Maladie Chronique Prévention Intervention CM (1) PDF

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Ce document traite de la psychologie de la santé, de la prévention et de l'intervention dans les maladies chroniques. Il aborde les définitions, les champs d'intérêt et les objectifs de la psychologie de la santé, ainsi que des exemples et théories sur le sujet.

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MALADIE CHRONIQUE PREVENTION ET INTERVENTION Psychologie de la santé | définitions Matarazzo (1984) « La psychologie de la santé est l’ensemble des savoirs scientifiques de la psychologie appliquées à la compréhension de la santé et de la maladie » Bruchon-Schweitzer (1994) « étude des tro...

MALADIE CHRONIQUE PREVENTION ET INTERVENTION Psychologie de la santé | définitions Matarazzo (1984) « La psychologie de la santé est l’ensemble des savoirs scientifiques de la psychologie appliquées à la compréhension de la santé et de la maladie » Bruchon-Schweitzer (1994) « étude des troubles psychosociaux pouvant jouer un rôle dans l’apparition des maladies et pouvant accélérer ou ralentir leur évolution. » - S'intéresse autant aux causes qu'aux conséquences - Méthodes et solutions préventives ou curatives impliquant généralement des changements de comportements en matière de santé La psychologie de la santé Evolutions importantes ces dernières années. - N’est plus seulement l’étude des facteurs psychosociaux pouvant affecter l’initiation et l’évolution des maladies - Intègre également ceux ayant un effet sur des issues de santé positive (qualité de vie, satisfaction de vie, bien-être, santé physique et mentale) Champs d’intérêt ◼ Rôle des facteurs psychiques dans les comportements de santé ◼ Rôle des facteurs psychiques et sociaux dans le déclenchement et l’évolution des maladies ◼ Méthodes de traitements psychologiques Objectifs ◼ Promotion des comportements et styles de vie sains Activité physique, protection aux UV, utilisation de préservatif, temps de sommeil… ◼ Prévention des maladies Sevrage tabagique, sédentarité, alimentation déséquilibrée, consommation d'alcool, … ◼ Amélioration de la prise en charge des patients et de leur entourage Accompagnement et soutien psychologique, bilan psychométrique, psychothérapie, psychoéducation, éducation thérapeutique du patient… William Seville Objectifs ◼ Promotion des comportements sains Activité physique régulière, consommation quotidienne de 5 portions de fruits et légumes, … ◼ Prévention des comportements délétères : Tabagisme ➔ Chez les jeunes (prévention primaire) ➔ Chez des patients hypertendus (prévention secondaire) ➔ Chez des patients souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive (prévention tertiaire) ◼ Prise en charge Soutien à l'annonce du diagnostic, réduction des symptômes anxieux et dépressifs etc… Théories Orientations théoriques nombreuses et variées. Discipline scientifique qui apporte un renouvellement dans la manière d’aborder et de comprendre les problèmes de santé et de maladie. Principaux modèles - Théories comportementales et de l’action Théories de l’action raisonnée, des comportements interpersonnels, du comportement planifié et le processus d’action sur la santé - Théories sociocognitives (théories relatives aux croyances comme le Health Belief Model (HBM), les théories de l’auto-efficacité) Les théories comportementales Les théories comportementales ou théories à étapes, fonctionnent selon une conception de résolution de problème. ◼ La maladie est conçue comme un problème que le patient tente de résoudre en passant par des étapes successives, identifiées et ordonnées hiérarchiquement et/ou chronologiquement ◼ Toutes les personnes passant par une étape vivent les mêmes événements et les personnes à des étapes différentes ne vivent pas les mêmes événements ◼ Postulat fondamental : l’existence d’une relation entre les attitudes, c’est-à-dire une prédisposition à agir dans un certain sens, et les comportements proprement dits. Deux modèles dominants - Théorie de l’action raisonnée (TAR) - Théorie du comportement planifié (TCP) William Seville Théorie de l’Action Raisonnée (TAR) (Ajzen & Fishbein, 1980) Postulat selon lequel on ne peut comprendre l’émergence des comportements de santé qu’à la condition d’inscrire les croyances et les décisions des individus dans leur contexte psychosocial. L’intention comportementale (behavioural intention) se situe à un niveau intermédiaire entre les comportements effectifs et les attitudes. ➔ L’intention est une manifestation de la volonté à accomplir un type de comportements en vue d’atteindre certains objectifs L’intention à agir serait le fruit de l’attitude du patient et de ses normes subjectives. Ces normes subjectives sont des représentations propres au patient de ce que la société attend comme comportement pour une situation donnée ou de ce qu’un autre aurait fait dans une même situation. Ces normes s’inscrivent dans un processus psychosocial où les personnes significatives sont susceptibles d’inciter les personnes à adopter un certain type de comportement ( e.g. suivre un régime, faire du sport etc) Le fondement théorique de la TAR Existence d’un contrôle volitionnel sur l’intention à agir et donc sur le comportement. L’adoption d’un comportement de santé (prendre ses médicaments etc.) est prédite par l’intention de s’engager, intention qui est elle-même déterminées par les attitudes générales Contributions du modèle | introduction de deux idées importantes - Contexte normatif susceptible de faciliter ou non la modification des comportements de santé - Intention comportementale reprise par des nombreux autres modèles Ce modèle a été simplifié par la suite et adapté dans le cadre de la théorie des comportements interpersonnels et la Théorie des Comportements Planifiés. La théorie des comportements planifiés Applications - Grande variété de comportements de prévention (e.g. auto-examen des seins ou des testicules, usage d’un préservatif, adhésion à un régime amaigrissant etc). - Utile notamment pour prévoir l’adoption de certains comportements favorables à la santé (comme l’arrêt du tabac, de l’alcool, suivre un régime etc.) Contributions du modèle - Introduire la notion de Contrôle Comportemental Perçu (CCP) en l’articulant avec les intentions. C’est surtout le lieu de contrôle qui joue ici un rôle prédominant. - C’est la croyance selon laquelle les évènements dépendent soit des facteurs externes (chance, hasard, destin etc.) soit des facteurs internes relatifs à certaines caractéristiques personnelles William Seville Les théories sociocognitives Les modèles sociocognitifs et émotionnels portent sur les liens entre les cognitions et les émotions d’une part, et les comportements d’autre part. Développés dans le cadre de la prévention de la maladie et non pas dans celui de sa