Mémento Maintien de l’Ordre Public (Gendarmerie Nationale) PDF
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2024
Pierre Casaubieilh
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This document is a gendarmerie manual on maintaining public order. It covers principles, legal frameworks, tactical considerations, and operational contexts related to managing situations involving large groups of people. Detailed strategies and techniques for managing protests and demonstrations, as well as other operational strategies, are provided for use by gendarmes.
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DIFFUSION RESTREINTE GENDARMERIE MINISTÈRE NATIONALE DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER Liberté Égalité Fraternité MÉMENTO MAINTIEN DE L’ORDRE PUBLIC Les principes gé...
DIFFUSION RESTREINTE GENDARMERIE MINISTÈRE NATIONALE DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER Liberté Égalité Fraternité MÉMENTO MAINTIEN DE L’ORDRE PUBLIC Les principes généraux L’emploi de la force Les mouvements élémentaires Les missions DOCUMENT EXCLUSIVEMENT RÉSERVÉ AUX MILITAIRES DE LA GENDARMERIE DIFFUSION RESTREINTE DIFFUSION RESTREINTE Mention de confidentialité, dont l’auteur de la divulgation, qu’il relève de la sphère publique ou privée, s’expose à des sanctions disciplinaires ou professionnelles. Tous droits réservés. Ce document et tous les textes, images, illustrations, iconographies ou fichiers attachés sont exclusivement destinés à un usage professionnel. L'usage, l'impression, la copie, la publication ou la diffusion sont strictement interdits en dehors de la Gendarmerie nationale. DOCUMENTATION à détruire avant de jeter Direction de la publication :... CPMGN - G67 Conception pédagogique :..... CPMGN/DEDM/SPJOP Rédaction / mise en page :..... 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Tout d’abord, la force publique est le monopole légitime de l’État, une garantie instituée dans l’intérêt général, pour défendre la liberté de manifester concurremment avec des libertés parfois antagonistes, celle de travailler, de circuler, équilibre dont l’État est le garant. Pour ce faire, l’emploi de la force, parfois nécessaire, est encadré, au nom des libertés publiques que l’État défend par des règles strictes d’engagement, mais aussi par une professionnalisation des forces de sécurité intérieure, leur entraînement, leur équipement. Fidèle à cet esprit, la gendarmerie en général, et la gendarmerie mobile en particulier, inscrit son action dans une démarche de stricte gradation des réponses en privilégiant toujours une souplesse d’emploi et en retardant le recours aux moyens d’exception. Car sa vocation est bien de servir le Pays dans ce segment du maintien de l’ordre classique, voire de haute intensité, où la police ne peut pas toujours être engagée (outre-mer, OPEX), et où l’engagement des armées reste hors de propos. En ce sens, la gendarmerie mobile est une capacité pivot, une force intermédiaire, qui contribue, par sa maîtrise, à une certaine harmonie sociale en favorisant une gestion politique de crise quand cela est nécessaire. Le maintien de l’ordre est donc un métier à part entière qui nécessite des qualités techniques, tactiques et morales, en un mot, des compétences indispensables à la mise en œuvre de cette philosophie de l’ordre public. Pour cette raison, l’intelligence de situation et le discernement sont des qualités cardinales que nous recherchons chez le gendarme, y compris et surtout en état de fatigue avancé. Les matériels et la manœuvre procèdent de la même logique : les éléments de protection aident les gendarmes à absorber la violence et à réagir avec sang-froid. Les véhicules, de plus en plus nombreux, apportent de la réactivité et de la souplesse manœuvrière. Les moyens de coercition, charges, grenades à main, lancées au Cougar de 56 mm, grenades mixtes, sont conditionnés à un cadre légal et découlent du principe socle de gradation. Enfin, n’oublions pas que le MO n’est pas réductible à l’action seule des EGM. Il est global, il fait de plus en plus appel à des manœuvres intégrées de renseignement, de police judiciaire, et aux unités territoriales. A cet égard, le schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) le rappelle avec précision. 2 3 Table des matières Préambule VI. La section des appuis opérationnels (GBGM)..............................................................95 L’évolution des conditions d’exercice du maintien de l’ordre.................................................6 VII. La force nationale nucléaire - radiologique - biologique - chimique (F2NRBC)........99 La gendarmerie mobile : professionnalisme et résilience.......................................................7 VIII. Le peloton motorisé d’intervention et d’interpellation de la GR (PM2i)....................100 Implantation des escadrons de gendarmerie mobile (EGM)....................................................8 IX. Les équipes liaison-information gendarmerie (ELI-G)...............................................102 X. Le dispositif de retenue autonome du public (DRAP)................................................104 Chapitre 1 : les principes généraux XI. Les moyens maritimes et nautiques............................................................................105 XII. Les centres de conduite des opérations.....................................................................106 I. Définitions.........................................................................................................................11 XIII. Les moyens de soutien.................................................................................................109 II. Les principes juridiques d’engagement........................................................................12 III. Les principes déontologiques........................................................................................14 Chapitre 6 : organisation de l'EGM IV. Doctrine d’emploi.............................................................................................................15 V. Les principes tactiques...................................................................................................16 I. L’articulation de l’EGM.................................................................................................. 111 VI. Les principes opérationnels généraux (CLÉ)................................................................19 II. Le groupe appuis...........................................................................................................117 III. Le groupe commandement...........................................................................................123 Chapitre 2 : l’environnement opérationnel IV. Emploi du peloton d’intervention.................................................................................133 I. Les rassemblements