CM - L3 Psychologie Sociale Cognitive (Attraction) PDF

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Université Félix Houphouët-Boigny

ACKAH YAO Mathilde Ebloumi

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psychology social psychology cognitive psychology attraction

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These notes of a course on cognitive social psychology of attraction for 3rd year undergraduate students. They include general and specific objectives, a plan for the course, and an introduction to the topics covered.

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Université Félix Houphouët-Boigny **UFR des Sciences de l'Homme et de la Société** **Département de Psychologie** **COURS MAGISTRAL** **PSYCHOLOGIE SOCIALE COGNITIVE** **(ATTRACTION)** **LICENCE 3** **Enseignant** ACKAH YAO Mathilde Ebloumi Professeur Titulaire de Psychologie Sociale Intit...

Université Félix Houphouët-Boigny **UFR des Sciences de l'Homme et de la Société** **Département de Psychologie** **COURS MAGISTRAL** **PSYCHOLOGIE SOCIALE COGNITIVE** **(ATTRACTION)** **LICENCE 3** **Enseignant** ACKAH YAO Mathilde Ebloumi Professeur Titulaire de Psychologie Sociale Intitulé du cours : Psychologie sociale cognitive 3 (attraction) Type de cours : CM Structure : Université Félix Houphouët-Boigny Nom de l'enseignant : ACKAH YAO Mathilde Ebloumi Professeur Titulaire de Psychologie Sociale **Objectifs du cours** **Objectif général**  Ce cours explore l'attraction comme une évaluation positive à laquelle sont associés des cognitions et des comportements. **Objectifs spécifiques ** Aux termes de cet enseignement, chaque étudiant devrait être capable de présenter la cognition sociale, de définir l'attraction, de dire pourquoi nous établissons des relations avec certaines personnes, de présenter les facteurs qui déterminent l'attraction et de présenter la relation amoureuse en distinguant l'amour passion de l'amour amitié. **Plan du cours** **I. Introduction à la Psychologie Sociale Cognitive** 1\. Définition de la psychologie sociale cognitive 2\. Importance de la cognition sociale 3\. Comment les processus cognitifs influencent nos choix relationnels **II. Fondement de l'affiliation** 1\. L'attachement 2\. La socialisation **III. Déterminants de l'attraction** 1\. La proximité 2\. L'apparence physique ou la beauté physique 3\. La similitude complémentarité **IV. Attraction amoureuse** 1\. Amour passionné ou amour passion 2\. Amour amitié Conclusion **Références Bibliographique** Brems, S.S. (1984). *Les relations intimes*. Dans S. Moscovici, *Psychologie Sociale*. Paris : PUF, 169-191. Fischer, G.N. (2005). *Les concepts fondamentaux de la Psychologie Sociale*. Paris : Dunod. Fiske, S.T. (2008). *Psychologie sociale.* Bruxelles : De Boeck **\ ** **I. INTRODUCTION A LA PSYCHOLOGIE SOCIALE COGNITIVE** **1. Définition de la Psychologie Sociale Cognitive** La psychologie sociale cognitive est le domaine de la psychologie qui explore comment les individus perçoivent, interprètent et traitent les informations sociales. Elle examine la manière dont nous pensons aux autres, comment nous comprenons et interprétons leurs actions, et comment ces processus cognitifs influencent nos interactions sociales. En d\'autres termes, la psychologie sociale cognitive se penche sur la façon dont la pensée et la cognition influencent notre comportement et nos relations avec autrui. Ce domaine de la psychologie est né de l\'intersection entre la psychologie sociale et la psychologie cognitive. Il a émergé au cours du 20e siècle à mesure que les chercheurs ont commencé à explorer plus en profondeur les processus mentaux sous-jacents aux interactions sociales. Des chercheurs comme Gordon Allport, Leon Festinger et Fritz Heider ont jeté les bases de la psychologie sociale cognitive en développant des théories sur la perception sociale, l\'attribution causale et d\'autres concepts clés. **2. Importance de la Cognition Sociale** La cognition sociale traite de la façon dont nous donnons du sens aux autres, mais aussi à nous-mêmes. Elle renvoie à l'analyse des processus cognitifs qui sous-tendent l'interaction sociale et a pour objectif