Chapitre 2 (Sociologie et Science politique) PDF
Document Details

Uploaded by UpscaleGallium178
Tags
Summary
Ce document du Chapitre 2 de sociologie porte sur la structure de la société française actuelle et examine les facteurs de structuration sociale, tels que la catégorie socioprofessionnelle, et les inégalités qui en résultent. Il aborde également l'évolution de la structure socioprofessionnelle, ainsi que les théories des classes sociales de Marx et Weber. Il y a des questions à la fin.
Full Transcript
Chapitre 2 (Sociologie et Science politique) : Comment est structurée la société française actuelle ? Questionnement Objectifs d’apprentissage Comment est structurée la - Savoir identifier les multiples facteurs de structuration et de hiérarchisation...
Chapitre 2 (Sociologie et Science politique) : Comment est structurée la société française actuelle ? Questionnement Objectifs d’apprentissage Comment est structurée la - Savoir identifier les multiples facteurs de structuration et de hiérarchisation de société française actuelle ? l’espace social (catégorie socioprofessionnelle, revenu, diplôme, composition du ménage, position dans le cycle de vie, sexe, lieu de résidence). - Comprendre les principales évolutions de la structure socioprofessionnelle en France depuis la seconde moitié du XXe siècle (salarisation, tertiarisation, élévation du niveau de qualification, féminisation des emplois). - Connaître les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ; comprendre que la pertinence d’une approche en termes de classes sociales pour rendre compte de la société française fait l’objet de débats théoriques et statistiques : évolution des distances inter- et intra- classes, articulation avec les rapports sociaux de genre, identifications subjectives à un groupe social, multiplication des facteurs d’individualisation. Comme on a pu le voir dans l’activité introductive, les sociétés humaines se caractérisent par une répartition inégale des ressources socialement valorisées. Mais une fois que l’on a dit cela, on se doit d’aller plus loin : quelles sont précisément ces ressources socialement valorisées qui jouent ce rôle de différenciation sociale dans nos sociétés ? Autrement dit, quelles sont les ressources autour desquelles s’organisent les inégalités sociales ? Et quelle est l’ampleur de ces inégalités ? Ce sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans la première partie de ce cours. Mais il nous faut tout d’abord se mettre d’accord sur une question fondamentale : qu’est-ce qu’une inégalité ? → En sciences sociales, on définit une inégalité comme une différence entre des individus ou des groupes d’individus qui se traduit par un désavantage dans l’accès à une ressource socialement valorisée. Autrement dit, toutes les différences ne constituent pas des inégalités car elles n’entraînent pas nécessairement un avantage ou un désavantage, par exemple : ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………….. ……………………………….. I - Quels sont les facteurs de structuration et de hiérarchisation de l’espace social ? L’ « espace social »est une représentation du monde social qui renvoie à une approche relationnelle de la société : les individus et groupes sociaux se situent les uns par rapport aux autres selon plusieurs dimensions (économiques, culturelles, symboliques…), en fonction de leurs caractéristiques, communes ou dissemblable. → Pour faire simple : on étudie les groupes sociaux les uns par rapport aux autres, en se demandant si certains possèdent plus que d’autres. 1.1 - Des inégalités selon la catégorie socioprofessionnelle et la composition du ménage Rappel : En Première, vous avez vu que la nomenclature des Professions et catégories socioprofessionnelles Voir le doc 2 (PCS) est un outil statistique créé par l’INSEE permettant de classer les individus dans des catégories présentant une certaine homogénéité sociale. On peut représenter les PCS de façon pyramidale (c’est d’ailleurs ce que fait le document 3). En effet, cette Voir le doc 3 nomenclature fait apparaître une dimension hiérarchique pour les actifs salariés : - Les cadres et professions intellectuelles supérieures ont des fonctions d’encadrement de commandement ou des fonctions faisant appel à des capacités d’expertise (ex : ingénieurs). Ils sont aussi la catégorie la plus diplômée et forment ainsi l’élite du salariat ( et sont donc représentés au sommet de la hiérarchie). - Les employés et les ouvriers effectuent des tâches prescrites (de transformation de la matière et de transport pour les ouvriers/ administratives, commerciales et de services aux particuliers pour les employés). Ils forment le salariat d’exécution (et sont donc représentés au bas de la hiérarchie) Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 1/15 - Les Professions intermédiaires sont elles une catégorie-pivot, comme leur nom l'indique, entre les cadres et les employés/ouvriers. Elles sont constituées d’individus de qualification moyenne (bac +2/3), ont une position intermédiaire dans la hiérarchie (n’exercent pas de fonction d’encadrement mais ont une plus grande autonomie dans leurs tâches en raison d’une qualification plus élevée que les catégories d’exécution. (Exemple de professions classées dans les professions intermédiaires : les enseignantes et enseignants du premier degré, les infirmières et infirmiers, les sages-femmes, les officiers de police, les assistant(e)s sociales, les assistantes, assistants et secrétaires de directions, les chargé(e)s de clientèle, les techniciens et techniciennes (quel que soit leur domaine), les agents de maîtrise. 