Anthropologies résumées : Séance 1 : Le sens de l'habiter PDF

Summary

Ce document est un résumé de la séance 1 d'un cours d'anthropologie intitulé « Anthropologies résumées ». Il détaille les points clés du documentaire « House Life » et explore l'expérience de l'espace domestique à travers le prisme de l'anthropologie et de la sociologie. Des chercheurs tels que Thomas Clerc et Georges Perec sont cités dans le document.

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Anthropologies résumées : ========================= Séance 1 : Le sens de l'habiter Documentaire **d\'Ila Bêka et Louise Lemoine, « House Life » à Bordeaux (2008),** ainsi que des perspectives anthropologiques et sociologiques plus larges sur l'habitat et la maison. Points Clés du Documentaire «...

Anthropologies résumées : ========================= Séance 1 : Le sens de l'habiter Documentaire **d\'Ila Bêka et Louise Lemoine, « House Life » à Bordeaux (2008),** ainsi que des perspectives anthropologiques et sociologiques plus larges sur l'habitat et la maison. Points Clés du Documentaire « House Life » construite par Rem Koolas : [1. Contexte et Protagoniste] \- Le documentaire explore l\'expérience de l\'espace domestique à travers le quotidien d\'une femme de ménage qui habite et travaille dans une maison conçue par l\'architecte Rem Koolhaas à Bordeaux. \- La protagoniste, bien qu\'elle vive dans cet espace, n\'en est pas propriétaire, ce qui met en évidence la question de l\'appropriation d\'un lieu qui ne lui appartient pas. [2. Appropriation de l\'Espace] \- La femme de ménage s\'engage dans des gestes quotidiens d\'entretien et de soin, révélant des formes d\'appropriation par la pratique. \- Ces actions traduisent une dépendance vis-à-vis d'un espace qui ne lui appartient pas, soulignant la fragilité de sa relation à la maison. [3. Espaces Symboliques et Sens de l\'Habiter] \- Le documentaire questionne la notion de « maison » et d\'« habiter » au sens matériel, symbolique et sensoriel. Les expériences vécues et le rapport intime à l\'espace domestique deviennent le centre d'une réflexion plus large sur les hiérarchies sociales et les rapports genrés. [4. Petits Gestes et Dépendance] \- Des scènes marquantes, telles que l\'enfermement dans une bibliothèque ou la lutte avec un escalier mécanique, illustrent le décalage entre l'architecture moderniste de la maison et les usages quotidiens. \- Les petites actions et les tâches répétitives révèlent une tension entre l'esthétique architecturale et les réalités domestiques vécues. **Approches Théoriques sur l\'Espace Domestique** [1. Espaces Domestiques et Notion de l\'Habiter] \- **Thomas Clerc** (page 181 du roman) : il décrit son appartement, chaque meuble devenant un prétexte pour raconter sa vie. Cette approche relie l\'usage de l'espace à une histoire personnelle. \- **Georges Perec (Espèces d'espaces**, 1974) : il explore différents niveaux d'échelle, du logement à la ville, en posant l'habitat comme un problème à travers des descriptions détaillées et une mise en relation spatiale. [2. Décentralisation et Appropriation de l\'Espace] \- L'appropriation d'un espace domestique par des objets, des rituels ou une occupation temporaire pose la question du territoire, de la symbolique spatiale, et du rapport de l\'individu à l'espace. Cela interroge aussi la notion de \"chez-soi\". [3. Approches Transversales de l'Espace Domestique] \- Anthropologie sociale : la maison est vue à travers les systèmes de parenté et les manières d'organiser la vie familiale. Exemples : igloos inuits, cortili (cours intérieures) en Italie, où plusieurs membres d'une famille élargie cohabitent. \- Anthropologie de la culture matérielle : la maison devient un objet d'étude dans sa matérialité, son histoire et son évolution technique. \- Approche socio-économique : étude des acteurs sociaux, des contextes de production, et des dynamiques de classe ou de genre qui structurent l'espace domestique. **Notion de Déshabiter** \- La dimension de l'obsolescence ou de l'abandon des espaces, les rituels d\'entretien, le soin, et la manière dont les espaces domestiques évoluent sont autant d'aspects qui relient l'architecture aux expériences humaines de l'habiter. \- L\'idée de « déshabiter » un espace souligne que l\'habitat est toujours en transformation, soumis à des pratiques quotidiennes, à l'usure du temps et à des usages changeants. **Perspectives Culturelles et Anthropologiques** [1. Claude Lévi-Strauss et l\'Organisation Spatiale des Sociétés] \- Ses études des sociétés bororos : lieu où se déroule les cérémonies. Mettent en lumière la relation entre la structure sociale, les règles d\'alliance, et la forme spatiale du village ou de la maison. [2. Mythologie et Cartographie Mentale] \- Les espaces domestiques peuvent aussi être investis de significations symboliques, comme une tapisserie ou un artefact qui renvoie à une mythologie ou à une histoire.\ « Dream time » : serpent et fleuve : forme d'appropriation, de territoire. **En Conclusion : Notions Clés pour l'Analyse** \- Maison et espace domestique : Compréhension de l'habitat en tant que lieu de vie, de mémoire et de pratique quotidienne. \- L'habiter anthropologique : Étude des dimensions matérielles, sociales, et symboliques qui définissent ce que signifie « habiter ». \- Temporalité et Entretien : Pratiques quotidiennes, rituel du soin, et appropriation par les gestes récurrents. \- Hiérarchies sociales et genres : Représentations symboliques et matérielles de l'espace, relation entre habitant et habitat. Ce cours aborde donc les multiples facettes du concept d'« habiter », depuis la matérialité des espaces jusqu'à leur signification symbolique et leurs usages concrets au quotidien. TD : L'espace domestique : un champs ouvert : **Charles Parain « La maison vigneronne en France » :** Le document intitulé *La maison vigneronne en France* de Charles Parain explore l\'évolution, les caractéristiques et la typologie des habitations rurales associées à la viticulture en France. Voici un résumé des points principaux : 1. **Fonction et typologie** : Contrairement à d\'autres classifications, Parain propose une analyse basée sur la fonction de la maison vigneronne. Ces habitations varient selon la région, les conditions climatiques, les pratiques économiques et les évolutions historiques. 