de comprendre et expliquer comment l'individu traite une information sociale pour en faire émerger un comportement socialement adapté (Galinsky, 2009). Traiter une information consiste ici à la modifier afin qu'elle ait un sens pour nous et que nous puissions ainsi y répondre de façon adaptée. La cognition sociale est un domaine de la psychologie qui se concentre sur la manière dont les individus pensent, perçoivent, interprètent et se rapportent à leur environnement social, y compris les autres personnes. Elle englobe un large éventail de processus cognitifs et émotionnels qui influencent nos interactions sociales, nos attitudes envers les autres, et nos comportements dans des contextes sociaux. Voici quelques éléments clés de la cognition sociale : - **Perception Sociale** : La perception sociale concerne la manière dont nous percevons et évaluons les autres. Elle inclut la formation de premières impressions, où nous tirons des conclusions basées sur des éléments tels que l\'apparence, le langage corporel et le comportement. Ces premières impressions influencent souvent notre comportement envers les autres. - **Croyances et Attitudes** : Les croyances sont les idées que nous tenons pour vraies, tandis que les attitudes sont des évaluations positives ou négatives envers un objet, une personne ou un groupe. Nos croyances et attitudes jouent un rôle central dans notre manière de penser et de réagir aux autres. - **Stéréotypes** : Les stéréotypes sont des croyances généralisées sur les caractéristiques d\'un groupe social particulier. Ils sont souvent basés sur des généralisations excessives et simplificatrices. Les stéréotypes influencent la manière dont nous percevons et interagissons avec les membres de ces groupes. - **Attribution Causale** : L\'attribution causale concerne la manière dont nous expliquons les causes du comportement, en attribuant ces causes à des facteurs internes (disposition) ou externes (situation). Par exemple, nous pouvons attribuer le succès d\'une personne à son talent personnel (attribution interne) ou à des circonstances favorables (attribution externe). - **Changement d\'Attitude et Persuasion** : La cognition sociale comprend l\'étude du changement d\'attitude, notamment comment les individus sont persuadés de changer leurs croyances ou attitudes. Les campagnes de persuasion publicitaire, par exemple, visent à influencer les attitudes des consommateurs envers un produit ou un service. - **Biais Cognitifs** : Les biais cognitifs sont des erreurs systématiques de jugement qui peuvent influencer notre manière de percevoir les informations sociales. Parmi ces biais, on trouve le biais de confirmation (la tendance à rechercher des informations confirmant nos croyances) et le biais d\'ancrage (la tendance à se fixer sur des informations initiales lors de la prise de décision). La cognition sociale est au cœur de la compréhension de la complexité des relations humaines. Comprendre comment les individus perçoivent, interprètent et jugent les autres est essentiel pour expliquer un large éventail de comportements sociaux, tels que la formation de stéréotypes, la prise de décision en groupe, la persuasion et la résolution de conflits. **3. Comment les processus cognitifs influencent nos choix relationnels** Les processus cognitifs influencent nos choix relationnels de plusieurs manières. Voici quelques-unes des façons dont la cognition sociale joue un rôle clé dans la formation et le maintien des relations interpersonnelles : - **Perception et Premières Impressions** : Nos premières impressions d\'une personne sont souvent basées sur des éléments visuels, vocaux et comportementaux. Ces perceptions initiales sont influencées par des processus cognitifs tels que la catégorisation, la comparaison et l\'attribution causale. Les caractéristiques que nous percevons chez une personne peuvent influencer notre décision de poursuivre ou non une relation. - **Formation de Stéréotypes** : Les stéréotypes peuvent influencer notre manière de percevoir et d\'interagir avec les autres. Par exemple, si nous avons un stéréotype positif sur un groupe particulier, nous pouvons être plus enclins à former