventeur des courbes de Lorentz pour conceptualiser et décrire les inégalités de revenus. Il a également été employé par le bureau du recensement des États-Unis, le bureau des chemins de fer américains, le bureau des statistiques américaines et la chambre de commerce américaine. La courbe de Lorenz est une représentation graphique permettant de visualiser la distribution d’une variable (patrimoine, revenus) au sein d’une population. Cette courbe permet de représenter la fonction de répartition. C’est à dire elle représente la part X d’une population que détient la part Y d’une variable. Le principe d’égalité parfaite serait incarné ici par une droite. C’est à dire que 10% des personnes détiennent 10% des biens, même principe pour 20% ou 50% des personnes. Plus la courbe s’écarte de cette droite, plus la société est inégalitaire. Un deuxième instrument d’analyse qui reflète les inégalités est le seuil de pauvreté. Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. L'Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative alors que d'autres pays (comme les États-Unis ou le Canada) ont une approche absolue. Dans l'approche en termes relatifs, le seuil de pauvreté est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population. 3) Comment ont évolué ces inégalités dans le temps ? : Les premières inégalités économiques mentionnées par Piketty sont celles entre capital et travail.Cela veut dire, les inégalités entre les détenteurs de patrimoine et ceux qui n’ont hérédité que de leur force de travail. Piketty constate que c’est cette inégalité-là qui a diminué le plus au cours du 20e siècle grâce à certains facteurs politiques. Si nous regardons le développement des inégalités entre capital et travail au cours du 20e siècle, Piketty nous montre deux grands tendances : - la fin des rentiers, c’est à dire des personnes qui peuvent se permettre de vivre uniquement des rentes de leur patrimoine. - la diminution de la part du centile supérieur au revenu total des ménages. Si, il y a cent ans, la plupart des personnes appartenant à ce centile supérieur étaient des rentiers, ce sont aujourd’hui pour la grande majorité des cadres supérieurs vivant principalement de leur travail. Au niveau macroéconomique, les revenus du capital représentent la même part du revenu national qu’il y a un siècle. Mais les patrimoines sont devenus nettement moins concentrés que par le passé. Les 1 % des successions les plus importantes représentaient au début du 20e siècle plus de 50 % du patrimoine total. Aujourd’hui, cette part est de moins de 20 %. Pour Piketty, le passage d’une société de rentiers à une société de cadres représente bouleversement comparable à la révolution de 1789. La fin des rentiers a contribuer à légitimer les inégalités. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 La fin des rentiers n’a rien d’une évolution économique naturelle dans une société démocratique. Cette évolution s’explique plutôt par les chocs profonds subis par les détenteurs de patrimoines au cours de la première moitié du 20e siècle. Ex : la destruction de capital lors des deux guerres mondiales, la faillite d’entreprises au cours de la Grande Dépression ou encore les inflations voire hyperinflation qui ont eu lieu au XXème siècle. Un autre facteur qui a contribué à la disparition des rentiers est la mise en place de la fiscalité progressive. Avant 1914, l’impôt sur le revenu n’existait pas et le taux d’impôt sur les successions était de 1%. Cette absence de fiscalité crée un climat favorable à l’accumulation des grandes fortunes. Après la première guerre mondiale, les taux sur le revenu et les successions étaient très forts. Ce changement était lié aux conditions économiques internes et externes (révolutions russes de 1917). Si l’on regarde l’évolution des inégalités et les taux de croissance au XXème siècle, on peut constater aussi, que les inégalités ne sont pas forcément nécessaires pour créer une forte croissance économique. La croissance était effectivement très importante au cours des trente glorieuses, une période lors de laquelle les inégalités étaient plutôt réduites. Concernant les inégalités face au travail, on peut constater que les hiérarchies salariales sont restées extrêmement stables au cours du XXème siècle. Tout comme les différences entre les qualifications et les formations. Il y a toujours eu des phases d’élargissement et de compression, mais elles se compensent au long terme. Si les inégalités salariales ont été très stables au cours du 20e siècle, on peut observer un accroissement très rapide des inégalités depuis la fin des années 1990. On constate, pour la première fois en France, que les gains de pouvoir d’achat ont été répartis de façon extrêmement inégalitaire