Introduction à l'Architecture et l'Urbanisme au Maghreb (Période Précoloniale) PDF

Summary

Ce document traite de l'architecture et de l'urbanisme au Maghreb avant la période coloniale. Il examine les différents facteurs qui ont influencé l'architecture de la région, y compris la géographie, la culture et la religion. L'importance de l'Islam sur les styles architecturaux y est également abordée.

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CHAPITRE 1 INTRODUCTION A L’'ARCHITECTURE ET LURBANISME AU MAGHREB Période Précoloniale L’amirauté dbAlger avant 1830, Source: Detroit Publishing Company (1905). INTRODUCTION A L’ARCHITECTURE ET...

CHAPITRE 1 INTRODUCTION A L’'ARCHITECTURE ET LURBANISME AU MAGHREB Période Précoloniale L’amirauté dbAlger avant 1830, Source: Detroit Publishing Company (1905). INTRODUCTION A L’ARCHITECTURE ET LURBANISME AU MAGHREB Période précoloniale Introduction peut se faire selon le méme axe chronologique La question de l’histoire d’architecture en premier ordre puis selon les thèmes et/ou au Maghreb au XIXème siècle pose une les pays en deuxième lieu. double problématique aux étudiants et aux Du coté historique,le cours s’intéresse à chercheurs spécialistes de cette époque. Du une période très agitée etriche en évènements coté géographique, il est di cile de tracer et, de ce fait, très hétérogène. En e et, la des traits communs d’une aussi vaste région période du XIXème siècle est relativement telle que le Grand Maghreb qui sétale sur récente et la plupart des incidents qui l’ont une superficie d’environ cinq millions de constituée ont été enregistrés et rapportés à km? (Figure 1). En plus de son étendue, ce travers des sources variées tel le témoignage territoire se trouve partagé entre di érents direct, les enregistrements filmés, en plus reliefs, dont le bassin méditerranéen, les des documents écrits. Cette diversité est chaines montagneuses de l’Atlas et le grand aussi alimentée par un nombre d'événements désertafricain qui en occupe la majeure partie. majeurs qui ont marqué l’histoire moderne Cette diversité physique se reflète aussi dans tels que le colonialisme, le protectorat, les la géographie humaine et la répartition de la révoltes et les Révolutions, les deux guerres population estimée à quelques 90 millions mondiales, l’indépendance des pays colonisés d’habitants. — Concentrée principalement et les choix des systèmes politiques. le long de la côte méditerranéenne, et les plaines littorales, elle forme un paysage Létat de chaque pays du Maghreb juste démographique inégalement réparti sur son avant le colonialisme est aussi un paramètre à vaste territoire. De ce fait, le présent ouvrage considérer. Tandis que l’Algérie et la Tunisie se limitera aux précédents architecturaux et étaient liées à 'Empire ottoman en 1530 et urbains en Algérie comme cas d’étude. Un 1534, le Maroc a gardé son indépendance sous épannelage de cette étude sur tout le territoire la monarchic Alaouite jusqu’à 1912. Alors que 17 l’Algérie était occupée par les Français dès Définitions des termes clefs ou 1830, le Maroc et la Tunisie ne sont passés l’aménagement linguistique sous le protectorat français que tardivement, le ler en 1881 et le 2eme en 1912. Lalittérature de l’histoire d’architecture au Maghreb connait un grand nombre de Loin d’être monolithique, ce qui est souvent termes qui se chevauchent, s’imbriquent cru, la période coloniale connut des étapes et se contredisent souvent. En plus du sens hétéroclites. Elle passe du régime militaire au taxonomique dilué de certains termes, leurs système civil, de l'ordre classique à la doctrine nuances proviennent des circonstances moderne, et de la politique d’éradication à historiques et idéologiques dans lesquelles la politique de rapprochement telle quelle elles ont été formulées. Beaucoup d’études figurait dans le Plan de Constantine (1958). devenues des références classiques dans ce Elle pivote aussi culturellement entre la domaine ont été l’œuvre d’orientalistes et par démarche acculturante française et la tolérance « Algérianiste ». Politiquement, elle varie entre conséquent étaient colorées par l’idéologie protectorat avec présence minimale pour le coloniale et le centrisme culturel européen. cas du Maroc et de la Tunisie, et peuplement Un survol de la bibliographie nous met de masse sur le territoire Algérien. devant la première interférence taxonomique entre l’architecture islamique, Musulmane et Arabo-musulmane. En deuxième lieu, vient une autre série de termes ajoutant des dimensions géographiques, historiques et ethnographiques tels que l’architecture arabe, mauresque, ottomane, omeyade, abbasside, fatimide, et tant d’autres termes qui se gre ent autour. La rupture chronologique marquée par le colonialisme et l’avènement d’un autre système de production architecturale a donné naissance à une autre connotation, plus vaste encore, qui est l’architecture précoloniale. En nous renvoyant au patrimoine local du pays colonisé juste avant le début du processus exogène de développement urbain et architectural, ce terme ne fait que simplifier la Figure 1: Le territoire du Grand Maghreb qui question et réunir tous les termes précédents s'étend sur 5 pays sous une autre enveloppe encore plus vaste. 18 Qu'est-ce que l'architecture islamique? direct sur le cadre bâti, l'espace et même l’art et lornementation. Une telle vision binaire « La réponse à cette question exige un Islam-Architecture » nous permet donc de passage obligatoire sur quelques croyances redéfinir ce terme. réfutables. Un grand nombre de références académiques et pédagogiques considère, par Larchitecture islamique peut … être une certaine vision simpliste, que l’architecture donc définie comme étant tout mode de islamique est un ensemble d’éléments réponse aux exigences, recommandations et architectoniques tels que les arcades, les enseignements de l’Islam dans le domaine dômes et coupoles, les moucharabiehs, du cadre bâti, de l'expression matérielle et de les ornementations et la calligraphie qui l'espace vécu. Malgré ces di érentes formes constituent dans leur ensemble un corpus de réponses, cette architecture reflète le socle architectural. D’autres considèrent que ce sont spirituel commun qui découle de la doctrine les édifices qui forment la ville musulmane de l’Islam et qui est de ce fait partagée par les tels que la mosquée, le souk, les rues étroites