Ouvrage de référence: La tradition sociologique PDF

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Ce document est un extrait de l'ouvrage 'La tradition sociologique' de Robert Nisbet, publié en 1966, qui traite de la sociologie européenne, en se concentrant sur la formation de la discipline entre 1830 et 1900. L'auteur identifie des idées élémentaires qui sont les piliers de la sociologie européenne, comme la communauté, l'autorité, le statut, le sacré et l'aliénation. L'ouvrage s'interroge aussi sur la nature conservatrice de la sociologie.

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[Ouvrage de référence :] Robert Nisbet, la tradition sociologique, 1966 - Ecrit par un auteur américain. On a le regard qu'un sociologue américain peut porter sur la sociologie européenne se constituant en même temps que la psychanalyse. Il ne s'intéresse ni au paradigme ni à travers le...

[Ouvrage de référence :] Robert Nisbet, la tradition sociologique, 1966 - Ecrit par un auteur américain. On a le regard qu'un sociologue américain peut porter sur la sociologie européenne se constituant en même temps que la psychanalyse. Il ne s'intéresse ni au paradigme ni à travers le prisme biographique (durcit certaines choses). Il propose qqch de différent et innovant : il isole toutes les [idées élémentaires] des auteurs (Durkheim, weber, Pareto...). Il délimite la période 1830-1900 : période de fondation de la discipline Il y a [5 idées élémentaires] (fil directeur) chez tous les auteurs qui sont le socle de base de la sociologie européenne : 1. La communauté  2. L'autorité : pouvoir, formes de domination (weber), charisme 3. Statut : mobilité sociale, évolution dans l'échelle sociale 4. Sacré : place de la religion, de la laïcité 5. L'aliénation : très présente chez Weber et Marx (transformation du travail, prolétarisation) Ces idées étaient très présentes au Moyen-Age mais avaient complètement disparu pendant le siècle des Lumières. *Dans quelle mesure ces idées étayent un ordre social ?* Pendant le Siècle des Lumières on disait plutôt : - Société au lieu de communauté - Pouvoir au lieu d'autorité - Laïcité au lieu de religion - Mobilité sociale au lieu de statut hérité Ils deviennent des outils pour penser la discipline, son histoire et éclairer les différentes notions. L'individu en tant que tel ne l'intéresse pas. Choix de ces idées élémentaires par Nisbet basé sur quelques critères : - [Général :] doivent être traitées par la plupart des auteurs - [Durable ]: persiste au-delà des auteurs - Spécifique à la sociologie Choisir ces idées élémentaires permet de créer un espace de discussion entre les sociologues (points communs, points de discussion) Ces idées sont la marque d'un retour vers la tradition. *Par quels moyens va-t-il dire que la sociologie est conservatrice ?* 26/09/2024 1ère séance : Analyse du titre (la tradition sociologique) *Comment ce titre permet une ouverture critique ?* Tradition = mot fort Ce sociologue américain se pose des questions que nous ne nous posons pas en tant qu'européen et choisit ce titre comme s'il y avait une tradition Le titre est étroitement lié à la thèse qu'il étaye par l'analyse des 5 idées élémentaires et qu'il construit tout au long de l'ouvrage. Il essaie aussi d'expliquer comment des auteurs comme Durkheim sont conservateurs - [Thèse] : la sociologie est conservatrice Pour montrer que la sociologie est conservatrice, il faut voir manière de laquelle il cite les auteurs, les passages choisis, comment il passe sous silence certaines choses, comment il s'y prend pour développer sa thèse tout au long de l'ouvrage La sociologie est l'une des disciplines les + récentes dans les sciences humaines (XIXe siècle). Il y aurait une tradition qui correspondrait à une vision conservatrice. Ces 5 idées élémentaires sont situées dans la période de la Révolution Industrielle qui a induit beaucoup de changements sociaux (pollution, déplacement des familles + apparition des classes sociales). C'est dans ce cadre que la discipline est apparue pour comprendre les phénomènes qui se produisent et apporter des réponses aux bouleversements du monde (révolution industrielle au XIXe siècle + Révolution Française qui fait apparaitre la notion d'égalité) - Cause d'un fait social doit toujours être recherchée dans un autre fait social. Le social devient donc **autonome** *Pourquoi parler de tradition si c'est une discipline récente et qui amène une nouvelle façon de penser les choses et élargit la façon qu'on avait de comprendre les faits sociaux ?* Pour Nisbet elle était porteuse d'un projet conservateur consistant à penser le social par le social avant les révolutions - Porte un projet de restauration de l'ordre social antérieur. C'est pourquoi il y a autant d'idées élémentaires qui étaient en vigueur au Moyen-Age (ex : statut hérité du père, sacré comme base de l'autorité, autorité familiale par le père) Pour Nisbet il y a un retour en arrière, la sociologie renoue avec des termes qui était utilisés au Moyen-Age. Aujourd\'hui certains vont dire que la socio est conservatrice tandis que d'autres veut être plus critique *Est-ce que la sociologie conserve ou a pu acquérir une dimension critique ?