de personnes...............................................................................21 Chapitre 7 : commandement opérationnel II. La typologie des manifestants........................................................................................26 III. La typologie de l’adversaire............................................................................................30 I. Vocabulaire militaire tactique.......................................................................................137 IV. Contextes d’opération.....................................................................................................33 II. Processus décisionnel..................................................................................................140 V. Gestion de la presse........................................................................................................36 III. L’ordre du chef opérationnel.........................................................................................147 IV. Les ordres en cours d’action........................................................................................152 Chapitre 3 : l’emploi de la force V. L'ordre simplifié OPAC..................................................................................................155 VI. Les messages et le compte rendu................................................................................156 I. Les principes généraux de l’emploi de la force............................................................39 VII. Commandement au tir...................................................................................................159 II. Emploi de la force sur ordre de l’autorité habilitée (AHEF).........................................40 III. Emploi de la force à l’initiative du CFP..........................................................................44 Chapitre 8 : les mouvements élémentaires IV. La réaction individuelle au MOP.....................................................................................46 V. Cas exceptionnel d’intervention en urgence ou sans AHEF désignée.......................47 I. Les barrages...................................................................................................................161 VI. OPEX.................................................................................................................................47 II. La vague de refoulement...............................................................................................172 VII. Synthèse de l’emploi de la force au MOP......................................................................48 III. La charge........................................................................................................................176 IV. Le bond offensif.............................................................................................................182 Chapitre 4 : armement à disposition de la GM V. La patrouille....................................................................................................................187 I. Le lanceur de grenades – « Cougar »............................................................................57 Chapitre 9 : les missions II. Généralités sur les grenades et leurs types d’amorçage.............................................64 III. Les grenades à effets spéciaux lacrymogènes.............................................................68 I. Reconnaître....................................................................................................................191 IV. La grenade à effets mixtes GM2L...................................................................................69 II. Dégager un obstacle......................................................................................................201 V. Les grenades à main à effet sonore...............................................................................70 III. Interpeller........................................................................................................................213 VI. La grenade à main de désencerclement type GENL.....................................................72 IV. Escorter les services de secours.................................................................................226 VII. Les grenades spécifiques...............................................................................................73 V. Se replier - Rompre le contact......................................................................................236 VIII. Le diffuseur lacrymogène grande capacité (DLGC).....................................................74 VI. Dégager un local occupé...............................................................................................248 IX. Moyens particuliers.........................................................................................................75 VII. Défendre..........................................................................................................................259 VIII. Réagir à une prise à partie par arme à feu...................................................................269 Chapitre 5 : moyens spéciaux et unités spécialisées I. Les engins blindés...........................................................................................................81 Synthèse des missions et des modes d’action de la GM.........................................288 II. Les hélicoptères...............................................................................................................88 Textes de référence.............................................................................................................292 III. Les systèmes de drones.................................................................................................90 Principales références législatives et réglementaires..............................................293 IV. La lutte anti-drones (LAD)...............................................................................................92 Glossaire.................................................................................................................................298 V. Les engins lanceurs d'eau (ELE)....................................................................................95 4 5 Préambule La gendarmerie mobile : professionnalisme et résilience Cet ouvrage s’attache, dans son approche, à penser le Maintien de l’Ordre Public (MOP), le plus simplement possible, dans toute sa diversité. Les évolutions du contexte opérationnel, tout particulièrement la menace terroriste et les tueries de masse, la volonté délibérée d’engager le combat contre un dispositif de La complexité de cette fonction régalienne centrale résulte de la spécificité de chaque service d’ordre, l'omniprésence de la