sociétés musulmanes. Autrement dit, au plan et la maison à patio qui reflètent l’architecture physique, il nexiste pas de modèles ou de styles Islamique. Des monuments tels que Taj recommandés, ou communs, mais plutôt un Mahal, Alhambra, la Mosquée Omeyade et ensemble de principes qui encadre et guide Ibn Touloun en seraient les exemples les plus les actions de 'homme et de la société dans significatifs (Stierlin H. 2002). l'environnement, y compris le cadre bati et l’art de la construction. De telles définitions sont inexactes car la doctrine religieuse islamique, y compris la En attribuant le terme « Islamique » loi islamique « Charia », les croyances « Aqida à l’architecture, il devient clair que la religion »,etla morale « Akhlaq », ne comprend aucune islamiquecomprenddenombreuxenseignements prescription ou obligation d’usage de ces relevant des domaines de croyance, du culte éléments ni de type(s), style(s), ou mode(s) de et de la conduite sociale qui ont rapport avec construction ou d’architecture. D’ailleurs, un ce domaine. Parmi les enseignements les plus aperçu historique sur ces éléments et bâtisses frappants ayant un impact direct sur l’espace, nous renvoie à leurs origines typologiques et on peut citer l’unicité de Dieu, la direction vers artistiques souvent préislamiques. la « Qibla », le voisinage, l’hospitalité, l’intimité et la ségrégation entre les deux sexes. Une Cependant, cette négation ne veut guère étude pluridisciplinaire et plus approfondie de signifier que la religion islamique n’a aucun la doctrine Islamique pourrait nous mettre sur rapport avec le domaine de l’architecture. une piste de recherche sur d’autres retombées En e et, IIslam comprend de nombreux des principes et enseignements de l’Islam sur enseignements qui sont liés au culte et au l’architecture et le cadre bâti, un champ qui mode de vie. Ces derniers ont un impact reste encore vierge. 19 Tn En acceptant le fait que, historiquement, les musulmans en tant qu’indivi du s o le message de l’Islam sest répandu dès les communautés. La diversité et l)immel’lsité premiers temps hors de la péninsule arabe en du territoire musulman, qui s’étend sur s'adressant à toute l’humanité sans distinction tous les continents de l’Ancien monde de race ou de langue, il devient évident que ainsi que les spécificités géographiques’ l’architecture islamique revêt un caractère historiques et culturelles de Chaque) universel. communauté ont conduit à une Variété L'architecture musulmane d’architectures. L’architecture mus ulmane est de ce fait plurielle et se définit en tant Ce terme exprime la pratique qu’architectures musulmanes (Figure 2). de l’Islam telle qu’elle est reflétée par Figures 2 (ab,c et d): Un minaret à Tehran, la mosquée Laleli à Istanbul, une cour à bAlhambra, Grenade et la mosquée Sidi Boumedienne Sources: (a)Aute à Tlemcen. ur (2015), (b) Auteur (2004),(c) Noureddine El Haÿj, (d) Vitamine dz. 20 Tout le patrimoine architectural des des communautés musulmanes, sont à priori anciennes villes et territoires de l’Islam tel que le fruit de l’interaction entre les principes les mosquées, les maisons à patio, les palais, découlant de la doctrine religieuse Islamique les marchés et les Médersas n’est donc qu’une d’une part, et le temps, le lieu et les coutumes expression de l’architecture musulmane. de ces sociétés d’autre part. Il va de soi que les styles architecturaux connus, qu’ils soient majeurs ou mineurs En reflétant un certain mode tels que l’architecture Omeyade, Abbasside, d’interprétation des textes, des croyances et Fatimide, Seldjoukide, Aghlabide, Almohade, des enseignements de l’Islam identifiés au Almoravide, Mérinide, Hafside et Zianide ne temps et à l'espace, cette architecture pourrait sontaussi que des versions,ou des architectures être valide, comme elle pourrait être dépassée musulmanes qui s’attachent aux conditions par les exigences du présent. Pour autant, elle historiques, géographiques, culturelles, ne reflète pas nécessairement l’Islam. Evaluée politiques, sociales et technologiques dans à la lumière de l’architecture Islamique, elle lesquelles elles sont nées (Figure 3 ). peut même être remise en cause lorsqu’elle va à lencontre de ses principes. Par voie de Cependant, ces architectures qui sont conséquence, elle est loin d’être sacrée et donc le résultat matériel de l’action des individus et pourrait faire l'objet de critique (Figure 4). LES ARCHITECTURES MUSULMANES (ibla, Voisina ge, Hospitlte Parent d Hay f He tage eto Architecture Abbaside PRINCIPES Avchitectue: Fatimide, Figure 3 : I Architecturc Schématisation Ottomanc du rapport entre Aïchitecu l’architecture satavide Islamique et les architectures musulmanes Alchitectine: HASd O 21 — Cette définition nous permet de de L’Alhambra, le Tombeau de Taj Maha] prendre le recul nécessaire par rapport à les statues et sculptures de femmes nues de tout patrimoine architectural qui soppose khirbat al-mafar », au « Qasr al-hayr » et aux principes de l’Islam et qui abonde dans dans les autres résidences royales Omeyades la littérature surtout orientaliste. À cette en Jordanie (Vibert-Guigue C. et Bisheh G. e et, nous pouvons citer la Cour des Lions 2007), à titre d’exemple. Figures 4 (a,b,c et d): Les lions de l’Alhambra, illu d’ ‘une femme dans le palace strations iraniennes, seulpture de Hicham en Jordanie, et le s4 vaîrairee 'TajTaj MahMahal,al, AgrAorz: atci a: un Pat rimmai oine musulman controve rsé.Sources: (a) Smithsonian Journeys, (b) Odile Alleguede (c) Deror avi (d) Howard Davis 22 Sources de diversité fonctionnelles que dictait la nouvelle religion. Les antécédents anthropologiques L'autre source de diversité est l'étendue des communautés musulmanes ayant connu géographique du territoire de l’Islam. des civilisations préislamiques sont à la base En raison de la di érence des conditions de la diversité architecturale. L’architecture climatiques, géographiques et des matériaux musulmane des premiers temps de l’Islam de constructions disponibles, des réponses employait intensivement le savoir-faire local sur-mesure ont été envisagées et développées des communautés fraichement converties à soit séparément ou en concertation par l’Islam ou conquises telles que les Perses, chacune de ces communautés. En partant les Turques, les Berbères, les Romains, etc., du pays d’origine, de tels éléments ont au profit de la civilisation naissante. De été témoins de nombreux changements tels antécédents ont été présents dès le début et transformations tout au long de leurs de la formation des arts et des architectures trajets à travers la géographie ou l’histoire. musulmanes (Grabar O.1973). Le minaret, Cela a donné à l’architecture musulmane le patio, l’arc et le mihrab sont autant sa dimension régionale qui doit rester d’éléments qui ont préexisté avant l’arrivée cependant fidèle aux principes universels de de l’Islam. Ils ont été adoptés d’une manière l’Islam (Figures 5, 6 &7). consciente pour servir les nouvelles exigences 7954994 4 8 EN AN À Figure 5 (a et b): La porte d’entré e de la mosquée Sidi-Boumedienne: une architecture régionale héritée de l‘Andalousie. Sources: (a)(b) anonymes. 