entre 1998 et 2006. II - Les inégalités sociales : 1) Les inégalités entre les sexes : Françoise Milewski : Françoise Milewski est une économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le centre de recherche en économie de Science Po Paris. Elle est coresponsable du Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre (PRESAGE). Nous pouvons constater que les inégalités entre les hommes et les femmes se manifestent dans tous les champs sociaux : éducatif, professionnel, politique et familial. La différence des sexes est une réalité biologique, mais les places respectives assignées aux femmes et aux hommes dans la société sont une construction sociale qui n’a rien de naturel. Milewski montre dans ses travaux que les principes constitutionnels d’égalité en droit de tous les individus, donc femmes et hommes, n’ont pas été respectés pendant longtemps. En France, les femmes n’ont acquis le droit de vote qu’en 1944. Elles ont dû attendre 1965 pour avoir le droit d’avoir un compte bancaire ou pour pouvoir travailler sans l’autorisation de son mari. Les inégalités entre les hommes et les femmes se trouvent aussi bien dans la sphère professionnelle que dans la sphère de la vie privée. Les inégalités dans la sphère professionnelle concernent notamment le temps partiel, le chômage, les écarts de salaire, les écarts de retraite ou encore les différentes filières du marché de travail. On observe en premier lieu que la norme n’est plus celle de la femme au foyer, les femmes ont massivement investi le marché du travail. Le taux d’activité des femmes était de 46,6% au début des années 60 et est passé à 66,6% en 2011 pour les femmes de 15 à 64 ans. Le taux d’activité des hommes pour la même période se réduit, il passe de 89% à 74%. Ce dernier développement est une résultante de l’allongement de la durée des études, d’un développement des pré-retraites et de l’abaissement de l’âge de départ en retraites. Si nous regardons ces statistiques, nous ne devons pas en tirer la fausse conclusion que les femmes n’ont jamais travaillé, dans l’histoire.Le plus souvent, leur activité n’était pas rémunérée. Une partie de l’évolution du taux de l’activité des femmes résulte de l’intégration à la sphère marchande d’un travail invisible. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 C’est aussi la volonté d’indépendance qui a conduit les femmes, à partir de 1960, à s’insérer dans les études et dans l’emploi bien plus massivement qu’elles l’avaient fait auparavant. Les inégalités face au travail persistent néanmoins. Parmi les actifs en temps partiel, 82 % sont des femmes et le temps partiel représente 31 % des emplois occupés par des femmes, contre 7 % par les hommes. Le temps partiel peut être imposé par les employeurs ou il peut être choisi par les femmes pendant la période de l’éducation des enfants. Lorsque le temps partiel est imposé par les employeurs, il s’agit souvent d’emplois précaires avec des contrats à durée déterminée et des horaires atypiques comme pour les femmes de ménage. Cela conduit un développement de la précarité. Lorsque le temps partiel est choisi par les femmes, il s’agit souvent d’emplois qualifié. Il n’est pas un facteur de précarité mais plus d’un facteur de dépendance économique envers le conjoint. L’arrivée massive des femmes au marché du travail ne s’est pas accompagnée d’une grande mixité d’emplois. Dans les secteurs, où la part des femmes était déjà importante, c’est-à-dire dans le tertiaire, leur part s’est encore accrue. En 2010, le secteur tertiaire a employé 55,4 % de femmes, l’industrie 27,6 % et la construction 9,7 %. Les femmes occupent en majorité des fonctions d’éducation, de soin, de nettoyage et d’assistanat. Le niveau d’études croissant des femmes leur a permis d’accéder à certaines professions très qualifiées. Ici aussi, il y a des inégalités qui persistent : en 2010, parmi les cadres, on ne trouve que 38,6 % de femmes tandis qu’elles représentent 47,5 % de l’emploi salarié total. Pendant longtemps, les femmes ont été également plus touchées par le chômage que les hommes. L’écart des taux de chômage était de 1 à 2 points dans les années 1970 à 1990. Depuis 2010, cet écart a disparu car le chômage des hommes a été plus précoce et plus fort au début de la crise économique, en 2008 et 2009. Les écarts de salaire persistent. Si l’on peut trouver des chiffres d’un écart moyen qui monte jusqu’à 30 %, Milewski part dans ses travaux d’un écart d’environ 25 % de moyen. Elle explique la part la plus important de cet écart par la durée de travail. (Temps partiel) D’autres raisons sont les types d’emploi occupés, moins qualifiés en moyenne, mais aussi les emplois dont la qualification est moins reconnue, notamment celle des emplois du secteur des soins. Ensuite, il y a la discrimination pure. (A travail égal, le salaire n’est pas égal). Les écarts de salaire se répercutent sur les pensions de retraite. En 2008, la pension moyenne des femmes représentait 64 % de celle des hommes. Si l’on ne tient compte de leurs droits propres (c’est-à-dire leurs droits hors des réversions liées au veuvage), ce ratio n’est que de 47,8 %. 