Cours Élève Stratification Sociale France 2024-2025 PDF

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Ce document est un aperçu des cours sur la stratification sociale en France, destinés aux élèves de seconde. Il porte sur les notions clés de la stratification sociale et aborde différentes théories sociologiques. Le document comprend un grand nombre de questions de compréhension et d'application.

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Source : La distinction, librement inspirée du livre de Pierre Bour-...

Source : La distinction, librement inspirée du livre de Pierre Bour- dieu. De Tiphaine Rivière Chapitre 2 - sociologie - Comment décrire la structure de la société française actuelle ? I – Quels sont les _______________________________________ jouant un rôle important dans la hiérarchisation de la société française actuelle ? A – L’espace social est structuré par de multiples facteurs : ________________________________ 1 – Capital économique et capital culturel : la société est pensée comme un « espace social » par Pierre Bourdieu 2 – Étude de documents B – Les autres facteurs qui structurent l’espace social : position dans le cycle de vie, composition du ménage, sexe, lieu de résidence. 1 – La ___________________________________________________ 2 – Le ___________________________________________________ 3 – La ___________________________________________________ 4 – Le ___________________________________________________ II - Les grandes évolutions de la structure socioprofessionnelle en France depuis les années 1950. A - ___________________________________________________ B – ___________________________________________________ C –___________________________________________________ D –___________________________________________________ III - La société française est-elle une société de classes ? A – Les théories des classes sociales et de la stratification sociale dans la tradition sociologique 1 – L'analyse de Karl ______________ 2 – L'analyse de Max ______________ B – Le renouveau de l'analyse de la structure de la société française actuelle autour du débat sur l'existence des __________________________________ 1 – Des transformations dans la structure de classes traditionnelles ( observée par K. Marx ) a – _________________________________________ des classes sociales traditionnelles b – La montée des _________________________________ pendant les Trente Glorieuses c – Fin de la _____________________________ de classe traditionnelle 2 – Néanmoins, de nombreuses enquêtes de terrain et publications insistent, des années 1990 à au- jourd’hui, sur la persistance, voire le renouveau des inégalités économiques et sociales, favorisant ainsi le maintien d’une structure de classes et d’expériences de domination. a – Les ______________________ demeurent et même augmentent depuis les années 2000. Analyse d’O. ______________ / Analyse de L.______________ / Analyse de R. ______________ b – Subsistance de sous-cultures de ____________________________ L'analyse de Michel Pinçon et de Monique ________________ / L’analyse de Nicolas _________ 3 - La complexité des sociétés post-industrielles contemporaines nécessite de repenser les outils théoriques pour rendre compte de la structure sociale. a - Les inégalités _____________________________ b - Les progrès de ____________________________ Chapitre 2 - sociologie - Comment décrire la structure de la société française actuelle ? I – Quels sont les facteurs de différenciation (ou structuration) jouant un rôle important dans la hiérarchisation de la société française actuelle ? A – L’espace social est structuré par de multiples facteurs : diplôme, CSP, revenu. 1 – Capital économique et capital culturel : la société est pensée comme un « espace social » par Pierre Bourdieu (sociologue français, 1930-2002). Définition d’espace social : « ensemble de positions distinctes et coexistantes (...) définies les unes par rapport aux autres (...) par des relations de proximité, de voisinage ou d’éloigne- ment et aussi par des relations d’ordre comme « au-dessus », « au-dessous » et « entre » ». (P. Bourdieu, 1994) Pour Pierre Bourdieu, les sociétés contemporaines sont principalement structurées par : le capital économique (qui désigne le revenu et le patrimoine) ; et le capital culturel ( qui désigne le K certifié + le K incorporé + le K objectivé) K certifié = le niveau de diplôme et autres titres scolaires K incorporé = langage, capacités intellectuelles, savoir et savoir-faire = la manière de parler, la voix que l’on a, l’accent que l’on a, la façon de se tenir, avoir ou non une pratique musicale, etc. K objectivé = biens culturels possédés La société peut alors être représentée par un espace à deux dimensions ( voir doc. ci-dessous ) sur lequel sont positionnés les individus, d’une part en fonction de leurs ressources globales, d’autre part en fonction de la structure de leur capital (plutôt économique ou plutôt culturel). La perti- nence de cette représentation se vérifie par la proximité dans les goûts et les pratiques des individus proches dans l’espace social. Au-delà des capitaux économiques et culturels, la notion d’espace so- cial permet d’insister sur le caractère multidimensionnel de