des relations avec ses membres. - **Attitudes et Préférences Personnelles** : Nos attitudes envers certaines caractéristiques, croyances ou comportements peuvent jouer un rôle majeur dans nos choix relationnels. Par exemple, si quelqu\'un a des attitudes négatives envers certaines valeurs politiques ou religieuses, il peut être moins enclin à former des relations avec des individus qui les incarnent. - **Communication et Résolution de Conflits** : Les compétences cognitives, telles que la communication efficace, la résolution de problèmes et l\'empathie, sont essentielles pour entretenir des relations saines. Les processus de pensée affectent la manière dont nous abordons les désaccords et les conflits au sein d\'une relation. - **Prise de Décision en Matière de Relations** : La prise de décision en matière de relations implique d\'évaluer les avantages et les inconvénients d\'une relation potentielle. Les individus utilisent des processus cognitifs tels que la comparaison, l\'évaluation des coûts et des avantages, et la projection de l\'avenir pour décider si une relation est viable. - **Influence des Relations Passées** : Les expériences passées dans des relations antérieures peuvent influencer la manière dont nous abordons de nouvelles relations. Les réflexions sur les succès et les échecs précédents sont des processus cognitifs qui peuvent orienter nos choix relationnels. - **Perception de l\'Attraction** : Les processus cognitifs influencent notre perception de l\'attraction. Ce que nous trouvons attirant chez une personne peut dépendre de nos propres valeurs, de nos expériences antérieures et de notre culture. Les individus peuvent être attirés par des caractéristiques spécifiques, telles que l\'intelligence, le sens de l\'humour, la gentillesse, etc., en fonction de leurs préférences cognitives. **La notion d'attraction** désigne, à l'intérieur d'une relation, la dimension affective à l'égard des autres qui se caractérise par l'expression d'attitudes positives (sympathie) et peut se traduire par le désir de se rapprocher d'eux. L'attirance envers une personne implique l'obtention d'une certaine satisfaction que ce soit à court ou à long terme. Nous sommes souvent attirés par qui peut nous faire plaisir. A travers l'attraction, les relations sont abordées par rapport à ce que nous éprouvons à l'égard des autres (Fischer, 2005). L'attraction précède l'intimité qui implique qu'une relation proche est établie. L'intimité désigne l'existence d'une forte proximité entre les individus. Avoir besoin des autres ne signifie pas avoir besoin de n'importe qui. Certaines personnes nous plaisent plus que d'autres. Selon la théorie de l'attraction, nous aimons les gens dont le comportement est gratifiant (qui procure de la satisfaction) ou les gens associés à des évènements gratifiants. L'étude scientifique de l'attraction résulte des recherches sur les attitudes. L'attraction est donc conceptuellement composée de trois dimensions : - affective : renvoie à j'aime, je n'aime pas, sur la base d'une évaluation de la personne ; - cognitive : ce que l'on sait, ce que l'on croit concernant l'autre (s'exprime par la perception que l'on a de la situation ou de l'autre : la manière dont nous percevons les autres, comment nous évaluons leur personnalité et leur attractivité, et comment ces processus cognitifs influencent nos choix relationnels) - comportementale : les tendances à se rapprocher de la personne ou à l'éviter. **II. FONDEMENT DE L'AFFILIATION** Le besoin des autres ou besoin d'affiliation est défini comme la tendance à rechercher et à valoriser la compagnie des autres. Le terme d'affiliation montre la nature fondamentalement sociale de l'être humain comme être en relation avec les autres. L'affiliation s'exprime par un besoin fondamental de pouvoir compter sur autrui en prenant appui sur lui. Elle est en grande partie liée à la nécessité pour les individus de coopérer afin de vivre en société (recherche de la subsistance qui entraîne la nécessité de coopération pour la chasse par exemple). Nos affiliations ne reposent pas toujours sur l'attraction « qui interagit avec qui ne revient pas à dire qui est attiré