2 remarques : - quand on étudie les inégalités, on s'intéresse surtout aux inégalités entre les 2 PCS « extrêmes », c’est-à-dire entre les cadres et les ouvriers. - les inégalités entre les PCS ne reposent pas que sur les différences de qualification ou de position dans la Voir le doc 4 hiérarchie de l’organisation productive (entreprise ou administration publique). Même si elles ne sont pas construites à partir du critère du revenu, il existe cependant d'importantes inégalités de revenu selon la PCS. [Pour approfondir la réflexion : des travaux sociologiques montrent qu’appartenir à la PCS des ouvriers ou CPIS peut déboucher sur des inégalités auxquelles on ne penserait pas spontanément, par exemple l’exposition aux accidents de la route.] 1.2 - Des inégalités selon le diplôme A rebours de certaines idées reçues, on observe des inégalités significatives d’exposition à la précarité et au Voir le doc 5 chômage en fonction du niveau de diplôme des individus. De plus, le niveau de diplôme génère aussi des inégalités de salaire. 1.3 - Des inégalités selon le sexe Comme le montre très bien le document 6, Les inégalités entre hommes et femmes se déploient dans de Voir le doc 6 nombreux domaines : dans le monde de la culture, au travail, dans la vie familiale, en politique, dans le sport… En réalité, Aucun domaine de la société n’échappe à ces inégalités. En effet, celles-ci sont structurelles, elles ne sont pas liées à tel ou tel domaine particulier mais à la façon dont les hommes et les femmes sont socialisés, aux positions qu’ils et elles occupent et aux représentations liées à leurs sexes. Il convient de noter que ces inégalités jouent systématiquement en défaveur des femmes : - concernant la sphère familiale, 72 % des tâches domestiques sont réalisées par les femmes en France en 2010 ; elles passent plus de temps aux tâches ménagères (78 minutes de plus que les hommes chaque jour). 84 % des familles monoparentales sont composées de la mère et ses enfants ; entre ces dernières et les pères de familles monoparentales l’écart de niveau de vie est de 24 % ; - dans la sphère professionnelle, le revenu salarial des hommes est 24 % supérieur à celui des femmes, ce qui s’explique par les différences de postes occupés, de temps de travail (femmes plus souvent à temps partiel notamment subi, et parfois souhaité pour assumer le déséquilibre dans le partage des tâches domestiques et parentales, accès plus fréquent des hommes aux postes à responsabilité malgré le fait que les femmes soient davantage diplômées que les hommes), mais aussi par l'existence de discriminations : à conditions équivalentes, les hommes perçoivent des rémunérations supérieures de 9,9 % à celles des femmes (Voir par exemple cette vidéo). Par exemple, on constate que les footballeuses ont un salaire mensuel net moyen 3,5 fois plus faible que celui des footballeurs. Les femmes sont aussi moins présentes dans les postes à responsabilité en entreprise. En France, elles représentent 46 % des membres des conseils d’administration des entreprises du CAC 40 (la loi Copé- Zimmermann impose depuis 2011 un quota de 40 % femmes aux conseils d'administration). Mais seules trois femmes sont actuellement nommées directrice générale d'une entreprise du CAC 40 (source) ! Elles sont à la fois victimes du phénomène du plafond de verre, mais aussi de la falaise de verre (voir par exemple cet article). Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 2/15 - concernant la sphère politique, les femmes sont sous-représentées dans les instances élues (malgré les lois sur la parité). Seuls 20 % des maires sont des femmes, et 37 % seulement des députés sont des femmes. - dans la sphère médiatique, on observe que les femmes occupent moins d’espace que les hommes : aux heures de forte audience (16h – 20h) seuls 25 % des personnes médiatisées sont des femmes (40 % au total, toute plage confondue) ; seulement 15 % du temps télévisuel consacré au sport l’est pour des sports féminins en 2014. 1.4 - Des inégalités selon l'âge et la position dans le cycle de vie La variable « âge » a déjà été définie dans le chapitre sur l’engagement politique : l’âge, c’est le nombre d’années depuis lequel est née une personne, au moment où l’on parle. La position dans le cycle de vie quant à elle renvoie en quelque sorte au statut de l’individu lié à son âge : étudiant, actif (occupé ou non) ou retraité. L’âge influence en effet la position sociale de l’individu : son prestige, les revenus auxquels il peut prétendre, ses chances d’accès au pouvoir politique, etc. En matière d’emploi par exemple, l’exposition à l’emploi en intérim est bien plus forte avant 25 ans que dans les catégories d’âge suivantes. Concernant l’accès au pouvoir politique, on peut par exemple remarquer que l’âge médian des députés en France est de 49,6 ans, contre 41,2 ans pour l’ensemble des Français. Sur le plan économique, c’est au niveau du patrimoine que la position dans le cycle de vie génère les inégalités Voir le doc 7 les plus fortes. 