la différenciation sociale. Remarques : ➔ P. Bourdieu distingue deux autres types de capital : le capital social = réseau de relations qu’un individu peut mobiliser. le capital symbolique : prestige ou considération conférée par la possession des trois autres formes de capital. Remarque : tout capital peut fonctionner comme capital symbolique. ➔ Pierre Bourdieu parle de « capital » car ces ressources sont accumulées et partiellement transmises des parents aux enfants. ➔ Selon Pierre Bourdieu, les individus dotés d’un même volume et d’une même structure de capital global constituent une classe sociale. Plus précisément, une classe sociale regroupe les individus ayant une même _____________________________ de capital (qu’il soit ________________________ ou ________________________________). Les classes su- périeures et les classes moyennes peuvent être subdivisées en une fraction ________________________________ et une fraction _____________________________________________ en fonction de la _______________________________ du K possédé. La fraction dominante étant celle qui possède relativement plus de K ____________________________ que de K ________________________________________. ➔ La hiérarchie sociale découle donc de la distribution inégale des différents capitaux avec une dimension quantitative, mais aussi qualitative. ➔ Pierre Bourdieu identifie trois classes sociales liées à la possession de ces capitaux et à des habitus et des styles de vie spécifiques. ➔ Voir dictionnaire de SES à : Bourdieu (Pierre), habitus et style de vie. Document : A grands renforts de statistiques, d’entretiens, de descriptions et de photos, le sociologue Pierre Bourdieu montrait (dans La distinction, 1979) comment la culture et les styles de vie fonctionnaient, dans la société française, comme des machines à produire des différences et des hiérarchies. (…) Les formes les plus légitimes, les plus « nobles », de culture (visites des musées et galeries, opéra) sont appro- priées par les classes supérieures. Ces dernières sont singées par les classes moyennes, qui se contentent de pro- duits dégriffés et ersatz(1) de culture légitime : jazz en lieu et place de musique classique, photographies, revues de vulgarisation, cinéma … Les classes populaires, elles, tendent à s’auto-exclure du jeu de la culture (« ce n’est pas pour nous »), se contentant de « produits culturels de grande diffusion » : variétés, spectacles sportifs, télévi- sion, romans policiers… Même lorsque des pratiques sont partagées par tous les groupes en matière de musique classique, les ouvriers diront préférer Le beau Danube bleu(2), tandis que les cadres préféreront Le clavecin bien tempéré(3). Certains iront à la piscine pour se détendre, d’autres iront, tôt le matin, pour faire des longueurs. C’est ainsi dans virtuellement toutes les pratiques (logement, tourisme, alimentation) que s’exprime ce système de diffé- rences de classes. Et même de fractions de classe : les classes supérieures sont par exemple les principales consommatrices de théâtre, mais, en leur sein, les individus les mieux dotés en capital culturel ( enseignants du su- périeur, par exemple ) s’orienteront davantage vers le théâtre d’avant-garde et mépriseront le théâtre de boulevard prisé par les mieux dotés en capital économique ( patrons, professions libérales ). Source : X. Molénat, « Les nouveaux codes de la distinction », Sciences Humaines, n°224, mars 2011. (1) Substitut, ce qui remplace quelque chose. (2) Célèbre valse de Johann Strauss (XIXe siècle), devenue une musique populaire. (3) Œuvre de Jean-Sébastien Bach (XVIIIe siècle), considérée comme de portée historique et artistique. Questions : Q1 – Donnez des exemples d’opposition de classes dans les domaines du logement, du tourisme, de l’alimentation. Q2 – Combien y a-t-il de classes pour Bourdieu ? Quelles relations entretiennent-elles ? Pour ré- pondre à cette question, complétez le texte ci-dessous. Bourdieu distingue trois grandes classes : la classe ____________________________ qui est com- posée de l’ensemble des agents _____________ dotés en capitaux ( _______________ et gros in- dépendants ) et dont les pratiques sont _____________________________, c’est-à-dire servant d’exemple à l’ensemble de la société ; les classes ______________________________ composées des _______________________________, commerçants, techniciens et instituteurs par exemple, qui sont des classes ___________________________________ dont les membres sont mus par une volonté d’________________________________ sociale et aspirent à des pratiques légi- times ; les classes _____________________________________________ qui regroupent les agents ___________________ dotés en capitaux et qui sont soumis à l’ordre social imposé par la classe ____________________________________________. Classes supérieures = stratégies de ______________________, comportements de ________________________ ; sont la référence pour la société. Classes moyennes = comportements d’___________________________________. Classes inférieures = tendance à s’_______________________________________. Q3 - Les classes s’opposent-elles seulement sur le type de biens ou services culturels qu’elles consomment ? 