2) Les inégalités face au Covid : EpiCov : Il s’agit d’une étude lancée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), avec le concours de la Direction de la recherche, des études, d’évaluation et des statistiques (Drees), de l’Insee et de l’agence de sécurité sanitaire Sante publique France. Elle a été publiée le 9 octobre 2020. En mai, 4,5% de la population de France métropolitaine a été touchée par le coronavirus. La géographie de la séroprévalence suit celle des hospitalisations et des décès. Les résultats sur les catégories d’âge sont plus surprenants. Le virus a touché lors de la première vague majoritairement les 30-49 ans alors que peu de personnes âgées ont été touchées. Cela est lié au fait que la première catégorie étant dans la vie active ont plus de lien sociaux. Il y a plus de femmes touchées (5 contre 3,9%) mais les hommes développent plus de formes graves. Les personnes les plus touchées sont majoritairement des personnes diplômées. La prévalence est de 9,4% contre les immigrants d’origine non-européenne, de 4,8% chez les immigrés européens et de 4,1% chez ceux dont les parents sont nés en France. On peut donc parler des effets cumulatifs. Les groupes sociaux le plus concernés par le risque d’exposition sont aussi les plus contaminés par le virus au risque de développer des formes graves de la maladie car ils présentent plus de pathologies associés. Ce sont également ces groupes sociaux qui connaissent la plus forte dégradation de leurs conditions de vie. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Partie 7 : Les classes sociales et les systèmes de stratification sociale. I - Les classes sociales : Lorsqu’on parle de classes sociales, on peut y distinguer deux approches qui sont implicitement opposées. Il y a d’un côté la tradition issue des œuvres de Karl Marx et de l’autre côté la tradition issue des œuvres de Max Weber. Chacune de ces traditions pose une définition des classes sociales qui lui est spécifique. 1) La définition des classes sociales selon Marx : « On appelle classes de vastes groupes d’hommes, qui se distinguent par la place qu’ils tiennent dans un système historiquement défini de la production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixé et consacré par la loi) aux moyens de production, par leur rôle dans l’organisation sociale du travail, et donc, par les moyens d’obtention et la grandeur de la part des richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d’hommes dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre, par suite de la différence de la place qu’ils tiennent dans un régime déterminé de l’économie sociale. », (Lénine, La Grande initiative, in Œuvres choisis, trad. française Scandéditions-Éditions sociales, Paris, 1953, tome II, p. 225.) Marx lui-même avait affirmé de ne pas avoir découvert ni l’existence des classes sociales dans la société moderne, ni la lutte entre elles. Ce que Marx a fait de nouveau, c’était de formuler l’hypothèse : que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases de développement historique déterminé de la production. que la lutte de classe conduit nécessairement à la dictature du prolétariat. que cette dictature elle-même ne constitue que la transition à l’abolition de toutes les classes et à une société sans classes. Marx recense également également 3 critères pour définir une classe sociale : Place dans les rapports de production. Participation aux antagonismes sociaux qui se manifeste dans la lutte pour le pouvoir politique (importance du droit de grève). Conscience de classe : les individus ont conscience qu’ensemble ils constituent une classe sociale, ils ont les mêmes intérêts à défendre et ils ont les mêmes conditions d’existence # communauté. Dans le cas des salariés, cette conscience de classe nait du dépassement progressif de la concurrence inter- ouvrière et de l’organisation autonome, indépendante, de la classe ouvrière. Empruntant au langage de Hegel, il distingue les classes : «en-soi» : gens qui partagent les mêmes conditions mais qui n’ont pas pris conscience qu’ils partageaient la même classe sociale mais pas de syndicats, pas d’organisation «pour-soi» : gens qui ont la conscience de classe Marx est parti de travaux d’historiens comme Thierry, Guizzo et d’économistes classiques comme Smith et Ricardo pour associer le concept de classes sociales aux modes de production. Marx c’est également appuyé sur la philosophie d’Hegel. Pour Marx, le concept des classes sociales est lié à des phases historiques du développement matériel et social. C’est le matérialisme historique. Dans son ouvrage « le manifeste du parti communiste » 1848, Marx recense 4 classes sociales. Entre 1848 et 1850, il publie un autre ouvrage « la lutte des classes en France », il y distingue 7 classes sociales. Enfin dans « le 18 brumaire de Louis Napoléon Bonaparte », il dit ici qu’il y a 8 classes sociales : 1. La bourgeoisie industrielle. 