G1-1 La métropolisation, un processus mondial différent PDF
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Ce document traite de la métropolisation, un processus de concentration des activités et de la population dans les grandes villes. L'étude explore les dynamiques de l'urbanisation, la croissance des mégalopoles et les inégalités qui se développent à l'échelle mondiale.
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G1-1 LA METROPOLISATION, UN PROCESSUS MONDIAL DIFFERENCIE Introduction : Dans le monde aujourd’hui, il y a plus d’urbains que de ruraux (55% en 2018) alors qu’en 1900 il n’y avait que 15 % de la population mondiale qui vivait en ville. L’urbanisation est donc...
G1-1 LA METROPOLISATION, UN PROCESSUS MONDIAL DIFFERENCIE Introduction : Dans le monde aujourd’hui, il y a plus d’urbains que de ruraux (55% en 2018) alors qu’en 1900 il n’y avait que 15 % de la population mondiale qui vivait en ville. L’urbanisation est donc un processus majeur qui a donné naissance à un second phénomène, la métropolisation qui se définit comme un processus de concentration des activités de commandement, de concentration des hommes dans les grandes villes. C’est aussi un phénomène de transformation, de hiérarchisation des territoires qui composent cette métropole ainsi que des métropoles entre elles dans un système qui se lit et s’analyse à plusieurs échelles. Problématique : Comment la métropolisation renforce-t-elle la hiérarchie urbaine et recompose-t-elle les espaces métropolitains ? I. LES METROPOLES A L’ECHELLE MONDIALE, UN POIDS GRANDISSANT MAIS INEGAL A. Urbanisation et métropolisation dans le monde. Urbanisation et transition urbaine : Depuis 2007, la population mondiale vit en ville. On assiste à une explosion urbaine c’est-à-dire que la population urbaine mondiale augmente plus vite que la population globale. Aujourd’hui, la population urbaine représente 55 % de la population mondiale et les projections estiment qu’en 2050, le chiffre devrait avoisiner les 70 %. Cette transition urbaine qui marque le passage d’une société majoritairement rurale à une société majoritairement urbaine est cependant inégale : Dans les pays des Nords et en Amérique Latine, l’urbanisation est ancienne et la transition est largement achevée. Les métropoles ont des croissances faibles. Dans les PMA, la population urbaine reste minoritaire avec des taux parfois inférieurs à 40 % (38 % en Afrique subsaharienne). Par contre, la croissance urbaine est très élevée et s’explique par l’exode rural important et une croissance démographique forte. Dans les autres espaces, les situations sont très inégales : la Chine est devenue majoritairement urbaine mais l’Inde reste rurale. La croissance urbaine a pour conséquence un étalement urbain croissant. Les dynamiques de périurbanisation se généralisent avec une augmentation des temps de transports, une pollution croissante et la destruction de terres agricoles. Mégapoles : L’urbanisation a favorisé l’émergence de très grandes villes. En 2019, on compte 570 agglomérations qui dépassent le millions d’habitants dans le monde. Parmi elles, se distinguent encore les agglomérations de plus de 10 millions d’habitants que l’on appelle mégapole qui sont 30, principalement situées dans les pays des Suds (24 sur 30). Tokyo reste la métropole la plus peuplée du monde avec 37 millions d’habitants suivie de New Delhi (29 millions) et Shanghai (26 millions). Dans ces mégapoles, les enjeux environnementaux, de transports, d’infrastructures et d’emplois sont immenses et génèrent des inégalités entre elles. B. Un processus croissant de métropolisation. Des lieux de richesse : Les métropoles concentrent les activités et les richesses produites. Le PUB, produit urbain brut, qui permet de calculer la richesse produite dans les agglomérations, met en évidence la puissance de certaines métropoles qui produisent plus de richesses que les états. Ainsi Tokyo, 1e PUB mondial en 2017 (1 900 milliards de dollars) produit autant de richesse que l’Italie entière. Une concentration des fonctions de commandement : Les plus grandes métropoles vont rassembler d’abord des fonctions économiques et financières : sièges sociaux des firmes transnationales, principales places boursières qui sont concentrées dans les quartiers des affaires (City à Londres). Mais les métropoles concentrent aussi des activités culturelles et scientifiques comme les universités, les centres de recherche, les musées. Les métropoles rayonnent dans les domaines politique et culturel. Si la majorité d’entre elles sont des capitales politiques et concentrent les ministères et assemblées (Paris, Mexico, Delhi), elles peuvent