2 – Étude de documents→ docs 1 et 2 p 148 B – Les autres facteurs qui structurent l’espace social : position dans le cycle de vie, composition du ménage, sexe, lieu de résidence. 1 – La position dans le cycle de vie ➔ Les sciences sociales ont souvent saisi l’âge comme objet, en soulignant qu’il ne s’agissait pas seulement d’une donnée biologique. L’âge est aussi un fait social avec des effets sur la position sociale de l’individu : son prestige, les revenus auxquels il peut prétendre, la stabi- lité dans l’emploi, ses chances d’accès au pouvoir politique, etc. ➔ Doc 1 p 150 ➔ Sur le site de l’Observatoire des inégalités : Chômage : les jeunes toujours aux premières loges : https://www.inegalites.fr/taux-de-chomage-par-age Revenus : les jeunes à la traîne : https://www.inegalites.fr/Revenus-selon-l-age La pauvreté selon l’âge : https://www.inegalites.fr/La-pauvrete-selon-l-age Les jeunes adultes peu diplômés, marqués par le travail précaire : https://www.inegalites.fr/Les-jeunes- adultes-peu-diplomes-marques-par-le-travail-precaire Le patrimoine selon l’âge : https://www.inegalites.fr/Le-patrimoine-selon-l-age ➔ Vidéo / Camille Peugny : « La précarité grignote l’existence des jeunes » : https://www.youtube.com/watch?v=ELoKae18gVU 2 – Le sexe ➔ Le sexe reste un facteur explicatif fort de la position occupée dans la hiérarchie sociale mal- gré les évolutions. Les représentations associées au sexe continuent à avoir un effet sur la place occupée par les femmes sur le marché du travail, sur la répartition du travail domes- tique ou encore sur l’accès aux positions de pouvoir. ➔ Doc 3 p 151 → vidéo « L’inégalité salariale entre hommes et femmes en chiffres », Grand écart #1, Pour l’Eco, 2/9/2020 (6’21) : https://www.youtube.com/watch?v=5wyZ530Mkvg&t=261s ➔ Voir le document de la page 146 : Les Glorieuses, la newsletter féministe. ➔ Sur le site de l’Observatoire des inégalités : Tâches domestiques : l’égalité progresse dans les jeunes couples : https://www.inegalites.fr/Taches- domestiques-l-egalite-progresse-dans-les-jeunes-couples Le partage des tâches domestiques et familiales ne progresse pas : https://www.inegalites.fr/Le-partage- des-taches-domestiques-et-familiales-ne-progresse-pas Inégalités entre les femmes et les hommes, notre tableau de bord : https://www.inegalites.fr/Inegalites- entre-les-femmes-et-les-hommes-notre-tableau-de-bord La parité en politique ne progresse plus : https://www.inegalites.fr/paritefemmeshommespolitique Les Français se disent de moins en moins sexistes : https://www.inegalites.fr/Les-Francais-se-disent-de-moins- en-moins-sexistes ➔ Age, sexe et profession : qui sont les nouveaux députés ? Le Monde : https://www.lemonde.fr/les- decodeurs/article/2024/07/08/age-sexe-profession-qui-sont-les-nouveaux-deputes_6247938_4355770.html ➔ Notions de plafond de verre et de mur de verre 3 – La composition du ménage ➔ Doc 2 p 150 ➔ Sur le site de l’Observatoire des inégalités : La pauvreté selon le type de ménage : https://www.inegalites.fr/La-pauvrete-selon-le-type-de-menage Pauvres, moyens ou riches ? Les revenus par type de ménage : https://www.inegalites.fr/Pauvres-moyens- ou-riches-Les-revenus-par-type-de-menage Pourquoi certains enfants vivent-ils dans la pauvreté ? : https://www.inegalites.fr/Pourquoi-certains-enfants- vivent-ils-dans-la-pauvrete Famille monoparentale rime souvent avec pauvreté : https://www.inegalites.fr/Famille-monoparentale-rime- souvent-avec-pauvrete 4 – Le lieu de résidence ➔ Le lieu de résidence est un facteur de bien-être, mais aussi un reflet de la position sociale, donc un facteur d’élection ou de stigmatisation, qui peut, par exemple, rendre plus ou moins difficile l’accès au travail. Les différents espaces ont ainsi une valeur sociale, économique et symbolique inégale, ce que reflète par exemple l’expression de « beaux quartiers », quartiers dont l’usage et la propriété sont souvent associés à des stratégies de distinction. De nom- breux travaux ethnographiques ont exploré, depuis une vingtaine d’années, la façon dont le lieu de résidence infléchit les trajectoires scolaires, amoureuses, professionnelles : dans les beaux espaces, dans les zones sensibles, dans les quartiers pavillonnaires, dans les cam- pagnes en déclin. ➔ Vidéo : extrait du film documentaire de Y. Benguigui « 9.3, mémoire d’un territoire » ; (de 56’25 à 1h02’20) + (1h18’36 à fin) ➔ Vidéo : Entretien avec Benoît Coquard, sociologue à l’Institut national de la recherche agro- nomique (Inra) et auteur de "Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin" (Ed. La Découverte, 2019), sur France Inter, à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch? v=Cat0-nioQ2k ➔ Podcast de France Culture, Les filles du coin : penser la ruralité au féminin, octobre 2021 : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-territoriaux/les-filles-du-coin-penser-la-ruralite-au-feminin-7709696 ➔ Doc 4 p 151 ➔ Sur le site de l’Observatoire des inégalités : Les adolescentes des cités sont-ils enfermés dans des ghettos ? : https://www.inegalites.fr/Les-adolescents- des-cites-sont-ils-enfermes-dans-des-ghettos Inégaux face à la mobilité : https://www.inegalites.fr/Inegaux-face-a-la-mobilite Conclusion du A et B ➔ Les différents facteurs de différenciation