guérison, cette approche s’appuie sur les connaissances, les croyances et les attitudes des personnes pour prédire l’adoption ou le changement de comportement. ➔ Changement de perspective par rapport aux théories comportementales par étapes puisqu’elles ne visent plus la résolution d’un problème, mais le maintien d’un état de santé. Albert Bandura Deux concepts importants en psychologie… - L’apprentissage social (Bandura, 1961) - Le sentiment d’efficacité personnelle (Bandura, 1977, 1997) Ces deux concepts sont intégrés en un seul modèle, la Théorie Sociale Cognitive (Bandura, 2009). La théorie sociale cognitive Cette théorie propose de définir le comportement comme une triade dynamique de facteurs personnels (P), de comportements (C) et de facteurs environnementaux (E), qui entretiennent une interaction réciproque Dans ce modèle, les cognitions (facteurs personnels) peuvent influencer à la fois le comportement engagé, mais également, à partir des conséquences de celui-ci, façonner le futur comportement et l’appréhension de l’environnement. Ce modèle résume la démarche visant à associer les cognitions, les émotions et les facteurs extérieurs pour comprendre l’adoption de comportement de santé Le sentiment d’efficacité personnelle Introduit par Bandura (1977, 2002), se réfère à l’évaluation par la personne de sa capacité à réussir dans un domaine spécifique. Bandura (2002, p.63) la définit comme étant une capacité productrice au sein de laquelle les sous- compétences cognitives, sociales, émotionnelles et comportementales doivent être organisées et harmonisées efficacement pour servir d'innombrables buts. Les croyances relatives à l’efficacité personnelle moduleront les efforts, ainsi que les comportements adaptatifs. Les croyances d’efficacité modifient les processus cognitifs, le niveau de motivation et son maintien, ainsi que les états émotionnels, tous ces éléments contribuant fortement aux types de performances obtenues. Les personnes doutant de leurs capacités évitent les tâches difficiles dans certains domaines, ont des difficultés à se motiver et renoncent rapidement devant les obstacles. ➔ Aspirations réduites et une faible implication vis-à-vis des objectifs qu'elles décident de poursuivre. Les personnes qui croient fortement en leurs possibilités abordent les tâches difficiles comme des défis à relever. William Seville Notions apparentées - L’estime de soi, qui concerne les évaluations de la valeur personnelle Elle ne conduit pas toujours à de bons résultats. - L’efficacité personnelle concerne les évaluations par la personne de ses aptitudes. - Le sentiment d’efficacité personnelle prédit les buts que les personnes se fixent et les résultats qu’elles obtiennent. Les modèles de changement de comportement en santé Les limites du modèle biomédical - Modèle Dominant pendant plusieurs siècles - Emergence des maladies chroniques au 20ème siècle : Les comportements des populations deviennent un enjeu de santé publique Les comportements de santé « Un comportement de santé est une action faite par un individu et ayant une influence négative ou positive sur sa santé » (Godin,2012) → Définition culturelle et sociale des comportements liés à la santé. On s’éloigne de la seule perspective sanitaire… Exemples : Fumer, s’exposer au soleil, conduire sous l’influence de l’alcool, se brosser les dents, faire du jogging, mettre un préservatif… En fait, il n’y a pas de comportement de santé… Il y a surtout des comportements sociaux que des preuves scientifiques lient à la santé ! Les professionnels de santé commettent souvent l’erreur de croire que des raisons de santé expliquent le maintien, l’adoption ou l’abandon de comportements liés à la santé… ➔ Ils développent leurs interventions soit en brandissant le spectre de la peur, soit en limitant leurs interventions à la seule présentation des bénéfices pour la santé d’adopter le bon comportement Ainsi, on fait la promotion - De l’activité physique en faisant craindre la maladie coronarienne - Du sevrage tabagique en exposant la perspective d’un cancer - D’une saine alimentation pour éviter les nombreux problèmes liés à l’alimentation (hypertension artérielle, diabète, cholestérol…) Une telle direction dans le choix des contenus des messages éducatifs dénote la forte prépondérance accordée aux croyances des professionnels de santé plutôt qu’aux motivations des personnes concernées par les interventions. William Seville Le plus souvent ce sont des motifs sociaux plutôt que ceux liés à la santé qui dictent le comportement des personnes. En effet, les comportements de santé dans la majorité des cas sont activés par une source externe. Le but de santé - Le but de santé est posé pour et non par le patient - Il n’est pas autodéterminé et la question de son intégration dans la hiérarchie de l’action est posée - Plus un but de santé est intégré (s’aligne avec les autres buts personnels, évite les conflits), plus sa régulation sera fructueuse La théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 2002) décrit la qualité de cette intégration. La théorie de l’auto-détermination La théorie de l'autodétermination (TAD) est une théorie de la personnalité et du changement de comportement, orientée empiriquement (Deci & Ryan, 2004). o Perspective intégrative du point de vue humaniste, avec les théories comportementales et cognitives o Postulat : les êtres humains sont des organismes actifs, orientés vers l’intégration et l’actualisation de leurs capacités et de leurs potentiels. o Continuité de la psychologie humaniste : l’existence, chez l’être humain, d’un système inné de tendances favorisant une croissance saine et créative. o Objectif : perception plus cohérente, plus intégrée d’elle-même. La tendance à l’intégration ne peut pas être considérée comme allant de soi. Il existe des facteurs sociaux contextuels spécifiques qui soutiennent cette tendance innée, mais aussi d'autres facteurs qui gênent et qui s’opposent à ce processus fondamental de la nature humaine. Introduction du concept de besoin psychologique de base Trois besoins psychologiques sont à la base de la motivation humaine. - Le besoin d’autonomie - Le besoin de compétence - Le besoin d’appartenance sociale Lorsque la satisfaction de ces trois besoins est présente → bien-être subjectif chez l’individu. William Seville Dans ses derniers développements (Deci & Ryan, 2004) la TAD comprend quatre théories 1. La théorie de l'évaluation cognitive 2. La théorie de l’intégration organismique 3. La théorie de l’orientation causale 4. La théorie des besoins de base La théorie de l’intégration organismique ou TIO (Ryan & Connel, 1989) Phénomène d’intériorisation et d’intégration par la personne de nouvelles valeurs ainsi qu’aux modes de régulations du comportement. - Recherches sur l’impact des récompenses, des conjurations et des