* On met sur la table la pensée des auteurs et savoir comment la discipline a été conçue. La société permet d'accéder à l'autonomie. Comprendre comment la société fonctionne en passant par le social et non par un ordre divin ou autre [Support pour discuter le titre :] Hanna Arendt, « Qu'est-ce que la tradition ? »,in *La crise de la culture*, 1954 Infos sur l'autrice : - Autrice allemande - A analysé les origines du totalitarisme  On utilise ce texte pour mettre à l'épreuve ce que dit Nisbet. Pour parler de tradition, il faut sortir de la tradition sinon ce n'est pas de la tradition ; [elle requalifie **a posteriori**] - ex : nos grands-parents n'avaient pas l'impression d'être dans la tradition quand ils utilisaient des tels avec filaires Arendt identifie plusieurs auteurs qui ont su rompre avec la tradition, poser un nouveau regard sur le monde comme Nietzche, Engel, Kant, Marx... Comme ils se sont démarqués de la pensée traditionnelle on a compris qu'on était sortis de la tradition. Leur propre sortie de la tradition n'est pas un acte délibéré, ils n'avaient pas le choix. *« Leur grandeur réside dans le fait que leur monde leur est apparue comme envahi par des nouveaux problèmes et des difficultés liés à ces problèmes que notre tradition de pensée était incapable de faire face »* Elément déclencheur qui nous a fait comprendre qu'on devait penser avec un nouveau regard : prendre en compte l'événement → [Point de départ de la pensée :] s'intéresser à l'événement pour ce qu'il est et ce qu'il bouscule = la transformation de la société (pollution, égouts à ciel ouvert, développement rapide des villes, des très riches/ très pauvres). On doit prendre au sérieux la notion d'événement. *Comment expliquer les événements ?* On ne peut plus utiliser la tradition pour penser le monde en transformation. Il faut prendre en compte cet événement qui transforme la famille, joue sur l'espérance de vie... Réintroduction de toutes les dimensions de l'événement évacuées par les Grecs : Remettre tous les sens de l'événement (bruits, odorat...) Il faut comprendre la radicalité de cet événement dans toutes ses dimensions sensibles. Des gens comme Marx ont apporté un nouveau regard et mis en mot cette réalité - Il l'a appelé le capitalisme et a passé sa vie à comprendre cet événement, à le théoriser, à comprendre comment il s'inscrit dans l'histoire. Marx a apporté l'aliénation L'événement par sa radicalité et son côté transformateur montre le passage d'une période à une autre. → Pour penser le capitalisme Marx fait rupture avec la tradition qui limite nos sens. C'est parce qu'on apporte une nouvelle façon de penser que le regard qu'on avait devient ancien et dépassé. Cette pensée prend comme base l'événement. *« La naissance des sciences sociales peut être située au moment où toutes les choses, les idées aussi bien que les objets matériels furent mis en équation avec les valeurs »* [Question ]: D'où vient le fait que dans une société on donne de la valeur à certaines choses, idées, personnes et pas à d'autres ? Bourdieu dit que ça peut aller jusqu'à la consécration. C'est aux chercheurs de comprendre comment se forment les valeurs et les choses. Le process de valorisation est très significatif et révélateurs des choix d'une société. Il faut mettre les choses sur le même plan pour comprendre comment elles se détachent, comment elles font pb. Il faut poser un regard un peu naïf sur les choses pour les dénaturaliser et les comprendre. 2 façons de positionner la sociologie : 1. Comprendre l'ordre social (ex : montrer les mécanismes de reproduction sociale) 2. Porteuse d'un projet de connaissance sur la façon d'agir des individus (ex : Goffman qui consacre 15 pages pour exposer la façon de marcher sur un trottoir). Ca nous amène a prendre comme matière de réflexion la vie des uns et des autres Quand Nisbet attribue ce titre (à la période de fondation ≠ l'institutionnalisation) on est dans une non-rupture. Signifie que cette période témoigne d'une continuité avec ce qu'il se faisait avant. - Avec ce choix de qualifier la période choisie de [tradition], on comprend que le projet des pères fondateurs était conservateur La communauté est le pilier. [Enjeu :] regarder comment il parle de tel ou tel auteur, comment il omet des auteurs, comment ils sont associés et sur la base de quelles idées Comment il construit son point de vue 03/20/24 Séance 2 : le premier volet de la communauté Rappel : On se pose sur la communauté comme outil analytique. La communauté est considérée comme la plus importante par Nisbet. Par cette idée il s'efforce de : - donner un sens sociologique à tous ces changements - problématiser ce qu'il se passe - comprendre pourquoi on observe des phénomènes de déliaison dans des villes industrielles comme Manchester. C'est cette nouvelle intelligibilité que proposent les sociologues pour éclairer ce monde social (ex : solidarité, secret et dissimulation...). Aujourd\'hui on a un usage particulier de la communauté par rapport à 1830. On mesure sur le temps tout ce qui fait que l'on perd le référent de la communauté. La communauté est un concept à la fois : - Explicatif : qui nécessite de savoir comment une communauté n'est pas un groupe moral - Descriptif : on classe des gens (ex : les 68ards). C'est par ce terme de communauté contraire au terme « société » que les pères fondateurs ont décidé de penser le monde. A cette période on porte un regard qui valorise la communauté. Le terme « communauté » révèle tout un ensemble de choix de la part des pères fondateurs. Ce faisant, ils s'inscrivent dans une époque où de manière générale on n'arrête pas d'utiliser le mot « communauté » (littérature, conservateurs, progressistes...). Par le terme de communauté, ils problématisent le monde et essaient de construire un sens nouveau pour problématiser le monde. Avant nouveau regard du social (avant 1830) , il y avait 2 façons de penser l'ordre social : 1. Transcendance à la providence, au hasard. On ne problématise rien (c'est comme ça -\> explication divine, hasard) 2. Contrat social passé entre individus. On agit par satisfaction de son intérêt et on essaie de limiter les pertes (= utilitarisme) -\> explique le fait qu'on parlait de société et non de communauté. Le mot communauté a connu une trajectoire sinueuse (présent au Moyen-Age, disparu pendant Siècle des Lumières, revient au XIXe siècle). Loi le Chapelier en 1791 qui dissout les corporations : *« Il n'y a plus de corporation dans l'Etat, il n'y a plus que l'intérêt particulier de chaque individu et de l'intérêt général \[...