sociale Questions Q1 - Parmi les 7 facteurs présentés dans le doc. 4, lequel correspond au capital économique, lequel correspond au capital culturel ? Q2 - Quels liens ces deux facteurs entretiennent-ils avec les 5 autres facteurs de différenciation so- ciale ? ➔ S’autoévaluer / vrai ou faux ? page 151 II - Les grandes évolutions de la structure socioprofessionnelle en France depuis les années 1950. A – Salarisation La salarisation de l’emploi, c’est-à-dire l’augmentation de la part des salariés dans l’emploi, constitue une autre grande évolution de la structure socioprofessionnelle observée au XX° siècle. Voir la vidéo du doc 1 p 152 et répondre aux questions → 1972 : Rester agriculteur ou aller à l’usine ? Archives de l’INA → https://www.youtube.com/watch?v=UIhooaYlxwU Voir graphique de la page 165. Remarques : La salarisation de l’emploi s’explique principalement par la concentration des exploitations agricoles, le déclin de l’artisanat, le développement de l’industrie et de la grande distribu- tion. Le salariat est devenu au XXe siècle le socle de la protection sociale des actifs. Le statut de salarié est encadré par des normes (droit du travail, protection sociale) et des institu- tions spécifiques permettant de réguler les conflits inhérents aux relations de travail et confèrent une protection aux salariés, les inscrivant ainsi dans un cadre collectif. Le statut de salarié est celui qui donne le plus de protection aux travailleurs en matière de licencie- ment. En contrepartie de cette protection élargie, le statut de salarié est le seul qui implique une subordination du travailleur à l’employeur (pendant les heures de travail fixées dans le contrat de travail). Depuis le milieu des années 2010, on assiste à un rebond du travail indépendant, porté notamment par la création du régime d’auto-entrepreneur en 2009 (puis micro-entrepreneur en 2014). L’externalisation de certains services par les entreprises et le développement des plateformes d’intermédiation contribuent à cet essor. B – Qualification Le niveau de qualification individuelle des travailleurs, acquise grâce aux études et à l’expérience, s’est fortement élevé. → Lire le doc 2 p 152 et répondre aux questions. C - Tertiarisation La tertiarisation de l’emploi désigne l’augmentation de la part des emplois producteurs de services dans tous les secteurs d’activité, y compris dans le secteur industriel. Le secteur tertiaire, c’est-à-dire le secteur de la production des services, concernait 46% des em- plois en 1968 et 80% des emplois en 2021. Depuis les années 1980, on note en particulier de fortes créations d’emploi dans la santé, l’action sociale, culturelle et sportive, dans les services aux parti- culiers et aux entreprises et dans le commerce (avec la hausse des activités de conception et de mar- keting). À l’inverse, les emplois dans l’industrie, dans le secteur de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche ont diminué. → Voir doc 3 p 152 L’évolution de la répartition sectorielle de la population active s’explique par des différentiels de gains de productivité et d’accroissement de la demande selon les secteurs : Des gains de productivité élevés dans les secteurs primaire et secondaire et une augmenta- tion de la demande (et donc de la production) comparativement plus faible dans les secteurs primaire et secondaire expliquent la progression du secteur tertiaire. À l’inverse, des gains de productivité relativement plus faibles associés à une forte de- mande en services expliquent le mouvement de tertiarisation de l’emploi. D - La féminisation Une évolution majeure est la féminisation des emplois. Les femmes ont toujours travaillé, à la fois pour la production non marchande et marchande, mais pendant longtemps, la participation des femmes au travail marchand, notamment dans l’agriculture et le commerce, était invisibilisée. En France, dès le début de XX° siècle, la féminisation de la population active était déjà relativement importante comparativement aux autres pays européens, mais à partir des années 1960-1970, le mouvement s’amplifie. Lire le doc 4 p 153 et répondre aux 3 questions. Conclusion du II ➔ Exercice doc 5 p 153 ➔ S’autoévaluer / vrai ou faux ? Page 151 ➔ Vidéo : « Les 5 mutations majeures de l'emploi depuis 30 ans », sur Xerfi Canal, à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=BABnMp2J8ww Bilan du I et II → Schéma A de la page 164 Piste de sujet pour le GO → voir page 153 L’ouvrier est-il une figure du passé ? France Culture : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/l-ouvrier-est-il-une-figure-du-passe-6272698 III - La société française est-elle une société de classes ? A – Les théories des classes sociales et de la stratification sociale dans la tradition sociologique Introduction : La notion de stratification sociale (au sens large) désigne un système hiérarchisé de statuts repré- sentant des inégalités de pouvoir, de richesse, de prestige et des inégalités culturelles entre les membres d’une société. La stratification sociale est donc le classement des individus entre des po- sitions (jugées supérieures, moyennes, inférieures) au regard de certains critères fonctionnant comme des valeurs, des idéaux. La stratification sociale est donc un ensemble de plusieurs hié- rarchies sociales, chaque hiérarchie étant relative à un critère de classement donné. 