Styles architecturaux: Une Revue des Épоques (PDF)
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Ce document présente une revue de différents styles architecturaux, de l'époque Romane au Postmodernisme. Il explique les caractéristiques de chaque style, leurs évolutions et fournit des exemples de bâtiments célèbres.
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Les styles architecturaux Le style architectural d’un bâtiment se définit par son aspect, qui s’est construit en référence à des concepts et des styles architecturaux correspondant, la plupart du temps, à une époque précise, théorisée après son apparition. Ce sont donc toutes les caractéristiques qu...
Les styles architecturaux Le style architectural d’un bâtiment se définit par son aspect, qui s’est construit en référence à des concepts et des styles architecturaux correspondant, la plupart du temps, à une époque précise, théorisée après son apparition. Ce sont donc toutes les caractéristiques qui rendent une construction identifiable (forme, méthode d’édification, matériaux utilisés, caractère régional). Les divers styles architecturaux émergent de l’histoire d’une société ; ils peuvent coexister et s’inspirer les uns des autres. Ils prennent leur source d’inspiration dans les édifices de l’époque romaine ou dans la nature, à la rencontre des formes qu’elle peut donner, notamment celles des végétaux. Un style change, au fil du temps, en s’adaptant à de nouvelles idées, aux pays et aux cultures qu’il rencontre. Par exemple, de nombreux styles architecturaux se sont exportés par la colonisation, avec des reprises et des réinterprétations. L’architecture romane : Xe-XIIIe siècle L’architecture romane est le premier style qui apparaît au Moyen Âge. Il s’est exprimé principalement sur les édifices religieux. Sur les bâtiments, cela se traduit par l’utilisation de trois formes de voûtes. La voûte en plein cintre (ou en berceau) ressemble à un demi-cylindre et couvre les nefs. Ainsi, cela donne une plus grande hauteur aux églises. On trouve également la voûte en berceau brisé, deux demi-voûtes en arc de cercle qui se rejoignent au sommet. Enfin, il y a la voûte d’arête, deux voûtes en plein cintre se croisent perpendiculairement et s’utilisent sur les bas-côtés et non sur la nef. Exemples : Cathédrale de Worms (Allemagne). Abbaye de Cluny (France). Cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle (France). Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 1 Cathédrale de Worms Intérieur de la cathédrale de Worms Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 2 Intérieur de la cathédrale de Worms L’architecture gothique : mi-XIIe/mi-XVIe siècle L’architecture gothique se développe en France, puis en Europe, entre le XIIe et le XVIe siècle. Elle s’exprime une nouvelle fois sur les édifices religieux (les églises, mais surtout les cathédrales, qui en sont le véritable symbole). Chaque ville veut sa cathédrale, reflet de la puissance théologique, économique et politique. Le mot « gothique » apparaît à la Renaissance pour désigner un style considéré comme barbare (« gothique » signifie en latin « relatif aux Goths », un peuple barbare germanique). L’architecture gothique déploie de nouvelles techniques, comme les arcs brisés, ce qui permet aux édifices d’être plus hauts tout en construisant des murs plus étroits. Cela impacte également les fenêtres, qui s’agrandissent, faisant entrer plus de lumière. On retrouve aussi des voûtes d’ogives, partant de quatre angles se rejoignant au centre. L’écart entre les piliers offre un allongement des arcs brisés et donc un agrandissement de la hauteur des voûtes. Cette configuration donne des bâtiments impressionnants. Cathédrale de Chartres Cathédrale de Chartres La façade de la cathédrale de Chartres est reconnaissable avec ses deux tours, sa rosace et ses trois portails sculptés au-dessus des portes d’entrée. La rosace est typique du style gothique. Grâce à ses croisées d’ogives, le poids de l’édifice est mieux réparti et la structure prend de la hauteur. La solidité de l’ensemble repose désormais sur l’ossature des piliers et des arcs et non plus sur les murs. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 3 murs. Ces changements techniques entraînent des modifications esthétiques : la nouvelle répartition du poids rend possible la création de grands vitraux. Les édifices gothiques sont ainsi baignés de lumière, comme on peut le voir avec l’intérieur de la Sainte-Chapelle, à Paris. Intérieur de la Sainte-Chapelle, Paris L’architecture de la Renaissance : 1453-1517 L’architecture de la Renaissance est un mouvement architectural qui naît en Italie, en réaction à l’architecture gothique, que les artistes considèrent comme surchargée. Elle s’étendra en France assez rapidement pour atteindre finalement toute l’Europe, sans pour autant évincer l’architecture gothique. La Renaissance se caractérise par un désir de diffuser une nouvelle culture inspirée de l’Antiquité grecque et romaine. Cette époque est, pour beaucoup, l’apogée de tous les arts. Néanmoins, il ne s’agit pas de l’imiter, mais de s’en inspirer pour l’égaler. Les canons grecs des proportions, la symétrie, la régularité et l’harmonie sont remis en avant. Les architectes vont alors à Rome pour étudier les vestiges antiques et mettent de côté la technique et la prouesse au profit de l’esthétique et de la beauté. La basilique Saint-Pierre de Rome en est un exemple. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 4 Basilique Saint-Pierre Très prisée à la Renaissance, la coupole (tout comme le dôme) de la basilique Saint-Pierre de Rome illustre parfaitement le soin apporté aux éléments décoratifs et le goût pour la complexité technique. L’Italie est au cœur du mouvement, mais ce style n’est pas pour autant circonscrit à la péninsule. En France, le mouvement arrive avec François Ier, qui a découvert cet art grâce aux nombreuses batailles entre la France et l’Italie. Il fait alors venir de nombreux architectes italiens, dont le plus connu est Léonard de Vinci. Ceux-ci vont bâtir pour lui plusieurs châteaux en adaptant l’architecture de la Renaissance italienne aux conditions climatiques particulières du pays. On ajoute, par exemple, des toitures, car il pleut beaucoup plus. Le château de Chambord en est un exemple. Château de Chambord L’architecture classique : fin XVIIe-début XVIIIe siècle L’architecture classique s’inscrit dans la continuité des idées de la Renaissance : on recherche l’équilibre, la clarté, le naturel et surtout l’ordre. C’est également au XVIIe siècle qu’apparaissent au cœur des villes les grandes places et les jardins à la française. Il y a un fort désir d’organiser l’espace de façon rationnelle. L’architecture classique est au service du pouvoir politique. Elle s’adresse à la raison plus qu’à l’émotion, même si elle se caractérise par une recherche du grandiose, du brillant et de l’ostentatoire. Les édifices se veulent simples, mais impressionnants. Le château de Versailles est un modèle de ce que l’on nomme « le grand style » (1670-1685). Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 5 Château de Versailles Après 1685, le « style sévère » s’installe. Le décor se fait plus léger et discret, les façades sont sobres et dépouillées. Le Grand Trianon, à Versailles, est un bel exemple du genre. Le style rococo : 1700-1750 Le style rococo n’existe que sous forme de décoration, d’ornementation, mais n’affecte en rien le dispositif architectural classique. Le mot « rococo » désigne un style figurant les rocailles et les concrétions calcaires. Les intérieurs empruntent des éléments décoratifs évoquant des parois de grotte. Le style rococo entre également dans quelques édifices religieux, comme on peut le voir avec l’abbaye bénédictine d’Ottobeuren (Allemagne). Abbaye bénédictine d’Ottobeuren L’architecture néo-classique : 1750-1830 Ce style est en plein essor après la Révolution et pendant l’Empire. La simplicité est revendiquée et s’oppose au côté exubérant du rococo. Symétrie, régularité des formes et modules répétitifs sont caractéristiques de ce style à l’ordonnance uniforme. Les architectes de l’époque se voient confier de nombreuses commandes publiques (ministères, musées, etc.). L’entrée des édifices adopte le modèle antique du portique à entablement droit, comme on peut le voir avec le Panthéon ou la Comédie-Française. Napoléon poursuit à Paris le modèle des empereurs romains en faisant élever des colonnes et des monuments à la gloire des victoires guerrières. On peut en voir des exemples avec la colonne de la Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 6 monuments à la gloire des victoires guerrières. On peut en voir des exemples avec la colonne de la place Vendôme ou encore l’Arc de Triomphe, en mémoire de la bataille d’Austerlitz. Arc de Triomphe L’architecture industrielle fin XIXe-début XXe siècle Avec l’ère industrielle, le monde occidental voit fleurir une nouvelle architecture. Le fer, notamment, permet la construction de nouveaux types de bâtiments. En 1871, la ville de Chicago est ravagée par un incendie. La conjonction de cet événement et de la révolution industrielle va faire naître le mouvement architectural de l’école de Chicago, qui utilise les nouveaux matériaux, tels que le fer et l’acier, pour ériger des buildings plus solides et plus imposants. L’architecture industrielle, issue de ce premier mouvement, se répand dans tout le monde occidental, mais plus particulièrement aux États-Unis, où la population urbaine connaît une forte augmentation. Le caractère fonctionnel des bâtiments l’emporte sur leur ornementation. Le gratte- ciel deviendra le véritable symbole du XXe siècle. En France aussi ces nouveaux matériaux sont de plus en plus utilisés. La tour Eiffel, initialement construite pour l’Exposition universelle de 1889, est une structure emblématique de l’époque. Tour Eiffel L’Art nouveau Cet art est totalement décoratif. L’œuvre unique est toujours recherchée. L’ornementation et la structure ne sont pas distinctes. Habiter devient une expérience artistique Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 7 L’ornementation et la structure ne sont pas distinctes. Habiter devient une expérience artistique quotidienne. Hector Guimard décore des entrées de bouches de métro parisiennes. Station de métro Abbesses, à Paris L’architecture moderne et contemporaine La construction en béton, rapide et moins coûteuse, va permettre aux villes de se développer. a) Le style classique moderne et la tendance Art déco Cet art est une réaction aux volutes et aux formes organiques de l’Art nouveau. Il constitue un retour à une certaine rigueur, qui se traduit par des formes géométriques. Il y a beaucoup de surfaces rectangulaires en béton et de décors de fresques sculptés en méplat. Les ornementations sont présentes, mais n’apparaissent pas exubérantes. Art déco dans le bâtiment Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 8 Théâtre des Champs-Élysées Exemple : la façade du théâtre des Champs-Élysées, à Paris. b) Le Bauhaus (1919-1933) Cette école veut abattre les cloisons qui séparent l’art de l’artisanat. Fonctionnalisme et simplicité des lignes sont donc de rigueur. L’idée des fondateurs du mouvement, Walter Gropius en tête, est de créer des logements beaux et fonctionnels, accessibles à tous. c) Le style international Dans la lignée du Bauhaus, apparaît, après les nombreuses destructions de la Seconde Guerre mondiale, une architecture fonctionnelle. Le but est de reconstruire rapidement, et à un coût réduit, des logements et des bâtiments industriels pour faire redémarrer l’économie. On utilise beaucoup le béton, les murs sont lisses et les fenêtres alignées. La Cité radieuse de Le Corbusier, à Marseille, l’un des emblèmes de ce courant architectural, signe l’apparition des grands ensembles de bâtiments d’habitation. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 9 Cité radieuse, à Marseille d) Le postmodernisme Dans cette tendance, on développe une sensibilité esthétique où l’homme et la nature sont étroitement liés. Les matériaux et les techniques high-tech sont associés à une mise en valeur de la nature environnante. C’est une rupture avec l’architecture fonctionnelle. Le musée du quai Branly, de Jean Nouvel, en est un bel exemple. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 10 Jean Nouvel, musée du quai Branly, façade « push and pull », 2006, Paris (France) From Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 11 Monday, August 7, 2023 7:55 PM L'évolution des styles d'habitat Définition « L'habitat : ensemble des conditions d'organisation et de peuplement par l'homme du milieu où il vit. Ensemble des conditions de logement, d'habitation. » Source : CNRTL L'habitat est le reflet de notre mode de vie, il est intimement lié au fonctionnement des populations, de la famille et de ses activités. À travers les âges, il a subi des changements suivant l'évolution de l'homme et de la société. La manière de construire les maisons évolue au fils des siècles : de l'Antiquité au Moyen Âge, de la Renaissance au 19e siècle et jusqu'à nos jours, les matériaux ont été d'une grande diversité, tout comme les manières d'habiter. Nos ancêtres les plus éloignés vivaient regroupés dans un même lieu, les membres d'une même famille vivaient à plusieurs générations dans une seule habitation. De nos jours, nous vivons en plus petit nombre – les parents et les enfants –, nos habitations sont plus petites et aménagées par rapport aux activités dans la maison. Notre manière d'habiter a évolué, nos villes et nos campagnes ont changé. Ces évolutions et modifications au niveau urbain ou rural se sont faites selon divers facteurs : socioculturels, socio-économiques, géographiques et climatiques. L'homme a su adapter son habitat au cours des siècles. Il s'est approprié un espace pour en faire son « chez soi ». On note également que chaque culture, chaque pays a développé un habitat qui lui est propre sur le plan structurel et esthétique, et ce, selon ses ressources naturelles, situations géographiques et contraintes climatiques. Habitat et peuples nomades À l'époque de la Préhistoire, l'homme est nomade. Ses déplacements sont guidés par le rythme des saisons et la migration animale afin de subvenir à ses besoins vitaux : se nourrir, se protéger du froid/du chaud, et des animaux sauvages. L'homme trouve des abris naturels tels que les cavernes, et commence également à fabriquer des huttes, en branchages et peaux. Le feu est le centre de regroupement du clan. Hutte en branchages et peaux Au cours des siècles, l'habitat nomade évolue, du simple abri de branchages en structure plus élaborée recouverte de peaux cousues puis de toile, de feutre, comme les yourtes mongoles ou les tentes amérindiennes. Certaines populations ont par ailleurs conservé un habitat de type nomade en se sédentarisant. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 12 Yourte mongole Tentes améridiennes Ce n'est que lorsqu'il commence l'élevage et l'agriculture que l'homme se sédentarise. Avec l'apparition des outils, l'habitat s'améliore. Habitat et peuples sédentaires L'homme se sédentarise grâce à l'élevage et à l'agriculture. Il s'approprie un espace qu'il fait sien et sur lequel il construit une « maison » pour y vivre avec sa famille. Dès les premières civilisations, en Mésopotamie notamment, on commence à construire son habitat. De nouveaux matériaux sont alors élaborés : l'argile mélangée à de la paille donne le torchis ; la paille est également utilisée pour fabriquer des briques séchées au soleil. Naîtront ainsi des villages, puis des villes avec leurs quartiers : zones artisanales, résidentielles et culturelles. Ces constructions permettent de garder la fraîcheur en été et la chaleur en hiver. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 13 Ces constructions permettent de garder la fraîcheur en été et la chaleur en hiver. Mur en torchis Ancien bâtiment fait de briques d'argile et de palmiers L'Antiquité C'est à la période de l'Antiquité qu'une réelle notion d'organisation de l'habitat apparaît, avec le domus, maison citadine d'habitants fortunés, qui comporte diverses pièces avec une cour en son centre. Les insulae, plus modestes, sont des petites pièces dans des bâtiments de plusieurs étages. Les constructions nommées villae dans les campagnes, sont le centre de riches domaines d'exploitation agricole. Elles proposent un plan d'implantation agencé selon la sphère publique et la sphère privée. On crée des pièces qui ont une destination bien définie, ce qui permet de structurer la vie à l'intérieur de la villa : recevoir, dormir ou manger. Les villae sont des édifices très élaborés proposant un système de circuit d'eau pour les salles de bains, l'office de la cuisine et les toilettes communes. Une maison typique romaine comporte un vestibule, une salle à manger, des chambres, une piscine, une cuisine et salle de bains. Elle est agencée autour d'un péristyle (préau sur colonne). L'architecture de l'Antiquité est particulièrement remarquable grâce à sa technique de construction par l'assemblage de pierres sans mortier – par exemple, le Parthénon d'Athènes – puis par la création de briques de ciment, de mortier et de béton - comme avec le Colisée, amphithéâtre de Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 14 création de briques de ciment, de mortier et de béton - comme avec le Colisée, amphithéâtre de Rome -. Le Parthénon Ruine d'une villa romaine Le Moyen Âge L'habitat rural Au Moyen Âge, la majorité de la population vit dans les campagnes. Ce n'est qu'au XIIe siècle qu'un véritable essor urbain commence. L'habitat rural est le plus souvent constitué d'une ferme isolée ; puis, petit à petit, les fermes se regroupent en hameaux puis en villages. Les maisons sont construites en torchis et en bois, avec une toiture couverte de chaume. Le mode de vie de l'époque intègre complètement la notion de travail ; l'habitat comporte souvent un même espace de vie commun familial et lieu d'activité. La ferme est concentrée autour d'un ensemble de constructions comportant une fonction bien déterminée : ateliers, granges, écuries, aires de stockage. Dans les fermes plus modestes, l'étable est intégrée à la maison, et la cohabitation avec le bétail permet de garder la chaleur en hiver. Les constructions en pierres, qui sont souvent le signe d'un statut privilégié, vont se multiplier au cours du Moyen Âge avec les châteaux et les forteresses construits dans un but défensif. Les maisons de ville Les maisons de ville, à cette époque, sont agencées de telle sorte que l'artisan travaille au rez-de- chaussée et vit à l'étage. Elles présentent souvent un encorbellement et des poteaux corniers Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 15 chaussée et vit à l'étage. Elles présentent souvent un encorbellement et des poteaux corniers (structurels et décoratifs) en façade. Les logements comportent une pièce principale avec une cheminée ainsi qu'une pierre d'évier ; là se déroule la vie quotidienne. Parfois sont adjointes une arrière-cuisine et des chambres. La maison de ville Une nouvelle catégorie sociale apparaît, les « bourgeois », qui inventent une maison confortable mais discrète qui se veut le reflet de leur réussite. La pierre devient la matière première, avec le bois pour les charpentes, et la construction d'édifices religieux comme les cathédrales en sont le plus bel exemple. La cathédrale Notre-Dame de Chartres La Renaissance À la Renaissance, au XVIe siècle, l'architecture s'inspire du style de l'Antiquité et reprend ses codes et ses proportions avec des éléments tels que colonnes, pilastres, voûtes, dômes, niches, arcs en plein cintre. Le plan d'implantation est généralement carré et affiche un axe de symétrie en façade, les ouvertures sont alignées, l'ornementation décorative est très présente. La notion d'espace privé et public au sein d'une même habitation refait surface. Les riches demeures copient le style royal, avec des hôtels particuliers agrémentés de jardins et de cours. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 16 Le château d'Écouen e Le XIX siècle Au XIXe siècle, alors que la population est encore très rurale, la révolution industrielle entraîne un essor urbain : c'est l'exode rural. L'invention de l'acier permet des constructions aux qualités extraordinaires telles que les ponts suspendus et les constructions avec des ossatures en métal et en verre. Construction avec une ossature en métal Des ensembles de constructions en briques identiques, les cités ouvrières, sont implantés aux abords des usines et permettent de loger la main-d'œuvre. Il s'agit d'un habitat rudimentaire. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 17 Cité ouvrière Les villes du début du XIXe siècle comportent encore d'étroites ruelles, un éclairage inexistant et pas d'égouts. La plupart des logements sont insalubres, la population la plus pauvre habitant les derniers étages, sans eau. De grandes transformations sont en cours, et plus particulièrement à Paris, où la ville est restructurée par le baron Haussmann avec la création : de parcs ; d'un réseau d'égouts ; de larges avenues. C'est la naissance de l'immeuble bourgeois, imposante construction en pierre. Les édifices les plus privilégiés présentent une distribution des pièces, un aménagement intérieur réparti entre l'espace de réception, l'espace du maître de maison, et celui des domestiques. De plus en plus, les décorations intérieures sont soignées et reflètent un certain niveau de vie. Immeuble bourgeois haussmannien e Le XX siècle L'habitat individuel Le début du XXe siècle connaît l'essor de l'habitation individuelle sous forme de pavillon aux abords des villes. L'accession à la propriété devient un idéal social, on peut s'approprier son espace et l'agencer à sa façon. L'espace intérieur des appartements ou des maisons est très segmenté, chaque pièce a sa fonction : entrée, salon, salle à manger, chambres, cuisine, salle de bains. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 18 pièce a sa fonction : entrée, salon, salle à manger, chambres, cuisine, salle de bains. Le manque de place pour les constructions en milieu urbain constitue un véritable enjeu. L'habitat collectif La forte pression démographique d'après la seconde guerre mondiale est à l'origine du développement de l'habitat collectif. De nombreux immeubles dits « grands ensembles » permettent la densification en hauteur. De nouveaux matériaux préfabriqués permettent la mise en œuvre de gros chantiers. Ce modèle urbain est inspiré de l'architecte Le Corbusier, qui construira quelques ensembles appelés « immeubles-villas », en ayant recours au béton comme matériau brut. Ces ensembles, sous forme de barres ou de tours, s'éloigneront de leur idéal de départ – regroupement de population autour d'un pôle urbain avec commerces, résidences, parcs végétalisés – et deviendront des villes- dortoirs. La cité radieuse de Rezé, Le Corbusier, Loire-Atlantique Matériau en béton Le mode de vie le plus répandu est : en milieu urbain, la vie en appartement ; en régions périurbaines, il existe une mixité entre maison et appartement ; en milieu rural, principalement dans des résidences individuelles. De nouveaux matériaux On assiste à l'avènement des nouveaux matériaux – béton coulé dans des coffrages, acier, verre – utilisés pour la construction d'immeubles « gratte-ciel ». Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 19 Gratte-ciel de centre d'affaires De nos jours, l'utilisation du béton et du métal permettent des prouesses architecturales. De nouvelles techniques de mise en œuvre et des progrès d'ingénierie permettent la création d'architectures singulières par leur forme et leur esthétisme. Architecture contemporaine Structure d'architecture contemporaine Important L'habitat est très diversifié, rural, citadin, collectif ou individuel, au même titre que la physionomie de la famille ; notre mode de vie s'est accéléré et sophistiqué. On retrouve une volonté de décentraliser les activités afin de mieux répartir la population et de désengorger les villes. Le plan intérieur se veut de plus en plus ouvert, on casse les cloisons, les pièces s'ouvrent les unes Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 20 Le plan intérieur se veut de plus en plus ouvert, on casse les cloisons, les pièces s'ouvrent les unes aux autres, reflétant un désir d'espace. L'habitat du futur L'habitat du futur a vocation à être de plus en plus ergonomique, connecté (domotique), écologique (HQE) par ses matériaux de construction et ses sources énergétiques, dans un souci accru de protection de l'environnement. Il existe une réelle aspiration à mieux vivre dans le milieu urbain en créant des quartiers regroupant une grande mixité d'activités : loisirs, travail, commerce, culture. L'habitat tend également à être dans la modularité afin de permettre d'accommoder les différentes phases de la vie et les mouvements familiaux qu'ils engendrent : famille recomposée, grands enfants qui quittent le foyer, petits-enfants à accueillir. From Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 21 Thursday, August 17, 2023 12:33 PM Bâtiment et éléments d'écoconstruction Le développement durable La planète Terre est un écosystème au sens écologique du terme, c’est-à-dire une organisation complexe formée par l’ensemble des relations entre les êtres vivants et leur environnement. Cette organisation est fondée sur un équilibre fragile permettant le développement de la vie. Cet équilibre, depuis le début de l’ère industrielle, est perturbé par l’activité humaine. Quelques exemples de perturbation : 20 millions de tonnes de déchets provenant des continents sont rejetées dans les océans chaque année. 75 % de ces rejets sont des plastiques. On évalue à 5 000 milliards le nombre de particules plastiques flottant à la surface ; l’augmentation de la température en France varie de 0,7 °C à 1,1 °C selon les régions. Si cette tendance continue, l’augmentation moyenne de la température française d’ici 2100 serait de + 2,1 °C, chiffres 2022 de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME). Cette augmentation peut paraître faible, cependant l’équilibre de l’écosystème est fragile. De petits changements peuvent avoir de grosses conséquences. Par exemple, pendant la période glaciaire, la température était de 4 °C de moins que l’actuelle. Pourtant, le niveau des océans était 100 m plus bas et toute l’Europe du Nord était couverte par la glace ; plus de 13 millions d’hectares de forêts sont détruits tous les ans., soit l’équivalent de la surface de la Belgique. La faune s’appauvrit. Près d’un quart des espèces mammifères et 12 % des oiseaux sont menacés d’extinction. L’environnement n’est pas le seul domaine où les activités humaines dégradent les conditions de vie sur la planète. La pauvreté et les injustices sociales sont également sources de tensions. L’accélération du progrès technique, de la démographie, de l’écart de richesse entre le Nord et le Sud, a beaucoup développé ce phénomène. Pourtant, aujourd’hui, il y a une prise de conscience de la gravité de la situation : il reste heureusement possible d’en comprendre les mécanismes, surtout grâce à notre capacité technique sans précédent pour y remédier. Ces actions pourraient être la base d’une nouvelle économie durable, génératrice d’emplois et de progrès sociaux, respectant l’équilibre écologique de la planète et permettant ainsi à l’homme de continuer sa vie sur Terre. La définition du développement durable Le rapport Brundtland définit en 1987 le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins ». Il fait suite au premier sommet des Nations unies sur l’Homme et le développement, en 1972, à Stockholm. Il sera suivi de plusieurs conférences et sommets réunissant de nombreuses nations. Parmi les événements marquants, on peut citer : le Sommet de la Terre des Nations unies à Rio sur l’environnement et le développement, en 1992, où seront adoptés 2 500 recommandations et les 27 principes fondant l’Agenda 21 ; le protocole de Kyoto, en 2005, faisant suite au sommet de Kyoto en 1997 ; le Sommet de la Terre des Nations unies sur le développement durable à Johannesburg, en 2002 ; la conférence mondiale des Nations unies sur le développement durable à Rio en 2012, qui a regroupé 45 000 participants et 188 pays, confirmant de nombreux points de celle de 1992 ; la conférence de Paris sur le climat (COP 21) organisée en décembre 2015, à l’issue de laquelle a été adopté l’Accord de Paris ; la COP 26 de Glasgow sur les changements climatiques en novembre 2021. Ces événements majeurs marquent des épisodes importants où sont partagés les diagnostics sur la situation environnementale, économique et sociale mondiale, sur les objectifs à fixer pour permettre un développement durable et sur les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre, le tout dans la recherche d’un consensus entre les nations. Le développement durable prend en compte 3 dimensions indissociables : Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 22 Le développement durable prend en compte 3 dimensions indissociables : « La dimension environnementale. Le développement des activités humaines doit se faire de façon à ne pas nuire à la capacité de renouvellement des ressources naturelles ou au bon fonctionnement des services écosystémiques ; La dimension sociale. Le développement harmonieux de la société humaine passe par la cohésion sociale garantissant à tous l’accès à des ressources et services de base (la santé, l’éducation) ; La dimension économique. Le développement économique doit permettre la diminution de l’extrême pauvreté et l’exercice par le plus grand nombre d’une activité économique dignement rémunérée. » Source : ADEME, www.ademe.fr L’interdépendance des concepts du développement durable Les diverses applications du développement durable Les applications du développement durable s’appliquent aussi bien au niveau local qu’au niveau global, à l’échelle d’une localité comme à celle de la planète. L’ensemble de la société est concerné par leur mise en œuvre. Gouvernements, collectivités territoriales, acteurs économiques, associations, institutions publiques et privées, etc. : chacun a un rôle à jouer. La volonté d’atteindre les objectifs du développement durable a donné lieu à de nombreuses applications. La Stratégie nationale de développement durable (SNDD) : son objectif est de donner au développement durable une dimension majeure au sein de la politique gouvernementale et de l’intégrer dans l’ensemble des politiques publiques (comme l’écoresponsabilité). La responsabilité sociale des entreprises : pratiques d’entreprises fondées sur des valeurs éthiques telles que le respect des employés, de la société civile et de l’environnement. Le rapport de développement durable : c’est un outil de pilotage stratégique, de communication interne et de communication externe des entreprises. Ce rapport définit le champ de responsabilités de l’entreprise, son système de management, ses relations avec ses clients, ses actionnaires, ses prestataires. En France, la loi n° 2001-420 relative aux nouvelles régulations économiques du 15 mai 2001 a rendu le rapport de développement durable obligatoire pour toutes les entreprises cotées. L’Agenda 30 : il définit le programme de développement durable pour être au service des 5P : la planète ; les populations ; la paix ; la prospérité ; les partenariats. Il s’applique à tous les pays que ce soit du Nord et du Sud, il est donc universel. Il décrit l’horizon à d’ici 2030. Il est constitué de 17 Objectifs de développement durable et de 169 cibles. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 23 d’ici 2030. Il est constitué de 17 Objectifs de développement durable et de 169 cibles. Le GIEC : ce groupe d’experts a été créé en 1988 et rassemble 195 États membres. Le mandat du GIEC a pour objectif de fournir une expertise qui va aider les politiques à prendre des décisions. En 2007, le GIEC a reçu le Prix Nobel de la paix. Et en 2022, le sixième rapport du GIEC présente plusieurs conclusions alarmantes : 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique ; des risques liés au changement climatique sont de plus en plus complexes ; de graves conséquences si la température dépasse les 1,5° Celsius ; le nombre de décès lié au changement climatique qui augmente ; l’impact sur notre santé physique et mentale. Les applications du développement durable à la construction Les applications du développement durable à la construction concernent surtout la dimension environnementale. Les deux autres dimensions, sociale et économique, commencent à être également prises en compte. Il faut savoir que l’impact d’un bâtiment sur l’environnement est de 20 % lors de la réalisation de l’ouvrage et de 80 % pendant sa durée de vie. C’est pourquoi il est important de bien étudier cet impact sur toute la durée de vie de l’ouvrage. La première application du développement durable à la construction est la diminution de la consommation énergétique d’une construction. La première réglementation thermique des bâtiments date des années 1970. Les réglementations se sont ensuite succédé jusqu’à la dernière en date, la RT 2012, en application pour tous les bâtiments depuis le 1er janvier 2013. Et maintenant la nouvelle RE (réglementation environnementale) 2020 qui est applicable depuis le 1er janvier 2022. En France, le secteur du bâtiment est celui qui consomme le plus d’énergie parmi tous les secteurs économiques : 70 millions de tonnes d’équivalent pétrole. Cela représente 43 % de l’énergie finale totale, et 1,1 tonne d’équivalent pétrole consommée annuellement par chaque habitant. La consommation moyenne annuelle du secteur du bâtiment est en effet proche de 400 kWh d’énergie primaire par mètre carré chauffé. D’après le ministère de la Transition écologique et solidaire : « Le secteur du bâtiment représente 44 % de l’énergie consommée en France, loin devant le secteur des transports (31,3 %). Chaque année, le secteur du bâtiment émet plus de 123 millions de tonnes de CO2, ce qui en fait l’un des domaines clés dans la lutte contre le réchauffement climatique et la transition énergétique. » À partir du Sommet de Rio de 1992, on a étendu la réduction de l’impact environnemental de la construction à d’autres domaines que les économies d’énergie à travers la réalisation des constructions dites « bioclimatiques ». Ce développement s’est tout d’abord fait de façon spontanée et anarchique. Très vite, est apparue la nécessité de structurer ce mode de réalisation. En 1996 s’est créée en France l’association Haute qualité environnementale (HQE) ayant pour objectif de définir une démarche structurée de réalisation des constructions bioclimatiques : la démarche HQE. Elle a été accompagnée par la création d’une certification, le label HQE, ainsi que par une évaluation de la performance visée avec HQE Performance. La réglementation thermique en vigueur est actuellement la RE2020 en proposant, par exemple, des bâtiments passifs ou à énergie positive BEPOS. Le bâtiment et l'économie d’énergie La typologie des règles : normes, labels, certifications Normes, labels et certifications se différencient