violence comme mode d'expression, la mobilité contexte opérationnel. Chaque situation revêt un caractère unique et la conduite et la fugacité de l'adversaire imposent de disposer d'unités de gendarmerie mobile d’une manœuvre ne saurait être systématisée, ni réduite à un mode d’action ou réactives, manœuvrières et entraînées. à un schéma exclusif. Dans ce contexte social tendu, la gendarmerie mobile s’est toujours montrée forte de son héritage, dans sa capacité spécifique à garantir la continuité de l'action de Le contenu et les illustrations de ce mémento sont, par conséquent, destinés à l’État, en toutes circonstances. Elle est reconnue pour son professionnalisme et ses dégager ou illustrer des principes généraux, et ne constituent pas pour autant des compétences dans la gestion du maintien de l’ordre public. Les presque 13 000 femmes règles intangibles pouvant être appliquées stricto sensu, de manière indifférente et hommes qui la composent démontrent au quotidien leur engagement et leur savoir- à chaque situation opérationnelle. faire en intervenant avec rigueur et professionnalisme dans des conditions parfois très Le considérer serait une abstraction au raisonnement intellectuel et tactique que tout dégradées. personnel doit mener sans cesse au cours d’un engagement. Le MO, fondé sur les vertus militaires et le développement des capacités individuelles et collectives, ne s’improvise pas. C’est une question d’entraînement, un savoir-faire collectif, mais aussi un état d’esprit qui permettent d’être en capacité de gérer une foule L’évolution des conditions d’exercice du maintien de l’ordre parfois très violente tout en maîtrisant la force employée. Le maintien de l’ordre est organisé autour des enjeux de sécurité, de libertés publiques, Professionnalisées et formées au CNEFG, entraînées dans des conditions réalistes et et des règles préétablies destinées à permettre l’expression démocratique de la difficiles, nos unités mobiles possèdent une formation tactique avérée et bénéficient contestation. C’est dans ce cadre que les manifestants sont autorisés à exprimer leur d'une acculturation au rétablissement de l'ordre dans le respect de principes intangibles contestation dans les limites du respect de l’ordre public. comme la gradation dans l’emploi de la force et la réversibilité de l’action. Les évolutions démontrent que les participants n’adhèrent plus aux règles permettant un La gendarmerie mobile reste une subdivision d’arme majoritairement composée de exercice codifié et organisé du maintien de l’ordre : non déclaration des manifestations, jeunes gendarmes qui, pour être disciplinés sur le terrain, doivent être solidement prolifération des colères et des mouvements de manifestation, durcissement et encadrés par des chefs expérimentés. multiplication des violences exercées contre les institutions détentrices d’autorité, de la menace terroriste et des tueries de masse. Par ailleurs, la médiatisation instantanée des opérations de maintien de l’ordre par L’ensemble des schémas représentant une articulation par peloton respecte les codes les médias audiovisuels et les réseaux sociaux est rarement objective et montre couleurs suivants : India, Alpha, Bravo, Charlie, Appuis. Dans tous les autres cas, généralement des représentants de l’ordre comme des « générateurs de violences ». une légende accompagne la représentation graphique. La diffusion de ces images en temps réel est un facteur « aggravateur de tensions » et a véritablement un impact majeur sur la gestion de l’ordre public. Le suremploi des forces mobiles et les violences commises à leur encontre caractérisent désormais le fort climat de tension dans lequel s’exerce aujourd’hui l’ordre public. Dans L’étude de cet ouvrage doit donc se concevoir comme la mise à disposition d’une ce cadre, où la notion même de « violences légitimes » est régulièrement mise en boîte à outils. Discernement, adaptation et réactivité sont les trois piliers qui doivent cause, le maintien de l’ordre public et le cadre légal au sens large doivent être, plus que continuellement vous guider dans vos choix et vous permettre d’utiliser les bons outils, jamais, parfaitement maîtrisés par l’ensemble des gendarmes, et encore davantage au bon moment, au regard du contexte opérationnel du moment. par l’encadrement. Le MOP est un art complexe et son interprétation, par nature subjective, ne peut Le contrôle interne et l’organisation collective assurent la conformité des prestations se fonder que sur une connaissance approfondie de la matière, une expérience individuelles et sont absolument nécessaires pour prévenir tout « sentiment d’impunité » professionnelle significative et variée, et une préparation opérationnelle entretenue. susceptible de se répandre dans l’opinion publique à l’égard des manquements imputés aux forces de l’ordre. 6 7 Implantation des 18 groupements de Gendarmerie mobile (GGM) et des 116 escadrons (EGM) 8 9 Chapitre 1 E A Les principes généraux D I. Définitions Le maintien de l’ordre public (MOP) est une notion générique qui, en fonction de la situation rencontrée et de son intensité, recouvre trois natures d’engagement différentes. 1. Maintien de l’ordre (MO) Le MO correspond à un engagement de faible intensité, visant à maintenir un ordre déjà établi et à prévenir les troubles à l’ordre public (TOP) par le déploiement préalable et dissuasif de la force publique. Il comprend l’ensemble des mesures de prévention destinées notamment à contrôler, E filtrer, restreindre la liberté de mouvement des personnes, protéger des bâtiments T publics ou garantir la viabilité des itinéraires. IN R E Cet engagement préventif et dissuasif concerne l’ensemble des unités de la gendarmerie. T Les mesures préventives se concrétisent par des missions dont la finalité est d’encadrer S E un événement ou une manifestation qui présente peu de risques de troubles à l’ordre R public en raison de sa nature (rencontres sportives, services d’honneur...), de l’absence N d’adversaire ou de menace identifiée. SI O 2. Rétablissement de l’ordre (RO) F U DIF Le RO correspond à un engagement de moyenne ou de haute intensité. Il vise à faire cesser les TOP dans un environnement pouvant aller jusqu’à des situations particulièrement dégradées et nécessitant alors le recours à des moyens particuliers. Il comprend l’ensemble des mesures d’intervention allant jusqu’à l’emploi de la force avec ou sans usage des armes à feu et, le cas échéant, l’engagement de moyens spéciaux comprenant les moyens militaires spécifiques (VBRG, VIPG,...). Le RO nécessite une gradation stricte de l’emploi de la force intégrant des procédés d’exécution spécifiques transposés du combat. Il impose aux unités engagées d’adapter en permanence leurs modes d’action à la situation adverse par des changements de posture pouvant aller jusqu’à l’engagement de véhicules blindés et/ou le renfort d’unités d’intervention spécialisées. Cet engagement en situation de crise plus ou moins marquée concerne plus particulièrement les unités spécifiquement équipées et entraînées et constitue le spectre prioritaire de la GM. Les unités de la GD ne sont donc engagées en RO qu’en cas d’urgence et/ou en l’absence de forces mobiles. 