1 – L'analyse de Karl MARX ➔ Présentation de Karl Marx (1818-1883) : voir dictionnaire de SES. ➔ Répondez aux questions ci-dessous à partir des docs 1 et 2. Document 1 L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui fi- nissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte. ( … ) La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois. (...) Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les anta- gonismes de classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat. (...) A mesure que grandit la bourgeoisie, c’est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ou- vriers modernes qui ne vivent qu’à condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail ac- croît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de com- merce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché. (…) Une fois que l'ouvrier a subi l'exploitation du fabricant et qu'on lui a compté son salaire, il devient la proie d'autres membres de la bourgeoisie : du propriétaire, du détaillant, du prêteur sur gages, etc. Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tout l'échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat; d'une part, parce que leurs faibles capitaux ne leur permettant pas d'em- ployer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes; d'autre part, parce que leur habileté technique est dépréciée par les méthodes nouvelles de production. De sorte que le prolétariat se recrute dans toutes les classes de la population. Source : K. Marx, F. Engels, Manifeste du parti communiste, 1848 Document 2 Le rapport officiel entre le capitaliste et le salarié est d'un caractère purement mercantile. Si le premier joue le rôle de maître et le dernier le rôle de serviteur, c'est grâce à un contrat par lequel celui-ci s'est non seulement mis au service, et partant sous la dépendance de celui-là, mais par lequel il a renoncé à tout titre de propriété sur son propre produit. Mais pourquoi le salarié fait-il ce marché ? Parce qu'il ne possède rien que sa force personnelle, le travail à l'état de puissance, tandis que toutes les conditions extérieures requises pour donner corps à cette puissance, la matière et les instruments nécessaires à l'exercice utile du travail, le pouvoir de dis- poser des subsistances indispensables au maintien de la force ouvrière et à sa conversion en mouvement pro- ductif, tout cela se trouve de l'autre côté. Source : K. Marx, le Capital, livre 1, 1867. Questions : 1 – Quel est le moteur de l’histoire de toute société selon Marx et Engels ? ( doc 1 ) 2 – Combien y a-t-il de classes dans la « société bourgeoise moderne » ? ( doc 1 ) 3 – Quels sont leurs rapports ? ( docs 1 et 2 ) 4 – Pourquoi les salariés acceptent-ils le marché organisé par les capitalistes ? ( doc 2 ) 5 – La modernisation transforme-t-elle la structure de classes ? ( doc 1 ) ➔ Lire le doc 2 p 154 et répondre aux questions. ➔ Définition de « classe sociale » selon Marx : Une classe sociale selon Marx est un groupe d’individus ayant les caractéristiques suivantes : une position spécifique dans le système de production qui dépend de la propriété ou non des moyens de production. Qui possède le capital ? Qui possède le travail ? Donc les individus d’une même classe sociale ont une activité économique semblable ( liée à la possession du capital ou à la possession du travail ) et donc des modes de vie et des fa- çons de penser semblables. Remarque : on peut parler ici de détermination économique des classes sociales. une conscience de classe ( sentiment d’appartenir à un groupe ayant des intérêts communs ) composée d’une conscience d’unité et d’une conscience d’opposition. Elle permet de pas- ser de la « classe en soi » à la « classe pour soi ». des rapports conflictuels avec d’autres classes sociales. Conclusion : L’analyse de la stratification sociale de Marx est une analyse conflictuelle : la société est faite de forces contraires engendrées par les groupes sociaux en conflits car inégaux et ayant des intérêts di- vergents. Les luttes sont permanentes, cachées ou explicites. Il fait aussi une analyse dynamique de la stratification sociale car c’est la lutte de classes qui est le moteur de l’histoire selon Marx. Le conflit social est donc central dans l’analyse de Marx. Enfin, il fait une analyse unidimensionnelle (détermination économique) et a une approche réaliste de la société (les concepts utilisés tra- duisent une réalité sociale objective qui existe indépendamment du regard du sociologue). Des vidéos pour approfondir / GO Les classes sociales : l'analyse de Karl Marx, sur Digischool : https://www.youtube.com/watch?v=1pYmqDnvTh8 Karl Marx, le combattant sur France Culture : https://www.franceculture.fr/philosophie/karl-marx-le-combattant Karl Marx, penseur visionnaire | ARTE https://www.facebook.com/watch/?v=169587961008720 (version courte) https://www.youtube.com/watch?v=9FM-bt7onqo (version normale) Karl Marx (1818-1883), l'horizon du monde : Une vie, une œuvre (2012 / France Culture) https://www.youtube.com/watch?v=Ri-syAkBFRs Génies des temps modernes, Karl Marx : https://www.youtube.com/watch?v=MrvWJp3V7Bw 