par leur caractère obligatoire ou non, mais aussi par leur mise en œuvre et leur processus de validation. Néanmoins, ces « règles » ont toutes le même objectif : faire en sorte que la construction, la rénovation et la réhabilitation des bâtiments respectent au mieux l’environnement à chacune des étapes. Différences entre norme, label et certification Norme : une norme est constituée de plusieurs références définissant des propriétés à suivre ; les caractéristiques du bâtiment doivent répondre à ces propriétés pour qu’il soit déclaré conforme par l’AFNOR, l’Association française de normalisation. Certaines normes sont obligatoires, lorsque la loi leur a donné le statut de norme réglementaire. Par exemple, la RT 2012 est une norme réglementaire, donc obligatoire. D’autres normes sont facultatives et validées par un label (par exemple : le label HQE). Label : un label distingue la qualité de construction d’un bâtiment qui se positionne au-dessus de la réglementation. Il est accompagné d’un référentiel très précis permettant la mise en œuvre Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 24 réglementation. Il est accompagné d’un référentiel très précis permettant la mise en œuvre d’actions pour atteindre les objectifs, mais aussi définissant les conditions de la validation du label. Par exemple, lors de la réalisation d’un bâtiment HQE, il faut répondre à la norme obligatoire RT 2012. Pour se voir octroyer le label HQE, il faut également atteindre les objectifs fixés par le cahier des charges HQE. Certains labels sont définis par l’État (comme la HQE et la THPE, Très haute performance énergétique) ; d’autres sont octroyés par des organismes privés (comme le label Bâtiment Passif). Certification : le plus souvent, la certification est remise aux constructeurs pour témoigner de leur capacité à maîtriser des techniques et un savoir-faire en vue d’atteindre un label ou une norme. Par exemple, la certification RGE certifie à un artisan sa capacité à répondre aux exigences RT 2012. Principales normes, principaux labels et certifications Non exhaustive, cette typologie est un rappel des principales normes, des principaux labels et des certifications à retenir. La réglementation énergétique 2020 (RE2020) La RE2020 (réglementation énergétique 2020) est appliquée à la place de la norme RT 2012 (réglementation thermique 2012) depuis le 1er janvier 2022. Ses exigences sont : une consommation énergétique des bâtiments au moins nulle (bâtiment à énergie passive), et si possible positive (bâtiment à énergie positive) ; une construction de bâtiments bioclimatiques en démarche HQE ; une réalisation des ouvrages en coût global comprenant la construction, l’exploitation et la maintenance sur 20 ans. À ces trois grands objectifs pourront s’ajouter, en fonction de la conjoncture économique, d’autres exigences. Par exemple, pour les BEPOS, il y a l’obligation de produire des énergies renouvelables (électricité solaire, géothermie, cogénération, etc.). Le DPE (Diagnostic de performance énergétique) Il ne s’agit pas d’une norme mais d’un outil qui accompagne la RE2020. C’est un diagnostic thermique réalisé par un professionnel. Il renseigne la performance énergétique du logement. Les conclusions du DPE font partie du DDT (Dossier de diagnostic technique), obligatoire lors de la vente ou de la location d’un logement. Le diagnostic de performance énergétique au 1er juillet 2021 Le BBC (Bâtiment basse consommation) Le label BBC indique un niveau de performance énergique du bâtiment. Il correspond aux exigences énergétiques de la norme RT 2012, soit une consommation inférieure à 50 kWh/m2/an. Le BEPAS (Bâtiment à énergie passive) Un bâtiment BEPAS affiche des performances énergétiques supérieures à un bâtiment BBC. Ainsi, le label BEPAS est conforme à la norme obligatoire RT 2012, et va même au-delà en affichant une consommation inférieure ou égale à 15 kWh/m2/an. Le label est attribué par un organisme indépendant. Une maison passive est une construction dont les caractéristiques physiques sont définies lors de la conception de telle manière qu’un système de chauffage classique soit inutile. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 25 définies lors de la conception de telle manière qu’un système de chauffage classique soit inutile. C’est un concept qui repose sur un principe de construction très basse consommation, fondé sur l’utilisation de l’apport de chaleur « passive » du soleil, sur une très forte isolation (des murs, des fenêtres, etc.), sur l’absence de ponts thermiques, sur une grande étanchéité à l’air ainsi que sur le contrôle de la ventilation. Schéma d’une maison passive, CC BY-SA 3.0 Maison Passive, 2009 Le BEPOS (Bâtiment à énergie positive) C’est un bâtiment qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, grâce notamment à la technologie photovoltaïque. Ainsi, le BEPOS a un bilan énergétique positif. Le label n’a pas encore de cadre de référence, aussi il n’est pas officiellement reconnu en France. Cependant, il y a déjà des constructeurs qui proposent ce type de bâtiments. La réglementation environnementale 2020 recherche cette performance. La HQE (Haute qualité environnementale) Le label HQE est fondé sur un référentiel de 14 cibles, qui a pour objectif de limiter l’impact environnemental des opérations de construction et de rénovation des bâtiments. Ce référentiel tend à évoluer vers un nouveau référentiel fondé sur 12 objectifs, réalisé par l’AFNOR : « NF Ouvrage Démarche HQE ». La HPE (Haute performance énergétique) et la THPE (Très haute performance énergétique) La HPE et la THPE sont des labels officiels qui mettent en avant les performances du bâtiment (énergétiques, sanitaires et environnementales). Ces labels dépassent les niveaux de performance énergétique de la norme RT 2012. Par exemple, pour la HPE, le Bbio max et la Cep max sont de -10 % par rapport à la norme RT 2012. Pour la THPE, le Bbio max et la Cep max sont de -20 % par rapport à la norme RT 2012. Le RGE (Reconnu garant de l’environnement) C’est une certification reconnue par l’État, et délivrée aux entreprises réalisant des travaux d’économie d’énergie. La certification assure un certain niveau de compétence. Elle est demandée lorsqu’un particulier veut accéder à des aides publiques telles que le crédit d’impôts, qui peut être appliqué aux frais de travaux pour rénovations énergétiques. La notion d’économie d’énergie La notion d’économie d’énergie se rapporte directement à l’efficacité énergétique du bâti (dans un sens synonyme à celui de bâtiment). Cela consiste à faire intervenir des technologies et des pratiques diminuant la consommation d’énergie, tout en maintenant un niveau de performance élevé (par exemple, maintenir une température de 21 °C dans un bâtiment en période hivernale, tout en consommant peu d’énergie). Pour atteindre cet objectif d’économie d’énergie, il faut adopter une approche globale du bâti. Cela consiste à prendre en compte à la fois l’architecture du Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 26 adopter une approche globale du bâti. Cela consiste à prendre en compte à la fois l’architecture du bâti, les technologies de production d’énergie, les systèmes de régulation et les matériaux d’isolation. Les moyens à mettre en œuvre recoupent deux types de solutions : les solutions dites « passives » permettant de réduire la consommation d’énergie grâce aux qualités du bâti, et les solutions dites « actives » visant à optimiser les flux et les ressources. Les solutions passives Il s’agit d’améliorer la conception d’un bâtiment afin que la consommation d’énergie soit optimisée. La conception bioclimatique La démarche de la conception bioclimatique permet d’obtenir un confort au sein de l’habitat de la manière la plus naturelle possible. Pour cela, les moyens techniques mécanisés sont mis au second plan pour favoriser les techniques architecturales permettant d’utiliser, par exemple, le soleil en hiver et de s’en protéger en été (permettant ainsi de réduire les dépenses en chauffage et en climatisation). Les paramètres pris en compte sont les suivants : l’orientation du bâtiment afin de profiter au maximum de l’énergie solaire et de la lumière ; le choix du terrain pour la topographie, le climat et les zones de bruit ; la conception du bâtiment qui, grâce à de larges surfaces vitrées, à l’utilisation de protections solaires et à la présence d’un isolant adéquat, va retenir la chaleur en hiver et maintenir la fraîcheur en été. Un bâtiment bioclimatique tire profit de l’énergie solaire. En hiver, l’angle du rayonnement solaire demande de maximiser la captation de l’énergie (pièce à vivre orientée au sud) pour ensuite la diffuser dans l’habitat (ventilation) et la conserver (isolation et compacité du bâtiment). Inversement, en été, le bâtiment doit être protégé du rayonnement solaire (masque végétal et protection solaire grâce à l’avant-toit). L’isolation thermique renforcée L’isolation thermique permet d’éviter qu’il y ait un échange d’air chaud ou froid entre l’intérieur et l’extérieur du bâti. L’utilisation d’isolants thermiques tels que la ouate de cellulose pour l’isolation des combles, le liège pour les parois opaques ou encore la fibre de bois dense pour le plancher va permettre de considérablement réduire les échanges d’air. Il est conseillé de privilégier l’isolation par l’extérieur pour de meilleures performances. Isolation des combles avec de la ouate de cellulose Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 27 Isolation par l’extérieur des murs d’une maison individuelle Le schéma ci-dessous représente les parts de perte de chaleur d’une maison construite avant 1974 non-isolée. On peut remarquer que 30 % des pertes se font par la toiture, 25 % par les murs, 20 % par le renouvellement de l’air, 13 % par les fenêtres, 7 % par les ponts thermiques et 5 % par les planchers bas. Déperdition de chaleur dans une maison L’étanchéité à l’air du bâti L’étanchéité à l’air permet d’éviter le flux d’air parasite, appelé aussi pont thermique, que l’on retrouve principalement aux liaisons des parois (par exemple, entre le plancher et les façades). Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 28 Pont thermique au niveau d’un plancher Le système de ventilation varie selon le type de bâtiment. Le plus souvent, on installe une ventilation mécanique contrôlée (VMC) simple flux ou double flux ; mais, parfois, une ventilation naturelle est suffisante (cela va dépendre des matériaux utilisés pour la conception du bâti). Dans le cas d’un bâtiment à isolation renforcée, la ventilation va permettre d’assurer le renouvellement de l’air à intérieur. En effet, si l’isolation renforcée supprime les ponts thermiques, elle ne laisse plus respirer le bâtiment (il n’y a plus d’échanges de masses d’air entre l’extérieur et l’intérieur). La VMC est alors essentielle pour permettre le renouvellement de l’air. Le système de chauffage L’approche bioclimatique doit être complétée par un système de chauffage performant. Pour cela, il existe des technologies de plus en plus efficaces permettant de produire de la chaleur tout en consommant peu d’énergie. Liste des systèmes de chauffage à énergie renouvelable ou à haut rendement (liste non exhaustive) Chauffage solaire. Chaudière biomasse. Pompe à chaleur. Chauffe-eau thermodynamique. Chaudière à condensation. Chaudière cogénération. Chaudière basse température. Les principaux systèmes de chauffage à énergie renouvelable sont la chaudière à condensation, la pompe à chaleur et le chauffage solaire. La chaudière à condensation C’est grâce à un très haut rendement que la chaudière à condensation consomme jusqu’à 30 % de moins qu’une chaudière classique. La technologie de la chaudière à condensation repose sur la récupération de l’énergie en condensant la vapeur d’eau. La pompe à chaleur La pompe à chaleur repose sur le principe thermodynamique permettant d’extraire la chaleur d’un Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 29 La pompe à chaleur repose sur le principe thermodynamique permettant d’extraire la chaleur d’un milieu froid par évaporation, compression et condensation pour chauffer les pièces du bâti. Il y a plusieurs types de pompe à chaleur : elles se différencient par la source de l’énergie (géothermique, aérothermique ou aquathermique). Plancher chauffant Le chauffage solaire Le chauffage solaire fonctionne sur le même principe que le chauffe-eau solaire, c’est-à-dire à partir de capteurs solaires thermiques transformant le rayonnement solaire en chaleur, permettant ainsi au chauffage du bâtiment de fonctionner. La surface de capteurs est supérieure à celle du chauffe-eau solaire, et la distribution de la chaleur ne sera pas opérée de la même manière. En fonction de la région, le chauffage solaire peut couvrir jusqu’à 50 % des besoins de chauffage ; le reste des besoins est pourvu par un système de chauffage d’appoint. Principe de fonctionnement du chauffage solaire par plancher et du chauffage solaire par radiateurs Pour plus de précisions sur les autres systèmes de chauffage, de nombreuses informations sont présentes sur le site de l’ADEME : www.ademe.fr. À noter que, dans une perspective d’approche globale, l’équipement électrique doit aussi être pris en compte. En effet, l’éclairage et l’électroménager consomment en moyenne 15 % de l’énergie totale résidentielle. Ainsi, l’économie d’énergie passe aussi par l’utilisation de lampes Led (pouvant permettre une réduction de 50 % de la consommation par rapport aux lampes incandescentes) et par un électroménager performant (l’étiquette-énergie caractérise les produits très performants avec la mention A +++). Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 30 avec la mention A +++). Les solutions actives Plus récemment, les solutions actives permettent une gestion dynamique des équipements. Ces solutions peuvent faire partie d’un ensemble plus global appelé « smart home », ou maison connectée. Une maison connectée est automatisée et s’adapte aux changements quotidiens, comme les conditions climatiques ou la présence des habitants dans les différentes pièces. Les systèmes de technologie intelligents mesurent, contrôlent et régulent la consommation énergétique du bâtiment grâce à des capteurs de température, de présence et d’émission de chaleur. Ainsi, le système de chauffage s’adapte aux conditions du moment sans qu’il y ait intervention des occupants. Les solutions actives peuvent réduire de 10 à 20 % la consommation globale énergétique. Thermostat associé à des capteurs de température régulant la température du bâtiment Les écomatériaux Les écomatériaux, appelés aussi matériaux propres ou naturels, sont pour la plupart des matériaux employés dans le domaine de la construction depuis l'ère préindustrielle. Il n'y a pas encore de définition officielle. Cependant, les écomatériaux répondent le plus souvent aux caractéristiques suivantes : ils contribuent à la réduction de l'impact du bâtiment sur l'environnement tout au long de son cycle de vie (de la phase de construction à la phase de démolition, en passant par la phase d'utilisation) ; ils ne sont pas nocifs pour la santé ; le bilan du cycle de vie des écomatériaux (extraction, transformation et recyclage) a un impact très faible sur l'environnement, donc une consommation d'énergie réduite ; ils proviennent de ressources renouvelables ; ils sont fabriqués localement. Les écomatériaux doivent aussi répondre à des critères de qualité technique (par exemple, les isolants doivent avoir une forte capacité isolante), architecturale et de durabilité. Ils répondent aux exigences communes aux matériaux classiques, définies par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Les étiquettes et les reconnaissances techniques des écomatériaux CSTBat : atteste de la conformité des produits innovants à un référentiel. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 31 Étiquette de CSTBat, CSTB KEYMARK : marque de certification européenne volontaire délivrée par le Comité européen de normalisation (CEN), destinée à certifier la conformité stricte des produits aux normes européennes. Étiquette de Keymark, DIN Certco ACERMI : Association pour la certification des matériaux isolants. C'est la certification majeure pour les matériaux isolants. Étiquette de Acermi, Association pour la CERtification des Matériaux Isolants Écolabel européen : l'écolabel garantit un niveau d'exigence élevé en termes de limitation des impacts des produits sur l'environnement, tout en maintenant la performance des produits. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 32 Étiquette de l'écolabel européen, Commission européenne Émissions dans l'air intérieur : depuis le 1er septembre 2013, tous les produits de construction doivent posséder une étiquette indiquant le niveau d'émissions en polluants volatils dans l'air intérieur. Étiquette des émissions dans l'air intérieur, Agence de l'Environnement et de la Maîtrise Les écomatériaux de gros œuvre Les écomatériaux de gros œuvre doivent assurer la stabilité et la durabilité du bâtiment. Ils ont une fonction porteuse (résistance à la compression, au fléchissement, à la traction, etc.). Liste des écomatériaux de gros œuvre (liste non exhaustive) La brique en terre cuite. L'ossature bois et bois matériaux (panneaux et bardages sans formaldéhyde, poutres, caissons, dalles mixtes). Les bois naturels rétifiés. La terre crue stabilisée. L'argile expansée. Les bottes de paille. La chaux en pâte. Les adjuvants pour béton et mortier comme la chènevotte issue du chanvre, les paillettes de lin. Précisons les caractéristiques et les domaines d'application de certains d'entre eux. Le bloc de chanvre/chaux : les blocs sont composés de chanvre lié par de la chaux. Le mélange chanvre/chaux est séché dans des moules en forme de bloc. Ce processus de fabrication ne demande que très peu d'énergie. De plus, le chanvre est une ressource renouvelable et les blocs sont entièrement recyclables. Le bloc de chanvre/chaux n'a pas les propriétés requises pour assurer le rôle porteur d'une habitation, cependant il est complémentaire aux habitations à ossature bois. Il peut être utilisé pour les cloisons. La brique en terre cuite : la brique en terre cuite est réalisée à partir d'argile. Après humidification, les blocs d'argile sont coupés au format de la brique avant d'être séchés et cuits à 900 °C. La brique est recyclable à 100 %. On peut l'utiliser pour les structures porteuses, les cloisons, les murs accumulateurs de chaleur. Le bois rétifié : le bois rétifié est composé de plusieurs essences telles que le peuplier, le hêtre ou le Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 33 Le bois rétifié : le bois rétifié est composé de plusieurs essences telles que le peuplier, le hêtre ou le pin. Le bois est chauffé à très haute température afin de modifier ses propriétés en diminuant son humidité et, ainsi, en le rendant extrêmement dur. Le bois rétifié est beaucoup plus stable face aux agressions climatiques. Son utilisation est encore réservée à des fonctions décoratives (bardages, terrasses, volets, etc.). Cependant, il pourrait trouver des applications structurelles avec une amélioration des procédés de rétification. À retenir La définition des écomatériaux n'étant pas législativement fixée, elle peut amener à des désaccords sur la nature « écologique » de certains matériaux. On peut citer les blocs de béton léger, dont la production nécessite peu d'énergie mais dont la matière première est le plus souvent originaire de Grèce ou d'Amérique du Sud (ce qui implique de forts coûts de transport), ou encore les monomurs de terre cuite et le béton cellulaire, entièrement recyclables, mais dont la production demande beaucoup d'énergie. Les écomatériaux d’isolation Liste des écomatériaux d'isolation (liste non exhaustive) La laine (de mouton, de coton, de chanvre ou de bois). Le bois. La paille. Le lin. La ouate de cellulose soufflée. Précisons les caractéristiques et les domaines d’application de certains d’entre eux. La ouate de cellulose : la ouate de cellulose est composée essentiellement de papier recyclé ou de boue papetière traitée, avec des additifs pour la rendre non combustible et résistante à la vermine. La ouate de cellulose peut être conditionnée sous forme de panneaux pour isoler les murs et les combles perdus. La ouate de cellulose en vrac peut aussi être appliquée en voie sèche ou en voie humide pour le soufflage à sec en combles perdus, pour l’insufflation à sec dans des caissons (murs, planchers), pour la projection humide sur les murs, ou pour le flocage (humide) en sous-face de planchers. La laine de bois et les panneaux de fibres de bois : ils sont élaborés à partir de copeaux de bois issus le plus souvent de chutes. Les panneaux fibres de bois sont réalisés avec un procédé d’humidification permettant la production de panneaux et de plaques rigides. La capacité des panneaux fibres de bois à résister à la compression permet leur utilisation dans les bâtiments nécessitant une forte résistance mécanique. La laine de bois et les panneaux en fibre de bois sont fabriqués grâce au défibrage du bois et utilisés pour l’isolation des murs par l’intérieur et par l’extérieur, l’isolation des combles perdus, l’isolation des rampants de toiture. Le bois peut être conditionné en vrac pour l’isolation des murs (caissons) et l’isolation des combles perdus. Le chanvre : le chanvre s’utilise sous différentes formes, principalement en vrac, en laine ou encore en panneaux. Suivant sa nature, l’isolant est composé de 40 % à 80 % de chanvre, complété par le coton ou le jute (plante exotique). La chènevotte en vrac : la chènevotte correspond à la partie intérieure de la tige du chanvre. Elle ne doit pas être exposée à l’humidité. Elle est utilisée pour l’isolation des murs et l’isolation des combles perdus. Le label « Granulat chanvre » permet de garantir la qualité de la chènevotte ainsi que la stabilité de ses caractéristiques. La laine de chanvre : elle est issue de la fibre de la plante. On la trouve sous différentes formes : laine souple, panneaux semi-rigides ou en vrac. La laine de chanvre n’est pas soumise à des règles professionnelles. On l’utilise pour l’isolation des murs, l’isolation des combles perdus, l’isolation des rampants de toiture. La paille : habituellement, la paille est conditionnée en bottes. L’intérêt est qu’elle peut être utilisée directement sous cette forme comme isolant, dans un bâtiment à ossature bois. Elle sert au remplissage des murs, au remplissage en toiture, à l’isolation thermique par l’extérieur. L’enduit terre/paille : la paille en vrac est mélangée à de la terre afin de créer un enduit qui sert pour le revêtement de façade intérieure ou extérieure. Les panneaux de paille : tout comme les panneaux fibres de bois, les panneaux de paille sont réalisés à partir d’un procédé de compression. Chacune des faces du panneau est recouverte d’un revêtement en carton. On les utilise pour les cloisons, l’isolation des murs par l’intérieur, l’isolation des plafonds, ou l’isolation des rampants de toiture. À retenir Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 34 À retenir Nous avons présenté une partie des écomatériaux de gros œuvre et d'isolation. Cependant, il existe des écomatériaux pour l'ensemble des éléments du bâti (peintures, bardages, menuiseries/vitrages, revêtements sols, etc.). From Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 35 Thursday, August 17, 2023 7:30 PM