Sociologie et anthropologie des mondes contemporains PDF

Summary

Ce document présente la sociologie et l'anthropologie des mondes contemporains, en abordant notamment les pères fondateurs comme Durkheim et Marx. Il explore les concepts clés de la sociologie, comme la perspective sociologique, la construction sociale de la réalité, l'individualisme et le lien social, ainsi que l'évolution des sociétés modernes.

Full Transcript

Sociologie et anthropologie des mondes contemporains Présentation de la sociologie Sociologie : le mot Inventé par Auguste Comte Entend fonder une science nouvelle, une physique sociale visant à expliquer de manière rationnelle les phénomènes sociaux Contexte d’émergence : la modernit...

Sociologie et anthropologie des mondes contemporains Présentation de la sociologie Sociologie : le mot Inventé par Auguste Comte Entend fonder une science nouvelle, une physique sociale visant à expliquer de manière rationnelle les phénomènes sociaux Contexte d’émergence : la modernité Société née des révol politiques (1776 ; 1789) et de la révol industrielle (19e ) Période troublée → sociologie envisagée comme un moyen de refonder l’ordre social et de sortir d’une crise politique, morale, religieuse Def : « science de la société » ; « étude scientifique des phénomènes sociaux » Pas une bonne def car la société n’est pas un objet spécifique Le social est partout : presque tout peut faire l’objet d’une enquête sociologique (ex : rel, consommation, travail, entreprise, violence,…) La sociologie n’a pas le monopole de l’étude du social ou de la société (il y a aussi l’économie, sc pol, criminologie,…) Il y bcp de relations entre la socio et les disciplines voisine (philo, journalisme, hist, psycho, travail social) ex : socio (sociétés modernes) et antropo (société prémodernes) Science qui propose un regard spécifique (= façon particulière d’observer et interroger la réalité sociale) sur le monde qui nous entoure La perspective sociologique Étudier la sociologie = apprendre à changer de regard sur les choses, développer son « imagination sociologique » et pas juste emmagasiner des connaissances Permet de faire ressortir la contingence (= variabilité des phénomènes sociaux) du social (ex : drogue légale) Ex : le café = geste banal et inintéressant ? 5 façon sociologique de considérer la qst Valeur symbolique du café : routine personnel et rituel social 1 Café : drogue légale De la production à la distribution du café : un système complexe Café : un legs colonial Le café comme style de vie : dis-moi quel café tu bois, je te dirai qui tu es Comment la développer ? Prendre de la distance avec le « sens commun » (chargé en préjugés sociaux et culturels) Dénaturaliser le phénomène social et culturel / appréhender la réalité sociale comme une construction Décentrer les perspectives (comparaison dans l’espace et dans le temps) Méthode : la comparaison → permet de rendre visible et donc de dénaturaliser des réalités sociales qui semble « normale » 2 types de comparaison Historique/ diachronique Géographique/ synchronique Le bon sens ne suffit pas car Nous avons tous des idées sur la façon dont la société fonctionne (des « prénotions (=conceptions erronées au sujet des phénomènes sociaux sur lesquelles on se fonde parce qu’elles font partie des idées communes)) Nous développons tous une « sociologie spontanée », dépend de notre position sociale La sociologie prend de la distance avec la sociologie spontanée, elle se méfie du sens commun qui mélange idées justes et erreurs Le naturalisme = attitude qui consiste à regarder des faits sociaux comme des phénomènes « naturels » et à invoquer une « nature humaine » supposée pour expliquer les pratiques et comportements culturels Ex : Les rapports entre hommes et femmes Le sexe biologique d’un individu ne détermine pas, en tant que tel, sa façon de se comporter La définition de ce qui est masculin ou féminin (le « genre ») relève d’un processus social 2 L’oubli de la construction sociale de la réalité : Le naturalisme est un mode d’appréhension courant à cause de l’évidence du « déjà-là » Les nouvelles générations trouvent la réalité toute construite, déjà installée. Elle devient pour elles quelque chose de « naturel » Réalité parfois perçue comme irréversible (= comme qqch qui est là depuis tj et pour tj) → force d’inertie sociale → Or nombre d’utopies d’hier sont les évidences d’aujourd’hui (ex : l’école gratuite pour tous) L’homme en tant qu’être social (REM : Le point de vue sociologique s’intéresse à l’homme dans la société mais aussi à la société dans l’homme) Pour la sociologie, ce qui caractérise l’humain est le social en lui, càd le fait que l’être humain est un être socialisé et éduqué La socialisation et l’éducation conduisent à l’intériorisation de la culture dans laquelle nous vivons La socialisation = façon dont la société forme et transforme les individus L’éducation = « socialisation méthodique », action où un éducateur va essayer de transmettre qqch Ex : les enfants sauvages → élevé hors de tout échange avec ses semblables donc ne révèle pas « une nature humaine » (ne sait pas marcher, parler,…) Le biologique dans ses conséquences sociales Les faits biologiques, physiques ou psychologiques peuvent entrer dans le raisonnement sociologique à condition de considérer leurs conséquences sociales ou leurs effets sociaux. « La biologie de notre organisme, produit d’une longue histoire du vivant, conditionne globalement ou préforme la nature de la vie sociale que nous pouvons avoir » (Lahire) Ex : « l’altricialité secondaire » = immaturité du jeune être humain → situation de dépendance des plus jeunes vis-à-vis des adultes Forte nécessité d’une parentalité resserrée pour l’enfant et forte dispositions à prendre soin d’autrui pour la maman Très longue enfance (plus longue des mammifères) Base explicative de la nécessité d’une socialisation Base de l’omniprésence des rapports de domination (entre parents enfants ; domination masculine (car charges induites par l’altricialité secondaire repose sur les femmes) 3 La modernité et les pères fondateurs de la sociologie Modernité : Désigne un ensemble de changements sociaux qui affectent les sociétés humaines depuis le 18e siècle 3 gd types de changements : Économiques (révolution industrielle) Culturels (sécularisation) Politiques (démocratisation) Défis des sociétés modernes : Sociétés en changement perpétuel Nourrit des inquiétudes Perte de repères Sociétés qui entretiennent un autre rapport à l’histoire, à la tradition, au temps Crainte du désordre sociale, de l’atomisation (=disperser les éléments/détruire la cohésion) → collectif peut-il exister dans une société individualiste ? Sociétés marquées par le develop de l’individualisme Individualisme et lien social : Les individus prennent progressivement conscience de leur individualité Apport pour l’émancipation individuelle mais qui inquiète aussi car cela pousse les individus à se concentrer sur leurs propres intérêts La sociologie émergente utilise le concept d’égoïsme pour critiquer un individualisme déconnecté du civisme, qui incite l’individu à se retirer de la société. L’accélération : Dans les sociétés modernes tout devient toujours plus rapide Selon Hartmut Rosa c’est un changement marquant et central de la modernité 3 dimensions principales : Accélération technique → innovations (ex : machine à vapeur,…) Accélération du changement social (ex : institution pol/rel, la famille, le travail,…) Accélération du rythme de vie → produit stress, pression temporelle,… 4 Pq, si l’accélération nous fait économiser du temps avons-nous la sensation d’en manquer ? → puisqu’on peut produire plus rapidement, on produit plus Emile Durkheim : 1858-1917 Idées essentielles : Fonder sociologie comme science autonome Mq la cohésion d’une société passe par l’intégration des individus et sur des valeurs collectives Démo que des faits individuels (ex : suicide) ont des causes sociales Société exerce une action sur l’individu Ouvrages fondamentaux : De la division du travail social (1893) Les Règles de la méthode sociologique (1895) Le Suicide (1897) Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912) La nature du lien social : Qu’est ce qui nous unit ? → la solidarité 2 formes de solidarité : Mécanique : lien social fondé sur la similitude (sociétés traditionnelles) Organique : individus liés en raison de leurs complémentarités (sociétés industrielles) Evolution lié à la division accrue du travail : interdépendance économique et sociale Csq : Individus plus autonomes qu’avant mais moins indépendant Styles de vie bouleversés, affaiblissement de la conscience collective → individualisme Concept d’anomie : Dans les sociétés modernes, les changements sociaux rapides peuvent conduire à un état d’anomie Anomie = état de dérèglement, d’absence de règles qui conduit à une perte de repère pour les individus Suicide : 5 2 facteurs : le niveau d’intégration des sociétés (la force du lien social entre individus) l’importance de la régulation (le niveau des règles et des valeurs qui fixent des limites aux individus) différents suicides : suicide égoïste : manque d’intégration (+ à la ville qu’à la campagne, +si veuf/pas de famille,…) suicide anomique : manque de régulation des désirs, le « mal de l’infini » Moins courants dans les sociétés contemporaines : suicide altruiste : se sacrifier pour les autres (ex : kamikaze) suicide fataliste : trop opprimé par les règles Karl Marx : 1818-1883 Idées essentielles : Cherche à comprendre les forces qui gouvernent le changement historique Une théorie des classes sociales, des rapports de classes et des luttes entre classes Une conception matérialiste de l’histoire : « l’anatomie de la société est à rechercher dans l’économie » Ouvrages clés : Le Manifeste du Parti Communiste (1848) Le Capital (1867-1894) Mode de production : Celui de la modernité = capitaliste 2 éléments : Forces de production → qui produit ? Rapports (sociaux) de production → comment s'organise la relation entre ceux qui domine et ceux qui sont dominés ? = mode de coopération mais aussi d’exploitation parce que les hommes sont inégaux dans la coopération Au fondements des classes sociales : la place des individus dans les rapports de production 6 Histoire et lutte de classes : La société bourgeoise modernes, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes → ne fait que substituer de nouvelles classes, nouvelles conditions d’oppression, nouvelles formes de lutte Société capitaliste se divise en 2 classe : bourgeoisie et prolétariat Marx veut une société sans classes = communisme Les classes sociales : un type de stratification sociale parmi d’autres Stratification sociale : décrit la structure des inégalités et de la hiérarchie entre individus et groupes à l’intérieur d’une société Classes sociales = version moderne de la stratification Quatre systèmes basiques de stratification L’esclavage La caste (classe sociale fermée (d'abord en Inde)) Les états ou ordres (noblesse, clergé, tiers état) La classe sociale De l’héritage au mérite Dans une société de classes (à la différence des systèmes antérieurs de stratification sociale) la division de la société en groupes n’a pas d’existence légale La société moderne privilégie les « statuts acquis » (à force de talent et/ou de travail) sur les « statuts hérités » (directement transmis des parents aux enfants) → Le mérite (combinaison de talent et de travail) devient le mode de hiérarchisation légitime des individus → La reproduction sociale demeure néanmoins forte aujourd’hui même si elle est plus indirecte (elle passe notamment par l’école) Ex d’hérédité ou de reproduction sociale : si parents sont allé à l'unif les enfants ont plus de chance d'aller à l'unif Alexis de Tocqueville : 1805-1859 Idées essentielles : La modernité ou le triomphe de l’égalité en tant que valeur Une réflexion d’ensemble sur la démocratie, sur les rapports entre l’égalité et la liberté 7 Les conséquences de l’individualisme sur la participation démocratique Principaux ouvrages : De la démocratie en Amérique (1835-1840) L’Ancien Régime et la Révolution (1856) Société aristocratique versus démocratique : La démocratie ne désigne pas seulement la participation des citoyens à la gestion des affaires de la cité, mais l’égalité plus grande des conditions Société aristocratique : stabilité, hiérarchie, inégalités naturalisées Société démocratique : mobilité sociale permise, les individus ne sont plus assignés à vie à occuper une position sociale en fonction de leur naissance. Soumission « librement consentie » : le contrat est la seule légitimité possible de l’obéissance en démocratie (on est d'accord de travail pour le patron contre de l'argent) Le paradoxe des sociétés modernes : Marx versus Tocqueville La double face de la modernité : le récit de l’égalité démocratique incarné par Tocqueville versus le récit des inégalités capitalistes incarné par Marx Ce paradoxe a pu être partiellement surmonté grâce à un mode de régulation politique qui concilie l’égalité de principe des individus avec les inégalités du capitalisme (L’Etat- Providence qui permet un partage des fruits de la croissance, l’extension des droits sociaux et l’amélioration des conditions de vie de tous) Plus l’égalité progresse, plus la moindre inégalité est insoutenable, ce qui assure le progrès continu de l’égalité Max Weber : 1864-1920 Idées essentielles : Comprendre la spécificité du capitalisme occidental, ses origines et ses conséquences La modernité comme processus de rationalisation (= tendance à généraliser la démarche scientifique et technique et à l’appliquer dans toutes les sphères d’activités) Processus de rationalisation : exemples Dans la sphère économique : la diffusion du capitalisme → développement de méthodes de production et de gestion rationnelles 8 Dans les sphères juridique, administrative et politique : règles formelles et impersonnelles Développement de la bureaucratie La légitimité du pouvoir devient légale-rationnelle (versus traditionnelle) → Conséquence : le désenchantement du monde et recul des explications religieuses du monde Principaux ouvrages : Livre L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904) Constats de départ : Le capitalisme moderne se développe dans les milieux de confession protestante Dans l’Allemagne du 19e S. les catholiques participent moins à la vie des affaires que les protestants Objectif de Weber : expliquer le caractère rationnel du développement capitaliste Thèse : certaines croyances religieuses ont déterminé l’apparition d’une mentalité économique propice au capitalisme La réforme protestant calviniste : Le croyant seul face à Dieu La croyance en la prédestination = idée selon laquelle Dieu a déjà choisi, dès la naissance, ceux qui seront sauvés La réussite professionnelle est vue comme un moyen de glorifier Dieu → se développe une nouvelle conception du travail dans laquelle l’activité laborieuse est considérée comme un devoir, un commandement de Dieu Csq. : l’investissement « intramondain » comme signe de l’élection divine (versus logique extramondaine, ex. : vie monacale consistant à se retirer du monde) Du bénéfice religieux au bénéfice (financier) En travaillant beaucoup, en voulant réussir professionnellement, le calviniste cherche la preuve qu’il est un élu de Dieu Ce faisant le calviniste accède à une réussite matérielle. Il récolte donc du bénéfice, du capital même s’il recherche avant tout un bénéfice religieux (Différence entre « effet intentionnel » (les buts subjectivement visés) et « effet objectif » (ou « effet non intentionnel ») (qui désigne les conséquences objectives de l’action)) Les valeurs protestantes et croyances calvinistes vont conduire une élite protestante à s’investir dans le travail et l’industrie et faciliter le développement du capitalisme 9 Les sociétés prémodernes 2 types de sociétés : Sociétés tribales : Trois types : chasseurs-cueilleurs, pastorales et agraires Nomades ou semi-nomades (cueillette, chasse, pêche, élevage, horticulture) Sans Etat Economie du don Modèle culturel mythique, mentalité animiste Oralité Sociétés traditionnelles : Sédentaires (diffusion de l’agriculture → société agraires avancées) Premières formes d’Etat Régime de la dette Religion Ecriture Remarque sur la typologie des sociétés : Idéalisation de la réalité, accentuation des traits principaux Pas des sociétés aussi radicalement différentes que cette présentation peut en donner l’impression → existe des états intermédiaires, un continuum Une perspective non évolutionniste, principe de contingence : pas de nécessité historique o NB: L’évolutionnisme social et culturel est un courant anthropologique (du 18e et 19e siècle) qui concevait l’histoire comme une succession d’étapes unilinéaire, ascendante et irréversible, dont la société occidentale était perçu comme le terme final et la norme Pas de hiérarchie entre ces sociétés, des sociétés « autres », différentes de la nôtre Sociétés tribales : Petits groupes nomades (vivant en clans de 25 à 50 personnes) La production de nourriture est la principale activité économique 3 subdivisions en fonction du mode de production de la nourriture et du niveau technologique Chasseurs-cueilleurs Eleveurs 10 Cultivateurs Sociétés de chasseurs-cueilleurs : 1e société humaine Vivent de ce qu’ils trouvent dans la nature (chasse, pêche, plantes sauvages, fruits) Des sociétés (le plus souvent) nomades Des sociétés généalogiques La parenté, au centre des rapports sociaux Identité et rôle de chacun dans la hiérarchie sociale définis par la place dans la filiation Croyances : culte des ancêtres Animisme (l’esprit des ancêtres est en toute chose) Totémisme (pratique associant un ancêtre animal, mythique, à chaque clan) Accumulation matérielle limitée Sociétés strictement égalitaires (au plan matériel) Animisme : Les peuples animistes ne font pas de différences entre les êtres humains et les autres créatures vivantes (animales, végétales).. Ils considèrent que toutes ont un esprit similaire. Et se comportent donc avec les plantes et les animaux comme avec des personnes. Notre regard sur ces sociétés : Attention à l’ethnocentrisme = attitude qui consiste à expliquer, comprendre et évaluer les autres cultures à l'aune des catégories culturelles de l'observateur (en l'occurrence, de l'observateur occidental). = juger les autres cultures à travers le prisme de sa propre culture REM. : L’évolutionnisme social et culturel (cf. supra) était une conception de l’histoire marquée d’un profond ethnocentrisme Economie de subsistance ? : OUI mais pas de pauvreté et misère contrairement aux idées reçu (ethnocentriques et anachroniques) Lutte pour la survie ? → NON (Sahlins) Quête de nourriture = 4/5h Loisirs abondants 11 Des besoins énergétiques couverts Besoins limités par rapport aux nôtres → valeur d’usage > valeur d’échange Sociétés idylliques ? : NON : non exemptes de violence, domination masculine, anthropophagie (fait de manger de la chair humaine) et guerres (conflits armés intergroupe) Ex : le cas des Aborigènes d’Australie (chasseurs-cueilleurs sans richesse) But : se venger d’un tort subi, souvent un homicide ou un litige lié aux droits sur les femmes ; pas pour conquérir des territoires ni piller des ressources Société égalitaire ? : Des sociétés sans stratification sociale, au sens où elles ne sont pas structurées sur une base économique (pas de riches versus des pauvres) En revanche, dans ces sociétés, « deux grands rapports de domination structurent le monde social : le rapport de domination entre hommes et femmes (…) et le rapport de domination entre les anciens et les jeunes » (Lahire, 2023, p. 622). La domination des anciens sur les jeunes résulte des rapports de dépendance entre les parents et les enfants La domination masculine trouve son origine dans la division sexuelle du travail Chasseurs-cueilleurs : Aujourd’hui : Période d’existence : de – 40 000 ans à aujourd’hui. En voie de disparition totale. Actuellement moins de 250000 personnes (0,001% de la population mondiale) Ex. les San / Bochiman (Afrique australe, désert du Kalahari) Avant : Il y a 10 000 ans en l’an 1500 ajd Des sociétés de chasseurs cueilleurs aux sociétés pastorales (éleveurs) et agraires (cultivateurs) 12 Révolution néolithique : changement fondamental dans la vie des groupes humains avec l’apparition de l’agriculture et de l’élevage. L’agriculture s’accompagne de la sédentarisation et permet le développement d’autres types de sociétés tribales Agriculture et croissance de la population, un cercle vertueux : Sociétés de cultivateurs et éleveurs : Sociétés sédentarisées Des groupes plus grands Accumulation beaucoup plus importante Sociétés inégalitaires → Le stockage comme condition d’apparition des inégalités Sociétés proto-étatiques, chefferies (=Territoire sur lequel s'exerce l'autorité d'un chef traditionnel) car on a qqch à protéger Etre > avoir, accumulation de prestige, d’honneur Les sociétés pastorales et agraires de nos jours : Existence : de – 10 000 à aujourd’hui. Font désormais