2 – L'analyse de Max WEBER ➔ Présentation de Max Weber (1864-1920) : voir dictionnaire de SES. ➔ Lire le doc 3 p 155 et répondre aux questions. ➔ Max Weber distingue trois stratifications sociales ou échelles hiérarchiques distinctes : l’ordre économique : la hiérarchie suit le critère de la richesse économique et elle est com- posée de classes sociales. L’ordre social : la hiérarchie suit le critère du prestige (c’est-à-dire la considération sociale liée au style de vie, à la naissance, à l’instruction, donc à une certaine distinction symbo- lique) et elle est composée de groupes de statuts. L’ordre politique : la hiérarchie suit le critère du pouvoir et elle est composée de partis po- litiques. ➔ Ces trois hiérarchies sont distinctes (ex : une personne riche n’a pas forcément de prestige ou une personne pauvre économiquement peut avoir une renommée prestigieuse) mais elles sont fortement liées (ex : souvent la renommée et la richesse économique vont de paire). ➔ Qu’est-ce qu’une classe sociale selon M. Weber ? Classe sociale : ensemble des individus, regroupés par le sociologue, ayant un même niveau de revenu et une même façon d’obtenir ce revenu ( salaire ou rente ), ce revenu permettant une chance égale d’accéder à un certain nombre de biens et de services. La place dans la consommation est déterminante. ➔ Vidéo sur DigiSchool Lycée /Les classes sociales, l'analyse de Max Weber : https://www.youtube.com/watch?v=Y9RKzy7OO8Y ➔ Remarques : Selon Weber, la classe sociale n’est qu’un instrument d’analyse de la réalité, créé, nommé par le sociologue. On dit que l’approche de Weber est nominaliste. Les classes sociales sont donc plus des noms que des choses, elles sont «le produit de ce que l’on nomme». Pour We- ber, les membres d’une même classe sociale n’ont pas forcément d’intérêts communs et en- core moins de conscience de classe. Ce sont donc juste des individus juxtaposés, qui ne constituent pas une classe sociale au sens marxiste du terme. L’analyse de Weber de la stratification sociale est multidimensionnelle et est moins centrée sur l’ordre économique que celle de Marx. L’analyse de Weber est consensuelle, dans le sens où les différences entre chaque groupe so- cial sont surtout le résultat de la division du travail où chaque groupe a une fonction spéci- fique dans la société. Même si des conflits ouverts peuvent parfois se constituer. La lecture de la stratification sociale par Weber est donc plus neutre que celle de Marx. Conclusion du A ➔ Exercice 4 p 155 ➔ S’autoévaluer / compléter un texte à trous / page 155 ➔ Vidéo sur DigiSchool Lycée /L’espace social vu par P. Bourdieu : https://www.youtube.com/watch?v=hOZqOdP82uk&t=135s B – Le renouveau de l'analyse de la structure de la société française actuelle autour du débat sur l'existence des classes sociales 1 – Des transformations dans la structure de classes traditionnelles (observée par K. Marx) a – Hétérogénéisation et disparition des classes sociales traditionnelle ➔ La classe ouvrière évolue : baisse d'effectifs et éclatement entre ouvriers qualifiés et ou- vriers non qualifiés, ainsi que dans son recrutement ( de + en + de femmes, de jeunes – ba- by-boom -, d’immigrés). On dit qu’il y a augmentation des distances intra-classes, que la classe ouvrière est une « classe en éclats ». On peut aussi parler de la « désouvriérisation» de la culture et du mode de vie des ouvriers qui en découle. ➔ Modification de la composition de la classe supérieure : les CPIS remplacent peu à peu la On est passé, entre le début et la fin du XX° siècle, d’une domination de la bourgeoisie capi- taliste (milieu fermé, propriétaire des moyens de production), à celle de classes dirigeantes et dominantes dont la légitimité est basée avant tout sur le mérite scolaire, c’est-à-dire les « cadres ». La classe supérieure s’hétérogénéise donc, et les valeurs bourgeoises tendent à s’atténuer ou à disparaître. Les CPIS remplacent les bourgeois. Voir dictionnaire de SES à « bourgeoisie ». b – La montée des classes moyennes pendant les Trente Glorieuses ➔ Définition de la moyennisation La moyennisation de la société française désigne l’augmentation du niveau de vie de la popula- tion et l’homogénéisation des modes de vie et des modèles culturels (dont les « cadres » sont le point de référence), ayant pour conséquence la diminution de la distance inter-classes (les classes sociales se rapprochent et les frontières entre les classes deviennent floues). La notion de « moyennisation » de la société s’oppose à celle de « polarisation » de la société. La moyennisation correspond donc à l’apparition d’une vaste classe moyenne (composée avant tout de salariés qualifiés du secteur tertiaire, c’est-à-dire de « cadres ») et à l’atténuation des clivages so- ciaux. Elle s’explique par le développement de la protection sociale assurée par l’Etat-providence, par l’instauration du SMIC, par la mobilité sociale, la démocratisation scolaire, l’augmentation du nombre d’emplois qualifiés, notamment dans le secteur tertiaire, la baisse des inégalités et l’in- fluence des médias de masse. ➔ La toupie de H. Mendras : A la polarisation entre classes (ou groupes sociaux) et à l’image de la pyramide pour figurer la stratifi - cation sociale, Henri Mendras préfère celle de la toupie. → c – Fin de la conscience de classe traditionnelle ➔ Présentez le doc 3 p 157 et répondre aux 4 questions. 