\] Il n'est permis à personne d'inspirer au citoyen un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par une corporation »* Pas de groupement intermédiaire. Le consentement et le contrat étaient la base de la société avant. Ce qui caractérise le projet de **société** : libre-arbitre, capacité à donner son consentement, à pouvoir décider par soi-même et ne pas être influencé. Quand on valorise la société pour la communauté on valorise l'individu et son autonomie. Ne pas avoir d'intermédiaire suppose un rapport direct entre individu et Etat. La sociologie arrive avec son projet de connaissance qui valorise la communauté. Puisqu'ils réactivent un terme qui avait disparu au XVIIIe siècle, Nisbet en conclue qu'ils sont conservateurs (1^er^ conclusion). Penseur du projet de l'individu, du contrat social (garant de libertés, qui nous donne des droits) : Rousseau. Tout cet héritage est balayé par le projet de sociologie 1830 : les sociologues tentent de comprendre cette société délitée par les 2 révolutions notamment. *Dans quelle mesure nos pères fondateurs étaient-ils réellement conservateurs ?* Pour les conservateurs ?? : il s'agit d'une famille avec un père (pater familias) qui représente l'autorité dans la famille. Il faut arrêter l'individualisme engendré par les 2 révolutions et pour cela il faut restituer la hiérarchie et le faire via restauration de certaines figures d'autorité (le maitre d'école, autorité religieuse, le père de famille surtout qui a le pouvoir sur les autres membres de la famille) - La communauté est liée à la 2^ème^ idée élémentaire : l'autorité car la communauté restaure l'autorité Les conservateurs à cette période (1830\~ 1900) ont une place particulièrement importante. Pour eux c'est comme ça qu'on va retrouver une société apaisée car l'égalité pour tous engendrée par les Révolutions a perturbé la hiérarchie. On reprend la communauté avec la définition du Moyen-âge (=groupement de petite taille, fondée sur l'interconnaissance, sur les liens) C'est que par la communauté qu'on peut redonner de la sécurité, de la protection et faire face à l'isolement des individus (on s'efforce de créer des liens). Ses représentants organiseront du mieux possible chaque communauté avec l'autorité Nisbet parle bcp de cette approche conservatrice de la communauté et un peu moins d'une autre conception de la communauté qui est portée par une force émancipatrice (= les progressistes qui étaient des grands patrons, socialistes utopiques). Il y a à ce moment un paysage politique très contrasté mais la communauté est ce qui permet de faire du sens et être le lien entre état et individu. Cependant, cette communauté est produite de manière différente selon conservateurs et socialistes. On éclate les références à la communauté pour savoir où se situent les pères fondateurs. A. La communauté selon les conservateurs B. La communauté selon les socialistes utopiques Ce sont eux qui ont poussé une nouvelle conception de la société passant par la communauté. Ils ont fait ça parce que selon eux la solitude était le pb social majeur. Quand la durée travail n'est pas encadrée, tout le monde est obligé de travailler (enfants, vieux...). Dans les années 1880, les premières lois pour encadrer le travail apparaissent. Il y a donc une déliaison qui commence à se produire, isolement des individus. C'est à ce problème que tentent de réagir les socialistes utopiques en créant des communautés (principalement les industriels qui le font notamment car ils sont responsables par le modèle de production). - Ex : Owen achète un terrain en Amérique et crée une communauté. **Robert Owen (1771-1858) :** fondateur du courant socialiste permis par son parcours. Il travaille dès l'âge de 10 ans donc lui permet d'apprendre à lire. Il fait fortune en construisant des machines de filature. A 23 ans, il devient patron d'une des plus grandes filatures d'Angleterre. A 29 ans, il devient le premier filateur de coton fin du monde. Il réfléchit à la transformation de la société et développe des leviers d'actions qui sont actuels. Il a conçu 2 leviers d'action mais voyant que ce n'est pas suffisamment efficace, il construit une communauté active, soudée de 5000 personnes qui suppose l'éducation commune des enfants (dortoirs). Tout est fait en commun donc très peu d'intimité. Pour changer la société, il met en place 2 leviers d'action : - Le levier d'éducation : il construit des écoles pour que les enfants d'ouvriers puissent être concrètement scolarisés. C'est par le savoir, l'éducation qu'on peut contrecarrer la violence, la délinquance (Rousseau) : c'est ce qui a inspiré Owen dans la construite des écoles. C'est Marx qui qualifie les socialistes d'utopiques car ils voulaient changer la société par l'éducation. Le seul changement qui pouvait se produire serait par **la lutte** - Le droit : Il ouvre la question de la force des croyances pour changer les choses Il va édicter des lois au niveau des ouvriers pour changer les choses (le premier à faire ça) : - Diminution