partie d’entités politiques plus larges, difficulté à maintenir leur identité, modes de vie menacés Ex. les Maasaï (Kenya/Tanzanie) Le don comme moyen d’échange mais aussi manière d’exercer du pouvoir : L’économie du don, une forme primitive d'échange de biens (à distinguer du troc) Le don oblige : une triple obligation (donner, recevoir, rendre) Système central dans les alliances et collaborations entre clans et tribus, moyen de conjurer la guerre → Le don entre solidarité et rivalité La contre-partie du don = le contre don, c'est pas du troc, vous donnez mais ne recevez pas tout de suite la contre partie 13 Ex : le potlach Le potlatch : cérémonie au déroulement codifié au cours de laquelle les chefs faisaient la démonstration publique de leur générosité forme pacifique de compétition et moyen d’exercer une influence politique (cf. Amérindiens de la côte Nord-Ouest, tribu Kwakiutl) On attend de la tribu qui a été invité au potlach d'en organiser un après et ils doivent être aussi généreux voir plus → perçu comme grand par son clan et les autres clans → entraine parfois des conflits Le don, un phénomène banal mais fondamental : Pour Mauss, le don n’est pas une modalité archaïque de l’échange L’étudier peut permettre de comprendre la place qu’il prend dans nos sociétés contemporaines Cf. vertus (voir page au-dessus) du « décentrement » ou du « regard éloigné » caractéristique de la méthode (socio)anthropologique, consiste à la fois à étudier les peuples éloignés afin de prendre de la distance avec notre propre société et ce qui nous apparaît comme naturel Objectif connaître les autres cultures pour mieux connaître la nôtre Pour Mauss le don révèle quelque chose de fondamental sur l’être humain et sur la manière dont fonctionnent les sociétés traditionnelles mais aussi, par comparaison avec elles, les sociétés modernes Des sociétés tribales aux sociétés traditionnelles : Lorsque la densité démographique augmente, les terres disponibles deviennent progressivement la denrée rare. S’ouvre la possibilité que celles-ci soient monopolisées par une minorité. On bascule alors dans une économie de la dette : la minorité se libère des tâches productives et permet l’accès aux terres en échange de l’abandon d’une partie de la production La minorité s’accapare une partie du travail de la majorité Les sociétés traditionnelles : Une majorité de la population travaille dans les champs Finalité de l’activité de production : subsister mais aussi payer l’impôt L’accumulation se réalise par l’imposition tributaire (impôt, voire spoliation, esclavage) Sociétés très inégalitaires (castes, ordres) Placées sous l’autorité d’un Etat : Etats despotiques, Etats impériaux, Empires antiques (Egypte, Chine, Grèce, Rome) 14 Sociétés basées sur la conquête militaire Grille religieuse de lecture de la réalité sociale Premières « civilisations » (écriture, science, art) Période d’existence: De – 5000 jusqu’au 19e s. Tous les Etats traditionnels ont disparu 1 e civilisations : Mésoamérique Amérique du sud Egypte Rome Grèce Inde Chine Mésopotamie Remarque sur les croyances mythiques, magiques, religieuse s : Premières productions culturelles Liées à une conscience de la mort et interrogation quant à l’avenir : La mort, état inconnu, travaille les vivants qui tentent de lui donner sens et d’apprivoiser l’incertitude du monde Du culte des ancêtres au culte des dieux : « Avant de devenir des divinités, voire un seul dieu transcendant, sous l’effet de la transformation des structures politiques de sociétés sans Etat en des sociétés étatiques organisées verticalement et dotées de rois, de pharaons, d’empereurs, etc., les forces protectrices convoquées par les hommes n’étaient bien souvent que les esprits des ancêtres avec lesquels on se sentait lié » (Ibid., p. 750) La multiplication des dieux : La révolution néolithique marque un premier tournant dans les croyances magico-religieuses Naissance et surtout multiplication des dieux « à partir du moment où l’agriculture et l’élevage s’imposent progressivement comme modes de subsistance principaux, la crainte que la récolte ne soit pas suffisante ou qu’elle et le bétail soient détruits contribue à créer des divinités chargées de veiller sur tout cela » (Lahire, 2023, p. 742) Des puissances surnaturelles plus hiérarchiques et verticales : Dans les sociétés plus hiérarchiques et verticales qui se développent ensuite (dans les sociétés « traditionnelles »), des dieux en position verticale et surpuissante apparaissent (deuxième tournant). 15 Dans les sociétés tribales, avec le totémisme, les esprits, les puissances ne sont pas perçues comme planant très haut, elles sont au contraire, toutes proches Lorsque l’Etat apparaît, cela signifie qu’une hiérarchie très forte s’est instaurée, et plus cette hiérarchie comporte d’échelons, plus les dieux deviennent puissants et se distinguent du commun des mortels. Chez les Aborigènes au contraire, les esprits ou les ancêtres ne sont que légèrement supérieurs aux hommes » (Lahire, 2023, p. 749). Sociétés modernes / industrielles : L’accent passe de la production alimentaire à la production de biens manufacturés La production alimentaire étant réalisée à l’aide de machines, on produit plus et plus vite Population encore plus importante Industrialisation conduit à l’urbanisation (càd à la concentration de la population dans les villes) Révolution industrielle et capitalisme : Révolution industrielle : Commence dans l’industrie textile en Angleterre = Le plus grand bouleversement depuis la révolution néolithique (agriculture, élevage et sédentarisation) = Un processus qui s’appuie sur un ensemble d’innovations techniques Progrès dans la métallurgie et la sidérurgie Machine à vapeur (James Watt, 1769) L’industrialisation va révolutionner les transports, permettre la migration des populations, faciliter l’exode rural et l’urbanisation Elle va aussi mécaniser la production et modifier fondamentalement les rapports sociaux Urbanisation : = Concentration croissante de la pop autour des agglomérations urbaines existantes Exode rural car grâce à la revol industrielle bcp d’usine se forment dans les villes et ont besoin de main d’œuvre Ville se diversifie (pauvres et riches) Ex : Chicago 16 La ségrégation urbaine/résidentielle entre les classes sociales : = la séparation, plus ou moins marquée, des groupes sociaux dans la ville Contraste frappant dans un même quartier Le machinisme : De l’outil à la machine De l’énergie musculaire à l’énergie inanimée (vapeur) D’un outil prolongeant la main, à un outil relativement autonome séquences de travail (presque) autonomes enchainements mécaniques par engrenages Rem : le machinisme ne supprime pas le travail humain (le projet de remplacement de l’homme entier = robotisation), il modifie son statut La résistance au machinisme : le luddisme (le bris de machine) Ex : mécanisation du textile en usine (avant chacun chez soi, tisserand indep ne pouvait pas lutter donc devait aller travailler contre un salaire) les terres one été confisqué et les gens ont donc été forcé d’aller travailler en ville De l’artisan à l’ouvrier : Le machinisme modifie le statut du travail humain et transforme les rapports sociaux De l’artisan à l’ouvrier (et opposition entre propriétaires et ouvriers d’usine) Déqualification des ouvriers → ouvrier sont interchangeables → salaires misérables car pas besoin de compétence particulière et sont interchangeables L’artisan était responsable de toutes les étapes de la production vs Les ouvriers ne suivent plus l’ensemble du processus de production, mais seulement une étape Spécialisation ou parcellisation du travail Le fileur qui ne fait marcher que la machine à filer Le chauffeur, pour charger la chaudière Le tisserand, qui ne sert que le métier à tisser Le blanchisseur, qui ne fait que blanchir les tissus Ségrégation en cités ouvrières aux abords des centre industriels (division spatiale entre classes sociales) Luddisme : = une des premières formes de la lutte ouvrière 17 Sens stricte : = Une pratique circonscrite (en Angleterre, fin du 18e - début 19e ) consistant en un mouvement présyndical d’opposition des ouvriers de l’industrie textile à l’industrialisation et à la prolétarisation de leur métier et procédant par la destruction de machines. Sens large : = une pratique contestataire récurrente dans l’Europe de la révolution industrielle Ce type d’émeutes se renouvelle de façon sporadique et dispersée dans les principales régions industrielles d’Europe, conquises par le machinisme au XIXe siècle. La contestation ne se limitera pas au secteur textile (elle touchera aussi l’agriculture, l’imprimerie...) Rem : les ouvriers ont recourus à la violence en dernier recours, quand contestations pacifiques ont échoué ou qu’ils ont épuisé les moyens légaux de défendre leur culture de métier Csq inattendue du machinisme et de la division du travail : La déqualification et parcellisation du travail rend les ouvriers interchangeables devant les machines, mais en les rendant tous semblables elle va aussi créer, avec l’aide d’intellectuels (comme Marx et Engels e.a.), les conditions d’une identification à la classe ouvrière. Division du travail et aliénation : Un travail usage, monotone, déshumanisant Marx parle d’aliénation = état d’une personne qui se sent étrangère à elle-même, qui ne se reconnaît plus elle-même dans son existence et dans ses activités et se voit dépossédée de ce qu’elle produit (exemple: le travailleur est aliéné dans le système de production capitaliste) = la non conscience de l’exploitation à laquelle le travailleur est soumis (Marx) REM. : L’aliénation n’a pas disparu aujourd’hui Le taylorisme : F. W. Taylor = créateur de l'organisation scientifique du travail (O.S.T.) L’organisation scientifique du travail = comment associer le mieux la machine et l’humain (approche sc) 18 Principe central : la distinction tranchée entre gestion/conception et exécution Recherche d’une conjugaison idéale machine-homme Décomposition du travail en éléments simples La suppression de tout geste inutile Chronométrage pour tester efficacité Conséquences de la division du travail Déqualification, perte de compétence Une conscience de classe en gestation Pénibilité et perte de sens du travail En résumé : les csq de la division du travail : Déqualification, perte de compétences : artisanat: savoir-faire appris en corporations association professionnelle, qui établissait les règles du métier et réglementait la vente des marchandises (monopole commercial) mode formel