aussi accueillir les sièges des institutions internationales (siège de l’ONU et du FMI à New York, UNESCO à Paris) et diplomatiques (ambassades, consulats). Les grands métropoles vont concentrer les évènements planétaires (jeux olympiques, expositions universelles). Elles sont également d’importantes destinations du tourisme international (New York, Paris, Shanghai). Les mégalopoles : Les métropoles ne cessent de s’étendre. Certaines finissent par se rejoindre et former de vastes régions urbaines appelées mégalopoles. Les plus importantes sont celles situées au Nord Est des États-Unis (Megalopolis entre Boston et Washington), au Japon (entre Tokyo et Osaka) et en Europe entre Londres et Milan. D’autres sont en formation en Chine, en Inde, Californie. Les métropoles sont au cœur de réseaux de transports modernes, d’infrastructures de communication comme les aéroports, les lignes à grande vitesse, les hubs portuaires qui les rendent facilement accessibles. Elles forment pour les plus importantes l’archipel mégalopolitain mondial dans lequel circulent des flux financiers, humains et d’informations. C. Une métropolisation inégale. Les villes globales et les villes mondiales Les « global cities », villes mondiales ou encore alpha ++, voici quelques classements permettant de mettre en évidence les métropoles qui dominent la hiérarchie mondiale. Ces classements mettent en évidence le fait qu’un petit nombre de métropoles dominent les échanges (New York, Londres, Tokyo, Paris, Singapour, Hong Kong, Shanghai). Entre ces métropoles entre elles et entre elles et les autres, se déroule une compétition métropolitaine pour attirer les chercheurs, les fonctions de commandement en mettant en place des politiques d’aménagement urbain de plus en plus ambitieuses. Les projets architecturaux les plus audacieux (Dubaï), l’organisation de compétitions sportives (JO, coupe du monde de football, de rugby…) permet de revendiquer le statut de « global city ». Des métropoles incomplètes ou secondaires : Peu de villes cumulent l’ensemble des fonctions de commandement dans l’ensemble des domaines. La plupart des métropoles sont incomplètes car elles ne concentrent des fonctions de commandement que dans un ou deux domaines. Ainsi la ville d’Ottawa est la capitale politique du Canada et centralise les fonctions de commandement politique et administratif alors que Toronto est la capitale économique du pays. Venise est une ville connue mondialement et qui est très attractive d’un point de vue touristique alors qu’elle ne possède peu voire pas de fonctions économiques et politiques Un nombre important de métropoles ne rayonne qu’à l’échelle nationale. En France, des villes comme Nantes, Lille, Toulouse sont des métropoles régionales. Dans les pays des Suds, les métropoles cherchent elles aussi à être attractives. Mais les difficultés liées à l’étalement urbain anarchique, à l’insuffisance d’infrastructures de transport et d’accès aux besoins essentiels (eau, électricité) restent des freins majeurs à leur développement. Ainsi, une métropole comme Dacca qui rassemble près de 20 millions d’habitants ne rayonne pas au-delà de ses frontières. II. DES METROPOLES EN MUTATION A. Définir les métropoles mondiales. L’organisation traditionnelle des métropoles mondiales : Les métropoles mondiales sont d’abord marquées par l’importance des moyens de transports et des aménagements les connectant à l’échelle mondiale (port à conteneur, aéroport de niveau mondial, système de métros et de transports en commun complet). Les lieux de concentration des pouvoirs sont spécialisés : Les fonctions économiques et financières dans des quartiers des affaires basés sur le modèle des CBD étatsuniens. Ils sont généralement situés dans le centre-ville et se distinguent par la densité de bureaux, de sièges sociaux et de services pour les entreprises. Le modèle du gratte-ciel apparu aux Etats Unis s’est généralisé au point de définir le quartier des affaires. Les lieux de pouvoir politiques et diplomatiques sont eux aussi groupés dans les quartiers anciens de la ville centre. Les métropoles mondiales sont des nœuds de communication et de transport. Elles organisent dans les ports, les aéroports des hubs qui concentrent et redistribuent les flux de personnes, de marchandises mais aussi de capitaux, d’informations de services avec les fibres optiques à grande vitesse. Ces infrastructures de transport sont connectées entre elles, aboutissant à une multimodalité du transport, permettant aux marchandises de passer du train au camion, à l’avion et au bateau en quelques instants. Des espaces marqués par l’étalement urbain : La métropolisation accélère l’étalement