2. **Caractéristiques principales** : - Les maisons vigneronnes sont conçues autour de deux espaces clés : le lieu de fabrication du vin (cuvage ou pressoir) et le lieu de conservation (cave ou cellier). - Ces espaces répondent à des exigences techniques (température, humidité) influencées par le climat local et le type de vin produit. 3. **Différences régionales** : - **Sud-est méditerranéen** : Les celliers au rez-de-chaussée dominent, adaptés à des vins robustes nécessitant peu de conservation. - **Centre et Est** : La cave souterraine est essentielle pour les vins délicats nécessitant une température stable. - **Bordelais et Ouest** : Prépondérance des celliers non voûtés, influencée par l\'humidité et la persistance de la polyculture. 4. **Évolution historique** : - Les transformations agricoles, l\'industrialisation et les progrès techniques (mécanisation, chimie) ont modifié l\'importance des maisons vigneronnes traditionnelles. - L\'usage de caves ou celliers a varié selon que le vin était destiné à la consommation locale, l\'exportation ou la distillation en eau-de-vie. 5. **Types de maisons vigneronnes** : Parain distingue trois types principaux : - **Cellier non voûté à côté de la maison** (solution ancienne et économique). - **Cave sous la maison** (adaptée aux vins de garde dans les régions fraîches). - **Cellier voûté sous l'habitation** (modèle combiné, lié à des besoins évolués). Ce travail met en lumière le lien profond entre les caractéristiques architecturales des maisons vigneronnes et les pratiques viticoles locales, tout en intégrant des facteurs sociaux, économiques et techniques. **Céline Rosselin « Pratiques habitantes dans les logements d'une seule pièce »** aAnalyse les usages et les adaptations des habitants vivant dans des logements limités à une seule pièce. Voici les principaux points : **1. Nature des logements d\'une pièce :** Ces espaces, constitués de quatre murs et d\'une porte, offrent une architecture simple mais sont marqués par une diversité de contextes sociaux et matériels. Ils peuvent inclure des chambres de bonne, des logements en foyers ou des espaces temporaires comme des caravanes. **2. Population et usage :** \- Ces logements sont habités par des individus de profils variés (étudiants, travailleurs, migrants), souvent dans des situations transitoires. \- Bien qu\'ils soient parfois perçus comme marginaux, ils constituent un lieu de passage dans un parcours de vie, par exemple entre le domicile familial et une installation plus durable. **3. Adaptation spatiale :** \- Les habitants transforment ces espaces uniques en créant des \"coins\" fonctionnels : espace \"chambre\", \"cuisine\", ou \"salon\". Ces coins émergent souvent par la disposition des meubles ou des objets. \- Les gestes et actions, comme faire le lit ou déplacer un meuble, permettent de redéfinir l\'usage de l\'espace selon les besoins du moment. **4. Contraintes et créativité :** \- Les règlements des foyers ou la faible superficie limitent les libertés d\'aménagement, mais les habitants contournent ces contraintes, rendant chaque logement unique par leurs ajustements personnels. \- Les objets jouent un rôle central, servant parfois à des fonctions détournées (par exemple, un bidet comme réfrigérateur). **5. Espace vécu :** \- Ces logements illustrent une fluidité entre les catégories d\'espaces traditionnellement cloisonnés. Les habitants mélangent le public et l'intime, le propre et le sale, ou encore le jour et la nuit dans un espace unifié. **6. Conclusion :** \- Les logements d\'une seule pièce mettent en lumière la manière dont les habitants réinventent l\'usage des espaces restreints, transformant des contraintes architecturales en opportunités pour une appropriation personnelle. Ils posent la question de l\'habiter comme une construction dynamique, plutôt qu\'une simple attribution de fonctions fixes aux espaces. Cette étude démontre la capacité d\'adaptation humaine face à des contraintes spatiales et la complexité des pratiques habitantes dans des logements minimalistes. Séance 2 : La dimension symbolique de l'espace domestique : La notion de maison oscille entre les concepts de « House » et « Home », chacun apportant une dimension spécifique. En français, le terme « maison » trouve ses racines dans le latin **monsionem**, issu de **manere** qui signifie « rester ». Le terme évoque à la fois l\'idée d\'une habitation concrète (maison en tant que « house ») et celle du chez-soi (« home »), un lieu d\'attachement émotionnel. [Maison comme « House » :] \- Ce concept se concentre sur l\'aspect matériel de l\'habitat. Il met en avant l\'architecture, les structures physiques et les caractéristiques fonctionnelles d\'une habitation. \- L\'espace domestique, en tant qu\'environnement fermé, délimite un territoire distinct du monde extérieur, exprimant la capacité humaine à façonner un espace réservé. [Maison comme « Home » :] \- La dimension du chez-soi met en lumière les sentiments, la mémoire et l\'identité qui se développent en lien avec un lieu particulier. Cet espace devient alors porteur d\'attachements émotionnels et de significations symboliques. La maison joue un rôle clé dans notre sociabilisation, en agissant comme espace d\'interaction et d\'identité. À travers le temps, des transformations profondes de la société ont influencé notre perception de cet espace, notamment au XXe siècle, où l\'architecture moderniste, représentée par Le **Corbusier**, a introduit une vision positiviste et universaliste de l\'habitat, souvent déconnectée de l\'humain. En parallèle, en France, des transformations urbaines (relocalisations, destructions) ont soulevé des questions de réappropriation, selon des penseurs comme Henri Lefebvre. [Notion d\'appropriation :] \- Dans **« La Production de l'espace », Lefebvre** soutient que l'espace est une construction sociale influencée par des forces créatives issues de toutes les classes sociales. Les pratiques