10 Définitions 11 3. Les violences urbaines (VU) 2. Les moyens militaires disponibles pour le MOP En fonction des circonstances, l'emploi de la force militaire pour le MOP est envisagé La notion de VU regroupe des phénomènes différents mais ayant pour conséquence selon trois catégories : commune de conduire à un contexte d’insécurité généralisée par des actes délinquants allant du plus simple vandalisme à l’émeute et à la guérilla urbaine. 1. Gendarmerie départementale et garde républicaine ; 2. Gendarmerie mobile ; Les émeutes fédèrent la population bien au-delà des petits groupes délinquants et menacent la cohésion du corps social au sein d’un territoire (urbain ou péri-urbain), 3. Formations terrestres, maritimes ou aériennes, services de soutien et formations avec une capacité à s’étendre rapidement à travers toute la France. mises sur pied à la mobilisation ou sur décision ministérielle. Les opérations menées dans le cadre des VU visent à faire cesser l’ensemble des 3. La procédure d’engagement des forces infractions pénales en situation dégradée, voire insurrectionnelle, et peuvent concerner Les demandes d’engagement d’unités spécialement destinées au MOP sont adressées toutes les unités de la Gendarmerie. Outre les unités territoriales primo-engagées, les par les préfets de département, via leur chaîne hiérarchique, jusqu’à l’unité de VU exigent le plus souvent le renfort des unités GM, pouvant aller jusqu’à l’intervention coordination des forces mobiles (UCFM). Cette structure conjointe PN/GN priorise les spécialisée et l’engagement des blindés. demandes et assure la génération de forces nécessaire (équité CRS/EGM, optimisation Les VU surviennent souvent en réaction à des polémiques médiatisées massivement, des déplacements, redéfinition missionnelle éventuelle, proposition d’arbitrage au E mettant en cause l’action des forces de l’ordre (FO), et prennent des formes diverses : cabinet du ministre de l’intérieur,...). rodéos de véhicules volés ; IN T En fonction des lieux, l’engagement des différentes forces est mis en œuvre par : vandalisme et destructions de véhicules ; R E mise à disposition d’UFM pour répondre aux demandes des préfets, sous- T vols et pillages de commerces ; S préfets, maires et adjoints (en outre mer : les représentants de l’État de type destructions et incendies de mobilier urbain ; E Haut-commissaire de la République) ; R provocations et injures contre les acteurs institutionnels ; réquisition, soit des Présidents des assemblées parlementaires (Sénat et N agressions physiques contre les FO (projectiles, embuscades...). Assemblée nationale) dans les enceintes dont ils ont la responsabilité, soit des II. Les principes juridiques d’engagement SI O préfets locaux pour l’engagement de moyens militaires spécifiques (navires particuliers de la Gendarmerie maritime, moyens militaires blindés,...) ; FU saisie du préfet de département par les Présidents de cours et tribunaux civils, 1. Les autorités responsables de la sécurité intérieure DIF d’universités ou de lieux de cultes, pour faire maintenir l’ordre dans les enceintes ÎÎ Le responsable de l’ordre public (ROP) placées sous leur responsabilité. Agissant sous le contrôle du préfet de région, c’est le préfet de département qui est compétent pour garantir l’ordre dans l’espace public. ÎÎ Le directeur de service d’ordre (DSO) 4. L’engagement de 2 à 6 EGM Il a la charge de préparer, planifier et proposer la conception d’une manœuvre au ROP, Cet engagement nécessite la constitution d’un groupement tactique de gendarmerie puis il en assure le commandement opérationnel. (GTG) commandé par un commandant de groupement de gendarmerie mobile (GGM) ou, le cas échéant, son commandant en second. ÎÎ Le chef de secteur opérationnel (CSO) Lorsque la nature de la mission nécessite l’engagement de plusieurs GTG, ou une Il fixe aux unités engagées sur son secteur de compétence la mission et les effets à expertise particulière en raison de sa sensibilité, un groupement opérationnel de obtenir et exerce le contrôle tactique des commandants de la force publique (CFP) maintien de l’ordre (GOMO) est mis sur pied. agissant à son profit. ÎÎ Le commandant de la force publique (CFP) 5. Les événements sensibles ou d’ampleur nationale Il décide de la manœuvre tactique et des moyens employés pour remplir la mission fixée La direction générale de la Gendarmerie nationale met en place un état-major de par le DSO / CSO, et atteindre les objectifs définis. Il bénéficie de la présence permanente circonstance, spécialisé dans la planification et la gestion des crises. Projetable en d’une autorité habilitée à décider de l’emploi de la force (AHEF), seule décisionnaire métropole, Outre mer (OM) et Opération Extérieure (OPEX), il est principalement de l’emploi de la force ou de l’usage des armes pour dissiper un attroupement (sans constitué à partir des militaires du centre national des opérations (CNO). préjudice de l’initiative du CFP prévue à l’article L.211-9 alinéa 6 du CSI). 12 Chapitre 1 - Les principes généraux Les principes juridiques d’engagement 13 III. Les principes déontologiques IV. Doctrine d’emploi Les unités GM agissent depuis la prévention des troubles en situation apaisée jusqu’au 1. Le principe de sécabilité d’un escadron de GM rétablissement de l’ordre en situation de crise, en tous lieux et en tous temps, afin de protéger les personnes et les biens à l’occasion : C’est la capacité de n’employer qu’une demi-unité (2 pelotons) en mission de maintien de l’ordre, après analyse des objectifs et des risques, et après avis des autorités organiques. des grands rassemblements ou événements (visites d’autorités, matchs à risque, tour de France cycliste, nuits festives…) ; des catastrophes ou calamités d’origine naturelle, technologique, ou La sécabilité doit être exceptionnelle et relève de la responsabilité du commandant sanitaire (cyclones de type «Irma» à Saint Martin, innondations...) ; d’unité, en fonction de la mission reçue et de la situation à laquelle il est confronté. des risques d’attentats terroristes (VigiPirate, plans particuliers de prot Pour des raisons de sécurité, l’engagement d’une unité constituée à quatre pelotons ection…) ; est la règle, afin qu’elle soit toujours en mesure de manœuvrer. d’émeutes dans un quartier sensible et risques de contagion du phénomène. Le commandant de la fraction de l’EGM reste libre d’articuler à tout moment son ÎÎ Le professionalisme de la Gendarmerie mobile dispositif pour faire face à l’évolution des impératifs et des contraintes de sa mission. E En tant que force