d’apprentissage: apprenti, compagnon du métier, maître machinisme Peu de compétences requises Ouvriers interchangeables, inclusion des femmes et enfants Homogénéisation de la classe ouvrière : Identification Développement d’une conscience de classe Pénibilité du travail machinal Mauvaises conditions de travail (prolétarisation des travailleurs) Cadences élevées, travail usant, monotone Aliénation (Marx) Le fordisme : = articulation de la production de masse et de la consommation de masse Le constructeur automobile Henri Ford va mettre en œuvre les principes tayloristes dans ses usines. Il y ajoute la mécanisation du transport des pièces (= convoyeur) en cours de fabrication. Production massive d’automobiles → nécessité de trouver de développer le marché pour écouler ses produits 19 Sa politique du « five dollars a day » est pensée comme la possibilité pour l’ouvrier moderne d’accéder au statut de consommateur (avant avait que le statut de producteur car avait juste assez d’argent par vie) des produits de la société industrielle → Henri Ford systématise la relation entre production de masse et consommation de masse ➔ 5$ = salaire énorme pour cette époque, si épargne pourra peut-être s’acheter une voiture et lui sont fidèle (ne vont pas aller travailler ailleurs) Le capitalisme industriel : La machinisation est un facteur de développement du capitalisme industriel à cause de la nécessaire concentration du capital La révolution industrielle est allée de pair avec le développement du capitalisme Société industrielle et société capitaliste : une distinction importante Le capitalisme existait avant la révolution industrielle Des cas de sociétés industrielles non capitalistes Définir le capitalisme : Marché ? Dans le capitalisme, l’équilibre de la production et de la consommation se réalise grâce au marché (= processus de coordination des activités économiques à travers l’échange et les prix) Recherche du profit ? L’instinct du profit (la «soif de l’or») existait déjà dans les sociétés précapitalistes ➔ Ces 2 premiers pnt ne font pas partie de la def (= 3 prochains pnt) La question de la rationalité (Weber) Dans le capitalisme, la poursuite du profit procède d’une démarche rationnelle, rigoureuse Le capitaliste moderne ne recherche pas le gain éphémère mais une accumulation rationnelle du capital dans le long terme. ➔ Nécessité d’institutions (système bancaire; société anonyme, financée par actions) La logique de l’accumulation (Marx) L’accumulation continue du capital, l’accumulation comme finalité (Marx) Est capitaliste « quiconque possède un surplus et l’investit pour en tirer un profit qui viendra augmenter le surplus initial ». ➔ Tendance systémique du capitalisme à coloniser tous les aspects de l’existence 20 La dynamique de l’innovation (Schumpeter) Le capitalisme pousse sans relâche à l’innovation (plutôt qu’à l’équilibre des marchés), processus permanent de « destruction créatrice », prise de risque… ➔ Centralité de la figure de l’entrepreneur, personnage-clé du capitalisme ➔ Condition de l’innovation : marchés ouverts à la concurrence, reposant sur des règles juridiquement garanties Economie traditionnelle vs économie capitaliste : L’esprit capitaliste (la recherche rationnelle du profit) s’est heurté à ses débuts à une autre mentalité, associée à l’économie traditionnelle et que Weber appelle le traditionalisme Dans l’économie traditionnelle (pré-capitaliste) c’est la satisfaction des besoins personnels qui importe Càd gagner suffisamment pour vivre comme on a l’habitude de le faire L'homme ne désire pas « par nature » gagner de plus en plus d'argent, souligne Weber, il désire, tout simplement, vivre selon son habitude et gagner autant d'argent qu'il lui en faut pour cela. Ex : l’échec de l’appel au sens du profit pour intensifier la production agricole Capitalisme, inégalités et rapports de classe : Capitalisme = aussi un système social particulier, un mode de production historique qui se définit par la structure de ses rapports sociaux (cf. Marx) Opposition entre le capitaliste, détenteur des moyens de production et l’ouvrier, prolétaire, détenteur de sa seule force de travail Relation qui s’incarne dans le salariat, le salaire une institution du capitalisme Le salariat, un contrat « formellement libre » mais en réalité déséquilibré Pour Marx, le salariat n’est pas un réel progrès Les classes sociales, une forme de stratification sociale La stratification sociale décrit la structure des inégalités et de la hiérarchie entre individus et groupes à l’intérieur d’une société Quatre systèmes basiques de stratification L’esclavage La caste Les états ou ordres (noblesse, clergé, tiers état) La classe sociale Les raisons de l’exode rural : 21 Privatisation des terres dans les campagnes pour l’élevage, et donc une moindre disponibilité des terres pour l’agriculture paysanne traditionnelle (ex. en Angleterre, le mouvement des enclosures) La transition démographique et la surpopulation dans les campagnes (augmentation importante de la population due aux progrès de la production agricole) Dégradation des conditions de vie dans les campagnes (main d’œuvre excédentaire à cause de la surpopulation) L’attrait pour les « lumières de la ville » Lieu perçu comme plus ouvert, plus libre, avec du travail mieux rémunéré Mais la vie coûte plus cher et des conditions de vie réelle très défavorables au départ (cf. la misère des premiers quartiers ouvriers décrite par Engels) Les effets du capitalisme : Pour les économistes libéraux : un système producteur de richesse (cf. Adam Smith, La Richesse des nations, 1776) le profit comme finalité Du développement de l’industrie et du commerce, on espérait que résulterait une prospérité générale. La richesse globale augmenta considérablement mais un mal nouveau et imprévu surgit : le paupérisme (cf. la question sociale) Un système fondamentalement injuste, producteur d’inégalités (une société de classes, le problème de la répartition de la richesse) → Contraste entre l’opulence des uns et la détresse des autres → Contestations : courants socialistes La plus-value, source d’écart entre riches et pauvres : = la différence entre la quantité de valeur ajoutée par le travailleur à la marchandise initiale et la valeur de la force de travail nécessaire Remarque : dénaturaliser la plus-value Dans le mode de production féodal, l’argent était seulement un moyen d’échanger des marchandises, un système de mise en équivalence qui simplifiait les opérations d’échange commercial. Il n’y avait pas de notion de plus-value. Dans le système capitaliste, l’argent est une fin en soi, la finalité devient de dégager du profit, celui-ci est rendu possible grâce à la plus-value. Capitalisme et partage des profits : Priorité du principe d'accumulation sur celui de répartition priorité des droits civils et politiques sur les droits sociaux 22 de manière la plus générale priorité de l'économique sur le social Dans le capitalisme la hausse du social ne peut se produire de soi lutte sociale Les sociétés capitalistes reposent une lutte des classes pour l'accumulation et la répartition des profits dans laquelle un des acteurs a par principe un handicap sur l'autre Sociétés inégalitaires Qst sociale : La question sociale est celle du paupérisme, une nouvelle forme de misère, de pauvreté des classes laborieuses Pauvreté matérielle mais aussi morale Le paupérisme est non seulement perçu comme paradoxal mais aussi comme une menace pour l’ordre politique et moral Le prolétariat perçu comme une « classe dangereuse » Le mal du (19 e ) siècle : L’expression « question sociale » apparaît dans les années 1830, elle est vue comme le problème le plus grave de l’époque. La richesse globale augmenta mais un phénomène inattendu surgit : le « paupérisme ». Ce nouveau mot témoigne d’un fait nouveau : La misère ancienne faisait plus ou moins partie de l’ordre des choses. Le paupérisme était perçu comme une maladie sociale C’est en Angleterre, point de départ de la révolution industrielle, que le paupérisme prend naissance. Dans un mémoire de 1835, Tocqueville, de retour d’Angleterre où il avait pu constater par lui-même le caractère effrayant de la situation, fit part de sa consternation: Tous les observateurs de l’époque, notamment en provenance du continent, étaient frappés par la misère du prolétariat anglais et le contraste entre cette misère et l’opulence des beaux quartiers. Ce fut le cas également d’Eugène Buret ou de Friedrich Engels Un sombre présage : Si le spectacle de la situation en Angleterre était particulièrement accablant, ce « n’était malheureusement pas que l’Angleterre était un pays arriéré, n’ayant pas encore atteint le niveau de développement du continent, mais au contraire que, dans le domaine économique, ce pays était le plus avancé et le plus moderne du monde. Là était le plus sinistre : les maux anglais n’étaient pas que les conséquences d’un retard que le futur 23 viendrait combler, mais avaient valeur de présages, semblaient indiquer ce qui attendait toutes les nations d’Europe au fur et à mesure que leur industrie se développerait La qst sociale au 20 e s : La question sociale soulève la question de la cohésion et de la paix sociale dans une société capitaliste Nécessité du social, pour réguler le capitalisme et conjurer le risque révolutionnaire Les transferts sociaux, une condition minimale de légitimité du capitalisme Ce transfert sera assuré par l’Etat au 20e siècle (cf. Etat social) Du modèle productiviste au modèle consumériste : Le capitalisme industriel du 19e siècle est fondé sur un modèle productiviste : captation de la plus-value au bénéfice de la bourgeoisie Au 20e siècle, à partir de 1908 se développe un nouveau modèle, de type consumériste élargir des marchés de biens industriels à toutes les couches de la population afin d’écouler la production (cf. fordisme) De la force de travail au pouvoir d’achat Concomitant de la deuxième révolution industrielle La deuxième révolution industrielle : de nouvelles sources d’énergie : pétrole et électricité de nouveaux modes de communication longue distance : télégraphe, téléphone de nouveaux modes de déplacement : la voiture « moteur » et objet emblématique de la 2e révolution industrielle Une troisième révolution industrielle : La troisième révolution est une révolution d’abord numérique →innovations technologiques en matière d’information et de communication (NTIC) Sur le plan de l’énergie, elle n’est pas aboutie Nous sommes encore fortement dépendants des énergies fossiles et de l’énergie