de la durée de travail - Augmentation des salaires Ces mesures permettent d'augmenter la productivité (conditions de vie meilleures). Il imagine sans cesse de nouvelles législations pour améliorer la vie de ses travailleurs. Owen a également œuvré pour l'égalité des sexes sans être pour autant naïf sur ce que ça pouvait lui rapporter. *« L'homme et la femme ne s'associeront sans crime que lorsqu'ils auront une l'affection réelle l'un pour l'autre et cette affection sera forte et durable et en proportion des qualités bonnes et supérieures qui auront été cultivées chez chacun d'eux durant l'enfance (par l'éducation ??). »* Autobiographie d'Owen Les autres industriels venaient constater les conditions de travail améliorant les conditions de travail dans les industries d'Owen mais très peu étaient en faveur de ces mesures et ne les appliquaient pas dans leurs industries Cela le pousse à s'exiler en Amérique en **1824** pour fonder une communauté en bonne et due forme appelée **« New Army »** elle rassemble des intellectuels, des savants et des individus qui voulaient tester l'expérience. A la même époque en France, certains collectifs sur un modèle de communauté se forme avec une idée d'auto-suffisance, de commun retrouvé. C'est porteur d'une critique contre l'Etat, car trop abstrait, trop distant, ne permettant pas de résoudre les problèmes. La solution que propose les socialistes est de recréer une échelle d'interconnaissance où un lien de type positif se créer pour éviter que les gens s'isolent C. Situer les sociologues dans ce paysage *« La communauté ne constitue pas seulement pour les sociologues un centre d'intérêt empirique majeur, comme le montrent leurs études de la parenté, des institutions locales et des corporations. Elle conditionne également leur méthodologie...* » P.79 Tous emploient le mot communauté mais en ont une vision différente. On a tendance à opposer weber et Durkheim mais ils utilisent tous les 2 le terme de communauté. 1. Weber Weber se sert du terme de communauté pour forger le terme de communalisation. Ce n'est pas la taille du collectif qui génère la qualité du lien social / définition ne se limite pas à ça. C'est pourquoi il conçoit le terme de « communalisation ». S'il se réfère à ce terme c'est -- pour l'interconnaissance mais + pour le **partage d'une même expérience**. Cette expérience doit être fondée sur des sentiments et des émotions et est au fondement de la communauté. Il insiste sur l'aspect [dynamique] de ce processus (= prendre conscience de). Il ouvre le champ d'analyse de la communauté en prenant appui sur les communautés ethniques. Pour qu'il y ait communauté il faut que les individus **prennent conscience** de ce qu'ils ont en commun et orienter leurs actions en fonction de cette prise de conscience. - Ex : Une grande partie de la population a des yeux marrons. Lorsqu'on se rend compte de cette caractéristique commune, on peut se dire qu'on est supérieurs par rapport à ceux qui ont les yeux d'une autre couleur. Il y a donc une communalisation qui se fait. La vie en commun (sociale et politique) qui déclenche le sentiment de communauté. Weber ouvre ce champ d'attention sur le fait que si on veut faire communauté, il faut faire preuve de détermination à ce moment. Il se sert de la communauté pour analyser qqch de plus large. Ce qui compte dans la communauté, c'est des critères qui vont nous engager dans une action. C'est à ce moment qu'on va partager un sentiment d'appartenance non à une société mais à une communauté. Il faut prévenir toute interprétation identitaire des collectifs tant que ce n'est pas agissant. Il faut donc faire attention à tout ce qui peut classifier, essentialiser a priori car avec l'essentialisation on les communautarise à partir du classement, ce qui peut les communaliser. L'apparence, la religion, les classes d'âges, les religions ne suffisent pas pour faire communauté, il faut qu'il y ait de la détermination et qu'on oriente son action en fonction de ses critères pour partager un social communautaire, un sentiment communautaire. Elle peut être crée ou suscité de l'intérieur : - des gens peuvent se sentir tellement à part qu'ils décident de se regrouper, de partager et d'orienter leurs actions en fonction - des gens par une langue / le langage sont catégorisés. La catégorisation peut être reprise par les personnes désignées. La désignation peut donc fabriquer une communauté mais aussi faire l'inverse (fuir cette catégorisation avec les outsiders d'Elias) Il dit qu'il ne faut pas prendre en compte les communautés trop vite faites par le sens commun. «  Les identités collectives sont toujours des identités représentées » , elles sont portées par des phénomènes de croyance. Weber nous sensibilise au fait que pour appartenir une communauté il y a tout ce process de transformation de notre regard qui fait qu'on va pouvoir se déterminer en fonction de l'appartenance à une communauté Il dit cela peut suffire à condition que l'apparence suffise à faire sens pour les personnes 2. Durkheim 17/10/24 Séance 3 : minorités et communautés Durkheim pose une question intéressante dans « De la division du travail social » *Comment dans une société donnée on va pouvoir affirmer notre liberté, notre autonomie ?