spécialisée dans la gestion de l’ordre public, la GM se conforme aux Elle est mise en œuvre sur accord de la DGGN/DOE/CNO et sur décision du CDU valeurs fondamentales de l’Etat de droit : T pour des missions ne présentant pas de risque de TOP. Elle ne permet en aucun cas IN d’engager moins de deux pelotons sur un même lieu d’emploi. E respect de la personne humaine et de sa dignité, notamment lors des R phases d’interpellation ; courtoisie, probité et impartialité, quelles que soient les causes défendues ST 2. Le principe de réversibilité missionnelle E par les manifestants ; R C’est la capacité d’une unité de force mobile à passer d’une mission de maintien de discernement dans l’action, ce qui implique un niveau de formation individuelle l’ordre public à une mission de sécurisation, pour faire face à une situation dépassant O N et collective suffisante, un niveau de maîtrise et un sang-froid pour tous les les capacités des unités territoriales lorsqu’elles sont pleinement mobilisées. SI militaires engagés, sous le contrôle permanent de l’encadrement ; nécessité et proportionnalité de la contrainte ; Le principe de la réversibilité missionnelle est mis en œuvre: FU transparence de l’action, qui implique un port apparent et permanent du RIO après remise en condition de l’unité et liaison jusqu’au nouveau lieu d’emploi ; DIF (en dehors des unités réglementairement soumises à l’anonymat), travail à pour une durée minimale de deux heures sur le nouveau lieu d’emploi ; visage découvert, plein exercice de la liberté de la presse... dans les limites horaires habituelles (8h par militaire et par jour). ÎÎ La gradation de l’emploi de la force 3. La désescalade L’exercice des mesures de contrainte doit être strictement nécessaire pour faire cesser les TOP. Dans tous les cas, cette réponse graduée doit être justifiée au regard des C’est la capacité à utiliser la force de manière rapide puis de stopper son emploi dès violences exercées contre les représentants de la force publique. que les circonstances qui l’ont justifié ne sont plus réunies. Le but est toujours de maintenir le plus bas niveau d’intensité possible tout en gardant la capacité de faire face rapidement à une escalade de la violence. C’est la capacité à utiliser la force de manière légitime, dans le respect des lois et des règlements, dans une logique permanente de désescalade. L’emploi de la force est toujours soumis aux exigences d’absolue nécessité et de Les forces de l’ordre doivent garder en toutes circonstances cette aptitude à changer proportionnalité, et l’usage des armes à feu est l’ultime recours. rapidement le mode d’action entrepris en fonction de l’attitude de l’adversaire, tout en garantissant une réponse opérationnelle adaptée aux troubles à l’ordre public rencontrés. 14 Chapitre 1 - Les principes généraux Doctrine d’emploi 15 V. Les principes tactiques 2. La centralisation d’un dispositif Les techniques développées pour exécuter les missions de MOP visent ÎÎ L’action centralisée essentiellement à : On parle d’action centralisée lorsque toutes les unités ou éléments subordonnés cloisonner l’espace de manœuvre ou protéger un point particulier ; sont engagés dans un même compartiment de terrain (EGM à l’échelon GTG, PEL à l’échelon EGM). évacuer des compartiments de terrain ou des points particuliers ; interpeller les fauteurs de troubles et les délinquants ; ÎÎ L’action décentralisée se protéger et riposter à une prise à partie par armes à feu. Il s’agit de l’engagement d’au moins une entité subordonnée dans un compartiment de terrain distinct du reste des forces. Elle est mise en place face à des manifestants mobiles pratiquant des actions de harcèlement, tout en demeurant sous l’autorité du L’EGM doit s’articuler autour de quatre éléments nécessaires à la conduite d’une CFP considéré. Cette fraction de dispositif restera en permanence à distance d’appui manœuvre : ou de soutien, en mesure d’être recueillie sans délai. Contact : toujours chargé de l’action principale (sauf missions spécifiques PI), il combine puissance et dynamisme pour limiter l’emploi de la force au plus bas niveau possible ; E Appui : en mesure de soutenir les différents éléments par des tirs de dispersion, d’interdiction, de neutralisation ; Couverture : Sûreté arrière et latérale du dispositif ; IN T Réserve d’intervention : Outil de projection et moyen d’intervention en mesure R E de renforcer tous points du dispositif. ST R E N 1. La distanciation de l’adversaire En dehors des opérations d’arrestation d’auteurs de violences graves contre des SI O FU personnes ou des biens, la « temporisation du contact » est systématiquement ÎÎ L’action déconcentrée recherchée afin de limiter l’emploi de la force. DIF Elle désigne l’engagement de deux groupes d’un même peloton dans deux secteurs différents du même compartiment de terrain, à une distance réduite permettant le La distanciation de l’adversaire permet de : soutien mutuel immédiat. Cette action en autonomie nécessite la présence suffisante laisser le temps de la réflexion et de la réaction au commandement ; des autorités responsables de l’ordre public ou du prononcé des sommations. éviter les confrontations physiques violentes en empêchant les manifestants de L’entité agissant de manière déconcentrée doit en outre pouvoir bénéficier dans les faire pression sur les forces de l’ordre, et ainsi limiter l’emploi de la force ; plus brefs délais du soutien d’un élément extérieur (EGM, peloton...). laisser le temps à l’adversaire de se retirer, et ainsi limiter le contrôle des meneurs sur la foule ; protéger les forces de l’ordre des projectiles lancés à la main. Le maintien à distance de l’adversaire s’obtient par : la négociation ; des sécurités passives (barriérage, DRAP…) ; des moyens de judiciarisation (CIOP, OEIL ou moyens aériens…) ; les appuis (fourgon-pompe, LGGM…) ; la manœuvre (bonds offensifs, interpellations ciblées…). 16 Chapitre 1 - Les principes généraux Les principes tactiques 17 3. Les principes de la manœuvre défensive VI. Les principes opérationnels généraux (CLÉ) ÎÎ La valorisation Interdépendants, les 3 principes de Foch, repris dans le concept d’emploi des forces Elle consiste à aménager le terrain à défendre et à prendre en compte la couverture armées françaises de 2013, permettent de conserver ou de reprendre l’initiative sur des points faibles par la mise en place de dispositifs de renseignement et d’acquisition l’adversaire, notamment en conservant ou en obtenant un rapport de forces favorable. sur la profondeur, et d’un dispositif d’arrêt. Elle est de fait optimisée lorsque l’unité bénéficie de l’avantage d’être sur la zone avant l’adversaire. 