2 – Néanmoins, de nombreuses enquêtes de terrain et publications insistent, des années 1990 à aujourd’hui, sur la persistance, voire le renouveau des inégalités économiques et sociales, fa- vorisant ainsi le maintien d’une structure de classes et d’expériences de domination. a – Les inégalités demeurent et même augmentent depuis les années 2000. ➔ L'analyse d’Olivier Schwartz : les classes populaires ont remplacé la classe ouvrière. De grandes inégalités persistent et les frontières sociales se sont reconstituées (réapparition de distances inter-classes nettes). Cela s’explique principalement par : l’importance prise par le diplôme d’études qui tend à réduire la mobilité sociale pour les non ou les peu diplômés ; les catégories populaires, qui sont les moins diplômées, sont les plus touchées par la précari- té de l’emploi et le chômage ; les stratégies d’évitement de la mixité sociale mises en place par les catégories supérieures vis-à-vis des catégories populaires dans le domaine du logement et de l’école. O. Schwartz définit ainsi les classes populaires : ce sont les catégories les moins riches, les moins reconnues (y compris par elles-mêmes) et les moins intégrées socialement. Elles sont donc dans une position inférieure, dominée dans l’espace social, et ce de façon multidi- mensionnelle (économique, symbolique et sociale). Les classes populaires constituent un groupe hétérogène composés de salariés et d’indépendants, d’ouvriers et d’employés (per- sonnes occupant des emplois d’exécution – soit 45 % des emplois en 2022 selon l’INSEE – voir doc 5 p 153), d’actifs occupés et d’individus vivant de minima sociaux, de jeunes et de vieux, d’hommes et de femmes. Les classes populaires différent donc de la classe ouvrière traditionnelle, elles sont moins visibles que ne l’était la classe ouvrière. Voir doc 2 p 156. ➔ L'analyse de Louis Chauvel L. Chauvel constate une « remise en cause des tendances à la moindre visibilité des contours de classes » (2004). Il croise des données portant sur les revenus, le patrimoine, la mobilité sociale, la consommation et conclut : « Les tendances des Trente glorieuses ont fait des classes sociales un objet sociologique dépassé, mais ces dernières décennies semblent leur redonner un contenu et des contours plus stables. ». ➔ Robert Castel observe dans les années 1990 la “déstabilisation des stables” du fait de la fin du plein-emploi, du développement de l’intérim et des contrats à durée déterminée qui favorisent l’apparition d’un marché du travail dit « secondaire » où les emplois sont pré- caires, peu diplômés, s’alternant avec des périodes de chômage fréquentes et où les salariés sont moins rémunérés. Voir Activité 1 p 236. R. Castel parle du « précariat » pour désigner les classes populaires qui sont sur ce marché et distinguer un groupe particulièrement sou- mis à l’individualisation des relations de travail et l’accroissement de l’incertitude. Voir doc 1 p 156 →Vidéo / Le précariat, une nouvelle classe explosive : https://www.youtube.com/watch?v=epHX0FJVBSk Voir la vidéo → Le "précariat", une nouvelle classe sociale en colère : https://www.youtube.com/watch?v=-7xx9SInNyM Vidéo / entretien avec Robert Castel → "Sortir du précariat" : https://www.youtube.com/watch?v=f8TCB- JJzHg ➔ On observe une diminution récente du sentiment d’appartenir aux classes moyennes (même si ce sentiment domine encore) au profit d’une augmentation du sentiment d’apparte- nir aux classes les plus défavorisées. Résultat de l’enquête menée par l’IFOP et publiée en 2019, en France : A quelle classe sociale avez-vous plutôt le sentiment d’appartenir ? b – Subsistance de sous-cultures de classes ➔ L'analyse de Michel Pinçon et de Monique Pinçon-Charlot : la classe bourgeoise, der- nière classe sociale au sens marxiste du terme. La grande bourgeoisie, définie par un cumul de capitaux économiques, culturels et sociaux hérités depuis plusieurs générations, constitue selon Monique et Michel Pinçon-Charlot une classe en soi, dont les membres partagent un mode de vie et des réseaux d’interconnais- sance, mais aussi une classe pour soi, mobilisée notamment dans la défense des beaux es- paces qu’ils occupent. Voir des extraits du film inspiré de l’enquête sociologique de Monique et Michel Pinçon-Charlot, « Voyage dans les ghettos du Gotha ». ➔ L’analyse de Nicolas Jounin : Dans le cas où des individus éloignés dans l’espace social se rencontrent, la gêne et l’humiliation témoignent de la force sociale de cette distance. Nicolas Jounin rapporte, dans son livre « Voyage de classes. Des étudiants de Seine-Saint- Denis enquêtent dans les beaux quartiers », plusieurs situations où ses étudiants se re- trouvent en situation d’«encaisser l’humiliation». Ce n’est que par l’étude de la différencia- tion sociale sous l’angle des classes sociales et non seulement en termes d’inégalités qu’il est possible de rendre compte de ce sentiment d’humiliation. Voir la vidéo intitulée « entretien avec Nicolas Jounin - Voyage de classes » sur le site dela librairie Mollat, à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=xlcMJn0wiVw