1.5 - Des inégalités selon le lieu de résidence → Voir le document 8 Conclusion du I : Les principaux facteurs de structuration et de hiérarchisation de l’espace social sont la catégorie socioprofessionnelle, le revenu, le diplôme, la composition du ménage, la position dans le cycle de vie, le sexe et le lieu de résidence (cf programme). Remarque : ces facteurs se cumulent : par exemple, une femme jeune non diplômée vivant dans un quartier défavorisé cumule les handicaps. II - Comment évolue la structure socioprofessionnelle ? La structure socio-professionnelle renvoie au poids relatifs des différentes professions qui constituent l’ensemble des individus en emploi, ainsi qu’aux caractéristiques de ces individus (jeunes / vieux ? Hommes / femmes ? Peu diplômés / fortement diplômés ? Etc.) 2.1 La salarisation La première transformation notable de la structure socioprofessionnelle sur longue période, c’est l’essor de la salarisation : de plus en plus de personnes sont des salariés. Symétriquement, de moins en moins de personnes appartiennent à la catégories des « indépendants ». Aujourd’hui, 90 % de la population en emploi est salariée. Voir le doc 9 Ce chiffre n’était que de 56 % au début du XXème siècle. 2.2 La tertiarisation Rappel : On divise habituellement l’économie en trois grands secteurs, que sont les secteurs primaire, secondaire et tertiaire : - le secteur primaire vise à exploiter les ressources naturelles - le secteur secondaire consiste à transformer les matières premières Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 3/15 - le secteur tertiaire, lui, se définit par complémentarité avec les secteurs primaire et secondaire, c’est-à-dire que les activités ne relevant pas de ces deux secteurs (production et transformation de ressources) relèvent du secteur tertiaire : par exemple les activités de commerce, de transport, de service, les activités liées à l’administration et à l’action sociale relèvent du secteur tertiaire. Voir le doc 10 La tertiarisation constitue la seconde grande évolution de l’emploi. Le secteur tertiaire occupait un peu plus de 40% de la population en emploi en 1962, plus des trois quarts en 2016. Depuis les années 1980, on note en particulier de fortes créations d’emploi dans la santé, l’action sociale, culturelle et sportive, dans les services aux particuliers et aux entreprises et dans le commerce (avec la hausse des activités de conception et de marketing). À l’inverse, l’industrie ne concerne plus que 12,4% des personnes en emploi en 2017 contre 18% en 1980, et seulement 2,8% des personnes en emploi en 2016 travaillent dans le secteur primaire. 2.3 L’élévation du niveau de qualification La qualification d'un travailleur renvoie à deux dimensions : - il s'agit de la formation initiale validée par un diplôme, acquise par l'enseignement essentiellement ; - mais aussi de la formation continue (formation effectuée au cours de la carrière) et de l'expérience, c'est à dire la qualification acquise en travaillant.) Voir les docs Le niveau de qualification individuelle des travailleurs s’est fortement élevé. En 1980, la moitié des travailleurs 11 et 12 était sans diplôme. En 2014, huit sur dix sont diplômés. La structure socioprofessionnelle s’est également transformée en faveur des emplois qualifiés. Ces évolutions sont à relier au chapitre sur la croissance, dans lequel on a vu que le progrès technique favorise la création d'emplois qualifiés au détriment des emplois non qualifiés. Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 4/15 2.4 La féminisation des emplois Voir le doc 13 La féminisation des emplois désigne la hausse de la part des femmes dans la population active depuis les années 1960, mise notamment en évidence dans le document 13. Attention, les femmes ont toujours travaillé. Simplement, pendant longtemps, ce travail était invisible (au sens statistique du terme) car gratuit ; ce qui a fait perdurer longtemps l’idée reçue selon laquelle elles ne travaillaient pas. Voir le doc 14 La féminisation du marché du travail n’est pas homogène : elle varie en fonction du niveau de responsabilité des emplois. De plus, les femmes sont sous-représentées dans certains secteurs de l’emploi (Ouvriers du bâtiment, armée / police / pompiers ,ingénieurs en informatique…), sur-représentées dans d’autres (aides à domicile, employés de maison, infirmiers, sage-femmes, enseignants (surtout dans le primaire)). [Pour les données statistiques précises, vous pouvez notamment consulter le document 3 p 177 du manuel de SES] Conclusion du II : L’ensemble des évolutions que nous venons de décrire dans cette deuxième partie se retrouve dans l’évolution de la répartition des différentes PCS au sein de la structure socio-professionnelle française : → La baisse de la part des PCS d'indépendants (agriculteurs, artisans commerçants et chefs d'entreprise) est à relier au processus de ………………………... de la structure socioprofessionnelle. → La baisse de la part des PCS du secteur primaire (agriculteurs) et secondaire (ouvriers) est à relier au phénomène de ……………………………. de la structure socioprofessionnelle. → La hausse de la part des PCS qualifiées (cadres et professions intermédiaires) est à relier au phénomène de ……………………………. de la structure socioprofessionnelle. → La hausse de la part d'employés (jusqu'à la fin des années 2000), PCS très féminisée d’un côté, et de l’autre la baisse de la part d'ouvriers, qui est une PCS très masculine sont à relier au phénomène de ………………………………………………………………………………………….. de la structure socioprofessionnelle. Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 5/15 III - Peut-on encore parler de classes sociales pour analyser la société française ? Depuis la Révolution industrielle, c’est le schéma de la pyramide qui s’impose lorsqu’on souhaite présenter de manière très rapide les différents groupes qui caractérisent les sociétés capitalistes, ainsi que les rapports de hiérarchie qui existent entre ces groupes : Source : revue industrial Worker, 1911 Cette vision de la société où des capitalistes exploitent les travailleurs est aussi au cœur de bon nombre d’auteurs de romans réalistes au XIXème siècle, comme dans Germinal d’Émile Zola (https://www.youtube.com/watch?v=3uSuhu_Ciag). Mais cette caricature (Pyramid of capitalist system) date de 1911, tandis que Germinal a lui été publié en 1885. Les représentations de la société dont ils sont porteurs sont-ils toujours d’actualité aujourd’hui ? Cette question renvoie en fait aux grandes problématiques qui vont structurer ce grand III : comment rendre compte de la structure sociale, c’est-à-dire de l'existence de plusieurs groupes sociaux et des rapports de domination entre eux ? Les classes existent-t-elles réellement ou sont-elles une construction du sociologue ? Faut-il alors parler de classes sociales ou de strates ? Pour répondre à ces questions, nous allons commencer par remonter aux travaux sociologiques fondateurs dans ce domaine : ceux de Karl Marx, et de Max Weber. 3.1 - Les théories des classes sociales chez Marx et Weber 3.1.1 - Les classes sociales dans l’analyse de Karl Marx Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 6/15 Marx est un économiste et un sociologue allemand du milieu du 19e siècle. Mais c’ est également un militant politique : il écrit (avec Friedrich Engels) le Manifeste du parti communiste en 1848. De nombreux auteurs se sont réclamés de Marx, tant en science économique, en sociologie ou en science politique, on les appelle des marxistes. Deux classes sociales : les bourgeois et les prolétaires : Marx définit les classes sociales à partir d'un seul critère : la place occupée dans le processus de production. C’est donc un critère économique. ⇒ Pour Marx, ce qui détermine la position sociale (= la classe sociale) c'est la réponse à la question suivante : l’individu est-il ou non propriétaire des moyens de production (c’est-à-dire, du capital) ? - Si la réponse est oui, l’individu est un capitaliste, il appartient à la bourgeoisie (vous remarquerez que la notion de « bourgeois » chez est donc différente de la notion de bourgeois aujourd’hui. Chez Marx, un bourgeois est en fait un patron. - les personnes qui ne possèdent pas les moyens de production, et qui pour subvenir à leurs besoins n’ont pour seule possibilité que de vendre leur force de travail aux patrons appartiennent au prolétariat (ce sont des « prolétaires »). Aujourd’hui, on parlerait d’ouvriers, ou de façon plus large, des salariés. Aparté : Réduire la société à 2 classes seulement peut paraître un peu simplificateur. L’analyse de Marx est toutefois plus complexe que cela : selon lui, il existe plus de deux classes, mais ces dernières vont se polariser. La polarisation est un processus qui conduit à l'élimination progressive de toutes les classes et fractions de classes autres que le prolétariat et la bourgeoisie. Les classes intermédiaires (notamment la petite bourgeoisie (artisans et commerçants, propriétaires de leurs moyens de production, mais qui doivent travailler eux-même pour valoriser leur capital, n’ayant pas de salariés) « tombent dans le prolétariat », car ils ne peuvent lutter contre la concurrence de l'industrie capitaliste, donc ils vont devenir eux-même des ouvriers. En fin de compte, il n'y a donc que deux classes qui comptent réellement : la bourgeoisie / les capitalistes VS la classe ouvrière / le prolétariat. Des classes sociales en conflit : Pour Marx, les classes sociales sont nécessairement en conflit. On lui doit notamment cette célèbre phrase : «L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes1 ». Si les rapports entre les classes sociales sont conflictuels, c’est car les différentes classes ont des intérêts antagonistes Il existe en effet selon Marx une domination des bourgeois sur les prolétaires : on parle de domination quand il existe des rapports asymétriques de commandement et d'obéissance entre les individus. Or, dans le système capitaliste, cette domination existe : les ouvriers sont dans un rapport de domination hiérarchique par rapport à leurs patrons, les capitalistes. Cette domination va rendre possible ce que Marx dénonce comme une extorsion, de la part des capitalistes, de la plus-value créée par les prolétaires. En effet, le travail a pour Marx une particularité : il coût moins cher que ce qu’il ne rapporte : les travailleurs sont rémunérés au taux de salaire qui leur permet de reproduire leur force de travail au jour le jour (pour faire simple,de survivre). Mais la valeur- ajoutée créée par le travail d’un ouvrier est supérieur à cette valeur. Mais cette survaleur est captée par le capitaliste. Il y a donc un antagonisme à propos de cette survaleur, et l’appropriation qui en est faite par les capitalistes. [Voir notamment cette vidéo] 1 K.Marx et F.Engels, « Le Manifeste du Parti Communiste », 1848 Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 7/15 Classes en soi et classes pour soi : Les membres d'une classe en soi ont des caractéristiques communes ( une même place dans le processus de production), partagent