1. La concentration des efforts ÎÎ L’affaiblissement Il s’agit de l’aptitude à combiner simultanément, en un lieu et à un moment donné, Il consiste à briser la dynamique de l’adversaire par une combinaison de manœuvres l’ensemble des moyens disponibles pour obtenir l’effet recherché sur l’adversaire. Elle d’arrêt et d’actions offensives locales telles que la projection du PI à courte distance s’obtient par le mouvement ou par la force si nécessaire. pour déstabiliser l’élan de l’agression et/ou neutraliser les groupuscules violents en interpellant les meneurs tout en appliquant des feux dans la profondeur. En matière d’opérations d’ordre public, elle résulte d’un dialogue constant entre le DSO ÎÎ L’arrêt ou CSO et le CFP, consistant à arbitrer l’emploi des moyens au regard de l’état final recherché, de l’opportunité tactique et du contexte de l’action. E Il vise à reprendre l’ascendant sur l’adversaire en lui interdisant définitivement la conquête de son objectif. Il nécessite de disposer de renforcements de feux directs et indirects, et peut être précédé par le recueil des éléments au contact à l’issue d’une IN T 2. La liberté d’action action de freinage ou de jalonnement. R E C’est la capacité à mettre en œuvreà tout moment l’ensemble des moyens disponibles ST et d’agir malgré l’adversaire et les diverses contraintes imposées par le milieu et les E 4. Les fondamentaux de la manœuvre offensive circonstances pour obtenir l’effet recherché. R ON Ponctuelle et limitée, la manœuvre a pour but principal de prendre l’ascendant et Elle permet au subordonné de bénéficier de la souplesse nécessaire dans les modalités I emporter la décision ou reprendre l’initiative et rétablir un dispositif cohérent dans une d’exécution des directives reçues de l’échelon supérieur afin de pouvoir saisir les S situation défensive. opportunités. F U En matière d’ordre public, la liberté d’action est permise par : L’offensive donne des avantages significatifs : D I F le choix du moment et le lieu de l’opération qui doit provoquer la surprise ; l’anticipation (renseignement prévisionnel, planification) ; la définition précoce de l’état final recherché (conception de manœuvre) ; la détermination des objectifs et des directions d’effort ; la constitution d’une réserve d’intervention ; la maîtrise du rythme de l’action. l’économie des moyens. 3. L’économie des moyens La manœuvre offensive se met en œuvre par l’enchaînement rapide des phases : recherche du renseignement (terrain, adversaire) ; Elle consiste à conduire l’action dans la durée en optimisant les moyens et en préservant la capacité d’initiative des subordonnés. prise de contact afin de confirmer les renseignements ; désorganisation afin d’affaiblir l’adversaire ; Il s’agit de rechercher en permanence une configuration permettant le meilleur rapport capacité / effets. percée sur les points faibles identifiés dans le dispositif adverse ; exploitation par la neutralisation de l’adversaire (actions sur les arrières et Elle comporte la notion de réserve d’intervention, apte à devancer l’adversaire en les flancs, engagement des réserves) ; tout point du dispositif, soit pour réagir à une action ou un déploiement de forces par consolidation permettant aux forces de se réorganiser pour conduire une l’adversaire, soit pour conduire d’initiative une opération de désorganisation du schéma action défensive, reprendre l’offensive ou être relevées. tactique de l’adversaire. 18 Chapitre 1 - Les principes généraux Les principes opérationnels généraux (CLÉ) 19 Chapitre 2 L’environnement opérationnel E I. Les rassemblements de personnes A D 1. Les différents rassemblements 1.1 - La manifestation « Constitue une manifestation tout rassemblement, statique ou mobile, sur la voie publique, d’un groupe organisé de personnes aux fins d’exprimer collectivement et publiquement une opinion ou une volonté commune ». Jurisprudence Cour de cassation, 9 février 2016. La liberté de manifester est un droit fondamental, qui constitue une facette de la liberté E d’expression ; « pourvu que [la] manifestation ne trouble pas l’ordre public établi ». T IN Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, article 10 R E L’exercice de la liberté de manifester est réglementé afin de concilier avec les exigences de l’ordre public. Une déclaration préalable en préfecture ou mairie est nécessaire, ST précisant les modalités d’organisation. Elle aboutit à : une autorisation de se dérouler E ou une interdiction en cas de risques de troubles à l’ordre public. R Code de la sécurité intérieure, articles L211-1 à 4 O N SI L’autorisation de manifester est la règle, son interdiction par arrêté de l’autorité administrative en est l’exception. F U DIF 1.2 - L’attroupement « Constitue un attroupement tout rassemblement de personnes sur la voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler l’ordre public. Un attroupement peut être dissipé par la force publique après deux sommations de se disperser restées sans effet ». Article 431-3 du Code pénal. L’attroupement est un rassemblement de personnes ou une manifestation : non déclarés ou interdits ; ne respectant pas les modalités fixées par la déclaration préalable ; déclarés, mais après que les organisateurs aient donné l’ordre de dispersion. Il ne relève pas de l’exercice d’une liberté. Toute manifestation peut dégénérer, il appartient à l’autorité habilitée d’apprécier le risque de troubles à l’ordre public, et donc de qualifier juridiquement quand la manifestation devient un « attroupement ». 20 Les rassemblements de personnes 21 1.3 - La réunion 2. Cas particuliers des événements contestataires Une réunion est un groupement de personnes limité dans le temps, formé en vue d’entendre L’adversaire rencontré en ordre public est rarement homogène. l’exposé d’idées ou d’opinions, ou de se concerter pour la défense de ses intérêts. Elle est organisée et se déroule dans le but précis de mener une réflexion collective à caractère politique, économique ou social. La transversalité des luttes est désormais quasi systématique, car l’effet de masse produit permet de donner une aura décisive pour porter ses idées. La loi reconnaît la liberté de réunion. Il s’agit donc d’un agglomérat de groupes aux aspirations distinctes, contrairement à la convergence des luttes dans laquelle l’objectif et les avis sont communs. L’interdiction d’une réunion peut être décidée par le préfet ou le maire en cas de risques de troubles à l’ordre public, si cette interdiction est l’unique moyen de préserver l’ordre établi. Poursuivant une recherche de victimisation, les adversaires sont interdépendants et ne se désolidarisent pas, même en cas d’exactions graves, car la crédibilité et la portée de leur parole en dépendent. ÂÂ Réunions libres de toute formalité 2.1 - Les rassemblements festifs sur terrain privé Les rassemblements festifs à caractère musical sont des regroupements d’individus, E La réunion « privée » est libre lorsqu’elle : T organisés par des personnes privées, dans des lieux qui ne sont pas au préalable se tient dans un endroit clos ou d’accès restreint ; IN aménagés à cette fin. Par