2. La bourgeoisie financière. 3. La bourgeoisie commerciale. 4. La petite bourgeoisie (ancien commerçants et artisans qui ont un peu de patrimoine). 5. Le groupe techno-bureaucratico-militaire (les fonctionnaires). 6. La paysannerie. 7. Le prolétariat (classe ouvrière en train de s’organiser). 8. Le lumenprolétariat (éléments déclassés du prolétariat = voyous, voleurs, mendiant). Les deux classes les plus importantes sont le prolétariat et la bourgeoisie industrielle : la force de production et ceux qui possèdent les moyens de production. Elles sont également les deux pôles antagonistes de la lutte des classes. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 2) Les classes sociales selon Max Weber : « Dans notre terminologie, les « classes » ne sont pas des communautés ; elles constituent seulement le fondement possible et fréquent de l’action communautaire. On peut parler de classe lorsque : un certain nombre d’individus ont en commun une composante causale spécifique quant à leur chances de vie ; composante se manifestant d’une part exclusivement par des intérêts économiques, concernant la possession de biens et les possibilités d’obtention de revenus ; et se manifestant d’autre part sur le marché des biens ou sur le marché du travail. » (Max Weber : « Class, Statut, Party », in Gerth et Mills, From Max Weber : Essays in sociology Oxfort University Press, New York, 1958, pp. 181-186.) Marx renvoie ici à la situation de classe : la chance typique d’accès aux biens, à certaines conditions matérielles et à un certain niveau de vie. Ses chances sont déterminées par l’importance et le type de pouvoir qui permet de disposer de biens ou de revenus dans un ordre économique donné. Le terme de classe fait référence à l’ensemble des individus qui se trouvent dans la même situation de classe. Le facteur qui créé la classe est l’intérêt économique. Chez Weber on peut changer de classes sociales au cours de sa vie, la mobilité sociale est forte. Comme pour Schumpeter, notre classe sociale peut évoluer avec notre fonction exercée dans la société. Au déterminisme marxisme s’oppose le nominalisme Weberian. Définition du nominalisme : Doctrine d’après laquelle les idées générales ou les concepts que dans les mots servant à les exprimer. Le concept de classe de Max Weber est ambiguë dès lors qu’on entend autre chose que l’orientation effective des intérêts qui résulte avec une certaine probabilité de la situation de classe pour une certaine de moyenne de personnes qui sont assujettis à cette situation de classe. Pour Max Weber, les classes sociales ont trois grandes caractéristiques : l’accès aux biens et services, le style de vie et l’éthique. La situation de classe permet de disposer de certains biens matériels, de bénéficier de prestations, d’obtenir des revenus ou d’accéder à des situations gratifiantes. Les trois niveaux de complexité du phénomène de la classe sociale sont : la distinction entre possédants et non possédants (classe de possession). les chances inégales de valorisation sur le marché des ressources dont on dispose (classe d’acquisition). les possibilités de franchir des barrières sociales dans une logique de mobilité sociale (classe sociale au sens fort du terme). Pour Max Weber, la lutte des classes n’est pas le seul principe de la dynamique sociale. Les classes sociales ne sont pas des entités homogènes. Elles peuvent se transformer et des oppositions peuvent être transcendées par le nationalisme qui peut devenir un facteur de cohésion sociale. 3) Une synthèse possible entre deux approches antagonistes : Louis Chauvel : Louis Chauvel est sociologue et professeur des universités à l’IEP de Paris. Il est chercheur à l’Observatoire sociologique du changement (ONC FNSP/CNRS) et à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), et membre de l’Institut universitaire de France (IUF). Pour Chauvel, on pourrait parler de classes sociales pour des groupes : hiérarchiquement positionnés – et dotés – dans un système productif ; marqués par une forte identité de classe, qui pourraient avoir trois modalités distinctes étant repérables : - l’identité temporelle, c’est-à-dire la permanence de la catégorie, l’imperméabilité à la mobilité intra- et intergénérationnelle, l’absence de porosité aux échanges matrimoniaux avec les autres catégories (homogamie) - l’identité culturelle, c’est-à-dire le passage de références symboliques spécifiques, de modes de vie et de façons de faire permettant une interconnaissance. - l’identité collective, à savoir une capacité à agir collectivement, de façon conflictuelle, dans la sphère politique afin de faire reconnaitre l’unité de la classe et ses intérêts. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 II - Les systèmes de stratification sociale : Depuis environ 20 ou 25 ans, la dynamique des systèmes de stratification sociale et le devenir des inégalités économiques sont devenus un champ important des sciences économiques et sociales. 1) Les différents champs de recherche : Les questions à la base de ces recherches recouvrent des enjeux que l’on trouve en partie aussi dans les concepts de classe. Ces enjeux sont les suivants : celui des descriptions les plus appropriées ; celui de l’explication et des causes du phénomène inégalitaire ; celui de l’évaluation des conséquences des inégalités sur les équilibres de la société, et celui, plus normatif, qui s’intéresse à la question de savoir ce que ces inégalités devraient être. 1.1) Les descriptions les plus appropriés : Le premier des enjeux mentionnés vise surtout la connaissance descriptive. L’approche la plus célèbre ayant marqué se champ de recherche est celle de Vilfredo Pareto. Pareto a proposé la première formule mathématique destinée à décrire la répartition des richesses. Il a formulé une loi, dite des 20/80 : 20% de la population détient 80% des richesses. Dans cette loi, Pareto supposait l’invariabilité de ces inégalités dans le temps. Cette loi d’invariance a été largement remise en cause car les variables dépendent majoritairement des choix historiques qui ont été faits. Vilfredo Pareto : né en 1848 à Paris et mort en 1923 à Céligny (Suisse). Il était un sociologue et économiste italien. Il sa occupé la Chaire d'économie politique de l'Université de Lausanne. Pareto a apporté de nombreuses contributions importantes dans ces deux matières, particulièrement dans l'étude de la distribution du revenu et dans l'analyse des choix individuels. 1.2) Les causes du phénomène inégalitaire : Le deuxième enjeu cherche à donner des explications pour l’émergence des hiérarchies et sur les causes des transformations sociales. Un des pères fondateurs de ce champ de recherche est Jean-Jacques Rousseau. Depuis Rousseau qui a proposé une réflexion sur les origines des inégalités, il y a eu l’apparition d’oppositions entre les origines individualistes et collectives. Rousseau : né en 1712 et mort en 1778. Il était un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone. La philosophie politique de Rousseau est bâtie autour de l'idée que l'Homme est naturellement bon et que la société le corrompt. Rousseau est critique par rapport à la pensée politique et philosophique développée par Hobbes et Locke. Pour lui, les systèmes politiques basés sur l'interdépendance économique et sur l'intérêt conduisent à l'inégalité, à l'égoïsme et finalement à la société bourgeoise (un terme qu'il est un des premiers à employer). 1.3) Les conséquences des inégalités sur la société : Le troisième enjeu concerne les conséquences de la stratification sociale et des inégalités en termes de la stabilité sociale. Ici, il faut surtout mentionner Alexis de Tocqueville. Tocqueville était frappé par le contraste entre la société démocratique française et américaine. Il a développé l’hypothèse d’un processus auto- entretenu qui ne pouvait s’arrêter avant une parfaite égalisation. Alexis de Tocqueville : Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville, est né à Paris en 1805 et mort à Cannes en 1859. Il était un philosophe politique, homme politique, historien. Il est considéré comme précurseur de la sociologie et était également un écrivain français. « La haine que les hommes portent au privilège s’augmente à mesure que les privilèges deviennent plus rares et moins grands, de telle sorte qu’on dirait que les passions démocratiques s’enflamment davantage dans le temps même où elles trouvent le moins d’aliments. J’ai déjà donné la raison de ce phénomène. Il n’y a pas de si grande inégalité qui blesse les regards lorsque toutes les conditions sont inégales ; tandis que la plus petite dissemblance paraît choquante au sein de l’uniformité générale ; la vue en devient plus insupportable à mesure que l’uniformité est plus complète. Il est donc naturel que l’amour de l’égalité croisse sans cesse avec l’égalité elle-même ; en le satisfaisant, on le développe. », Alexis de Tocqueville. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 1.4) La question des inégalités : Le dernier champs de recherche nous renvoie sur les travaux d’Aristote et la question : quelles inégalités doivent exister dans une société ? On comprend ainsi les principes de justice sociale avec le mérite et l’égalité parfaite. Aristote s’interroge si certaines inégalités ne devraient pas justement perdurer pour que une société soit considéré comme juste pour tout le monde. Ainsi, certaines inégalités comme celles salariales devraient perdurer. Il y a des personnes qui contribuent plus que d’autres à la production des richesses d’une communauté. Il serait donc injuste qu’ils ne reçoivent pas plus que ceux qui ont peu contribué à la production de ces richesses 2) Les approches qualitatives et quantitatives : Les différences ne sont pas forcément des inégalités. Les différences ne sont pas naturellement liées à une hiérarchisation et une répartition inégale des ressources. Ces différences peuvent être culturelles ou sociales et liées à une appartenance religieuse, culturelle ou de genre. Ces différences peuvent être des styles de vie opposés ou des fréquences culturelles ou symboliques qui ne sont pas hiérarchisées. En faisant la distinction entre les lectures qualitatives ou discontinuités et les lectures quantitatives ou continuités, nous pouvons voir les oppositions suivantes : Les approches qualitatives voient la stratification sociale comme une constitution de groupes différents ou encore des catégories séparées par des frontières. Les approches quantitatives sont par contre plus pertinentes lorsque l’on s’intéresse à la quantité des ressources rares ou socialement prisées dont disposent les individus pour améliorer leurs conditions de vie. Les grandes catégories socioprofession. (CSP). Source : Louis Chauvel : Le retour des classes sociale, in Revue de l’OFCE. Il y a une catégorisation socio- professionnelle de la société. Il s’agit d’une approche qualitative. Ici, entre employés et ouvriers, il n’y a pas de hiérarchisation. A part de cette pyramide, il y a les catégories que l’on ne peut pas classer et introduire une hiérarchie précise. Entre ces différents groupes, il y a des frontières assez nettes. Strobiloïde du revenu et du patrimoine en francs 2000 Source : Louis Chauvel : Le retour des classes sociale, in Revue de l'OFCE, 2001/4 (no 79), p. 436. Ici, il y a un classement des différentes strates sociales. Ces dernières sont classés par le revenu par tête et le patrimoine par ménage. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Les Sinus-Milieus® en Suisse Source : http://newsletter- directpoint.post.ch/fr/newsletter/ 06-2012/03-sinus-geo-milieus-les- groupes-cibles- qui-existent- vraiment.html Il s’agit d’une représentation d’une approche quantitative. III - Comment se fait la délimitation entre différentes classes ou strates sociales ? Il y a des sociétés où les statuts sociaux sont affectés de manière prédéterminée, rigide et définitive. Ici, les différents groupes sociaux se rapprochent des castes. Le clergé, la noblesse et le tiers-état de l’Ancien Régime en France sont des exemples. Chacun de ces groupes sociaux avait une reconnaissance politique et légale qui impliquait des droits et des devoirs différents. On y appartenait par la naissance, sauf pour le clergé qui recrutait ses membres dans les deux autres ordres par des procédures qu’il contrôlait. De l’autre côté, il y a les sociétés, où les conditions d’accès aux statuts permettent des changements et des cas plus ou moins fréquents de déplacement dans la structure sociale, ce que l’on appelle la mobilité sociale. Les statuts assignés sont des statuts que les individus reçoivent de l’extérieur. On les opposes aux statuts sociaux acquis. Il s’agit de statuts où les individus ont une certaine prise sur leur statut. Ce dernier peut faire l’objet d’une compétition ouverte, ce qui permet de changer de statut. Pierre Bourdieu : né en 1930 à Denguin (Pyrénées-Atlantiques) et mort en 2002 à Paris. Il était un sociologue français. Il est considéré comme l'un des sociologues les plus importants de la seconde moitié du XXème siècle. Il était également l’un des acteurs principaux de la vie intellectuelle française. Sa pensée a exercé une influence considérable dans les sciences humaines et sociales, en particulier sur la sociologie française d’après-guerre. Son œuvre sociologique est dominée par une analyse des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales. Bourdieu insiste sur l’importance des facteurs culturels et symboliques dans cette reproduction et critique le primat donné aux facteurs économiques dans les conceptions marxistes. 