nucléaire Transition lente vers des énergies renouvelables, propres et sûres Quel avenir pour le capitalisme ? Avec la dissolution de l’URSS (1991) : le capitalisme a eu tendance à être perçu comme un horizon indépassable (« la fin de l’histoire ») 24 Aujourd’hui, une opinion répandue parmi les intellectuels : le capitalisme serait à l’aube d’un grand tournant Parmi les gd enjeux : Le retour de la question sociale → Constat d’aggravation des inégalités sociales depuis une trentaine d’années La question écologique Les conséquences environnementales du capitalisme. La croissance économique est-elle soutenable? REM. : Deux enjeux articulés L’enjeu écologique doit intégrer la problématique des inégalités sociales pour être perçu comme légitime cf. l’exemple des gilets jaunes La question écologique et le défi climatique La modernité, l’ère de l’Anthropocène : Le « respect de la nature » est, au départ, une catégorie étrangère à la modernité. La modernité se caractérise par un rapport cartésien à la nature : l’humain est au-dessus de la nature, il se veut maître de la nature, il met celle-ci à son service. Résultat : la Terre a subi des modifications profondes du fait des actions humaines L’altération de l’environnement par l’espèce humaine a été réalisée à une telle échelle qu’on parle désormais d’Anthropocène Anthropocène : = l’âge de l’homme, terme proposé pour qualifier une époque où l’influence de l’humanité devient une force géologique majeure Les gaz à effet de serre émis par l’activité humaine dans l’atmosphère changent le climat à un rythme 170 fois plus rapide que le rythme naturel. Ce qui autrefois prenait 8500 ans pour se produire ne prend plus que 50 ans. Dates de début de l’anthropocène : 1) industrialisation (1784, dépôt du brevet de la machine à vapeur) ; 2) années 1950, emballement, marque l’entrée dans l’ère de la « grande accélération » (cf. crosse de hockey) Dévelop socio-économique et évolution du système terre : progression lente depuis le début de l’industrialisation (1750) et croissance exponentielle après 1950 25 Critiques du concept d’anthropocène : 1. c’est moins l’humain en tant qu’espèce qui menace la planète mais le mode de production capitaliste Le capitalisme, par sa logique de croissance et de recherche du profit, constitue un obstacle structurel à la mise en place de modes de vie durables D’autres croient en la possibilité d’un capitalisme vert L’Anthropocène est « le résultat d’un développement industriel et commercial qui a commencé en Occident, dont ce dernier est encore très largement le moteur, et qui a été porté par un certain type d’organisation sociale et économique D’où le concept de « capitalocène » avancé par certains 2. la responsabilité humaine n’est pas indifférenciée, tous les humains ne sont pas également responsables ; les différentes populations du monde n’ont pas participé de façon égale au processus qui a abouti à la situation présente. ➔ Ce qui renvoie à la question de l’injustice climatique (ceux qui sont le plus touchés sont pauvres = double injustice) ➔ Injustice entre génération, lieu de vie, classe 3. laisser croire que la modernité est l’époque où l’homme prend conscience des conséquences environnementales de son action et du risque de destruction de la terre grâce à la science → la conscience écologique est ancienne. L’environnement a de longue date été l’objet d’inquiétudes et de disputes. La conscience environnementale, un phénomène récent ? En réalité dès la révolution industrielle, l’homme s’est inquiété et a débattu des risques suscités par les techniques nouvelles (ex : la déforestation et ses conséquences climatiques; l’industrie chimique et la transformation de l’atmosphère…) L’histoire de la modernité est moins celle d’une inconscience des conséquences environnementales liées à la révolution industrielle mais bien celle de la décision de faire fi de ces risques immenses, de passer outre en toute conscience. « La modernité fut un processus de désinhibition réflexive » Temps 1 : prise de conscience du danger 26 Temps 2 : normalisation. Exemple : l’introduction de la voiture en ville Alerte climatique : Enclenchée surtout depuis fin des années 1980 → Juin 1988: Une du New York Times « Global warning has begun » Mise en place du GIEC qui commence ses rapports d’évaluation du climat en 1989 Sommet de Rio (1992) qui a marqué le lancement de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), première structure de coopération internationale majeure reconnaissant l’existence et les impacts du changement climatique. Les pays signataires de cette convention se rencontrent annuellement depuis 1995 (cf. les « COP » ou Conférences des Parties) L’objectif des deux degrés : Il apparaît de manière informelle dès 1989 Au niveau international il est présenté dans le texte de l’accord de Copenhague (COP15, 2009) Il est réaffirmé et renforcé lors de la COP21 (Paris, 2015) L’objectif étant de contenir l’élévation de la température moyenne « nettement en dessous de 2°C » (d’ici 2100 par rapport au niveau d'avant le début de l'industrialisation) Agir : atténuation et/ou adaptation ? L’objectif fixé à la COP21 de limiter le réchauffement global en dessous de 2 degrés d’ici 2100 sera quasiment impossible à respecter Nous devons à côté des mesures d’atténuation qui n’atteindront pas leur objectif, nous préparer et prendre des mesures d’adaptation au changement climatique Il faut de tout de façon s’adapter car la température moyenne va d’office augmenter Une vérité qui ne dérange pas ? La plupart d’entre nous reconnaissent la réalité du changement climatique sans rien faire pour le ralentir Le fait essentiel de notre époque est le contraste entre le rythme auquel le monde physique évolue et le rythme auquel la société humaine réagit à cette évolution 27 Un paradoxe interpellant : D’une part par une conscience de l’alerte climatique et une vive inquiétude face à l’avenir D’autre part, une forme de (climato)quiétisme ou d’attentisme lié à une réaction, tant individuelle que collective, insuffisante et trop lente face aux changements nécessaires de nos modes de vie Opinion publique et changement climatique : Comment expliquer l’inertie? Qu’est-ce que la sociologie nous apprend sur le lien entre opinion publique et changement climatique? Un résultat majeur : le gap entre attitudes et comportements De manière générale, les représentations à propos du changement climatique ne sont pas aussi décisives qu’on a tendance à le penser spontanément. Ce n’est pas parce qu’on est sensibilisé à l’enjeu climatique qu’on change forcément son comportement. La plupart du temps, les gens continuent à se comporter d’une manière négative pour l’environnement. Ne pas s’estimer en capacité d’agir (à son échelle) Ne pas savoir comment agir concrètement Des contraintes en temps et en argent (savoir sans pouvoir se le permettre) Difficulté à modifier nos habitudes en raison de dépendances pratiques (les systèmes dans lesquels nous évoluons façonnent notre vision du monde, structurent nos choix, orientent nos décisions) Des résistances idéologiques : ne pas vouloir changer Exemple : la société de l’automobile Au quotidien, une manière simple de réduire ses émissions de gaz à effet de serre → privilégier des moyens de transports écologiques et à limiter le recours à la voiture individuelle (thermique). Faute d’alternative, difficilement praticable La sociologie enseigne que toute technique implique un type de société, un type de rapport au monde. Faire le choix de l’automobile, c’est faire le choix d’un certain type d’urbanisme, un certain type de relation à l’espace, au temps, aux autres, à l’urbanisation, à l’expansion urbaine, aux modes de déplacement… L’usage de la voiture, inscrit dans le « système de l’automobilité » (Urry, 2004), « un complexe extraordinairement puissant constitué par des liens techniques et 28 sociaux avec d'autres industries, le raffinage et la distribution du pétrole, la construction et l'entretien des routes, la publicité et le marketing, l'urbanisme et la planification, la construction de maisons en banlieue… ». La massification de l'automobile a eu des conséquences sur le développement et l’étalement urbain. Grâce à elle, les populations ont habité de plus en plus loin du centre des villes, et donc de leur lieu de travail, dans des secteurs où les transports en commun ne sont pas économiquement viables et où l’automobile est devenue le principal mode de déplacement. Ce système ou cette « société de l’automobile » (Robert, 2005) génère pour les individus une dépendance pratique à l’usage de ce mode de transport. L’étude de l’opinion publique concernant le changement climatique met en évidence la nécessité de dissocier: la conscience du problème du changement climatique la connaissance du changement climatique la croyance dans la réalité du changement climatique et dans le consensus scientifique la perception des impacts immédiats du changement climatique la préoccupation relative pour le changement climatique en comparaison à d’autres problèmes de société (ex. chômage, inflation, terrorisme…) le soutien affiché aux politiques luttant contre le changement climatique Le soutien de l’opinion aux politiques climatiques : Dépend, selon Dechezleprêtre et al. (2022), des trois préoccupations suivantes : 1. des préoccupations relatives à l'efficacité des politiques en matière de réduction des émissions (il est important de croire que les mesures proposées vont vraiment faire une différence, avoir un effet significatif sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre par exemple) 2. des préoccupations relatives aux inégalités engendrées par ces politiques (quelles sont leurs conséquences sur les différentes catégories sociales, notamment sur les ménages à faibles revenus ?) 