d'appropriation révèlent comment les habitants transforment leur cadre de vie, souvent en dialogue avec les contraintes sociales. \- La sociologie et l\'anthropologie se rejoignent ici pour étudier la manière dont les individus s\'approprient et habitent un espace, explorant les rapports au territoire, les valeurs culturelles et les dynamiques sociales. Pour **Gaston Bachelard**, habiter va au-delà d\'occuper un espace physique : il s\'agit de créer un lien avec le territoire qui devient un prolongement de soi. **Erving Goffman**, quant à lui, propose une lecture théâtrale de la vie sociale, où chaque individu joue un rôle et utilise l\'espace public comme scène. **La mise en scène de la vie quotidienne 1973** Le paradigme spatial repose sur l\'idée que l\'espace est un processus social, façonné par les relations humaines. Les pratiques sociales sont spatialisées, c\'est-à-dire qu\'elles se manifestent et se définissent en interaction avec l\'organisation de l\'espace (ex : salle de classe, cercle de décision). L\'anthropologie des espaces domestiques s\'intéresse à la manière dont les humains domestiquent et investissent les lieux, depuis les structures anciennes jusqu\'aux rituels et pratiques modernes. La maison Kabyle, étudiée par Pierre Bourdieu, illustre ce lien entre symbolisme et espace physique. Chaque élément de cette maison, des murs de lumière et d\'obscurité à la disposition hiérarchique des espaces, reflète un ordre symbolique et culturel plus large. Ainsi, l\'étude de la maison, à travers ses dimensions matérielles et symboliques, met en lumière la profondeur des relations humaines avec l\'espace domestique, un espace non seulement habité mais façonné par les expériences et les significations culturelles. Habiter : tracer un rapport au territoire, pas seulement occuper un espace physique Habiter c'est s'approprier un espace Habiter c'est un fait anthropologique = il concerne toute l'espèce humaine TD : La dimension symbolique de l'espace domestique : L\'article **Troubles à l'ordre privé : Les classes populaires face à la cuisine ouverte de Pierre Gilbert** explore les tensions socioculturelles engendrées par l\'introduction de cuisines ouvertes dans des logements HLM rénovés, notamment dans des quartiers populaires comme les Minguettes à Vénissieux. [1. Contexte : ] \- Depuis les années 2000, les rénovations urbaines transforment profondément les quartiers HLM. Ces changements visent à améliorer l\'image des logements et à attirer des populations plus aisées, mais affectent les habitudes de vie des classes populaires. \- La cuisine ouverte, autrefois adoptée par des classes moyennes cultivées, est perçue comme un symbole de modernité et de distinction sociale. [2. Rejet par les classes populaire :] \- Les habitants rejettent massivement ce modèle en raison de son incompatibilité avec leurs habitudes et styles de vie. Trois motifs principaux émergent : \- Manque d\'intimité : Les cuisines ouvertes empêchent les échanges genrés (hommes dans le salon, femmes dans la cuisine) et limitent les espaces personnels. \- Odeurs et désordre : La circulation des odeurs et la visibilité du désordre sont contraires aux normes domestiques locales, où la cuisine est considérée comme un espace à garder caché. \- Valeurs sociales et culturelles : Dans ces communautés, la cuisine fermée incarne un espace féminin protégé et distinct du salon, espace public ou masculin. [3. Impact de la rénovation urbaine :] \- La cuisine ouverte symbolise une modernisation qui fragilise les repères traditionnels des habitants. \- Les logements rénovés deviennent des marqueurs de distinction sociale, exacerbant les inégalités et la compétition entre habitants pour l\'accès à ces logements. [4. Ambivalence :] \- Bien que rejetée par beaucoup, la cuisine ouverte est valorisée par certains pour son aspect \"moderne\". Cette dualité reflète les aspirations et tensions sociales au sein des classes populaires. Conclusion : L\'introduction de cuisines ouvertes dans les HLM met en lumière la déconnexion entre les politiques de rénovation urbaine et les réalités culturelles des classes populaires. Ce dispositif, imposé sans concertation, provoque un rejet largement motivé par des enjeux identitaires, culturels et pratiques, tout en illustrant les fractures sociales au sein de ces quartiers. **Elisabeth Gessat Anstett du collectif au communautaire** **Résumé simple et court de l\'article** 1. **Les réseaux familiaux en Russie** : - Les familles russes sont organisées en réseaux solidaires. - Ces réseaux permettent de surmonter les pénuries et de partager logements et ressources. 2. **Proximité et corésidence** : - Les familles habitent souvent près les unes des autres. - Elles utilisent des stratégies pour optimiser l'espace (troc, regroupement). 3. **Lopins de terre et subsistance** : - La terre est essentielle pour l'autoconsommation. - Les travaux agricoles mobilisent plusieurs générations. 4. **Économie familiale** : - Les familles mettent en commun les moyens (main-d'œuvre, outils, produits). - L'entraide est nécessaire pour conserver les denrées ou partager les récoltes. 5. **Tradition et modernité** : - Les formes traditionnelles comme le *dvor* (groupe domestique) persistent. - Les liens de parenté restent essentiels, même en période de transition économique. En conclusion, les familles russes combinent traditions et adaptations modernes pour maintenir leur solidarité et leur survie. Séance 3 : La dimension sociale de l'espace domestique : **L'espace domestique : un lieu social** L'espace domestique ne sert pas seulement à vivre. Il organise les relations sociales, économiques et culturelles d'une communauté. Par exemple, dans le village Bororo étudié par Claude Lévi-Strauss, l'espace est divisé en deux clans séparés par une ligne imaginaire. Au centre, une maison pour les célibataires symbolise cette division et les rôles rituels de l'espace. La forme circulaire du village reflète des structures sociales spécifiques. Mais les colonisateurs ont changé ces formes en villages triangulaires pour mieux contrôler les populations, modifiant ainsi l'identité collective. L'espace social