Conclusion du B ➔ Exercice 4 p 157 / les 2 questions. ➔ S’autoévaluer / compléter un schéma / page 157 3 - La complexité des sociétés post-industrielles contemporaines nécessite de repenser les outils théoriques pour rendre compte de la structure sociale. a - Les inégalités multipliées. Document Alors que la structure de classes encadrait les inégalités dans un ensemble relativement stable et li- sible, nous entrons dans un système d’inégalités multiples. Multiples dans le sens où les étalons de mesure des inégalités sont de plus en plus nombreux. La classe sociale agrégeait les inégalités au- tour du travail et d’une condition, les inégalités sont aujourd’hui diffractées sur une série d’indices et d’indicateurs plus ou moins cohérents. Inégalités multiples aussi dans la mesure où chacun de nous se définit dans une pluralité de registres et cristallise plusieurs caractéristiques sociales plus ou moins inégales et plus ou moins congruentes entre elles. Depuis une trentaine d’années, la sociologie a appris à multiplier les variables et nous en maîtrisons un nombre toujours plus grand. De ce fait la statistique sociale et la technique ont profondément changé notre image de la société. A côté du revenu, de l’activité et de quelques autres variables comme le statut matrimonial, nous introduisons dans nos programmes de recherche quantité d’autres dimensions : le sexe, l’âge, le niveau scolaire, l’origine culturelle, le lieu de résidence et d’autres plus « subjectives » comme le mode de vie, le type de consommation, la santé, la taille, le poids, les réseaux… Aucune ne déçoit le chercheur car chacune définit ses propres échelles d’inéga- lité. De plus, nous multiplions les objets et les champs dans lesquels interviennent ces nombreuses variables : l’espérance de vie, la consommation, la culture, les choix éducatifs, les opinions, les orientations politiques, la consommation de tabac, les orientations sexuelles… Au bout du compte, toutes les dimensions de l’expérience et de la vie sociales semblent affectées ou déterminées par toute une série de facteurs que l’on peut distinguer, isoler, additionner, associer, combiner, comme le font les compagnies d’assurances quand elles essaient de calculer les « risques » associés à chaque individu. Ces « nouvelles » inégalités ne sont pas nouvelles, elles sont seulement nouvellement connues. Il n’empêche qu’elles transforment profondément notre conception même des inégalités sociales à la manière dont une nouvelle machine transforme les représentations de la matière ou de la vie. Le dé - terminisme des classes ne résiste pas à ces outils. Les inégalités sociales se multiplient et se frac- tionnent en une série de dimensions conduisant à privilégier les discriminations, les stigmates, les handicaps divers, les plafonds de verre, les diverses formes de capital social, les liens forts et les liens faibles, les effets induits des politiques publiques et les discriminations indirectes, celles qui créent des inégalités sans le vouloir… La structure de classes s’y dissout, mais ce n’est pas pour at- ténuer l’image des inégalités. Au contraire, celles-ci semblent se multiplier et se renforcer tout en décomposant le cadre de la société. Source : F.Dubet, Le travail des sociétés, Seuil, 2009 + Voir docs 1, 2 et 3 p 158-159 b - Les progrès de l’individualisation Document L’analyse des sociétés occidentales par une organisation en classes sociales est remise en cause d’un autre point de vue. C’est l’idée que celles-ci sont en fait de plus en plus structurées par des formes d’individualisation ou d’individualisme. […] L’individualisation correspond à l’idée que les individus auraient de plus en plus la possibilité et le désir, voire l’obligation, de choisir leur façon de vivre, leurs pratiques culturelles et leurs orienta- tions de valeur, indépendamment de déterminations - liées notamment à leur éventuelle apparte- nance de classe - qui, auparavant, s’imposaient à eux sans qu’ils en aient conscience et faisaient cor- respondre des styles de vie et des pratiques culturelles à des groupes sociaux bien différenciés. Le développement de l’individualisation des modes de vie et des valeurs, s’il était avéré, affaiblirait évidemment le pouvoir de structuration des comportements par d’éventuelles appartenances de classes. L’homogénéité interne de celles-ci serait remise en cause par l’apparition de styles de vie divers choisis par les individus de plus en plus en fonction d’idiosyncrasies personnelles. Les mêmes idiosyncrasies vont expliquer les participations à des mouvements sociaux, des collectifs ou associations parfois éphémères, organisés autour de thèmes souvent « transclassistes » (par exemple le refus d’une modification de l’environnement local) Source : M. Forsé, O. Galland et Y. Lemel, « La stratification sociale et les inégalités », in O. Gal - land et Y. Lemel (ss la dir), La société française, Armand Colin, 3ième éd, 2011 ➔ Exercice 4 p 159 / les 2 questions. ➔ S’autoévaluer / vrai ou faux ? / page 159 ➔ Approfondir pour le GO : Roue des privilèges * ( voir p 159 ) ➔ Voir les documents pour s’informer, se documenter page 165.

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