par qui » La recherche d'une relation avec autrui se produit dans différents types de situations. Dans une situation qu'on ne comprend pas ou encore dans un contexte où l'on éprouve de l'anxiété, de la peur, les individus ont plus tendance à se rapprocher. Exemple, Schachter (1959) a mis cela en évidence dans une salle de classe où la directrice est venue chercher une des élèves (complice), au milieu d'un cours en ne donnant aucune explication. L'incertitude a provoqué un rapprochement entre les autres élèves pour trouver une explication à un tel évènement. Dans un contexte d'anxiété les individus qui ont le plus peur ont tendance à se rapprocher. **1. L'attachement** Notre besoin des autres peut-il avoir une base biologique, c'est-à-dire inscrit dans nos gènes ? L'attachement se définit comme une relation affective unissant deux individus, à travers la valorisation et l'importance qu'ils ont l'un pour l'autre. Selon Bowlby (1969, 1973, 1984), l'attachement à la mère ou à une autre figure réconfortante (manifesté par un désir de contact et de proximité, en s'accrochant à la personne, en la suivant, en l'appelant, en pleurant lorsqu'elle n'est pas là) a une fonction importante, le contact entre la mère et l'enfant empêche toute séparation pouvant être dangereuse pour la survie de l'enfant. La ressemblance des bébés primates et humains face à la séparation de leurs mères a conduit Bowlby à considérer le phénomène de l'attachement comme un processus biosocial (à la fois inné et acquis) servant à protéger le jeune des dangers qui l'entourent. La présence sécurisante de la mère permettrait graduellement à l'enfant d'explorer le milieu et d'établir des contacts d'affiliation avec les autres membres de la famille et de la communauté. La théorie de l'attachement considère la tendance à rechercher des contacts intimes avec certaines personnes comme une composante fondamentale de la nature humaine, déjà présente chez le nouveau-né. La relation d'attachement s'établit à partir de la combinaison de deux éléments : les soins physiques et la sécurité affective. Trois styles d'attachement correspondant à trois types de relation mère-enfant ont été mis en évidence par Ainsworth et ses Collaborateurs (1978) : - l'enfant sécurisé : mère attentive, disponible. L'enfant se sert de la base sécurisante de la présence assurée de la mère pour explorer l'environnement (relation d'apaisement) ; - l'enfant évitant a une mère qui semble le rejeter et qui repousse ses désirs de contact physique (relation d'évitement du contact physique chez des enfants moins attachés à leur mère) ; - l'enfant anxieux-ambivalent a une mère lente à répondre à ses besoins ou dont la réponse est imprévisible. Elle peut être parfois inattentive, inaccessible et parfois interférer dans le champ de l'enfant en forçant son attention et en l'empêchant de continuer une activité qui l'intéresse. L'enfant proteste, pleure et souffre généralement d'anxiété. Il ne cherche pas à aller explorer son environnement (relation de recherche de contact avec la mère dans un premier temps et de rejet ensuite, quand il l'a retrouvée). L'attachement avec son modèle d'interaction, appris lors de la relation mère-enfant, influe sur les relations ultérieures et est une composante centrale de la personnalité de l'adulte. Quelle est donc l'influence du type d'attachement de l'enfance sur les relations que les gens auront à l'âge adulte ? Selon Hazan et Shaver (1990), les gens avec l'attachement de type « sécurisé » n'auraient guère de difficultés à accorder leur confiance aux autres et à accepter de dépendre d'eux. Ceux avec un attachement de type « évitement » ne toléreraient pas bien l'intimité, se méfieraient d'autrui qui en veut toujours trop et risque de les tromper. Enfin, les gens avec un attachement de type « anxiété/ambivalence » trouvent que l'autre ne donne pas assez, n'aime pas vraiment, ces anxieux ambivalents vivent donc avec la hantise d'être rejetés ou abandonnés. - le besoin d'inclusion : c'est une tendance fondamentale à rechercher la communication et le contact, l'individu cherche à exister aux yeux des autres à travers l'attention qu'ils lui accordent et la