montre aussi les différences de rôles, de valeurs et de pouvoir entre les individus. Il est à la fois un lieu de séparation et de négociation, révélant les rapports de force dans une société. **Genre et espace domestique** L'organisation de l'espace domestique reflète souvent les inégalités entre les genres. Virginia Woolf disait qu'un « espace à soi » était essentiel pour l'émancipation des femmes. Au XIXe siècle, aux États-Unis, des féministes comme Dolores Hayden ont proposé de repenser le foyer pour réduire ces inégalités. Elles voulaient socialiser le travail domestique en créant des espaces partagés, comme des cuisines communes, afin de répartir les tâches et favoriser l'égalité. **Le capitalisme et l'espace privé** Avec le capitalisme industriel, la séparation entre le travail et la maison s'est renforcée. Les banlieues ont isolé les foyers, rendant le travail domestique invisible. Aux États-Unis, la promotion de la maison individuelle, symbole du « rêve américain », a accentué cet isolement. Les électroménagers, bien que pratiques, ont maintenu les femmes dans un rôle productif, tout en dépolitisant leur travail domestique. **Intersectionnalité et inégalités** L'espace domestique reflète aussi des inégalités de classe, de race et d'origine sociale. Les relations entre employeurs et domestiques montrent comment ces espaces perpétuent des rapports de domination. Silvia Federici explique que l'espace domestique joue un rôle dans la reproduction des inégalités et des dynamiques d'exploitation. **Conclusion** L'espace domestique n'est pas qu'un lieu de vie. Il est un miroir des relations sociales et des inégalités. Ses usages quotidiens révèlent des rapports de pouvoir et des enjeux culturels complexes. TD : Lieux de l'intime et vie privé L\'article **La force du regard qu'a la petite fenêtre de Thomas Cortado** explore les choix architecturaux dans un quartier d\'habitat autoconstruit, le Jardim Maravilha à Rio de Janeiro, où la position des fenêtres révèle des dynamiques sociales, corporelles et symboliques. [1. Habitat autoconstruit : contraintes et imagination :] \- Les habitants, souvent des classes populaires, construisent leurs maisons selon leurs moyens financiers limités, mais aussi selon des logiques sociales et culturelles. \- La taille et l\'emplacement des fenêtres dépassent la simple fonction technique pour répondre à des préoccupations d\'intimité et de sociabilité. [2. Intimité et regards :] \- Les fenêtres sont souvent placées à l\'avant ou à l\'arrière des maisons, rarement sur les côtés, pour éviter l'exposition aux regards des voisins, perçus comme intrusifs ou porteurs du \"mauvais œil\". \- Le \"mauvais œil\", associé à l\'envie et aux émotions négatives, est redouté, car il est perçu comme capable de nuire à la santé et à la fortune. [3. Architecture et liberté domestique :] \- La disposition des fenêtres reflète la volonté de préserver la \*\*\"privacidade\"\*\* (liberté de se comporter chez soi selon ses propres règles). \- Des tensions émergent entre la nécessité d'aérer et d'éclairer les espaces et le besoin de protection face aux regards extérieurs. [4. Entrelacs des corps et des lieux :] \- L\'article met en lumière la relation entre les corps regardants (désirants) et l'architecture. Les fenêtres deviennent des médiateurs entre l'intérieur et l'extérieur, impliquant une interaction constante entre les personnes et leurs espaces. [5. Symbolique des espaces :] \- L'ethnographie révèle comment l'organisation des maisons et le contrôle des regards incarnent les relations sociales et les tensions identitaires dans ces quartiers. Conclusion : L\'étude des fenêtres dans ce contexte met en évidence une interaction complexe entre architecture, corps et sociabilité. Ces choix architecturaux traduisent les efforts pour concilier autonomie domestique, peur du jugement social et désir de protection contre l'envie. L\'article **La mise au propre en architecture de Monique Eleb** explore l\'évolution des pratiques d\'hygiène et des aménagements architecturaux en France entre 1880 et 1914. Il met en lumière les transformations des espaces domestiques, notamment les cabinets de toilette et salles de bains, en lien avec les changements sociaux et techniques. [1. Contexte socioculturel :] \- À la fin du XIXe siècle, l\'hygiène est associée à des enjeux moraux : dans la bourgeoisie, se laver pouvait être perçu comme lié au péché ou à l\'indécence. \- Les cabinets de toilette, très ornés, servaient à dissimuler les objets liés aux soins corporels, reflétant une pudeur exacerbée. [2. Évolution des espaces d'hygiène :] \- Les cabinets de toilette, initialement meublés, se transforment en pièces équipées (lavabos, baignoires) grâce aux avancées techniques comme l'arrivée de l'eau courante. \- La salle de bains moderne émerge progressivement, remplaçant le cabinet de toilette. Elle devient un espace mixte, moins genré, lié à l'hygiène et à la santé. [3. Différences sociales :] \- Les logements bourgeois introduisent baignoires et douches, tandis que dans les milieux modestes, l\'hygiène reste sommaire (tub, bains collectifs). \- Les ouvriers sont incités à utiliser des bains-douches collectifs, mais leur adoption reste lente, souvent perçue comme une obligation. [4. Propreté et modernité :] \- La propreté devient un signe de respectabilité. Les salles de bains modernes, blanches et fonctionnelles, s'imposent dans les foyers urbains. \- L'hygiène domestique est encouragée par des innovations techniques et des campagnes éducatives. Conclusion : Les aménagements hygiéniques traduisent une transition culturelle et technique. Cette période marque le passage d'un rapport moral et esthétique à l'hygiène vers une approche plus rationnelle et universelle, bien que cette évolution varie fortement selon les classes sociales. Séance 4 : **Les rôles genrés et l'espace domestique** Au XIXe siècle, le libéralisme et le capitalisme ont transformé les rôles masculins et féminins dans la maison. Ces changements ont introduit les notions modernes d'intimité et de vie privée, influençant l'organisation du foyer. **La chambre : un espace privé et intime** La