Explication Linéaire de René Char sur Arthur Rimbaud (PDF)
Document Details
Uploaded by Deleted User
René Char
Tags
Related
- Unité 1: Discovering Poetic and Pictorial Landscapes: From Romanticism to the Present
- Du français courant à la langue littéraire PDF
- Personal Song: TPCASTT Analysis and Reflection PDF
- Personal Song TPCASTT Analysis and Reflection PDF
- Personal Song TPCASTT Analysis and Reflection PDF
- Personal Song TPCASTT Analysis and Reflection PDF
Summary
This document presents an analysis/explanation of a poem or passage (or lecture notes) related to French poetry by René Char. It touches upon themes of admiration for the artistic prowess of the poet and the importance of creative expression.
Full Transcript
La poésie du XIXe au XXIe siècle - Parcours : Émancipations créatrices Explication linéaire n°4 : René Char, « Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! » Fiche à compléter avec les travaux menés dans le cadre de la révision de la méthode du commentaire Tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié, à...
La poésie du XIXe au XXIe siècle - Parcours : Émancipations créatrices Explication linéaire n°4 : René Char, « Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! » Fiche à compléter avec les travaux menés dans le cadre de la révision de la méthode du commentaire Tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu’au ronronnement d’abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d’abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l’enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples. Cet élan absurde du corps et de l’âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c’est bien là la vie d’un homme ! On ne peut pas, au sortir de l’enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies. Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi. René Char, Fureur et mystère, 1947 *** Eléments pour une introduction : Recueil Fureur et mystère publié par René Char en 1947, plus de 50 ans après la mort d’Arthur Rimbaud dont la carrière poétique éphémère et la vie aventurière sont déjà l’objet d’un véritable mythe Court poème en prose où Char s’adresse directement au jeune poète en lui exprimant son entière compréhension d’avoir mis un terme brutal et prématuré à sa carrière poétique Problématique : Comment René Char rend-il ici hommage à Arthur Rimbaud par la puissance de sa propre écriture poétique ? Eléments pour une explication linéaire : 1er mouvement : lignes 1 à 6 – le portrait d’un être d’exception Premier paragraphe qui souligne le caractère exceptionnel de la personnalité de Rimbaud Eloge adressé directement au destinataire : ouverture du poème avec le déterminant possessif « tes » associé à la jeunesse de Rimbaud « dix-huit ans », jeunesse qui se définit par la révolte comme l’indique l’adjectif « réfractaires » Puis énumération qui formule par des termes péjoratifs « malveillance » / « sottise » une infériorité des « poètes de Paris », groupe pluriel indifférencié face au jeune génie Un second complément à l’adjectif « réfractaires » évoque la « famille ardennaise » , l’hommage s’accompagne de précisions biographiques qui font aussi le portrait de Rimbaud ; la métaphore « ronronnement d’abeille stérile » exprime l’ennui dont souffrait le jeune Rimbaud à Charleville et qu’il a exprimé dans les Cahiers de Douai par exemple au travers de son rejet des « bourgeois poussifs » La longue première phrase se poursuit par une affirmation « tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large » où « les » reprend le long groupe nominal initial « Tes dix-huit ans… » qui a été mis en relief par cette construction emphatique Une image du voyage apparaît avec la métaphore marine « vents du large » mais aussi une certaine violence avec les termes « couteau » et « guillotine », complétant le portrait de l’adolescent révolté Une seconde phrase affirme de nouveau dans une adresse directe le bien-fondé de la décision de Rimbaud « Tu as bien fait » ; Char désigne une seconde fois les poètes de Paris précédemment mentionnés avec des termes de la géographie urbaine qui renvoient à Paris « boulevard », « estaminets » et des termes péjoratifs « paresseux » et « pisse-lyres », ce second terme étant un néologisme qui rappelle les inventions langagières de Rimbaud La destinée du voyage de Rimbaud se dessine dans l’énumération finale du paragraphe, renvoyant à des contrées lointaines et aux aventures de Rimbaud quand il quittera la France et complétant la dimension biographique de cet hommage 2e mouvement : lignes 7 à 11 – l’hommage à un génie hors normes Second paragraphe qui développe par des images parfois violentes le caractère exceptionnel du génie de Rimbaud L’énonciation est à présent à la troisième personne, présentant la réflexion sur la vie de Rimbaud d’une façon plus universelle Première phrase qui fait se succéder les appositions pour définir « la vie d’un homme » avec l’image du mouvement « élan » / « atteint » qui renvoie à la thématique du voyage, du départ ; le « boulet de canon » semble refléter la puissance d’une parole poétique présentée comme révolutionnaire Affirmation à la forme négative qui présente le départ de Rimbaud comme inéluctable compte tenu de son caractère révolté que souligne l’hyperbole « indéfiniment », « au sortir de l’enfance » faisant écho aux « dix-huit ans » mentionnés en ouverture du poème Une métaphore filée du « volcan » montre que malgré le silence choisi, la parole poétique de Rimbaud poursuit son chemin, ses poèmes sont cette « lave » qui apporte un réconfort à l’homme qui fait face à ce que Char nomme « le grand vide du monde » qui semble désigner par une hyperbole notre angoisse existentielle Face à cette souffrance, la parole poétique à laquelle renvoie le verbe « chantent » est littéralement thérapeutique (« vertus ») pour cette blessure que désigne le terme « plaies » Une allitération en « r » parcourt ce second paragraphe et semble mimer le grondement de la colère de Rimbaud Le génie poétique de Rimbaud, certes empreint d’une grande violence, est une chance pour l’humanité 3e mouvement : lignes 12-13 – l’hommage à une parole poétique inspirante Le dernier paragraphe est très court, et on constate que le poème en prose est d’ailleurs construit à l’aide de trois paragraphes de longueur décroissante, comme pour mimer l’effacement progressif lié au départ de Rimbaud qui mène à son silence poétique, à la fin de sa carrière de poète On retrouve l’adresse directe au jeune poète avec la répétition de l’affirmation « tu as bien fait » déjà présente dans le premier paragraphe, associée à une apostrophe « Arthur Rimbaud » qui désigne explicitement le destinataire de cet hommage et dont la consonne « r » et la voyelle « a » se retrouvent en allitération et assonance qui semblent signifier que la mémoire de la parole poétique du jeune génie infuse littéralement l’écriture poétique de René Char, devient pour lui une force inspirante Le poème se clôt sur une affirmation au présent de vérité générale qui affirme l’existence d’une petite communauté « quelques-uns » au nom de laquelle Char prend ici la parole (« nous ») qui témoigne aussi de la vanité de la parole poétique, ce « bonheur possible » pouvant aussi s’entendre comme un épanouissement de l’individu en-dehors de l’écriture poétique et de ses épreuves, dont le risque comme pour Rimbaud d’être incompris de ses contemporains Conclusion : voir les propositions dans le corrigé du commentaire