3. des préoccupations relatives à l’intérêt personnel (càd à leur impact sur notre propre personne ou sur notre propre foyer ou ménage) L’orientation politique et la préoccupation environnem entale : Parmi les variables sociodémographiques qui permettent de prédire une préoccupation pour la question environnementale, les recherches existantes montrent l’importance du genre et de l’orientation politique 29 Les femmes sont plus préoccupées que les hommes Les opinions relatives au changement climatique et aux politiques climatiques sont liées au positionnement politique des individus : les personnes qui se définissent comme de gauche sont plus pro- environnement L’effet du diplôme est modéré par le positionnement politique Pour les démocrates, plus d’éducation a un effet positif sur l’opinion à propos du changement climatique Pour les républicains, l’éducation a moins d’effet, voire un effet négatif La raison : biais de sélection → on assimile l’information de manière sélective, en retenant ce qui va dans le sens de nos croyances (politiques) préexistantes Les facteurs contextuels : Le fait d’avoir vécu des phénomènes climatiques extrêmes (ex. inondations) modifie-t-il les opinions à propos du changement climatique? Oui : avoir fait l’expérience d’une inondation dans les 5 dernières années augmente la probabilité de considérer le phénomène comme important mais… cela n’a pas nécessairement d’effet sur la propension à entreprendre une action pour le changement climatique ou à se préparer à réduire son utilisation énergétique Mesures individuelles / structurelles : Mesures individuelles : souvent brocardées et décrites comme la politique des « petits gestes » (ex. prendre des douches plutôt que des bains, baisser le thermostat, trier ses déchets…) Faire sa part est nécessaire, indispensable même (car il serait facile de se retrancher derrière la certitude que « je ne peux rien faire en tant qu’individu ») mais assurément insuffisant La société n’est pas que la somme des individus qui la composent, elle est composée d’institutions qui contraignent nos choix (cf. le système capitaliste) Problème, l’inertie sociale qui caractérise la société; celle-ci est difficile à piloter Cf. métaphore du « camion fou furieux » de la modernité : « tant que persisteront les institutions de la modernité, nous ne pourrons jamais contrôler complètement l’itinéraire, ni la vitesse du déplacement [de ce camion furieux] » (Giddens, Les conséquences de la modernité, 1994, p. 146) nous manquons de contrôle (il est donc faux de penser qu’il suffirait de savoir ce qu’il convient de faire et d’en informer tous les individus pour pouvoir infléchir la trajectoire) 30 Bref : En appeler à la prise de conscience environnementale ne peut suffire La crise environnementale n’est pas due à un déficit d’éducation que les experts pourraient combler en faisant de la pédagogie mais bien à un ordre économique qu’il faut réformer. Ce ne serait donc pas tant une question de réflexivité et d’éducation que de dépendance à un système qui nous dépasse → cf. distinction communément établie entre solutions individuelles et structurelles (Zaccai, 2019) Mais faut-il opposer et dissocier aussi nettement les deux types de solutions ? Probablement pas. Car les individus sont des citoyens, des électeurs Formes du climato-scepticisme : Le climato-scepticisme peut prendre des formes différentes (climato-quiétisme; climato-rassurisme ; climato-négationnisme…) La forme la plus scandaleuse et sournoise est celle utilisée par les lobbys de l’industrie qui passe par le détournement de la science pour fabriquer de fausses controverses, ralentir la prise de décision et favoriser le statu quo La science ne suffit pas pour stimuler l’action contre le réchauffement climatique : A l’heure actuelle, la science est souvent convoquée pour sensibiliser les populations. « L’une des difficultés à saisir la menace climatique tient précisément à cette dépendance à la science » (Zaccai) Des vulnérabilités spécifiques de la science du climat et du GIEC Le changement climatique, un phénomène rampant (causes invisibles, impacts distants, subtils et progressifs), nous dépendons de la science pour l’objectiver Le changement climatique n’a pas eu son Pasteur, c’est le résultat d’un effort collectif d’observation, d’analyse et de modélisation. Seule une immense infrastructure de connaissance mêlant les hommes et les machines a permis d’y parvenir. C’est donc un savoir plus difficile à incarner. L’interdisciplinarité et la complexité inhérente des sciences du climat rend le consensus plus difficile à atteindre et ne facilite pas la vulgarisation Par ailleurs, comme « les phénomènes météorologiques ne peuvent pas être imputés avec certitude au changement climatique, nous avons tendance à les interpréter en fonction de nos propres idées ». Biais de confirmation et importance des orientations politiques pour comprendre les opinions à propos du changement climatique. Enfin, de manière plus générale : 31 Les scientifiques qui se mobilisent pour faire bouger la société ne comprennent pas le manque de réaction alors que les faits sont là et qu’ils s’évertuent à lancer l’alerte. Leur réaction est de communiquer davantage, d’enfoncer le clou. Ceci est lié à la tendance à réduire le problème à une question de pédagogie, d’éducation du public → cf. croyance des scientifiques dans la force intrinsèque de la vérité Croyance sociologiquement naïve, cf. gap entre attitudes et comportements Le modèle du déficit d’information du public : Une vision simpliste, c’est-à-dire linéaire du changement connaissance → conscience → attitude → comportement Principe : le public manque de connaissances scientifiques. Pour sensibiliser, conscientiser le public à la cause climatique il est donc nécessaire de lui apporter les preuves et les connaissances scientifiques sur le réchauffement Ceci le convaincra d’agir et de modifier son comportement. Dans ce modèle la résistance du public s’explique également par sa carence de connaissance, carence à combler par davantage de communication scientifique et d’éducation, ainsi que par plus de contrôle du discours journalistique Conséquence : difficulté à convaincre, retour de bâton et désarroi des experts : L’imagerie scientifique : Les scientifiques tentent aussi de communiquer l'essence des résultats de la communauté scientifique sur le climat à l'aide de visuels : mais ceux-ci restent souvent conventionnels (graphiques, ex. hockey stick curve) ou abstraits (ex. : climate stripes) Des dispositifs alternatifs de sensibilisation et d’éducation au changement climatique : Pour dépasser les limites du modèle du déficit d’information De nouveaux médiateurs entre les scientifiques et le public, souvent des artistes, se mettent au service de la lutte contre le réchauffement Le travail de certains artistes contemporains (photographes, plasticiens…) s’inscrit dans cette logique En bande dessinée, de nombreux ouvrages traitent du sujet, certains ont connu un succès considérable, ex. Le monde sans fin de Blain et Jancovici 32 Cinéma, des films documentaires (Une vérité qui dérange ; Demain…) mais aussi de fiction (Le jour d’après ; Don’t Look Up!) Valeur ajoutée de ces dispositifs? Ces dispositifs sont perçus comme prometteurs car jugés plus susceptibles de susciter l’engagement du public dans la mesure où ils stimulent les émotions et l’imagination. D’une part, ils permettent de rendre visible et de rendre sensible, tangible et concret le changement climatique. Le changement climatique est en effet une réalité dont on ne fait pas directement l’expérience (climat =/= météo) En outre, la société moderne s'est progressivement déconnectée de l'expérience vécue du climat et du temps (Knebusch, 2008) D’autre part, grâce à leur dimension narrative, inspirante, ils permettent de rendre désirable une autre société, d’autres modes de vie. Il s’agit en effet de repenser la manière de voir le monde et penser des futurs possibles Comment se représenter des réalités qui nous dépassent? La dimension matérielle de l’énergie nécessaire à notre existence moderne est largement invisible (cf. la fée électricité) Pour saisir (cognitivement) notre dépendance pratique à l’énergie, il s’agit de voir qu’elle est partout : l’énergie est ce qui rend possible notre mode de vie moderne. Certaines métaphores inventées par des vulgarisateurs et/ou artistes permettent de rendre visible et donc pensable cette dépendance pratique : ex. l’iron man de Jancovici Rendre visible : Ex. Le photographe Ashley Cooper documente l'impact du changement climatique sur les paysages, les personnes et la faune en capturant visuellement les conséquences du réchauffement dans des zones spécifiques particulièrement touchées. Plus que des graphiques scientifiques, les photographies permettent de voir directement combien le changement climatique transforme le monde tel que nous le connaissons (inondations, érosions côtières, reculs glaciaires...) Les photographies rendent visibles et davantage tangibles les impacts possibles du changement climatique. Rendre sensible : L’éducation au changement climatique met souvent en avant des preuves chiffrées, scientifiques. Ces preuves ne remplacent pas les preuves tangibles. Cet aspect tangible, matériel, sensible a été peu travaillé 33 Le changement climatique est un phénomène qu’il ne suffit pas de connaître (scientifiquement) mais qu’il faut aussi éprouver Il est donc important d'inventer de nouveaux moyens d'aborder ce phénomène C’est ce que font les artistes. Pour Bruno Latour, la meilleure manière pour comprendre combien notre monde moderne est en train de « changer de consistance » est de recourir à la métaphore artistique. Ex : voir cours Rendre désirable le souci écologique : Ex : film documentaire Demain Les cheminements religieux des sociétés contemporaines Modernité et religion, le point de vue sociologique : «Les premiers sociologues, parce qu’ils s’interrogeaient sur la société moderne, ont été conduits à étudier les phénomènes religieux, en particulier les changements que la modernité impliquait pour la religion » (Willaime, 2021). Tous les grands fondateurs de la discipline ont proposé une analyse sociologique des phénomènes religieux. L’objectif du sociologue : comprendre les fonctions de la religion dans la société et ses évolutions au cours du temps, quels changements la société moderne implique-t-elle pour la religion? La modernité, un processus de sécularisation Deux définitions de la religion du point de vue sociologique : Une définition substantielle : à la recherche de ce qui fait l’essence de toute forme de religion Une définition fonctionnelle : ce que « fait » la religion, à quoi elle sert socialement? La définition substantielle de la religion : L’apport de Durkheim (livre : les formes élémentaires de la vie religieuse) Religion = la croyance en l’invisible, en des entités surnaturelles? Religion = l’idée de dieu, l’idée d’êtres spirituels? 