1) Les rites d’institution : Pour Bourdieu, un rite d’institution est tout rite qui tend à consacrer ou à légitimer, c’est-à-dire faire méconnaître en tant qu’arbitraire et reconnaître en tant que légitime ou naturelle, une limite arbitraire. Le rite d’institution marque solennellement le passage d’une ligne qui instaure une division fondamentale de l’ordre social. Il y a des rites d’institution, qui ne font qu’instituer socialement, par un acte de constitution, une différence préexistante. Bourdieu cite la différence entre les sexes. Il y a aussi des rites d’institution qui sont destinés à sauvegarder l’ordre établi. Ce type de rites d’institution sanctionnent et sanctifient un état de choses au sens juridico-politique. On peut citer comme exemple l’investiture d’un député ou du président de la république. Ce type de rite d’institution cherche à faire reconnaître une différence préexistante ou non. Pour Bourdieu, le rite exerce une efficacité symbolique réelle. Le rite transforme la représentation de la personne investie et transforme les relations avec l’image de ces personnes et les comportements adoptés en présence de ces personnes. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 2) Égalité ou inégalité des chances : Bourdieu dénonce une idéologie qu’il appelle « charismatique », puisque qu’elle valorise la « grâce » ou le « don », qui est utilisée par les classes privilégiées pour justifier leurs privilèges culturels. Pour lui, c’est plutôt un héritage social qui est considéré comme don ou grâce. On pourrait y citer notamment l’accès à l’éducation ou à la culture. Pour Bourdieu, l’école et les professeurs jouent un rôle central dans la production de ces inégalités. Par conséquent, l’échec scolaire et l’absence de mobilité sociale sont souvent vus comme un échec personnel par les ressortissants des classes populaires. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 Partie 8 : La cohésion sociale et les grandes fractures. Pour Léon Bourgeois (Homme politique de la Troisième république), une société de semblables est une société dans laquelle tous les individus qui la composent sont intégrés. C’est à dire qu’ils sont associés pour exister ensemble et former une communauté. Les sociétés modernes sont menacés de dissociation car il s’agit de sociétés de plus en plus différenciés avec des écarts qui se creusent. C’est une première approche de la cohésion sociale. I - La cohésion sociale : Le terme de la société de semblables ou celui de la société intégrée ne décrit pas une société au sens égalitaire, où chacun aurait la même condition, les mêmes ressources ou encore des biens et des pouvoirs équivalents. C’est plutôt le contraire qui est le cas au moment où une société devient complexe et ses membres se différencient. Les positions des individus deviennent de moins en moins interchangeable. 1) Biologie et fonctionnalisme d’Émile Durkheim : David Émile Durkheim : né en 1858 à Épinal et mort en 1917 à Paris. Il était titulaire de la première chaire de sociologie à l’Université et s’est imposé comme fondateur de cette discipline en France, par son enseignement, l’importance de ces publications, la création de sa revue « L’Année sociologique » et le regroupement de ses disciplines en École de pensée. Émile Durkheim est considéré aussi comme le fondateur du fonctionnalisme en sociologie. Pour Durkheim, en sociologie, toutes les institutions, les représentations, les manières de faire sont étudiées à la lumière du rôle qu’elles remplissent. On peut y mentionner les croyances et pratiques religieuses, l’éducation, le travail, le lien familial, les règles morales, etc. La pensée de Durkheim s’inscrit dans un courant appelée l’organicisme évolutionniste. Sa théorie repose sur une théorie du lien social qui distingue : Les sociétés à solidarité mécanique : il s’agit de sociétés où les individus sont fusionnés dans le groupe avec une conscience collective forte et répressive. Les sociétés à solidarité organique comme la notre : il s’agit de société où l’individu se sent partie prenante du collectif tout en ayant conscience de son individualité. L’équilibre des individus comme le fonctionnement de la société sont conditionnés par la qualité de l’intégration sociale. « [...]on dit aussi que la digestion a pour fonction de présider à l’incorporation dans l’organisme des substances liquides ou solides destinées à réparer ses pertes ; que la respiration a pour fonction d’introduire dans les tissus de l’animal les gaz nécessaires à l’entretien de la vie, etc. C’est dans cette seconde acception que nous entendons le mot. Se demander quelle est la fonction de la division du travail, c’est donc chercher à quel besoin elle correspond. », Émile Durkheim, De la division du travail social (1893), PUF, Paris, 1967, 3e ed. 1994. Emile