relation qui en découle ; - le besoin de contrôle : il concerne les interactions entre le besoin de sécurité et celui d'avoir une prise sur les autres. Il apparait plus tard au cours de l'enfance, quand l'individu doit intérioriser les normes pour parvenir à une plus grande autonomie. - le besoin d'affection : il porte sur les liens d'attachement à autrui. Contrairement aux besoins d'inclusion et de contrôle- qui s'établissent dans le cadre d'une relation plus large, notamment au sein du groupe familial, l'affection concerne essentiellement les relations à deux. La socialisation s'opère essentiellement au cours de l'enfance et de l'adolescence même s'il s'agit d'un phénomène qui se développe tout au long de la vie. **III. Déterminants de l'attraction** Dans la vie sociale, les relations des individus les uns avec les autres sont déterminées par trois principaux facteurs qui font que certains individus sont attirés par d'autres. Il s'agit de la proximité, l'apparence physique, la similitude-complémentarité. **1. La proximité** La proximité favorise souvent l'amitié même si elle peut aussi susciter l'hostilité. Des études ont montré que la plupart des gens se marient avec une personne de leur voisinage ayant la même origine géographique qu'eux. Ce sont souvent des gens qui habitent la même localité, qui travaillent ensemble, qui ont suivi les mêmes cours etc. (Bossard, 1932 ; Girard, 1974). Festinger et Coll. (1950) ont montré que la proximité physique engendre la sympathie car elle favorise les rencontres. Ce qui importe, ce n'est pas tant la distance géographique mais la distance fonctionnelle, c'est-à-dire, la fréquence avec laquelle les individus se rencontrent. La proximité permet les interactions qui font découvrir les ressemblances entre les individus et favorise leur sympathie réciproque. La proximité et la familiarité contribuent donc à l'attraction mais peuvent aussi favoriser les conflits et l'agression. Le fait de se voir souvent peut aussi permettre de percevoir les défauts. Selon Zajonc (1968, 1970, 1974) contrairement au proverbe qui indique que la familiarité engendre le mépris, la familiarité engendre plutôt la tendresse. La simple exposition à des stimuli nouveaux (des syllabes dénuées de sens, des personnages chinois, des visages...) provoque des évaluations enthousiastes de ces stimuli. Plus les étudiants testés par Zajonc avaient vu un mot dénué de sens plus ils avaient tendance à lui donner un sens positif. Ce qui provoque la relation familiarité-sympathie serait la « néophobie ». C'est la tendance à se méfier des choses inconnues jusqu'à ce qu'on ait la preuve qu'elles ne sont pas dangereuses. Nous aimons davantage les personnes qui nous sont familières (Swap, 1977). Le simple fait de se voir souvent à tendance à produire la sympathie. **2. L'apparence physique ou la beauté physique** La beauté est relative. Elle peut dépendre de notre définition culturelle de la beauté physique. L'apparence physique détermine souvent les rapports interpersonnels. La beauté physique constitue un atout important. Comme la proximité, elle détermine l'attraction initialement éprouvée envers quelqu'un et favorise un premier contact. L'attrait physique est un élément d'évaluation d'autrui. Une recherche de Berscheid et Coll. (1971) a montré que la beauté physique d'une jeune femme prédit plutôt bien la fréquence de ses rendez-vous amoureux. Les gens ont néanmoins tendance à choisir et épouser une personne dont la beauté est équivalente à la leur. On parle d'une tendance à s'assortir. Si la personne est moins belle, elle doit avoir d'autres qualités compensatrices. Ainsi, il y aurait une recherche d'équité en ce qui concerne la beauté des partenaires (Berscheid et Coll. 1971 ; Huston, 1973). Le fait d'être assortis favoriserait de bonnes relations entre les couples amoureux. Il existe cependant de nombreux couples heureux où les conjoints sont différents sur le plan de la beauté physique. Dans ce cas, la personne la moins belle a souvent des qualités compensatrices. La valeur des atouts de chacun des partenaires rend l'assortiment équitable. Ainsi, les hommes offrent généralement le statut et recherchent la