34 Non, pour Durkheim, l’essence de la religion réside dans l’opposition entre sacré et profane Le sacré et le profane : Le fait religieux suppose à sa base une classification des choses en deux groupes : le sacré et le profane Est « sacré » ce qui est séparé, gardé à distance du profane → préceptes et interdits, tabous, rites, rites de passage Ex. : le totémisme (forme la plus ancienne de vie religieuse) Derrière le sacré, la société : Pour Durkheim, la source de toute religion, c’est la société. La société est ce « quelque chose de sacré qui éveille en nous le sentiment du divin » La religion sacralise le social Quand les croyants pratiquent, quand ils prient… : ils vénèrent le principe même du lien social, la cohésion sociale. L’état d’effervescence qui résulte de situations et d’événements collectifs exaltants suscite la création de religions (y compris séculières) Définition fonctionnelle de la religion : En pratique, l’analyse de Durkheim montre certaines des fonctions de la religion → Définitions substantielle et fonctionnelle sont en partie liées et complémentaires Fonctions de la religion : Structuration, organisation : divise le monde entre phénomènes profanes et sacrés Association, intégration sociale : la religion relie (cf. étym. < latin religare), elle est source de lien social, de solidarité Action : la religion donne du sens, répond aux « grandes questions », c’est un « bien de salut » (Weber) qui aide à mieux vivre, une « force qui permet d’agir » Politisation : distrait, console, endort, légitime les injustices (la religion comme « opium du peuple », cf. Marx) ; mais parfois aussi vecteur de protestation face aux pouvoirs établis Avant la sécularisation : Société traditionnelle = monde « enchanté » La sécularisation et le « désenchantement du monde » (Weber) 35 Interprète ce qui se passe par la religion Qu’est-ce que la sécularisation? le séculier >< l’ecclésiastique Sécularisation = le mouvement de sortie de la religion A partir du XVIIe-XIXe siècles, les sociétés modernes relativisent la place accordée à la religion par rapport à la science et à la démocratie. Sécularisation (externe) = Processus de différenciation institutionnelle de mondes autrefois imbriqués, Etat / religion / science La sécularisation interne : Diffusion, réception, acclimatation de thèmes modernes dans le discours de la foi et les pratiques institutionnelles de l ’Eglise → Modernisation (partielle) de l ’Eglise (ex. Vatican II…) La sécularisation ne signifie pas disparition totale des croyances religieuses n’est pas un phénomène universel n’est pas un phénomène linéaire et irréversible Il y a une grande pluralité de cheminements religieux selon les cultures et les sociétés La science : Révolution copernicienne (XVI-XVIIe siècles) : la terre n'est pas au centre de l'Univers (terre tourne autour du soleil) Darwin (XIXe siècle) et les lois de l’évolution : l’homme est le fruit de l’évolution animale Les sciences humaines : sociologie, psychologie, économie (XIXe siècle) : l’homme est sujet et créateur de son devenir (cf. Nietzsche : « Dieu est mort ») La démocratie : Société traditionnelle : la société est hétéronome ; le pouvoir social a une source externe à la société (dans l’invisible) règles basées sur la sacralité ou la coutume Société démocratique moderne : la société est autonome : le contrat social fonde le pouvoir social règles basées sur l’accord contractuel Les « religions séculières » : Durant le 20e siècle, passage de la croyance religieuse à la croyance politique? Autres dogmes, mythes et rites 36 Depuis la chute du communisme, la fin des idéologies? Indicateurs de la sécularisation Evolution des pratiques religieuses (cf. statistiques de participation à une cérémonie religieuse, baptêmes, mariages…) La question de la religiosité : croyances et valeurs (sphère privée) EnBelgique, actuellement, d’après les études existantes, on estime qu’environ 50 % des habitants se considèrent comme catholiques (Vandewiele, 2022). Parmi les habitants de Belgique qui se considèrent de confession chrétienne, 17,8 % se considèrent comme pratiquants. Influence, richesse, prestige des organisations religieuses Nombre de paroisses, organisations caritatives, mouvements de jeunesses… Ministres du culte (prêtres, diacres…) : nombre, âge, facilité à recruter… La thèse de la sécularisation doit-elle être réévaluée ? Un constat différencié Une partie du monde (l’Occident) reste sécularisée ou en voie de sécularisation Le reste du monde qui est toujours très religieux, voire de plus en plus religieux Causes du retour du religieux démographie mondiale colonisation (diffusion et internationalisation des religions) simplification voire effacement des dogmes (facilite l’hybridation, le syncrétisme) dissolution du bloc communiste (affirmation religieuse tolérée, mais aussi paupérisation) Les principales religions dans le monde (statistiques 2008) : Le nombre de croyants dans le monde progresse 84 % de la population mondiale estimée se déclare membre de l’une des cinq grandes religions 1. Chrétiens (32%) 2. Musulmans (23%) 3. Sans religion (16%) 4. Hindous (15%) 5. Bouddhistes (7%) 6. Religion traditionnelle (6%) 7. Croyances diverses (0,8%) 8. Juifs (0,2%) 37 La famille moderne et ses évolutions Les principales caractéristiques de la famille et du mariage moderne : De la famille élargie à la famille nucléaire Famille élargie : le couple marié et ses enfants + d’autres membres de la parenté vivent dans le même foyer Famille nucléaire : foyer dans lequel un couple marié vit avec ses propres enfants Du mariage arrangé au mariage d’amour, par consentement mutuel D’une définition religieuse du mariage à une définition juridique : le mariage est un contrat librement consenti → Possibilité de dissolution du mariage (divorce) Le rapport amoureux devient la base de la conjugalité Un nouveau rapport aux enfants La centralité du sentiment amoureux pour les couples contemporains : Autrefois dissociées, amour et mariage, sont désormais conçus conjointement Trouver l’amour, aujourd’hui un critère décisif pour le sentiment d’accomplissement personnel Amour et attirance sexuelle : bases d’une union durable Sous la modernité, l’amour présenté par certains comme une « religion séculaire », càd un « modèle de sens » pour construire sa vie, et une promesse de vie avant la mort. L’idée de l’amour romantique se répand grâce à l’émergence du roman comme forme littéraire populaire Modèle remis en cause : Modèle qui n’est plus représentatif des familles actuelles Modèle plus mythique que réel, pas idéal pour tout le monde Pourquoi autant de divorces ? Le mariage n’est plus une question de transmission d’un patrimoine L’indépendance économique des femmes Une moindre stigmatisation sociale du divorce 38 L’amour conjugal nécessite de la liberté pour s’épanouir L’inflation des attentes, principale source d’instabilité conjugale Hô et fê idéale renforce la difficulté à être satisfait Ce que le divorce fait à la famille : Une famille articule toujours deux types de rapports sociaux : le rapport conjugal (ou matrimonial) et le rapport de filiation (rapport parental) Le divorce dissocie le rôle conjugal du rôle parental Il met fin au rapport conjugal mais maintient le rapport parental Les personnes divorcées peuvent devenir à nouveau conjoints tout en restant parents Csq. : complexification de la situation familiale, nouveaux rôles, nouvelles structures familiales La diversité des formes familiales : Au-delà de la famille nucléaire (traditionnelle) : Les familles monoparentales Les familles recomposées Les unions libres (cohabitation) Le mariage gay et les familles homoparentales Naissances hors mariage en Belgique : Augmente surtout depuis 1980-1990 De plus en plus de cohabitation légale et moins de mariage Ccl : des attentes contradictoires Le mode de vie en couple reste dominant malgré l’instabilité croissante des couples Cela témoigne d’attentes contradictoires Le besoin d’un soi libre en tension avec le besoin de sécurité Transformation dans les médias La modernité et le phénomène médiatique : Avec la modernité, les médias de masse font irruption dans le quotidien de la grande majorité des individus à partir de la fin du XIXe siècle (Maigret, 2015). 39 Les médias de masse constituent un fait culturel et communicationnel profondément original et qui joue un rôle déterminant dans les sociétés modernes démocratiques. Cela nous paraît tellement évident aujourd’hui mais il faut se rendre compte à quel point c’est une rupture par rapport aux sociétés antérieures La médiatisation : repères historiques La société moderne se caractérise pas l’expansion des médias de masse Début historique : imprimerie (15e siècle) Histoire « récente » : Presse écrite populaire (18e siècle) Radiodiffusion (19e siècle) Photographie, cinéma et télévision (20e siècle) Médias de masse = médias potentiellement capables d’atteindre (voire d’influencer?) une large audience Ils sont rendus possibles par les progrès technologiques mais aussi conditionnés par des facteurs politiques et culturels (démocratisation; développement de l’éducation et de l’école moderne) Dans une société sécularisée, l’information un élément nécessaire pour se forger un avis critique, un aliment du débat rationnel L’accès à une information pertinente et de qualité est donc un enjeu démocratique important Les médias de masse servent-ils la démocratie? Remarques : Les jugements concernant les médias de masse (surtout la télévision) sont souvent spontanément négatifs. Nous leur attribuons aussi souvent un pouvoir d’influence important (sur les autres plus que sur nous-mêmes). POURQUOI ? Ce phénomène puise sa source dans la hiérarchisation de nos sociétés et notamment dans les distinctions entre produits culturels qui ont été élaborées au cours du XIX siècle La culture s’est définie à cette époque comme exigence de rareté et de distance intellectuelle (conception élitiste) versus les médias de masse La méfiance envers les médias vient aussi d’une peur du nombre (les masses) dans un contexte politique de démocratisation (si les masses peuvent être manipulées, endoctrinées par les médias = menace pour les élites) 40 Médias et démocratie : La presse joue un rôle important en démocratie. Selon Tocqueville, elle remplit au moins trois grandes fonctions : garantir la liberté en mettant à nu les ressorts secrets de la politique (« elle force les hommes publics à venir tour à tour comparaître devant le tribunal de l’opinion ») maintenir la communauté en fournissant des références communes aux citoyens (« il n’y a qu’un journal qui puisse venir déposer au même moment dans mille esprits la même idée ») rendre possible et rapide une action concertée (car les hommes et les partis «se parlent sans se voir, s’entendent sans être mis en contact ») Les médias, une fenêtre sur