directives sur la motivation. - Facteurs intervenant en faveur ou en défaveur du développement de la motivation intrinsèque - Question importante : comment les gens introjectent et intègrent des motivations extrinsèques ? Selon cette théorie, si des personnes significatives incitent une personne à pratiquer une activité ou adopter un comportement qui ne l’intéresse pas initialement, cette personne peut être amenée, à intérioriser et à s’approprier les valeurs et le comportement correspondants. ➔ Lorsque cela se produit, la personne est autodéterminée pour réaliser le comportement en question Phénomène d’intériorisation d’un comportement et de valeurs motivées initialement de façon externe Processus naturel selon lequel les personnes transforment activement une régulation contrôlée en régulation autonome ou auto-régulation Cette intériorisation peut être plus ou moins importante. Elle s’oppose aux théories dichotomiques de la motivation : motivé/pas motivé, extrinsèque/intrinsèque. La motivation sera donc plus ou moins intériorisée et plus elle le sera, plus son comportement sera donc autodéterminé. Les comportements peuvent être catégorisés sur un continuum allant de l’absence d’autonomie à l’autodétermination. Types de motivation selon le niveau d’intériorisation Taxinomie des types de motivations selon le degré croissant d’autodétermination du comportement correspondant. William Seville On distingue ainsi six catégories - L’amotivation - La motivation extrinsèque ◼ Régulation externe ◼ Régulation introjectée ◼ Régulation identifiée ◼ Régulation intégrée - La motivation intrinsèque La motivation intrinsèque Pour Deci & Ryan (2000) « les activités motivées intrinsèquement sont définies comme celles que les individus trouvent intéressantes et qu’il fait en dehors de toute conséquence opérationnellement séparable » (traduction libre, p 233) La motivation intrinsèque représente des comportements effectués librement et par plaisir. Prototype du comportement autodéterminé, du comportement autonome. La motivation est intrinsèque si l’activité est réalisée pour la satisfaction directe qui en est retirée. Les facteurs de sape de la motivation intrinsèque - La menace - La surveillance - L’évaluation - Les deadlines - Récompenses - Compétition - Les pressions - Prix Les facteurs facilitateurs - Le choix - Feedback positif - Contexte informationnel - Implication pour la tâche/ comportement La motivation extrinsèque La motivation extrinsèque concerne des comportements ayant en commun le fait qu’ils ne sont pas réalisés pour des raisons inhérentes aux activités associées mais pour leurs conséquences (éviter une punition et obtenir une récompense). Typologie plus complexe de la motivation extrinsèque : quatre types de régulations extrinsèques variant en fonction du niveau d’autodétermination - Régulation externe - Régulation introjectée - Régulation identifiée - Régulation intégrée William Seville LA REGULATION EXTERNE La forme de motivation la moins autodéterminée Correspond à la motivation extrinsèque telle qu'elle est généralement définie Comportement régulé par sources de contrôle extérieures pour des raisons distinctes de l’activité Peut temporairement contrôler le comportement, la personne effectuera le comportement seulement quand ces facteurs sont présents Effort minimal et une pauvre performance, uniquement sur le court terme LA REGULATION INTROJECTEE Premier stade du processus d’intériorisation La motivation est basée sur des besoins d’approbation ou d’auto-approbation Contraintes internalisées, liées à l’estime de soi, afin d’éviter la culpabilité et la honte L’introjection : forme de motivation ambivalente et instable, accompagnée d’un ton émotionnel négatif, de la tension et d’un conflit intérieur LA REGULATION PAR IDENTIFICATION Forme plus autodéterminée de motivation extrinsèque Implique une valorisation du comportement concerné et une perception de celui-ci comme personnellement important et librement choisi Les comportements motivés peuvent ne pas refléter les valeurs importantes ou les croyances de la personne Forme stable et persistante de motivation LA REGULATION INTEGREE - La personne se sent autodéterminée dans le choix de son comportement, qui est cohérent avec ses valeurs, ses besoins et ses buts - La forme la plus autodéterminée de motivation extrinsèque - Associés à un vécu expérientiel positif - Les comportements sont réalisés volontairement, ils sont accomplis pour parvenir à des résultats personnellement importants plutôt que pour eux-mêmes William Seville Le modèle transthéorique du changement James o. Prochaska & Carlo C. Diclemente En 1976, plus de 130 systèmes différents de psychothérapies utilisés aux Etats-Unis, et en 1980 environ 250 (Parlof, 1976, 1980). ➔ Confusion engendrée par la multiplicité de choix des traitements, et l’insuffisance de données concernant leur efficacité : insatisfaction quant à la théorie, de la recherche et de la pratique en psychothérapie Analyse comparative des 24 approches psychothérapeutiques principales, à la recherche des points communs et au-delà des frontières rigides séparant les théories les plus répandues (Prochaska, 1979). Trois composantes de l’approche transthéorique (Prochaska & DiClemente, 1984, 2005) ◼ Les stades de changement ◼ Les processus de changement ◼ Les niveaux de changement L’approche transthéorique est un modèle intégratif tri-dimensionnel de changement intentionnel de comportement. Il s’agit d’un point de départ pour développer et mettre en place des interventions efficaces. Prochaska en a élargi la portée et exploré les limites par des études sur le changement intentionnel, par des enquêtes auprès de praticiens et de patients ainsi qu’en réalisant des outils d’évaluation. Ces recherches ont confirmé et développé ses théories initiales. Les stades de changements En 1982, Prochaska et DiClemente Analyse empirique sur des patients ayant un problème de tabagisme, ont mis en évidence l’existence de cinq stades de changement traversés par les personnes lors d’un processus de changement. Ces auteurs (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992, 2005) définissent le stade de changement comme : « un laps de temps et l’ensemble des tâches requises pour accéder au stade suivant ». Les stades de changement représentent une dimension temporelle permettant de comprendre précisément quand un changement d'attitude, d'intention ou de comportement se produit. ➔ Les stades de changement renvoient aux aspects temporels et motivationnels du changement. Plusieurs recherches soutiennent le modèle des stades de changement (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992, 2005). Ces stades ont été évalués sur des patients en consultation externe, aussi bien que sur des patients qui ne consultent pas (DiClemente & Hughes, 1990). Ces stades