23 Figure 6 : Symbiose entre la dimension unive rselle de l'architecture Islamique et la dimen sion régionale des architecture s musulmanes Moucharabiya Coupole Mihrab-lwan Sacades simple Figure 7 : Schématisation du I ‘architecture Islamique etles éléments rapport entre les principes de mts dans les architect ures mus u Processus d'evolution l’Islam et des besoins de la communauté musulmane. Beaucoup d’autres pratiques et En évoquant la question d'originalité et éléments furent écartés. de sources, une question permanente se pose dans la littérature architecturale musulmane 2.Le temps de Créativité: au cours du concernant son originalité, vu que plusieurs temps, la période de ressourcement des éléments des architectures préislamiques se autres civilisations a permis la maitrise de ces sont glissés dans son corpus architectural. éléments et leur amélioration consécutive. En Des Orientalistes considèrent ces œuvres appliquant le principe de l'e ort de réflexion, d’architecture musulmane comme un simple l’ijtihâd (Altwaijri A.O. 2007), une phase recyclage de produits des civilisations de créativité et d’innovation sest développée antérieure s. extrémité, des chercheurs À l’autre graduellement au point d'engendrer des autochtones s'acharnent à prouver loriginalité éléments architecturaux entièrement des éléments en architecture musulmane. originaux. L'analyse de l’évolution de ces éléments et des styles nous permet de dépasser cette L'architecture musulmane au dichotomie en considérant leur processus Maghreb d’évolution. Bien que la datation pour l’architecture En remontantauxorigines des éléments musulmane au Maghreb commenga dès architectoniques et retraçant leurs processus le septième siècle grégorien, et connut d’évolution, telles que furent les études de plusieurs accumulations, la fin du XIXème Gottheil (1910) et de Creswell (1926) sur le siècle est dominée par la présence de deux Minaret, l’histoire s’étale sur plusieurs siècles courants architecturaux majeurs qui sont et de ce fait exige une lecture transhistorique. intimement liés aux circonstances historiques La théorie des cycles de Civilisation et des de la Méditerranée. Il s’agit principalement lois universelles (Hauschild J.C. 1998) nous de l’architecture ottomane d’une part et de permet d’expliquer le processus d’évolution et l’architecture andalouse ou mauresque d’autre d’identifier en deux temps distincts. part. 1. Le temps d’Absorption : Grace à la L'arrivée des Ottomans au Maghreb capacité d’absorption de la Civilisation de et le rattachement au territoire de l’Empire l’Islam, plusieurs éléments architecturaux tels pendant plus de trois siècles (1516-1830) a eu que les Minarets, les Iwans, les cours ont été un impact direct sur le domaine de l’urbanisme empruntés des autres civilisations. Cependant, et de l’architecture. Malgré la présence timide de tels éléments ont été adaptés aux exigences et limitée de la population tuque, formée pour islamiques et filtrés d’une manière consciente la plupart d’o_ciers et de soldats et plus tard et raisonnable à la lumière des principes de de kouloughlis, des traits et des éléments du 25 — style du Levant prirent leur chemin vers le a été édifiée principalement Pour répo ndre 3 Grand Maghreb. la population européenne qui s’est instaué: outre-mer. Vu qu'elle n'est pas Mon Le deuxième évènement historique olithique elle exprime trois grands moments d\l qui a marqué le territoire du Maghreb, en temps du colonialisme. Dans ses débuts loccurrence, la chute de l’Andalousie a eu elle est dominée par un caractère mifitairé pour conséquence le déplacement massif de la population qui reflète la présence du pouvoir impérial, musulmane vers la côte méditerranéenne et les quelques villes nord Elle est ensuite suivie par un caractère civil africaines. Le style andalou, variant entre le style d’outre-mer oy hybridé longuement maturé le long de la présence musulmane dans en empruntant des éléments de son contexte la péninsule ibérique pendant presque huit et se rapprochant du style local. Elle se siècles, a accompagné l’arrivée des populations dit aussi de l’architecture dite moderne qui andalouses, victimes de la « Reconquista », sest développée au début du XXème siacle, sur En e et, malgré son les côtes nord africaines. style dit international, annonçant son détachement du contexte La cohabitation de ces deux styles, avec d'origine européen, la modernité colonial les autres précédents locaux dans la régio e n, maintient toujours son _ caractère exogène a donc donné un aspect unique au territoire et ses liens intrinsèques avec son lieu de du Grand Maghreb. Une étude académique naissance et ses racines. approfondie et bien documentée peut aider à décrypter le mode de cette interaction et En — exprimant le rapport entre redéfinir les origines des éléments avant leur architecture et pouvoir politique, son interaction. attachement à la doctrine coloniale, Fassil Demissic (2008) et Kathleen James- L'architecture : coloniale, Chakraborty (2013) considèrent que précoloniale et postcoloniale l’architecture développée outre-mer par les Empires européens, était mobilisée pour Toute architecture est un mode exprimer la grandeur de leurs Empires, d'organisation spatiale qui répond aux beso contrôler la population autochtone ins et fonctionnels des usagers, qui exprime par Préserver ou promouvoir l’identité des colons son style des valeurs artistiques que portent européens (Demissie F. 2012). Tout comme ces usagers et qui refléte les techniques de le navire, la camera, le pistolet et les autres construction du temps et du lieu. Dans objets matériels, l’architecture