urbain et la périurbanisation. La concentration des activités et du dynamisme dans ces métropoles provoque un flux de population constant qui s’installe de plus en plus loin du centre dans des logements qui correspondent à leur niveau de vie ou à leur choix. Ces espaces périurbains sont de plus en plus éloignés des espaces d’activités économiques (zones industrielles, quartiers d’affaires…), augmentant les temps de déplacement en ville. Un habitant de la métropole parisienne passera en moyenne plus d’une heure de transport par jour pour une distance moyenne inférieure à 30 kms. B. Des espaces en recomposition. Des espaces de plus en plus polycentriques et spécialisés : Face à la saturation des centres-villes qui manquent de place et où les prix des loyers sont exorbitants, de nouveaux centres apparaissent. Ce sont des centres secondaires spécialisés (edge cities aux États-Unis) qui concentrent une partie des activités de la ville centre. C’est dans cette logique que sont mises en place les villes nouvelles ou les technopoles comme le plateau de Saclay à Paris. Les espaces sont de plus en plus spécialisés. On parle de zonage, c’est-à-dire de spécialisation des territoires urbains en fonction des activités. Ainsi, à Paris, les activités aéroportuaires se développent autour de l’aéroport de Roissy, avec une immense zone industrielle qui concentre des milliers d’emplois. Ces territoires sont parfois en concurrence entre eux pour attirer le plus d’entreprises, d’emplois (Paris concurrence entre Roissy et Orly voire le Bourget). Une course à la verticalité : Les quartiers des affaires traduisent les rivalités entre les métropoles. Cela se traduit dans une course à la verticalité pour avoir la tour la plus haute du monde, surtout dans les métropoles des pays émergents, qui ambitionnent d’être reconnues dans le classement des villes mondiales. Les quartiers des affaires deviennent des vitrines incarnant la modernité et les « skyline » (silhouette urbaine) de Pudong ou Manhattan permettent d’identifier les métropoles de Shanghai et New York mieux que des monuments. Cela entraîne une homogénéisation des paysages des métropoles : la multiplication des gratte-ciel en verre et en acier, les formes similaires rendent difficile les distinction entre Toronto et Shanghai et Londres. C. Des espaces marqués par des inégalités et des contrastes. Un accroissement des inégalités : L’augmentation de la valeur des quartiers centraux a pour conséquence de renforcer le contraste et la fragmentation socio-spatiale. Les classes supérieures choisissent d’habiter dans des quartiers centraux ou dans des banlieues périurbaines avec des cadres de vie remarquables (port de plaisance, forêt, lac, golf…) La multiplication des gated communities renforce ces contrastes. Les populations les plus pauvres sont marginalisées et concentrées dans des quartiers à l’écart des dynamiques des zones d’emploi et souvent des moyens de transport. Lorsque des quartiers ouvriers demeurent dans les villes centre, ils sont souvent l’objet d’une gentrification plus ou moins active. Des populations aisées achètent des habitations, amenant à une transformation du quartier, des commerces et à un départ des populations les plus pauvres. La pauvreté se renforce dans les métropoles : dans les pays des Suds, les bidonvilles qui concentrent les populations les plus pauvres dans des quartiers illégaux marqués par la précarité et l’absence d’infrastructures (eau, électricité) restent très nombreux. Dans le monde aujourd’hui, près de 900 millions de personnes vivent dans ces quartiers et sont fortement exposées aux risques (inondations, pollution…). Dans les pays des Nords, l’explosion des prix des loyers aggrave la crise du logement et renforce la marginalisation des populations pauvres dans des quartiers défavorisés (banlieues, ghettos aux États-Unis). CONCLUSION : La métropolisation et l’urbanisation sont largement associées à la mondialisation et ont donné naissance à l’avènement d’une catégorie de ville, les villes mondiales ou villes globales qui organisent l’économie mondiale, développant entre elles des relations complexes, à la fois concurrentes et connectées entre elles. La métropolisation a renforcé leurs rôles mais elle les a aussi et surtout hiérarchisées entre elles. Ces mutations ont abouti à une transformation des paysages urbains et à une spécialisation des quartiers qui sont inégalement intégrés dans le processus de métropolisation. Les paysages urbains ont parfois abouti à une ségrégation socio-spatiale renforçant les inégalités urbaines. Être citadin à New York, Paris, La Courneuve ou Nevers, ce n’est vraiment pas la même chose.