beauté. Les femmes font souvent le contraire. Selon la théorie de l'échange social de Homans (1961, 1974), les interactions sociales sont semblables aux transactions économiques. L'association avec autrui est déterminée par les mêmes principes régissant le marché en économie : - les récompenses procurées par le partenaire telles que la beauté, l'intelligence ou encore les relations sexuelles, l'argent, la protection, etc ; - des coûts : toute relation peut entraîner des frais pour les personnes impliquées. Des recherches ont montré qu'en ce qui concerne les interactions dans le mariage, les frais semblent plus importants que les récompenses (Gottman et Coll., 1977 ; Wills et Coll., 1974) ; - les solutions de rechange : selon Thibaut et Kelley (1959) si les gens croient qu'il y a d'autres relations disponibles plus rémunératrices et moins coûteuses que leur relation actuelle, ils ont de fortes chances d'abandonner celle-ci. Lorsqu'il n'y a pas de solutions meilleures pour eux, les gens vont s'attacher à la relation présente et tendront à la préserver, même si cette relation n'est pas satisfaisante. **3. La similitude-complémentarité** Si la proximité et l'attirance physique facilitent les rencontres, d'autres facteurs interviennent dans la transformation de cette relation en amitié. - **La similitude** La similitude désigne la réciprocité d'intérêts, d'opinions, de goûts, etc. Des expériences ont montré que la ressemblance engendre la sympathie « qui se ressemble, s'assemble ». Les individus qui ont des croyances identiques ou proches ont plus tendance à entrer en relation les uns avec les autres. La ressemblance peut parfois engendrer la dissension dans certains cas. Il arrive parfois que ceux qui s'assemblent trouvent qu'ils se ressemblent. La sympathie peut faire percevoir la ressemblance. Les gens recherchent le contact auprès de ceux considérés comme ayant les mêmes opinions qu'eux. La similitude peut avoir certains effets : elle peut augmenter l'estime de soi quand on se rend compte que ses opinions sont partagées par d'autres. Elle développe une relation plus positive avec une personne qui partage certaines choses avec nous. La similitude repose aussi sur l'idée implicite que l'autre, qui nous ressemble, a des traits de caractère aimables. Si la similitude peut jouer un rôle important dans la création des relations, certains chercheurs mettent en doute sa fonction dans leur développement et sa persistance dans le temps. Elle peut être objet d'aversion et diminuer avec le temps. - **La complémentarité** La complémentarité indique le fait que l'attirance est déterminée, pour un individu, par le complément que les traits personnels de l'autre apportent aux siens. La complémentarité pourrait renforcer la relation entre les personnes. L'une peut faire ce dont l'autre est incapable. On pourrait dire que les contraires s'attirent. Pour répondre à la question « sommes-nous attirés par les gens qui sont différents de nous ? » différents au sens où ils complètent nos propres caractéristiques, les chercheurs ont comparé des époux au point de vue de leurs idées et de leurs attitudes et aussi de leur âge, religion, race, statut économique, instruction, apparence, etc. Pour tous ces facteurs, c'était la ressemblance qui prévalait (Buss, 1985 ; Kandel, 1978). Les gens intelligents, riches, physiquement avantagés se mettent ensemble. Ainsi, l'attirance des contraires semble moins évidente que celle des ressemblances. Il faut aussi noter que nous aimons ceux qui nous aiment ou que nous croyons nous aimer. Nous supposons également que les personnes que nous aimons nous aiment. Les expériences ont montré que les personnes à qui l'on disait que d'autres les aimaient ou les appréciaient éprouvaient immédiatement une affection réciproque. Le fait de croire simplement que quelqu'un nous aime ou nous déteste peut devenir autodéterminant. La tendance à aimer ceux qui nous aiment, nous admirent sera d'autant plus grande si nous n'attribuons pas les compliments de l'autre à des désirs de s'attirer nos bonnes grâces. **IV. Attraction amoureuse** Une relation peut se changer pas seulement en amitié mais aussi en amour (passion). L'amour