* Réponse : pour pouvoir manifester son autonomie et sa liberté, il faut qu'il y ait une division du travail. Il dit que dans la division du travail, il y a une solidarité (ce terme apparait dans la fin du XIXe siècle). - Avec la solidarité on peut créer un mode d'organisation de la société dans lequel le social va s'intercaler entre individu et politique (=Etat). Il montre qu'en fonction de la division du travail, il y a différents modes de différenciation sociale - \+ division du travail poussé + on sera différent (métiers différents) et on sera intégré dans la société à partir de nos différences A l'inverse, il y a une faible division du travail, il y a une faible poussée d'individualisation. Dans ces cas la différence passe par le **charisme** (Weber) Durkheim dit que la solidarité nait aussi bien des similitudes que des différences car c'est avec la différence qu'il y a une complémentarité. Mais quand il y a de l'anomie, une rupture des liens, il n'y a pas de solidarité, les gens donnent une réponse individuelle (= ils partent). Lorsqu'on fait face à cela, il faut créer des corporations (terme médiéval) Corporation = structure intégrative pensée sur le modèle de la communauté Il en fait une analogie avec la famille : elle doit accueillir les nouveaux-venus de l'exode rurale en leur donnant de la chaleur affective etc... cette solution du moyen-âge amène à penser qu'il est un conservateur en voulant réinstaurer qqch du Moyen-Age pour réinstaurer de la solidarité. Cette solution du Moyen Age est à resituer dans la division du travail On peut penser que la grande ville est ce qui apporte le chaos. Il analyse le pb de cette ville et à partir de son analyse il propose une vision différente du capitalisme de Marx mais propose d'analyser ce phénomène à partir de la division du travail qui permet de créer de la solidarité : il faut qu'il y ait une redistribution L'intégration des corporations est une solution du moyen-age. La division nous intègre dans nos différences donc permettent notre liberté Durkheim pensait créer des corporations pour reconstituer des ilots de solidarité mécanique au cœur des sociétés modernes caractérisées par la solidarité organique. Mais il n'avait pas prévu que l'intégration mécanique se développe aux dépens de l'intégration organique à tel point qu'un siècle après on en parle encore beaucoup. Toutes ces communautés donnent lieu à des revendications dans l'espace public et s'affirment autour d'un principe de différences. Autour de cette différence, on se structure pour faire communauté. Ces affirmations communautaires sont à des échelles extrêmement larges (ex : communauté européenne) : ce qui justifierait l'usage de ce terme de communauté serait la similitude (ex : on appartient à la communauté européenne parce qu'on est européen pas américain) Toutes les communautés ne revendiquent pas l'expression d'une différence. *Comment s'affirme une différence qui va être au principe de la communauté ? Comment se forment les communautés qui revendiquent les différences ?* Il faut penser l'expression des différences sur le temps long et ne se manifeste pas de la même manièer selon les différents pays. Le contexte politique influe beaucoup sur le fait d'exprimer sa différence car il y a des pays où ce n'est pas possible Nous allons nous intéresser aux communautés basées sur la différence dans un cadre de démocratie où il est possible d'affirmer et d'exprimer sa différence. En France on reconnait des individus, en Angleterre également mais par exemple au Canada on reconnait des cultures (= accommodements raisonnables : solution pour faire en sorte que chacun puisse être dans sa culture sans que cela nuise aux autres cultures) On n'est pas une société qui reconnait les communautés ; reconnaitre la différence dans un pays tel que la France que dans un pays multiculturel car on reconnait des individus pas des communautés. Idéaltype : modèle d'intégration qui repose sur 3 piliers : 1. [Séparation sphère publique / sphère privée ] Dans la sphère privée on peut affirmer ses différences mais dans la sphère publique on est citoyens. Séparation entre individu concret et citoyen abstrait. Par-delà toutes nos différences, elles peuvent se manifester dans l'espace privé mais aussi public qui gomme l'individu concret pour laisser place à l'individu abstrait 2. [Primauté des droits individuels sur les droits collectifs ] On redistribue en faveur d'individus et non en faveur des communautés. Cependant, on peut le faire de façon détournée (ex : donner à des écoles, des territoires). Il y a une hiérarchie presque. 3. [Laïcité ] Fait de tous les citoyens des individus égaux face à l'Etat peu importe leur religion, croyances... C'est une façon de gommer la pluri-appartenance pour mettre les gens sur un pied d'égalité Derrière ces 3 principes, ce qui compte est l'individu parce que c'est le citoyen qui est le principe de reconnaissance dans une société tel que la France. Mais ce modèle se heurte à de multiples tension notamment une tension forte entre l'individu et ses revendications. Le citoyen est la fiction qui permet de faire société sur un plan égalitaire dans la sphère publique. Cette construction de la société donne de l'importance à l'individu avec le risque de tensions qui s'observe entre revendication d'une différence et le modèle de citoyenneté qui n'autorise pas la différence dans la sphère publique Didier Lapeyronnie : *L'individu et ses minorités, la France et l'Angleterre face à leurs immigrés,* 1993 compare l'intégration de communautés entre France et Angleterre. Il fait des enquêtes de terrain en Angleterre et en France pour voir comment sont intégrés les immigrés. En Angleterre on peut faire valoir son appartenance à une communauté. Il montre avec son enquête que la différence n'est pas un obstacle à l'intégration mais souvent le ferment d'un groupe. Cela se comprend de mieux en mieux notamment parce qu'on est de + en + identifié par ce qu'on est et non par ce qu'on fait. Jusque dans les 90s on pensait qu'accompagner une différence allait être un obstacle à l'intégration. La publication de cet ouvrage est un jalon significatif sur ??? Support : *La différence*, M. Wieviorka, *Comment sont produites les différences ?