peuvent être conceptualisés à la fois pour l’arrêt et/ou pour l’acquisition d’un certain comportement. William Seville LE STADE DE PRE-REFLEXION (PRECONTEMPLATION) - Le stade de changement le plus précoce. - Les personnes ne sont pas conscientes de leur comportement problématique ; défensives en ce qui concerne leur problème - La résistance à reconnaître ou à modifier le comportement à problème - Pas d’intention de changer leur comportement dans le futur immédiat, c’est-à-dire dans les six prochains mois (durée du laps de temps dans lequel la plupart des personnes envisagent le changement d’un comportement spécifique), (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992) - Ces personnes viennent consulter poussées par des forces extérieures - Lorsque cette motivation externe diminue ou disparaît souvent elles reviennent rapidement à leur ancien comportement. - Elles peuvent avoir déjà essayé de changer dans le passé et avoir échoué. Elles peuvent être démoralisées et se résigner à leur situation LE STADE DE LA REFLEXION OU D’INTENTION ( CONTEMPLATION) - La personne reconnaît avoir un problème et commence à penser sérieusement à le modifier. - Elle lutte pour comprendre son problème, en voir les causes et réfléchir à des solutions possibles. - Eloignées d’une véritable démarche de changement et elles y restent pendant plusieurs mois ou plusieurs années (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992, Carbonari, DiClemente & Sewell, 1999). - La personne sait où elle veut être et parfois aussi comment y arriver mais elle ne se sent pas suffisamment prête pour s’y engager. - A ce stade, la personne planifie de changer son comportement durant les six prochains mois. - La prise en compte de la résolution du problème est l'élément central de ce stade (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992). - L’évaluation du pour et du contre ainsi que des solutions du problème. - L’ambivalence : oscillation entre les avantages et les inconvénients du problème, qui semblent en quantité égales William Seville LE STADE DE PREPARATION (PREPARATION) Critères d’intentionnalité et de comportement - Intention de changer le comportement dans les prochains trente jours - Au moins une tentative de changement durant l’année passée (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992). - La décision d’effectuer des démarches appropriées pour arrêter le comportement problématique ou de s’engager dans un comportement positif, est la caractéristique de ce stade. Celui-ci avait d’ailleurs été nommé initialement « stade de prise de décision » - Des tentatives sérieuses pour changer dans un futur proche. - De petits changements de comportements, comme par exemple une baisse de la consommation d’un produit spécifique (DiClemente et al., 1991). - Ces personnes peuvent avoir déjà essayé de changer leur comportement plusieurs fois dans le passé mais avoir échoué. Malgré les échecs, elles ont souvent retenu des leçons de ces tentatives de changement. LE STADE DE L’ACTION (ACTION) - Stade dans lequel les personnes modifient leur comportement, leurs expériences, ou leur environnement - La modification du comportement problématique, associée à des efforts manifestes et significatifs de changement au cours des six derniers mois (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992). Pour les comportements addictifs - L’arrêt du comportement problématique, donc l’abstinence - Pour d’autres troubles les critères du stade d’action sont différents… pour la dépression, pas plus de deux jours consécutifs de blues etc. (Prochaska & DiClemente, 1994). L’action est la période la plus dynamique et celle qui demande le plus grand investissement de temps et d’énergie. Les changements réalisés durant l’action sont les plus visibles pour l’entourage. C’est aussi le stade où la rechute est le plus à craindre. Si la personne poursuit son schéma de changement, elle va atteindre la cinquième étape : le maintien. William Seville LE STADE DU MAINTIEN (MAINTENANCE) - Stade final du processus de changement, période de six mois suivant les premiers temps de l’arrêt d’un comportement - Le maintien du changement et l’évitement de la rechute sont les caractéristiques de ce stade. - Le modèle transthéorique le conçoit comme une étape très importante qui peut durer de six mois à toute la vie (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992). - Poursuite et non une absence de changement. LE MODELE DE CHANGEMENT EN SPIRALE La plupart des personnes essayant de modifier un comportement addictif n’arrivent pas à maintenir leurs résultats après un seul essai : une rechute peut survenir, pour différentes raisons. Initialement, le changement a été conceptualisé par ces auteurs (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992) comme une progression linéaire à travers les différents stades. Toutefois, dans les problèmes d’addiction les rechutes étant très fréquentes, les auteurs ont modifié leur modèle original. Les personnes progressent à travers les stades de changement et souvent rechutent vers un stade antérieur. Le modèle de changement en spirale suggère que la plupart des gens ayant rechuté n’échouent pas de manière définitive, et qu'ils ne régressent pas tous non plus au même stade. Après une rechute, les personnes régressent souvent à un stade de changement antérieur puis recommencent à progresser dans les différents stades. Selon Prochaska et DiClemente (1986), 15 % des fumeurs qui ont rechuté, ont régressé au stade de pré- réflexion ; les autres personnes ayant rechuté (85 %) sont retournées au stade de réflexion ou de préparation (Prochaska & DiClemente, 1986). Les personnes qui ont rechuté ont de plus grandes chances de succès lors du cycle suivant : plus la personne passe par le stade d’action et donc par le cycle de changement, meilleur est le pronostic. ➔ Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux distinguer ceux qui profitent de leurs rechutes de ceux qui finissent par en être découragés et immobilisés (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992) LES PROCESSUS DE CHANGEMENT Selon le MTT Pour parvenir à intégrer une diversité d’approches thérapeutiques, nécessité de se situer à un niveau d’analyse intermédiaire entre la théorie et la pratique, au niveau des processus de changement. Les processus du changement sont une deuxième dimension de base du MTT qui nous permet de comprendre comment ces changements se produisent. Un processus de changement représente les actes posés d’un individu qui veut modifier ses pensées, ses comportements ou ses sentiments par rapport à un problème (Prochaska & DiClemente, 1994, 2005). William Seville Chaque processus est une large catégorie incluant de multiples techniques, méthodes d'interventions traditionnellement associées à des orientations théoriques différentes. Préalablement