et l’urbanis.m‘î sa forme la plus simple, l’architecture coloniale ont rendu lempire plus visible et tangible est donc celle qui remonte dans ses origines (Dessimie au F. p6). pays conquérant, qui exprime la présence du pouvoir impérial du pays conquérant, et qui Quant au terme précolonial, il fe‘:letc lensemble des techniques de construction, 26 les divers modes d’organisation de l’espace nouveau domaine d’études sur les retombées et les expressions artistiques qui précèdent de l’architecture comme cadre exogène hérité le temps de la colonisation et exprime sur les sociétés contemporaines, y compris larchitecture autochtone. Cependant, cette les valeurs esthétiques quelle porte, le di érence nlest pas seulement chronologique, conditionnement socioculturel qu’elle exige et mais elle est multidimensionnelle car elle enfin les réactions réciproques quelle génère. refiète le contraste, technique, socioculturel Comparée aux autres pays du Maghreb, et sémiotique, qui marque cette di érence. et en conséquence à la nature spécifique Les nations colonisées étaient sujet d’études de la colonisation frangaise à l’Algérie, intensives de reconnaissances et d’explorations l’architecture coloniale dans ce pays présente qui visaient à découvrir et à mieux comprendre un … patrimoine colonial très lourd qui les territoires conquis et les peuples devenus marque profondément l’histoire moderne sous dominance des empires, d’où la naissance et qui conditionne le présent de la société dun nouveau champ appelé orientalisme algérienne. Une analyse socioculturelle et (Said E. 1979). En dépit de leurs aspects sémiotique de cette architecture nous ouvre scientifiques, ces travaux de reconnaissance de grands champs d’investigation, inconnus sont devenus un support à la doctrine jusqu’à nos jours, sur le rapport entre la forme coloniale et à la politique de domination. exogène et la société. D'’après Oulebsir N. (2004) les arts et les sciences ont été intégrés très tôt dans le projet Conclusion de colonisation. Leurs valeurs académiques sont-elles aussi lourdement a ectées par L'architecture du XIXème siècle au les préjugés culturels et les convictions de Maghreb est un sujet complexe du fait supériorité ? de la richesse de l'époque en exemples et en évènements historiques et de l'étendue Par ailleurs, le terme post-colonialisme géographique du territoire qui s'étend sur les 5 estune théorie critique qui étudie l’héritage pays formant la région de l’Afrique du Nord. colonial et son e et sur les sociétés La dimension géographique est présente contemporaines. Dans notre domaine, Il est dans la diversité climatique, les matériaux de souvent utilisé pour exprimer la présence de construction, l'emplacement, la topographie l’architecture coloniale jusqu’à nos jours et et la démographie de chaque lieu. son e et durable. Cette présence, due en partie à la force du besoin et de l’utilité d’une Historiquement, chacun de ces pays part, et à la permanence du cadre bâti d’autre avant le colonialisme était soumis à un régime part, n'échappe pas à la règle d’interaction di èrent des autres. En se limitant aux trois entre l’usager et son environnement. En pays majeurs, l’Algérie et la Tunisie étaient e et, le post-colonialisme constitue un rattachées à l’Empire ottoman pendant plus 27 HEx de trois siècles, tandis que le Maroc était sous Références la gouvernance « Alaouite » indépendante. Altwaïjri A.O. (2007) Tjtihad et modernité Cet état politique est considéré comme facteur ¥ * 1222 Publicàtions de l'Organisation islamique pä‘;‘fäfi Iî_läm majeur dans la diversité de l’architecture au les Sciences et la Culture -ISESCO, Cation, Maghreb. Creswell C.A.K. (1926) The Evolution With Special Reference to E, of the Min, t, Burlington M aî‘_“» Sous la dominance française, cette 48, 134-140, 252-258, 290-298. Btine hétérogénéité prit une ampleur du fait du Creswell K.A.C. (1969) Early Muslim mode et de la durée du colonialisme. Alors Volume I: Umayyads A.D. 622-750, O. Arg hitectur xford Universiël que l'Algérie connut une colonisation de Press. (2eme edition). peuplement et une durée plus longue, Decléty L. (2009) les Pratique et connaiss ance : les chemins deux autres pays passaient sous une forme divergents de l’orientalisme scie ntifique et de Torientalisme de protectorat n’accueillant qu'un artistliâue en France et en Allcma gne »,in Nabila Oulebsir nombre and Mercedes Volait (dir.), L'Orienta lisme architectural limité de colons. entre imagin aires et savoirs, Paris : Picard, p. 89-107. La période coloniale elle- même n'es Demissie F. (2012) Colonial Arch itecture and Urbanism t pas in Africa Farnham, Ashgate. homogène. Elle comprend plusie urs étapes hétéroclites qui ont aussi des. (1910) The Origin and Hist retombées sur the Minaret Journal of the American Oriental ory of l'architecture et Purbanisme, Ell Society, e passe d’un » Vol. 30, No. 2, pp. 132-154 in h ://wwwrjstor.01 mode militaire à un style civil, stable/3087601 Accessed: puis du style 03-08-201 11:37 "UTC. classique qui s’inspire de l’a ntiquité gréco- Grabar O. (1973) The For mat tion of the Islamic Art, Yale romaine au style hybride laissa niversity Pre ss, New Haven and London.. nt la place aux expressions locales, et enfin elle se livre au Hauschild J.C., (1998) style international qui balaye tou considérer l’histoire », A pro« posDi desérentes manières de s les autres en matière de Philosophie de réflexions de Heine courants. C’est la raison pour l’histoire dans les années laquelle le 1830 », Revue germanique internationale, 61-72. présent ouvrage se limite au cas d’A lger. Hillenbrand R, (2004) Tslamic Architecture: Form, En raison de l’abondance des unction, and Meaning Columbia University Press. sources documentaires et la présence des ]ames—_Chakraborty K. œuvres (20 New directions for the his 14) Beyond post-colonialism: témoignant de cette période, Iétude rontiers of Architectura tory of non-western architecture de l Resear l’architecture au Maghreb au XIXème ch 3,1-9. siècle Oulebsir N, (2004) exige une redéfinition des termes clefs aison des Les Usa, es du Patrimoine Paris: La Sciences de T omme. dont l’architecture musulmance, islamique, Said E. (1979) Orient coloniale, précoloniale et l’architecture post , alism New York : Pantheon Books. coloniale tels qu’ils sont utilisés dans cet Stierlin H, (200 2) Islamic Art and Architectu ouvrage. Isfah an to the Taÿ Ma hal Thames & Hudson re: From. » ¢t Bisheh G, (2007) Les peintures » Un bain omeyyade nierine, Beyrou th : lnsti\m”l-‘r.