* *Qui sont les groupes qui produisent les différences ?* *Qu'est-ce qu'une différence ?* Il resitue d'abord la production de différences. Pendant longtemps on a regardé les différences entre cultures, entre sociétés. Maintenant il faut regarder les différences dans les sociétés pour comprendre comment elles sont produites mais aussi comment elles vont disparaitre, être bousculées... Hypothèse : ces différences sont produites par la modernité. Contrairement à ce que l'on peut penser, on n'a pas une décomposition des identités particulières, une standardisation. La modernité est le terreau pour que les identités particulières se développent. Ce qui caractérise la modernité : confiance, croissance économique donc contexte favorable pour que se développent des expressions communautaires (30 glorieuses) C'est là qu'émerge l'individu avec toutes ses revendications, ses différences et qui va chercher une place, une forme de reconnaissance dans l'espace public. « la différence elle est la revendication d'une visibilité et cette visibilité passe par un renversement du stigmate càd le processus au terme duquel une identité cachée refoulée déniée se transforme en affirmation culturelle » → On a affaire à un process qui se traduit par le fait de transformer une identité cachée en un principe de reconnaissance positif. - Ex : les sourds. Pendant longtemps cela mettait à part les gens avec pas de formation ou très peu. Le renversement du stigmate se fait par un travail de mobilisation, de conscientisation pour que le stigmate se transforme en principe de reconnaissance positive. A travers cela, tout une culture se crée autour de cette déficience (ex : langue des signes, endroits où ils peuvent avoir leur culture) C'est une différence qui va nous permettre de nous mobiliser pour obtenir des aménagements dans le travail, dans l'accès, des aides, une considération... - Dès lors que le stigmate peut être retourné, il devient une différence La déficience doit pouvoir se transformer en différence. La différence n'est pas donnée comme tel. La production d'une différence véhicule nécessairement une ressource et un apport de sens. Paradoxe : Il faut d'abord être perçu comme différent et se constituer comme tel pour pouvoir prétendre à une égalité de traitement et faire tomber la différence. 2 cadres de constitution de la différence : - La différence culturelle est 1^ère^ (avant l'arrivée des états-nations) : cette différence a une certaine épaisseur historique et les membres vont chercher à la maintenir, à la reproduire, à la défendre Ex : les aborigènes en Australie. L'enjeu est de maintenir leur culture et de la transmettre même s'ils sont dans une société avec une culture différente de la leur sans pour autant se couper de la société - La différence culturelle est 2^nde^, construite, de l'ordre de l'invention dans le cadre des Etats-Nations : Ex : communauté gay. Différence est le résultat de la sortie de la sphère privée. 24/10/24 Séance 4 : La question du sacré Pendant 1830, 1900 la religion est extrêmement importante Mauss : Il s'intéresse à ce qui passe pendant que l'on prie → décrypter sociologiquement ce moment de recueil avec un dieu quel qu'il soit. Mauss s'intéresse aussi à la magie par rapport à la religion : pourquoi on a tendance à recourir à la magie Weber : A écrit des ouvrages avant et après ses dépressions portant sur la religion. Ces écrits lui ont permis de proposer une œuvre qui tranchait complètement avec ce que les autres pouvaient écrire sur la religion. - Le capitalisme de l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme qu'il aborde est repris par Marx qui explique qu'il y a des origines religieuses. Durkheim *Les formes élémentaires de la vie religieuse* : c'est la religion qui est à la base de toute connaissance. Elle nous amène a croire en des choses qui vont amener des explications d'ordre + scientifique C'est un phénomène générateur. Simmel  Il s'intéresse à la piété : Pourquoi on devient pieux ? Qu'est ce que la piété apporte et comment elle fait des groupes sociaux ? Tout ce fort intérêt pour ces éléments qui portent sur l'intimité, toutes ces recherches menées vont positionner la sociologie sur la question de la valeur et de la croyance. Il y a des sociologues de la religion, des sociologies qui mobilisent le vocabulaire du religieux pour éclairer d'autres phénomènes sociaux qui n'ont a priori rien à voir. La religion et son vocabulaire est très présent dans le sport, l'art dans lequel on retrouve beaucoup de vocabulaire religieux (incarnation, inspiration...). Cette idée élémentaire est très présente. Voici des statistiques sur la religion en France en 2021 : - 51% de la population française est non-croyante, 49% de la population française reste croyante (toutes religions confondues) - Parmi les croyants, la première religion est le christianisme (environ 38 millions) puis l'islam (5 millions) et enfin le judaïsme (3 millions) Aux US, il y a le mouvement créationniste très important car il y en a même des musées : ce sont des fondamentalistes religieux qui sont opposés au discours de la science et c'est Dieu qui a crée la terre ainsi que toutes les espèces vivantes (= approche littérale de la Bible) Le créationnisme milite pour qu'à l'école, on n'enseigne plus les textes scientifiques mais les textes religieux qui disent l'origine de la Terre : - En 2017, 38% pensent que Dieu a crée la Terre et l'homme dans sa forme actuelle : discours opposé à la science - En 2019, ils sont 40% Il y a des domaines intéressants dans la religion avec des phénomènes particuliers que les sociologues sont habilités à étudier *Comment cesse-t-on de croire ?