Les secteurs protégés Les espaces naturels De nombreuses lois protègent le milieu naturel : la loi littorale et sa bande de 100 m, les dispositions relatives à la montagne, les espaces naturels sensibles… La loi de 1995 est spécifiquement consacrée à la protection des espaces naturels et des paysages d'intérêt général, devenus patrimoine commun de la nation. Parmi la panoplie de lois et de règlements concourant à cette protection, on étudiera l'inscription et le classement d'un site, l'institution des espaces sensibles et la protection des paysages. Mais les préoccupations d'environnement ne doivent pas se limiter à la protection de la nature : il convient aussi de prendre en compte des éléments de qualité de la vie pour améliorer l'environnement rural et urbain. Les sites et monuments naturels Classement Sont susceptibles d'être classés, les monuments et les sites « dont la conservation ou la préservation présentent, au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général » (loi du 2 mai 1930, article 4). L'existence du site classé est mentionnée au POS en tant que servitude d'utilité publique, ainsi que dans le certificat d'urbanisme. Tous les travaux à réaliser dans le périmètre du site classé ou en cours de classement sont soumis à autorisation préalable ; toute publicité y est interdite. Des prescriptions particulières peuvent aussi être fixées, comme des obligations de faire, assorties d'indemnités : un enfouissement de réseaux, par exemple. Inscription L'inscription, plutôt que le classement, concerne les sites qui méritent d'être protégés mais dont l'intérêt n'est pas assez remarquable pour les classer. Leur existence est reportée en annexe du POS ou PLU. La protection est moins efficace, car il s'agit davantage de surveillance que de conservation. Les travaux autres que ceux d'exploitation et d'entretien courants obligent à aviser l'administration quatre mois à l'avance. Les espaces naturels sensibles Les espaces naturels sensibles remplacent, depuis 1985, les périmètres sensibles. Ils transfèrent la maîtrise de la procédure aux départements, pour leur permettre de « préserver la qualité des sites, des paysages et des milieux naturels […] et d'assurer la sauvegarde des habitats » (article L113-8 du Code de l'urbanisme). Ils consistent en la création de zones de protection des sites et des paysages pour les communes non dotées d'un POS, d'un PLU ou d'une carte communale. C'est le Conseil général de la Taxe départementale des espaces naturels sensibles et la création de zones de préemption qui enclenche le dispositif. Cette taxe doit permettre, dans le futur, d'acquérir ou d'entretenir des terrains qui seront aménagés pour être ouverts au public. Ces mesures de protection impliquent la possibilité de : réglementer l'aménagement et l'ouverture de terrains de camping ; classer des boisements en espaces boisés classés ; surveiller les types de clôture ; imposer le permis de démolir. Les paysages En plus des outils précédents, certaines directives de protection et de mise en valeur des paysages peuvent être prises par les pouvoirs publics. Elles sont destinées à protéger des territoires remarquables pour leur intérêt paysager. Élaborées dans la concertation entre l'État, les collectivités locales et les associations, elles s'imposent aux documents d'urbanisme existants. Les principales mesures touchent : les prescriptions spéciales pour les installations et travaux divers ; le classement d'arbres isolés, de haies, de plantations ; les règles d'implantation des constructions de part et d'autre de la voie publique qui sont Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 36 les règles d'implantation des constructions de part et d'autre de la voie publique qui sont interdites à 100 m des grandes routes et à 75 m des autres routes, pour contribuer à lutter contre l'enlaidissement des entrées des villes ; la réglementation des travaux d'aménagement rural (remembrement), pour l'arrachage des haies et la suppression de chemins ; la protection des boisements en secteur rural ; le contrôle de l'affichage publicitaire ; l'enfouissement des réseaux électriques et téléphoniques ; l'obligation d'entretenir certains terrains non bâtis ; l'environnement rural. La protection de l'environnement rural conditionne l'amélioration des conditions de vie dans ce milieu et doit favoriser le maintien des activités rurales. Citons quelques mesures importantes. Les chartes intercommunales : plans économiques, sociaux et culturels à moyen terme, élaborés et approuvés par les communes intéressées. La carte départementale des terres agricoles pour la sauvegarde de zones agricoles prioritaires. Les parcs naturels régionaux : espaces protégés et zones de développement pour le tourisme, l'artisanat et les activités agricoles ou forestières. Les grands équipements : mesures prises pour limiter au mieux les inconvénients engendrés par les expropriations inhérentes aux grandes infrastructures. Le remembrement : lutter contre certains effets néfastes du remembrement (suppression de haies, drainage excessif, ruissellements incontrôlés, etc.). Les terres incultes : prises en charge des terres abandonnées. Les installations classées agricoles : lutte contre la pollution des élevages industriels, surveillance des industries agroalimentaires. Le mitage : lutte contre l'habitat diffus qui pénalise lourdement l'aménagement de l'espace rural. La Zone agricole protégée ou ZAP : elle est définie dans la loi d'orientation agricole de 1999. Elle est considérée comme un outil d'aménagement du territoire caractérisant des zonages de protection foncière. La ZAP peut être complétée par la loi paysage, qui elle aussi préserve des éléments du paysage rural (par exemple une zone bocagère). Les espaces urbains Les secteurs sauvegardés La loi Malraux a introduit le concept de secteurs sauvegardés afin d'éviter la destruction des centres historiques par la politique de rénovation urbaine mettant en avant systématiquement de nouvelles constructions en dépit des anciennes. Le secteur sauvegardé est ainsi défini selon la loi Malraux du 4 août 1962 : « Un secteur présentant un caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d'un ensemble d'immeubles. » L'organisation de l'espace urbain est aujourd'hui gérée par toute une panoplie de documents d'urbanisme, schémas directeurs et de secteurs, RNU, POS, servitudes d'urbanisme, ZAC et autorisations d'urbanisme (permis de construire et lotissements). Tous ces documents ou autorisations tiennent de plus en plus compte de l'environnement depuis la règle de construction limitée : volet paysager du permis de construire, espaces boisés classés, espaces verts, jardins familiaux, limitations aux grandes surfaces commerciales, installations classées, etc. Cela se vérifie aussi de plus en plus depuis la loi SRU, avec son volet paysager et architectural pour les lotissements. Les secteurs protégés touchent également l'environnement culturel, c'est-à-dire la sauvegarde de notre patrimoine historique et architectural : deux outils de protection méritent d'être abordés. L'un ponctuel, le périmètre des 500 m autour des monuments historiques ; l'autre plus global, la ZPPAUP, Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. C'est le ministère de la Culture qui est chargé de la politique des secteurs sauvegardés. Cependant, c'est la commune concernée qui délibère de la mise en place et des limites d'un secteur sauvegardé. Par la suite, un chargé d'étude est désigné et une commission locale de secteur sauvegardé est constituée par le préfet. Elle regroupe des experts, des représentants de la commune et de la Chambre de commerce et d'industrie. Après l'étude du plan de sauvegarde, celui-ci est rendu public par délibération puis soumis à une enquête publique. Une fois cette dernière approuvée, le plan de sauvegarde fait l'objet d'un plan d'approbation au conseil municipal, puis à la Commission nationale des secteurs sauvegardés, et enfin au conseil d'État. Enfin, il est approuvé par décret du Premier ministre. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 37 sauvegardés, et enfin au conseil d'État. Enfin, il est approuvé par décret du Premier ministre. Les monuments historiques Les abords des monuments historiques sont protégés par un périmètre de 500 m, qui fait appliquer certaines servitudes aux immeubles situés dans un rayon de 500 m, ou qui sont visibles depuis le monument ou en même temps que lui. Sont soumis à autorisation toutes les constructions nouvelles, les démolitions, les déboisements, les transformations ou les modifications susceptibles d'affecter l'immeuble en cause. L'avis de l'architecte des bâtiments de France (ABF) sera sollicité. L'expropriation des abords est possible pour cause de mise en valeur du monument. Le rayon de 500 m peut dorénavant être adapté par l'architecte des bâtiments de France puis incorporé au PLU. Il ne part pas du centre du cercle, mais du bord du monument, voire de la clôture qui l'entoure. La visibilité d'une construction depuis le monument historique, au-delà du rayon de 500 m, est appréciée par l'architecte des bâtiments de France. Les ZPPAUP, les AVAP et les sites patrimoniaux remarquables Les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) peuvent être instituées « autour des monuments historiques et dans les quartiers, sites et espaces à protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d'ordre esthétique, historique ou culturel » (loi n° 83-8 du 7 janvier 1983). À la différence du périmètre de 500 m, la ZPPAUP peut être délimitée indépendamment de tout monument historique ou site classé : après délibération du conseil municipal, enquête publique, consultation d'un collège régional du patrimoine et des sites, la zone est créée par arrêté préfectoral. Le rapport de présentation, le règlement et le document graphique sont annexés au POS ou PLU s'il existe, le document graphique faisant apparaître les limites de zones ou parties de zones à règlement spécifique. Dans certains centres-villes, chaque parcelle cadastrale peut être classée. Définition de cadastre Cadastre : registre public définissant dans chaque commune l'emplacement, la surface et la valeur des propriétés foncières et servant de base à l'assiette de l'impôt foncier. Dans ces zones, l'avis de l'ABF est sollicité pour les permis de construire et de démolition des lotissements, les autorisations d'installations et de travaux divers, les campings, les coupes d'arbres et les déclarations de travaux ou de clôtures. Les ZPPAUP sont surtout utilisées pour préserver les centres historiques des villes. Les AVAP (aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine) proviennent de la loi Grenelle II du 12 juillet 2010, et ont remplacé depuis le 14 juillet 2015 le dispositif des ZPPAUP. Les objectifs des ZPPAUP sont conservés, tout en prenant en compte l'environnement et le développement durable, notamment les enjeux énergétiques. La création d'une AVAP est à l'initiative de la commune pour tout espace représentant un intérêt patrimonial. Les secteurs sauvegardés, les ZPPAUP et les AVAP ont été remplacés par les sites patrimoniaux remarquables suite à la loi du 7 juillet 2016 concernant la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine. Les anciens dispositifs effectifs ont été automatiquement transformés en sites patrimoniaux remarquables. Les organismes et zones de protection complémentaires Il existe de nombreux organismes et zones de protection complémentaires. Nous présenterons les principaux à retenir. Les organismes et outils de protection Le parc national : un parc national est une zone naturelle qui, par ses caractéristiques exceptionnelles, est classée en tant que tel afin de préserver sa richesse. Un