\uç. dans la bâdiya Orient (IFPO), s du Proche * ** 28 CHAPITRE 2 L’'ARCHITECTURE ET L’URBANISME AU MAGHREB Précédents et contexte historique LARCHITECTURE ET LURBANISME AU MAGHREB Précédents et contexte historique Introduction massives provenant du Machrek, par la centralité politique connue sous le nom de Larchitecture musulmane au Califat, et enfin les déplacements libres et Maghreb peut être considérée comme une intensifs entre les populations de ces deux accumulation de sédiments successifs qui grandes régions du territoire de l’Islam. reflètent les di érentes époques de l’histoire Divers échanges culturels ont eu lieu depuis du territoire Nord-Africain (Tableau 1). les premiers temps de l’arrivée de l'Islam, futuhât, jusquaux derniers jours de la Omeyades “Aghlabides Rustumides (661.750), (755 1031) (600 à 509) (776-909) présence ottomane. Fatimides ‘Amoravides ‘Almohades (90931171) (1060-1147) (1147-1269) Hafsides Zirides Mérinides L'un des repères de cet échange est (1229-1574) (972-1148) (1269-1465 ‘Otomans Algérie ‘Abbassides Tdrissides la Mosquée de Kairouan qui a été conçue à (156-1830) (750-1258) (789-985) la manière de la grande Mosquée de Damas et qui est devenue une référence à toutes les Table 1 Les dynasties ayant gouverné le Maghreb Mosquées « d’Ifriqiya » et de l’Andalousie Le point de départ de l’histoire de cette (Creswell KAC. 1989, 315-330)(Figure 1). région, connue sous le nom de « Ifriqiya », Son importance ne relève pas seulement de s’attache à l’arrivée des premières générations son attachement à la fondation de la première de musulmans lors des « Futuhates », dont la ville musulmane en Afrique qui a maintenu plupart sont issues de l’Arabie, mais aussi des son rôle de capitale régionale pendant la nouveaux territoires de l’Islam, notamment gouvernance des Aghlabides du Nord mais Al-Sham (la Syrie, Le Liban, La Palestine et aussi de son statut spirituel et scientifique la Jordanie), lIraq et Misr (l’Egypte). avant son découronnement par Mahdia, siège des Fatimides, et sa dévastation par les Plusieurs éléments d’architecture ont troupes de Banu hiläl (Despois J. 1930, 166- été véhiculés par les migrations populaires 170)(Brunschvig, R. 1940). 31 > = E Figure 1: La typologie de la Mosquée du Kairouan en tant que référence aux mosquées du Maghreb et d'Andalousie. Source: Creative Commons, CC BY-SA 2.0 Successions de dynasties et de styles Maghreb, mais aussi au nouveau territoire islamisé dans la péninsule ibérique. Plusieurs Seul un survol de l’histoire générale édifices de l’Andalousie portent en e et depuis larrivée de IIslam nous permet les traces de l’architecture Omeyade sous de retracer les grandes périodes qui ont l’influence politique de la nouvelle dynastie marqué l’architecture musulmane au Grand du même nom et de la migration populaire Maghreb. La première période, celle des des tribus alliées aux omeyades provenant de Omeyyades qui a duré plus d’un siècle, a Damas. connu la création de la ville de Kairouan et sa Mosquée. Lenvoi des soldats depuis la Malgré que les Abbassides prennent capitale Damas, ancienne ville romaine, vers la place pour une période plus longue (750 les nouveaux territoires conquis y compris la à 1258), leur rayonnement architectural Maghreb aurait conduit à la prolifération de au Maghreb est beaucoup moins que leurs son architecture et modes de construction, et prédécesseurs. Leur présence dans cette à considérer cette ville du fait de sa centralité région n’esten e et que symbolique et de politique comme modèle de ressourcement. courte durée (Gabrieli F. 1970). D’une part, Cette influence, sétendit non seulement au les Aghlabides (800 -909) qui représentent 32 le califat central ne tardent pas à proclamer et des typologies d’architecture d'origine leur autonomie et souveraineté dans la région maghrébine vers l’Orient. Est du Maghreb (la Tunisie). D’autres parts, les Rustumides qui se révoltent contre le À partir du IXème siècle, le Maghreb pouvoir de Baghdad, trouvent au Maghreb connutune union relative sous les Almoravides un territoire libre de tout control, ce qui leur (1042-1147) puis les Almohades (1130- permit d’installer leur propre dynastie Ibadite 1269). Fortement influencées par les origines (776-909) en fondant leur capitale, Tihert des deux dynasties, le désert africain, et leurs (Tiaret). La résurrection des Omeyades en tendances théologiques vers la pureté de la foi, Andalousie constitue un autre aspect de l’unité de la Nation musulmane et le jihad, contestation du pouvoir Abbasside au Grand l’architecture des Almoravides puis celle Maghreb. Conjugués avec l'éloignement des Almohades se caractérisent dans leurs géographique, ces facteurs expliquent donc débuts par leur simplicité frappante et leur la faible influence de la nouvelle capitale rigidité géométrique. Cependant, la présence Baghdad, la ville des mille et une nuits, des précédents typologiques et stylistiques fortement imprégnée dans l’architecture hérités des autres dynasties, notamment de Sassanide, sur le Maghreb. l’Andalousie empêche toute possibilité de simplification d’approche historiographique La dynastie des Fatimides fondée sur et d’histoire critique de la contribution de ces le rite Shiite Ismaélite est un autre sédiment deux dynasties dans l’architecture au Maghreb culturel et précédent en architecture au eten Andalousie (Perez M.C.1992). Maghreb. Leur rite Ismaélite, rival du sunnisme, et leur provenance de l’Arabie et Le Grand Maghreb sest encore leur installation au Maghreb puis en Egypte subdivisé en trois petits royaumes qui ont représentent un autre parcours historique de vécu des périodes de rivalité et d’instabilité l’architecture et de l’art de bâtir dans cette (Brunschvig, R. 1940). Trois grandes dynasties région. En créant d’abord Mehdia comme qui reflètent plus ou moins les Etats actuels lieu de refuge, Dar al Hijra, (Allaoua A. du Grand Maghreb surgissent. Il s’agit des 2016) sur la côte Est de la Tunisie, puis en Hafsides (1228-1574) ou l’actuelle Tunisie, déplaçant leur pouvoir au Caire, capitale rivale des Zianides (1235 à 1556) ou l’Algérie (de à Baghdad, à l’aide des tribus arabo-berbères, Tlemcen à Bejaia) et des Mérinides 1196-1549 l'étude des précédents en architecture et des dans le Maroc