n'est pas simplement une intensification de la sympathie initiale, c'est un sentiment complexe. La relation amoureuse est définie comme un intense désir fusionnel. Les recherches en psychologie sociale sur l'amour sont assez récentes. Elles se sont intéressées à comparer la nature de l'amour éprouvé dans diverses relations intimes : les amitiés de mêmes sexes, les relations parents enfants, les époux ou les amants (Davis, 1985 ; Maxwell, 1985). On note certains éléments communs comme la compréhension réciproque, l'encouragement donné et reçu, le fait d'apprécier et de jouir de la présence de l'être cher. Ces éléments sont différemment appréciés selon la nature de l'amour, notamment dans l'amour passionné qui se caractérise par l'affection physique, le désir d'exclusivité et une intense fascination envers l'être cher. L'amour passionné peut exister pour des enfants vis-à-vis de leurs parents mais nous allons nous intéresser à l'amour romantique. Le psychologue Sternberg (1986,1998) considère l'amour comme un triangle dont les trois côtés correspondent aux trois composantes de l'amour qui sont selon lui : l'intimité, la passion et l'engagement. - l'intimité est une composante émotionnelle qui rend compte de la puissance des liens affectifs qui lient deux individus et qui fait qu'ils se sentent proches ; - la passion est une composante motivationnelle qui désigne un état émotionnel intense dans lequel les partenaires ressentent une forte attirance physique et sexuelle. Ils désirent ardemment être ensemble, être unis le plus intimement ; - l'engagement mutuel, en tant que composante cognitive, renvoie à une volonté réciproque de s'investir entièrement vis-à-vis de l'autre (décision d'aimer l'autre) et dans la relation (engagement à maintenir la relation). La combinaison de ces trois composantes correspond à différentes sortes d'amour. **1. Amour passionné ou amour-passion** Hatfield (1988) définit l'amour passionné comme un « intense désir d'union avec quelqu'un » s'il est réciproque, l'individu se sent comblé et joyeux, dans le cas contraire, il se sent vide et désespéré. Ainsi, l'on peut éprouver un amour passionné pour une personne qui provoque la souffrance, l'anxiété et la jalousie. L'amour romantique semble ici s'écarter parfois du principe raisonnable qui veut que nous aimions les personnes gratifiantes et détestions celles qui nous font souffrir. L'explication proposée est que si l'être aimé peut causer de la souffrance et de l'anxiété, il a aussi le pouvoir d'apaiser ces émotions. L'amant peut susciter de la jalousie lorsqu'il est avec quelqu'un d'autre, mais c'est aussi lui qui provoquera un soulagement par son retour. Le fait d'aimer les personnes liées au soulagement des sentiments négatifs illustre en fait le principe de la gratification. L'amour-passion est accompagné de sentiments conflictuels tels que l'extase et la douleur, l'altruisme et la jalousie, l'anxiété et le réconfort (Berscheid et Walster, (1978). Hatfield explique l'amour passionné en se référant à une théorie de l'émotion selon laquelle l'émotion serait provoquée par la conjugaison de deux facteurs, une stimulation externe et sa catégorisation en direction de l'objet désiré, c'est-à-dire que l'individu va attribuer cette stimulation aux sentiments amoureux qu'il éprouve. L'émotion concerne aussi bien le corps que l'esprit. Un individu avec le cœur battant très fort et les mains qui tremblent peut vivre la peur, l'anxiété ou la joie. Sur le plan physiologique, une émotion ressemble à une autre. L'excitation sera perçue comme de la joie s'il est dans une situation euphorique, de la colère s'il est dans un environnement hostile et de l'amour passionné s'il est dans une situation romantique. Ce qui importe, c'est l'interprétation de l'excitation et l'appellation qui lui est donnée. Selon Lee (1988), l'amour-passion commence toujours par une forte attirance sexuelle et s'accompagne d'une obsession cognitive pour l'autre (désir de tout connaître sur l''autre et le déshabiller le plus rapidement possible) D'autres approches ont porté sur les facteurs qui influent sur la relation : - **Facteurs culturels** Certaines valeurs sont