chambre devient un symbole d'intimité, comme le montre la peinture de Van Gogh en 1888. Elle représente un espace personnel, dédié aux émotions, aux souvenirs et aux relations. Avec la modernité, l'intimité se sépare du public pour devenir une valeur culturelle et sociale importante, surtout dans le domaine de la sexualité et du mariage. **Le mariage et la modernité** Le mariage, autrefois basé sur des alliances familiales, s'est peu à peu transformé. Il inclut désormais des notions de choix personnel et d'individualité. Mais cette institution reste marquée par des inégalités de genre, où hommes et femmes ont des rôles spécifiques et souvent déséquilibrés. **L'intimité et l'individu** Le libéralisme a introduit l'idée que chaque personne est libre de ses choix. Cela a favorisé une vision de l'intimité centrée sur les émotions, les désirs et les aspirations personnelles, transformant la manière dont les relations sont vécues. **La chambre nuptiale et conjugale** Michelle Perrot, dans *Histoire de chambres*, et Aïcha Limbada, avec ses recherches sur la nuit de noces, montrent que la chambre nuptiale est un lieu symbolique. Elle marque le passage de la vie de célibataire à celle de marié, entourée de rituels et de codes sociaux. Ce lieu, à la fois privé et public dans ses implications, reflète les attentes de la société envers le couple. **Les paradoxes de la chambre conjugale** La chambre nuptiale est un espace intime mais influencé par les normes sociales. L'Église, par exemple, encadre le mariage et la sexualité, en limitant le divorce. Selon Michel Foucault, la chambre est une « hétérotopie de crise », un lieu réservé à des moments importants, mais souvent imprégné d'inégalités de genre. **L'espace intime et ses objets** La chambre nuptiale du XIXe siècle est aménagée avec soin : lit double, miroir, armoire, lampe. Ces objets reflètent les valeurs bourgeoises de l'époque, centrées sur le couple. Mais cette matérialité reproduit aussi des inégalités, en imposant des rôles différents aux hommes et aux femmes. **Conclusion** Au XIXe siècle, la modernité a redéfini l'espace domestique et l'intimité conjugale, centrée sur le couple et les normes bourgeoises. Ces espaces, bien qu'intimes, restent marqués par des inégalités de genre, révélant les tensions entre traditions, modernité et rapports de pouvoir. TD : Modernisation et globalisation L'article **Construire dans un environnement incertain : La qualité politique des matériaux de construction en contexte colonial et postcolonial au Vanuatu** explore les relations entre matériaux de construction, transformations sociopolitiques et impacts environnementaux au Vanuatu, en contexte colonial et postcolonial. [1. Contexte historique et environnemental :] \- Le Vanuatu, archipel indépendant depuis 1980, a une histoire marquée par des catastrophes naturelles récurrentes (cyclones, séismes, éruptions volcaniques). \- Ces aléas influencent les choix de matériaux et les méthodes de construction, intégrant des matériaux locaux (bois, végétaux) ou importés (ciment, tôle). [2. Enjeux politiques des matériaux :] \- Les matériaux sont un marqueur social et économique. Les constructions coloniales favorisaient des matériaux importés pour affirmer le pouvoir impérial. \- Les ni-Vanuatu, eux, construisaient en lien étroit avec leur environnement, intégrant savoirs locaux et spiritualités. [3. Évolutions dans les pratiques constructives :] \- En période coloniale, les missionnaires et colons introduisent de nouvelles techniques (comme l'usage du béton) tout en exploitant les savoir-faire locaux. \- Les politiques de reconstruction après les cyclones ont transformé les habitats traditionnels, favorisant des matériaux modernes (comme la tôle), souvent moins adaptés aux spécificités locales. [4. Postcolonialisme et vulnérabilité :] \- Après l'indépendance, les politiques de construction évoluent, mais restent influencées par les héritages coloniaux. \- Les pratiques locales ont parfois été marginalisées au profit de solutions « modernes », augmentant la vulnérabilité face aux cyclones récents. [5. Conclusion :] \- La construction au Vanuatu illustre la complexité des rapports entre matériaux, culture et environnement dans un contexte incertain. \- Les choix de matériaux ont des implications politiques et sociales majeures, influençant la durabilité, l'équité et la résilience des communautés. L\'article **Déménager et ménager l'autorité : les unités domestiques du Haut-Atlas en question » de Pascal Mulet** examine les dynamiques sociales et économiques des groupes domestiques dans le Haut-Atlas marocain, notamment dans un contexte agropastoral. Basé sur une enquête ethnographique approfondie, l\'auteur analyse les pratiques qui façonnent la cohésion et l\'autorité au sein des groupes familiaux. [1. Le rôle de la maison :] \- La maison est à la fois un lieu de résidence, une unité économique et un espace politique. Elle est souvent gouvernée par une figure masculine (père ou aîné), dont l\'autorité est construite dans les interactions sociales et économiques. [2. Cohésion et tensions :] \- Les groupes domestiques, bien que perçus comme cohérents et unifiés, sont traversés par des tensions liées aux pratiques matrimoniales, résidentielles et à la transmission du patrimoine. Ces tensions reflètent les jeux entre collectivisation et individualisation. [3. Transmission et autonomie :] \- Les pratiques de dévolution des biens suivent souvent des règles agnatiques (préférant les hommes). La division des biens marque la création de nouvelles unités économiques et politiques, bien qu'elle s\'accompagne de négociations et d\'arrangements. [4. Cas étudiés :] \- Deux familles, les Hasima et les Utena, illustrent ces dynamiques : \- Les Hasima : Une continuité agnatique marquée par une bi-résidence (hommes et femmes vivant dans des maisons proches) où l'aîné joue un rôle central dans la cohésion du groupe. \- Les Utena : Une famille plus nombreuse où les tensions entre l\'autorité du père et l\'autonomisation des fils sont gérées par des pratiques de décohabitation. [5. Critique des modèles traditionnels :] \- L\'étude remet en question les