été identifiés de manière théorique en réalisant une analyse comparative des principaux systèmes psychothérapeutiques (Prochaksa, 1979) : ◼ Comportemental ◼ Cognitiviste ◼ Dynamique ◼ Humaniste ◼ Existentiel ◼ Emotionnel Ces processus ont été sélectionnés en examinant les techniques de changement appartenant à ces différentes théories psychothérapeutiques. Ils ont été précisés en les opérationnalisant par des items représentatifs et en effectuant l’analyse factorielle des réponses obtenues. Plusieurs analyses en composantes principales de ces items ont fourni des configurations semblables. (Norcross & Prochaska, 1986 ; Prochaska & DiClemente, 1983; Prochaska & Norcrsoss, 1983; Prochaska, Velicer, DiClemente & Fava, 1988) La validité et la fidélité des processus du changement ont été confirmées par d’autres recherches (Prochaska & DiClemente, 2005). Des processus similaires ont été identifiés dans des études portant sur l’arrêt du tabac, sur le traitement de l’alcoolodépendance, sur le contrôle du poids (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992) ainsi que relatives à d’autres problèmes (Prochaska, DiClemente, Velicer & Fava, 1988). Une série commune et limitée de processus de changement a été à plusieurs reprises identifiée pour des problèmes différents, tels que la détresse psychologique, le tabagisme et l'obésité ( Prochaska & DiClemente, 1984, 2005). Dix processus de changement inclus dans le MTT ils sont communs aux personnes qui s’inscrivent dans une psychothérapie ou qui changent par elles-mêmes (Prochaska & DiClemente, 2005). Certains sont spécifiques à une approche, d’autres sont communs à plusieurs types de psychothérapie. Ces processus peuvent être répartis en deux catégories : les processus « expérientiels » (Experiential Process) et les processus comportementaux (Behavioral Processes) William Seville L’intégration des stades et des processus de changement L’une des conclusions importantes des recherches concernant le modèle transthéorique : ➔ Des processus particuliers de changement correspondent à des stades spécifiques (Prochaska & DiClemente, 1983, 1984, 2005 ; DiClemente et al., 1991). STADE DE PRE-REFLEXION Au stade de pré-réflexion, les personnes utilisent significativement moins de processus de changement qu’à n’importe quel autre stade. Elles examinent moins d'information concernant leur problème, dépensent moins de temps et d’énergie à se remettre en cause et éprouvent moins de réactions émotionnelles aux aspects négatifs de leurs problèmes. STADE DE REFLEXION Au stade de réflexion, les personnes sont plus ouvertes aux techniques de prise de conscience et d’éveil émotionnel. Elles sont également disposées à réévaluer leurs valeurs, leurs problèmes et leur propre personne de point de vue affectif et cognitif. Elles évaluant également les effets de leur comportement sur l’environnement, et spécialement sur leurs proches (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992). STADE DE PREPARATION Certains de ces processus continuent à être utilisés aussi pendant le stade de préparation, comme l’auto- réévaluation et l’éveil émotionnel. De plus, les personnes se trouvant au stade de préparation commencent à faire de petits pas vers l’action, elles commencent donc à prendre des décisions, en utilisant ainsi la libération de soi. STADE D’ACTION Pendant le stade d’action, les personnes utilisent à un plus haut degré la libération de soi et leur volonté. Ce stade implique également l’utilisation des processus comportementaux comme le contre- conditionnement et le contrôle des stimuli pour affronter les circonstances extérieures qui peuvent provoquer une rechute et les relations d'aide. STADE DE MAINTIEN La préparation au stade de maintien est essentielle. La réussite de ce stade repose sur celle des précédents et implique également l’évaluation claire des conditions qui pourraient provoquer une rechute. Le contre-conditionnement et le contrôle des stimuli sont nettement plus efficaces à ce stade (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992). De plus, la libération sociale intervient à ce stade, en augmentant les options pour des comportements alternatifs, acceptés par la société ou qui n’entraînent pas de conséquences négatives. William Seville Les niveaux de changement Le MTT soutient l’hypothèse que le changement de tout comportement problématique est fréquemment compliqué par d'autres problèmes interférant ou facilitant le processus. (Prochaska, DiClemente & Norcross, 1992). Les cinq niveaux de changement représentent une organisation hiérarchique des problèmes à traiter 1. Symptôme 2. Cognitions inadaptées 3. Conflits interpersonnels 4. Conflits familiaux 5. Conflits intrapsychiques La notion de niveau de changement suppose que les personnes peuvent être dans des stades de changements différents selon les problèmes. Les personnes se situent souvent simultanément dans différents stades de changement, selon les comportements considérés. Avantages du modèle ◼ La possibilité d’identifier des activités sous-jacentes aux stades à la fois informatives et utiles de point de vue clinique. ◼ La mise en évidence de la rechute comme faisant souvent partie du processus de changement, s’opposent à la vision ancienne de la rechute comme un phénomène répétitif et morbide. ◼ Permet de mieux comprendre le processus de changement et les difficultés traversées par leurs patients. ◼ Importante validité prédictive : les recherches ont montré que les variables du MTT contribuent de manière indépendante à la prédiction des résultats du traitement, ce qui a conduit à des facteurs pronostiques du succès thérapeutique, et notamment de la disposition au changement ◼ Mise en évidence des facteurs facilitant le processus de changement ainsi que des facteurs pronostiques de la réussite. ◼ Ce modèle est applicable à une grande variété de comportements ◼ Constitue une synthèse des diverses méthodes de traitement ◼ Fournit une description du changement psychologique, couvrant son cycle entier, allant du moment où la personne devient consciente de son problème jusqu’à sa disparition. ◼ Ouvert aux nouveaux développements en psychologie, incorporant des variables additionnelles qui jouent un rôle important dans le processus de changement, comme le sentiment d’efficacité personnelle, ou intégrant des modèles plus anciens comme celui de la balance décisionnelle. ◼ Modèle complet de changement de comportement. William Seville Figure 2: Les stades et processus de changements Figure 1: Les stades, processus et niveaux de changements Le stress Le stress est une expérience émotionnelle négative accompagnée par des changements biochimiques, physiologiques, cognitifs et comportementaux destinés soit à réduire la situation menaçante, soit à s'accommoder de ses effets. Les premiers travaux sur le