largement partagées dans un groupe ou une société sur la façon de se comporter suivant divers types de relations. Mais ces valeurs peuvent connaitre des changements avec le temps. L'amour peut être considéré par exemple comme une condition nécessaire au mariage. Ce n'est pourtant pas ce que les gens pensent dans les cultures où le mariage est arrangé à l'avance. - **Facteurs de personnalité** Les individus diffèrent dans leur conception des relations hétérosexuelles selon les endroits et l'époque. Certains recherchent une suite de courts engagements, d'autres désirent l'intimité d'une relation durable et exclusive. Des auteurs ont identifié le type de personnalité rattaché à ces deux conceptions de l'amour. Les personnes fortes en auto-surveillance, c'est-à-dire les « spécialistes » des premières impressions, celles qui ajustent leur comportement selon les circonstances extérieures, ont tendance à être moins engagées dans des relations profondes et durables. Elles sont plus influencées par l'apparence physique, et auront des mœurs sexuelles plus légères. Les personnes peu portées à l'auto-surveillance sont moins centrées sur l'extérieur, elles se montrent plus loyales dans leur engagement et se préoccupent plus des qualités intérieures des gens. Elles attachent plus de prix aux qualités personnelles qu'à l'apparence. - **Facteurs liés au rôle sexuel** Les hommes et les femmes diffèrent souvent quant à leur façon de vivre l'amour passionné. Les recherches ont conduit à quelques surprises. La plupart des gens croient que les femmes tombent plus facilement amoureuses que les hommes. Des recherches ont montré que les hommes sont plus facilement amoureux. Les hommes semblent également plus lents à cesser d'aimer et ont moins tendance que les femmes à prendre l'initiative de la rupture d'une liaison (prématrimoniale). Les femmes, en revanche, ont tendance à s'engager plus affectivement que leur partenaire dans une relation, à se préoccuper plus de lui. Et, elles prendront l'initiative de la rupture. Les hommes vont penser plus que les femmes au côté ludique et physique de la relation. **2. Amour amitié ou amour tendresse** Les recherches ont montré que l'amour s'use avec le temps. Cette usure peut se manifester par: l'atténuation, voire la disparition des sentiments amoureux avec le temps, toute relation se refroidit. Selon certains auteurs, elle peut se transformer en amour/amitié, c'est-à-dire une affection qui se traduit par un attachement profond (Hatfield, 1983). L'amour amitié c'est la tendresse pour l'autre, la complicité, le souci du bien-être de l'autre. Il est fondé sur la confiance en l'autre et sur le respect et l'estime de l'autre. Aucune excitation ne dure éternellement. Pour qu'une relation intime survive à l'excitation du début, elle doit s'établir sur des bases plus solides mais plus affectueuses que Hatfield appelle amour/amitié. Contrairement aux émotions violentes de l'amour passionné, l'amour amitié est plus modéré, mais tout aussi réel. Des chercheurs se sont demandé s'il existe des facteurs susceptibles de maintenir la relation d'un couple. Lorsque le type de motivation est intrinsèque, basé sur le fait que ce qui est vécu dans la relation l'est en fonction du plaisir et de la satisfaction, cela donne lieu à l'expression de sentiments et de comportement positifs. Une motivation externe, basée sur le fait que la relation est maintenue pour des raisons extérieures telles que la sécurité ou des considérations de l'entourage permet moins le maintien de la relation. L'un des grands plaisirs de l'amour/amitié est l'ouverture de l'un à l'autre. La confiance est une caractéristique importante de l'amour tendresse. Les couples mutuellement dépendants, qui ne ressentent plus la flamme de l'amour passionné, découvrent souvent, à la suite d'un divorce ou du décès du conjoint, qu'ils ont perdu plus qu'ils ne le pensaient. **CONCLUSION** Toute relation, qu'elle soit amoureuse ou de simple amitié fait intervenir plusieurs déterminants. La connaissance de ces déterminants (cognitifs et comportementaux) est essentielle dans le déroulement de celle-ci.

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