théories homogénéisantes de la « communauté domestique » en montrant que ces unités sont des constructions dynamiques, façonnées par les pratiques sociales, économiques et spatiales. Conclusion : L'autorité et la cohésion au sein des unités domestiques ne sont pas données, mais émergent des pratiques quotidiennes des membres. La notion d'« exploitation agropastorale » permet de saisir la complexité et la pluralité des dynamiques dans ces groupes familiaux. Séance 5 : Les seuils **Portrait de la maison** : La maison se dresse dans une forêt dense, entourée de végétation sauvage. Elle semble presque opaque avec des murs de verre qui alternent entre transparence et reflets des arbres. **Lien avec la nature** : La nature envahit la maison, rendant floues les limites entre intérieur et extérieur. La terrasse est couverte de feuilles, et les moustiquaires protègent des moustiques. **Expérience intérieure** : L'intérieur est transparent, les meubles se reflètent dans les vitres. Cela donne une impression de flottement et d'exposition constante. **Contrainte de transparence** : La vie dans cette maison impose une vigilance permanente. Chaque détail, comme une poubelle, doit être pensé pour préserver l'esthétique depuis l'extérieur. **Le seuil en architecture** : Le seuil sépare et unit. Il filtre ce qui entre ou reste dehors, tant matériellement (portes, fenêtres) que symboliquement (rituels, objets). **Rites de passage** : Les seuils marquent des transitions entre espaces ou statuts sociaux, comme un mariage ou un permis de conduire. **Seuils dans les maisons japonaises** : Les maisons traditionnelles japonaises ont des niveaux de seuils, du portail au mobilier, organisant graduellement l'intimité et la relation entre extérieur et intérieur. **Symbolisme des seuils** : Les seuils protègent (judas, sas), purifient (en enlevant ce qui vient de l'extérieur) et organisent la hiérarchie de l'intime. **Porosité des espaces** : Les cloisons légères permettent une continuité de l'espace, limitant seulement les sens (vue, odeurs, sons). **Conclusion** : Les seuils ne sont pas que des limites matérielles, ce sont aussi des systèmes symboliques qui définissent les relations entre public et privé. TD : La vie sociale des objets : L'article **Transmettre son mobilier ? Le cas contrasté de la France et de l\'Angleterre de Sophie Chevalier** compare les pratiques de transmission du mobilier et de l'aménagement domestique en France et en Angleterre. [1. Contexte et méthode :] \- Étude ethnographique menée dans des banlieues populaires : Nanterre (Fontenelles, France) et Saint-Albans (Jersey Farm, Angleterre). \- Analyse des objets domestiques, de leur appropriation et des projets de transmission. [2. Différences culturelles dans la transmission :] \- En France : \- La maison familiale (souvent secondaire) est perçue comme un ancrage de la lignée dans l'espace. \- Les projets incluent à la fois le logement principal et la résidence secondaire. \- Importance de l'héritage d'objets anciens ou précieux pour renforcer le lien familial. \- En Angleterre : \- La maison principale est un projet de couple, sans visée de transmission intergénérationnelle. \- La culture privilégie l'autonomie des enfants une fois adultes. \- Les objets hérités sont souvent limités à quelques éléments symboliques. [3. Culture matérielle et appropriation :] \- Les objets et mobiliers, qu'ils soient hérités ou acquis, permettent aux ménages de personnaliser des espaces souvent standardisés. \- La notion d'héritage n'est pas universelle : en Angleterre, les objets sont souvent considérés comme éphémères, tandis qu'en France, ils symbolisent une continuité familiale. [4. Conclusion :] \- Les pratiques de transmission sont influencées par des contextes sociaux, économiques et culturels spécifiques. \- En France, la transmission est orientée vers la préservation d'une mémoire familiale collective. En Angleterre, la maison incarne surtout l'identité d'un couple, avec peu d'attachement intergénérationnel. **Martine Segalen Objets domestiques de la vie ouvrière** 1. [Évolution des objets domestiques :] - Entre 1920 et 1960, les familles ouvrières de Nanterre ont vu des changements dans leur mobilier et leurs techniques domestiques. - Ces évolutions révèlent des ruptures et des continuités entre générations. 2. [Migration et installation :] - Les ouvriers migrants venaient de milieux ruraux pauvres, sans patrimoine. - Ils s\'installaient d\'abord dans des logements précaires (meublés, pavillons rudimentaires). 3. [Mobilier et identité :] - Le mariage marquait une stabilisation et l\'achat des premiers meubles (chambre à coucher en priorité). - Ces meubles symbolisaient un retour à la normalité et une intégration sociale. 4. [Transmission et consommation :] - Avant 1960, les parents ouvriers ne pouvaient offrir des meubles à leurs enfants. - L\'amélioration du niveau de vie a permis de restaurer cette tradition après 1950. 5. [Décor et mémoire :] - Le mobilier servait à exprimer une identité sociale et familiale (buffets avec photos, souvenirs). - Les intérieurs ouvriers étaient marqués par une esthétique de surcharge (bibelots, fleurs). 6. [Changements techniques :] - La lessive, autrefois collective, devenait individuelle avec la lessiveuse. - L\'arrivée des appareils électroménagers a transformé les pratiques domestiques. En conclusion, l\'étude montre comment les objets domestiques des ouvriers incarnent à la fois des valeurs sociales, des traditions héritées et des adaptations à la modernité. Séance 6 : La vie sociale des objets et l'espace domestique : [1. L'espace domestique et les objets :]    - Les objets sont centraux pour structurer la maison.    - La technologie transforme l'espace en une \"maison intelligente\" (flexible et connectée).    - Technologies invisibles mais envahissantes, influençant nos comportements. [2. Approches des objets :]    - Objets comme témoins d'histoire ou supports de mémoire.    - Objets médiateurs de relations sociales et marqueurs d'identité.    - Les objets hérités symbolisent le temps et l'appartenance à une lignée. [3. Les études ethnographiques :]    - Enquêtes sur la relation entre objets et individus.    - En France (Fontenelles) : objets hérités liés à l'identité familiale.    - En Angleterre (Jersey Farm) : objets et maison vus comme projets de couple. [4. Changements et significations :]    - Disposition des meubles influencée par la télévision.    - Différence entre objets reçus en héritage (valeur symbolique) et cadeaux (valeur sociale).    - Les objets hérités organisent l'espace et portent une signification temporelle. [5. Dimensions de l'espace domestique :]    - Pratique : utilité des objets.    - Symbolique : signification immatérielle.    - Sociale : identités et relations.    - Affective : attachement émotionnel.    - Mémorielle : lien avec le passé. Conclusion :   Étudier la domesticité, c'est analyser la culture matérielle et les pratiques quotidiennes. Cela inclut la manière dont les objets sont utilisés, réinterprétés et valorisés dans le temps, reflétant les identités, émotions et relations sociales. TD : **Philippe Bonnin : Dispositifs et rituels du seuil** [Nature de la maison] : La maison est transparente, avec des murs en verre. Elle reflète la nature autour d'elle. [Lien avec la nature] : La maison semble exposée. Elle est envahie par les feuilles, les moustiques, et les reflets. [Limite floue] : Les frontières entre intérieur et extérieur sont presque inexistantes. [Seuils en architecture :] Les seuils séparent et relient les espaces. Ils marquent des transitions importantes. [Rites de passage] : Les seuils servent à des rituels quotidiens ou symboliques pour passer d'un espace à un autre. [Maisons japonaises] : Les maisons japonaises ont plusieurs seuils pour organiser l'intimité et la transition entre extérieur et intérieur. [Symbolisme du seuil] : Le seuil est un lieu de passage, mais aussi un filtre entre le public et le privé. Porosité des espaces : Les cloisons légères laissent passer la lumière et les sons, favorisant la connexion sociale. [Importance des rituels] : Les gestes et objets placés aux seuils renforcent la symbolique des espaces. [Évolution urbaine] : Les seuils modernes deviennent plus sécurisés, mais changent les relations sociales et avec la nature. **Céline Rosselin Entrer, entrée approche anthropologique d'un espace du logement** L\'entrée marque une frontière. Elle sépare l'intérieur privé de l'extérieur public. C\'est un espace de transition. On y change de posture : enlever ses chaussures, poser ses clés, etc. Elle remplit plusieurs fonctions. Elle est à la fois pratique (rangement, accueil) et symbolique (passage entre deux mondes). Les objets dans l'entrée sont révélateurs. On y trouve souvent des vestiaires, des chaussures ou des éléments décoratifs qui reflètent les habitants. La culture joue un rôle. L'aménagement de l'entrée varie selon les traditions et les coutumes locales. C'est un espace de contrôle. On y gère les interactions avec les visiteurs et on décide qui peut entrer. Elle exprime le statut social. Une entrée soignée ou spacieuse peut refléter la richesse ou le goût des occupants. Sa symbolique est forte. L'entrée est un seuil entre l'intime et le collectif, et elle peut marquer des rites de passage. Elle est parfois négligée. Pourtant, cet espace a une importance anthropologique et sociale. L\'étude de l'entrée éclaire les pratiques. Elle révèle comment les gens organisent leur vie quotidienne et leurs relations avec les autres. Séance 7 : Mobilité, marginalité et processus de Home making **Capitaux et objets** 1. **Capitaux et position sociale** : - Les capitaux économique, culturel et social positionnent les individus dans la hiérarchie sociale. - Exemple : une personne dépourvue de ces capitaux est marginalisée, tandis que ceux qui les alignent dominent la sphère sociale 2. **Les objets et leur rôle social** : - Les objets qui entourent les individus traduisent leur identité et leur statut. - Exemple : entre la France et l'Angleterre, les traditions influencent la manière dont les objets participent à créer du lien social et reflètent les valeurs culturelles 3. **Objet et identité humaine** : - Les objets sont perçus comme une extension de la personne. - Exemple : la décoration d'une chambre d'hôtel par des migrants (photos, posters, souvenirs) montre leur attachement à des aspects identitaires (paternité, nostalgie) **Fragilité et mobilité du chez-soi** 1. **La fragilité du chez-soi** : - Le sentiment de chez-soi est vulnérable et varie en fonction des expériences de vie. - Exemple : Aïcha, contrainte de fuir son pays, devient sans-abri en France. Elle est hébergée dans des hôtels précaires avec son compagnon grâce à une assistante sociale. Cette instabilité reflète la fragilité du « chez-soi » dans des situations de migration forcée. 2. **Changements dans la perception de l'habitat** : - La maison n'est pas seulement un lieu physique, mais un réseau de personnes et d'émotions. - Exemple : les migrants cherchent à recréer leur chez-soi à travers des pratiques comme envoyer de l'argent ou personnaliser leur espace. **Marginalité et mobilité** 1. **Une construction sociale** : - La marginalité est souvent définie par le regard de la société dominante. - Exemple : selon Howard Becker, ce n'est pas l'acte commis qui est déviant, mais le jugement porté par la société sur cet acte 2. **Déplacement et identité** : - La mobilité redéfinit l'identité et le sentiment d'appartenance. - Exemple : dans les camps, les interactions avec d'autres langues et cultures transforment les habitus des habitants **Les camps : lieux ambigus et politisés** 1. **Typologies et exemples de camps** : - Les camps varient selon leur gestion : - **Humanitaire** : camps de Dadaab au Kenya, administrés par l'ONU. - **Administratif** : camp Corail en Haïti, sous gestion étatique. - **Sécuritaire** : camps en Grèce ou au Qatar, proches de dispositifs carcéraux. - **Informels** : camp d'Ersal au Liban, géré par des ONG locales 2. **L'ambivalence des camps** : - Ils sont à la fois extraordinaires (liés aux crises) et ordinaires (lieux de vie durable). - Exemple : la superposition des habitants dans le camp Sabra au Liban illustre cette coexistence entre ancienneté et nouveaux arrivants. 