stress montre le stress est en lui-même un danger si le système ne parvient pas à réduire la source de stress ou s'en éloigner. Le système épuise ses ressources et l'organisme tombe malade. Seyle Seyle décrit le syndrome général d'adaptation caractérisé par 3 phases. William Seville Les événements de vie : - Décès du conjoint - Divorce - Maladie - Perte d'emploi - Retraite - Naissance - Mariage… Les stresseurs de la vie quotidienne : - Pollution - Bruit - Criminalité - Surcharge de travail - Responsabilités familiales - Problèmes relationnels - Problème d'argent - Manque de temps Vers une conception transactionnelle du stress Ce ne sont pas les caractéristiques objectives d'une situation, mais son évaluation et son retentissement qui moduleraient la relation entre le contexte au potentiel aversif et l'état de l'individu (émotionnel, somatique). Le stress est défini comme "une transaction particulière entre un individu et son environnement, dans laquelle la situation est évaluée par l'individu comme dépassant ses ressources et menaçant son bien-être" (Lazarus et Folkman, 1984) L'adaptation de l'individu est caractérisée par deux phases - Phase d'évaluation - Phase d'ajustement La phase d’évaluation La phase d'évaluation de la situation est primordiale car elle déterminera les stratégies d'adaptation mises en place par un individu pour faire face à cette situation. L'évaluation est la façon dont un individu perçoit la situation en fonction de ses valeurs, de ses attentes, de son histoire. C'est donc un contexte subjectif qui est au centre de ce modèle et non le contexte tel qu'il est. On distingue deux types d'évaluation : ◼ L’évaluation primaire ◼ L'évaluation secondaire. William Seville L’évaluation primaire : stress perçu Un même stresseur ne sera pas évalué de la même façon par tous les individus. On parle d'évaluation primaire ou de stress perçu pour désigner la façon dont un sujet perçoit les exigences d'une situation (urgence, gravité, nature de la menace…). Face à la survenue d'un événement soudain, une douleur par exemple, un individu va se demander quelle est sa cause, sa gravité, sa durée, et ses conséquences sur sa vie quotidienne. Une même situation pourra être perçue par certaines personnes comme une menace et par d'autres, comme un défi, une perte ou un bénéfice. Perdre son emploi, par exemple, pourra être considéré par certains comme un événement menaçant leur sécurité ou leur statut social, par d'autres, comme une perte financière ou matérielle par d'autres encore comme une occasion de faire enfin ce qui leur plaît. Les déterminants du stress perçu Le stress perçu est déterminé par deux grands types de facteurs : - Individuels : cognitifs (croyance d'efficacité) - Motivationnel (enjeu de la situation) - De personnalité (optimisme) Certaines de ces caractéristiques impliquent : ◼ La croyance dans le fait que l'on peut maîtriser la situation (par exemple, efficacité personnelle perçue) ◼ Une exagération du caractère menaçant des événements (anxiété, dépression, pessimisme…) ◼ Une sous-estimation des risques et une illusion d'invulnérabilité et de maîtrise (optimisme, internalité…). Déterminants situationnels - Imprévisibilité des événements : leur caractère brutal et soudain - Imminence des événements : ambiguïté d'une situation - Incontrôlabilité d'une situation : les transitions de la vie L’évaluation secondaire : évaluation des ressources ◼ Le contrôle perçu : estimation par le sujet de sa capacité à maîtriser la situation ◼ Le soutien social perçu : croyance qu'autrui peut nous aider en cas de besoin Le soutien social Il se compose de trois dimensions : - Le réseau social - Le soutien social reçu - Le soutien social perçu William Seville Le réseau social Il se définit comme… ◼ Le nombre de relations sociales qu'un individu a établies avec autrui ◼ La fréquence des échanges sociaux effectifs avec ces personnes ◼ L'intensité de ces liens Cette notion décrit le degré relatif d'intégration ou d'isolement d'un individu. Elle correspond à l'aspect structural du soutien. Le soutien social perçu Le soutien social perçu peut être défini comme l'impact subjectif de l'aide apportée par l'entourage d'un individu et la mesure dans laquelle celui-ci estime que ses besoins et ses attentes sont satisfaits C'est une notion complexe que l'on appréhende souvent comme étant subdivisée en deux dimensions : - La disponibilité est le fait de percevoir certaines personnes de l'entourage comme susceptible de fournir une aide en cas de besoin (avis, information, écoute, réconfort, aide matérielle…). Pour certains auteurs, c'est précisément le fait d'être convaincu que certaines personnes peuvent nous aider qui atténue l'impact délétère d'un événement stressant. - La satisfaction est souvent considérée comme l'aspect qualitatif du soutien social. Elle peut être définie (vis-à-vis du soutien) comme une ressource psychologique, qui correspond à la perception qu'a un individu de la qualité de ses relations interpersonnelles. Ce n'est pas le nombre de connexions sociales qui serait protecteur mais le fait que parmi ces relations, certaines soient suffisamment intimes pour permettre compréhension, empathie, confidences dans les moments les plus difficiles. La phase d’ajustement ou adaptation | Le concept de coping Durant cette phase, l'individu développe des stratégies d'ajustement encore appelées stratégies de coping (To cope = faire face). Le coping désigne l'ensemble des processus transactionnels qu'un individu interpose entre lui et la situation afin de réduire son impact. ➔ Il renvoie aux efforts cognitifs et comportementaux visant à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes et les conflits entre elles. Les efforts de coping remplissent deux fonctions essentielles ◼ La gestion ou l'altération de la relation personne/environnement qui est la source de stress → Coping centré sur le problème ◼ La gestion des émotions → Coping centré sur l'émotion William Seville Il existe plusieurs autres taxonomies des stratégies de coping ◼ Coping d'engagement qui implique des tentatives actives de gestion de la situation et des émotions associées, et le coping de désengagement qui renvoie à un éloignement du stresseur et des sentiments associés ◼ Coping assimilatif qui agit dans la perspective de changer le stresseur et les émotions liées ◼ Coping accommodatif utilisé pour faciliter l'adaptation au stress La phase d'ajustement ou adaptation La structure du concept de coping William Seville Le stress est-il utile ou nuisible ? Dimension adaptative du stress La réponse au stress est une réponse adaptative à l’environnement (physique, écologique, social …) des individus. Dans la vie quotidienne, la réponse au stress n’est pas induite que pour la survie à court terme, mais également pour répondre à des situations plus subtiles. Le