Durkheim explique ensuite l’importance des deux formes de l’amitié chez les humains : l’attrait pour des personnes qui nous ressemblent ou pas. Il explique l’attrait pour des personnes qui nous ressemblent pas par la complémentarité entre les différents caractères. « Nous sommes ainsi conduites à considérer la division du travail sous un nouvel aspect. Dans ce cas, en effet, les services économiques qu’elle peut rendre sont peu de chose à côté de l’effet moral qu’elle produit, et sa véritable fonction est de créer entre deux ou plusieurs personnes un sentiment de solidarité. De quelque manière ce résultat soit obtenu, c’est elle qui suscite ces sociétés d’amis, et elle les marque de son empreinte. » « Le plus remarquable effet de la division du travail n’est pas qu’elle augmente le rendement des fonctions divisées, mais qu’elle les rend solidaires. Son rôle dans tous ces cas n’est pas simplement d’embellir ou d’améliorer les sociétés existantes, mais de rendre possibles des sociétés, qui, sans elle, n’existeraient pas. », Émile Durkheim, De la division du travail social (1893), PUF, Paris, 1967, 3e ed. 1994. Pour cet auteur, l’idéal de la cohésion sociale ou d’une société intégrée ressembleraient à un organisme suivant où le rôle joué par chaque organe est à la fois différent et essentiel dans la formation d’un tout. Téléchargé par Ibtissem LAGHA ([email protected]) lOMoARcPSD|6294182 2) Les institutions assurant la cohésion sociale : Les solidarités qui existaient dans les sociétés anciennes ou les groupes primaires (famille, voisinage, cercle proche) n’ont pas complètement disparues mais elles se sont distendues. C’est la désaffiliation. C’est un processus de rupture avec les attaches antérieures. Ce processus risque de laisser les individus isolés et laisser livrés à eux-mêmes. Dans les sociétés modernes, tout comme dans des sociétés plus anciennes, différentes institutions peuvent jouer un rôle important pour assurer la cohésion sociale. La fonction de ces institutions est d’un côté la protection de l’individu, et de l’autre côté leur rôle consiste aussi à dispenser des services, de transmettre des connaissances, d’inculquer des valeurs à des enfants ou également à des adultes afin qu’ils s’intègrent à la société. Avec les grands changements politiques, économiques et sociaux qui se sont imposés depuis la fin du XIXème siècle, c’est l’État qui est apparu comme une instance nécessaire pour suppléer aux carences nécessaires des protections rapprochés et des formes de contrôle des groupes rapprochés. Certains penseurs ont préconisé l’implication de l’État dans un nouveau rôle : l’État social ou providence. Il s’agissait de construire de nouvelles solidarités. Cette pensée se reflétait dans la politique sociale de la Troisième République. On peut y mentionner principalement 3 grandes axes : - i. Assurer un droit au secours aux plus démunis. - ii. Mutualiser les principaux risques sociaux. - iii. Le développement des services publics. 3) L’évolution de la cohésion sociale : 3.1) Assurer un droit de secours aux plus démunis : Au XIXème siècle, les situations de grande pauvreté dues à l’incapacité de travailler relevaient pour l’essentiel d’une assistance facultative dispensée par l’Église et par des associations philanthropiques. L’État républicain a fait un droit de cette forme d’assistance. Les plus démunis se trouvent ainsi maintenus dans la communauté nationale au nom de la loi. L’application de ces lois restent restreintes car elles sont limitées aux personnes qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins = les personnes en incapacité de travailler. 3.2) Mutualiser les principaux risques sociaux : On peut citer les principales évolutions sous la Troisième République : - La maladie, les accidents de travail (loi de 1898) - La vieillesse impécunieuse (loi sur les retraites ouvrières et paysannes votée en 1910) relèvent désormais de systèmes d’assurances également garantis par l’État. Cette protection sociale concerne en principe l’ensemble des travailleurs. Ils ne tombent pas dans la dépendance de formes plus ou moins dégradantes d’assistance. On peut également citer le système de retraites qui est garantit par l’État. 3.3) Le développement des services publics : Les services publics dispensent des biens qui doivent échapper à l’appropriation privée et à la logique marchande parce qu’ils présentent une utilité essentielle pour pouvoir participer à la vie collective. Un service public est « toute activité dont l’accomplissement doit être assurée, réglée par les gouvernements car l’accomplissement de cette activité est indispensable à la réalisation et au développement de l’interdépendance sociale et qu’elle est de nature qu’elle ne peut être réali