conséquent, ils sont soumis à l’obligation de déclaration. est réservée à des personnes désignées ; met en œuvre un contrôle effectif des identités à l’entrée. R E Pour la scène techno, les rassemblements prennent la forme de « rave-party » T (teknivals, ou festivals multi-sons) ou de « free-party » : S La réunion « électorale » a pour but d’élire des candidats à des fonctions publiques E électives ou d’assister à leurs discours. la « rave-party » est un rassemblement organisé regroupant de nombreux R participants et se prolongeant sur plusieurs jours ; ON La réunion « cultuelle » est organisée pour célébrer un culte, dans des locaux appartenant à des associations ou mis à leur disposition. Bien que publique, elle est la « free-party » est un rassemblement non structuré (identification difficile S I dispensée de toute formalité, mais reste sous la surveillance des autorités dans l’intérêt des organisateurs) à caractère éphémère et constitué au dernier moment. U de l’ordre public. F Les conséquences sur le plan de l’ordre public sont : ÂÂ Réunions soumises à certaines restrictions Une réunion est dite « publique » lorsqu’elle : D I F Mise en place compliquée des FO et des services de secours nécessaires ; Terrain privé occupé illégalement, et expulsion pas toujours demandée ; Action compliquée en raison de la présence de stupéfiants, alcool, et du se tient dans un lieu public ; rejet des normes ; autorise l’accès de toutes les personnes sans distinction ; Conséquences dommageables : accidents, incendies, atteintes aux a informé le public de sa tenue par affiches, avis dans la presse, tracts,... personnes (rixes, viols,...). Hors l’état de siège ou l’état d’urgence, toute réunion publique peut être organisée sans déclaration préalable. Néanmoins, certaines restrictions s’imposent : 2.2 - Le hooliganisme ne pas se tenir sur la voie publique ; L’organisateur d’une rencontre sportive est responsable de la sécurité dans l’enceinte cesser à 23h00 (sauf cas particuliers) ; où se déroule l’événement, tandis que la sécurité extérieure est assumée sans partage ne prononcer aucun discours contraire à l’ordre public, aux bonnes mœurs par l’autorité administrative. ou constituant une provocation à la commission de crimes ou délits ; En marge des rencontres sportives, particulièrement de football, ce mouvement violent constituer un bureau d’au moins trois personnes élues par l’assemblée. appelé « hooliganisme » qui voyait l’affrontement de bandes rivales de supporters a quasiment disparu. Les contrôles autour des enceintes sportives, l’escorte des bus de supporters, la sécurisation de leurs lieux de replis, ainsi que le suivi des individus radicaux ont conduit à un essoufflement du phénomène. 22 Chapitre 2 - L’environnement opérationnel Les rassemblements de personnes 23 3. Rôle de la gendarmerie 3.3 - Police judiciaire « de l’avant » Dans une grande manifestation (sportive, culturelle...), le danger provient le plus ÎÎ Arrestations souvent du risque de débordement du public emporté par son enthousiasme ou sa colère. Ce danger peut provenir, dans une moindre mesure, de la peur engendrée par L’officier de police judiciaire déployé constate en direct les infractions commises par les un incident ou un accident (circuit automobile). participants à l’attroupement : Il tient compte des éléments matériels de preuve détenus, de la gravité des Pour tout rassemblement de personnes, les services territoriaux de la gendarmerie infractions commises et des caractéristiques de leurs auteurs. participent tout au long du déroulement de l’événement en : Il conseille le commandant de l’unité de GM sur les arrestations à opérer, et veillant à son déroulement normal ; se prononce sur l’opportunité d’une action différée. étant au besoin renforcés par des unités de maintien de l’ordre ; Il n’intervient généralement pas dans l’interpellation des personnes, mais en étant appelés à disperser tout attroupement par la force. peut participer à l’évacuation des individus appréhendés. Il procède aux opérations de fouille, d’audition et de saisie. Les opérations d’ordre public reposent sur l’anticipation, la réactivité, la La mission d’arrestation s’accomplit avec le renfort des pelotons d’intervention engagés. cohérence et la complémentarité des dispositifs. Le CFP décide de la manœuvre à mettre en place pour conduire l’opération, en fonction de l’ambiance générale, mais aussi de l’effet final recherché et des contraintes tactiques E qui conditionnent son action. 3.1 - Mission spécifique de la gendarmerie mobile IN T ÎÎ Les produits de marquage codés E La GM agit en soutien ou en appui de la GD. Elle met en œuvre des techniques de R surveillance, de maintien voire de rétablissement de l’ordre, et participe si besoin aux En cas de besoin, l’interpellation d’un auteur d’infractions peut être différée, tout en dispositifs de circulation, de sécurité et de secours. T garantissant son identification a posteriori grâce aux produits de marquage codés. Le S E marquage de la personne permet de caractériser de façon discriminante sa participation R 3.2 - Mission de la gendarmerie départementale à un fait précis, avec la force probante que constitue un élément matériel objectif au ON cours du procès pénal. Les opérations de gestion de l’ordre public menées par les seules unités de la I gendarmerie départementale ont la particularité, hors urgence et force majeure, de Invisible à l’œil nu mais fluorescente sous UV, cette technologie renferme une S présenter un caractère essentiellement préventif. formulation chimique (composée de terres rares) ou des fragments d’ADN synthétique U qui constituent un code unique permettant la discrimination formelle. Le déchiffrage est F Ainsi, dans la majorité des situations, la manœuvre menée porte l’accent sur les garanti par l’analyse en laboratoire de l’IRCGN. ÎÎ Avant le déroulement : D I F missions encadrantes ou défensives, tout en présentant un rôle prépondérant. Ces marquages persistent plusieurs semaines sur des individus, et plusieurs mois sur les vêtements, même après lavages. prévoir des mesures suffisantes et adaptées pour éviter toute surprise ; renseigner l’autorité administrative sur l’impact et les risques liés à 3.4 - Renseignement l’événement ; Manœuvre encadrante, la recherche et l’exploitation du renseignement d’ordre humain participer aux réunions préparatoires du dispositif de circulation, de sécurité et tactique provient de toutes les sources possibles : et de secours. des organisateurs ; ÎÎ Pendant : des services spécialisés (DGSI, SDAO, CelluleRens, RT,...) ; contrôler de manière préventive les flux de circulation ; des unités du terrain ; contrôler voire réprimer les infractions commises (transport, circulation..) ; des guetteurs installés en observation voire infiltrés au cortège ; minimiser les perturbations engendrées sur la vie de la collectivité ; des reconnaissances effectuées. faire respecter les limites prévues (emplacements, horaires, itinéraires...). Il concerne l’ambiance générale, le volume du public, les autorités présentes et les évolutions prévisibles, ainsi que l’éventualité d’une contre-manifestation. L’identification ÎÎ Après : des leaders et des personnalités présentes permet de percevoir la sensibilité de l’action, rédiger un rapport sur le déroulement du rassemblement ; la finalité recherchée, et ainsi d’adapter le dispositif ainsi que la posture opérationnelle. poursuivre les enquêtes sur les infractions constatées. 