actuel (Figures 2, 3 et 4). Leurs styles s'enrichit davantage. En contrepartie à architectures se voient très entremélées du fait du la tendance de détachement et d’autonomie cumul des précédents qui sétendent sur les sept de I'Occident musulman de l’Orient et du siècles de la présence de l’Islam et de l’oscillation Califat central, une _ influence réciproque des bordures administratives et socioculturelles aurait permis le déplacement des éléments entre ces Etats. Et si l’architecture majeure des palais et monuments se voyait alimentée par 33 les concurrences ct rivalités politiques d’oùsa typologiqueet \11?5 e‘l’;)lum)fl Ëlouce dans le ance dans es , ce qui expd qllle reîsex_n entre diversité, l’architecture mineure et domestique —… temps tissus urbains et de la typol ogie les villes des mui;ous ordinaires et la vie quotidienne du Maghreb. aurait sans doute connu une homogénéité Figures 2 (a et b) : Architecture Hafside-Tunis, Mederssa Bachia, Tunis et minaret dans la Casbah de Tunis. Sources: (a) Zaher Kemmoun, (b) Inconnue. — N> mosquée ” Figures 3 (a et b): Architecture Mérinid la Médersa Bou «'InâniaR», Fez, Vue interne inte: et pla!jan. Sources: (a) Bjorn Christian Torrissen (2011). (b) Inconntié 34 Figures 4 (a et b): Architecture Zianide: la mosquée, Jamâa Al- K'bir, d'Alger et son minaret. Sources: Ludovic Courtès (2008). Ces agitations politiques, conflits existantes, de transfert de technologie de et concurrences ne veulent guére construction, de métiers et de styles. Clest exprimer un cantonnement régional et des donc l'étape de l’avènement de l’architecture autarcies culturelles de ces dynasties. Des mauresque au Maghreb (Figure 5). échanges commerciaux et intellectuels, des déplacements populaires, grâce au Hajj et En fait, la côte de l’Afrique du Nord connut à l’absence de contraintes géographiques une migration massive de la population majeures, auraient conduit à des influences andalouse, son passage vers toutes les villes collatérales entre dynasties et entre le de l’intérieur telles que Médéa, et surtout son Moyen Orient et le Maghreb en matière installation dans les villes côtières atlantiques d’architecture et d’édification de villes. et méditerranéennes telles que Agadir, Rabat, M'Lila, Nador, Oran, Tlemcen, Mostaganem, La présence andalouse-mauresque Ténès, Cherchell, Koléa, Blida, Bejaia ct Tunis (Epalza M. 1983, Ben-Hamouche M. La chute de l’Andalousie musulmane 1995). est un évènement majeur dans l’histoire urbaine de l’occident musulman et dans la Toujours dans le domaine de région du Grand Maghreb (Vincent B. 1970, l’urbanisme, une conséquence directe de Ben-Hamouche M. 1995). Ses répercutions la présence des émigrés andalous dans le profondes sur le développement du Grand territoire Nord-Africain est la naissance de Maghreb se voit à travers la naissance de nouvelles villes telles que Blida et Koléa, la nouvelles villes et lextension des villes croissance des villes existantes telles que Alger 35 dnspa;ulels l'appellation mauresque provi.ent du E et Tunis,et la résurrection de villes el. Moros en grec et Mauri en latin qui dési l (.:herc telles que « Cesarea », ou Pactue à Pépoque romaine, les Berbères & l’ re et la Le site stratégique de cette derniè Maurétanie de cette époque qui s'étendait uction disponibilité de matériaux de constr une partie du Marocet de l’Algérie (Lambert agé et d’infrastructure, ont sans doute encour E. 1948, 349-350). Elle fut ensuite déformée les émigrés andalous à s’y installer (Ben- Hamouche M. 2004). en morisque pour désigner les musulman, chassés d’Espagne ou ceux convertis de force Il est important à ce niveau de signaler en chrétiens. Quant au terme andalou, j| la di érence lexique entre les deux termes signifie le style d'origine andalouse. En andalous et mauresque qui sont souvent général, les deux termes en architecture sont utilisés en — architecture d’une — manière souvent confondus et prêtent à confusion, intermittente. Selon l’étymologie latine, Figure 5 (a,b,c et d)): Quelques caractéristiques de l’architecture Mauresque : la présence du patio entouré de la galerie ombragée, les piliers en spirale avec chapiteaux ornementés, la tuile verte ou rouge couvrant le toit, les corniches et les linteaux de fenêtres, l ornementation et la décoration géométrique et le minaret à base carrée. (a) et (b) l' Alhambra, (c) Sidi-Abdallah, Casbah, (d) Intérieur d’une maison dans la Casbah. Sources: (a et b) Anonymes, (c) Carte postale, (d) Bibliothèque Nationale d'Alger. 36 La présence ottomane D'’après Devoulx A. (1870), lors de la prise Après la chute de l’Andalousie, les d’Alger, les soldats français ont constaté Espagnoles ont pourchassé les émigrés quun grand nombre d’habitants dans la andalous sur toute la côte méditerranéenne Casbah gardaient toujours les clefs de leurs de peur qu’une nouvelle conquête de la maisons en Andalousie. péninsule ibérique ne soit organisée. Come Développement urbain et gestion ottomane guerre préventive ; des villes côtières telles que Sebta, M’Lila, Oran, Jijel, Bejaia, Collo Les Ottomans arrivent en nouveaux et Tunis sont colonisées par la flotte espagnole gouverneurs en réponse aux menaces des en précaution contre le retour des Maures vers Espagnoles mais aussi pour l’aide des refugiés l’Espagne. Des points de contrôle militaires, andalous étant poussés par des motivations tel que le pignon d’Alger, parsemaient les religieuses (Tamimi A. 1976). Ce double rivages. Leur approvisionnement était assuré facteur a donc conduit à une croissance par la flotte espagnole et par le biais des urbaine sans précédent dans toute la région redevances imposées aux populations locales du Maghreb. de ces villes. C’est ainsi que les résidents des Dans le cas d’Alger, de grands villes musulmanes firent appel aux Ottomans projets sont immédiatement entamés en pour faire face à la domination Espagnole. vue de l’amélioration de la défense contre En dépit de quelques les Espagnols et la sécurité des villes écrits contemporains … considérant la présence côtières, ainsi que les conditions de vie des Ottomane en Algérie comme colonisation, communautés locales et des réfugiés. En plus l’histoire de la ville sous la domination des équipements d’accompagnement tels que des Espagnoles qui dura de 1510 à 1529 fournit les mosquées, les hammams et les Medersas, les batteries, et les casernes, des enceintes ont des archives décrivant