parc national est composé de deux zones : la « zone cœur » pour laquelle est appliquée une réglementation stricte, et l'« aire d'adhésion » gérée en partenariat avec les communes. Le parc naturel régional : il définit un site œuvrant pour la protection de son patrimoine naturel et culturel. À la différence du parc national, d'une réserve naturelle ou d'un site classé, le parc naturel régional n'a pas la possibilité d'interdire un projet de construction. Le label Grand Site de France : le label est attribué par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Il a pour objectif la conservation des sites de grande notoriété et de très forte fréquentation. Cette réglementation est associée au Code de l'environnement depuis la loi Grenelle II. Le conservatoire du littoral : c'est un établissement public créé en 1975. Il garantit la protection de Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 38 Le conservatoire du littoral : c'est un établissement public créé en 1975. Il garantit la protection de 1 600 km de rivages maritimes (ce qui correspond à 15 % du linéaire côtier en France). Le conservatoire du littoral a pour ambition d'acquérir le tiers du littoral pour le protéger de tout type de construction. La réserve naturelle : c'est une aire protégée terrestre ou maritime, à laquelle est appliquée une réglementation particulière pour sa protection. Les zones de protection Le réseau Natura 2000 : Natura 2000 est un réseau qui réunit des sites naturels ou semi-naturels à l'échelle européenne. Il a pour finalité d'assurer la diversité naturelle des milieux tout en permettant le développement des sites concernés. Le développement se fait selon une logique durable, en prenant en compte les trois domaines du développement durable. Les zones Natura 2000 sont incluses dans le Code rural. Pour tout projet d'envergure, la directive habitat a mis en place une procédure d'évaluation d'impact sur les sites. Si l'impact est considéré trop important, le projet est alors annulé. Le site classé : codifiés par le Code de l'environnement, ces sites classés se réfèrent à la notion de patrimoine naturel. La modification ou la destruction des sites classés n'est pas possible sauf autorisation spéciale. Le site inscrit : il fait partie du même dispositif que le site classé. Codifiés par le Code de l'environnement, ces sites inscrits se réfèrent également à la notion de patrimoine naturel. Pour les sites inscrits, tout projet de construction ou de démolition doit répondre à une procédure spécifique préalable engagée auprès de l'administration. L'Espace naturel sensible : l'ENS définit des espaces naturels vulnérables du fait d'une pression urbaine, d'une activité économique ou de loisirs importante. Les espaces naturels sensibles s'inscrivent dans la continuité du décret de 1959 concernant la limitation de l'urbanisation sauvage du littoral, et ils participent au grand projet national Trame verte et bleue issu du Grenelle de l'environnement. From Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 39 Friday, August 18, 2023 6:05 PM La ville durable Construire durable est essentiel, mais c'est insuffisant si la chaîne de la construction n'est pas, elle aussi, durable. Pour permettre la réalisation d'un développement urbain durable tel que la ville durable, il faut donc se pencher sur différents aspects. Une ville durable qualifie une ville qui respecte les principes du développement durable. Pour cela, les acteurs de la ville doivent prendre en compte les enjeux sociaux, économiques et environnementaux lors de la réalisation de toutes leurs actions. Ces actions se traduisent sous diverses formes comme la mise en place d'écoquartiers, la mobilité durable, le développement des transports à énergie électrique, l'aménagement de zones végétalisées, l'architecture HQE (haute qualité environnementale), etc. La gouvernance de ce type de plan d‘action est inspirée de l'Agenda 21 local (mis en œuvre sur le modèle de l'Agenda 21 issu du Sommet de la Terre de Rio de 1992) selon un mode de démocratie participative. Récemment, la loi ELAN du 23 novembre 2018, portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique, est venue souligner l'importance de l'approche environnementale en renforçant l'emploi des éco- matériaux, en favorisant les opérations d'économie d'énergie dans le secteur du bâtiment et en développant des « solutions bas carbone ». Pour réduire les incidences négatives de l'urbanisation sur l'environnement, limiter ses impacts économiques, maintenir l'équité sociale et créer un cadre de vie meilleur, il est indispensable d'appliquer ce qui a été décidé pour les bâtiments à toute la chaîne de la construction. L’approche environnementale de l’urbanisme (AEU) L'approche environnementale de l'urbanisme (AEU) est un outil important de la planification urbaine, qui illustre bien l'approche globale de la ville durable. C'est l'application à l'urbanisme du volet environnemental du développement durable. Le domaine principal d'application de l'AEU L'AEU a vocation à accompagner l'élaboration des documents d'urbanisme (le SCOT, Schéma de cohérence territoriale ; le PLU, Plan local d'urbanisme) et la mise en œuvre d'opérations d'aménagement tels que les ZAC (Zone d'aménagement concerté), les lotissements, les opérations de renouvellement urbain, les écoquartiers ou les zones d'activité économique. Le déroulement d'une action d'AEU Pour être efficace, l'AEU doit intervenir le plus tôt possible au cours d'un projet. Elle en devient le fil directeur et se déroule en 4 étapes. L'analyse des enjeux environnementaux : identification et diagnostic des enjeux environnementaux à partir de thématiques telles que l'énergie, l'eau, le déplacement, les déchets, etc. La définition d'objectifs environnementaux et de principes d'aménagement : élaboration d'un consensus sur les objectifs environnementaux et leur hiérarchisation, ainsi que sur la définition d'orientation d'aménagement prenant en compte les critères techniques, économiques ou sociaux. La transcription des propositions retenues : transposition sous forme de recommandations et de clauses environnementales des propositions définies dans l'étape précédente. Ces transcriptions se retrouvent dans les documents d'urbanisme tels que le PLU et le SCOT, et dans les documents contractuels. Le suivi et l'animation du projet : suivi des travaux d'aménagement et de construction afin d'assurer l'application des recommandations environnementales et leur bonne compréhension auprès des acquéreurs et des habitants. Cette dernière étape permet aussi la bonne mise en œuvre de constructions certifiées HQE. Les thématiques de l'AEU Sept thématiques principales sont abordées par l'AEU. L'énergie et le climat. La forme urbaine, l'aménagement, l'ensoleillement et les vents sont autant de facteurs qui influencent la consommation énergétique. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 40 autant de facteurs qui influencent la consommation énergétique. Les déplacements. La gestion des déplacements est un levier essentiel pour économiser les énergies, diminuer les émissions de gaz à effet de serre et contribuer à la qualité du cadre de vie. Les déchets. Maîtriser le flux des déchets nécessite bien sûr d'en produire moins (réduction à la source), mais aussi de mieux organiser leur collecte. L'eau. Une gestion des eaux pluviales proche du cycle naturel permet de diminuer l'extension des réseaux et le surdimensionnement des ouvrages. Une telle gestion contribue également à la qualité des espaces publics. La biodiversité et le paysage. Au cours des dernières décennies, l'urbanisation s'est surtout développée au détriment des espaces naturels et agricoles. L'enjeu aujourd'hui est de lutter contre cette prédation. Le sol et les sites pollués. Il s'agit de limiter la consommation irréversible de terres agricoles et d'espaces naturels, notamment en réhabilitant des friches urbaines et industrielles. Le bruit. L'environnement sonore est un élément important de la qualité de vie. Les écoquartiers L'exode rural se poursuit irrémédiablement, et l'accroissement des villes conduit à revoir notre politique urbaine pour éviter de grignoter sans cesse l'espace rural. En 2007, le Grenelle de l'environnement a réuni de nombreux acteurs politiques afin d'aborder les problématiques en matière de développement durable et trouver des solutions. Il en résulte la loi Grenelle 1 et la loi Grenelle 2, qui ont lancé une dynamique globale en matière environnementale. La construction ou la rénovation des quartiers doit désormais se faire dans le cadre du développement durable, pour donner naissance à un nouveau concept : l'écoquartier, ou le quartier « durable ». Les caractéristiques d'un écoquartier L'écoquartier, ou quartier durable, est un quartier qui s'inscrit dans une perspective de développement durable, qui prend en considération un grand nombre de problématiques sociales, économiques et environnementales dans l'urbanisme, la conception et l'architecture de quartier, et qui intègre les critères suivants : 1. la gestion de l'eau ; 2. le traitement des déchets ; 3. l'utilisation de matériaux locaux et écologiques ; 4. le respect du critère HQE (haute qualité environnementale) ; 5. les réseaux de déplacement propres ; 6. la politique de mixité et d'intégration sociale ; 7. le principe de gouvernance ; 8. la création d'emplois ; 9. le recours aux énergies renouvelables ; 10. la prévention des risques ; 11. la lutte contre les nuisances ; 12. la protection des paysages ; 13. la préservation de la biodiversité ; 14. etc. L'incompatibilité entre le phénomène d'étalement urbain et les enjeux environnementaux est partagée par tous. Les mesures visant à resserrer le tissu urbain sont susceptibles d'être mises en œuvre aux échelles du bassin de vie, de la commune, et surtout du quartier (voire de l'îlot et du bâtiment). Le référentiel de l'écoquartier Afin d'inciter les communes à se lancer dans un projet d'écoquartier, le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) propose une grille de 20 engagements qui constituent le moteur des appels à projet. Il n'y a cependant pas obligation pour un projet d'y répondre de façon exhaustive : cette grille permet surtout de mettre en avant les points forts de l'opération. Le référentiel écoquartier est conçu en 2012. La charte des 20 engagements est associée à quatre dimensions : 1. démarche et processus ; 2. cadre de vie et usages ; 3. développement territorial ; 4. environnement et climat. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 41 4. environnement et climat. Le référentiel est construit autour d'un ensemble de questions que le porteur de projet doit se poser lors de la réalisation d'un écoquartier. Ces questions devront être posées en amont, afin d'assurer une approche globale répondant aux exigences du développement durable. En effet, 3 des 4 dimensions se rapportent aux 3 domaines du développement durable. « Cadre de vie et usages » correspond au domaine social, « développement territorial » correspond au domaine économique, et « environnement et climat » au domaine environnemental. La quatrième dimension, « démarche et processus », correspond à une bonne gouvernance. Le référentiel écoquartier donne libre choix au porteur de projet sur les moyens à mettre en œuvre pour acheminer progressivement la ville vers la durabilité au sens du développement durable. De nombreux exemples d'écoquartier sont présentés sur http://www.ecoquartiers.logement.gouv.fr. L'écoquartier du Moulinet, à Pont-Sainte-Marie, dans l'Aube Il s'agit de la reconversion d'une friche autrefois à vocation militaire. La reconversion englobe l'ensemble des aspects du développement durable. L'aspect énergétique est pris en compte avec la construction de petits collectifs de deux étages à bilan énergétique positif autour d'une halle multifonction pouvant accueillir des marches ou des manifestations, pour l'aspect économique et social. Un parc urbain de 2 hectares est aménagé, et le déplacement doux est privilégié, avec des voies piétonnes et cyclables. L'écoquartier Les Akènes, à Lormont, en Gironde Après la requalification d'un secteur industriel, le projet d'écoquartier « Les Akènes » allie mixité sociale et mixité fonctionnelle. En effet, il participe au renouvellement urbain en proposant à la fois qualité, accessibilité et durabilité. Les 1 200 logements ainsi que les 10 000 m2 de bureaux, les 7 500 m2 de commerces et les services de proximité sont alimentés par une chaufferie biomasse (bois/gaz) et structurés autour d'un parc de 10 000 m2. Le projet a été réalisé en amont avec l'ensemble des intervenants, dans une perspective de bonne gouvernance faisant intervenir l'État, les collectivités locales, le Grand projet de ville (GPV), les ESH (Entreprises sociales pour l'habitat) filiales d'Action Logement, les promoteurs privés et les associations d'habitants. L'importance de l'écoquartier L'écoquartier est désormais un terme connu de tous. La sensibilisation à ce concept a été menée de manière efficace, et les élus ont pu assister à des formations spécifiques sur ce sujet, qui les ont définitivement convaincus que, désormais, la prise en compte du développement durable est incontournable dans les futurs projets de construction ou de rénovation urbaine. Une convergence ressort, avec le respect des 4 grands principes. 1. Le principe de gouvernance : impliquer un maximum d'acteurs dans la conception du projet, des décideurs aux usagers. 2. Le respect de l'environnement : utilisation de matériaux sains, meilleure isolation des bâtiments, production d'énergies renouvelables, gestion des déchets, lutte contre les pollutions et nuisances, préservation de la biodiversité, mise en valeur du patrimoine. 3. L'économie : économie de l'énergie, bâtiments évolutifs, valorisation des déchets résiduels, diminution de la pression foncière, notion de coût global de l'opération, accessibilité à l'éducation et à l'emploi, gestion des éclairages. 4. Le social : mixité sociale et générationnelle, réduction des nuisances visuelles et sonores, espaces de détente, lieux de rencontre et de convivialité, accessibilité à l'emploi et la formation, renforcement du lien social par la culture, sécurité des déplacements. La conception et la réalisation d'un écoquartier sont des démarches complexes si on veut respecter toutes les ambitions énoncées par la grille du ministère de la Transition écologique et solidaire. La taille du projet va bien sûr influer sur les choix définitifs mais, quoi qu'il en soit, il faut mettre en œuvre ces démarches, soutenues par une approche méthodologique. Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 42 Les piliers du développement durable Le programme Écocité Dans le cadre d'une perspective de ville durable, il existe d'autres programmes (qui peuvent varier au cours des années et des gouvernements). Parmi eux, on peut citer le programme « Écocité ». Écocité Écocité est le programme national d'un réseau d'agglomérations et de métropoles. Il implique des acteurs publics comme des acteurs privés pour la réalisation de projets urbains durables et innovants. Écocité est aussi désigné comme un « laboratoire de la ville durable », par son aspect innovant qui encourage l'innovation urbaine et la reproductibilité des projets expérimentaux à l'échelle nationale. Exemples de projets en cours : Belfort e-Tech : création de la première et de la plus grande communauté d'énergie renouvelable de France. Ce projet comprend une production photovoltaïque de 3,3 MWc et, des solutions de stockage de l'énergie basées sur l'hydrogène vert et le recours à des batteries. Le Clos du Chêne en Île-de-France : hybridera les usages du centre commercial et de son quartier. Le but sera ne pas artificialiser davantage les sols, de limiter l'extension urbaine et d'intensifier les innovations dans les logements et équipements. Le quartier DMC à Mulhouse : le projet comprend une gestion énergétique globale via l'exploitation du photovoltaïque et le déploiement d'un réseau de chaleur 4.0 dédié à la récupération de la chaleur fatale des usines de la bande rhénane. La mobilité durable La mobilité durable, c'est l'application du développement durable aux déplacements urbains et interurbains. Pour les déplacements urbains, c'est une des composantes de la ville durable. Pour les déplacements interurbains, c'est le développement de moyens de transport diminuant le plus possible l'impact sur l'environnement traversé. Deux composantes à cette mobilité : Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 43 Deux composantes à cette mobilité : la mobilité des personnes ; la mobilité des marchandises. En 2018, d'après l'ADEME, 50 % des déplacements en voiture en ville font moins de 3 km. Les 4 principaux domaines d'action de la mobilité durable s'imbriquent selon « une boucle vertueuse » : ces 4 domaines d'action sont en interaction étroite. Les actions dans le domaine 1 ont un impact direct sur le domaine 2, qui lui-même a un impact sur le domaine 3, qui se répercute sur le domaine 4. Domaine 1 : milieu de vie à l'échelle humaine Proximité des services et cadre de vie compact avec une trame urbaine favorisant les déplacements actifs tels que la marche, le vélo et les déplacements collectifs. Environnement urbain favorable aux transports actifs avec le développement de zones piétonnes et de zones cyclables (piétonnisation de zones entières avec interdiction aux véhicules motorisés). Accroissement de la compétitivité des modes collectifs et actifs (par exemple en centre urbain, grâce à des aménagements spécifiques, il est souvent plus rapide de se déplacer à vélo et en tramway qu'en voiture). Domaine 2 : possession et utilisation de l'automobile à la baisse Diminution du nombre de voitures et des distances parcourues en voiture. Diminution de la motorisation des déplacements. Réduction de la part des déplacements effectués en voiture au profit de ceux effectués en transports collectifs et actifs. Domaine 3 : diminution de la circulation automobile Réallocation de l'espace public et du réseau viaire en vue d'un partage plus équilibré entre les usagers des différents modes de transport. Diminution des nuisances de la congestion routière. Diminution des besoins en infrastructures routières. Fonds disponibles pour le développement des transports collectifs et actifs. Domaine 4 : restructuration de la ville en fonction du transport en commun Resserrement des périmètres d'urbanisation et bonne localisation à l'échelle métropolitaine des principales activités génératrices de déplacements. Investissement pour développer les transports collectifs et actifs. Urbanisation structurée en fonction des déplacements actifs et de la proximité des transports en commun. En milieu urbain, pour la mobilité des personnes, les solutions impliquent généralement : le principe de la « ville dense » et mixte, qui peut limiter les temps de déplacement et les besoins de « migration pendulaire », c'est-à-dire les allers-retours réalisés quotidiennement entre le domicile et le lieu de travail. Ce principe est souvent associé à une lutte contre la périurbanisation : c'est l'objet de la loi SRU en France (relative à la solidarité et au renouvellement urbain) ; des transports en commun en site propre (tramway, bus), plus fluides, plus confortables, avec des cadences appropriées aux besoins de la population ; des vélos et l'autopartage ; des pistes cyclables ; la gestion des flux assistée par des moyens technologiques ; des bornes pour la recharge des véhicules électriques ; l'intermodalité et la multimodalité (train, tramway, voiture, vélo, etc.), facilitées grâce à des billets uniques « multipass »; des parcs de véhicules électriques et hybrides ; des programmes de sensibilisation et d'éducation auprès de la population (écoconduite, partage de la chaussée, etc.). Pour la mobilité des marchandises, les solutions comprennent généralement : des entrepôts périphériques ; des véhicules compacts propres (électriques) pour la livraison en ville et pour les déplacements interurbains ; des transports durables tels que le train (électrique), le transport fluvial, les camions (électriques) avec ferroutage. Glossaire Architecture, Habitat et Urbanisme, Dév durable Page 44 Glossaire La rénovation urbaine s’accompagne de nombreux néologismes et de nombreux sigles spécifiques. Il est nécessaire de donner une définition des termes techniques. Transversalité : la transversalité, c’est créer des passerelles entre les services, les acteurs. La mutualisation des compétences prend ici tout son sens. On retrouve la notion de travail d’équipe et d’ouverture vers l’extérieur : cette notion rejoint celle de la démocratie participative. Gouvernance : la gouvernance est une démarche de concertation et de prise de décision qui implique de façon responsable les acteurs et les populations concernés par la politique de développement durable. Cette forme de démocratie participative se déroule en trois phases : l’information, compréhensible et accessible au plus grand nombre ; la consultation, pour recueillir un maximum d’avis ; la concertation, pour améliorer ou corriger le projet. Toutes les parties prenantes sont impliquées : les clients, les fournisseurs, les pouvoirs publics, les investisseurs, les associations, les citoyens. Quartier : l’INSEE définit le quartier comme « un groupement de plusieurs îlots contigus à l’intérieur d’une même commune ». Cette notion répond à des normes de population : « Une commune de 20 000 habitants n’est généralement pas découpée en plus de 2 ou 3 quartiers ; de même, seules quelques communes de moins de 10 000 habitants sont découpées en quartiers. » Mixité : on distingue 3 sortes de mixité : la mixité sociale, qui favorise le mélange des différentes couches sociales (ouvriers, cadres, artisans) ; la mixité générationnelle, qui favorise la cohabitation de populations de différents âges (étudiants, personnes actives, personnes âgées) ; la mixité fonctionnelle, qui implique la disposition dans le quartier de l’ensemble des fonctions nécessaires à la vie en ville : logements, activités, commerces, équipements administratifs, culturels ou sportifs. Biodiversité : la biodiversité évoque au sens large du terme la diversité du vivant. C’est le « tout vivant » dont l’homme fait partie. Elle se décline en une diversité écologique (les milieux), une diversité spécifique (espèces animales et végétales) et une diversité génétique (variété des gènes au sein d’une même espèce). On parle aussi d’écosystème : ensemble formé par une association d’êtres vivants et son environnement biologique, géologique, hydrologique et climatique. Écomobilité : l’écomobilité concerne la mise en place en milieu urbain de modes de transport moins polluants, moins dangereux, moins bruyants et plus économiques en énergie. Elle favorise les modes de déplacement doux, en principe sans moteur, mais aussi l’autopartage ou le covoiturage. Cela passe par l’expansion des liaisons « douces » telles que les pistes cyclables, la mise à disposition de voitures électriques ou de vélos, la création de zones piétonnes, etc. Basse consommation : le label BBC (bâtiment basse consommation), obligatoire depuis 2012, fixe à 50 kWhep/m2 par an la consommation maximale d’une maison neuve. Il tient compte des conditions climatiques régionales. Écomatériaux : les écomatériaux concernent aussi bien les matériaux d’isolation que les matériaux de construction. En isolation : fibre cellulosique, ce