* *Pourquoi on choisit d'exercer un métier religieux ? (Ex : pasteur)* La religion, le sacré est une idée d'une grande actualité notamment à la période 1900 où tous les pères fondateurs étudiaient la religion 1905 : loi de séparation de l'Etat et l'Eglise en France. L'Etat reconnait la liberté de culte et de conscience sans que l'Etat puisse intervenir. C'est le cadre à partir duquel on peut penser le religieux en France. Depuis 1905, la religion relève du domaine privé pourtant on assiste qu'à la montée du religieux dans le débat public, dans les espaces publics - Ex : dans les hôpitaux, on a créé des comités d'éthique qui permettent de discuter sur des dispositions médicales et composer avec les croyances des gens -\> Le refus de transfusion, de réanimation, de greffe... Il y a donc une interférence de la religion dans la pratique des médecins notamment avec leur serment d'Hippocrate qui somme de sauver les vies humaines - Autre ex : les supermarchés et la nourriture halal. Les enquêtes s'intéressent aux pratiques alimentaires pour mieux connaître leur public. Bruno Etienne : a consacré sa vie à l'étude du religieux. Il avait observé que pour parler des étrangers on mobilisait le mot « musulman » à partir des années 80. Avant ça, on parlait « d'immigrés ». Cette prégnance de la religion doit être interrogée et réfléchie : voir comment la question de la religion évolue et se transforme Pierre Rosanvallon a forgé l'expression « d'institution invisible » : par exemple la confiance est une institution invisible qui permet de créer des groupes, de faire société etc... Elle détermine aussi le cours de l'or, a des effets sur la réputation et d'autres choses par ailleurs la religion et la non-croyance seraient en quelque sorte sont des institutions invisibles qui organisent nos vies et qui guident nos choix de conjoint, d'amitiés etc... Positionnement de Nisbet sur le sacré : la façon dont les disciplines se positionnent par rapport au sacré est très révélateur. Il n'y a que les sociologues qui étudient autant la religion - C'est un clivage entre les disciplines Pour les sociologues, le sacré est un mode d'accès privilégié dans l'étude de la société, du rapport entre individu et société, séparation des groupes\... Sacré : qui a une valeur particulière (= pas toujours la religion) « Ce qui distingue la façon dont la société... »P.275 - Les pères fondateurs utilisent la religion pour comprendre d'autres phénomènes Par exemple, Mauss étudie la prière mais aussi en quoi c'est + que la religion mais organise la vie et les actions que l'on fait (devenir bénévole, s'engager pour des causes) D'un côté il affirme un usage méthodologique mais aussi le grand intérêt des pères fondateurs qui est une réaction à la laïcité des Lumières et à la Révolution, ils veulent réinstaurer un rapport un peu religieux : Nisbet met en confrontation ces 2 dimensions. Au XIXe siècle, la sociologie s'affirme et fait plein d'écrits sur tous les phénomènes qui portent sur le sacré. Il y aurait d'un coté une manifestation, une réaction à un rejet (désencastrer un pouvoir religieux), un regain d'intérêt pour la religion s'affirme parmi les pères fondateurs *Est-ce que cela signifie pour autant que les pères fondateurs sont conservateurs en s'intéressant à la religion ?* Pour répondre à cette question, il faut d'abord voir les points d'accord : - La religion existe sous toutes ses formes dans toutes les sociétés (=universalité de la religion) sauf pour Marx : il n'y a pas une société qui n'est pas croyante Pendant longtemps la religion a été un marqueur des sociétés animales et humaines : savoir si les chimpanzés avaient des pratiques pour les chimpanzés morts (enterrement des corps) Si on a une condition d'observabilité de partout à toutes les époques c'est parce que la religion assure une **fonction** (opérateur pratique). - La religion apporte des solutions à des problèmes que l'on s'est posés à toutes les questions et précisément à 3 grands types de problèmes : 1. Origine des choses (d'ordre cognitif) : lié à la connaissance → la religion permet d'apporter des réponses aux choses. La religion intègre dans son système explicatif ce qui ne peut être expliqué par le biais du mystère : le divin. La religion apporte de la connaissance (enjeu du créationnisme qui veut se baser que sur le religieux) *« Il n'y a pas d'opposition entre connaissance et religion. La connaissance scientifique rationnelle prolonge la croyance »* Durkheim*, les formes élémentaires de la vie religieuse*, On peut montrer la forte concurrence qu'il peut y avoir entre science et religion car la science montre que l'origine de la Terre n'est pas celle indiquée par la Bible, la géologie montre la formation des sols qui n'a rien à voir avec l'origine du déluge. 2. Matériel (comment s'engager dans l'action) : - Ex : action sportive de très haut niveau C'est une solution pour enlever l'incertitude qui entoure l'action. Pour s'engager dans l'action beaucoup de gens ont besoin de religion mais aussi avoir recours à la superstition, la magie. Ces dernières permettent de se fier à qqch. La croyance permet de faire des choses, c'est pourquoi on constate l'universalité de la religion. Avec le matériel on peut avoir la religion et le matériel : c'est complémentaire. 