3. **Vie sociale et politique dans les camps** : - Ces espaces deviennent des lieux de révoltes, de mariages ou de revendications. - Exemple : des travailleurs migrants au Qatar transforment leurs dortoirs en lieux d'identité, ajoutant des objets personnels pour recréer un semblant de vie familiale **La maison comme processus** 1. **Transformation du sentiment de chez-soi** : - Le chez-soi est recréé à travers des relations sociales et l'espace. - Exemple : dans les camps, les migrants développent des stratégies pour s'approprier leur environnement malgré la précarité 2. **Urbanité des camps** : - Certains camps, comme Al-Amari en Cisjordanie, deviennent des lieux structurés avec des hiérarchies sociales et des activités communautaires. TD : Care et queering home : approches critiques à l'étude de la maison : **Laurent Amiotte Suchet Les religieuses âg ées et leurs soigantes** Contexte et transformation des couvents en EHPAD Vieillissement des religieuses \- Le nombre de religieuses a fortement diminué (exemple : les Sœurs de la Charité sont passées de 661 en 1960 à 317 en 2015). \- Les congrégations, vieillissantes, doivent externaliser la gestion des soins, en recrutant du personnel laïque ou en transformant leurs couvents en EHPAD. Transformation des espaces \- Les couvents accueillant des religieuses âgées deviennent des lieux hybrides (ex. : une chapelle convertie en cuisine à Thonon-les-Bains). \- Certains lieux gardent un statut mixte : salle de communauté réservée aux sœurs ou partiellement accessible au personnel et aux laïcs. Hybridité des pratiques et tensions Temporalités en tension \- La vie des religieuses suit un rythme précis (prières, repas communautaires). \- Exemple : des conflits surgissent lorsque les horaires médicaux interrompent les offices religieux (cas de sœur Martine refusant de sortir de la chapelle pour un examen médical). Coexistence des normes religieuses et laïques \- Les repas illustrent ces tensions : les religieuses insistent sur le respect des bénédicités et rituels, tandis que le personnel doit respecter des contraintes de service. Rôle des religieuses valides \- Les sœurs valides aident dans les soins et l'entretien des lieux, mais leurs interventions peuvent entrer en conflit avec les normes professionnelles (exemple : tensions sur les tâches réservées au personnel soignant). Alliances et résistances Alliances inattendues \- Exemple : une sœur supérieure convainc une religieuse récalcitrante de manger en cas de refus, aidant ainsi les soignantes à gérer la situation. \- À l'inverse, des infirmières s'appuient sur la solidarité des religieuses contre des cadres jugés trop stricts. Conflits sur l'aménagement des espaces \- Les religieuses valides et le personnel négocient pour maintenir des éléments religieux (croix, photos de pèlerinages), malgré les contraintes des normes laïques. Résistances symboliques \- Exemple : une religieuse âgée exige de préserver son intimité en affichant un message sur la porte de sa chambre. Exemples marquants Le \"chat de la maison\" \- Les religieuses s'opposent à l'idée d'euthanasier le chat pour des raisons d'hygiène, montrant la tension entre les exigences de gestion et le lien affectif créé avec l'animal. Les cérémonies rituelles \- À Notre-Dame des Cèdres, une « journée de la mémoire » pour les résidents décédés est organisée par des sœurs, combinant gestes religieux et séculiers (par ex. : prière après une cérémonie laïque menée par une psychologue). Conclusion Une hybridité constante \- Ces EHPAD sont des lieux de compromis entre pratiques religieuses et exigences laïques, où des tensions, des alliances et des innovations émergent en permanence. **Olivier Vallerand Regards queer sur l'architecture** Contexte :\ L'architecture est influencée par le genre et la sexualité, mais ces aspects sont peu étudiés. Définition du queer :\ Le terme \"queer\" remet en question les normes de genre et de sexualité. Il refuse les catégories rigides et valorise la fluidité. Approches féministes :\ Le féminisme a critiqué les séparations public/privé et l\'association entre espaces domestiques et féminité. Théories queers :\ Elles déconstruisent les visions binaires de l'espace et montrent comment les identités influencent la conception et l'utilisation des lieux. Espaces queers :\ Ce sont des espaces qui questionnent les normes hétérosexuelles et s\'adaptent aux besoins des minorités. Limites et potentiels :\ Les théories queers cherchent à inclure toutes les diversités (genre, classe, sexualité, etc.) mais restent marginalisées en architecture. Conclusion :\ Une architecture queer doit s'opposer aux normes cachées et proposer des espaces inclusifs et adaptés à tous. Séance 8 : Queering home **Éthique du care :**\ Le care est une activité pour répondre aux vulnérabilités, incluant le soin des personnes, des objets et de l'environnement. **Phases du care :** - **Se soucier de** : reconnaître un besoin. - **Prendre en charge** : assumer une responsabilité. - **Prendre soin** : répondre directement au besoin. - **Recevoir le soin** : évaluer l'impact. **Marginalisation du care :**\ Le care est souvent dévalorisé car associé à la sphère privée et perçu comme une faiblesse. **Approche intersectionnelle :**\ Analyse les interactions entre genre, classe, race et les pratiques du care. **Care et espace domestique :**\ Le care influence les pratiques résidentielles et la gestion du logement. Exemples : habitat participatif des Babayagas pour les femmes âgées. **Théories queer :**\ Elles déconstruisent les normes spatiales (public/privé, féminin/masculin) et proposent une vision fluide de l'architecture. **Queering l'architecture :**\ \"Queering\" signifie remettre en question les normes établies. Cela transforme l'architecture en un espace plus inclusif et transgressif. **Exemples :**\ Utilisation du numérique pour créer des espaces queer performatifs, comme \"Casa Suzanna\". **Conclusion :** Les théories du care et queer redéfinissent l'architecture en valorisant les relations, la fluidité et l'inclusion dans la conception des espaces.

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