stress peut nous aider à mobiliser notre énergie et notre attention pour gérer efficacement une situation. Stress aigu et stress chronique Le stress aigu Le stress aigu est lié à un évènement stressant unique (intense ou non). La réponse au stress aigu permet d’y réagir efficacement. Ex : stress ponctuel induit par un entretien d’embauche Le stress chronique Lorsqu’une situation stressante se répète sur de longues périodes, on parle de stress chronique. La réponse au stress chronique peut altérer l’homéostasie. Ex : bruit répété dans l’environnement, isolement social … Lors du stress chronique, les réponses physiologiques peuvent devenir plus intenses que nécessaires, et les mécanismes de réponse lente et de régulation du stress être altérés. ➔ Le mécanisme n’est plus protecteur, il peut favoriser des pathologies (facteur de risque pour problèmes cardiaques, états dépressifs, accélération du vieillissement …) Le stress chronique est plus difficile à identifier. (agents stressants liés à l’environnement physique ou social, à l’état interne des individus …) Effets pathologiques du stress à long terme Dégénérescence du système nerveux De fortes concentrations de cortisol inhibent l’activité d’une molécule importante pour la survie des populations de neurones (NGF : Nerve GrowthFactor). A long terme, cela induit une perte de neurones et de connexions synaptiques, en particulier au niveau de l’hippocampe. Engendrant des déficits mnésiques. Maladies cardio-vasculaires Le stress chronique est un facteur de risque pour les maladies cardio-vasculaires, et est notamment associé à un risque accru d’infarctus. William Seville Déficiences immunitaires Les glucocorticoïdes (cortisol) ont un effet anti-inflammatoire. Si le cortisol est présent à forte concentration pendant de longues périodes, l’organisme perd sa capacité à déclencher une inflammation, à se défendre efficacement contre des agents pathogènes. On parle d’immunodépression. Ulcères digestifs L’ulcère digestif est un marqueur de stress chronique. Un ulcère se forme lorsque la paroi interne de l’estomac n’est plus protégée contre l’acidité et que les muqueuses sont dégradées. Comment le stress peut-il provoquer un ulcère ? ◼ Inhibition des activités digestives : moins de mucus protecteur produit ◼ Immunodépression : pas de défense efficace contre Helicobacter pylori Effet sur le sommeil Les glucocorticoïdes sont impliqués dans les cycles circadiens. On observe un pic de concentration de cortisol dans le sang le matin, juste avant le réveil. Lorsque le taux de cortisol est tout le temps élevé, cela peut entrainer des retards de l’endormissement. Le manque de sommeil implique lui-même du stress et une sécrétion de cortisol (cercle vicieux d’insomnie). Effet sur l’état émotionnel Le stress chronique est un facteur de risque majeur pour la dépression et les troubles anxieux. Les mécanismes neurobiologiques à l’origine de ce lien ne sont pas entièrement connus, même si on observe un lien entre syndrome dépressif et altération de la réponse au stress. La psychologie positive Définition « L’étude scientifique des conditions et processus qui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des personnes, des groupes et des organisations » (Gable & Haidt, 2003, 2011) Psychologie négative Déni des aspects négatifs de la vie → la vie en rose ? William Seville Historique Martin Seligman Dans les années 1990, Martin Seligman établi constats suivants : - Les ressources psychologiques des individus sont beaucoup trop négligées - On connait bien l’effet des émotions négatives sur les individus, on connait plutôt bien leurs effets délétères sur la santé physique et psychologique. - On connait cependant assez peu l’effet des émotions positives. Nouvelle approche de la psychologie qui connaît un succès fulgurant depuis plus d’une décennie, parue à la fin des années ’90, à l’initiative de Martin Seligman (professeur à l’Université de Pensylvanie en Pennsylvanie) Seligman : les ressources psychologiques des individus, beaucoup trop négligée Dans les années 2000 : Seligman estime l’étude des ressources et des facteurs qui permettent d’enrichir l’expérience humaine négligée - Compréhension scientifique plus complète et « équilibrée » de l’expérience humaine - Développement de bonnes pratiques cliniques aidant les personnes en difficulté - Prévention et de soin Edition spéciale de l’illustre revue scientifique American Psychologist entièrement consacrée à ce nouveau courant, coordonné par Martin Seligman et Milayi Csikszentmihalyi « l'étude scientifique des conditions et processus qui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des personnes, des groupes et des institutions » → l’acte fondateur de cette nouvelle approche L’objectif principal Rassembler les divers travaux relatifs à l’épanouissement individuel afin de pouvoir suggérer et initier les recherches à venir dans ce domaine. Le modèle de la maladie ◼ Maladie mentale ◼ Focalisation sur le déficit ◼ Être sans problèmes ◼ Personnes malades Psychologie positive ◼ Santé mentale ◼ Focalisation sur les atouts et les forces ◼ S’épanouir ◼ Toute l’humanité William Seville Les « piliers » de la psychologie positive Psychologie positive est un terme « générique » qui décrit l’étude scientifique de ce qui rend la vie digne d’être vécue. L’intention de celle-ci est de promouvoir une psychologie centrée sur les solutions. Déclinaison de la psychologie positive à 4 niveaux ◼ Niveau « trait » ◼ Niveau « état » ◼ Niveau des relations sociales ◼ Niveau des institutions Au niveau individuel et collectif Axes de recherche Il s’agit d’identifier les facteurs qui : - Participent à la construction de nos forces - Favorisent des contextes de résilience - Permettent de comprendre le rôle des expériences positives - Favorisent des relations positives avec les autres Comment tous ces facteurs contribuent-ils : - À la santé physique ? - Au bien-être ? - Au bon fonctionnement des groupes et des institutions ? → Développer des interventions pour cultiver et soutenir ces processus. Thématiques de la psychologie positive ◼ L’optimisme ◼ L’espoir ◼ Les émotions positives ◼ Le flow ◼ La passion ◼ Les forces de caractère ◼ La gratitude ◼ Le bien-être ◼ L’éducation positive ◼ Les psychothérapies ◼ Le bonheur Concepts clefs ◼ Bonheur et bien-être ◼ Emotions positives ◼ Ressources psychologiques William Seville Focus sur le bien-être (subjectif) Le « bonheur » est un terme qui désigne des émotions agréables ressenties à un moment donné Les émotions positives sont de brèves réponses à certains changements dans la façon dont les gens interprètent leur situation actuelle, lorsqu'ils enregistrent de bonnes perspectives Emotions positives Joie, sérénité, espoir, fierté, amusement, intérêt, inspiration, respect et amour. Bien-être subjectif Terme générique utilisé