le monde Pas un simple reflet du monde, un miroir déformant construction médiatique/journalistique de la réalité (agenda-setting) Pas forcément perçu comme tel La télévision produit un effet de réel Qui exerce des effets sociaux de (dé)mobilisation ex. l’insécurité et le syndrome du « grand méchant monde » (mean world syndrome) La critique des médias, un enjeu démocratique Ex : le crieur qui a annoncé la naissance du « royal baby » était un imposteur ; l’affaire Papy Voise → fait divers → insécurité voir slides Les JT, une source d’info fiable? Le pouvoir de « mise sur agenda » n’est pas négligeable lorsque le pluralisme manque et que la télé devient, pour beaucoup de gens, leur seule source d'information D’autant que les élites médiatiques sont des constructeurs d’info, des « gatekeepers » non neutres Biais relevés Un point de vue soutenant celui des groupes dominants La recherche du sensationnel et du spectaculaire comme principe de sélection La place accordée aux faits divers des faits qui font diversion (sexe, sang et crime) des faits qui « volent » du temps aux thèmes qui favorisent la citoyenneté active 41 La construction journalistique de la réalité : Exemple : la médiatisation des mouvements sociaux Des biais journalistiques dans le compte rendu La violence des manifestations est fortement mise en avant (cf. recherche du spectaculaire) Prisme favorable aux groupes sociaux dominants : les manifestants présentés comme des « casseurs » = façon de diviser les manifestants; de délégitimer le mouvement social et ses revendications sociales; on montre la violence sans forcément expliquer leurs causes ; suggère que la violence est d’un seul côté, mais la violence ne se réduit pas à la casse Les militants témoignent que les médias ne communiquent que la violence matérielle Quid de la violence sociale, économique? «Depuis 1995, les maladies professionnelles ont plus que doublé, les salaires, les retraites dégringolent, les droits au travail ont été cassés, les profits flambent et ne sont plus imposés quasiment ». Quand les médias focalisent sur les actions violentes des manifestants, ils invisibilisent la violence socio-économique des groupes sociaux dominants Il y aurait lieu de dépasser ce cliché de violence et de se poser des questions sur l’origine de cette violence Conséquences : Les médias décrivent la casse comme de la destruction gratuite, sans réelle conviction ou but politique. Ils simplifient et délégitiment l’action des manifestants qui ne s’y réduit pas. Résultat : Défiance vis-à-vis des médias parmi les militants. Ils ne s’en prennent pas qu’aux policiers mais parfois aussi aux médias. Le traitement médiatique de leurs mobilisations renforce chez eux un discours de défiance généralisée envers les institutions En outre, les « casseurs » ayant compris comment fonctionnent les médias, ils s’en servent Les casseurs, mécontents d’une décision politique émise par les dirigeants, cherchent à attirer l’attention par l’intermédiaire des médias en occupant des espaces symboliques. De ce fait, ils se retrouvent confrontés aux forces de l’ordre et s’installe alors un cycle, un cercle vicieux. Cercle vicieux : 42 Chacun des deux groupes (journalistes d’un côté, manifestants de l’autre) poursuit sa logique d’action, avec des effets de renforcement Une logique médiatique qui produit de la radicalisation et qui induit une logique d’escalade chez les contestataires : en cassant ils s’attirent les projecteurs médiatiques mais ils perdent toute chance d’être écoutés (cf. délégitimation) et en même temps ils ont le sentiment que c’est leur seul moyen d’être entendu car sinon les médias ne s’intéressent pas au mouvement. Ce qui produit des effets non-intentionnels voire pervers ! (Cf. théorème de Thomas) Le théorème de Thomas : «Si les hommes définissent leurs situations comme réelles, elles le sont aussi dans leurs conséquences » (William Isaac Thomas) Cette affirmation est un principe fondamental de la sociologie qui s’intéresse aux actions sociales et aux interactions entre groupes sociaux Elle accorde une grande place à la notion de définition de la situation (cf. aussi l’idée de construction sociale de la réalité ) Le théorème de Thomas implique que les hommes réagissent non seulement aux caractères objectifs d’une situation, mais aussi, et parfois surtout, à la signification qu’ils donnent à cette situation. Et cette signification une fois donnée, détermine le comportement qui en résulte avec ses conséquences. Prophéties auto-réalisatrices ou prédictions créatrice : Le phénomène mis en évidence dans le théorème de Thomas est à l’origine des « prophéties auto-réalisatrices » aussi appelées « prédictions créatrices » «La prédiction créatrice débute par une définition fausse de la situation, provoquant un comportement nouveau qui rend vraie la conception, fausse à l’origine » (Merton). Ex. faillites bancaires : une fausse rumeur d’insolvabilité peut conduire les clients à venir en masse retirer leur argent créant ainsi l’insolvabilité de la banque et réalisant ainsi la prophétie. Les prédictions peuvent aussi être destructrices : l’annonce d’un événement conduit les gens à prendre leurs dispositions et fait échouer la prédiction REM.: Les prédictions créatrices et destructrices rendent très difficile les prévisions en sciences sociales 43 Paradoxe : si la prévision est rendue publique, elle a de fortes chances de ne pas se réaliser, et si elle ne l’est pas, on la prendra pour une constatation et non pour une prédiction. Pas le cas dans les sciences physiques : les prévisions sur le retour de la comète de Halley n’influent pas sur son orbite. Les effets des médias : entre dénonciation (pessimisme) et prophétisme (optimisme) : Le processus de sécularisation, le passage à un univers industrialisé et le basculement vers la démocratie ont induit, au début du 20e s., chez les premiers penseurs des médias de masse un pessimisme à l’égard de la modernité que l’on retrouve dans l’étude des médias de masse, objets nouveaux, inquiétants, ou potentiellement inféodés aux pouvoirs (Maigret, 2015). Les médias répandraient la violence, le mauvais goût, la révolte ou la soumission Ces discours de « panique morale » sont encore parfois observé (ex. JV et tueries de masse) Beaucoup plus récemment, avec le développement des NTIC, on a vu l’apparition de discours optimistes, symétriques des discours précédents, tout aussi excessifs dans leur apologie Discours qui met l’accent sur rôle libérateur des médias, l’avènement d’une culture pour tous, les ordinateurs et réseaux permettraient aux gens les plus divers peuvent entrer en contact, rapprocheraient les peuples… Les prophéties communicationnelles, appelant des mondes parfaits, utopiques, accompagnaient déjà l’invention du télégraphe, du téléphone, etc. mais elles ont pris une ampleur inégalée à la fin du 20e s. avec le développement d’Internet et des « nouvelles technologies » (Maigret, 2015). Deux types de thèses naïves sur les effets des médias se rencontrent donc : d’une part celles qui dénoncent la présupposée influence délétère des médias, d’autre part les thèses prophétiques, qui louent les sociétés soumises à la médiatisation Appliquer le regard de la sociologie aux médias, c’est prendre de la distance avec ces deux types de discours opposés Sociologie de la réception des messages médiatiques : Au départ : Le modèle classique de la seringue hypodermique (Laswell) Les médias comme moyen de propagande et de manipulation politique: « injection » directe d'idées et d'attitudes dans l'esprit des citoyens Aujourd’hui un modèle sociologiquement dépassé car Surestime les effets des médias Le public n’est pas passif face aux médias 44 Le message médiatique n’est pas reçu de manière similaire par tout le monde N’a pas pour autant disparu, les idées sont passées dans le sens commun (cf. paniques morales autour de nouveaux médias) Le modèle du « two-step flow of communication » (Lazarsfeld et Katz) : une réception des messages médiatiques en deux temps 1e étape : les médias atteignent d’abord des leaders d’opinion 2e étape : les leaders d’opinion médiatisent à leur tour les informations Le public interprète le message à travers des interactions sociales, prépondérance des relations et communications interpersonnelles Il faut tenir compte du lien entre communication interpersonnelle et communication médiatique (sachant que la première prévaut sur la seconde) Modèle aujourd’hui incorporé dans le monde des réseaux sociaux (cf. ‘followers’) et la publicité (‘influenceurs’) Le modèle de la gratification : l’individu filtre les messages qu’il reçoit les gens choisissent de regarder, d’écouter ou de lire des médias en accord avec leurs croyances L’effet des médias est surtout de renforcer les croyances et les habitudes des gens Limites de ce modèle il postule que le pluralisme médiatique existe ce qui est contesté par certaines approches critiques des médias (Voir film Les nouveaux chiens de garde) il fait « comme si » la demande des publics était indépendante de l’offre, alors que les deux sont liés (l’offre contribue en partie à créer la demande) Ce que les médias font aux gens : Au final, les publics sont d’abord et avant tout des acteurs sociaux munis de capacités critiques et non des récepteurs passifs. L’influence des médias est limitée, indirecte, elle passe surtout par la définition des enjeux publics à travers la mise en avant de certaines thématiques (activité dite d’agenda setting ou « mise sur agenda », Mac Combs et Shaw) : « La presse ne réussit peut-être pas la plupart du temps, à dire aux gens ce qu’il faut penser, mais elle est extrêmement efficace pour dire à ses lecteurs à quoi il faut penser » Le média est le message : 45 Pour Marshall McLuhan, « ce n’est pas au niveau des idées et des concepts que la technologie a ses effets ; ce sont les rapports des sens et les modèles de perception qu’elle change petit à petit et sans rencontrer la moindre résistance » (McLuhan, Pour comprendre les médias, 1964). Ainsi, l’ensemble des médias doit être considéré comme un système qui, par sa nature même, engendre des effets sociaux spécifiques Le monde oral des sociétés sans écriture développe la mémorisation qui devient une compétence nécessaire Internet facilite une pensée associative (cf. liens hypertextes) La façon dont un message est émis (le type de média) importe plus que le contenu du message transmis Transformation dans le domaine de l’art L’art classique : Trois grandes caracté

Use Quizgecko on...
Browser
Browser