les mêmes conditions de vie, mais n'ont pas forcément de sentiment d'appartenance commune. Marx parle alors de classe en soi pour désigner ce type de groupements d’individus. Il parle en revanche de classe pour soi quand les membres du groupe ont conscience d'appartenir au même groupe, d'avoir des intérêts communs et donc de devoir les défendre. Pour Marx, c'est dans la lutte des classes que les classes prennent conscience de leurs intérêts communs et donc de leur existence : la lutte entre les classes sociales fait donc naître la conscience de classe, c’est-à-dire le sentiment partagé d'appartenir à telle ou telle classe. Pour qu'on puisse véritablement qualifier de classe un groupe social, il faut qu'il y ait classe en soi et pour soi, c’est-à-dire que les membres de ce groupe social aient conscience d'appartenir à un groupe commun. Voir le doc 15 Par exemple, la classe ouvrière s'est constituée comme une classe en soi et pour soi, grâce au mouvement ouvrier qui s’est constitué (politiquement et syndicalement) pour défendre les intérêts de ce groupe. Pour conclure : Marx a une conception des classes sociales que l’on qualifie de réaliste : pour lui elles existent objectivement, indépendamment du travail du sociologue qui contribue à les faire exister « sur le papier ». Dans cette conception réaliste, les classes sociales sont une réalité qui existe avant le travail du chercheur en sciences sociales, ce dernier se contente de décrire une réalité sociale pré-existante à son observation. Le cœur de cette conception réaliste, c’est que les individus ont conscience d’appartenir à la même classe et d’avoir des intérêts Voir le doc 16 communs à défendre. Nous allons maintenant étudier l’analyse que fait Max Weber de la stratification sociale, et essayer d’identifier en quoi elle se différencie de celle de Marx. 3.1.2 Les classes sociales dans l’analyse de Weber Attention : Weber, qui écrit après Marx, se défend d'avoir voulu être l'anti-Marx ; et l'analyse weberienne des Voir le doc 17 classes sociales contient des proximités souvent sous-estimées avec celle de Marx. Alors que Marx n’en utilisait qu’un seul (la position dans le processus de production), Weber a recours à 3 critères différents pour décrire les positions sociales des individus : un critère économique : il distingue des classes, qui regroupent des individus placés dans une même situation économique. Cette situation économique se définit par la probabilité d’accès aux biens pour un individu. Cette probabilité dépend elle-même du revenu d’un individu, de son patrimoine… Weber distingue ainsi 4 classes sociales : - 3 classes non privilégiées, à savoir : - « la classe ouvrière », - « la petite bourgeoisie », et - « les intellectuels et les spécialistes sans biens » ou « techniciens » (qu'on peut regrouper sous l'appellation « classes moyennes »), - une classe privilégiée, la « classe des possédants » Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 8/15 Il convient de remarquer ici les différences avec Marx dans l’analyse de ce qu’est une classe sociale. La classe sociale est abordée chez Weber d’un point de vue nominaliste : autrement dit, elle n’existe pas nécessairement en tant que groupe social « réel ». Elle rassemble des individus ayant en commun une situation de classe mesurable par l’accès différencié à un ensemble de biens. ⇒ Pour Weber, être membre d’une même classe sociale signifie avoir des chances comparables d’accès aux biens et services, mais pas forcément former une communauté. Attention, chez Weber, la classe n'est qu'une des dimensions de la position d’un individu dans la structure sociale ! un critère social, qui permet à Weber de distinguer ce qu’il appelle des groupes de statut. Ces groupes de statut regroupent des individus ayant un même degré de prestige social, associé à leur statut social. Il s'agit donc d'une distinction symbolique. Il est utile d’aller voir directement ce qu’écrit Weber : « Nous appelons groupes de statut un privilège positif ou négatif de considération sociale revendiqué de façon efficace fondé sur le mode de vie, le type d'instruction formelle et la possession des formes de vie correspondante, le prestige de la naissance ou le prestige de la profession ». Le prestige des groupes de statut est donc lié : - au style de vie (par exemple les pratiques vestimentaires, comme la robe, qui symbolise le prestige des magistrats), Voir le doc 18 - à la naissance (penser à la Noblesse, qui est un statut dont on hérite à la naissance), - aux diplômes (penser au prestige de certaines professions fortement diplômées, comme les médecins…) un critère politique, qui permet à Weber de distinguer ce qu’il appelle des partis politiques (attention : la notion de « partis politiques » chez Weber est très différente de la définition actuelle des partis politiques!). Les partis politiques regroupent donc les individus en fonction de leur capacité à exercer ou influencer le pouvoir politique. Voir le doc 19 Il convient de remarquer que pour Weber, les trois dimensions (économique, sociale et politique) sont connectées : les membres de l’élite économique sont souvent au sommet de l’échelle politique et statutaire. Mais cela n'est pas automatique, car les personnes en haut de la hiérarchie économique ne sont pas forcément les mêmes que celles en haut de la hiérarchie sociale ou politique : par exemple, le noble désargenté conserve le prestige de l'aristocratie de par son logement – un château source de prestige –, et par son nom. Alors que pour Marx, le pouvoir politique appartient à ceux qui dominent dans la sphère économique. Weber, contrairement à Marx, considère donc que la structure sociale ne s'organise pas seulement autour de l’opposition entre ouvriers et patrons, à partir de la seule position dans le processus de production. Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 9/15 La classe n'est qu'une des dimensions de la place dans la structure sociale : l’ordre économique dans lequel s’inscrit la notion de classe ne constitue que l’une des trois dimensions de la stratification sociale, même si dans les sociétés modernes elle tend à devenir plus importante. De plus, pour Weber, la structure sociale est stratifiée, c'est-à-dire qu'elle est constituée d'un ensemble de strates hiérarchisées en fonction de critères multiples. On utilise le terme de stratification sociale pour décrire cette situation. Une strate est un groupe d'individus partageant des caractéristiques communes, mais ne constitue pas pour autant un groupe social réel. Si la notion marxiste de classe sociale met l'accent sur l'opposition entre deux classes et la domination de l'une sur l'autre (capitalistes dominant les prolétaires), l'analyse de la stratification sociale insiste plutôt sur le grand nombre de strates et sur une gradation régulière des positions (métaphore de l'échelle, de bas en haut). A la différence de Marx, Weber ne débouche donc pas sur la conclusion de la polarisation. Voici un résumé des différences entre les analyses de Marx et de Weber à propos de la structure sociale : Voir les docs Après avoir vu comment ces deux auteurs fondateurs de en sociologie rendaient compte de la manière dont les 20 et 21 sociétés étaient hiérarchisées à leur époque, nous allons maintenant nous demander comment rendre compte de la structure sociale aujourd’hui en France. La notion de classe sociale est-elle par exemple pertinente pour analyser cette structure sociale ? 3.2 L’actualité du débat sur les classes sociales 3.2.1. La diminution des distances inter-classes et l'augmentation des distances intra-classes Une première manière de se demander si la notion de classes sociales est toujours adaptée pour décrire la structure sociale en France passe par l’étude des différences de richesses et de mode de vie : - entre les différents groupes sociaux / classes sociales : on parle alors de distances inter-classes - à l’intérieur des groupes sociaux / classes sociales : on parle alors de distances intra-classes Ces distances inter ou inter-classes s’apprécient au regard de différents indicateurs : les différences de revenus, mais aussi d’accès aux biens d’équipements (voiture, électro-ménager, informatiques, de communication…..), de stabilité de l’emploi, de pratiques culturelles…. Voir cette vidéo Avec les Trente Glorieuses, on a assisté à une réduction des distances inter-classes : alors que certains biens , et le doc 22, (par exemple l’automobile, la télévision, un réfrigérateur ou un lave-vaisselle / lave-linge...) étaient réservés aux ménages les plus riches au début des Trente Glorieuses, ils ont ensuite été possédés par l'immense majorité de la population. C’est ce que l’on appelle l’avènement de la consommation de masse. Ce processus de rapprochement des taux de possession est toujours valable aujourd’hui, avec d’autre biens d’équipement (……………………………………………………., …………………………………………………….). Cette réduction des distances interclasses a donné lieu à la théorie de la moyennisation de la société française. Avec la disparition de la société paysanne traditionnelle, l'«embourgeoisement»des ouvriers, qui représentent une part décroissante de la population active, et le gonflement d'une vaste classe moyenne, on ne peut plus se représenter la société sous la forme classique d'une pyramide, d'autant que les inégalités de salaire tendent à se résorber. Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 10/15 Le sociologue français Henri Mendras propose donc un schéma en forme de toupie dans lequel, hormis une petite élite (3% de la population) et une frange d' « exclus » [la «pauvreté »] (7%), la société française se regrouperait au sein d'un vaste centre. À côté d'une vaste « constellation populaire» rassemblant 50% de la population, H. Mendras dessine une « constellation centrale» (25%) en forte expansion, notamment les cadres. A : ………………………………………. B : ………………………………………. C : ………………………………………. D : ………………………………………. E : ………………………………………. Voir le doc 23 On peut observer symétriquement une augmentation des distances intra-classes. Les classes populaires (qui correspondent en fait au rassemblement des PCS « ouvriers » et « employés ») notamment sont travaillées par des évolutions qui affaiblissent son homogénéité. Dans la sphère du travail par exemple, les différences de conditions de vie se font de plus en plus grandes entre : - les ouvriers ou employés qualifiés d’un côté, non qualifiés de l’autre. - les travailleurs « stables » par rapport aux chômeurs ou aux individus en CDD ou intérim. Mais d’autres facteurs de différenciation sociale contribuent à la fragmentation des catégories populaires, comme : - le sexe, - l’origine ethnique - voire même par exemple le fait d’être propriétaire de son logement ou locataire, - ainsi que le lieu de résidence : centre-ville, périphérie, campagne ? Quartier