pour décrire le niveau de bien-être ressenti par les personnes selon leurs évaluations subjectives. Appréciation subjective de la satisfaction et du contentement ressentis par les individus dans leur vie en général mais également dans certains domaines spécifiques. Deux composantes : ◼ Affective (bien-être émotionnel) ◼ Cognitive (satisfaction de vie) - Jugements et sentiments sur la satisfaction de la vie et la satisfaction dans des domaines importants - Le bien-être est subjectif en ce sens qu'il se produit dans l'expérience d'une personne - Les manifestations de bien-être subjectif peuvent être mesurées objectivement Les trois axes de recherche ◼ Toutes les expériences subjectives ressenties comme positives par l’individu : o Le bien-être o Le contentement o La satisfaction o La joie o L’expérience optimale (Flow) o La pleine conscience (mindfulness) o L’espoir o L’optimisme ◼ L’étude des qualités individuelles positives : o Capacités relationnelles o La créativité o Le courage o Le sens du pardon o La persévérance, o La sagesse ◼ La compréhension des institutions qui favorisent : o Le développement du sens de la responsabilité o L’altruisme o La tolérance o L’éthique chez l’être humain William Seville Les ressources psychologiques Psychologie positive Axe d’étude des expériences subjectives ressenties comme positives par l’individu Théorie de l’élargissement constructif des émotions positives (Broaden-And-Build Theory of Positive Emotions) Ce serait notamment la présence des émotions positives qui permettrait le développement à long terme des ressources psychologiques. La théorie de l’élargissement constructif des émotions positives de Fredrickson Théorie spécifique des émotions positives. Les émotions positives annulent les effets d'une émotion négative, élargissent notre façon de penser et facilite la réinterprétation des comportements. L’existence de deux processus de changement psychologique en lien avec les émotions positives ◼ « L’élargissement » : les émotions positives sont une source importante d’inspiration qui permet d’enrichir son panel d’idées et son répertoire d’actions ◼ « La construction » : l’élargissement aide à réinterpréter ses comportements et à développer subséquemment de nouvelles ressources individuelles Les cinq émotions positives principales : ◼ La joie Incite à jouer, en repoussant les limites et en poussant à la créativité ◼ L’intérêt Encourage l’individu à explorer de nouvelles informations et expériences et à s’impliquer dans l’activité ◼ La satisfaction Pousse l’individu à savourer certaines circonstances ◼ La fierté Incite l’individu à partager ses réalisations avec les autres, encourageant la perspective d’aller encore plus loin ◼ L’amour Créé les conditions d’intimité et de récurrence qui favorisent la découverte de la personne aimée. Les émotions positives aident à l’instauration d’une « spirale positive » (upward spiral) du bien-être. Cette « spirale positive » conduit à une augmentation des compétences permettant de faire face à l’adversité. Les émotions positives ont également comme effet d’agir comme une sorte d’antidote sur les effets persistants des émotions négatives, processus nommé « hypothèse d’annulation » Evolution du concept ◼ Courant humaniste en psychologie ◼ Psychologie positive William Seville Modèle intégratif (Csillik, 2017) A la fois des facteurs génétiques impliqués, et des facteurs d’éducation et environnementaux (décrits par Rogers) et de l’élargissement constructif des émotions positives Les ressources psychologiques Ces ressources présentes à l’état potentiel dans tout être humain se développent dans une mesure plus ou moins importante. La présence des émotions positives favorise à la fois leur développement et leur maintien : cercle vertueux Le role protecteur des ressources psychologiques Les ressources : facteurs protecteurs qui facilitent la résistance à l’adversité, ainsi que l’adaptation psychologique dans les situations difficiles de la vie. On distingue : ◼ Les ressources psychologiques, qui sont des facteurs internes, des prédispositions psychologiques que possède une personne ◼ Les ressources environnementales extérieures (e.g. le soutien social) Rôle protecteur et facilitateur de la croissance psychologique des ressources Facteurs protecteurs qui facilitent la résistance à l’adversité, ainsi que l’adaptation psychologique dans les situations difficiles de la vie. Facteurs qui tentent de réduire l’effet des facteurs stressants et qui permettent à la personne de maintenir ses compétences dans des circonstances de détresse. ◼ Permettent à l’individu de surmonter plus facilement les difficultés de la vie Protectrices de la santé mentale, voire de la santé physique. ◼ L’habileté à trouver un sens à l’expérience est associée à un parcours moins rapide de la maladie dans le cadre du VIH par exemple (Taylor, Kemeny, Reed, Bower & Grunewald, 2000). ◼ Permettent d’accomplir un travail fructueux et de contribuer à la vie sociale de sa communauté. Les plus citées dans la littérature scientifique et les plus étudiés à l’heure actuelle sont : - L’optimisme, l’espoir - L’auto-efficacité - La disposition à l’attention consciente (mindfulness) - L’intelligence psychologique (psychological mindedness) - La bienveillance envers soi (self-compassion) William Seville Les réactions de la personne à ces événements difficiles de la vie sont donc influencées par la présence des ressources psychologiques : elles aident à mieux s’adapter à la situation, à ressentir la situation comme étant moins stressante, dans certains cas mènent au développement de caractéristiques positives comme la résilience, les forces de caractère, etc. (Tedeschi & Calhoun, 2004). Situations aversives et difficiles Croissance post-traumatique (CPT ; Tedeschi et Calhoun, 2004) : changement psychologique positif expérimenté à la suite de la lutte contre des circonstances de vie très difficiles (Calhoun & Tedeschi, 1999, 2001). Le concept de CPT décrit les changements positifs pouvant découler d’événements traumatisants. ➔ Expérience des individus dont le développement a surpassé ce qu’ils étaient avant la phase de crise. Remise en question des croyances fondamentales et des changements identitaires s’opérant à la suite de processus d’accommodation et d’assimilation de l’événement traumatisant. Méta-analyse de Linley et Joseph (2004) incluant 39 études Ces changements positifs à la suite d’un traumatisme, tel qu’un accident grave, une catastrophe naturelle, un viol, une agression, un abus sexuel ou une maladie chronique pouvaient apparaître dans 30 à 70 % des cas. ➔ Favorisée par un statut socio-économique et un niveau d’études élevés, l’optimisme et l’extraversion, soutien social, et des stratégies de coping adaptatives. William Seville

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