des correspondances adressées par la population locale et les été développées sous l’assistance de la nouvelle administration ottomane. Aussi, des services Andalous, au Sultan ottoman Soliman I. d’utilité publique tels que leau potable, la Une pétition envoyée par les notables de circulation, les égouts et l’assainissement la ville demandant la protection contre les ont été développés grâce au génie Andalous Espagnoles et le rattachement de la Régence (Ben-Hamouche M. 2009)(Figure 6). à 'Empire ottoman (Annexe 1). L'Implantation massive des A Féchelle du territoire et en réponse aux circonstances historiques de cette époque, communautés andalouses le long de la côte beaucoup de villes algériennes et maghrébines méditerranéenne, peut être donc expliquée doivent leur naissance et/ou développement par lespoir du retour vers la péninsule perdue. aux e orts des Ottomans pour accueillir les 37 ——æ masses des émigrés Andalous. Blida et Koléa l’implantation de ces nouvelles communauté, constituent ensemble l'exemple de la politique dans la Régence d’Alger (Figure 7). ottomane en aménagement du territoire et Figure 6 (a et b) : Etapes de croissance de la ville d'Alger 1516-1830 et état de la ville vers 1830 avant I'intervention française. Sources: (a) Ben-Hamouche M. (2009) p.216. (B) BN Paris (autorisation gracieuse 4008)-Projetde revalorisation de la Casbah d’Alger, Atelier Casbah, 1981. St ‘ Figures 7 (a et b) Plan de Koléa et vue aérien= ne de Blida.Sources: (@ httpswww.Xgille-‘:;' (b) Archives de la Wilaya de Blida, 1970 CHERCHELL ° CT F Apairaéèree 1 PL Romaine qN 23 RPorteCaesarte d'Alger 18 = Juba R ducara | N A3 Quas Ténès porte dude Nord 12 1 Waîlte A — Cavalgaar 40 2 Prolemte 22 “ Uoutonant sudel Bagoaut1P1 2 5 Quaide 1a Douane — 14 — SiataU 23 Av. des Jardins Gl P T3 MSN 3R dcs Thormes _ bomaced 18 mont ol 55 Porie d pitena |Ï 1 16R Paseur 25 Bout. Sud vale Pj S \ - e Figures (a,b et c) plans de Cherchell 1962-1830 et vue aérienne avant l’indép endance, Sources: (a) http://profburp.free.fr/carte/plans/FrameSet.htm (Avec baimable autorisation de Bertrand B). (b) encyclopedie-afn.org. (c) Alger-roi.fr 39 Cherchell est un autre e}fen}pl.c Urbanisme ez‘Ame‘nagemen ‘) d’aménagement urbain. La v?lle qui était. u entièrement ensevelie, revoit le jour à l’arrivée , La question andalouse A €rriy. O des Andalous, d’abord avant l’arrivée des l’échelle urbaine en touchant 4P* de W Nord-Africai = Ottomans, puis sous leur gouvernance. _La ord- ricaine,etmêmel Iltt()Utel e mon de gy 0y disponibilité des matériaux de construction Une étude sur le mode d'im Îm“…‘nm ainsi que les conditions géographiques communautés andalouses no p Antation dire qu’il s’agit d’un ¢ chéma ; S pe de favorables pour la création de son port ont d’amg î‘?:lîleîc conduit à la reconstruction graduelle de cette pour l’accueil des réfugi ése t ville (Figure 8). longue période de leur “agéäiïät tloute k 1611 (Ben-Hamouche M. 2009) e U « Quant aux villes existantes telles que Bejaia, Alger, Oran et Tlemcen, elles La plaine de itidi connurent un essor urbain sans précédent fertilité dzîm la régigll\l/f;;lr((iija;fc?m.m Parg en passant de simples villages, ou petites villes o û donc joué un grand rôle dans caine ~alri , Paccue d aurait portuaires, à de grandes villes et capitales. Afin réfugiés Morisques. Se trouvant près de «D: de faire face à l’urbanisation accélérée, elles Es- Soltane » ou Al-Jazair la nouvelle capital virent l’inauguration de plusieurs équipements régionale du Maghreb Al Awsat, appell publics et infrastructures militaires dans ation donnée à la région d’Alger au Moyen-âge, un souci de défense contre la menace de cette plaine a connu un peupleme nt continu Croisades. En plus de l’approvisionnement qui a donné naissance à plusieurs villes en eau et le terrassement de rues, et des villages. aménagements urbains sont opérés pour de futures extensions en déplaçant leurs murs En analysant la structure sociale des dlenceinte à leurs limites extrêmes. Ce émigrés andalous et leur mode d'implantation, fut le cas d’Alger sous la gouvernance de nous pouvons déduire qu’un glissement entier Arab de villes andalouses sest fait vers la région Ahmed Pacha (1572-1574) (Ben-Hamo uche M. 2009). Nord-Africaine (Figure 9). En E”ËÏ E n E p Figure 9: Répartition de la population Andalouse sur les villes du Maghreb. Source: Auteur, en utilisant ARC-GIS 10.1. I 40 leur homogénéité sociale, les communautés caractérisent désormais par la multitude des andalouses se déplacent en groupe et minarets, souvent en nombre pair (deux, s'implantent dans des villes et villages du quatre et six minarets). En plus de l'exigence Grand Maghreb (Ben-Hamouche M. 2009). esthétique, la multitude des minarets parait Ce phénomène social constitue donc le être le résultat de la taille des mosquées et la soubassement de l’architecture andalouse dans nécessité de duplication de l’Appel à la prière, le Maghreb et ses variétés qui dépendent du adhân, afin de communiquer l’Appel aux lieu de provenance de ces réfugiés, un thème quatre horizons de la ville et aux quartiers encore vierge qui mérite d’être approfondi. lointains. L'architecture ottomane En raison de leur typologie grandiose, ces mosquées se détachent entièrement de leur Larchitecture ottomane est devenue contexte en s'imposant aux constructions qui juste après le rattachement de la région un les entourent et à la silhouette de la ville. Leurs nouvel ingrédient qui caractérise l’architecture façades libres exposées aux vues des quatre des villes du Maghreb depuis le XVI cotés et leurs emplacements stratégiques leur siècle, notamment en Algérie. À son tour, permettent d'être perceptibles de toute part l’architecture ottomane qui n’avait à l'époque dans la ville. que plus d’un demi-siècle (1450-1530) était dès le début fortement marquée par les Clest ce même système qui se reproduit racines byzantines. Clest de cette façon qu'on à travers les marchés couverts dontla Qissaryia peut comprendre le langage architectural et d’Alger marché couvert, est un exemple qui le système constructif qui rappelle clairement reflète manifestement le modèle du Bazar à l’image d’Istanbul avec ses coupoles et ses Istanbul et aux autres villes de l’Empire. minces minarets (Figure 10). À Torigine, Alger est une ville berbère A titre dexemple, une nouvelle depuis les temps des Zirides. D’après Ibn typologie de mosquées consiste