favorisé ou défavorisé ? Ces évolutions posent une question fondamentale du point de vue de l’analyse sociologique de la structure sociale : est-il toujours pertinent de penser les individus en fonction de leur appartenance à telle ou telle classe sociale, si d’autres caractéristiques (comme le fait d’être un immigré, ou un chômeur, ou un jeune, ou vivre en milieu rural, ou être une femme) permettent davantage de rendre compte de l’expérience sociale de ces mêmes individus ? Cette question trouve notamment un écho particulier lorsqu’on s’interroge sur la manière dont la notion de classe s’articule avec les rapports sociaux de genre 3.2.2 L'articulation entre classes et rapports sociaux de genre Rappel : la notion de « genre » en sciences sociales. Alors que le sexe d'une personne renvoie à des composantes biologiques, les sociologues utilisent la notion de genre pour désigner la dimension sociale des rôles associés aux individus de sexe féminin et masculins. L’expression de rapports sociaux de genre désigne quant à elle l’ensemble des rapports sociaux qui aboutissent à une hiérarchisation entre les rôles féminins et masculins. On a vu dans ce chapitre qu’il existait des inégalités entre les PCS (en termes de salaires, d’exposition au chômage, à la pauvreté, ou encore en termes d’espérance de vie). On a aussi montré qu’il existait des inégalités hommes/femmes : de salaires, de répartition du travail domestique, d’exposition au temps partiel…. (revoir par exemple le doc 6) Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 11/15 On peut alors montrer que l’analyse en termes de classes sociales et l’analyse en termes de genre se combinent : - par exemple, sur le marché du travail, les femmes des milieux populaires subissent davantage le temps partiel contraint et les horaires atypiques que les hommes Une statistique : Les femmes ne composent que 20 % de la catégorie des ouvriers, mais 43 % des effectifs de cette catégorie à travailler à la chaîne. ⇒ les femmes des catégories populaires cumulent donc les désavantages liées au fait d’appartenir à la PCS ouvriers ou employés avec le désavantage lié au fait d’être une femme. - tandis que les femmes cadres rencontrent des difficultés à valoriser leurs diplômes pour faire carrière (phénomène du plafond de verre par exemple) Voir le doc 24 ⇒ ce n’est pas parce qu’elles parviennent à être cadres que les femmes sont mises à l’abri des difficultés liées au fait d’être une femme sur le marché du travail. Conclusion du 3.2.2 : L’analyse de la structure sociale à travers la classe sociale au sens marxiste (c’est à dire la position dans le système de production) a pu occulter certains processus de domination. Elle a longtemps négligé les autres critères structurants des inégalités que sont le genre, le territoire, l’âge ou la couleur de la peau. Pour simplifier, un ouvrier était avant tout un ouvrier, quelles que soient ses caractéristiques (genre, âge, origine ethnique, religion, etc.). Or, les facteurs de différenciation sociale autre que la classe sociale se combinent et se renforcent. Cela donne lieu à un débat entre les sociologues : - pour certains, la notion de classe sociale est dépassée - pour d’autres, elle reste toujours pertinente mais doit s’articuler avec les autres facteurs de différenciation sociale. Un autre facteur qui vient remettre en cause la pertinence du concept de classe sociale, celui de l’affaiblissement des identités subjectives de classe (c’est-à-dire, la conscience de classe). 3.2.3. Le recul des identifications subjectives à une classe sociale Depuis les années 1960, on note un recul de la part de français disant se sentir appartenir à une classe sociale. Néanmoins, - cette baisse s'est arrêtée à partir de 1987 - plus de la moitié (56%) des français ont encore le sentiment d'appartenir à une classe sociale. Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 12/15 On remarque aussi une réticence des individus appartenant aux catégories populaires à se définir comme membres des classes populaires. En effet, les classes populaires, que l’on peut définir comme l’union des PCS ouvriers et employés, représentent près de la moitié de la population active. Pourtant, seuls 30,5 % des personnes interrogées en 2013 sentaient appartenir aux classes populaires. On en déduit logiquement que 15 % environ des personnes interrogées appartenaient à la classe populaire mais n’ont pas déclaré de sentiment d’appartenance à cette catégorie. Attardons nous un peu sur ce sondage de 2019. On a posé la question suivante à un échantillon représentatif de Français « Vous même, qu’est-ce qui vous définit le mieux aujourd’hui ? En premier ? Et ensuite. » Voici les résultats : Il est vrai que « la classe sociale » ne figurait pas parmi les réponses proposées. Mais « le milieu social », notion proche, n’était cité comme premier critère de définition que par 11 % des personnes interrogées. Pour elle, ce qui les définit le mieux, c’est d’abord leur âge ou leur nationalité. Cela renforce l’idée d’un affaiblissement de la conscience de classe. Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 13/15 3.2.4 La multiplication des facteurs d’individualisation Pour approfondir la L’individualisation est un processus historique qui conduit les membres d’une société à se considérer comme notion autonomes par rapport à leurs groupes d’appartenance (famille, voisinage, groupe religieux…). d’individualisation du travail, vous Ce processus d’individualisation touche aussi le travail : pouvez regarder - dans le secteur industriel, la tendance est à la réduction de la taille des unités de production, en raison cette vidéo notamment du recours accru à l’externalisation (faire produire certaines tâches par d’autres entreprises), mais aussi de la désindustrialisation (fermeture de grands sites industriels dans le secteur des mines, de la sidérurgie, de la construction automobile…). Cette réduction de la taille des établissements industriels a un effet sur la syndicalisation (plus la taille de l’établissement est élevé, plus les individus ont tendance à se syndiquer), et donc in fine sur la capacité des individus à prendre conscience de leurs intérêts communs, et à se penser comme membres d’un collectif de travail. ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… - on assiste depuis le début des années 1990 à l’individualisation croissante des rémunérations. Les rémunérations sont moins qu’avant fixées par des grilles qui s’appliquent uniformément aux individus en fonction de leur qualification / ancienneté …. Mais de plus en plus basées sur des primes liées aux performances individuelles, et sur la capacité des individus à négocier des augmentations lors d’entretiens bilatéraux. - on assiste aussi à une différenciation des contrats de travail (davantage de CDD, d’intérim, mais aussi d’emplois à temps partiels) qui rendent plus difficiles la constitution de collectifs au travail, et qui contribuent à l’affaiblissement de la dimension collective du travail. On a vu plusieurs éléments qui conduisent à remettre en cause la pertinence de la notion de classe sociale pour rendre compte de la stratification sociale à l’œuvre dans la société française. Faut-il pour autant considérer que la notion de classe ne nous est plus d’aucune utilité sociologique ? C’est un peu plus compliqué que cela. 3.2.5 La notion de classe sociale, un outil qui reste pertinent Toute une série d’indicateurs montrent que les inégalités entre cadres et professions intermédiaires d’un côté, employés et ouvriers de l’autre, se maintiennent, voire s’accentuent : - C’est très net sur le plan des ressources économiques : que ce soit en termes de salaires, de revenus, de niveau de vie, et encore plus de patrimoine, les ouvriers et les employés sont proches les uns des autres, loin derrière les catégories intermédiaires et supérieures. - Les alliances conjugales et en particulier l’homogamie, demeurent fortes. Un ménage sur cinq est formé d’un ouvrier et d’une employée. 40 % des couples sont composés d’ouvriers, d’employés ou d’inactifs. Les alliances matrimoniales restent donc très clivantes socialement et contribuent à la reproduction des milieux populaires. Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 14/15 - Enfin, on peut aussi mettre en évidence la persistance d’inégalités d’espérances de vie significatives entre cadres et ouvriers : l’espérance de vie des hommes cadres est de 6,3 ans supérieure à celle des hommes ouvriers, les inégalités dans les conditions de travail et de vie sont à l’origine de ce différentiel. Sur le papier, tout semble donc réuni pour que l’on puisse parler des classes populaires comme d’une véritable classe sociale. Mais sans véritable sentiment d’appartenance, cette classe constitue ce que Marx aurait appelé une classe en soi, et non une classe pour soi. Les sociologues français Maurice Pinçon et Monique Pinçon-Charlot se sont attachés à démontrer que l’on pouvait analyser la bourgeoisie comme une classe sociale. Attention, lorsque ces 2 sociologues parlent de bourgeoisie, le sens est différent de celui dans lequel Marx employait cette notion. De la même manière, le terme bourgeois, dans le langage commun aujourd’hui, désigne une personne relativement aisée. Mais la Voir le doc 26 bourgeoisie étudiée par Pinçon et Pinçon-Charlot est différente. Pour simplifier, la bourgeoisie se définit avant tout par un niveau très élevé de 4 types de capitaux : économiques, culturels, familial / social, et symbolique. Mais ce qui définit aussi la bourgeoisie, c’est une conscience de classe, et et la capacité à défendre des intérêts communs : - tout en d’abord en préservant l’entre-soi, notamment : - grâce aux rallyes, qui permettent de maintenir une forte endogamie (le fait de se mettre en couple avec quelqu’un du même groupe social). En effet, cette endogamie est indispensable à la préservation, à travers les générations, du capital économique. - grâce à l’importance de la cooptation (être multi-millionnaire en ayant gagné à l’euro-million n’est pas Voir par suffisant pour intégrer la bourgeoisie : il faut avant tout être bien né et, si ce n’est pas le cas, coopté par une exemple cette vidéo personne appartenant déjà à ce groupe social. - grâce à une préservation de l’entre-soi géographique - la bourgeoisie se distingue aussi par sa capacité à préserver justement cet entre-soi géographique, en se mobilisant lorsque c’est nécessaire pour empêcher la réalisation de projets immobiliers de nature à dévaloriser certains quartiers huppés (comme le montre, sur un ton léger et humoristique, cette vidéo). S’il devait donc subsister une réelle classe sociale au sens de Marx (c’est-à-dire une classe pour soi) en France, il s’agirait donc de la Bourgeoisie ! Chapitre 2 - Comment est structurée la société française actuelle ? Cours 15/15