24 Chapitre 2 - L’environnement opérationnel Les rassemblements de personnes 25 E A D II. La typologie des manifestants 2. Les défenseurs de la cause environnementale Rassemblements en zone rurale ou urbaine s’appuyant sur des organisations Par principe et par coutume, en France, « le rapport de forces » voire le généralement structurées (Greenpeace, ONG,...), opposition à de grands conflit est souvent un préalable à la négociation sociale ou politique. projets (NDDL, retenue de substitution, stockage nucléaire Cigéo,...) : Dans un contexte d’instabilité sociale où les relations entre la population et les ÎÎ recherche d’effets médiatiques par des actions spectaculaires, institutions détentrices d’autorité se dégradent, les forces de l’ordre sont face à une radicalisation de la confrontation assortie de violences. ÎÎ violence extrême pour les plus radicaux (Ste Soline). On peut dresser une typologie articulée en distinguant schématiquement les Qui ? De l’alter-mondialiste passif aux groupes radicaux restreints. manifestants légitimes et les émeutiers comme adversaires. Quoi ? Revendications environnementales ou de valeurs sociales (démocratie, droits humains,...). 1. Les professionnels Comment ? Barrages routiers, tranchées dans la chaussée, sabotages, Organisés, ils bénéficient occupations de sites, destructions des symboles du capitalisme : généralement de structures syndicales ou de coordinations de ÎÎ intrusion en centrale nucléaire, E circonstance : ÎÎ occupation illégale de zone (ZIO) pour empêcher un projet ÎÎ auto-encadrés, ils poursuivent IN T d’aménagement, ÎÎ action de type « commando » préparée en secret (L-214 sur le bien- E une revendication précise, R être animal...). Photo : SAG 87 T ÎÎ coordonnés, ils disposent S d’interlocuteurs pour les Avec quoi ? Engins de type pelleteuse ou tracteurs, frondes (pavés, écrous, E autorités publiques. bouteilles…), jets de peinture, engins incendiaires ou explosifs… Qui ? Agriculteurs, chauffeurs routiers, marins-pêcheurs, pompiers... N R Quoi ? Bras de fer afin de peser dans la négociation. SI O F U Comment ? Actions très violentes de destructions d’infrastructures, occupations IF d’objectifs stratégiques. Avec quoi ? Engins agricoles, moyens lourds. D Photo : SAG 87 26 Chapitre 2 - L’environnement opérationnel La typologie des manifestants 27 3. Les grands mouvements sociaux 4. Les mouvements corporatifs localisés Mobilisation massive et hétérogène (gilets jaunes,...) : Mouvements fréquents qui concernent des « problèmes » spécifiques : ÎÎ sans distinction d’appartenance syndicale ou politique, ÎÎ localement : fermeture d’usine, plan social, ÎÎ expansion rapide et globale du mouvement. ÎÎ de société : logements, SDF, migrants. Volonté d’incarner la démocratie réelle en opposition à la démocratie Actions de faible ampleur mais répercussions parfois générales (raffinerie représentative, revendication d’amélioration des conditions de vie, de carburants,...), volonté de frapper fortement l’opinion publique. protestation contre des inégalités. Qui ? Associations, corporations professionnelles. Qui ? Regroupement massif de personnes de tous âges et toutes classes, peu habituées à manifester (retraités, étudiants, travailleurs). Comment ? Occupations de locaux ou de lieux publics, entraves à la circulation, actions médiatiques plus ou moins relayées : ÎÎ coordination plus ou moins structurée, ÎÎ blocages de sites de production, ÎÎ difficulté due à l’infiltration par des émeutiers. ÎÎ débrayages de certains services publics (SNCF...). Quoi ? Revendications de changement de société et de valeurs, problèmes sociétaux structurels (cherté de la vie,...). Avec quoi ? Banderoles, tentes,... T E IN Comment ? Tags, barricades, blocages des voies de communication, susceptibles de dégénérer en destructions inconsidérées : ÎÎ occupation de lieu symbolique, R E ÎÎ infiltration d’extrémistes et de casseurs, souvent casqués et masqués ST E (vandalisme, incendies, affrontements avec les FO...). Avec quoi ? Moyens ordinaires pour la phase pacifique du mouvement. N R SI O F U DIF 28 Chapitre 2 - L’environnement opérationnel La typologie des manifestants 29 III. La typologie de l’adversaire 3. Les casseurs ou émeutiers 1. Les black-blocs Jeunes d’origines diverses : précaires, libertaires, anarchistes, ultras… Regroupements d’individus mobiles : dissimulation de visage, port de Regroupement éphémère d’adeptes de l’action violente collective. matériels et armes par destination. Ultra-radicaux, hétérogènes : étudiants, zadistes, retraités, fonctionnaires... Violences en marge des manifestations, razzias planifiées et destructrices. Aguerris, parfaitement organisés, très mobiles, protégés et équipés. ÎÎ Volonté de démontrer que l’État ne tient pas la rue et de susciter des images de ÎÎ Actions illégales visant les biens représentant le capitalisme et les FO. violences policières. ÎÎ Identification / interpellation difficiles : changement de physionomie, infiltration... ÎÎ Recherche d’enrichissement pécuniaire ou d’adrénaline dans les affrontements. T E E IN T R E S N R 2. L’ultra-gauche radicale SI O 4. L’ultra-droite FU Mouvement hétérogène qui exploite la « transversalité des luttes » : Acteurs ou groupuscules isolés identifiés susceptibles de frapper les anticapitalisme, antifascisme, altermondialisation. DIF communautés (musulmane, juive…). Absence d’organisation et de hiérarchie, actions dans la clandestinité. Manifestations militantes pouvant conduire à des affrontements violents Logique insurrectionnelle, déstabilisation de l’État de droit, remise en cause avec les mouvements antagonistes... de sa souveraineté. ÎÎ Violences spectaculaires contre les symboles institutionnels et les FO. ÎÎ Déploiement préventif de forces d’interposition nécessaire. 30 Chapitre 2 - L’environnement opérationnel La typologie de l’adversaire 31 E A D 5. Les indépendantistes IV. Contextes d’opération Mouvements autonomistes ou séparatistes prônant l'indépendance (principalement outre-mer, mais aussi Bretagne, Corse, Pays basque...). 1. Le milieu urbain Exploitation d'autres événements pour les faire dégénérer. Espace de manœuvre compartimenté (voiries, immeubles, etc.). Actions violentes contre les symboles et les représentants de l’État, pouvant Forte densité urbaine et des axes de communication.