à couvrir la Khaldoun, Ziri Bnu Mennad, après son salle de prière avec une grande coupole et de détachement des Fatimides, demanda à son libérer ainsi Iespace de prière de la multitude fils Bologhîne vers 'année 960 de l'ériger de poteaux que connaissaient les mosquées du simultanément avec les deux autres villes de la Maghreb. Clest grâce à ce système de voûtes, région-centre, Médéa et Miliana afin d’établir de coupoles et d’arcs découlant de la pierre leur souveraineté au Maghreb (Devoulx A. que ces grandes portées ont été réalisées. Se 1870, 29). Cependant, la description des distinguant du minaret à base carrée qui fut voyageurs nous informe qu’avant l’arrivée des introduit par les Omeyades, les Ottomans ont Ottomans, Alger nétait qu’un petit village introduit le minaret circulaire. En reprenant qui s’accrochaità la colline de J’bila. Aucune la symétrie d’Aya Sofia, les mosquées se source ne décrit à cette époque la structure 41 —:’—. do s, o S | BN S OE Î Figures 10 (a,b,c et d) :L'architecture de la Casbah et les affluents ottomans. Une rue voûtée dans la basse Casbah, façade et plan de la mosquée Yani, plan de la mosquée Ali Bitchine, Alger. Sources: (b) Romuald Le Peru 2012. de sa population ni sa taille. Ce n'est qu’après plupart fit des o ciers et des soldats. la grande migration des Andalous qu'elle se peupla. Si les origines nous renvoient aux Clest dans ce contexte géopolitique €t Berbères et à une population majoritairement social que l'on peut appréhender la raison de mauresque,la gestion reste le fait des nouveaux la coexistence des styles mauresque, ottoman, maitres. Ses hauts responsables, notamment et local. L’histoire urbaine de la région et de la les Pachas, les Muftis et les Qadis étaient ville avant l’arrivée des Ottomans nous apprent directement nommés par la Sublime Porte. aussi que la ville comprenait des résidus des Cependant, la population d’origine turque autres couches telles que les Almohades, les ne comptait qu’un faible pourcentage dont la Almoravides, les Zianides et les Zirides: 42 Cet état de fait ne veut guère dire que la Casbah nous permet de constater cette chaque style correspond à un endroit précis variété architecturale Ben-Hamouche M. dans la ville. Des bâtiments et même des 2008)(Figure 11). rues supportent plusieurs styles à la fois, en raison de cumul, de combinaison et de fusion entre ces di érentes influences. Des constructions de type Ottoman telles Conclusion que les casernes côtoyaient des habitations Les précédents en architecture de style andalous et des Mosquées Hanafites musulmane au Maghreb sont marqués par avaient même des minarets à base carrée une … succession de plusieurs dynasties et qui exprimaient le style local dont lorigine sont de ce fait di cilement distingués. Le est omeyyade. Cest le cas de la Mosquée Ali point de départ de l’histoire urbaine s’attache Bitchine, couverte par une grande coupole de à l’arrivée des premières générations de style ottoman et dotée d’un minaret carré. musulmans lors des futuhât et l’établissement Une analyse iconographique des images de de la ville de Kairouan, mais surtout à la Figures 11 (a,b,c et d): Mosquée Mezzo-Morto à Béb-Azzoun, bâtiment la Pêcherie, La Casbah vue du port, en bas : et Mosquée | Sidi Ramdane. La diversité | des styles architecturaux dans la Casbah. f Sources: (a) inconnue (b) B.N. d»Alger, (c) Musee National des Beaux-Arts, Alger (d) Lamine B. (2011). 43 période omeyade qui a fortement marqué Références Parchitecture religieuse de la région. Allaoua A, ( 2016) Les Fatimides et le Maghi La centralité politique du Califat d’une : littoralisation de la dynastie et modes de co part et les rivalités entre dynasties d’autre territoires , Revue des mondes musulmans Méditerranée, 139. Consulté le 25 septembre 2 part expliquent paradoxalement la présence, http://remmm.revues.org/9460. la migration et lévolution des éléments Atelier Casbah (1981) Projet de Revalorisati architectoniques et des typologies. Cependant, Casbah d’Alger , Alger: Ministère de l’Urbani: le Hajj, les échanges culturels et commerciaux, I>habitat. la circulation libre des personnes dans le Ben-Hamouche M. (2004) From Kufa vaste territoire de l’Islam en l’absence de Modelling Muslim New Towns Experience. toute contrainte géographique majeure et de King Saud University 17, Arch. & Plannin bordures administratives, auraient sans doute Ben-Hamouche M. (1995) De Grenade à A contribué dans l'évolution de l’architecture politique urbaine ottomane face au problème musulmane. Arab Historical Review for Ottoman Studies 48. Du fait de leur rapprochement à notre Ben-Hamouche M. (2008) Massajid Madinat époque, les styles mauresque et ottoman fi'l aahd al outhmani Alger: Dar El Oumma. semblent être les plus marquants de la région. Ben-Hamouche M. (2009) Dar Es-Sultân : L En fait, l’arrivée en masse de réfugiés andalous Lépoque Ottomane Gestion urbaine et aména et leur établissement dans la région constituent territoire Alger : Dar El-Bassair le soubassement socioculturel de la présence du Brunschvig, R. (1940) La Berbérie oriental premier style dans les villes surtout côtières. Le Hafsides des origines à la fin du XV siècle. Pa Maisonneuve. rattachement du Maghreb Central à l'Empire ottoman en réponse aux appels de secours Creswell KAC (1989) À short Account of Ea; Architecture, Cairo : American University. contre les Espagnoles constitue l'origine de la présence du deuxième style qui marqua surtout Despois J. (1930) kairouan: origine et évolu ancienne capitale musulmane Annales de Géos les édifices de grande envergure. Année, No. 218, pp. 159-177 Larchitecture musulmane du XIXème Devoulx A. (mort en 1876) El Djazair His siècle au Maghreb doit donc être perçue cité d’Icosium à Alger Belkadi.B. et Benhar (editeurs) (2003) Alger : ENAG. comme cumul, interaction, transformation et évolution de tous les précédents constituant Epalza M. (1980) Les Ottomans et l’insertion : des Andalous Expulsés d’Espagne Au XVII lhistoire de la région. Souvent, un même Revue d’Histoire Maghrébine No 31-32, PP bâtiment pourrait comprendre des éléments Gabrieli F. (1970) Omayyades d’Espagne de plusieurs origines. La ville d’Alger, présente Studia Islamica, No. 31, pp- 93-100 e par excellence Iinteraction des deux styles ; Ibn Khaldoun À. (1406) Al Ibar wa diwan andalous et ottoman. 44

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