3. Affectif : tous les problèmes existentiels (angoisse, crainte de la mort, maladie) La religion se veut être une réponse à ces problèmes. C'est pourquoi la religion résiste autant dans nos sociétés. Aujourd'hui, il y a énormément de coachs, de sectes, de psychologues : c'est une réponse laïque aux grandes questions que l'on se pose dans la vie selon Bourdieu. Maintenant, il faut comprendre comment nos pères fondateurs se sont positionnés en parlant de religion : *est-ce que c'était qqch de plus novateur sur le regard qu'ils portent et sur la société ou c'est un projet conservateur, réaction à la période des Lumières ?* Les philosophes avaient un projet anticlérical. Leur projet était d'apporter la connaissance car elle permettait la liberté, liberté de la tutelle religieuse. Les pères fondateurs n'étaient pas croyants mais avaient de forts liens avec la religion - Ex : Durkheim a grandi avec un père rabbin Ils pensent la religion comme une transcendance, un point commun au-delà des sociétés. A partir de là, on peut se dire que la religion n'est pas le seul domaine qui a une transcendance. Toutes ces formes de transcendance sont appelés institutions. Auguste Comte : la sociologie doit être une forme de religion au-delà de toutes les religions. On a l'impression avec lui que la religion est l'avenir de la sociologie. Pourtant : *« L'homme d'esprit scientifique ne peut plus croire à la révélation au catéchisme d'église ou a la divinité selon la conception traditionnelle mais d'un autre coté la religion correspond à un besoin permanent de l'homme »* Auguste Comte, Système de politique positif, 1824 Avec Comte l'héritage des Lumières est réfuté. On pourrait penser qu'il y a un retour en arrière et Nisbet surfe sur cette ambivalence et montre bien que les sociologues sont pour le système de religion qui existait avant cette période de séparation de la religion et de l'Etat. *« L'homme a besoin de religion car il a besoin d'aimer qqch qui le dépasse »* Auguste Comte, Système de politique positif, 1824 Cela permet de dépasser l'approche qui considère que c'est une simple réaction. *« Aimer qqch qui le dépasse »* peut signifier la famille par exemple (= institution). A partir de la religion on voit apparaitre le terme d'institution qui n'a rien à voir. La religion en tant que tel est une institution parmi d'autres, on décloisonne la religion pour penser sa place dans la vie sociale et si la religion est au-dessus de nous elle représente une transcendance, on a l'équivalent avec l'institution. La religion est une institution très présente et qui guide / oriente les sociétés. Les non-croyants sont définis par rapport aux croyants. Etudier les institutions est le cœur de la discipline Mauss et Fauconnet définissent la sociologie comme l'étude des institutions (scolaires, religieuses, familiales...) - Ex : lorsque Bourdieu étudie l'école, il montre qu'elle reproduit la société Toute la vie sociale est organisée par les institutions. Les institutions définissent les manières d'agir, d'être et sont parfois incarnées par les objets : - Ex : une pipe pour fumer, la charrue pour labourer la terre, la sonnette pour sonner. Il y en a un + que d'autre qui représente l'institution : la sonnette (= sociétés démocratiques). Dans les sociétés de l'Ancien Régime il y avait des sonnettes dans toutes les pièces pour appeler des serviteurs qui doivent satisfaire les besoins du maitre. La sonnette matérialise l'institution, elle symbolisait la hiérarchie d'une classe sur une autre, était l'émanation de la société. *Quelles sont les opérations faites pour produire de la religion donc de l'institution ?* → Dans certaines religions les femmes n'ont pas accès à certaines fonctions. [Durkheim*, Les formes élémentaires de la vie religieuse* ]: il étudie la religion pour comprendre la place déterminante qu'elles ont dans nos sociétés et la place qu'elle peut avoir à l'échelle d'une vie. Il substitue à la notion de religion la notion de sacré qui lui semble être plus précise. En faisant cela, il déplace le regard car il regarde toutes les pratiques qui vont sacraliser. Dans la diversité des religions, il y a tout de même un partage concret entre sacré et profane. Avec ce remplacement du religieux par le sacré il regarde les opérations qui se pratiquent pour comprendre comment elle est produite. - On sacralise des temps (temps de la prière), des lieux (mosquées, églises...), des objets (la croix). Durkheim refusait de croire que la religion n'était qu'un tissu de superstition, une illusion *« Aucune institution humaine ne saurait reposer sur l'erreur et le mensonge »* Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de violence. Pour lui, la religion est de nature sociale et les représentations religieuses ne sont qu'un type particulier de représentation collective. *« Le sacré ne fait qu'exprimer sous une forme symbolique et transfigurée la société »* Il insiste sur la nécessité fonctionnelle de la religion car célébrer la religion est célébrer la société quelque part. Il se sert de la notion de sacré pour expliquer à la fois la cohésion et la contrainte. [Résumé : ] - Ce raisonnement essaie de mettre en évidence le fait que la réalité de la religion est de nature sociale - Le sacré exprime la société sous une forme transfigurée, symbolique - En tant que sacré, il renvoie à une transcendance : il exprime la cohésion et la contrainte Weber se sert de la religion pour penser le capitalisme ce qui l'amène à étudier les sectes américaines.

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